Sven Müller, Jürgen Osterhammel, Martin Rempe

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Sven Müller, Jürgen Osterhammel, Martin Rempe
Francia­Recensio 2016/4
19.‒21. Jahrhundert ‒ Époque contemporaine
Sven Müller, Jürgen Osterhammel, Martin Rempe (Hg.), Kommunikation im Musikleben. Harmonien und Dissonanzen im 20. Jahrhundert, Göttingen (Vandenhoeck & Ruprecht) 2015, 312 S., ISBN 978­3­525­30070­1, EUR 49,99.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Élise Petit, Marne­la­Vallée
Cet ouvrage résulte d’un colloque interdisciplinaire intitulé »Kommunikationschancen: Entstehung und Fragmentierung sozialer Beziehungen durch Musik im 20. Jahrhundert«, qui s’est tenu en janvier 2013 à Berlin. Dans le sillage de leurs travaux sur la communication musicale, Sven Müller et Jürgen Osterhammel ont réuni des chercheurs de champs disciplinaires variés – majoritairement des historiens et des musicologues – autour de la question des processus de communication à l’œuvre dans le domaine musical, ceci pour encourager les échanges autour de la question d’une »sociologie de la compréhension musicale« orientée vers l’Histoire. Les articles s’intéressent donc à la fonction et aux effets communicatifs de la musique, notamment dans la formation de collectivités. Ils entendent considérer la musique non pas comme un »phénomène secondaire« mais comme un »outil culturel et social capital«. Le terme »communication« est ici entendu au sens de »tout acte articulé qui permet une relation à l’autre et toute action perçue ou interprétée comme communicative«, incluant les processus de production et de partage des savoirs. L’ouvrage pose en introduction des questions pertinentes: En quoi et comment le rapport à la musique a­t­il changé l’entente ou la compréhension entre groupes et individus au XXe siècle? Dans quelle mesure l’apparition de nouveaux media a­t­elle permis de nouveaux espaces de communication? Ces espaces se sont­ils avérés poreux ou hermétiques? Quel rôle ont joué le développement du disque et de la radio dans la communication politique et sociale? Les différentes contributions présentent des études de cas dans des contextes sociaux, politiques et culturels divers et abordent des genres musicaux très différents. Au­delà de l’analyse du langage musical, elles invitent toutes à prendre en compte le contexte de diffusion et la communication qui s’instaure avec le public.
La première partie de l’ouvrage porte sur les questions de »tradition« et de »ruptures« au tournant du XXe siècle, période propice à une remise en question de la création musicale. Les quatre contributions abordent des utopies de personnalités artistiques ou politiques en matière de communication musicale et de construction identitaire. Celia Applegate s’intéresse au développement des fanfares militaires au XIXe siècle grâce aux initiatives de Wilhelm Wieprecht, dont la réforme contribuera à faire sortir la musique militaire de la fonction utilitaire dans laquelle elle avait été cantonnée. Arguant que cette musique aurait fait plus pour le rapprochement entre soldats et civils et pour le sentiment patriotique que toute autre entreprise, Applegate montre dans le même temps la militarisation progressive et Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
insidieuse de la société postromantique. Dans le domaine de la musique savante, Martin Thrun montre les dérives du diktat de l’art »absolu« et de la neue Musik et ses répercussions sur le public bourgeois, qui délaissa les salles où la programmation était dogmatique. William Weber, qui a analysé près de quatre cents programmes de concerts pour la saison de 1910 en Allemagne et en Suisse allemande le confirme: malgré la diversité et la richesse de la création musicale, peu de salles jouèrent le jeu de l’éducation du public à la modernité, confirmant le statut élitiste de la neue Musik et accentuant les clivages entre connaisseurs et grand public, conservateurs et avant­gardistes. Enfin, Stephanie Kleiner retrace les initiatives de Paul Bekker et Leo Kestenberg pour une fusion de la tradition et de la modernité, de l’esthétique cinématographique et de la haute culture musicale dans une »réhumanisation esthétique« à même de réunifier une société morcelée après 1918. La deuxième partie de l’ouvrage aborde les émotions, parfois concurrentielles, que peut générer la musique, contribuant à la constitution ou à la fragmentation de communautés. Sarah Zalfen montre le pouvoir fédérateur du chant collectif avec l’exemple du célèbre »Wann wir schreiten Seit’ an Seit’« entonné lors des journées du SPD. Ici l’émotion, au premier plan, éclipse toute revendication de perfection esthétique. La revendication de perfection dans l’exécution et tout ce qu’elle comporte de subjectif est abordée par Hansjakob Ziemer. S’intéressant au conflit qui opposa des années durant le critique musical Paul Bekker au chef hollandais Willem Mengelberg, il montre les enjeux sous­jacents de constitution de collectivités au sein du public de Francfort, dans ses prises de position en faveur de l’un ou de l’autre. La figure du chef d’orchestre est au centre de deux contributions. Jürgen Osterhammel aborde des chefs de la génération née en 1890 et met en valeur l’évolution d’un métier qui a progressivement dévié vers le partage émotionnel plus immédiat avec le public. Sven Oliver Müller se consacre à un portrait du chef américain Leonard Bernstein. Il montre comment sa manière de diriger, particulièrement engagée sur le plan émotionnel, transmit par contagion les émotions les plus fortes au public, ce qui lui vaudra les plus grandes louanges comme les plus féroces critiques, particulièrement en Allemagne.
Enfin, la troisième partie de l’ouvrage est consacrée aux franchissements de frontières permis par la musique ainsi qu’à ses diverses appropriations d’un bout à l’autre du globe, avec les enjeux politiques et idéologiques que cela suppose. Toru Takenata retrace l’arrivée et la diffusion de la musique savante occidentale parmi les élites de la société japonaise avides d’occidentalisation. Claudius Torp s’intéresse à la musique protestante des missionnaires en Afrique au début du XXe siècle et montre les influences inévitables qu’elle exercera sur le développement de la musique de tradition orale. Martin Rempe retrace quant à lui les multiples influences, majoritairement coloniales, qui donneront naissance à la rumba congolaise. Cette influence de musiques étrangères se retrouve également dans le domaine de la musique populaire occidentale. Dans le portrait que Klaus Nathaus dresse de Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
la musique rock sur la scène ouest­allemande dans les années 1950, il est clair que l’influence très forte anglo­américaine sert d’échappatoire à des années de suprématie des Schlager et de Tanzmusik allemande. En comparant deux festivals de musique, celui de Burg Waldeck en Allemagne et celui de Roskilde au Danemark, Detlef Siegfried poursuit les investigations sur cette construction identitaire transfrontalière par la musique.
L’ouvrage s’inscrit contre la dichotomie entre musique savante et populaire, contre le cloisonnement entre création, production et interprétation musicales, comme l’affirme la contribution finale de Hans­
Joachim Hinrichsen. Malgré la pertinence des questionnements initiaux et malgré l’ambition des auteurs, on regrettera des apports en définitive minimes à cette passionnante question de la communication en musique.
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