Thomas Wirtz, Hospital und Hypothek. Das

Transcription

Thomas Wirtz, Hospital und Hypothek. Das
Francia­Recensio 2015/2
Frühe Neuzeit – Revolution – Empire (1500–1815)
Thomas Wirtz, Hospital und Hypothek. Das kommunale St. Jakobshospital auf dem Trierer Renten­ und Immobilienmarkt 1450–1600, Trier (Kliomedia) 2013, 281 S., 44 Abb. (Kleine Schriften der Trierer Historischen Forschungen, 3), ISBN 978­3­89890­182­6, EUR 32,90.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Michel Pauly, Luxembourg
L’histoire des hôpitaux a connu ces dernières années un regain d’intérêt bien mérité, car elle permet des approches très diverses tant en histoire sociale et sanitaire qu’en histoire urbaine et spatiale ou en histoire religieuse ou du quotidien. La présente dissertation doctorale, soutenue en 2011 à l’université de Trèves, ouvre la perspective économique, non pas tant sur le fonctionnement interne d’un hôpital, mais sur le rôle joué par cet hôpital sur le marché du crédit et de l’immobilier de la ville de Trèves aux XVe–XVIe siècles. Et comme l’hôpital est géré par la municipalité, il est possible d’étudier l’utilisation de son capital à des fins de politique foncière, voire territoriale : la ville se constituait au XVe siècle tout un territoire sur la rive gauche de la Moselle (Euren). Contrairement à ce que le titre laisse entendre, l’étude ne se limite cependant pas au seul hôpital St­
Jacques – 90 pages lui sont consacrées –, mais analyse de façon diachronique ce marché dans sa globalité, et notamment le rôle qu’y jouèrent les créanciers privés d’une part et les créanciers institutionnels (paroisses Saint­Gangolf, Saint­Laurent, Sainte­Marie­Devant­le­Pont et Saint­Paul, couvents des carmélites, des franciscains et des chanoinesses de Saint­Augustin, fraternités laïques de Saint­Jean et de Notre­Dame) de l’autre (110 pages). La belle série de registres des transactions immobilières et des achats de rentes conservés pour la ville de Trèves, complétés par les livres de compte de l’hôpital, ont permis à l’auteur, malgré leurs ruptures, d’identifier 423 contrats, comportant un total de 38 176 florins de crédits, dont 90% étaient hypothéqués sur des immeubles intra muros ou des jardins aux abords immédiats des portes de la ville. Sur l’ensemble de l’époque analysée 58% des sommes prêtées étaient originaires d’institutions, 16,5% provenaient du seul hôpital St­Jacques. Dans son analyse de la conjoncture, l’auteur distingue cinq phases dans l’évolution de ce marché. Dans un premier chapitre il fournit une description bienvenue du fonctionnement de ce marché, de l’origine des rentes viagères et perpétuelles, de leur enregistrement par les autorités urbaines et des offices qui en avaient la charge.
Un des résultats les plus saisissants de l’analyse est que l’aire dans laquelle les crédits étaient octroyés était toujours très nettement concentrée autour de l’institution créancière, à l’exception de l’hôpital St­Jacques qui était à la disposition de la ville tout entière. Cette approche spatiale du crédit, que ce soit sous forme d’achats de rentes ou de prêts destinés à l’acquisition d’immeubles, est un des points forts de Thomas Wirtz. Dommage que le format DIN A5 du livre rende les plans afférents Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
presque illisibles! Si les institutions religieuses privilégiaient des crédits engagés sur des immeubles situés à proximité de l’institution créancière, c’est que, selon l’auteur, ils voulaient pouvoir contrôler le bon état des immeubles gagés afin de s’assurer de leur solvabilité. D’autre part cette proximité des immeubles grevés d’une rente était l’expression de la communauté religieuse comme espace dans lequel se nouent aussi des relations économiques. Ces crédits, tout comme ceux de l’hôpital, étaient d’ailleurs en général assez petits – en temps de crise, entre 1490 et 1515, 95% des crédits étaient inférieurs à 100 florins – et remplissaient une fonction clairement sociale. Cette politique au service des habitants se manifestait aussi, en 1480, sous forme d’investissements de la municipalité en faveur d’une transformation de l’hôpital et de nouvelles constructions appartenant à l’hôpital sur la place du marché, investissements procurant des emplois à un moment de cherté.
L’hôpital Saint­Jacques n’avait pas qu’une présence géographique plus grande, mais disposait aussi d’une plus grande réserve en capitaux qu’il pouvait avancer comme crédits à des particuliers. Il acquérait régulièrement des maisons urbaines pour les retaper et les remettre sur le marché à prix plus élevé. Alors que sa part de marché montait au XVIe siècle jusqu’à 27% des rentes vendues, l’hôpital, et partant la municipalité, possédait une rente sur plus d’un quart des maisons de la ville.
Un autre résultat de l’étude est la plus forte fluctuation – en fonction de la conjoncture économique et politique – des crédits privés que de ceux accordés par des institutions. Les capitaux privés, rares en temps de crise, s’investissaient davantage dans l’immobilier que dans le crédit. Durant la deuxième moitié du XVIe siècle le marché trévirois du crédit connut une très forte contraction; il se limita pratiquement à quelques très grosses sommes, les petits prêts sur gage (immobilier) disparaissant complètement, y compris de la part de l’hôpital qui renonça donc à sa fonction sociale sur le marché du crédit.
Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/