Revue hebdomadaire de la presse allemande

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Revue hebdomadaire de la presse allemande
AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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POLITIQUE INTERIEURE
25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin
La presse allemande a consacré une très abondante couverture aux réjouissances populaires, jugées très réussies, qui ont marqué le 25ème anniversaire de la
chute du mur. De nombreux reportages ont été diffusés, portant sur des histoires
individuelles et des destins familiaux dans l’Allemagne divisée puis réunifiée. Bild
et le Spiegel font cette semaine le portrait de la « génération Merkel », jeunes
adultes nés au moment de la chute du mur, moins marqués par la division du
pays que les générations précédentes.
Les journaux retiennent des cérémonies officielles les propos de M. Gorbatchev
appelant la Russie et l’Occident à « cesser leurs accusations mutuelles » et à « se
faire à nouveau confiance ». Ils commentent les déclarations de la chancelière
encourageant les Ukrainiens, les Irakiens et les Syriens à appréhender la chute
du mur comme un signe d’espoir et insistant sur le fait que « les rêves peuvent
devenir réalité » et que « rien n’est immuable ». Bild et la FAZ s’interrogent sur
la signification de ces propos qui leur apparaissent en décalage avec la gestion
prudente qui caractérise le style politique de la chancelière. Le quotidien de
Francfort estime, de manière plus générale, que l’Allemagne est aujourd’hui paradoxalement plus isolée sur la scène internationale qu’en 1990. Il met en cause
une relation dégradée avec la Russie en raison de la crise ukrainienne et déplore
que l’Allemagne, qui se conçoit comme nation commerciale, ne manifeste pas
davantage d’ambition en matière européenne.
Rapport des sages sur l’économie allemande
L’ensemble des journaux évoquent le contenu du rapport annuel remis à la chancelière par les sages qui conseillent le gouvernement allemand en matière
économique. Tous les quotidiens soulignent que le gouvernement fédéral, par la
voix de la chancelière et du vice-chancelier, ont rejeté les critiques adressées par
les experts qui déplorent notamment le projet de salaire minimum universel, qui
exercerait selon eux déjà une influence négative sur la conjoncture, mais aussi la
revalorisation des retraites et notamment la possibilité de départ à la retraite à
63 ans. Les journaux notent le « pessimisme » (Handelsblatt) des sages qui,
Semaine du 7 au 14 novembre 2014
prenant acte à leur tour du fléchissement de la conjoncture, ont abaissé leur prévision de croissance pour l'économie allemande cette année et 2015, à
respectivement 1,2% et 1%. Le Handelsblatt souligne en outre que les sages
expriment leur inquiétude sur la capacité des finances publiques à supporter le
vieillissement démographique et jugent urgent de mettre en place une politique
plus favorable à la croissance et aux investissements. Dans un article séparé, le
quotidien des affaires relève par ailleurs que les sages plaident en faveur d’un
retour à davantage de souveraineté nationale en matière de politique économique et financière en Europe et appellent notamment au renforcement de la
clause de no bail-out.
Dans leurs réactions, les journaux manifestent leur soutien aux sages dont ils
partagent largement les critiques et déplorent aussi la « surdité » du gouvernement fédéral à ces critiques.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
La Cour de justice de l'UE statue contre le « tourisme social »
L’ensemble des quotidiens commentent l’arrêt rendu mardi par la Cour de justice
de l’UE, soulignent qu’en statuant ainsi la Cour confirme le bien-fondé de la pratique allemande en la matière et s’accordent à considérer qu’il s’agit d’une
« bonne décision » (Süddeutsche Zeitung). « Ce jugement mérite d’être salué »
car tout en préservant la liberté de circulation en Europe, il coupe l’herbe sous le
pied de ceux qui souhaiteraient tirer un profit politique de la lutte contre ce que
l’on a coutume d’appeler le « tourisme social », se réjouit le Tagesspiegel. Sous
le titre « victoire pour l’Europe », Die Welt applaudit également à un jugement
juste et équilibré dans la mesure où les juges européens ont clairement fixé des
limites empêchant une scission entre le nord de l’Europe, fournisseur de prestations sociales et le sud qui en serait le principal bénéficiaire.
Statuant sur un litige soulevé par l'Allemagne, la Cour a considéré qu'il appartenait à chaque Etat de juger de l'octroi ou non de prestations sociales et qu'un
citoyen d'un Etat membre de l'UE qui migrerait dans un autre Etat membre, ne
pourrait bénéficier de prestations sociales que si son séjour est conforme à la
directive européenne sur la libre circulation, ce qui implique que les personnes
économiquement inactives aient des ressources propres suffisantes.
Sommet de l’APEC à Pékin
Le sommet de l’APEC à Pékin est l’occasion pour la presse (Die Welt et le tabloïd
Bild notamment) de souligner combien la Chine sait mettre en scène sa puissance. Relevant l’apaisement des tensions entre la Chine et le Japon lors de la
rencontre entre XI Jinping et Shinzo Abe, la FAZ estime que Pékin et Tokyo souhaitent « éviter une escalade de la violence » et « construire des relations
stables et solides ». Le journal considère aussi que cet apaisement permettra au
gouvernement chinois de rassurer Barack Obama qui espérait un rapprochement
des deux Etats, tandis que la Süddeutsche Zeitung relève que la Chine et le Japon sont avant tout motivés par des intérêts économiques. Pour le Handelsblatt,
cette relance de la relation bilatérale ne pouvait avoir lieu qu’à Pékin. Sous le
titre « le bon ami de Moscou », le Handelsblatt rapporte le projet d’accord « gaz
russe contre biens et denrées chinoises » sur fond de crise ukrainienne et note
que les investissements chinois à hauteur de 35 milliards d’euros dans la « route
de la soie » en Asie centrale, zone sous influence rivale russe, ne semblent pas
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être source d’affrontements. Sur ce point le Handelsblatt et le Tagesspiegel jugent que cette bonne entente est facilitée par l’attitude « non-belliqueuse » de la
Chine.
Climat
L’ensemble de la presse se félicite par ailleurs des objectifs présentés à Pékin par
le président des Etats-Unis et son homologue chinois concernant la réduction des
émissions de CO2 d’ici à 2030, mais s’accorde à souligner qu’il s’agit, notamment
au regard du retard accumulé, d’un « petit pas » (Berliner Zeitung) « encore bien
insuffisant » (Süddeutsche Zeitung). Du point de vue du Tagesspiegel, sur le plan
politique l’accord représente néanmoins une « impulsion significative pour les
négociations en vue d’un accord définitif qui devrait être signé à Paris l’année
prochaine » Le quotidien s’accorde sur ce point avec la ministre allemande de
l’Environnement, Barbara Hendricks (SPD), qui a qualifié l’annonce de « signal
pour la conférence de décembre à Lima et de Paris fin 2015 » témoignant de la
« volonté d’agir des deux plus grands émetteurs mondiaux de CO2 » (FAZ). Le
Tagesspiegel et la tageszeitung n’en émettent pas moins des doutes sur la réalisation concrète des objectifs annoncés et soulignent la position de faiblesse de
Barack Obama suite au résultat des élections à mi-mandat. Le quotidien alternatif de gauche relève également l’absence « d’objectifs concrets » du
gouvernement chinois. Mettant en avant les divisions au sein de la société chinoise entre une population citadine des riches mégalopoles situées à l’est,
consciente des problèmes liés à la pollution climatique, et le reste du pays qui ne
veut entendre parler que de croissance, le Handelsblatt met en garde contre trop
d’optimisme et insiste sur le fait que la Chine n’est aucunement disposée à accepter des objectifs qui pourraient lui être nuisibles.
Russie-Ukraine
Dans une interview au tabloïd Bild, le secrétaire général de l’OTAN qualifie les
manœuvres militaires russes en Ukraine de rupture du cessez-le-feu. Jens Stoltenberg note qu’au cours des cinq dernières années, « les Etats membres de
l’OTAN ont baissé en moyenne leur budget de défense de 20% tandis que la Russie augmentait le sien de plus de 50% ». Il considère qu’il n’y a pas de nouvelle
guerre froide, mais que « nous ne sommes plus dans une situation de coopération de pleine confiance ». Dans une interview à la Süddeutsche Zeitung, qui
paraît coiffée du titre « Poutine veut un empire russe du 21 siècle », le ministre
estonien de la Défense considère que « l’Estonie pourrait être la cible de Moscou » même s’il se déclare « certain que l’OTAN, à travers une diplomatie
intelligente, puisse l’éviter » et appelle à une politique dissuasive de l’alliance
vis-à-vis de Moscou. Sven Mikser remercie l’Allemagne pour l’aide de la Bundeswehr en Estonie en matière de police de l’air et se montre disposé à une
présence au sol de la Bundeswehr si celle-ci fait partie d’un plan de dissuasion. Il
estime par ailleurs que la minorité russophone d’Estonie ne souhaite pas « faire
partie de la Russie ou d’un empire russe ».
Sous le titre « n’abandonnons pas l’Ukraine » Die Welt considère que le pays a
besoin d’un soutien européen et estime que le processus de démocratisation est
menacé, non seulement par les « invasions » et la déstabilisation systématique
russe, mais également par la corruption intérieure. Le Tagesspiegel, qui insiste
sur les relations difficiles entre l’Europe et la Russie au sujet de la crise ukrainienne, conclut son éditorial par les propos de George P. Shultz, ancien
secrétaire d’Etat américain, qui souligne que l’Europe n’est pas « un rêve du
passé mais bien une mission pour l’avenir ».
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