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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE ------ SERVICE DE PRESSE et D'INFORMATION Revue hebdomadaire de la presse allemande POLITIQUE INTERIEURE Abandon du programme d’acquisition de drones/explications du ministre de la Défense L’ensemble de la presse a rendu compte de la conférence de presse qu’a donnée, mardi 11 juin, le ministre de la Défense, sous pression depuis sa décision de mettre un terme au projet d’acquisition de drones. Thomas de Maizière (CDU) a reconnu avoir été mis au courant des difficultés de mener à bien le projet avant sa décision en date du 13 mai, mais indiqué que ces difficultés lui avaient toujours été présentées comme surmontables. « Rétrospectivement, je dois dire que j'ai attendu trop longtemps (...). J'aurais dû poser des questions et réclamer un rapport sur l'étendue des problèmes, accompagné de propositions pour les résoudre », a-t-il encore concédé. Les quotidiens indiquent que le SPD s’est rallié au souhait des Verts de mettre en place, au plus vite, une commission d’enquête parlementaire qui devrait entamer ses travaux avant les élections du 22 septembre, une option qui, de l’avis du Tagesspiegel, aura pour seul effet de permettre au ministre de gagner du temps. La FAZ ironise sur les « broutilles » auxquelles le gigantesque fiasco des drones Euro Hawk est en train de se résumer. En se focalisant sur la subtile nuance entre « problèmes surmontables » et « problèmes insurmontables », l’affaire devient, déplore le quotidien, un problème purement sémantique. De l’avis du tabloïd Bild, le ministre va réussir à sauver sa tête, mais devoir faire son deuil de la place de « dauphin » de la chancelière dans les rangs de la CDU. En fin de semaine, le tabloïd populaire Bild fait état de l’échec d’une motion de défiance contre le ministre de la Défense déposée par Die Linke au Bundestag. Votée par 233 députés, cette motion a été rejetée par 307 parlementaires. Bilan des inondations en Allemagne Depuis près de deux semaines, les inondations qui ont affecté tout d’abord la Bavière avant de remonter vers plusieurs Länder de l’Est de l’Allemagne (Saxe, Saxe-Anhalt, Thuringe, Brandebourg notamment) ont dominé l’actualité, éclipsant presque tous les autres sujets de politique intérieure. Les journaux ont publié en Une des photos de la chancelière qui s’est rendue à plusieurs reprises dans différentes villes frappées par les crues et les télévisions ont accumulé les Semaine du 7 au 14 juin 2013 émissions spéciales et reportages consacrés à cette catastrophe qui devrait s’avérer plus coûteuse que les crues jusqu’ici considérées comme historiques de l’été 2002. Au lendemain d’une rencontre entre la chancelière et les ministres-présidents des Länder, jeudi 13 juin, la presse rapporte que le Bund et les Länder se sont mis d’accord sur la création d’un fonds d’aide destiné à financer les dégâts causés par les inondations et confirment le montant de 8 milliards d’euros qui avait été avancé, financé à égalité par le Bund et les 16 Länder. « L’Etat va devoir dépenser un milliard de plus que ce qu’il avait déboursé lors des crues de 2002 », relève la Süddeutsche Zeitung avant d’ajouter que le gouvernement fédéral, qui a exclu d’augmenter les impôts, va devoir s’endetter. La FAZ indique que le ministre de l’Economie, Philipp Rösler (FDP), s’est exprimé en faveur d’un budget rectificatif dès lors que sera connu le montant total des dépenses auquel il faudra faire face. POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE Audition de la BCE par la Cour constitutionnelle fédérale De l’abondante couverture de presse consacrée au premier jour d’audience de la BCE à Karlsruhe visant à déterminer la légalité du rachat illimité par la BCE de dettes d'Etats en difficulté (programme OMT), se dégagent plusieurs aspects. Pour Die Welt, on assiste à « un débat au mauvais endroit » car les recours systématiques devant le tribunal constitutionnel fédéral, « qui intriguent et agacent les partenaires européens », trouvent ici leurs limites du fait que « les juges doivent se prononcer sur une institution qui formellement n’est pas soumise à leur jurisprudence. Même écho en provenance de la Tageszeitung qui fustige des juges « autocratiques » et un tribunal « qui veut interpréter le droit européen sans s’adresser à la Cour européenne de justice qui est compétente ». Le Handelsblatt relève à ce propos les déclarations de du ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble (CDU), jugeant « difficilement imaginable que des tribunaux allemands puissent trancher directement sur la légalité de l’action de la BCE ». Acquise aux arguments des eurosceptiques, la Frankfurter Allgemeine Zeitung est le seul quotidien à craindre un possible renvoi des plaignants devant la Cour de Luxembourg, ce qui, souligne par ailleurs l’ensemble de la presse, serait de la part du tribunal de Karlsruhe une « première ». « Compte tenu de la manière dont les juges luxembourgeois ont tranché récemment pour interpréter le droit européen, il n’y a pas à espérer qu’ils freinent les ardeurs de la BCE », déplore la FAZ. La presse constate que le « duel germano-allemand » entre Jens Weidmann, patron de la Bundesbank, et Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, n’a rien apporté de nouveau au niveau des argumentaires, les deux ex-membres du gouvernement, modèles de « courtoisie, sérénité et concentration » (Die Welt), tant dans leurs échanges que dans leurs exposés, ayant chacun défendu fermement leurs positions respectives et opposées. Le Handelsblatt souligne qu’outre le ministre des Finances, la chancelière a elle aussi défendu la Banque centrale européenne en déclarant devant l’assemblée annuelle de l’industrie allemande que « la BCE fait tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité de la valeur de l’argent ». Indécis quant à la position de la Cour constitutionnelle, les quotidiens relèvent tous qu’à l'ouverture de l'audience, son président, le juge Andreas Voßkuhle, a déclaré que le succès de l’annonce par Mario Draghi du programme OMT ne joueSemaine du 7 au 14 juin 2013 rait « aucun rôle » dans l'évaluation de sa compatibilité avec la constitution, mais leur interprétation divergent quant à l’importance de ces propos. Pour le Handelsblatt, A. Voßkuhle a « mis discrètement en garde contre des attentes exagérées et ne se prononce pas sur le fond ». La Rheinische Post, tout comme la Berliner Zeitung, considère que la Cour constitutionnelle se montre déjà clairement critique à l’égard de la BCE, le journal de Berlin supputant même que « Karlsruhe pourrait oser l’impensable et dire non » au plan anti-crise de la BCE. Pour la majorité des médias en revanche, il semble probable que le tribunal ne s’opposera pas aux OTM mais imposera des contraintes, sur le modèle éprouvé du scénario « oui, mais… ». « Les espoirs des eurosceptiques d’un grand et tardif geste libérateur de la part de la plus haute juridiction allemande seront presque assurément déçus », avance la Süddeutsche Zeitung pour qui « cela fait 20 ans que la Cour constitutionnelle essaie de trancher le nœud gordien européen, agite son épée puis la rengaine ». Les craintes des conséquences que pourrait avoir une décision négative de Karlsruhe sont évoquées dans plusieurs quotidiens. Sous le titre « mise en garde de Washington », la Süddeutsche Zeitung rapporte des propos que lui a tenus par la directrice du FMI, Christine Lagarde : « seule l’intervention de la BCE a stabilisé la situation dans la zone euro, sans cette annonce c’est l’ensemble de la zone euro qui connaîtrait aujourd’hui une stagnation économique et un chômage encore plus élevé ». Turquie Les contestations en Turquie et les manifestations de soutien en Allemagne ont fait l’objet de nombreux comptes rendus. La presse a notamment mis l'accent sur le durcissement du conflit. Les analyses se sont focalisées sur les motivations du Premier ministre turc dont les propos à l’égard des manifestants, qualifiés de « vandales » ont été relevés. Tandis que la Berliner Zeitung « l’arrogance du pouvoir », à la maturité du peuple turc, la Süddeutsche Zeitung estime que c'est la « griserie » du pouvoir qui caractérise l'action du Premier ministre Erdogan. Le « pieux démocrate » jadis guidé par sa foi dans l'islam s'est mué en autocrate « sur le point de remettre en cause l'héritage kémaliste du pays », souligne le quotidien pour qui la mobilisation populaire témoigne du ras-le-bol face aux excès et à l'autoritarisme du pouvoir et s’interroge en ces termes : « la démocratie est-elle parvenue à son terminus ? ». Le quotidien économique Handelsblatt se fait davantage l’écho des risques économiques pour le pays si M. Erdogan continue de « jouer avec le feu ». Il juge notamment irresponsables les attaques du Premier ministre turc contre le monde de la finance car le pays « a besoin de la confiance des investisseurs » et parce que c’est aussi son « avenir économique » qui est en jeu dans le conflit. La question de l’ouverture de nouveaux chapitres dans les négociations en vue d’une adhésion de la Turquie à l’UE est au centre de tous les commentaires qui font la part belle aux déclarations de responsables politiques. Les reproches du ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle (FDP), sont largement repris : le gouvernement d’Ankara « envoie le mauvais signal, envers son propre pays et aussi envers l’Europe » et devrait plutôt « désenvenimer » la situation dans l’esprit des valeurs européennes et engager un échange constructif et un dialogue pacifique ». La FAZ et la Tageszeitung signalent que le ministre français, Laurent Fabius, est allé dans le même sens, appelant le gouvernement turc à la « retenue » et au « dialogue ». La prise de position ferme contre la poursuite des Semaine du 7 au 14 juin 2013 négociations d’adhésion du président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen, Elmar Brok (CDU), retient l’attention de Die Welt : « ce serait un signal grave (…) une telle décision pourrait encourager M. Erdogan dans sa politique répressive ». Dans des propos au Bayernkurier, le secrétaire général de la CSU, Alexander Dobrindt, déclare que « l’usage brutal de la force contre les citoyens est incompatible avec notre conception de la liberté d’expression » et que « le débat sur l’ouverture de nouveaux chapitres dans le processus d’adhésion doit maintenant être clos ». De l’avis de la FAZ, opposée à une entrée de la Turquie dans l’UE, il serait actuellement « malvenu » d’ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations d’adhésion. La Berliner Zeitung constate pour le déplorer que l’actuel bras de fer entre le gouvernement et les protestataires ne fait que renforcer les partisans d’un partenariat privilégié pour lesquels un pays musulman n'a pas sa place dans l'UE. Syrie La presse a continué de suivre les différents aspects du confit en Syrie, les préoccupations humanitaires figurant cette semaine au centre des analyses. Dans une interview à la FAZ parue samedi 8 juin, le ministre de l’Intérieur, HansPeter Friedrich (CSU), demande notamment aux pays européens « d’accueillir temporairement des réfugiés syriens », comme le fait déjà l’Allemagne qui pourrait en accueillir jusqu’à 10 000. Pour le ministre, « la pression va monter sur l’Europe » et il n’est pas possible de « laisser le Liban, l’Iran et la Turquie seuls face à ce problème ». La question de l’aide aux réfugiés fait également l’objet d’un article dans le Tagesspiegel qui juge la politique de visa de l’Allemagne à l’égard des Syriens trop restrictive et trop lente, exemples à l’appui. Les autorités allemandes craindraient que les réfugiés syriens ne retournent pas dans leur pays une fois la guerre terminée, laisse entendre le quotidien. Un reportage sur l’accueil par les hôpitaux allemands de combattants de l’Armée syrienne libre a également été publié par la FAZ, qui y voit un moyen efficace de soutenir les rebelles. Le tabloïd Bild a de son côté cherché par un reportage choc à alerter l’opinion publique sur la dramatique situation humanitaire dans la ville dévastée d’Alep. S’appuyant sur des photos de l’acteur Jan Josef Liefers, connu en Allemagne pour son engagement humanitaire, entouré d’enfants « victimes des bombes » l’accompagnant au milieu des ruines de la ville, le quotidien veut donner un écho à l’appel de l’acteur pour « davantage d’aide pour les réfugiés » ou la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne et pousse un cri d’alarme : « que penseront les enfants de nous ? ». « Nous sommes ici une déception pour les gens, parce que nous nous tenons à l’écart de tout », fait valoir J.J. Liefers. La question des armes chimiques et du rôle des Etats-Unis est enfin revenue au cœur de l’actualité vendredi, les éditions électroniques de tous les grands médias signalant que « les Etats-Unis confirment pour la première fois l’utilisation d’armes chimiques » par le régime syrien (spiegel online). Si l’ensemble de la presse souligne que « la ligne rouge est franchie », le flou demeure néanmoins sur les conséquences que vont en tirer les Etats-Unis et la presse s’interroge sur la forme que prendra le « soutien militaire » aux rebelles annoncé par le conseiller adjoint de Barack Obama en charge de la sécurité nationale. De l’avis des journaux, le président américain attend la réunion du G8 en Irlande du Nord pour se concerter avec ses partenaires et la Russie et préciser ses intentions. A en croire Bild, ce changement de ton des Etats-Unis s’explique aussi par Semaine du 7 au 14 juin 2013 « l’implication croissante de la milice libanaise du Hezbollah et de l’Iran dans le conflit ». « Est-ce le tournant de la guerre ? Est-ce que le massacre touche maintenant bientôt à sa fin ? », s’interroge le journal qui rappelle que le conflit a déjà causé, selon l’ONU, 93 000 morts en deux ans./. Semaine du 7 au 14 juin 2013