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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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SERVICE DE PRESSE et DE COMMUNICATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE EUROPEENNE
Avant-papiers sur le Conseil européen
Dans les nombreux avant-papiers qu’ils ont consacré au Conseil européen des 18
et 19 février, les journaux ont repris les déclarations de la chancelière lors de sa
conférence de presse avec le Premier ministre israélien, mercredi 17 février. D’un
avis unanimement partagé, Mme Merkel s’est efforcée de « calmer les attentes »
(FAZ, Süddeutsche Zeitung) relatives à un accord sur la répartition de nouveaux
quotas de migrants au sein de l’UE, indiquant qu’il convient d’abord de parvenir à
la mise en œuvre de la décision prise l’an dernier portant sur la répartition de
160 000 réfugiés. Les quotidiens relèvent également que la chancelière a affirmé
sa détermination à aboutir à une solution négociée avec la Turquie et à empêcher
une exclusion de la Grèce de l’espace Schengen.
Dans un entretien au tabloïd Bild, le président de la commission européenne fait
preuve d’optimisme sur les chances des 28 de parvenir à un accord. « La
politique européenne en matière de réfugiés telle que Mme Merkel et moi la
défendons va s’imposer », déclare Jean-Claude Juncker, estimant que « l’histoire
donnera raison à la chancelière, tout comme elle a donné raison à Helmut Kohl
pour la réunification ». Dans un entretien au quotidien tageszeitung, le
commissaire européen Pierre Moscovici se montre lui aussi confiant : « je suis
persuadé que l’idée européenne va finir par triompher car il n’y a pas de réponse
nationale aux défis que constituent la crise migratoire, la crise de l’euro ou
encore la lutte contre le terrorisme ».
Dans leurs commentaires, les journaux se montrent toutefois moins optimistes.
Pour la FAZ, « la solution européenne que l’Allemagne appelle de ses vœux n’est
pas en vue ». Sous le titre « un sommet sans illusions », le Tagesspiegel espère
que la rencontre permettra au moins de poser qu’en matière d’accueil des
réfugiés, aucun pays ne saurait se soustraire à ses responsabilités. « Angela
Merkel a certes agacé ou s’est abstenue de tenir compte de certains de ses
partenaires, mais celui qui espère qu’elle échoue lors du Conseil doit savoir une
chose : « le lendemain, il se réveillera dans une UE différente et plus
mauvaise », met en garde le tabloïd Bild. Seul l’hebdomadaire Die Zeit, dans son
édition en ligne, fait valoir que l’on a peine à imaginer que l’Allemagne et la
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France ne seront pas en mesure de trouver la formule qui va permettre de
« sauver la mise ». « Une dispute sur le devant de la scène précipiterait l’Europe
dans une crise grave, quasi existentielle », estime le journal pour qui le
compromis final risque cependant d’être bien modeste car les priorités des deux
pays divergent, celle du gouvernement français étant avant tout la lutte contre le
terrorisme.
Evoquant largement la déclaration de la chancelière devant le Bundestag à la
veille de l’ouvertrure du sommet, Bild et le Handelsblatt font état du plan en trois
points pour résoudre la crise migratoire que la chancelière a présenté devant les
parlementaires allemands. Ce plan comprend la lutte contre les causes de
l’exode, la sécurisation des frontières extérieures de l’UE et la répartition des
demandeurs d’asile au sein de l’UE. Concernant ce dernier point, le Handelsblatt
précise que « la chancelière et ses conseillers ont abandonné l’illusion d’y
parvenir » et qu’en conséquence la priorité va à la sécurisation des frontières,
surtout entre la Grèce et la Turquie. Bild indique que faute de progrès
substantiels en ce sens avec la Turquie, la chancelière n’exclut pas la nécessité
de fermer la frontière entre la Grèce, la Macédoine et la Bulgarie, « avec toutes
les conséquences que cela comporterait pour la Grèce et pour l’UE ».
Au total, selon le tabloïd, les chances du plan en trois points de Mme Merkel ne
sont pas si mauvaises car plusieurs pays du sud de l’Europe le soutiennent, à
commencer par la Bulgarie et l’Italie, qui craignent que les réfugiés empruntent
leur territoire si jamais la Macédoine venait à fermer ses frontières.
POLITIQUE INTERNATIONALE
52ème conférence sur la sécurité de Munich/Syrie
Les journaux font unanimement le constat de la montée des tensions entre
l’Occident et la Russie, principalement sur le dossier syrien. A l’instar de la FAZ
qui titre sur la « grande méfiance envers les intentions de la Russie en Syrie »,
ils déplorent surtout la prise de position du Premier ministre russe, Dmitri
Medvedev, qui a jugé que les relations russo-occidentales sont entrées dans une
période de « nouvelle guerre froide ». Tandis que de nombreux dirigeants
politiques étrangers présents à Munich ont multiplié dans les éditions du weekend les appels à mettre fin à la crise syrienne et à rétablir le dialogue
international, le tabloïd Bild publie lundi 15 février une interview du secrétaire
général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui affirme que la Russie « n’est
actuellement pas un partenaire, mais que nous ne pouvons pas résoudre les
grands conflits mondiaux sans elle » et dénonce le non-respect du droit
international par Moscou, avant d’indiquer qu’il est pour l’instant exclu d’envoyer
des troupes au sol en Syrie.
Dans leurs commentaires, les quotidiens estiment que l’accord intervenu entre
les Etats-Unis et la Russie sur une « cessation des hostilités » d’ici à une semaine
et un accès de l’aide humanitaire aux civils sur le terrain peut faire figure de
premier signe d’espoir dans la perspective de la résolution du conflit, mais
continuent de s’inquiéter d’un risque croissant de confrontation entre l’Occident
et Moscou. La Süddeutsche Zeitung dresse un tableau très alarmiste du conflit
syrien : « la Syrie est l’alpha et l’oméga des grandes crises humanitaires
d’aujourd’hui, elle est un lieu de guerre, le cœur de la désintégration du monde
des Etats islamiques, le Ground zero de la terreur, une catastrophe humanitaire
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et, parallèlement, elle est à l’origine de nombreuses autres crises ». Le quotidien
de Munich juge pour le déplorer que la conférence de Munich sur la sécurité a
notamment montré que « la Syrie est une boule de billard avec laquelle Vladimir
Poutine joue pour atteindre un autre but : une Europe toujours plus faible et
toujours plus divisée ». De l’avis du journal, l’accord de cessez-le-feu « permet
juste d’entrevoir un espoir beaucoup plus grand », à savoir que l’on cesse enfin
de taire les réalités des grandes crises à venir, notamment en Libye. Sous le titre
« les Occidentaux doivent se serrer les coudes », la FAZ appelle de son côté les
Occidentaux à « investir dans leur partenariat et à faire davantage que prononcer
de belles paroles » face à l’aggravation de la situation sécuritaire internationale.
Le quotidien de Francfort estime que l’OTAN doit être renforcée et juge que
l’Occident ne doit pas esquiver ses divergences avec Vladimir Poutine « qui vit
dans un autre monde », mais « les contourner » en cherchant tous les points
d’entente avec Moscou, afin de progresser sur la voie d’une stabilisation du
Moyen-Orient.
Ukraine
A l’instar de la Süddeutsche Zeitung qui écrit « grave crise gouvernementale en
Ukraine », la presse prend acte du fait que le Premier ministre ukrainien est
parvenu à échapper à une motion de censure, mais marque son inquiétude face
à l’avenir politique du pays. Pour la FAZ, « deux ans après la victoire de Maïdan,
la révolution ukrainienne fait face à une crise qui est tout aussi existentielle que
les défis posés par l’agression russe sur le front oriental », car il s’agit de savoir
si le pays, à la croisée des chemins, va « poursuivre sur la voie des réformes ou
retomber dans une situation qui l’a mis au bord du précipice ». Le quotidien
appelle la majorité parlementaire et l’opposition à travailler ensemble « pour que
la stabilité intérieure relative du pays ces deux dernières années soit
préservée ». Die Welt et la Süddeutsche Zeitung insistent sur la nécessité de
mettre en œuvre « de vraies réformes ». Redoutant que le pays soit au bord
d’une nouvelle révolution, les journaux s’interrogent sur les perspectives du
président Petro Porochenko. « Plus de dix ans après la fameuse révolution
orange, Kiev se trouve à nouveau dans l’impossibilité de répondre aux espoirs de
démocratie et de stabilité de sa population », déplore la Süddeutsche Zeitung qui
s’inquiète également de la persistance d’une corruption endémique dans le pays.
Regrettant le manque de réformes en Ukraine, le journal entrevoit que
« Porochenko n’ayant plus beaucoup de crédit, que ce soit auprès des Européens
ou auprès de sa population, pourrait être une nouvelle fois un président de
l’échec s’il ne remporte pas de succès politique dans les prochains mois ». Le
Handelsblatt juge également que l’Ukraine est au bord du précipice, non
seulement sur le plan politique, mais sur le plan économique en raison des fortes
baisses des investissements dans le pays.
Turquie
En fin de semaine, tous les journaux font part de leur inquiétude sur une possible escalade
de la violence en Turquie et au Moyen-Orient et s’interrogent sur la stabilité de la Turquie et
la « fiabilité » d’Ankara comme partenaire de l’Union européenne pour gérer la crise
migratoire. Les quotidiens rapportent que le gouvernement turc a accusé le parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) et sa branche syrienne, le parti de l’Union démocratique
(PYD), d’être à l’origine de l’attentat qui a fait 28 morts mercredi dans la capitale et déplorent
la décision du président turc d’avoir bombardé des positions kurdes dans le Nord de l’Irak en
guise de représailles. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est clair que la Turquie est
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« le pays clé des deux plus grandes crises contemporaines – la guerre en Syrie et l’afflux de
réfugiés » et qu’elle a besoin de l’aide de l’Union européenne pour, à la fois, résoudre la
crise kurde, gérer l’afflux de réfugiés syriens, améliorer ses relations avec Moscou et faire
face à la menace de Daech. Sous le titre « la stratégie de Merkel avec la Turquie est-elle en
train d’échouer ? », le journaliste turc, Ertugrul Özkök, s’alarme, dans le tabloïd Bild, de la
situation sécuritaire en Turquie en raison de la multiplication des attentats et de l’afflux de
réfugiés aux frontières et estime qu’une Turquie « qui est sous tous les feux » ne peut plus
être un véritable partenaire de la chancelière. Il appelle Berlin à ne plus négocier uniquement
avec Ankara, mais à se tourner avant tout vers la Russie et les Etats-Unis pour mettre fin à la
crise en Syrie et à la crise migratoire. Jugeant également qu’Angela Merkel « ne pourra plus
maintenir sa ligne politique » en l’absence de l’aide turque, la Süddeutsche Zeitung estime
que l’Allemagne et les Européens doivent clairement faire comprendre à M. Erdogan qu’il
doit stabiliser la situation intérieure de son pays s’il veut demeurer un partenaire de l’Union
européenne./.
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