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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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SERVICE DE PRESSE et DE COMMUNICATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE INTERIEURE
Politique migratoire : la chancelière maintient le cap
Sous le titre « Merkel demande aux citoyens d’être patients », la Berliner Zeitung
fait état des propos de la chancelière, unique invitée, dimanche 28 février, du
talk-show politique de la chaîne de télévision publique ARD. Mme Merkel y a défendu et justifié sa position, réaffirmant sans relâche son espoir dans une
solution européenne pour mettre fin à la crise migratoire. Enumérant les progrès
qui ont été accomplis en matière d’enregistrement des réfugiés, elle a répété son
attachement à la préservation de l’espace Schengen, insisté sur le fait qu’elle
n’avait pas de plan B et mis en garde contre des décisions unilatérales en Europe
de fermeture des frontières qui ne contribuent pas à une solution globale.
Dans un entretien à l’hebdomadaire Spiegel, le ministre-président bavarois et
chef de la CSU, Horst Seehofer déclare pour sa part que si l’objectif demeure celui d’une solution européenne, « plus il est évident que celle-ci n’avance pas, plus
il s’avère nécessaire de miser sur des mesures nationales ». « Concrètement,
cela signifie des contrôles à nos frontières nationales et des reconduites »,
ajoute-t-il avant de saluer la décision prise par l’Autriche de fixer un quota quotidien d’entrées sur son territoire.
Sous le titre « confiance dans Merkel, mais pas dans la situation », Die Welt se
fait l’écho du dernier sondage Deutschlandtrend laissant apparaître une remontée de la chancelière dans les sondages (54% d’opinions favorables, contre 46%
le mois dernier). Récemment au coude à coude avec Horst Seehofer, Mme Merkel
gagne 8 points, tandis que le chef de la CSU en perd 7 (38% d’opinions favorables contre 45% en février). Ce regain de popularité de la chancelière
s’accompagne toutefois d’une insatisfaction grandissante vis-à-vis de sa gestion
de la crise migratoire, souligne Die Welt, 59% la désapprouvant (57% le mois
dernier). Il ressort également de cette enquête qu’une majorité d’Allemands
(77%) appellent de leurs vœux une solution européenne à la crise migratoire, ce
qui équivaut à un soutien de la politique de la chancelière, même si presque les
deux tiers des personnes interrogées (64%) estiment une telle perspective peu
réaliste. Si la proportion de ceux qui se déclarent favorables à une réintroduction
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des contrôles aux frontières est retombée sous la barre des 50%, le nombre de
partisans de la fixation d’un plafond national en matière d’accueil de réfugiés est
en augmentation (63%), paradoxe que souligne le journal.
Examen par la Cour constititionnelle fédérale d’une interdiction du NPD
L’ensemble de la presse évoque l’ouverture, en début de semaine, par la Cour
constitutionnelle allemande de l’examen visant à interdire le parti néo-nazi NPD.
Soulignant la complexité du dossier, les journaux relèvent notamment que la défense du NPD a demandé la récusation de deux des huit juges composant la
cour, estimant que leurs carrières politiques passées (Peter Müller comme ministre-président de Sarre et Peter Huber, comme ministre de l’intérieur de
Thuringe) créaient un doute sur leur impartialité.
Dans leurs commentaires, les journaux font preuve de leur scepticisme quant à
l’utilité d’une interdiction du parti. Certes, ce parti qui attise les haines mérite
d’être interdit, ne serait-ce qu’en raison des victimes que font les violences
d’extrême-droite, juge la Süddeutsche Zeitung, mais la Cour constitutionnelle ne
se facilite pas la tâche en comptant parmi ses juges deux anciens responsables
politiques auxquels elle aurait été bien avisée de renoncer pour ce procès. Plus
catégoriques, le tabloïd Bild et le quotidien alternatif de gauche tageszeitung jugent respectivement « inutile » et même « absurde » une telle interdiction au
motif qu’elle ne permettra en rien de faire barrage à l’extrémisme qui se répand
en Allemagne. « Le porte-voix des opposants à l’accueil de réfugiés est depuis
longtemps l’AfD que nul ne songe jusqu’ici à interdire et qui, chose étonnante,
n’est même pas sous la surveillance des services de protection de la constitution », écrit la tageszeitung.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
L’Europe face à la crise migratoire
« Berlin rejette les exigences de Vienne sur les quotas quotidiens », titre en milieu de semaine la FAZ qui rapporte que le gouvernement fédéral a opposé une
fin de non-recevoir aux demandes du chancelier autrichien de mise en place de
quotas quotidiens destinés à l’accueil de réfugiés en provenance de Grèce, de
Turquie ou de Jordanie. L’Autriche n’a pas vocation à devenir la « salle
d’attente » de l’Allemagne », avait déclaré le chancelier autrichien Werner Faymann, ce à quoi le porte-parole du gouvernement allemand a répondu :
« l’Allemagne n’opère pas en fonction de quotas quotidiens ». La Süddeutsche
Zeitung publie mercredi un entretien avec le ministre autrichien des affaires
étrangères qui justifie la mesure adoptée par son pays, ainsi que la récente tenue d’un sommet avec plusieurs pays des Balkans. Il récuse en outre l’argument
selon lequel la décision de fermer la route des Balkans mettrait en danger la rencontre, lundi 7 mars, entre l’Union européenne et la Turquie. Selon lui, un accord
avec la Turquie ne constitue qu’une partie de la solution et il demeure primordial
de mettre un terme à la politique du laisser-passer qui permet aux réfugiés arrivés en Grèce de poursuivre le chemin vers le nord.
En fin de semaine, plusieurs journaux font leur une sur l’appel lancé depuis la
Grèce par le président du Conseil européen, Donald Tusk, aux migrants économiques. « Tusk en appelle aux migrants économiques : ‘ne venez pas en
Europe !’ », titrent ainsi la FAZ, la Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel. Dans
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un commentaire, la FAZ salue le « langage clair » du président du Conseil européen que les responsables politiques allemands devraient, selon elle, adopter eux
aussi. Dans un entretien au quotidien Die Welt, le commissaire européen aux
affaires intérieures, Christos Avramopoulos, fait état des premiers « résultats
positifs » observés dans la coopération entre la Grèce et la Turquie, la Turquie
ayant ces derniers jours repris à la Grèce 300 migrants illégaux, souligne-t-il.
« La Grèce a jusqu’au 12 mai pour assurer la protection des frontières extérieures de l’UE. Ensuite, nous ferons le bilan et si aucun progrès substantiel n’a
été constaté, nous envisagerons sans hésitation des mesures destinées à prolonger en Europe les contrôles aux frontières », fait-il valoir. Le Premier ministre
néerlandais et président en exercice de l’UE, fait état dans un interview à la
Süddeutsche Zeitung de ses attentes à l’égard du sommet avec la Turquie. Selon
lui, la Turquie est en mesure de faire davantage, notamment en matière de lutte
contre les passeurs en Méditerranée, ce qui contribuerait à une baisse significative de l’afflux de réfugiés. Dans un commentaire, le Handelsblatt qualifie ce
sommet de « sommet de la dernière chance » pour la chancelière désireuse de
pouvoir présenter au moins une petite avancée sur la voie de la solution européenne qu’elle appelle de ses vœux. Les perspectives de succès sont loin d’être
au beau fixe, Erdogan risque d’exiger le prix fort et même si Mme Merkel est
prête à payer, le problème demeure qu’une majorité de pays européens refusent
de la suivre, écrit le journal.
Elections législatives en Iran
A l’instar de la FAZ qui titre « succès des réformateurs lors des élections législatives en Iran », la presse salue la victoire des réformateurs et des conservateurs
modérés soutenus par le président Rohani aux élections législatives. Le quotidien
de Francfort souligne qu’H Rohani a réussi « un test important pour sa politique
d’ouverture en douceur du pays » symbolisée par l’accord sur le dossier nucléaire. Rapportant que le président iranien a présenté le résultat des élections
comme le début d’« une nouvelle ère » pour l’Iran, les commentateurs se montrent néanmoins prudents sur les conséquences à en attendre. La FAZ estime
que ce résultat permettra de « renforcer les relations entre Téhéran et
l’Occident », mais qu’une évolution sur la Syrie n’est pas à attendre, Téhéran
continuant de voir le régime de Damas comme un rempart face à Daech. Le
Handelsblatt espère que le président Rohani va poursuivre « une politique des
petits pas » afin d’ouvrir le pays aux investisseurs étrangers, mais, tout comme
le Tagesspiegel, ne croit pas à des réformes politiques. La Süddeutsche Zeitung
craint que ce résultat n’attise les tensions entre M. Rohani et les conservateurs
« affaiblis » mais qui tiennent les postes clés du régime.
Primaires américaines/résultats du « Super Tuesday »
La presse rend compte, sans masquer son inquiétude, du renforcement de la dynamique favorable à Donald Trump chez les Républicains et commence à relayer
les critiques publiques en Allemagne à l’encontre de cette candidature. Dans un
entretien avec la Berliner Zeitung, le président de la commission des Affaires
étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), fait ainsi part de sa « vive inquiétude » face à l’éventualité d’une victoire de Donald Trump, dont la
personnalité et les opinions « ne sont pas à la hauteur de la responsabilité des
Etats-Unis dans le monde ». M. Röttgen invite les Européens à ne pas taire leurs
éventuelles critiques s’agissant d’une « élection qu’on ne peut limiter à une pure
affaire de politique intérieure », compte tenu du poids de l’Amérique en Europe./.
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