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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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SERVICE DE PRESSE et DE COMMUNICATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE INTERIEURE
Débat sur l’accueil des réfugiés
Sous le titre « Seehofer pose ses conditions pour l’élaboration d’une loi sur
l’immigration », la Süddeutsche Zeitung se fait l’écho en début de semaine des
déclarations de Horst Seehofer. Invité, dimanche 2 août, par la chaîne de télévision publique ARD, dans le cadre de la traditionnelle « interview d’été », le
président de la CSU a plaidé pour une rencontre dès le mois de septembre entre
le Bund et les Länder pour « clarifier au plus vite » l’épineuse question de
l’accueil et de l’hébergement des demandeurs d’asile. Dans leurs éditions de
samedi, les journaux signalaient que déjà 300 000 demandes d’asile ont été déposées cette année en Allemagne, avec un record enregistré en juillet de 79 000
demandes. Interrogé sur la pertinence d’une nouvelle loi sur l’immigration, Horst
Seehofer mettait en garde contre une loi qui risquerait d’être interprétée comme
un appel à davantage d’immigration, chose que la CSU refuse.
Dans son édition de mardi intitulée « la classe politique allemande perd patience
avec les pays des Balkans », Die Welt reprend les propos du ministre de
l’Intérieur de Rhénanie-du Nord-Westphalie, Ralf Jäger (SPD), qui appelle la Serbie à améliorer la situation de sa population, notamment d’origine rom, de
manière à freiner l’exode de population vers des pays tels que l’Allemagne.
« Tant que la Serbie n’aura pas réglé ce problème, il est hors de question qu’elle
intègre l’UE », déclare-t-il, estimant qu’il convient de ne pas réitérer les erreurs
qui ont été commises avec la Roumanie et la Bulgarie. Le journal fait également
part, dans ce contexte, de la disposition de Peter Altmaier (CDU), chef de la
chancellerie fédérale, à la reconnaissance comme pays d’origine sûrs du Monténégro, de l’Albanie et du Kosovo. Ce point de vue est également partagé par le
parlementaire européen conservateur David McAllister, qui appelle les Länder
gouvernés par une majorité rouge-verte à lever leur blocage au Bundesrat sur
cette question. La presse relève par ailleurs qu’en réponse au souhait exprimé
par le chef de la CSU, Horst Seehhofer, P. Altmaier se montre disposé à avancer
au mois de septembre la réunion initialement prévue plus tard à l’automne entre
le Bund et les Länder consacrée à la question de l’accueil et de la gestion des
migrants et des demandeurs d’asile en Allemagne.
Semaine du 31 juillet au 7 août 2015
Limogeage du procureur général fédéral
L’ensemble de la presse a abondamment rendu compte de l’issue d’une affaire
qui, de l’avis général, commençait à devenir gênante pour le gouvernement fédéral.
Au centre de la polémique : le blog Netzpolitik.org, spécialisé dans la défense des
droits des acteurs du numérique, qui a publié en début d'année des documents
présentés comme les plans des services allemands de renseignement pour surveiller internet, ce qui lui a valu de se retrouver sous le coup d’une enquête pour
soupçon de haute trahison, le patron des services de renseignement ayant porté
plainte contre X. Le ministre de la Justice, Heiko Maas (SPD), est récemment intervenu pour critiquer l’enquête, suspendue vendredi après la demande par le
procureur général fédéral d’une évaluation pour décider si les documents publiés
relevaient bien du secret d'Etat. Sur la foi d’une expertise indépendante concluant que les documents mis en ligne par le blog relevaient bien du secret
d'Etat, le procureur a alors contre-attaqué, accusant le ministre de la Justice
d'ingérence dans l’enquête. H. Maas a réagi en annonçant le limogeage du procureur.
Dans ses réactions éditoriales, la presse se montre critique envers les agissements du procureur général fédéral et estime que son renvoi, qu’il a lui-même
provoqué en critiquant ouvertement son ministre de tutelle, était devenu une
« nécessité » (Süddeutsche Zeitung). Pour le tabloïd Bild, si l’issue de l’affaire
consacre à première vue la victoire de la liberté de la presse, à y regarder de
plus près, on assiste néanmoins à une ingérence dans les affaires de justice. Les
journaux conviennent que tous les acteurs sortent perdants de l’affaire et que si
la pression se renforce à présent sur le chef des services de renseignement, le
ministre de la justice ne sort pas non plus indemne. Pour la Berliner Zeitung, qui
demande des éclaircissements sur la responsabilité conjointe des ministères de la
Justice et de l’Intérieur, la bataille n’est pas terminée. En effet, si le ministre de
la justice était persuadé que l’enquête était infondée, pourquoi n’a-t-il pas donné
ordre de la stopper plus tôt, s’interroge notamment Die Welt. La FAZ fait également valoir que l’issue de l’affaire confirme les doutes les plus sévères quant à
une ingérence politique dans une procédure de justice et nourrit le soupçon
d’opportunisme politique de la part d’un ministre qui « donne l’impression de déterminer à lui tout seul si un acte doit ou non être qualifié de répréhensible ».
De l’avis de plusieurs journaux, le chef des services de renseignement devrait, lui
aussi, rendre des comptes. Ainsi, pour le Tagesspiegel, le procureur général n’a
servi que de bouc-émissaire dans l’affaire, le chef des services de renseignement
étant le « véritable coupable ». Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung
insiste sur la nécessaire redéfinition de la notion de secret d’Etat, qu’il convient,
souligne-t-il, de ne pas confondre avec le secret professionnel, afin d’éviter à
l’avenir que des enquêtes soient indûment ouvertes contre des journalistes qui à
aucun moment n’ont cherché à nuire à la sécurité de l’Allemagne. De l’avis de
l’hebdomadaire Die Zeit, il faut purement et simplement supprimer la notion juridique de secret d’Etat.
Angela Merkel à nouveau candidate en 2017
L’ensemble de la presse reprend l’information du Spiegel selon laquelle la chancelière devrait se représenter en 2017, même si l’annonce officielle de sa
candidature ne devrait intervenir qu’au début de l’année 2016. Sur la foi d’un
sondage Emnid, les journaux indiquent que si des élections devaient avoir lieu
maintenant, la CDU/CSU, créditée de 43% des intentions de vote, obtiendrait la
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majorité absolue au Bundestag. Le SPD est actuellement crédité de 24%, les
Verts de 10% et Die Linke de 9%. Le FDP plafonne à 4% et l’AfD à 3%. Selon
une enquête de l’institut YouGov, publiée mardi dans Bild, 63% des personnes
interrogées déclarent s’attendre à une reconduction en 2017 de la grande coalition.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
Annonces du président américain en matière de politique climatique
L’annonce par le président américain d’une série de mesures visant à doubler la
part des énergies renouvelables d’ici à 2030 et à réduire d’un tiers les émissions
de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 2005 bénéficie d’un large
écho dans l’ensemble de la presse qui salue une prise de position ambitieuse de
Barack Obama en faveur de la transition énergétique. Les quotidiens soulignent
que les Européens se réjouissent de cette annonce et citent les propos de la ministre fédérale de l’Environnement, Barbara Hendricks (SPD), qui s’est félicitée
de la décision des Etats-Unis « d’affronter le défi du changement climatique ».
Sous le titre « le président du climat », la FAZ indique que la politique climatique
est désormais l’un des grands chantiers de Barack Obama qui doit certes faire
face à la résistance des élus républicains, mais qui, dans la dernière année de
son mandat, n’a plus rien à perdre. Le Handelsblatt se montre pour sa part plus
sceptique sur la politique climatique de Barack Obama, jugeant qu’il s’agit de
« poudre aux yeux » et non d’un « nouveau départ ». Pour le quotidien économique, les annonces d’Obama risquent de rester un « symbole » plus que de
devenir réalité en raison des réticences des Etats fédéraux et du congrès à
l’introduction de nouvelles lois environnementales. Die Welt signale en outre la
place non négligeable que jouera l’énergie nucléaire dans la politique climatique
américaine : « le coup de tête de Berlin visant à sortir du nucléaire continue de
nuire à la compétitivité de l’Allemagne ; Obama ne veut pas commettre cette
erreur, les centrales nucléaires devant faire partie du nouveau mix énergétique américain », note le quotidien.
Cette offensive du président américain, quatre mois avant la tenue de la COP21,
amène en outre certains quotidiens à s’interroger sur les chances de succès de la
conférence. Ainsi, pour le Handelsblatt, il y a fort à parier qu’un accord global ne
verra pas le jour à Paris et que les engagements nationaux voulus comme contraignants prendront de plus en plus la forme d’objectifs en matière de
contributions nationales. La Berliner Zeitung se veut pour sa part optimiste sur la
volonté des Etats de lutter contre le dérèglement climatique : « plus la conférence de Paris approche, plus il est clair que les gros émetteurs de CO2 de la
planète veulent aboutir à un accord contraignant en décembre », souligne le
quotidien de Berlin qui conclut sur l’importance de la COP21 comme « étape »
vers toujours davantage d’efforts de la part des Etats en faveur de la protection
de l’environnement.
L’Union européenne face au défi migratoire
Les drames qui se jouent à la frontière franco-britannique, mais aussi à nouveau
en Méditerranée, et l’afflux quotidiens de réfugiés à Passau, première ville
d’accueil allemande au terme de la « route des Balkans », sont pour la presse
allemande les multiples facettes d’une même urgence que l’Europe ne peut plus
différer, celle de l’accueil des demandeurs d’asile et de la répartition de la pression migratoire entre les Etats membres de l’UE. La FAZ ouvre sa Une sur les
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propos de Jean-Claude Juncker se déclarant, dans une interview à l’AFP, « dans
le désarroi le plus complet » face à la situation des migrants à Calais. Les journaux font état des moyens débloqués par la Commission européenne pour aider
la France et la Grande-Bretagne à faire face à la situation, certains craignant, à
l’instar du quotidien alternatif tageszeitung, qu’on investisse « beaucoup d’argent
pour refouler les réfugiés ». L’agence européenne Frontex pourrait également
aider la France à traiter les demandes d’asile, rapporte la Süddeutsche Zeitung.
Les commentaires jugent sévèrement la politique migratoire de l’UE : « ce qui
est tout aussi consternant que la situation des réfugiés à Calais, c’est l’égoïsme
national avec lequel les Etats européens, et tout particulièrement la GrandeBretagne, affrontent ce problème », déplore la FAZ, soulignant que Londres accueille proportionnellement moins de demandeurs d’asile que d’autres pays
européens, alors même que « les Britanniques ont une certaine responsabilité
dans ce flot migratoire, ayant participé aux interventions en Irak et en Libye à
l’origine des vagues de fugitifs ». « Voilà ce qu’on devrait rappeler aux Britanniques la prochaine fois qu’ils exigeront des autres Européens de tenir compte de
leurs intérêts », insiste la FAZ. Le tabloïd Bild plaide de manière tranchée pour
que l’UE mette enfin en œuvre un politique migratoire digne de ce nom, estimant
que rien n’a changé depuis les annonces ayant suivi les hécatombes en Méditerranée. « Nous avons besoin de davantage de voies d’immigration légale pour les
réfugiés africains », martèle Bild en concluant : « l’Europe est danger, non pas à
cause des réfugiés, mais à cause de son inaction ».
Les hebdomadaires Die Zeit et Stern adoptent un angle humanitaire pour décrire
la pression migratoire dans la région de Passau, le « Lampedusa bavarois » (Die
Zeit), première ville d’accueil allemande où s’échouent les réfugiés débarqués en
bord d’autoroute par les passeurs au terme d’un long périple sur la « route des
Balkans », lesquels sont impuissants à endiguer ce trafic humain, souligne Stern.
Die Zeit juge que les efforts de la population locale pour pallier la détresse des
demandeurs d’asile sont source de fierté pour le pays et se félicite que le maire
SPD de Passau, bien que débordé par la situation, voit dans cet afflux migratoire
une chance à long terme pour un pays manquant de main-d’œuvre qualifiée.
Négociations en vue du déblocage du troisième plan d’aide à la
Grèce
Les réserves exprimées par le Fonds monétaire international sur sa participation
au troisième plan d’aide à la Grèce ont alarmé les députés conservateurs allemands et le tabloïd Bild favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro. Le
président de la commission des affaires économiques du Bundestag, l’ancien ministre Peter Ramsauer (CSU), juge dans des propos au tabloïd Bild qu’un retrait
du FMI signerait la fin des négociations, qui devraient être immédiatement suspendues : « toute autre alternative serait une grave violation du mandat donné
par le Bundestag ». Le tabloïd persiste dans ses appels au gouvernement fédéral
à conditionner le soutien allemand à un co-financement par le FMI : « sans FMI,
pas de milliards pour la Grèce ! Madame la chancelière, Monsieur le ministre,
souvenez-vous de vos promesses ! », exhorte-t-il. Le Tagesspiegel pointe les
contradictions de la position allemande, à savoir exiger la participation du FMI
tout en refusant la condition préalable posée par ce même FMI d’une restructuration de la dette grecque. Cette attitude « destructrice » menacerait de faire
échouer les négociations et « renforce l’impression que Wolfgang Schäuble, protégé par Angela Merkel, poursuit toujours son objectif d’une exclusion de la
Grèce de la zone euro », déplore le Tagesspiegel en rappelant qu’une telle éventualité a été expressément rejetée lors du dernier Conseil européen. Le journal
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appelle les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, tout particulièrement François Hollande et Matteo Renzi, à « ramener à la raison les partenaires alleallemands » en « disant à voix haute et clairement » que « la Grèce ne pourra
être stabilisée sans réduction de sa dette ». Après les doutes exprimés par une
« source proche du gouvernement fédéral » sur les chances d’aboutir à un accord
sur le troisième paquet d’aide d’ici au 20 août, dont Bild se fait l’écho, la
Süddeutsche Zeitung, Die Welt et le Handelsblatt citent à leur tour des sources
gouvernementales allemandes exprimant la crainte que pour voir aboutir rapidement les négociations sur le troisième plan d’aide à la Grèce, les créanciers ne
se montrent pas assez exigeants sur les réformes et objectifs attendus. Sans les
identifier précisément, la Süddeutsche Zeitung cite des sources au ministère fédéral des finances selon lesquelles il serait irréaliste de vouloir boucler l’accord
pour le 20 août : « un plan d’aide d’un volume de 80 milliards d’euros sur trois
ans a besoin d’une base très solide », insiste-t-on à Berlin en préconisant « plutôt un second prêt-relais pour le service de la dette grecque qu’un programme
mal ficelé ». « Il ne suffit pas de s’accorder sur un quart des obligations de réformes et de reporter le reste à l’automne, un tel texte ne peut être présenté au
Bundestag », avance le Handelsblatt « de source proche du gouvernement »./.
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