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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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SERVICE DE PRESSE et DE COMMUNICATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE INTERIEURE
L’Allemagne face à l’afflux de réfugiés
Sous le titre « des milliards pour les Länder », la Süddeutsche Zeitung note que
lors de la rencontre avec les Länder, jeudi 24 septembre, l’Etat fédéral a largement accédé à leurs revendications financières pour la prise en charge des
réfugiés. Ainsi, le Bund devrait ainsi verser aux Länder 4,1 milliards d’euros d’ici
à 2016, un montant qui repose sur une somme forfaitaire de 670 euros mensuels
par réfugié pour une estimation de l’ordre de 800 000 réfugiés que l’Allemagne
devrait accueillir d’ici à la fin de l’année. Pour 2015, le ministre fédéral des finances a consenti à transférer aux Länder 1 milliard supplémentaire, qui vient
s’ajouter au milliard débloqué cet été. En outre, indique le tabloïd Bild, l’Etat fédéral prendra part à hauteur de 500 millions d’euros à la construction de
logements sociaux et débloquera 350 millions d’euros pour les réfugiés mineurs
non accompagnés.
Dans un commentaire, la Berliner Zeitung se félicite de voir qu’enfin les responsables politiques ont pris des décisions à la mesure de la gravité de la situation.
« Le pire qui puisse arriver », note le quotidien, « c’est que Schäuble ne parvienne pas à maintenir son budget à l’équilibre, ce qui constituerait un sacrifice
symbolique ». Très critique de la manière dont l’Allemagne gère la crise des réfugiés, la Süddeutsche Zeitung fait part de son insatisfaction. « Tout cela n’a rien
d’un programme réfléchi, c’est un paquet ficelé à la va-vite », juge le quotidien
pour qui le résultat s’avère insuffisant. « L’Allemagne a laissé passer la chance
qui se présentait de mettre en place des règles et standards en matière d’accueil
de réfugiés et au final on aboutit à une baisse des aides et à la détérioration des
fondements de l’intégration », estime le quotidien qui en veut notamment pour
preuve l’obligation pour les demandeurs s’asile de demeurer six mois dans les
centres de premier accueil.
Par ailleurs, la visite du premier ministre hongrois, invité par le groupe parlementaire CSU réuni cette semaine en séminaire, a bénéficié d’un large écho. Les
journaux citent les propos de Viktor Orban qui a reproché au gouvernement fédéral de pratiquer un « impérialisme moral » en cherchant à imposer au reste de
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l’Europe d’accueillir un nombre illimité de réfugiés. La presse note que le président de la CSU, Horst Seehofer, a pour sa part fait valoir que V. Orban « méritait
un soutien et non des critiques pour avoir tenté de rétablir le droit en Europe ».
Alors que la presse de gauche (Berliner Zeitung) qualifie de « honte » le fait que
la CSU puisse « applaudir à la politique du Premier ministre hongrois », la FAZ
constate l’accumulation ces derniers temps de déclarations de Horst Seehofer
manifestant sa prise de distance avec la chancelière. « Seehofer sape l’autorité
de Merkel », écrit le quotidien pour qui l’invitation adressée à Orban ne peut se
comprendre autrement que comme une « pure provocation » à l’égard de la
chancelière. « L’opposition dans les rangs conservateurs porte un nom, celui de
Horst Seehofer, et ce n’est pas sans gravité pour Merkel car les propos du chef
de la CSU traduisent le point de vue d’un grand nombre », s’inquiète le journal
conservateur. « Le fait de convier en Bavière le plus grand diviseur de l’Europe
marque bien plus qu’une prise de distance symbolique, il s’agit d’un croche-pied
à la chancelière », juge le quotidien alternatif de gauche tageszeitung qui appelle
Horst Seehofer à clarifier la vision de l’Europe qui est la sienne.
Scandale Volkswagen
L’ensemble de la presse a fait grand cas du « scandale Volkswagen » (Süddeutsche Zeitung, Die Welt, Bild). Die Welt et le Handelsblatt mettent en exergue le
fait que la tricherie du constructeur lors des contrôles anti-pollution risque de lui
coûter 18 milliards d’amende et sa crédibilité en qualité de symbole du « made in
germany ». Le Tagesspiegel et Die Welt indiquent par ailleurs que le gouvernement fédéral était informé des possibilités techniques de manipulation des
données en matière d’émissions de CO2. Ceci ressortirait des éléments fournis
par le ministère fédéral des transports en réponse à une question formulée par le
groupe parlementaire des Verts en juillet dernier. Le ministère des transports
indique cependant n’avoir aucune information concrète portant sur la mise en
application de telles possibilités, notent les deux journaux.
Dans ses nombreuses réactions éditoriales, la presse marque son inquiétude face
à la gravité d’un scandale qui entame la réputation de fiabilité du « made in
germany ». « Cette garantie de qualité vient de connaître ces derniers temps de
sérieux revers », note le tabloïd Bild qui cite notamment les torts que le crash de
la germanwings a fait subir aux compagnies aériennes, le chaos qui continue de
régner sur le chantier du futur aéroport international de Berlin ou encore le scandale du Libor qui met la Deutsche Bank sur le banc des accusés. Pour Die Welt et
la Süddeutsche Zeitung, il est néanmoins possible de regagner la confiance des
marchés et des consommateurs : d’autres entreprises, telles que Siemens ou
encore Bayer, y sont parvenues, mais pour cela il faut complètement changer de
stratégie et jouer la transparence la plus totale.
L’annonce de la démission de Martin Winterkorn, Pdg de Volkswagen, qui, dans
un communiqué, a déclaré prendre la responsabilité du scandale pour permettre
au constructeur un nouveau départ tout en jugeant ne s'être rendu coupable
d'aucun manquement, est abondamment commentée.
De l’avis de la Berliner Zeitung, ce départ aurait dû intervenir plus tôt car depuis
les révélations sur des manipulations à grande échelle sur les moteurs diesel, le
cours de l’action n’a cessé de dégringoler en bourse, ce qui n’a fait qu’aggraver
la situation. Ce départ était « devenu une nécessité », convient également la
Süddeutsche Zeitung, mais ne suffit pas pour tirer les choses au clair, d’autant
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que l’intéressé ne se considère en rien coupable. Plusieurs quotidiens se montrent particulièrement critiques envers le « système Volkswagen », dénonçant
une culture d’entreprise marquée par un « climat d’intimidation » et de « fortes
pressions en matière de rendement » qui aurait « favorisé la tricherie » (FAZ). Le
quotidien alternatif de gauche tageszeitung dénonce les « structures patriarcales » de l’entreprise qui ont pu perdurer dans la mesure où Volkswagen a de
tous temps été « cajolé » par les autorités régionales de Basse-Saxe et aussi par
le gouvernement fédéral. Décrivant le considérable lobby que représente en Allemagne le secteur automobile, le Handelsblatt dénonce des « imbrications » qui
rendent l’Etat « à la fois juge et partie ». Estimant que l’actuel scandale « révèle
les faiblesses de la loi VW » (qui assure au Land de Basse-Saxe, actionnaire à
hauteur de 20%, une minorité de blocage et de facto un droit de veto), le quotidien prône un total désengagement de l’Etat.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
Crise migratoire/réunion des ministres européens de l’intérieur et
sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement
En amont du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens, la presse souligne que
les ministres européens de l’intérieur sont
parvenus à s’accorder sur la répartition en Europe de 120 000 réfugiés. Elle note
que l’Allemagne devrait en accueillir 31 000, ce qui correspond, a souligné le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), à 26% des réfugiés arrivant en
Grèce (contre 50% actuellement).
« L’Allemagne a de manière inattendue réussi à imposer son quota », s’étonne
Die Welt, qui souligne qu’il s’agit d’une « mesure exceptionnelle » demandée par
la Commission européenne et non d’un règlement pérenne auquel s’oppose une
majorité d’Etats membres. Le fait que la décision de répartition des réfugiés ait
été prise à la majorité qualifiée contre l’opposition de quatre pays d’Europe centrale (Hongrie, Slovaquie, République tchèque et Roumanie) va « peser
négativement sur le conseil européen informel », poursuit le journal. « La crise
des réfugiés divise l’Europe », souligne le Handelsblatt en évoquant lui aussi les
vives réactions de des pays du groupe de Visegrad. La Süddeutsche Zeitung se
félicite que « l’Europe soit quand même capable d’agir » et que les ministres européens de l’Intérieur « aient enfin imposé le principe de la majorité qualifiée »,
mais met en garde contre les « ruptures dangereuses » apparues au sein de l’UE.
Les médias relèvent auusi que T. de Maizière s’est félicité du fait que la Pologne a
finalement soutenu la position allemande.
Au lendemain du conseil européen, le sentiment domine dans la presse que les
décisions prises vont dans la bonne direction, mais que l’UE a perdu trop de
temps avant de réagir à la crise des migrants. « Contrairement à la crise
grecque, les problèmes ne peuvent être résolus à coup de milliards et le temps
manque pour les longues procédures bruxelloises devant l’afflux quotidien de
réfugiés », souligne Die Welt en estimant que que les décisions du conseil sont
« un consensus minimum loin d’être suffisant ». La FAZ salue un « premier pas
dans la bonne direction », mais considère que les dissensions entre Etats
membres ne sont pas surmontées et que faute de détermination et de réalisme
pour agir à long terme, l’UE pourrait être menacée dans son intégrité. De même,
pour le quotidien alternatif de gauche tageszeitung, « les chefs d’Etats et de
gouvernement en font trop peu et le font trop tard ».
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Reconduction d’Alexis Tspiras à l’issue des élections législatives
en Grèce
Dans ses premières réactions, la presse s’accorde sur le constat qu’Alexis Tsipras
« aura eu besoin de sept mois pour ôter à son pays toutes ses illusions », comme
le constate la Süddeutsche Zeitung qui évoque une « victoire électorale pour
l’euro ». « De nombreux Grecs ont visiblement compris qu’ils n’avaient et n’ont
guère d’autre choix que celui d’accorder à Alexis Tsipras une seconde chance »,
souligne la Berliner Zeitung pour qui « ce qui compte à présent c’est que le gouvernement grec montre qu’il est disposé à réformer le pays en profondeur ». La
FAZ et Die Welt se montrent dubitatifs quant à la volonté du Premier ministre
grec de se conformer aux engagements pris et notent qu’il a d’ores et déjà annoncé que son premier combat serait d’obtenir une restructuration de la dette
grecque. « Tsipras veut à nouveau rouler l’Europe », titre Bild qui redoute qu’en
reconduisant Alexis Tsipras les Grecs « s’accrochent à l’illusion qu’il demeure
possible de s’opposer au reste de l’UE ». Dans ces conditions, la réponse européenne ne saurait être que la fermeté : « les traités doivent être respectés »,
martèle le journal.
En outre, pour la Süddeutsche Zeitung, les électeurs grecs ont avant tout « donné mandat à Tsipras de ne plus tenter d’expérience hasardeuse afin que leur
pays reste coûte que coûte dans la zone euro. Le message est clair : à peine
moins de 20% des voix exprimées sont allées à des partis préconisant le retour
au drachme, les 80% restant ont peur d’un tel scénario », fait valoir le journal.
« S’ils doivent subir un nouveau programme d’austérité, les Grecs préfèrent qu’il
soit mis en œuvre par Syriza à qui ils font davantage confiance pour l’appliquer
avec équité », renchérit la FAZ qui appelle les partenaires européens de la Grèce
à ne plus accepter le rôle de bouc émissaire du gouvernement grec : « le plan
d’aide est négocié et signé ; il ne doit plus être renégocié mais seulement appliqué ».
La présentation du nouveau gouvernement Tsipras ne retient que peu l’attention
des médias.
Syrie
Les déclarations de la chancelière à Bruxelles, dans la nuit de mercredi à jeudi,
estimant qu’il fallait « parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad »
ont suscité de nombreuses réactions dans la presse qui s’interroge sur les raisons
de cette prise de position. La Süddeutsche Zeitung y voit, dans un commentaire,
un « terrible tour de force », dont l’élément déclencheur serait la crise des réfugiés, position partagée par le tabloïd Bild qui estime que la chancelière serait
« prête à tout pour stopper l’afflux de réfugiés ». Die Welt rapporte le soutien
des partis de la grande coalition, la FAZ celui de Thomas Oppermann, président
du groupe parlementaire SPD au Bundestag, pour qui une discussion avec Assad
s’avère nécessaire, « même si c’est difficile » et qui évoque le précédent de la
coopération sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Le président du
groupe parlementaire conservateur, Volker Kauder, estime qu’une telle approche
est justifiée dans le cadre de la lutte contre Daech. La Süddeutsche Zeitung croit
distinguer une convergence progressive des Européens sur la question annonçant
la réunion des ministres des affaires étrangères français, britannique, allemand
et de la haute-représentante à Paris jeudi soir. Die Welt, qui considère au contraire Merkel « plutôt isolée sur sa ligne Assad », pense que cette déclaration a le
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potentiel de « perturber l’entente » avec la France, qui devrait, juge le journal
conservateur, revenir de sa « ligne dure ».
Alors que les premiers commentaires des médias audiovisuels étaient critiques,
les éditoriaux de la presse écrite se font plutôt fatalistes à l’exception de Die
Welt, favorable à un dialogue avec le président syrien. Le Tagesspiegel parle
pour sa part de « pragmatisme à l’état pur », la Berliner Zeitung de « Realpolitik » et la tageszeitung d’une « concession nécessaire ». La FAZ s’interroge quant
à elle sur les « applaudissements de Moscou », qui a salué la décision allemande
d’inclure dans le débat « le président légitime de la Syrie », et se demande s’il
faut voir dans le « revirement » de la chancelière, un signe de perplexité et
d’impuissance ou le prix à payer pour « remettre la Russie à bord », en espérant
que ce prix n’inclue pas également l’Ukraine./.
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