lettre d`information N°12 - mars 2015 - Direction de l`Adoption

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lettre d`information N°12 - mars 2015 - Direction de l`Adoption
Direction de l’adoption – ACC : Lettre d’information N°12
Mars 2015
Le Conseil supérieur de l’adoption (CoSA) est un conseil d’avis, chargé de formuler,
d’initiative ou à la demande du Gouvernement ou du Ministre compétent, des avis,
propositions ou recommandations dans le domaine de l’adoption.
Les membres de ce Conseil sont une vingtaine, représentant l’ensemble du « secteur » de
l’adoption : experts, organismes d’adoption, adoptants, adoptés, représentants de l’aide à la
jeunesse, des magistrats de la famille, du délégué général aux droits de l’enfant, ainsi que des
responsables en la matière dans les autres Communautés du pays.
Les mandats des membres viennent d’être renouvelés, pour une durée de 4 ans. L’installation
des nouveaux membres, par le Ministre de l'Aide à la Jeunesse Rachid MADRANE, a été
l’occasion pour celui-ci de remercier la Présidente sortante pour son implication pendant 5
ans.
Les délégués des adoptants et des adoptés seront ravis de pouvoir relayer vos témoignages,
soucis, propositions, au CoSA.
Le délégué des adoptants
[email protected].
est
David
KOOTZ,
et
est
joignable
à
l’adresse
La déléguée des adoptés est Tsela CEULEMANS ; elle est joignable à l’adresse
[email protected]. Par ailleurs, elle a créé un groupe fermé sur Facebook "les
adoptés
du
Conseil
supérieur
de
l'adoption",
dont
l’adresse
est
https://www.facebook.com/groups/339967712867902/.
298
Le nombre de couples ou de personnes seules en attente de se voir confier un enfant dans les
neuf OAA s’élevait à 298 au 31 décembre 2014 (40 pour l’adoption interne et 258 pour
l’adoption internationale). Parmi ce nombre, 39 couples ou personnes seules avaient reçu une
proposition d’enfant.
Ce chiffre est en diminution depuis quelques années :
L’attente d’une proposition d’enfant constitue une étape sensible du processus adoptif. Après
une période "pleine", pendant laquelle les candidats adoptants ont suivi les séances collectives
de préparation, ont effectué les démarches auprès du tribunal de la famille, ont été convoqués
à des entretiens psycho-sociaux avec divers professionnels des OAA et de l’ACC, commence
une période plus "creuse" pendant laquelle les adoptants ayant vu leur candidature acceptée
par un OAA sont mis sur une liste d’attente d’un OAA pour un pays précis. Cette attente dont
la durée est parfois incertaine peut être vécue de manière très différente selon les candidats
adoptants, selon leur situation personnelle, selon l’OAA qui les encadre, selon d’autres
paramètres encore.
La Lettre d’information donne la parole à un OAA qui s’efforce depuis plusieurs années de
prendre des initiatives de soutien, ainsi qu’à plusieurs parents qui témoignent de leur
expérience pendant cette période d’attente.
Gestion de l’attente des futurs parents adoptifs : expérience d’un OAA
La Directrice de l’OAA « A la croisée des chemins » partage sa longue et riche expérience en
matière d’accompagnement des candidats adoptants (CA) durant la période d’attente.
1. Quels sont les buts de votre service en matière d’accompagnement des CA durant la
période d’attente ?
De plus en plus, les temps d’attente ont tendance à s’allonger, il est donc plus que jamais
nécessaire d’offrir aux CA un espace de rencontre-réflexion convivial où ils peuvent déposer
leurs questions, craintes, espoirs et angoisses. Cet espace peut être soit individuel, et donc à la
demande, soit organisé plus systématiquement en groupe. Ces rencontres permettent aux
parents de nourrir leur attente d’informations nouvelles, de créer des liens avec d’autres CA,
d’entendre diverses expériences, de se sentir entendus et soutenus et donc moins « seuls ».
Nous accompagnons les CA dans une meilleure connaissance d’eux-mêmes, de leur propre
mode d’attachement, de la manière dont ils gèrent leurs émotions et sont capables de les
mettre en mot … Nous visons également à développer la sensibilité parentale tellement
nécessaire à l’établissement d’un lien d’attachement avec l’enfant. Par ailleurs, le fait de
s’arrêter et de « penser l’enfant » est déjà une manière de lui donner un espace psychique.
2.
En
quoi
cette
attente
est-elle
à
la
fois
difficile
et
importante
?
Le temps d’attente est difficile à plusieurs niveaux :
•
•
L’attente est difficile quand rien ne bouge (lenteur, paralysie de certains pays),
Nous sommes constamment dans de « l’évènementiel ». Ce que nous connaissions hier
peut être bouleversé en une heure par une catastrophe naturelle (Haïti), une guerre
(Mali), un changement de politique (Belarus, Russie, Congo-RDC,…). Les CA depuis
quelques années déjà ont accès à ces informations en direct via les médias ce qui rend
l’attente plus anxiogène. Internet est devenu un tiers incontournable dans nos
•
•
rencontres. Nous devons donc confronter ces informations à la réalité du terrain, une
confrontation qui permet aux CA de prendre distance,
Donner l’information correcte, même si elle est difficile à entendre, amène la
confiance et une meilleure compréhension de leur propre processus,
Les assignations d’enfants s’opèrent parfois de façon aléatoire par les autorités d’un
pays, certains devront attendre beaucoup plus que d’autres sans qu’on puisse donner
de raisons objectives.
Par ailleurs, ce temps est important car:
•
•
3.
Il permet aux CA de continuer leur propre cheminement, de confronter leur enfant «
rêvé » à l’enfant « réel » grâce aux témoignages d’anciens, d’approcher la culture
d’origine de l’enfant grâce aux cours de langue et à la présence au sein de l’équipe de
professionnels ressortissants des pays d’origine. La rencontre pendant le temps
d’attente des psychologues ayant en charge le suivi post adoptif créé un lien qui sera
porteur une fois l’enfant arrivé. Nous espérons que cette expérience de « lien » sera
préventive dans la création du lien « d’attachement futur » avec l’enfant,
La porte restant ouverte aux parents ayant adopté, le thème du jour est de ce fait
alimenté par du « vécu » ce qui donne toute la densité à l’information. Certaines
soirées sont dédiées au vécu sensoriel de l’enfant en pré-adoption, aux interactions
parents-enfants ainsi que nounou-enfant en institution. Grâce au support vidéo, nous
tentons de développer la sensibilité parentale.
Comment se déroulent les ateliers d’attente ?
Nous regroupons les CA par pays avec parfois des sous- groupes en fonction de l’âge des
enfants. Nous rencontrons les parents chaque mois en soirée durant 2h30. La présence au
groupe n’est pas obligatoire sauf pour la Russie où une exigence de formation est requise. La
participation est gratuite pour les parents en attente, les portes restent également ouvertes,
moyennant une maigre contribution, pour ceux qui ont adopté.
Concernant le déroulement des rencontres, le premier quart d’heure est dédié aux
informations pays (nouvelles informations relatives à la procédure, les départs/ arrivées,
l’avancement de la liste d’attente). L’expérience nous a montré que sans cette entrée en
matière, les couples étaient très peu réceptifs à la suite du programme. Ensuite, nous donnons
la parole à ceux qui partent et, à certaines séances, ceux qui sont rentrés viennent témoigner.
Alors, seulement nous abordons le thème de la soirée.
Sont présents à chaque rencontre, la coordinatrice qui amène le cadre et un membre de
l’équipe adoption ou un thérapeute de notre antenne post adoptive l’Envol, choisi en fonction
du thème à l’ordre du jour.
4.
Quelles activités sont proposées aux CA à travers ces ateliers ?
Ces ateliers sont payants et non obligatoires et offrent aux CA de nombreuses activités :
•
•
•
Modules de langue russe et espagnole,
Ateliers centrés sur le plaisir de jouer, le créatif, la communication non violente…,
Deux fois par an, « l’Envol » propose soit une conférence, soit une présentation de
film ou encore une pièce de théâtre,
•
5.
Une fête interculturelle est organisée annuellement par un comité composé de parents
en attente et propose des ateliers cuisine et des groupes musicaux ou de danses.
Comment vous adaptez-vous aux exigences posées par les pays d’origine ?
Depuis le nouveau Décret russe, par exemple, une préparation de 80 heures est exigée. Notre
service n’avait pas attendu cette exigence pour organiser des groupes, nous n’avons donc pas
été pris au dépourvu. Les thèmes prévus par ce décret nous ont au contraire fait découvrir des
sujets auxquels nous n’aurions pas pensé. De plus, du fait du caractère « obligatoire », nous
avons dédoublé le groupe de manière à ne pas avoir trop de participants et avons allongé la
durée des rencontres (de 2h à 2h30).
6.
Quels sont les impacts de ces groupes d’attente ?
La dernière séance de l’année est dédiée à l’évaluation des rencontres, un questionnaire est
remis aux CA qui expriment un très haut niveau de satisfaction. Au moment de la préparation
du voyage, notre équipe voit une grande différence entre les CA ayant suivi régulièrement les
séances et ceux qui se sont peu impliqués. Nos collaborateurs étrangers font état d’une
meilleure préparation de nos CA. Ils sont davantage en lien avec divers professionnels et
demandent plus facilement de l’aide à leur arrivée.
Notre expérience nous a également permis d’identifier certaines difficultés. A savoir, comme
tout est partagé au sein des séances, un couple mécontent peut parfois « contaminer » le
groupe. En 18 ans d’expérience, il nous est arrivé à deux reprises de ne plus pouvoir gérer un
groupe, nous avons donc pendant quelques mois suspendu les rencontres et proposé plutôt des
rencontres individuelles.
Extrait du Bulletin mensuel publié par le SSI, n°171 - avril 2013
La période de l’attente : les réalités vécues par les candidats adoptants
Voici quelques extraits de témoignages reçus suite à notre appel lancé via le "Flash de la
Lettre d'information". Vu la longueur de ces témoignages, nous avons fait une sélection
exemplative.
"Nous avons adopté notre fils en août 2000 en Colombie. Au niveau du temps d’attente, nous
avons eu de la chance car nous avons commencé les démarches d’adoption en avril 1998 (...).
Savoir qu’on en avait pour quelques années d’attente nous a paradoxalement aidés à
attendre. Je me souviens que la période de stérilité où tous les mois, on espérait avoir un bébé
et où tous les mois, on était triste que je n’étais pas enceinte, a été plus difficile, car on « ne
vivait plus » en attendant cette grossesse. Par contre, pour l’attente de notre enfant adopté,
nous avons organisé notre attente : j’ai travaillé davantage, repris des études…On a rempli
ces mois-là pour nous préparer à accueillir notre enfant (mettre de l’argent de côté, se
former, lire de la littérature spécialisée, acheter une maison…)".Bénédicte et Pierre
"Nous sommes les heureux parents d'un petit garçon (...) qui aura bientôt 5 ans. (...)
Nous avons essayé de prendre cette attente avec philosophie en profitant de notre vie à deux :
weekends, sorties au restaurant, voyages à l'étranger, car nous savions qu'après notre vie
allait changer du tout au tout ! Le fait d'être sur une liste d'attente (...) avec un n° nous
montrait également que nous avancions.... lentement certes, mais nous avancions tout de
même. Puis pour nous, l'important était que nous allions enfin être parents ! Cela nous
réconfortait dans notre attente. Le point positif est que durant cette attente nous avons tissé
des liens d'amitié avec les autres parents, candidats adoptants, rencontrés lors de la
formation de l'ACC. Nous nous rencontrions tous les 2 mois tous ensemble, et nous nous
réjouissions à chaque arrivée d'un enfant venant du bout du monde. Nous nous voyons
encore tous ensemble, moins souvent maintenant mais nous nous voyons toujours avec grand
plaisir. Cette amitié est également très enrichissante pour nos enfants adoptifs, ils
rencontrent d'autres enfants, qui tout comme eux, ont une histoire différente des enfants
biologiques.
Aux parents candidats à l'adoption, nous ne dirions qu'une chose : allez-y, ça vaut vraiment le
coup d'attendre longtemps car la joie d'être parents efface ce "parcours du combattant" que
peut être l'adoption dès l'arrivée de l'enfant !" Carmelina et Rosario
" (...) Nous sommes dans l'attente pour notre troisième enfant (...).
Nous avons vécu et vivons nos deux premières adoptions de manière extrêmement différente.
Il en va de même en ce qui concerne les attentes. La première attente reste la plus
douloureuse. On a beau lire partout que lorsque l'enfant arrive, on oublie tout, et bien non,
pas pour nous. Nous avons tellement souffert de cette attente qui s'est avérée plus longue que
les délais annoncés, pourtant entourés de plein de précautions de notre OAA. (...).
On n'en dormait plus, on était à notre travail aux petites heures, fatigués de la nuit passée à
penser, imaginer, à attendre. Attendre cet enfant désiré depuis déjà si longtemps. (...) La
deuxième attente a été plus sereine. (...) Ce deuxième enfant a été tout aussi attendu, avec la
même impatience, la même envie, mais avec bien moins de souffrance(s). Moins de torture
intérieure en raison de la présence de notre première petite fille, qui nous avait donné une
famille, et qui remplissait évidemment notre cœur. Quant à la troisième et actuelle attente,
nous la vivons ainsi à quatre. Avec le même soin de suivre notre dossier et les intervenants
pour ne perdre aucun temps, vu le contexte de l'adoption internationale qui en toute
hypothèse rend les délais longs, nous sommes toutefois pleinement conscients que l'attente est
nécessaire, et même bénéfique. Si le souhait de devenir à nouveau parent est toujours réel et
pressant, nous percevons que l'attente, (...), doit se faire sentir. Obligatoirement.
Parce que et notamment nous ne sommes plus deux, mais quatre, et qu'elle permet à chacun,
dans la dynamique du groupe familial, d'évoluer, de poser ses questions, d'envisager sa place
qui deviendra sienne si un jour, le petit frère ou la petite soeur arrive.
(...)" Dolorès
" (...) je me demande à quel niveau il serait possible de simplifier, d’alléger, d’abréger cette
procédure si lourde. Les parents qui souhaitent adopter ont souvent, un parcours déjà
difficile, de grossesses interrompues, d’infertilité, d’espoirs inaboutis. La procédure dans
toute sa lourdeur apparaît dès lors parfois comme une punition supplémentaire. Quel impact
ce sentiment d’injustice risque-t-il d’avoir sur l’accueil de l’enfant à venir ? (...) A présent,
nous sommes dans une espèce de « no man’s land », en attente mais sans date limite, quel âge
aurons-nous quand notre enfant arrivera ? Combien de temps encore garder cette chambre
vide ? Que répondre aux filles, à la famille, aux parents qui nous demandent des nouvelles ?
Combien de temps sourire aux enfants des autres ? Attendre sans savoir qui, ni combien de
temps. La grossesse adoptive est sans date d’accouchement prévue. Un temps suspendu dans
la vie d’un couple. Comment accompagner cette période indéfinie avec plus d’attentions, de
compétences, de soin ? Pourquoi est-ce nous, par exemple, qui devons appeler « si ça devient
trop dur ? » Pourquoi ne nous appelle-t-on plutôt pas pour nous demander comment ça va,
pour nous donner des nouvelles… ?" Aude
"C’est long mais nous avons l’immense chance de déjà avoir un enfant ce qui permet de
penser à 1001 autres choses et facilite grandement cette attente. Nous vivons cette période
bien plus sereinement que nous ne l’aurions espéré, car les démarches FIV pour notre 1er
enfant nous avaient paru bien plus pénibles et difficiles. De plus, l’organisme d’adoption qui
nous suit nous met en confiance, nous pouvons les appeler quand nous voulons (...). Cela
nous permet d’appréhender la vitesse à laquelle les dossiers évoluent, de se projeter sans trop
espérer tant que nous ne sommes pas en début de pile de dossiers. Nous sommes donc
impatients mais compréhensifs et confiants. En attendant, et comme cela nous avait été
conseillé lors des 1res réunions d’information, nous ne nous sommes pas arrêtés de vivre.
Nous sommes partis en vacances, avons divers petits projets qui permettent d’échelonner le
temps en cette période de transition, peaufinons nos projets pour notre vie à 4 et profitons
finalement de cette période d’avant changement. En conclusion, même si l’impatience est bel
et bien là, nous pouvons dire que nous vivons sereinement cette période d’attente. (...) le mot
d’ordre est «zen». Ce que nous attendons, c’est une bonne nouvelle qui finira par arriver."
Caroline
"Nous trouvons que l'attente se fait longue...très longue...trop longue...même interminable...!
Au départ, (...), nous avions choisi un organisme et un pays. Mais après presque 6 mois
d'attente, (...), nous apprenions que les règles du pays avaient changé (...) et il fallait refaire
(...) un dossier (...). Nous avons décidé de changer de pays. (...) (NDLR : s'en suit une
explication de changements de projet). Finalement les choses n’avançaient pas et nous
espérions toujours cette attribution d'enfant... (...) Cela fera bientôt 6 ans que la convention a
été signée... Pour nous, le temps passe très...très...très...l e n t e m e n t... Nous sommes passés
par des phases de patience, d'impatience, d'espoir et désespoir, d'euphorie, de désillusion...
Cela est très difficile à décrire et nous pensons qu'on ne peut se rendre compte de ce qu'on
nous fait vivre en le vivant soi même. Le plus dur c'est d'apprendre que d'autres couples
parmi nos connaissances ont attendu 2 ou 3 ou maximum 4 ans et ont pu aller chercher leur
enfant. Avons- nous mal choisi notre organisme ou notre pays ? Notre dossier serait-il au
mauvais moment au mauvais endroit ? Comment ne pas se remettre en question ?" Souhait
d'anonymat
"Lorsque nous avons décidé d’adopter un enfant, nous n’avions en rien imaginé le chemin
que nous suivons depuis maintenant plus de six ans. Au début de notre décision, tout est alors
allé relativement vite: les séances d’information, les rencontres avec l’organisme d’adoption,
les rendez-vous avec les psychologues et assistants sociaux, les démarches administratives et
judiciaires, … Vu notre âge, on s’est directement tournés vers l’accueil d’un enfant plus
grand. Les délais que l’on nous annonçait étaient déjà assez flous, mais tous les
professionnels du secteur s’accordaient à dire qu’en moins de deux ans, nous serions parents.
Six ans ont passé et nous sommes toujours dans l’attente. Pour des raisons propres à la
situation (du pays), l’écart entre les délais annoncés et la réalité s’est cruellement allongé.
Dès le début de la procédure, on se projette, on imagine ce que sera notre vie à trois, on se
met à rêver, … On sait que ça va prendre du temps, mais on pense avoir des repères. Un peu
comme un joggeur qui dose son effort suivant la distance à parcourir. Sauf que quand il croit
apercevoir la ligne d’arrivée, on lui annonce que c’est un mirage mais qu’il approche du but.
La première fois, il encaisse la nouvelle, il se remotive et il puise dans ses ressources. La
deuxième fois, il n’en peut plus, il essaie juste de marcher et d’approcher un peu plus de la
ligne. La troisième fois, il se laisse tomber et il rampe. Certains abandonnent et se retrouvent
complètement cassés sur le bord de la route. Si on nous avait dit dès le départ que nous
devrions attendre au moins six ans, je ne sais pas si nous aurions pris le même chemin. Mais
si nous l’avions fait malgré tout, l’attente nous aurait paru moins pénible parce qu’on aurait
su à quoi s’attendre. C’est ce manque d’information au niveau du pays d’origine de notre
futur enfant qui rend l’attente tellement difficile à vivre. De plus, cette attente est vécue
différemment au sein du couple. Chacun la vit à sa manière. Et il est important de respecter la
façon dont l’autre la vit. Certains auront besoin d’en parler, de participer à des forums, de
lire énormément sur le sujet, d’essayer de glaner la moindre info alors que d’autres
préfèreront ne pas se mettre la pression, ne se fier qu’aux informations officielles, … (...) Il
est aussi utile de s’informer sur le pays d’origine dont viendra l’enfant. (...)
Nous avons la chance que notre OAA organise des réunions de groupe de parents en attente.
(...). La richesse de ces rencontres est extraordinaire. C’est également une période propice à
la réflexion. Les années passant, nous avons fait évoluer notre projet plusieurs fois. Nous
avons suivi les précieuses informations fournies par notre OAA et avons décidé de nous
tourner vers un enfant plus grand afin de réduire l’écart d’âge entre notre futur enfant et
nous, vu l’allongement de la procédure. Une autre difficulté durant cette attente, ce sont les
questions et les phrases assassines. « Comment est-il possible que ça dure aussi longtemps?
Ce n’est pas normal ». « Et pourtant, il y a tant d’enfants dans les orphelinats. D’ailleurs,
telle ou telle vedette a encore adopté et, elle, elle a eu l’enfant tout de suite ». « Et il n’y a pas
moyen de payer pour l’avoir plus vite? » « Vous êtes sûrs que vous faites ce qu’il faut? » « Je
suis sûr que certains passent avant vous! Vous devriez prendre un avocat! »…
Pour ce point-là aussi, notre OAA a eu une chouette idée: organiser une rencontre entre
candidats adoptants, futurs grands-parents, oncles ou tantes et professionnels de l’adoption.
Ceci a permis aux proches de mieux comprendre les problèmes et de se rendre compte que les
autres candidats adoptants étaient dans la même situation que nous. Malgré le caractère
pénible de l’attente, nous n’oublions pas que si nous souffrons, il y a aussi quelque part, un
enfant (notre enfant) qui lui aussi souffre psychiquement et/ou physiquement. Accélérer les
déclarations d’adoptabilité et les attributions réduirait cette souffrance mutuelle." Michel et
Sophie
" (...) nous nous attendions à une attente d'environ 3 ans. Ce délai nous paraissait long mais
nous nous y étions fait... En plus nous avions la chance d'être déjà parents.Les mois et les
années passent.. plus ou moins rapidement selon nos humeurs et les activités que nous
avions... Les rendez-vous réguliers à l'OAA nous aident un peu à patienter , à se préparer,
mais parfois, lorsqu'on apprenait que nous n'avions pas avancer sur la liste d'attente, les
espoirs s'envolaient peu à peu. On commençait à perdre espoir : les années passent, l'âge
avance et nous avions des doutes quant à être parent 3-4 années plus tard, (...). Et là toutes
les années passées à attendre passent en revue : les changements d'emploi que nous n'avons
pas osé par peur que cala nuise à notre procedure d'adoption, les projets mis en suspens car
on n'osait pas épuiser nos congés au cas où, les questions régulières de notre entourage 'Et
alors vous êtes à quelle place ? C'est pour quand?...' Après une discussion franche et
profonde entre nous, nous nous étions résignés et le matin avant de partir travailler nous
nous sommes dit 'OK , cette attente nous aura permis de rencontrer des gens très intéressants,
d'apprendre beaucoup de choses sur nous-même , sur notre couple mais peut-être que nous
n'aurons pas de second enfant ...' Et là, comme par magie, l'après midi l'OAA nous appelait
pour nous informer que notre complément de dossier était accepté et que nous étions
maintenant sur la liste pour une adoption d'un enfant à particularité (...). Les choses se sont
vraiment accélérées et (...) nous recevons l'information : S. nous attend en Colombie (...)! Les
3 semaines que nous avons eues pour nous préparer ont balayé les 3 ans et demi d'attente.
Entre septembre 2009 et avril 2014 beaucoup de choses se sont passées, nos vies ont parfois
été bouleversées par des évènements, positifs et négatifs. C'est certain nous ne sommes plus
les mêmes." Rebecca et Marcel
Maroc
Le 25 février, Monsieur Ahmed IFRANI, Consul
général du Maroc à Bruxelles, a invité de
nombreuses associations marocaines oeuvrant dans le
domaine social, à une soirée ayant pour thème
«kafala et adoption». Le but de cette soirée était
d’apporter à ces associations, ainsi qu’à certains
représentants de la société civile, toute l’information
sur cette prise en charge particulière des enfants
marocains abandonnés, pour que celle-ci puisse être
au mieux relayée auprès du public d’origine
marocaine résidant en Belgique.
Didier DEHOU, directeur, et Béatrice BERTRAND, juriste, ont eu l’occasion d’expliquer la
collaboration mise en place avec le Maroc depuis plusieurs années par la Fédération Wallonie
– Bruxelles, pour la prise en charge d’enfants marocains en kafala par des personnes résidant
sur le territoire belge. Ce fut l’occasion d’insister sur l’obligation, pour toute personne ayant
sa résidence principale en Belgique, et ce quelle que soit sa nationalité, de respecter les
dispositions du droit belge en matière d’adoption, pour pouvoir obtenir, à l’issue d’une kafala,
un visa d’entrée en Belgique pour l’enfant.
Des représentants des deux organismes d’adoption accrédités pour travailler au Maroc, « A la
Croisée des Chemins » et « Enfants de l’Espoir », ont également pu présenter les spécificités
de leur collaboration au Maroc.
Madame Jamila SEDKI, magistrat marocaine de liaison, et Monsieur Hicham CHIBANE,
avocat au barreau de Bruxelles, participaient également aux débats.
Congo – RDC
A la mi-février 2015, l’ACC a pu effectuer une mission en
République Démocratique du Congo. L’Edito de la Lettre du
mois de juin 2014 évoquait la situation critique dans laquelle
sont plongés tant les enfants en besoin d’adoption que les
parents adoptifs et les maisons d’enfants, suite au moratoire
instauré le 25 septembre 2013 par le Gouvernement de la RDC
n’autorisant plus la sortie du pays aux enfants adoptés.
Cette mission visait avant tout à s’enquérir de la situation et des conditions de vie des 12
enfants adoptés par des parents belges mais empêchés de sortir du pays. Elle visait de plus à
prendre connaissance et agir sur les énormes difficultés que rencontre, depuis l’installation de
ce moratoire, la maison d’enfants qui les héberge. Enfin, elle se proposait de refaire le point
sur cette question avec les autorités de la RDC chargées de la protection de l’enfance, avec
lesquelles l’Administration générale de l’Aide à la Jeunesse de la Fédération WallonieBruxelles collabore par ailleurs.
Dans l’attente de la mise en place d’un nouveau dispositif, l’ACC plaide pour que ces 12
enfants puissent rejoindre le plus rapidement possible leur nouvelle famille.
Côte d’Ivoire
Le partenariat que l’ACC et l’OAA Amarna
entretiennent avec les autorités ivoiriennes
compétentes a permis depuis 2010 à 15 enfants
ivoiriens d’être confiés en adoption à des familles
résidant dans la Fédération Wallonie-Bruxelles (deux
de ces adoptions étant des adoptions intrafamiliales).
La Côte d’Ivoire a ratifié, en décembre 2014, la Convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la
protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale et déposera très
prochainement les instruments de ratification. C’est dans ce cadre que Madame Anne Désirée
OULOTO, Ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, a effectué
avec deux fonctionnaires ivoiriens, un séjour de travail en Belgique afin de mieux comprendre
le fonctionnement du dispositif mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour
encadrer toutes les adoptions ainsi que le rôle d’une autorité centrale comme l’ACC. La
Ministre a également eu l’occasion de s’entretenir avec une dizaine de familles adoptives
(parents et enfants) au siège de l’OAA Amarna.
Québec
Le 25 mars, l’ACC a accueilli Josée-Anne Goupil, la responsable de l’autorité centrale
québécoise, en mission dans différents pays européens. Cette journée a permis tant de faire le
point sur la situation des différents pays d’origine dans lesquels le Québec et la Fédération
Wallonie-Bruxelles ont un partenariat, que d’échanger sur les pratiques mises en place par
l’une ou l’autre de ces autorités, pour travailler de manière optimale dans le cadre de plus en
plus difficile de l’adoption internationale.
Conférence – Débat
L'Envol, clinique de l'adoption organise le vendredi
24 avril 2015 à 19h une conférence-débat sur le
thème :
Affiliation, apparentement, adoption : un projet de vie pour chaque enfant, par Agnès
Gardon-Mollard, responsable du domaine de l'enfance - adoption, Conseil Général de l'Ain
(France)
Auditoire BARB 94, place Sainte Barbe, 1er étage (parking Rédimé) à Louvain-la-Neuve
Accueil dès 18h - possibilité de petite restauration sur place
Inscriptions par versement de 12 € sur le compte 001-5134957-47 (6 € pour les étudiants)
Plus d'infos sur le site internet de l'Envol, clinique de l'adoption.

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