Doc 2 - Agence Francaise de l`adoption
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Doc 2 - Agence Francaise de l`adoption
Intervention d’Anne-Marie BOUCHER Présidente Rayon de Soleil de l’Enfant Etranger « Projet des parents, besoins des enfants. Place des Organismes Autorisés pour l’Adoption (O.A.A) » Pour un grand nombre de couples, l'impossibilité de devenir parents biologiques les conduit, petit à petit, à envisager une autre forme de parentalité : l'adoption. Trois voies leur sont offertes : adopter par l’intermédiaire d’un OAA, par l’Agence Française de l’Adoption (AFA) ou de façon individuelle. QUE SONT LES OAA ? Ce sont des personnes bénévoles groupées en associations (loi 1901) autorisées à réaliser des adoptions nationales en France ou des adoptions internationales à l’étranger. En France, 47 OAA réalisent 37 % des adoptions (chiffre donné pour l’année 2006). Fortes de leur connaissance du terrain, de la qualité de l’accompagnement des futurs adoptants, du soin apporté lors de l’apparentement et du suivi des enfants, les OAA se sont regroupées au sein de fédérations afin de partager leurs expériences et d’améliorer leur savoir faire. Trois fédérations, Fédération française des organismes autorisés à l’adoption (FFOAA), Fédération France adoption (FFA), Collectif pour l’adoption internationale (CAI), regroupent 80 % des OAA. Elles sont représentées au Conseil Supérieur de l’Adoption et au Conseil National pour l’Accès aux Origines Personnelles (CNAOP). Dans certains pays d’origine (Madagascar, Haïti…), les OAA travaillent en réseaux afin de parler « d’une seule voix » et ainsi être mieux entendues auprès des Autorités centrales des Pays d’origine ; une nécessité engendrée par la réforme de l’adoption qui a souvent donné lieu à des confusions entre les différents partenaires intervenant dans l’adoption. Aujourd’hui, le paysage de l’adoption change et change très vite d’où notre préoccupation à nous faire entendre : un nombre de plus en plus élevé de futurs adoptants (agréments en augmentation) souhaitant adopter des enfants jeunes alors que le nombre d’enfants proposés diminue et que ceux-ci sont de plus en plus âgés, en fratries ou avec handicaps. L'élaboration du projet parental et la délivrance de l'agrément Différents acteurs interviennent : - les Conseils Généraux et les nombreux travailleurs sociaux des départements - les OAA - les Maisons de l’Adoption (Lille, Marseille, Paris…) - Enfance et Famille d’Adoption Pour les OAA, la relation personnalisée débute à partir de l’agrément. Quelles sont les informations fournies et nécessaires à la construction du projet parental ? Une véritable information sur la situation actuelle de l'adoption internationale doit être donnée aux futurs adoptants. Chaque OAA a une bonne connaissance de la situation de l'adoption dans le pays où elle exerce son activité, l'adoption pouvant être très différente d'un pays d’origine à l'autre en fonction de son histoire, de son passé. Nous apportons des renseignements précis sur les enfants en attente de famille, sur leur âge avec peu ou pas d'enfants jeunes ce qui garantit une meilleure adoptabilité de l'enfant, les parents biologiques ayant eu un temps de réflexion suffisant avant de donner leur consentement, sur la présence de fratries, d'enfants avec de légers handicaps...., sur les conditions d'abandon.... Les informations fournies devraient permettre aux futurs adoptants d'élaborer avec l'aide des travailleurs sociaux des Conseils généraux un projet d'adoption compatible avec la réalité de l'adoption internationale et aboutir ainsi à la délivrance d'un agrément. Le plus souvent, nous constatons une situation "paradoxale" entre projet des parents et accueil d'un enfant. Rôle de l'OAA : trouver une famille pour un enfant, et non l’inverse Auparavant, nous avons parlé des parents et de leur projet. Lorsque ces derniers s'adressent à un OAA, ils se trouvent dans une situation inverse : l'enfant virtuel est devenu un enfant réel d'où la nécessité d'entretiens approfondis. Au cours de ces rencontres entre parents en attente et responsables d'OAA, le ou les projets sont étudiés avec soin en fonction de deux critères : l'enfant en attente d'une famille et le projet parental. Il arrive que le projet parental ne corresponde pas à la réalité de la situation. Il nous appartient donc d'accompagner, au cours des entretiens, les parents dans l'évolution de leur projet. Il y a une grande différence entre le projet d'adopter un jeune enfant, de quelques mois à un an, et la réalité de l'adoption d'un enfant plus âgé, de trois ou quatre ans, parfois même plus grand. Nous devons nous assurer que ce "nouveau" projet est bien accepté par les parents et non une acceptation de « circonstance ». Ce nouveau projet entraîne souvent une demande de modification de l'agrément et c'est aussi le rôle des travailleurs sociaux des Conseils Généraux de bien s'assurer de la réalité de cette modification du projet initial. La relation régulière OAA-CG est importante. Elle est à développer et ne doit pas se limiter au curatif. Certains couples ne peuvent ni ne veulent modifier leur projet. Pour faciliter l'intégration de l'enfant dans sa future famille, pour que cet enfant soit un enfant "réel " et puisse déjà, avant son arrivée, prendre sa place au sein du couple mais aussi dans la famille élargie et l'entourage, il est nécessaire que ces derniers puissent disposer d'un maximum d'informations, dossier médical, histoire sociale... et photos de l'enfant qu'ils vont accueillir. Ces informations diffèrent selon les pays d’origine. Elles doivent être accompagnées d'explications données par l'OAA qui a une bonne connaissance du pays et de la situation de l'adoption. Le très faible taux de rejet à l’arrivée de l’enfant et dans la période qui suit est à mettre au compte d’une bonne préparation. L'OAA doit aussi être présent tout au long de l'attente de l'enfant, en donnant de ses nouvelles, de la situation dans le pays d’origine, de l'état d'avancement du dossier afin que cet enfant "vive " déjà dans sa famille. L'OAA doit aussi préparer très soigneusement la rencontre parents-enfant en évoquant les différentes réactions possibles des enfants mais aussi, parfois, celles des parents. Il est donc indispensable de "former " nos correspondants à cette rencontre car le plus souvent elle a lieu dans le pays d’origine. Nos correspondants préparent l'enfant au changement de vie. Il est certain que cette préparation, très importante, varie d'un pays à l'autre et c'est à nous, OAA, de veiller à son amélioration. Elle conditionne pour partie l'intégration de l'enfant dans sa nouvelle famille. La liaison, le contact régulier avec les interlocuteurs du pays d’origine, la bonne connaissance des dossiers, évitent beaucoup de difficultés lors des jugements et des transcriptions. L'OAA est chargé du suivi de l'enfant dans sa famille, en cas de difficultés réelles ou supposées, passagères ou plus longues, elle intervient en conseillant les parents. Il est important de dépister très vite les troubles de l'attachement ou de tout autre dysfonctionnement afin de pouvoir y remédier. Elle reste le plus souvent en lien avec l'enfant, sa famille, son pays d’origine et laisse ainsi la porte ouverte aux éventuels besoins des uns et des autres. Le suivi, conforme à la législation française, correspond à un souhait des pays d’origine qui nous témoignent leur satisfaction. Des demandes particulières peuvent ainsi s’exprimer, recherche des origines, conditions d’abandon, désir de retrouver et/ou de renouer avec la famille biologique, soit au moment de l’adolescence soit plus tard à l’âge adulte. L’OAA doit accompagner ces demandes avec tact et psychologie d’où la création, au sein des associations, de structures particulières impliquant la présence de personnel compétent et formé à ce type de démarche, capable d’orienter vers des structures régionales spécialisées, de mettre en relation avec le CNAOP. Les OAA ont une longue expérience capitalisée au fil des adoptions, améliorée par une formation continue dans des domaines clé tel que l’accueil et l’écoute des candidats, la communication, le suivi, les difficultés post-adoption, en particulier au moment de l’adolescence… travail effectué au sein des OAA mais aussi en réseau inter OAA. Elles doivent faire face à un accroissement de la demande. De plus en plus de pays se tournent vers l’adoption internationale (Espagne, Italie...) ce qui entraîne une concurrence et peut générer une surenchère et conduire certains pays d’origine à augmenter leurs exigences de compensation. Pour les OAA, il est donc nécessaire d’apprécier la frontière entre le « encore possible » et le « ce n’est plus possible » afin de rester fidèle à leur éthique : « Trouver une famille pour un enfant dans les conditions de transparence totale. »