Profiter d`un projet de déménagement pour améliorer les conditions

Numéro 39 Avril 2010
IMPACT
Périodique d’information trimestriel - ARACT Nord-Pas de Calais
Profiter d’un projet de déménagement
pour améliorer les conditions de travail.
L’investissement dans de nouveaux locaux, dans un nouvel outil
ou process est souvent l’occasion d’optimiser les aspects techniques.
Intégrer une réflexion sur l’organisation et les conditions de
travail dans la conduite de projet est également primordial
pour sa réussite.
Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail en Nord-Pas de Calais
Cas d’entreprise
Démarche Participative : Prendre en compte le travail
réel des salariés pour construire un projet durable et
partagé.
Fiche d’identité
p2 p3
L’ARACT est intervenu dans l’entreprise COUVROT. Une démarche participative a été menée dans le cadre d’un projet
de déménagement avec la construction d’un nouveau bâtiment.
D’un projet de direction…à un projet partagé
L’entreprise COUVROT se situe sur un marché fortement concurrentiel et reste le dernier fabricant
français de malaxeurs et centrales à béton. Le PDG
a réussi à maintenir le site de production sur le territoire français, et même à convaincre le groupe
SKAKO d’investir dans de nouveaux bâtiments, avec
le challenge de doubler la production. Par la mise en
place d’une nouvelle organisation en ligne et flux
tendus, il espère réduire les manutentions et les
temps d’attente importants entre chaque phase de
montage.
Dans l’ancien atelier de production, les salariés
étaient confrontés à de très nombreux dysfonctionnements (manque de pièces, urgences qui se superposent, …). Le directeur technique a réalisé le schéma d’implantation des machines pour les futurs
locaux, et tenté de mettre en place une démarche
participative. Néanmoins, le dialogue était difficile
entre le pôle technique, qui conçoit les nouveaux
malaxeurs, et le pôle production, qui les réalise. Le
PDG se rend compte que la nouvelle organisation
ne sera rendue possible qu’avec l’implication des
salariés. Son souhait est que l’aide de l’ARACT dans
la conduite de projet fasse de ce déménagement un
projet partagé par l’ensemble de l’entreprise. Il voit
dans cet accompagnement l’opportunité de réinterroger son projet dans un processus de prévention des risques.
Une démarche participative pour trouver ensemble
des solutions
Une fois les enjeux de chacun exprimés, l’ARACT et le
cabinet d’ergonomie GERN qui l’accompagne dans
cette intervention, proposent une démarche participative pour analyser le travail sur l’ensemble des
phases de production. L’objectif est d’améliorer les
conditions de réalisation pour préserver la santé
des salariés et gagner en efficacité.
Un groupe de travail a été constitué, avec des ingénieurs techniques pour étudier les évolutions possi
En savoir plus
+
Retrouver des cas d’entreprises traitant de
conception et projets d’investissements sur www.anact.fr
•Le Point Sur «Les projets d’investissement en PME» - 2008 - En
téléchargement sur www.anact.fr
•G
uide «Réussir un projet industriel en PME» - 2007 - Téléchargeable
sur www.anact.fr
• «L’organisation au coeur des projets d’investissement»- Travail
et Changement n°313- Téléchargeable sur www.anact.fr
COUVROT
Concepteur fabricant de
malaxeurs, de centrales à
béton et de leurs accessoires. Rattaché au groupe Danois
SKAKO
75 salariés
Lesquin (59)
bles des méthodes de fabrication, et des opérateurs pour leurs connaissances fines des modalités
et des contraintes d’exécution. L’animatrice sécurité est la référente du
groupe tout au long de la démarche, et toutes les
fonctions qui contribuent au processus de production (achat, magasin, fabrication, montage, …) sont
invitées, afin d’avoir le point de vue de chacun.
Un comité de pilotage est créé, avec entre autres le
PDG, le directeur technique, les représentants des
salariés, le médecin du travail et le contrôleur de la
CRAM.
Des solutions qui émanent du terrain
La fabrication d’une centrale à béton ou d’un malaxeur dure plusieurs semaines, avec des pièces pouvant peser plusieurs tonnes qui sont transportées
d’un poste à l’autre à l’aide de palans. Ce processus
qui prend beaucoup de temps nous empêchait de
suivre par nous-mêmes toutes les étapes de production. Nous avons donc construit une grille d’analyse,
et formé l’animatrice sécurité et un stagiaire à l’analyse du travail pour remplir cette grille, afin qu’elle
serve de base de discussion au groupe de travail.
L’objectif était d’apporter des éléments de compréhension sur le comment se réalisent les étapes de
fabrication et de ne pas rester sur la prescription
formelle, « le quoi ».
Chacune des étapes a été illustrée par une ou plusieurs photos. Ainsi chacune des situations de travail a pu être décryptées en groupe avec les opérateurs concernés. Ce qui fonctionne bien a été mis
en avant pour le préserver dans les futurs locaux,
et chercher des améliorations pour chacune des
contraintes subies.
Un site devenu modèle
De nombreuses modifications ont pu être imaginées en collectif, pour rendre les conditions de
travail moins pénibles. Les réunions du groupe de
travail ont été espacées dans le temps, pour pouvoir
expérimenter des pistes d’action.
Ainsi, les phases de soudure ont été réétudiées pour
éviter les postures pénalisantes, pour faciliter les
prises des pièces intermédiaires, les racks de stockage ont été dessinés puis fabriqués par les opérateurs de l’atelier…
Les évolutions proposées ont porté également sur
des exigences qualité plus précises auprès des fournisseurs. Cela évite de devoir reprendre des pièces
mal conçues initialement sur un temps non-prévu
dans le planning de production.
Certaines de ces modifications ont été mises en pla-
Points de vue
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Que diriez-vous de la démarche participative ?
Olivier RICHARD – PDG
ce très rapidement, ce qui a apporté de la crédibilité à
la démarche d’amélioration des conditions de travail.
Aujourd’hui le nouveau site de production est opérationnel. Le hall de fabrication est devenu la vitrine de l’entreprise. Un traitement acoustique exigeant, de grandes
baies-vitrées et de larges allées contribuent à créer un
environnement de travail moderne et agréable.
La démarche participative et pluridisciplinaire a replacé
le dialogue au sein de l’entreprise, entre les différentes
fonctions. Le fait de reprendre, pas à pas, l’ensemble
des phases de la fabrication a permis aux opérateurs
de montrer leur expertise du travail, et de la confronter
aux ingénieurs, pour trouver ensemble les meilleures
solutions en profitant des compétences de chacun.
Bernadette VAN EECKHOUTTE - Chargée de Mission
[email protected]
À retenir
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«C’est une démarche qui suppose une mobilisation très importante au
niveau des équipes et qui demande l’adhésion des opérateurs mais aussi du management intermédiaire et de la direction générale. La parole
est véritablement donnée aux opérateurs et aux groupes de travail ce
qui n’est pas courant. C’est assez contraignant mais c’est très efficace .
Discuter en groupe de travail a permis la prise en compte de chacune
des contraintes de son voisin et c’est ensemble qu’ils ont pu trouver
des solutions. L’intérêt de cette démarche, c’est son impact sur l’amélioration des conditions de travail mais aussi son impact direct sur
l’efficacité de l’entreprise, sur la maîtrise des coûts, l’amélioration
permanente des produits que nous fabriquons.»
Dominique DELANGUE - Mécano soudeur, membre du CHSCT
«Il y a une nette amélioration des conditions de travail. Il y a beaucoup
moins de manipulations. L’atelier est beaucoup plus lumineux. Mon
poste de travail est beaucoup plus fonctionnel : avant je devais souvent
travailler accroupi. Maintenant on peut orienter le plateau, tourner la
table : c’est beaucoup plus confortable. Bien sûr, il y a encore des petites améliorations à apporter mais par rapport à avant c’est vraiment «
un château ». Le groupe de travail était très instructif. Maintenant on
arrive à résoudre des problèmes en discutant ensemble alors qu’avant
on faisait comme on pouvait.
Il ne faut pas regarder en arrière et si on veut être productif, il faut évoluer, aussi bien pour la sécurité que pour les méthodes de travail.»
Christian DESTOMBES - Responsable produit
«L’ARACT a permis d’apporter un regard sur les conditions de travail
réelles des gens qui produisent les pièces. On a pris conscience de
tous ces problèmes parce qu’en réunion les opérateurs nous faisaient
part de contraintes de travail auxquelles on avait pas pensé. Ca nous
a permis de résoudre ces problèmes de postures. Il y a eu quelques
réticences au début : on vient bouleverser les habitudes de travail. La
démarche a été très efficace. On avait mis en place d’autres actions
mais qui n’avait jamais abouti car elles n’étaient pas claires. Là, on
savait ou on allait. C’était bien défini, bien suivi et on a réussi à aller
jusqu’au bout.»
Stéphane VANDENBOSSCHE, Directeur industriel
«Au départ il y avait du scepticisme de la part de toute l’équipe. C’est un
long travail de préparation et d’études mais aujourd’hui les résultats se
concrétisent. Les contraintes sont réduites et les améliorations visibles.
Maintenant le dialogue est plus naturel entre les membres de l’équipe
et le changement n’est plus subi. Les propositions d’évolutions viennent spontanément. Dans l’atelier, nous poursuivons les adaptations de
machines ou de postes, pour continuer à gagner en sécurité, ergonomie
qualité et efficacité.»
Cécilia BAK, Animatrice sécurité, Responsable qualité environnement
«Nous utilisons actuellement cette démarche pour suivre deux chan
tiers de montage extérieur. L’ensemble des branches de l’entreprise
participent au projet. Les monteurs voient qu’on s’intéresse à ce qu’ils
font. La communication est améliorée entre des gens qui ne sont pas
forcément conscients de ce qui se passe à lextérieur. Les photos prises
sur chantier et étudiées par le groupe de travail montrent que les conditions ne sont pas faciles, et qu’elles peuvent être optimisées.
J’ai un retour positif sur cette démarche et je pense qu’on peut vraiment
améliorer les conditions de travail en travaillant tous ensemble.»
Eric BRUNQUET – Directeur technique
«C’est une démarche complète qui traite des problèmes de sécurité, de
qualité et de productivité. C’est aussi une démarche en profondeur qui
amène des résultats durables.
Quand on travaille en sécurité, on travaille mieux, de façon plus confortable et donc de façon plus productive.
Par contre, c’est une action lourde, car elle implique l’opérateur, sa hiérarchie, les postes clients, les postes fournisseurs, les achats, le bureau
d’études…
Tout le monde doit s’intéresser et adhérer à la démarche et être capable
de remettre en questions des choses qui ont été décidées depuis longtemps . Cela peut s’avérer perturbant pour la hiérarchie intermédiaire.
Pour tout le monde c’est une remise en question du travail effectué.»
d
ici... ailleurs
repères
à lire
«Plan de santé au travail 2 : les
nouveaux enjeux de la prévention»
Travail et Changement -N°330 mars/
avril 2010 (téléchargement sur www.
anact.fr)
Le second plan de santé au travail
entend entériner les progrès
accomplis ces dernières années en
portant les efforts sur la prévention. Impliquant les salariés et leurs
représentants, il nécessite le plein
investissement des entreprises qui
doivent apprendre à l’intégrer dans
tous leurs projets.
« Réussir un projet de conception et d’aménagement de
bâtiments en PME : l’enjeu des
conditions de travail»
Auteur(s) : CHEVALLET (Romain) (coord.),
BARADAT (Dominique), MARTIN (Christian)
Guide - EDITIONS DE L’ANACT, 03/2010,
télécharger sur le site www.anact.fr
S’agrandir, construire, rénover…
Tout projet d’aménagement et de
conception de bâtiment est à penser
en cohérence avec la stratégie de
l’entreprise.
C’est une opportunité pour repenser
l’organisation du travail et améliorer
performance et conditions de travail.
Illustré de cas concrets, ce guide
propose une démarche et des outils
pratiques.
à suivre
«L’entretien de seconde partie
de carrière» - L’ Atelier de
l’ARACT Nord-Pas-de-Calais
Mardi 27 avril 2010, dans les locaux
de l’ARACT, 197, rue Nationale
à Lille. Les points clès abordés
seront les dimensions à prendre en
compte dans l’analyse du parcours
professionnel et dans la construction d’une trajectoire future.
Télécharger l’invitation et le
bulletin d’inscription sur
www.npdc.aract.fr
à l’étude
« Programme de surveillance
épidémiologique des TMS:
l’InVS fait le point sur ses avancéess»
Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent la première cause de morbidité liée au
travail. L’InVS fait état de l’avancée du programme de surveillance
des TMS. Il est désormais possible
de quantifier le poids de l’activité
professionnelle dans le survenue
des TMS de la population active
et de préciser aussi les catégories
de travailleurs particulièrement
concernées.
BEH - 05/06/2010 - A télécharger
sur le site www.invs.fr.
Du côté du Réseau ANACT....
Semaine pour la qualité de vie au travail
Le réseau ANACT organise la 7ème édition de la «Semaine
pour la qualité de vie au travail» du 17 au 25 juin 2010. Cette
année le thème portera sur la prévention durable des TMS.
Pour retrouver le programme complet des manifestations organisées par l’ARACT Nord-Pas-de-Calais, connectez sur le site
www.npdc.aract.fr à partir du 17 mai 2010.
«Les équipementiers automobiles agissent : qualité
du travail et qualité de
l’emploi, quels leviers
pour les entreprises ?
8 réalités d’entreprises »
Ce cahier de cas d’entreprises est tiré des actes d’un
séminaire organisé en mars 2009. Les entreprises
du secteur automobile témoignent d’expériences
d’amélioration des conditions de travail tant dans
la conception des systèmes de production que
dans la prévention durable des risques professionnels ou encore dans le développement des
compétences pour les métiers de demain.
Télécharger le document sur www.npdc.aract.fr
Préventica à Lille
15-16-17 juin 2010
Salon/Congré biannuel,
Préventica est un
évènement référence en
matière de sécurité et de
qualité de vie au travail.
150 exposants, 120 ateliers-conférences pour obtenir des réponses à des questions concrètes.
L’ARACT sera présente sur le salon par le biais d’un
stand et participera à l’animation de conférences.
www.preventica.com
Mieux vivre au travail :
Une campagne européenne pour prévenir le
stress au travail
Connectez-vous sur le site
internet
www.mieuxvivreautravail.anact.fr.
Vous y trouverez des informations et des outils
pour agir contre le stress :
- un questionnaire en ligne pour évaluer vos
actions de prévention du stress
- une approche de prévention du stress
- une approche économique permettant d’identifier les coûts engendrés par le stress et les investissements nécessaires pour une prévention
efficace.
Cette initiative du réseau européen «European
network for workplace health promotion» est
relayée en France par le réseau ANACT.
Directeur de publication :
Dorothée METTA
Réalisation : Delphine DURIEUX
Rédaction de ce numéro :
Bernadette VAN EECKHOUTTE,
Delphine DURIEUX
ARACT - 197, rue Nationale - 59000 Lille
www.npdc.aract.fr
tél. : 03.28.38.03.50
n°ISSN : 1621 - 0069
Conception: Caillé associés
tél. : 03.28.36.23.23