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Septembre 2013 / Numéro 3 FRANCE - RDC IMPACT Spécial RENTRéE Black Corée Dossier : la réforme budgétaire Les coups de cœur de la rédaction NOUVEAU TOYOTA ©BernardPoudevigne éDITO Le choix de l’éducation Accorder une priorité au secteur de l’éducation dans ce nouveau numéro d’IMPACT a été un choix évident en cette rentrée 2013. Ce choix est aussi celui de la RDC, comme vous pourrez le constater dans les pages qui suivent ; il est vrai qu’il demeure aujourd’hui le fondement du développement. C’est un choix solidaire, pour une certaine vision de la vie en société, où les hommes naissent libres et égaux en droits, mais ne peuvent exercer ces droits que par l’accès aux connaissances, langues, savoir-faire et idées. C’est un choix stratégique en faveur d’une croissance durable et de la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes, condition de la transition démographique des pays en développement et facteur d’amélioration de la santé des populations. L’éducation augmente les compétences des individus dans tous les secteurs de l’économie, moderne et traditionnel, urbain et rural, privé et public. C’est aussi le choix de la communauté internationale, avec la prise de conscience de l’enjeu essentiel de l’éducation pour tous à partir des années 1990, réaffirmé avec force à Dakar en 2000, et repris la même année par les Nations Unies dans les objectifs du millénaire de scolarisation primaire universelle et de parité d’accès à l’éducation garçons/filles d’ici 2015. Les progrès considérables accomplis par beaucoup d’États en quelques années montrent que cet objectif ambitieux peut devenir réalité. Mais cet élan ne peut être porté seul par les pays les plus pauvres ; il exige une mobilisation de tous jusqu’à ce ceux-ci engrangent les dividendes de leur investissement éducatif. C’est enfin le choix de la communauté francophone, qui établit une relation essentielle entre le français, langue d’ouverture et de développement, et la priorité stratégique pour l’éducation. Fil conducteur de ce troisième numéro, le thème de l’éducation vous mettra donc au contact du ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel mais aussi de ceux qui, dans un cadre bilatéral ou multilatéral, travaillent à l’avenir de ce secteur essentiel à la RDC. La parole sera aussi donnée aux enseignants et aux étudiants dans les pages « société » tandis que la section « vie pratique » vous donnera de nombreux conseils utiles en cette période de rentrée. Mais n’oubliez pas non plus le « dossier » du trimestre, consacré à la réforme budgétaire. La priorité donnée au secteur éducatif y trouve une traduction concrète. Aux petits et aux grands, IMPACT souhaite une bonne année scolaire 2013 – 2014. + 243 (0) 81 555 33 70 www.cfaogroup.com Philippe Larrieu Directeur de la publication 3 © Joseph Moura SOMMAIRE ©PaulineJeanjacquot EDITO 3 POLITIQUE Entretien avec MAKER MWANGU FAMBA ENTRETIEN AVEC NICOLAS HULOT DU CONCRET POUR L’ENSEIGNEMENT L’éDUCATION DANS TOUS SES éTATS ÉCONOMIE © Perrine Piton UNE BANQUE DE PROS PLAIDOYER POUR UN NOUVEAU PIPELINE TOTAL RDC : ACCOMPAGNER LE Développement réduire la dette pour financer le développement BÂTIR L’éCOLE DE DEMAIN 6 10 14 17 19 20 21 22 24 DOSSIER ©PhotosOnejoonChe RéFORMER L’état par le BUDGET SOCIÉTÉ Directeur de publication Philippe Larrieu Conseiller de direction Antoine Yvernault Secrétaire de rédaction Perrine Piton Comité de rédaction André-Abel Barry, Patrick Botrel, Maurice Demailly, Alain Masetto, Sabrina Palma, Perrine Piton, Gérard Pointe, Bernard Poudevigne, Christophe Roussin. Ont également participé à ce numéro : Koen Van Acoleyen, Michel Anastassiou, Olivier Appollodorus, Clara Arnaud, Claudine Assimbu, Karim Bénard-Dendé, Jan Bijnens, Emery Busanya, Georges Cevaltes, Geoffroy Heimlich , Christophe Hochard, Alex Hofer, Nadine Ibrahim, Michel Jeanroy, Caroline Jolly, Félicien Kabasele Dishi, Priscille Kasende, Noémie Kilembe, Dehbia Krouk, Erika Lambion, Romain le Chequer, Valentin Leroy, Virginie Leroy, Clément Mambu Nsangathi, Marissa Manshande, Solène de Montmarin, Cyrille Pierre, Mélanie Sirdey Coid, Franck Torrès. Conceptionetréalisationdelamaquette: Perrine Piton Impression : Imprimerie AGB Dépôt légal : BNC n° JE 3.01301-57012 à LA RENCONTRE DES ENSEIGNANTS DE RDC Experts en formation des maîtres L’éducation des enfants des rues Fondation rachel forrest Lutte contre les grandes pandémies Pour les enfants du Katanga La solidarité du fleuve CULTURE ET MÉDIAS Interview d’Yves bigot L’information au service des citoyens Changer l’image de la femme balabala ciné, cinquième prise L’art rupestre du massif de Lovo Onejoon en Afrique, Black Corée RENCONTRE AU SOMMET 28 36 40 46 48 50 54 56 60 62 63 64 70 74 78 VIE PRATIQUE la rentrée de luc hallade L’école française à l’heure de LA RDC Étudier en France IMPACT JUNIOR Les coups de cœur de la rédaction LA FLEUR DE SEL 80 82 84 86 90 98 Photodecouverture,JosephMourapourl’AFD IMPACT EST UN MAGAZINE GRATUIT EST NE PEUT PAS être VENDU 5 Politique problèmes qui nécessitent une intervention, non seulement du gouvernement qui s’implique déjà surtout au niveau de l’accès, mais aussi de la communauté internationale. C’est un grand défi et pour le relever nous devons poursuivre et intensifier par exemple la mise en œuvre de la politique de gratuité. Nous devons aller jusqu’au bout, prendre en compte tous les éléments qui entourent cette mesure en y intégrant une politique adaptée des salaires des enseignants. Nous mettons beaucoup plus l’accent sur les salaires pour qu’à l’avenir le paiement de certains enseignants ne soit plus pris en charge par les communautés, par les parents. entretien avec MAKER MWANGU FAMBA Ministre de l’enseignement primaire secondaire et professionnel Impact : Monsieur le Ministre, vous êtes à la tête d’un ministère sensible. à quelques jours de la rentrée scolaire, c’est l’occasion de faire un point avec vous sur cette échéance et sur l’état du système éducatif congolais. Pensez vous que la rentrée académique 20132014 va bien se passer ? Maker Mwangu : Oui. Depuis un certain nombre d’années, nous prenons toutes les dispositions pour améliorer le système. Nous publions le calendrier scolaire en juillet, nous avons des pourparlers efficaces avec nos amis des syndicats des enseignants et nos services administratifs travaillent avec efficacité afin de garantir une bonne rentrée scolaire. Néanmoins, permettez-moi de vous dire que j’ai une pensée toute parti- 6 culière, ainsi que le gouvernement, pour nos enfants, enseignants et collaborateurs qui sont dans les zones de conflits à l’Est. Nous espérons que cette situation prendra fin très vite et que tous les enfants pourront reprendre le chemin de l’école sans problème. I.: Quel est le principal défi pour la RDC en matière éducative dans les prochaines années ? M.M.: La RDC a un grand défi à relever d’ici 2015 : celui d’emmener ou plutôt de ramener à l’école le plus d’enfants possible et notamment ces 3,5 millions d’enfants que nous avons identifiés comme étant en dehors du système scolaire. Ramener les enfants implique la prise en compte d’un certain nombre de © Photos AFD / Joseph Moura I.: Quel est votre sentiment quant à l’atteinte des OMD de 2015 pour l’éducation en RDC ? M.M.: Nous nous efforçons de nous approcher de cet objectif et je peux vous l’affirmer, la RDC ne sera pas en queue de peloton, parce que depuis un certain nombre d’années nous avons fait de grandes avancées dans ce domaine. Depuis trois ans maintenant, le gouvernement fait réellement de l’éducation une priorité ; c’est ainsi que ce secteur dispose du premier poste budgétaire aujourd’hui. Les ressources que le gouvernement a mises à la disposition de l’éducation de base notamment, pour construire des écoles, améliorer les conditions d’accès ainsi que la qualité de l’enseignement se chiffrent à 100 milliards de FC pour l’exercice en cours. Tout ceci fait que nous sommes optimistes. On peut certes faire davantage et des efforts supplémentaires seront faits. I.: Quelles réformes de l’éducation nationale vous semblent essentielles aujourd’hui? M.M.: La mise en œuvre de la gratuité constitue pour nous une réforme essentielle en ce qu’elle permettra d’atteindre les objectifs de l’éducation pour tous. N’oublions pas que cette réforme a été mise en œuvre depuis août 2010 par le Président de la République à partir de l’intérieur du pays. C’était un message fort, parce que c’est à l’intérieur du pays et pas seulement à Kinshasa que doit se faire cette réforme. En complément de ce choix hautement politique et symbolique, nous avons déjà atteint partiellement un certain nombre d’indicateurs comme l’indice de parité. Tel est le cas à Kinshasa et à Lubumbashi mais dans le reste du pays, il nous reste beaucoup de marge de progression. C’est pourquoi le Président de la République a lancé cette réforme depuis l’intérieur du pays, parce que c’est là que nous devons concentrer nos efforts. Nous continuons à travailler dans ce sens, en isolant un peu Kinshasa et Lubumbashi où nous avons déjà atteint un certain nombre d’objectifs. I.: Pourquoi la gratuité des frais d’inscription n’est-elle pas respectée dans le Primaire public ? M.M.: Dans certaines régions nous continuons à insister auprès des ministres provinciaux chargés de l’éducation, ainsi que des gouverneurs pour la mise en œuvre de cette politique de gratuité. En juillet nous avons eu une réunion des ministres de l’éducation afin de faire le point sur la politique de gratuité dans toutes les provinces et de voir quelles sont les mesures correctives que l’on peut apporter. Comme je vous le disais, le grand défi pour ce ministère c’est la prise en charge directe des salaires des enseignants. Nous devons payer tous les enseignants. En rémunérant tous les enseignants, nous parviendrons plus facilement à mettre en œuvre la gratuité. I.: Comment l’éducation peutelle contribuer à faire des jeunes Congolais des adultes productifs ? M.M: C’est une question très importante; cela nous pousse à avoir une vision qui dépasse l’éducation traditionnelle. Nous souhaitons ainsi lancer une grande réforme dans ce secteur, celle de la professionnalisation de notre système éducatif. Depuis un certain nombre d’années, nous mettons l’accent sur l’enseignement technique et la formation professionnelle. Nous travaillons sur un vaste programme qui vise la transformation de certaines écoles d’enseignement général en écoles d’enseignement technique et de formation professionnelle. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous pouvons mutualiser 7 Politique Originaire de la République démocratique du Congo, Maker Mwangu Famba, âgé de 51 ans, est né à Kitangwa dans la province du KasaïOccidental, République démocratique du Congo. Avant d’occuper à nouveau le poste de ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel, il a été réélu député national de la circonscription de Tshikapa dans le Kasaï Occidental aux élections législatives générales de novembre 2011. Depuis février 2007, il occupe le poste de ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel. Secrétaire général adjoint du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), de juillet 2006 à février 2007 ; député national élu de la circonscription électorale ville de Tshikapa dans la province du Kasaï-Occidental en 2006; conseiller au cabinet du chef de l’État de mars 2005 à juillet 2006. Il a également été assistant principal du directeur de cabinet du chef de l’État de la République démocratique du Congo ; vice - gouverneur de la province du Kasaï-Occidental ; consultant chargé de la mobilisation des ressources extérieures au Programme des Nations Unies pour le Développement, (PNUD) ; chef de division des aides bilatérales au ministère du plan ; conseiller au cabinet du ministre de la coopération internationale et assistant de l’enseignement à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Tshikapa. 8 I.: Comment envisagez-vous votre mission aujourd’hui pour relever le défi de l’éducation ? M.M.: La mission qui m’a été confiée par le Président de la République et le gouvernement, dont les résultats sont attendus par la communauté nationale, c’est de mettre en œuvre la stratégie que nous avons élaborée au niveau du gouvernement et qui a été acceptée par la communauté internationale à travers le Plan Intérimaire de l’Éducation. Je suis là pour que ce document devienne une réalité. Que cette encre se transforme en réalité et aide vraiment l’éducation à devenir l’outil indispensable pour le développement de notre pays. I.: Les décideurs africains discutent de la pertinence de l’éducation, des compétences pratiques et des opportunités d’emploi. Quelle est votre analyse sur ce sujet ? M.M.: C’est un problème réel. Nous sommes devant une difficulté d’approche. Certains pensent qu’il faut former et donner les outils pour s’adapter aux différentes situations de la vie, professionnelles ou non, c’est-à-dire une formation que l’on pourrait qualifier de généraliste afin de faire face aux problèmes de la communauté. D’autres pensent que l’école doit for- mer à l’emploi afin de répondre au marché du travail dans une optique d’adéquation formation-emploi. Mais là se pose une question essentielle à savoir quelle est la meilleure approche. Pour le moment, nous pensons que nous devons former le plus de jeunes capables de s’adapter aux différents contextes mais également améliorer la formation continue en cours d’emploi. Il faut organiser cette approche et définir comment la formation théorique peut être liée aux réalités de l’emploi. Il faut donc organiser les centres de formation et intégrer dans les référentiels de formation des stages pratiques et des cours plus en lien avec le monde du travail. Donc, il ne faut pas nécessairement penser à la formation classique, mais penser à la formation qui doit se faire autour de l’emploi. l’éducation qui permet à la RDC d’être admise comme membre du Partenariat mondial pour l’éducation (PME – GPE). Les retombées immédiates sont que le partenariat mondial pour l’éducation alloue à la RDC pour 3 ans 100 millions de dollars américains. Et son processus de mise en œuvre pour l’acquisition des manuels, l’amélioration de la qualité et la construction des infrastructures scolaires va commencer très bientôt. Un certain nombre de pays, dans l’esprit du partenariat mondial, sont en train de venir nous aider pour s’attaquer à des chantiers non pris en charge par le financement du partenariat mondial. Il y a ce que j’appelle souvent, parce qu’il n’y a pas que l’allocation des ressources, un état d’esprit dans la gestion du système éducatif qui a été accepté par la communauté nationale et la communauté internationale. C’est pourquoi la République française vient de nous allouer pour les trois ans à venir, dans le cadre du contrat de désendettement, 45 millions d’Euros pour nous permettre de résoudre des problématiques non prises en compte par le Partenariat mondial pour l’éducation mais dans la droite ligne de notre plan d’action. I.: Quels doivent être pour vous les principaux axes de la coopération internationale ? M.M.: Pour nous la coopération internationale doit être en phase avec les priorités du gouvernement. C’est très important. Mais laissezmoi vous dire qu’aujourd’hui, pour le gouvernement et mon ministère, il faudrait vraiment arriver dans un premier temps, et c’est un domaine qui n’a rien à voir avec l’éducation mais qui est très important, à mette fin à la guerre à l’Est du pays. Il faut que la communauté internationale comprenne qu’ailleurs parfois on s’émeut par ce qui se passe en Syrie, ce qui est une réalité avec le chiffre fatidique de cent mille morts, mais on oublie qu’au Congo on parle de millions de morts à cause de la situation à l’Est du pays, et apparemment cela n’émeut personne à travers le monde. Nous voulons que cette situation cesse pour que nous arrivions à dégager les ressources additionnelles importantes afin de résoudre les problèmes de développement de la RDC. Nous assistons aujourd’hui à travers la République à un changement, à des évolutions vers le progrès mais nous ne pouvons pas laisser la partie orientale dans cet état. Néanmoins, nous disposons aujourd’hui d’un plan intérimaire de LeministreMakerMwangudanssonbureau et en compagnie d’Alain Masetto, attaché de coopération éducative I.: Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à la tête de ce ministère ? © Photos Alain Masetto à la tête du ministère depuis 2007 ces écoles avec d’autres qui sont déjà identifiées comme des points focaux sur lesquels nous allons baser ce programme. C’est le premier élément important. Le deuxième élément est une réflexion sur les possibilités de mettre en place une Chambre d’artisanat et de métiers. Sur ce sujet, nous travaillons avec nos amis de la diaspora, notamment celle qui est en France. L’objectif de cette Chambre d’artisanat et de métiers sera de nous aider à certifier des compétences, formaliser certaines formations qui sont données à travers la République et encadrer certains métiers qui sont organisés en faveur de notre jeunesse. Et le troisième élément que je peux ajouter c’est la transformation même de certains programmes d’enseignement agricole, mécanique générale, électricité et autres, que nous sommes en train de réaliser. M.M.: C’est de réussir la mission qui m’a été confiée. Aujourd’hui nous avons un guide et une stratégie à travers le plan intérimaire de l’éducation. C’est également mobiliser le maximum de ressources afin que ces objectifs soient transformés en réalité pour le bien de nos enfants et notamment ceux qui aujourd’hui sont en dehors de l’école afin que chacun en RDC bénéficie d’une éducation et d’une formation de qualité. J’ajoute que les politiques d’éducation et de formation sont le complément indispensable des stratégies nationales de création et de valorisation de l’emploi dans les différents secteurs d’activité : elles participent à la création d’un « environnement favorable» à l’insertion économique et sociale et placent le capital humain au cœur du développement. Merci pour cet honneur que vous nous faites, longue vie à IMPACT. Propos recueillis par Alain Masetto 9 ©PerrinePiton Politique entretien avec nicolas hulot envoyé spécial pour la protection de la planète Impact : Nicolas Hulot, vous êtes mondialement connu et le moins qu’on puisse dire, c’est que votre passage en RDC ne passe pas inaperçu. Alors ma première question est simple : qu’êtes-vous venu faire dans ce pays ? Nicolas Hulot : Je suis ici dans le cadre de la mission que m’a confiée le Président Hollande, puisque j’ai ce titre, qui peut paraître, soit utopique, soit un peu effrayant, d’envoyé spécial pour la protection de la planète. Le sens de cette mission c’est d’essayer, au-delà des conjonctures qui ne sont jamais favorables, de prendre en compte les enjeux du long terme, les enjeux universels que sont les enjeux climatiques. Comment y parvenir ? Par un dialogue renforcé, par l’identification 10 « Sous les forêts, des points de convergence en matière tech- il y a d’autres nologique, économique, ressources, minières juridique... En réalité, je et énergétiques, qui m’aperçois que chaque attisent bien des pays a souvent une partie de la solution. Il faut enfin convoitises.» mobiliser non seulement sur le constat mais aussi sur le changement et les solutions. Dans le cadre de cette mission, j’ai souhaité, parce que j’avais été à plusieurs reprises alerté par un certain nombre d’ONG et de missions scientifiques, apporter ma contribution quant au sort des éléphants de forêts, sort tragique dans le bassin du Congo puisqu’en l’espace de 10 ans, quasiment 60% de cette population a disparu pour différentes causes, notam- ment une cause apparue ces dernières qui attisent bien des convoitises. années et qui s’est amplifiée : un bra- C’est d’ailleurs le lot de tous les pays connage qui a changé d’échelle et qui du bassin du Congo. est devenu quasiment une forme de Ce que j’ai aussi entendu des ONG et criminalité organisée. Au-delà de la des établissements publics officiels, problématique des éléphants, c’est c’est la dénonciation d’un sentiment aussi pour moi l’occasion, d’impunité partagé par de faire une évaluation ceux qui s’exonèrent « L’insécurité sur le thème de la forêt. d’un certain nombre de Cette dernière touche favorise les trafics règles et de responsabideux domaines impor- en même temps lités sociales et environtants que sont la biodi- que ces trafics nementales. versité et le changement En résumé, les acteurs accroissent climatique. Chacun sait, que j’ai rencontrés ont en effet, que les forêts l’insécurité.» souhaité que je transsont autant de puits de mette leurs doléances carbone qui peuvent nous aider à faire aux bons destinataires mais aussi aux face aux enjeux climatiques. bailleurs de fonds avec lesquels la Voilà résumée la thématique de ce France travaille: Allemands, Amérivoyage qui se fait dans un premier cains à travers USAID, Banque Montemps dans quatre pays : le Gabon, le diale, Britanniques… Ils pensent, Cameroun, la RDC et le Congo Braz- en effet, que la diplomatie peut les zaville. Je rencontrerai par la suite le aider, non seulement sur le territoire Président tchadien avant de me rendre congolais mais aussi vis-à-vis des dans deux « pays consommateurs » des pays consommateurs pour mieux produits du braconnage, la Chine et la les interpeller. Donc ce sont autant Thaïlande, pour évaluer la possibilité d’éléments que je vais acter et analyd’ouvrir un dialogue avec eux. ser pour proposer éventuellement au Président Hollande une initiative sur I.: C’est peut-être la première fois ce sujet. que vous venez en RDC. Avez-vous rencontré une oreille attentive de la I.: Je voudrais revenir sur la notion d’impart de vos interlocuteurs ? punité. Quelles sont selon vous les raiN.H.: J’ai surtout rencontré une pro- sons qui favorisent cette impunité ? fonde attente de ceux qui sont direc- N.H.: à la base de tout cela, c’est visitement sur le terrain. Les industriels blement – et le ministre de l’environforestiers d’abord, évidemment ceux nement que j’ai rencontré ce matin qui travaillent dans ce qu’on appelle ne s’en est pas caché – la corruption. l’exploitation formelle et légale, et Il m’a d’ailleurs annoncé que le gouqui se sont donc engagés dans des vernement entendait lutter contre démarches de certification et d’ex- le sentiment d’impunité qui en est le ploitation durable. Ils sont attentifs corollaire et que récemment un généau soutien que je peux leur appor- ral, un procureur, un certain nombre ter parce qu’ils voient leurs efforts d’autorités avaient été mises à pied et menacés par le marché informel seraient jugés prochainement. Mais qui, peu à peu, prend une impor- le moteur de tous ces trafics, visant tance croissante puisqu’en termes notamment l’ivoire et le bois, est de volume, il pourrait avoir dépassé évidemment l’argent. Entre ce que celui de l’exploitation formelle. Mais perçoit le pauvre hère qui va couje reçois aussi l’attention de ceux qui per le bois sur place et les prix qui sont chargés de la gestion de la bio- sont pratiqués par la suite dans les diversité, par exemple les respon- ports asiatiques, voire européens, sables des établissements publics qui il y a une marge considérable qui gèrent les zones protégées et qui font permet à un certain nombre d’interface à un déficit de moyens mais sur- médiaires de s’enrichir grassement. tout de coordination des différents Or dans des pays où tout le monde secteurs concernés par la forêt. Il est n’est pas rémunéré de manière dévrai que sous les forêts, il y a d’autres cente, c’est autant de tentations. ressources, minières et énergétiques, Appelons un chat un chat : il faut 11 Il est urgent de protéger les éléphants d’Afrique Si l’on attend que le monde s’apaise pour se préoccuper de ces pachydermes, ils auront disparu depuis longtemps. Près de 60 % d’entre eux ont été décimés ces dix dernières années, le plus souvent par dizaines, à l’arme de guerre. Selon les acteurs de terrain croisés sur place, il reste cinq ans pour sauver les éléphants de forêt, espèce aujourd’hui la plus menacée. Qui recueillera leurs larmes ? Nul doute que leur disparition ouvrirait une brèche irréversible dans laquelle s’engouffreraient éléphants de savane, gorilles, chimpanzés et tout un cortège funèbre de grands animaux. Dans la foulée, c’est toute la biodiversité ordinaire, mais non moins essentielle à notre survie, qui serait absorbée dans le flot de notre indifférence. Les grands animaux, par les symboles qu’ils représentent, sont une digue émotionnelle censée protéger ces êtres vivants, qui ne trouvent pas forcément grâce à nos yeux. Après la drogue et les armes, le trafic des espèces menacées est le troisième au monde, il est devenu une criminalité organisée, au point d’ajouter de l’instabilité à l’instabilité à cette région d’Afrique qui n’en avait guère besoin. Les causes de ce désastre sont multiples. Déforestation, pauvreté, conflits hommes/éléphants, corruption, impunité, rébellions... mais surtout une demande exponentielle des consommateurs asiatiques, notamment pour l’ivoire. A 1 000 dollars le kilo (770 euros) arrivé à Pékin, on comprend que les mafias se soient emparées du phénomène. Nous sommes la partie consciente de la nature. Que cette distinction au moins nous mette à l’abri de la résignation et nous aide à nous révolter contre cette vision anthropocentrique du monde. Ne soyons pas les témoins résignés de ce moment calamiteux de l’Histoire. Dans sa Lettre à l’éléphant, Romain Gary, mieux que quiconque, pressentait l’immense préjudice que provoquerait la disparition des éléphants : «Si le monde ne peut plus s’offrir le luxe de cette beauté naturelle, c’est qu’il ne tardera pas à succomber à sa propre laideur et qu’elle le détruira.» Puisse Romain Gary enfin être entendu ! ©PhilippeLarrieu 12 Nicolas Hulot Appel publié dans le Monde le 2 juillet 2013 aider les états à renforcer leurs capacités pour une meilleure gouvernance mais, en même temps, faire en sorte que ceux-ci affichent une fermeté telle que personne ne se sente à l’abri d’un statut quelconque. I.: Est-il aussi correct de dire que l’insécurité qui prévaut dans certaines parties de ce pays favorise, sur fond de corruption, les trafics dont nous venons de parler ? N.H.: Pour moi, c’est l’œuf et la poule. En d’autres termes, l’insécurité favorise les trafics en même temps que ces trafics accroissent l’insécurité, ouvrant une brèche à d’autres formes de criminalité. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’on ne peut pas avoir une approche simplement verticale de ces sujets ; ce sont maintenant des problèmes de sécurité globale parce que ce sont des opportunités, pour certaines bandes, de s’enrichir et, avec cet argent, de s’équiper de façon toujours plus sophistiquée en matière d’armements. C’est la raison pour laquelle la France a pris une initiative diplomatique au mois de décembre sur la sécurité. En d’autres termes, il y a des liens de cause à effet entre le développement du terrorisme et les changements climatiques dans cette région du monde. C’est pour cela qu’il faut avoir une vision globale de ces sujets. Et c’est pourquoi je n’isole pas le problème des éléphants de toutes ces problématiques. Tout est lié et c’est ce que j’essaie de démontrer. I.:Vous avez dit tout à l’heure que le gouvernement de RDC avait pris conscience de ces problèmes. Alors qu’est-ce que des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France peuvent faire pour l’aider ? N.H.: En découvrant le détail de leurs mécanismes de coopération, j’ai réalisé que ces états aident déjà la RDC de façon substantielle. Si l’on additionne par exemple les sommes apportées par USAID, les Allemands ainsi que les crédits à venir dans les mécanismes Reed+, on constate que les contribuables des pays à l’origine de ces fonds ont été particulièrement généreux. Nous avons donc une responsabilité vis-à-vis de ces derniers : faire en sorte que cet argent soit utili- sé à des fins bien définies et dans une Chine droit dans les yeux et de lui degouvernance respectueuse. Je pense mander un certain nombre d’efforts. donc que le meilleur moyen d’aider la RDC, c’est d’inscrire ces aides dans I.: Dernière question. Puisque vous une logique de renforcement des ca- allez être publié sur un numéro d’IMpacités, de meilleure transparence et PACT consacré à la « rentrée », quel de bonne gouvernance. message vous souJ’ai appris que la Banque haiteriez faire passer Mondiale avait mis en « L’Afrique est à tous ces jeunes qui place avec un certain en situation de vont reprendre le chenombre de bailleurs de regarder la Chine min de l’école à Kinsfonds un monitoring de droit dans les yeux hasa et plus généralegouvernance économent en RDC ? mique; je pense que c’est et de lui demander le genre d’outil qui peut un certain nombre N.H.: Qu’ils aient bien être parfaitement utile. d’efforts.» conscience que l’enjeu Mais encore faut-il que écologique condice monitoring intègre à tionne tous les autres l’avenir les indicateurs de biodiversité enjeux, que ce n’est pas une option. qui ont été retirés à la demande du Ce n’est pas quelque chose dont il gouvernement, ce dernier ayant esti- faut se préoccuper quand on a réglé mé qu’il n’était pas prêt à y faire face. tout le reste. Ce n’est pas une petite J’en ai parlé au ministre ce matin pour affaire parmi d’autres. qu’on les réintroduise dès que pos- Mais en même temps qu’ils aient sible, dès que le gouvernement aura conscience qu’il y a des solutions assimilé les contraintes afférentes. qui passeront évidemment par des Il est aussi possible d’aider la RDC, nouvelles technologies mais aussi et plus généralement l’Afrique, par cette prise de conscience qu’on lorsqu’elle est victime de pressions. Je peut faire probablement différempense aux pays d’Asie et, surtout, de ment dans beaucoup de domaines, à la Chine. C’est le message que je me confort et à bénéfice égal. Il n’y a pas suis permis de transmettre aux auto- de fatalité, il ne faut surtout pas se rités que j’ai rencontrées : il ne faut résigner. On doit chacun à son niveau pas oublier que si l’Afrique a besoin de faire ce que l’on peut avec ce que l’on la Chine, la Chine plus encore a besoin a, quel que soit son âge et quelles que de l’Afrique. A la limite, je dirais cari- soient ses possibilités. caturalement que si la Chine, par malheur, devait s’éloigner de l’Afrique, il Propos recueillis y aurait des nations probablement par Philippe Larrieu prêtes à prendre le relais parce que nombreux sont les pays émergents qui ont besoin des ressources qu’offre l’Afrique. Tout cela pour dire que l’Afrique ne doit pas se sentir plus petite qu’elle n’est dans ses rapports avec la Chine, qu’elle peut promouvoir ses relations économiques et politiques avec Pékin tout en exigeant le respect d’un certain nombre de pratiques ; elle peut ainsi lui demander d’engager une politique éducative et juridique beaucoup plus conséquente sur la consommation d’ivoire. Voilà aussi le message que j’essaie de faire passer au cours de ma mission : nous sommes, nous bailleurs de fonds, en situation d’un dialogue franc avec nos partenaires africains ; l’Afrique, pour sa part, est en situation de regarder la Les éléphants d’Afrique menacés Au cours des trois dernières années les populations d’éléphants d’Afrique ont été décimées. Rien qu’en 2012, entre 30 000 et 50 000 éléphants auraient ainsi été tués pour leur ivoire. L’année 2012 a également été une année noire en matière de saisie d’ivoire, avec 34 tonnes d’ivoire illégal confisquées, soit la plus grosse quantité jamais enregistrée en 24 ans, depuis que ces données sont consignées avec précision. Elle dépasse de 35 % le record de l’année 2011, qui s’élevait à 24,3 tonnes. Chiffres IFAW (International Fund for Animal Welfare) ©PerrinePiton 13 Politique Appui à l’enseignement technique et à la formation professionnelle Ci-dessus,lesélèvesdel’Instituttechniqueetcommercialde Matete, soutenu par la coopération belge. Programmé sur quatre ans avec un budget de 6 millions d’euros, l’AETPF associe un soutien institutionnel au niveau national et l’appui aux écoles techniques dans les provinces éducationnelles du pays. Au moment où sa mise en œuvre, en partenariat avec le ministère de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel, touche à sa fin, il compte à son actif bon nombre de réalisations conjointes. En effet, trente écoles techniques ont été réhabilitées et équipées à travers les trente provinces éducationnelles du pays. Un appui à la rénovation des bureaux de la direction de l’ETFP a été assuré ainsi que la mise en place d’un centre de ressources. à la demande de ses partenaires, le projet a également modélisé « l’Étude de transformation», document qui sert aujourd’hui de canevas stratégique au Ministère de l’EPSP. Des notes stratégiques Du concret pour l’enseignement ElèveéléctricienaucollègeWilliamBoothdanslacité deKasangulu,provinceéducationnelleBas-Congo2 «- As-tu vu Jeanine ces jours-ci ? -Quelle Jeanine ? Cette jeune fille de seize ans habitant le village près de Ngandajika ? - Oui, c’est bien elle. - Ben non, je pensais qu’elle ne sortait plus après avoir quitté l’école. - Mais pas du tout, elle va de nouveau à l’école, tu sais. - à son âge-là ! Il est grand temps qu’elle songe à se trouver un mari pour avoir des enfants, non ? - Ha ha, avoir des enfants, et puis ? Rester à la maison toute sa vie ? - Elle sait déjà lire et écrire, qu’est-ce qu’elle va chercher de plus à l’école ? - Eh bien, maintenant elle apprend un métier. Elle est dans la filière technique agricole. - Ha ha ha ! Qu’est-ce qu’il y a à apprendre pour aller travailler dans les champs ? Qu’elle prenne sa houe comme toutes les femmes et elle arrivera bien à produire le manioc ! 14 - Je vois bien qu’il y a des choses qu’il faut te faire comprendre. Savoir lire et écrire, c’est bien. Mais cela ne suffit pas. à l’école d’agriculture, Jeanine apprend les techniques modernes pour augmenter la productivité, savoir transformer et mieux conserver les produits des champs. Cela lui évite des pertes, lui permet de mieux vendre et de gagner plus d’argent. - J’ai déjà entendu tout ça. Et après avoir payé des frais scolaires élevés pendant quatre ans, elle recevra un tout joli diplôme mais ne trouvera pas de travail, car tout le monde sait qu’elle n’aura appris que de belles théories mais qu’elle ne vaut pas grand chose sur le plan pratique. Ah! Continue à rêver mon ami ! - Là, je dois te dire deux choses. D’abord, sache qu’un jeune homme ou une jeune fille qui sort d’une école technique peut se donner du travail à lui (elle)-même et évoluer en toute indépendance. De deux, je t’apprends qu’il existe maintenant un centre de ressources pour les écoles techniques. On y trouve tout le matériel qu’il faut pour organiser des cours pratiques. Les profs sont tous qualifiés ! Ils savent bien de quoi les entreprises ont besoin en termes de main-d’œuvre et ce qu’il faut pour créer sa propre micro-entreprise. Il suffit de voir les apprenants qui font des stages : ils font presque le même travail que les employés et il y en a qui sont tout de suite engagés après leur stage ! - Ah, ça alors ! Il y a encore de la place dans cette école ?» Voilà un exemple des opportunités que méritent d’avoir beaucoup de jeunes Jeanine et de jeunes Jean en RDC. Pour mettre cette vision en pratique, la Belgique et la RD Congo ont renforcé leur partenariat en faveur de la formation professionnelle. © Photos DR Le projet d’Appui à l’Enseignement Technique et à la Formation Professionnelle (AETFP) a démarré en novembre 2009. Son objectif est d’accompagner le gouvernement congolais dans ses efforts d’amélioration de la qualité de l’ETFP ainsi que dans la recherche d’une meilleure adéquation formation - emploi et ce dans huit filières jugées prioritaires pour le développement du pays : mécanique, électricité, construction, coupecouture, commerciale-administrative, agriculture, vétérinaire et électronique. de mise en œuvre de l’Approche Par Compétences (APC) ont été validées et un comité de pilotage en APC a été instauré. De nouvelles boîtes à outils du formateur ont été réalisées et une étude d’adéquation formation emploi a été produite. Une Chambre des métiers et de l’artisanat a été mise en place. Quatre programmes provinciaux d’appui à l’ETFP Actuellement, la coopération belgocongolaise connaît une évolution significative. Afin d’assurer un meilleur suivi des projets et de leur donner davantage d’impact, les interventions du dernier programme de coopération bilatérale pour la période 2010 - 2013 se limitent à quelques provinces et districts du pays ainsi qu’à quelques secteurs jugés prioritaires dont l’ETFP. Pour poursuivre la promotion de l’enseignement technique et de la formation professionnelle en RD Congo et assurer un appui stratégique au niveau national selon la nouvelle approche d’intervention, la coopération belge a consenti un budget de 47 millions d’euros. Quatre programmes sont ainsi financés dont quelques-uns en phase de préparation et d’autres en phase de démarrage. Dans le même temps, l’ambassade de Belgique, en étroite collaboration avec les autres partenaires techniques et financiers, travaille avec le ministère de l’EPSP pour renforcer le dialogue politique dans le secteur de l’éducation, et plus particulièrement dans le domaine de l’ETFP. Les quatre programmes d’appui à l’ETFP sont prévus pour être déployés dans les provinces et districts suivants : Katanga (axe Lubumbashi – Likasi - Kolwezi), Kasaï Oriental (Mbuji-Mayi et ses alentours), Kisangani et Tshopo dans la province Orientale et les districts du Sud-Ubangi et de la Mongala dans la province de l’Équateur. Cette concentration géographique va, on l’espère, permettre un travail plus approfondi ainsi que des synergies avec d’autres secteurs appuyés par la Belgique dans les mêmes zones, en particulier l’agriculture. Répétons-le, les filières à soutenir ont été identifiées en fonction de leur importance pour le développement socioéconomique de la région. Les écoles seront mises en réseau pour que les investissements soient mis à profit non par un seul établissement mais par plusieurs. Elles bénéficieront de ressources telles que manuels didactiques, équipements techniques pour les travaux pratiques, matériel informatique, diverses expertises en lien avec la profession, formations pédagogiques, outils pour la bonne gestion administrative et financière... Une attention particulière sera accordée à l’insertion socioprofessionnelle des lauréats (trouver ou créer un emploi rémunérateur, digne et durable), aux aspects de promotion de la parité garçons - filles et à la protection de l’environnement. Un appui stratégique au niveau national Une Unité Conjointe d’Appui à la Gestion (UCAG - EPSP) facilitera le démarrage de ces interventions et leur bonne mise en œuvre. Ainsi, les nouveaux projets seront fortement appuyés dans les matières administratives et financières (ressources humaines, comptabilité, gestion des marchés publics...), ainsi que dans les orientations opérationnelles et stratégiques. Au niveau central une expertise institutionnelle en ETFP sera sollicitée pour servir d’interface entre les provinces et le niveau national (EDUNAT). Ainsi les expériences du terrain alimenteront les visions et stratégies nationales. C’est tout ? Eh non ! En plus des grands programmes de coopération bilatérale, 15 des acteurs plus modestes de la coopération belge mettent en œuvre des actions plus ciblées. En RDC, il suffit de parler de l’enseignement technique agricole pour entendre mentionner VVOB. Cette association flamande a aidé le ministère de l’EPSP à élaborer les nouveaux curricula des six filières de l’enseignement technique agricole qui permettent l’intégration des cours pratiques. Elle a formé les formateurs de formateurs du service de l’inspection et a vérifié la bonne utilisation des nouveaux curricula. à noter que VVOB cible également l’amélioration de la qualité de l’éducation primaire en réactivant les cellules de base et les réseaux de proximité dans les écoles primaires. Cinq modules de formation ont été créés pour appuyer l’inspection nationale. De même, des fiches ont été mises au point et actualisées pour accompagner l’inspection sur le terrain. Aujourd’hui, sur financement propre du gouvernement congolais, le ministère de l’EPSP a décidé de multiplier les résultats VVOB dans le secteur de l’éducation au niveau primaire, dans la province expérimentale de Bandundu 2 et dans toutes les 29 autres provinces éducationnelles du pays. De même, il suffit d’évoquer le rôle du ministère de la jeunesse et des sports dans l’enseignement technique et la formation professionnelle pour voir apparaître son partenaire fiable, l’APEFE (Association pour la Promotion de l’Éducation et de la Formation à l’Étranger). Cette association belge francophone appuie ce ministère pour faire revivre des centres de production agricole donnant aux jeunes défavorisés une opportunité de pratiquer un métier. Il suffit enfin d’aborder le sujet de la formation des jeunes en situation de handicap pour entendre le nom de Handicap International. Cette ONG belge a testé et promu plusieurs bonnes pratiques qui permettent à ces jeunes d’accéder à leur droit à une éducation et une formation inclusives. Et qui ne connait pas Via Don Bosco ? L’ONG a une longue histoire dans l’enseignement technique et la formation professionnelle pour les populations défavorisées comme les enfants de la rue. Elle les accompagne jusqu’à l’emploi ou l’auto-emploi à travers notamment des bureaux d’emploi. Le dialogue politique et l’impact ? Une amélioration des services sur le terrain n’est durable que si elle s’accompagne de politiques publiques pertinentes. Pour ce faire, la Belgique s’est fortement engagée comme chef de file des partenaires techniques et financiers afin de renforcer le dialogue politique entre le gouvernement de la RDC et tous les partenaires, y-compris la société civile. Le groupe thématique de Élèvesdel’InstitutTechniqueAgricoleIsinguàKikwit,provinceéducationnelleduBandundu2autravailsur un champ expérimental de manioc. l’éducation est actif et accompagne les grands processus sectoriels comme le diagnostic (RESEN) et le développement de la stratégie sectorielle de l’éducation. Il comporte deux sous-groupes : le Comité de Concertation de l’EPSP (ComCon EPSP) et le Comité de Concertation de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ComCon ETFP). Le premier est très actif dans le suivi de la mise en œuvre du plan intérimaire de l’éducation ; il compte quatre groupes de travail : accès et équité, qualité, gouvernance et suivi budgétaire. Le second (ComCon ETFP) accompagne le plan d’action du gouvernement pour améliorer la gouvernance de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Mais quel est l’impact de toutes ces structures ? Il est encourageant de constater qu’il y a déjà des résultats concrets en peu de temps. Tous les partenaires travaillent de plus en plus avec une vision commune et œuvrent aux mêmes objectifs. Les synergies sont donc réelles. Sur le plan international, ces efforts focalisés du groupe local de l’éducation ont été reconnus par l’acceptation de la RDC comme membre du Partenariat Mondial pour l’Éducation et l’octroi d’un premier don de 100 millions de dollars par le fonds de ce partenariat ! C’est un brillant résultat pour la RDC et tous ses partenaires et il faut espérer qu’il se traduise rapidement de façon concrète pour des millions d’enfants congolais. Avançons ! En RDC, le chemin vers un enseignement technique et une formation professionnelle de qualité et accessibles pour tous est encore long. Nombreux sont les obstacles à surmonter. Il faudra un engagement soutenu et des investissements croissants de tous les acteurs concernés. Notons qu’une diversité de programmes et d’acteurs de la coopération belge sont là pour accompagner ces efforts. Avançons ensemble ! Koen Van Acoleyen, Jan Bijnens et Félicien Kabasele Dishi 16 l’éDUCATION Politique DANS TOUS SES éTATS Le secteur de l’éducation en RDC est un vaste chantier qui requiert un grand nombre d’actions et d’acteurs pour pouvoir être finalisé et répondre ainsi à la demande croissante des Congolais dans ce domaine. Pour accomplir cette mission dont personne ne dit heureusement qu’elle est impossible, le Congo peut compter sur un grand nombre d’acteurs nationaux et internationaux. Au-delà de l’article consacré à la coopération belge, Impact vous ouvre quelques portes, sans prétendre, bien sûr, à l’exhaustivité. C’est l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI) qui est ici à la manœuvre. Elle intervient sur trois fronts complémentaires d’envergure, notamment pour : • offrir un meilleur accès aux services de santé et d’éducation afin de limiter le nombre d’enfants congolais hors du circuit scolaire ; • relever le défi de l’éducation à l’autre bout de la chaîne en agissant sur l’enseignement supérieur par le biais d’un partenariat entre universités congolaises et canadiennes ; • développer un programme de bourses destinées à promouvoir la francophonie en RDC. L’Espagne et les pays nordiques n’ont pas de relations historiques avec la RDC. Pour autant, leurs projets d’aide à l’éducation sont loin d’être négligeables. L’Espagne développe un programme qui englobe toutes les composantes majeures d’un appui au système éducatif en RDC : construction d’écoles, réhabilitation de salles de classes, formation continue des enseignants et renforcement des capacités institutionnelles du gouvernement congolais. Ce projet, qui a vu le jour en 2011, devrait s’achever cette année. Les pays scandinaves, en collaboration avec l’Unesco, contribuent pour leur part au renforcement des capacités en planification et en gestion de l’éducation (CapEFA) dans le cadre d’un programme sur trois ans. Les États-Unis d’Amérique sont très impliqués dans l’aide au développement de la RDC. En matière de coopération éducative, les actions de l’Agence des ÉtatsUnis pour le développement international (United States Agency for International Development ou USAID) trouvent à s’exprimer dans un projet initié en 2009 et qui privilégie la formation de formateurs aux matières primordiales (la lecture et les mathématiques). Mais la réhabilitation de salles de classe et la dotation des écoles en matériel didactique (manuels scolaires, fournitures de classes, etc.) n’ont pas été oubliées. USAID a aussi développé un programme à échéance 2015. En complément de son aîné, ce dernier s’attache à mettre en place une politique de formation des enseignants en même temps qu’à permettre un suivi psychosocial des apprenants afin de comprendre leurs difficultés. Deux projets, donc, mais un unique objectif : concourir au développement de l’éducation et conforter, de ce fait, la démocratie. 17 économie La coopération que met en œuvre l’ambassade de France à Kinshasa accorde une place de choix à l’éducation. D’abord à travers son réseau culturel et éducatif, qui s’étend de l’Institut français de RDC (à Kinshasa et Lubumbashi) aux Alliances françaises présentes en province (ces dernières dispensent aujourd’hui 380.000 heures de cours de français pour plus de 5.000 apprenants). Les lycées français René Descartes à Kinshasa et Blaise Pascal à Lubumbashi endossent aussi ce rôle afin d’assurer une éducation à la française dans ce pays où plus de 30 millions de personnes parlent la langue de Molière. Mais la coopération française dans le secteur éducatif est aussi visible à travers les actions de l’Agence Française de Développement (AFD) (voir article séparé) et dans des projets d’envergure gérés par l’ambassade tel que « SESAM », pour l’appui et la maîtrise du français en RDC. Ce dernier, polymorphe, vise la formation continue aux méthodes pédagogiques nouvelles de plus de 1.500 inspecteurs de l’éducation. à travers l’AFD, qui travaille plutôt dans le primaire, du réseau culturel et du projet SESAM, qui déploie ses efforts dans l’enseignement secondaire et en milieu universitaire, la France assure donc un soutien permanent et ambitieux au système scolaire congolais. une banque de pros L’Institut Technique de Banque (ITB), qui travaille main dans la main avec l’Association Congolaise de Banques (ACB), est présent en RDC depuis 2010 pour former les profils les plus prometteurs au sein des agences bancaires congolaises. M. Bruno Degoy, directeur général de la Bank of Africa (BoA), et président la commission « formation et social » de l’ACB nous a reçus pour revenir avec nous sur une formation qui est un tremplin et une opportunité pour tout le secteur. Des besoins en pleine expansion « 100 000 comptes en banque en 2007 contre plus de 2 millions aujourd’hui, un chiffre qui devrait au moins quadrupler dans les cinq prochaines années, des dépôts multipliées par cinq et des crédits par 9 depuis 2007… Le secteur bancaire connaît un vrai boom depuis une demidécennie.» indique Bruno Degoy. Pour les 18 banques présentes à Kinshasa, c’est une opportunité mais également un défi de taille, celui des ressources humaines. Leurs employés, recrutés pour la plupart à la sortie des grandes universités kinoises, n’ont pas toujours les compétences techniques nécessaires pour devenir conseiller commercial, responsable ou encore directeur d’agence. Le Royaume-Uni, à travers son département pour le développement international (Department for International Development ou DFID) considère aussi l’éducation en RDC comme primordiale. Le 12 Juin 2013 a été lancé le projet Girls’ Education Challenge : financé par le gouvernement du Royaume-Uni, il vise à améliorer l’accès à l’éducation pour plus de 137 000 filles dans cinq provinces de la RDC ( en Bandundu, Equateur, Kasaï Oriental, Katanga et Province Orientale) où les niveaux d’apprentissage du cycle primaire sont les plus bas. Les partenaires innovants du secteur privé engagés dans ce projet ( tel que International Rescue Committee, Save the Children et Catholic Relief Services) auront un effet démultiplicateur qui permettra de soutenir davantage d’élèves de sexe féminin et de fournir une aide plus conséquente aux familles. Il ne faut pas oublier pour autant les autres projets en cours. Ainsi, depuis 2007 (et ce, jusqu’en 2017) le DFID pilote des actions qui vont de la construction et la réhabilitation de salles de classe à l’assainissement de nombreux établissements scolaires. Le gouvernement de sa Majesté est donc très impliqué dans l’aide à l’éducation de la RDC et continuera de l’être sur plusieurs fronts. Former un vivier de managers Approché par le Centre de Formation de la Profession bancaire (CFPB) de Paris, la Banque Centrale du Congo puis l’ACB, ont très vite vu la nécessité de créer des formations professionnalisantes au sein même du secteur bancaire. Elles ont choisi de proposer aux banques congolaises un cursus qui existe depuis 1950 à l’Institut Technique de Banque (ITB) et qui a déjà été adopté par 24 pays au- L’Unicef a engagé cette année un projet multiforme : amélioration de l’accès au milieu scolaire par le développement des infrastructures au profit du cycle préscolaire, appui à la mise en œuvre de mesures de protection sociale permettant d’inclure davantage d’enfants (filles, groupes exclus, etc.). Mais l’Unicef travaille aussi sur la qualité de l’enseignement en soutenant la création de standards nationaux: aide à la formation des enseignants, appui aux cours primordiaux comme la lecture et les mathématiques au premier degré, développement d’un suivi des apprentissages sont autant de domaines d’action de cette organisation. Le projet s’articule enfin sur la promotion et le renforcement d’une politique de partenariat et de coordination des différents acteurs et bailleurs impliqués dans la politique éducative en RDC. Rien d’étonnant à ce que cette entreprise gigantesque ne s’achève qu’en 2017. Valentin Leroy 18 © Bank of Africa La Banque Mondiale s’investit également dans la politique éducative au titre de son action globale et plurielle pour la stabilisation du pays et le rétablissement de l’État. En collaboration avec le gouvernement de la RDC, elle développe depuis 2007 un projet sur plusieurs fronts dans le secteur de l’éducation. Sont ainsi couverts des domaines aussi essentiels que l’accès à l’enseignement pour les populations congolaises, la réhabilitation de salles de classe, la distribution de matériels scolaires et de guides pédagogiques. Une des actions fortes du projet se concentre sur la formation de qualité pour les enseignants et l’évaluation de leurs apprentissages. L’objectif premier de la Banque mondiale est ainsi de maximiser l’accès à un enseignement scolaire de qualité dans un environnement sain et décent. delà des frontières de l’hexagone. Pour M. Degoy, il s’agit de créer un vivier de managers et de préparer l’avenir d’un secteur dont l’évolution est fulgurante. La première formation à Kinshasa a commencé en 2010. Dispensée dans les locaux de l’ACB, elle comporte une vingtaine de jours de cours par an sur deux ans. Les intervenants sont pour la plupart des cadres de grandes banques françaises ou congolaises qui suivent un programme établi par le CFPB. Les élèves sont des employés bancaires en poste depuis quelques années. Leur candidature est proposée par leur employeur ; ils passent ensuite des tests d’entrée dont les sujets sont composés à Paris et corrigés par l’ITB. Des formations pour tous Ce processus de sélection transparent constitue un bon outil pour les ressources humaines et le management. à partir de l’analyse des résultats, la commission «formation et social» a choisi de proposer deux nouvelles formations qualifiantes à partir de 2013, à destination des responsables des points de vente et des conseillers commerciaux, et de créer un brevet professionnel qui pourra être proposé en amont de DidierLusikila,diplômédel’ITBen2013,BobSeke,GrâceMimbwietSabinSabiheneencours de formation. l’ITB. Il devrait permettre aux employés du secteur bancaire du Congo de rattraper rapidement le niveau atteint dans d’autres pays de la francophonie. Dynamiser le marché du travail Le marché du travail en RDC connaît un paradoxe commun à beaucoup de pays en voie de développement : un taux de chômage très élevé et beaucoup de diplômés de l’université vivant d’expédients dans le secteur informel alors que certaines grandes entreprises pâtissent du déficit de professionnels qualifiés. La plupart ont donc recours à la formation continue pour les cadres, soit en interne, soit auprès de leurs sièges. Une autre alternative qui pourrait être développée est celle de l’alternance. Elle a déjà été adoptée par l’École supérieure de marketing de Kinshasa, dont les étudiants passent 50% de leur cursus en entreprise. Ils acquièrent des compétences et une culture qui facilitent ensuite leur entrée sur le marché du travail, d’autant plus qu’ils sont souvent recrutés par l’entreprise dans laquelle ils ont débuté, comme le précise Bruno Degoy, qui participe à l’expérience à travers BoA. Un succès Huit banques congolaises ont déjà choisi d’envoyer leurs employés suivre la formation ITB et sur les 19 candidats de la première promotion, 15 ont été reçus. Les effectifs de la seconde ont augmenté de plus de 30% et cette progression ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Ces formations, financées par les employeurs, ont l’avantage de donner accès à un diplôme reconnu à l’étranger et par plus de 25 000 diplômés dans le monde. Elles sont une véritable opportunité pour les employés, pour les banques mais surtout pour les clients qui bénéficieront à terme d’une amélioration considérable de la qualité du service qui leur est rendu. Perrine Piton 19 PLAIDOYER POUR UN NOUVEAU PIPELINE Total rdc accompagner le développement La République démocratique du Congo dépend essentiellement des produits pétroliers importés pour sa consommation en hydrocarbures. 80% de ces produits arrivent par la façade ouest du pays, à Moanda puis à Matadi. Après certification, ils sont acheminés par pipelines, camions et wagons citernes vers des dépôts de stockage. Ce métier de logistique est au cœur de la mission de SEP Congo. Des pipelines plus que cinquantenaires Des exigences en sécurité, sûreté et environnement Le réseau de pipelines congolais, plus de 700 km, va principalement du terminal pétrolier de SEP Congo situé à Ango-Ango (Matadi) vers les dépôts terrestres de SEP Congo, à Masina et Kinshasa – ville ou encore vers le dépôt aéroportuaire de N’Djili. Ils ont déjà plusieurs décennies et SEP Congo les exploite dans le cadre d’un contrat de concession entre l’état et leur propriétaire, Fina. Depuis 2012, le volume annuel transporté par ces pipelines a atteint 90% de leur capacité. SEP Congo envoie les produits pétroliers dans les pipelines grâce à des groupes motopompes. Ceux-ci servent à régulariser le débit des produits quand ils traversent les collines du Bas-Congo et à gérer un débit lent ou normal selon les exigences de l’approvisionnement. Leur degré d’utilisation actuel implique un entretien intensif et d’importants investissements dès 2014 pour faire face à la croissance des volumes transportés. Ces pipelines sont aériens ou souterrains et subissent une corrosion liée à l’humidité et aux matériaux utilisés dans les années cinquante. Ils doivent être régulièrement régénérés au rythme de 15 à 20 km par an. Les pipelines traversent des zones rurales et urbaines en expansion, dans lesquelles la réglementation congolaise, exigeant que dix mètres soient laissés libres autour de ces ouvrages, n’est pas respectée. Le détournement de trajet est parfois envisageable mais ne peut être qu’une solution d’exception. Les pipelines sont malheureusement régulièrement percés lors de travaux de dynamitage dans des carrières aux alentours ou encore par des indélicatesses tant urbaines que rurales (écobuage, vol de produits). SEP Congo fait son maximum pour anticiper ces accidents et en éviter les conséquences sur les hommes et l’environnement. 20 © TOTAL RDC ©SEPCongo économie à l’instar de nombreuses multinationales, l’entreprise Total RDC a su devenir un acteur majeur associant politique sociétale et développement économique au service des plus démunis en RDC. « Savoir s’implanter avec proximité dans un pays, c’est savoir comprendre et écouter, parler et réagir » se plaît à dire Léopold Tzeuton, administrateur directeur général de Total RDC. Un nouveau pipeline pour garantir l’approvisionnement de demain Entre 2012 et 2025, on estime que la consommation en hydrocarbures (produits blancs) du pays pourrait être multipliée par trois ou par quatre, sous l’effet cumulé de sa modernisation économique et de l’augmentation de sa population. Les pipelines actuels suffiront-ils dans ce contexte ? Ils sont aujourd’hui utilisés presque au maximum de leurs capacités. On peut imaginer de prolonger leur utilisation jusqu’en 2016 à condition d’optimiser la capacité de pompage et de la sécuriser. Mais après ? Cette problématique risque rapidement de freiner le développement économique du pays. Les professionnels du secteur ainsi que les autorités publiques, autour de SEP Congo, appellent dès aujourd’hui un consensus sur la construction d’un nouveau pipeline pour une mise en service au plus tard en 2018 - 2020. Georges Cevalte La santé Total RDC fait partie du Comité Interentreprises de Lutte contre le Sida (CIELS). Cette association à but non lucratif est le résultat d’un partenariat public privé qui a pour objectif de soutenir le développement de programmes de lutte contre le VIH/SIDA dans le milieu du travail. En plus des actions de plaidoyer menées au niveau national et en province, l’association propose aux entreprises membres des formations, des séances de sensibilisation à la prévention et des programmes pour faciliter l’accès aux soins et à un soutien psychologique approprié. Dans le domaine médical, Total RDC s’implique également dans un programme de lutte contre la malaria sur l’ensemble de la zone Afrique/ Moyen – orient. Enfin, elle appuie le Centre de médecine mixte et d’anémie SS de Kinshasa spécialisé dans la lutte contre la drépanocytose. Elle a, notamment, contribué en 2011 aux travaux de construction d’un nouveau bâtiment en vue d’augmenter la capacité d’accueil, d’améliorer la qualité de service et d’ajouter de nouvelles prestations. Le social L’entreprise soutient aussi le Centre orphelinat Lisanga ya Kristu (COLK) qui gère à Kinshasa un centre de formation professionnelle et un orphelinat dont les activités principales sont la prise en charge, l’hébergement, l’encadrement et la scolarisation d’enfants orphelins ou abandonnés. Situé dans la commune de Ngaba, le centre héberge actuellement plus de 150 enfants venant de plusieurs communes de Kinshasa. Une contribution conséquente a été récemment consentie au Centre Don Bosco de Goma comme soutien à son orphelinat « En avant les enfants de Goma » pour faire face aux besoins liés à l’afflux considérable d’enfants victimes de la guerre, abandonnés et souffrant de malnutrition. Cette structure, qui a été créée en 1988, en accueille désormais plus de 3 500. Environnement Enfin, Total RDC prend également part à la protection de la faune et de la flore congolaises en s’impliquant notamment dans la préservation de la population des singes Bonobos, une espèce endémique sérieusement menacée par le braconnage et la destruction de son environnement naturel. L’entreprise soutient le sanctuaire de protection de ces grands singes à travers un appui à l’association « les amis des Bonobos au Congo». Emery Busanya Photoci-dessus:LucHallade,ambassadeurde FranceenRDC,avisitélesinstallationsdeTotal RDCle13décembre2012.Uneoccasiondeprendre toutelamesuredesdifférentesréalisationsdecette entrepriseetdesesmultiplesactionssociétaleset environnementales. 21 économie ©PhotosBernardPoudevigne des raisons de transparence, Patrice Kitebi a rassuré le gouvernement français quant à l’utilisation rigoureuse des fonds libérés et au suivi minutieux de la mise en application du programme C2D. Il n’a pas manqué de saluer l’importance des fonds alloués par tous les partenaires de la RDC pour financer la lutte contre la pauvreté. Pour sa part, la ministre française a invité le gouvernement congolais à poursuivre les efforts de gouvernance pour améliorer le climat des affaires et attirer les investisseurs. La signature de ce C2D permettra à la RDC et à la France d’approfondir le dialogue autour de leur politique de réduction de la pauvreté, et ainsi, de renforcer un partenariat déjà riche. D’ores et déjà, des études de faisabilité sont en cours dans les secteurs définis par le C2D, afin d’assurer une mise en œuvre rapide de ce financement. Réduire la dette pour financer le développement avec le C2D Le mercredi 10 juillet à 10h, Patrice Kitebi et Yamina Benguigui, respectivement ministre délégué aux finances de la République démocratique du Congo (RDC) et ministre déléguée en charge de la francophonie du gouvernement français, ont signé un premier Contrat de Désendettement et de Développement (C2D). C’est dans le cadre de son effort d’allègement additionnel de dette que la France a conclu ce premier C2D avec La signature de ce nouvel accord la RDC, pour la période 2013-2016 et financier vient renforcer le solide par- un montant d’environ 106 M€. Une tenariat entre la RDC et la France. Lut- seconde phase portera le montant ter contre la pauvreté et soutenir une total du C2D à 170 M€ au terme de la croissance économique durable, tels période 2017-2022. sont les objectifs de ce contrat qui per- Au 30 juin 2013, l’encours de la dette mettra de mettre en œuvre des pro- due à la France s’élève à 304 millions de jets dans le domaine de dollars principalement l’éducation et de la forauprès de la Banque de « La quasi-totalité mation professionnelle, France (265,471 millions de l’accès à l’eau potable des créanciers de dollars) mais aussi de et de la gouvernance l’AFD (2,05 millions de de la RDC ont financière. dollars) et la COFACE déjà consenti des La conclusion de ce (36,497 millions de dolallègements de la contrat est le résultat lars). Cette dette redes efforts accomplis dette dans le cadre monte principalement à par la RDC depuis plula période mobutiste. En du processus de sieurs années pour aseffet, depuis plus de 25 l’Initiative PPTE.» sainir son cadre macroans, les pays de l’OCDE économique et renouer n’octroient plus de fiavec la communauté nancement sous forme des bailleurs de fonds internationaux. de crédit remboursable à la RDC. Ces efforts ont en effet permis au pays à ce jour, la quasi-totalité des créand’atteindre le point d’achèvement de ciers de la RDC ont déjà consenti des l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très En- allègements de la dette dans le cadre dettés) le 1er juillet 2010 et de bénéfi- du processus de l’Initiative PPTE. cier d’une annulation de dette de plus D’autres négociations sont en cours de 10,656 milliards de dollars. avec les banques commerciales du 22 AP RDC A5H-2012:AP RDC A5H-2012 13/12/12 18:21 Page1 Club de Londres et quelques créanciers bilatéraux. Ces allègements sont accordés sous forme de réduction du stock ou de prorogation de la maturité, la France seule ayant conclu un contrat du genre C2D. Cette démarche est une procédure d’annulation des créances pour les PPTE. Concrètement, les pays continuent d’honorer leur dette, mais aussitôt le remboursement constaté, la somme correspondante est reversée sous forme de don pour être affectée à des programmes de lutte contre la pauvreté sélectionnés d’un commun accord avec le pays partenaire. Assister les gouvernements et les institutions internationales dans la facilitation des échanges commerciaux pour Un appui ciblé En RDC, plusieurs secteurs d’intervention ont été identifiés pour affecter ces fonds : l’éducation (40 M€) et la formation professionnelle (25 M€), l’accès à l’eau (18 M€) et la gouvernance financière (10M€). Chacun de ces secteurs a été jugé prioritaire par les deux gouvernements. Au nom du gouvernement congolais, le ministre Kitebi a remercié la France pour son accompagnement dans la lutte contre la pauvreté en RDC. Pour Protéger le consommateur en matière de sécurité et d’environnement Assurer le respect des réglementations en vigueur et la conformité des marchandises aux spécifications contractuelles Mettre à disposition un outil performant de suivi et de gestion du commerce extérieur http://verigates.bureauveritas.com *Avançons en confiance Une croissance économique durable Clara Arnaud Pour en connaître les modalités, nous vous invitons à nous contacter. Bureau Veritas / BIVAC RDC avenue des Etoiles 22 09 - La Gombe Kinshasa – République Démocratique du Congo Tél. : + (243) 09 90 03 69 10 / 11 Bureau Veritas - Services aux Gouvernements & Commerce International 67/71 Boulevard du Château - 92200 Neuilly-sur-Seine - France Tél. : +33 1 55 24 77 65 - Fax : +33 1 55 24 70 40 - [email protected] www.bureauveritas.com/gsit Move Forward with Confidence * © Photos AFD / Joseph Moura économie bâtir l’école de demain Le 5 juin 2013, douze écoles primaires étaient inaugurées dans la sous-province éducationnelle de Kenge et une dans la province du Bandundu par Maker Mwangu, ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP) et Luc Hallade, ambassadeur de France en RDC. La réhabilitation de ces écoles comme de six autres situées dans les provinces du Bas-Congo et de Kinshasa, financée par l’Agence Française de Développement (AFD) dans le cadre du projet Appui à l’Enseignement Primaire (APEP), est le fruit de l’engagement de multiples acteurs: le ministère dans l’identification des écoles cibles et dans le suivi des travaux ; Caritas Kenge, dans l’organisation du chantier école puis dans le suivi technique des travaux et la mobilisation des communautés; l’équipe du projet APEP, en appui au ministère de l’EPSP (MEPSP) et à l’ensemble des acteurs du projet ; des entreprises formées à la construction en briques de terre compressée stabilisée ; les communautés dans l’apport des matériaux locaux et la fabrication des briques mais aussi dans 24 le suivi quotidien des chantiers. Une plaque à l’effigie d’un des briquetiers témoigne de cet engagement de la communauté tout au long du projet. Des écoles de qualité Au total, ce sont 112 salles de classe qui ont été équipées et 170.000 enfants qui pourront utiliser ces écoles de qualité dans les trente prochaines années. L’accent a été mis sur le recours à des matériaux de construction et d’aménagement locaux. En province, le prix élevé des matériaux incite à privilégier de nouveaux modes de construction tout en respectant les normes minimales de qualité définies par le MEPSP, qui garantissent à l’enfant et à l’enseignant un environnement spacieux, lumineux, ventilé, propice à l’enseignement et MakerMwanguetLucHallade,le5juin 2013,lorsdel’inaugurationdesécoles reconstruitesgrâceaufinancementapporté parl’AFD.CopyrightQuentinLebègue. au maintien des enfants dans l’école tout au long du cycle primaire. Priorité à l’éducation L’éducation est un des trois secteurs de concentration de l’aide française en RDC. à travers le projet APEP, doté de 5 millions d’euros, présent dans trois provinces (Bandundu, BasCongo et Kinshasa) et en partenariat avec la Coopération Technique Belge, outre la réhabilitation et la construction d’écoles, l’AFD appuie également le MEPSP à la formation continue de 2 000 enseignants selon des méthodes innovantes. Un accent particulier est mis sur l’enseignement du français, ainsi que sur des techniques d’enseignement adaptées à de grands effectifs d’enfants par classe. Ce dernier point est essentiel pour répondre à la hausse des effectifs induits par la gratuité scolaire. L’AFD appuie enfin la mise en œuvre du Plan Intérimaire de l’Éducation (PIE) et la coordination des bailleurs autour des objectifs définis par ce dernier de façon à ce que les soutiens ainsi apportés aux budgets, tant provinciaux que national, contribuent à assurer un enseignement de qualité pour les 15 millions d’élèves aujourd’hui dans le primaire et les 20 millions attendus en 2030 en RDC. Le projet APEP a permis de tester une nouvelle approche impliquant de multiples acteurs autour d’un projet commun. Fort de cette expérience, le MEPSP a lancé un programme de construction de 1000 salles de classes sur ressources propres. Le gouvernement congolais a également décidé d’affecter une enveloppe de 40 millions d’euros à l’éducation primaire sur les ressources du Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) signé le 10 juillet dernier avec le gouvernement français. Sur ces 40 millions d’euros, 15 millions d’euros seront utilisés pour la réhabilitation d’un peu plus de 240 écoles aujourd’hui délabrées, toujours dans les trois provinces du Bandundu, de Kinshasa et du Bas-Congo. Des missions de l’AFD et du MEPSP se sont déjà rendues en province pour rencontrer et sensibiliser les acteurs locaux sur les prochaines étapes : identification des écoles, recrutement Larécréation–Prèsde5millionsd’enfantsetadolescentssontaujourd’huiexclusdusystèmescolairecongolais, en majorité des filles. Copyright AFD Joseph Moura Fabricationdesbriquesdeterrecompresséestabiliséeparlescommunautés.CopyrightAFDJosephMoura 25 des agences locales d’exécution, organisation des chantiers écoles, recrutement des entreprises, formation de tous les acteurs au suivi de chantiers avec l’appui d’un bureau spécialisé en ingénierie de la construction scolaire qui se déploiera à Kinshasa, dans les trois provinces et sur le terrain. Les écoles qui seront sélectionnées pour être réhabilitées, voire reconstruites doivent permettre d’accroître la scolarisation, en particulier des filles. Afin d’appuyer le MEPSP dans la maîtrise de ses effectifs, la prio- rité sera donnée aux écoles reconnues par l’État afin notamment de s’assurer que les enseignants sont payés. Ce point est essentiel pour que la gratuité visée soit effective. Le gouvernement français accompagnera également le gouvernement congolais dans cet effort de régularisation de la paie pour 25.000 enseignants jusqu’alors non rémunérés et de formation continue des enseignants. Virginie Leroy © Photos AFD / Joseph Moura Témoignage Cyprien Makakala, directeur depuis dix ans de l’école de Kassombo, construite au cours du chantier école organisé pour former les entreprises et les communautés à la fabrication des briques en terre compressée. « Avant, nous avions des bâtiments délabrés, les enfants fuyaient l’école. L’école compte 380 élèves à ce jour. Nous avons désormais aussi une salle de direction, une salle des enseignants et un dépôt pour le matériel, ainsi que des sanitaires. Les nouveaux bâtiments respectent les normes et sont beaucoup plus fonctionnels. Les enfants sont très calmes et les professeurs se déplacent librement. Nous n’avons plus à envier la ville ! Tout le monde au village est fier de cette école. Les autorités qui passent par ici s’arrêtent pour la visiter. Les enfants affluent : nous avons cinquante nouveaux élèves depuis la fin des travaux. Les écoles sont si belles que les gens pensent que ce sont des universités ! » Trois questions à Rémi Mungungu, architecte à la direction des infrastructures du MEPSP I.: Quel est le rôle du MEPSP dans ce projet ? Rémi Mungungu : Le MEPSP est le maître d’ouvrage du projet. à travers la direction des infrastructures, il édite les normes des constructions scolaires. Dans le cadre du projet APEP, il accompagne la construction et s’assure qu’elle respecte les normes. Pour ce faire, il assure un suivi de proximité. I.: Qu’entendez-vous par suivi de proximité ? R.M.: Grâce aux formations dispensées aux comités de parents d’élèves, nous les rendons capables de prendre le relais de la cellule projet. Ils doivent pouvoir eux aussi suivre les travaux, être les garants de la bonne exécution du projet. Nos modules de formation sont destinés directement aux bénéficiaires, qui prennent donc une part active dans le projet. C’est à cette condition que le projet sera durable. I.: Quelles sont les caractéristiques des écoles du projet APEP ? R.M.: Elles doivent être solides et durables. Elles sont construites en majeure partie avec des matériaux locaux, selon des techniques faciles à diffuser. Ce sont aussi des écoles fonctionnelles, lumineuses, ventilées et faciles d’entretien. Nous pensons qu’elles dureront trente ans au contraire des écoles précédentes qui nécessitaient des travaux annuels. 26 3 QUESTIONS à DOSSIER DANIEL MUKOKO SAMBA Réformer l’état par le budget L’hôtel Fleuve Congo a été le théâtre, le 5 juin dernier, d’une importante conférence sur le thème « Vision et stratégie pour la réforme budgétaire». Présidée par le VicePremier Ministre et ministre du budget, elle a rassemblé un auditoire aussi vaste et varié que les membres du gouvernement, les partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC, les représentants des institutions parlementaires et de contrôle, enfin les cadres des administrations financières centrales et provinciales. Cette conférence s’inscrit dans le processus de reconstruction de l’état. Retour sur une réforme fondatrice. Dossier réalisé par Patrick Botrel et Philippe Larrieu 28 ©PerrinePiton VICE PREMIER MINISTRE MINISTRE DU BUDGET Impact : Monsieur le Vice-Premier Ministre, vous vous êtes personnellement investi dans un important séminaire national qui s’est tenu à Kinshasa le 5 juin dernier. Pouvezvous nous en donner les raisons ? Vice-Premier Ministre : Comme vous le savez certainement, la gestion des finances publiques a été pendant longtemps l’un des maillons faibles de l’État dans ce pays. Et évidemment, quand les ressources publiques ne sont pas gérées de manière optimale, cela porte atteinte à l’autorité de l’État, à sa crédibilité, à l’efficacité de l’action publique. C’est donc à la suite d’un diagnostic objectif du système, des pratiques mais aussi des résultats, qu’avec l’appui des principaux partenaires au développement, tant bilatéraux que multilatéraux, le gouvernement s’est doté d’un plan stratégique de réforme des finances publiques. Or l’un des axes majeurs de ce plan stratégique, c’est la réforme budgétaire. Mais la réforme budgétaire est aussi, aujourd’hui, un impératif. Je rappelle que le pays s’est doté depuis 2011 d’une nouvelle loi relative aux finances publiques, dont l’objectif principal est sonnes capables d’en comprendre de mettre un terme aux dysfonctionles rouages pouvaient accéder aux nements en matière de ressources publiques. gestion des finances Or la nouvelle loi nous publiques, de prépara« La nouvelle loi demande d’opérer une tion et d’exécution des transition vers un budnous demande budgets. Mais cette loi, get élaboré selon le une transition inspirée d’ailleurs de la principe de la gestion loi française (la LOLF), axée sur le résultat. vers un budget implique aussi un chanC’est une transition de élaboré selon gement majeur. Peuttrès grande ampleur être est-il important de en ce qu’elle implique le principe de la rappeler ici qu’il y a eu de changegestion axée sur beaucoup des périodes où, dans ments dans la manière le résultat.» ce pays, l’État a foncdont l’État est organisé, tionné toute une année dans les modalités de sans budget, plus prépriorisation des actions cisément sans qu’un budget n’ait été publiques, d’affectation des moyens voté, ni promulgué par le Chef de à ces actions publiques, et dans la l’État. Pourtant au cours de l’exercice manière dont il faut par la suite évaen question, les recettes étaient colluer les performances des gestionlectées et les dépenses effectuées. naires des crédits publics. Donc, cet Pendant de très longues années aussi, atelier a été l’occasion pour moi, en le budget avait peu à peu perdu sa tant que ministre du budget, de dire crédibilité : on y inscrivait des chiffres, à toutes les parties prenantes quelle et puis on exécutait tout autre chose. est la vision et quelle est la stratégie Mais le plus grave peut-être, c’est selon lesquelles nous allons réussir que le budget était devenu ce que cette transition. Parce qu’il nous faut j’ai l’habitude d’appeler un budget partir de l’existant ! Nous travaillons pour initiés : seul quelques peren effet dans un domaine dans lequel 29 un « big bang », c’est-à-dire la mise en la manière dont le gouvernement a place d’un nouveau système du jour exécuté les autorisations budgétaires au lendemain, est impensable. Au qui lui avaient été conférées contraire, il faut mettre en place ce par le parlement. Donc je crois système de manière progressive en profondément qu’il y a un intérêt «tuant à petit feu » le système exis- réel à faire participer le citoyen tant sans l’éliminer définitivement, au processus budgétaire dans ses et en faisant naître progressivement, différentes phases. Et il est de notre sans cassure, le nouveau système. devoir, de notre responsabilité, d’être C’est un peu cela la tâche délicate que le plus transparents possible, parce nous avons et comme vous pouvez que plus l’opinion publique demande le constater, dans ce processus où il des comptes, plus ceux qui gèrent et y a deux systèmes qui exécutent le budget vont d’une manière « Les ressources doivent faire preuve de ou d’une autre coexisrigueur. publiques, ter mais l’un finissant, J’en viens au budget l’autre naissant, il faut instrument c’est l’argent de comme également préparer les pour réformer l’État: tous pour tous.» si le budget prend en esprits à adopter ces nouvelles méthodes, compte l’argent de tous ces nouveaux instruments. D’ailleurs au service de tous, il faut s’assurer ces instruments, il va falloir les créer, que ces ressources publiques servent les expérimenter avant de les mettre vraiment à atteindre les résultats du en œuvre. Et pour ce faire il va fal- développement. Or il y a un lien entre loir former les utilisateurs. Tel était la manière dont l’État est organisé l’objet de ce séminaire national. La et la manière dont le budget est vision ayant été clairement définie, réellement au service de résultats la stratégie ayant été annoncée, mes du développement. La réforme de collaborateurs ont, après cet atelier, l’État étant une nécessité dans ce continué à travailler sur les plans opé- pays, il y a plusieurs manières de rationnels qui vont régir ce processus l’entreprendre. Il est possible de « à la Schumpeter » de destruction faire adopter un ensemble de lois créatrice. séparées, pour initier des réformes dans l’armée, dans la police, dans la I.: Au cours de ce séminaire, vous justice, et ainsi de suite. Mais il y a un avez parlé de « réformer l’état par élément « contraignant », qui peut le budget » et de « consolider la accélérer ces différentes réformes : démocratie par le budget ». Pouvez- le budget. Car pour être crédible, le vous préciser ces deux concepts budget doit prévoir des garde-fous pour nos lecteurs ? qui sont autant de moyens de lutter contre le gaspillage des ressources. Et V.P.M.: Ce sont les deux concepts c’est donc par cette approche que l’on fondateurs de mon action depuis peut accélérer les réformes dans les que je suis ministre du budget. Les différents secteurs. Prenez l’exemple ressources publiques, c’est l’argent de la bancarisation : dans le secteur de tous. Ce n’est pas l’argent des de l’enseignement, pendant de très ministres, ce n’est pas l’argent de longues années, le trésor ne savait ceux qui ont accès aux ministres. pas qui il rémunérait, tout simplement C’est l’argent de tous, pour tous. parce qu’il se contentait de payer En conséquence, le budget est des postes budgétaires. Seuls les fondamentalement un véhicule de gestionnaires des écoles pouvaient consolidation de la démocratie en ce savoir quels enseignants prestaient. que, dans sa conception classique, Or aujourd’hui, lorsque nous disons il est élaboré dans la transparence, que nous voulons payer tous les soumis à l’approbation parlementaire, fonctionnaires, tous les agents de voté comme une loi et promulgué l’État par voie bancaire, cela signifie par le chef de l’État. Enfin la boucle que le trésor, au moment où il libère est bouclée quand une autre loi de les fonds, doit connaître l’identité reddition des comptes témoigne de des agents et leur numéro de compte 30 bancaire. Une telle approche va donc entraîner un changement radical dans la gestion des ressources. J’espère avoir explicité ces deux concepts. Pour résumer, le budget, aujourd’hui, doit cesser d’être l’affaire de ceux qui viennent travailler dans la commune de la Gombe. Il faut que l’enseignant qui est à Kasumbalesa, que le fonctionnaire qui est à Malembankulu, s’intéressent à ce qu’il y a dans le budget, sachent ce qu’ils peuvent en attendre en tant que citoyen congolais pour ce qui est de l’exercice 2013. Et comme nous sommes en train de préparer le budget 2014, qu’ils en soient informés au moment où nous l’élaborons, qu’ils soient intéressés à en suivre le débat au parlement et, au moment de son exécution, qu’ils puissent y retrouver les attentes qu’ils avaient formulées. I.: La crédibilité du budget de la RDC passe par la maîtrise de la dépense publique et une meilleure mobilisation des ressources. Comment comptez-vous y parvenir ? V.P.M.: Si le budget n’est pas crédible, l’action publique ne peut pas être efficace : l’État n’est plus capable d’agir de façon appropriée pour avoir une influence, un impact sur la vie des citoyens. Or la crédibilité du budget est une chose simple : il faut que ce qui est inscrit dans le budget reflète effectivement une politique publique visant à atteindre des résultats clairement identifiés ; et il faut qu’au cours de sa mise en œuvre, le budget soit exécuté tel qu’il avait été élaboré. Car les effets sont multiples. D’abord vis-à-vis de ceux qui sollicitent les crédits et qui seront davantage motivés à améliorer leurs prévisions budgétaires s’ils constatent dans le budget une concrétisation de leurs demandes ; mais aussi à l’égard de ceux qui exécutent la dépense publique. Car si en fin d’exercice, les crédits n’ont pas, ou peu, été consommés, et si une telle situation perdure pendant plusieurs années, les intéressés n’auront plus aucune motivation à mettre du sérieux dans les prévisions budgétaires. Le budget devient alors une formalité. Symptomatiques sont les cas où des responsables se rendent aux confé- rences budgétaires pour formuler des viens de le dire ce travail doit être demandes parfois sans aucun lien avec engagé au moment de l’élaboration ce que fait leur service, sans lien entre des politiques publiques, de façon à les missions que l’État et la collectivité ce qu’elles trouvent une traduction attendent d’eux et les moyens qu’ils adéquate dans les prévisions sollicitent. Et quand budgétaires. Mais il y a d’autres exécutent le aussi l’autre aspect : la « Sur 360 taxes, budget, ils ne se prérecette. C’est peut-être occupent pas de savoir 20 génèrent 80% d’ailleurs l’aspect qui s’ils ont les moyens été le moins discuté des recettes. Un ajusqu’ici nécessaires pour exédans ce pays. grand nombre de Nous sortons d’une cuter leur mission de service public. Donc taxes ne sont pas longue période, peutc’est ce combat là qu’il être deux décennies, au rentables.» faut gagner, et cela cours desquelles nous signifie qu’il faut que avons fait l’ajustement le budget soit préparé budgétaire par la de manière plus sérieuse et qu’il soit dépense. Je crois que le moment également exécuté dans le respect est arrivé de faire aussi l’ajustement des procédures. budgétaire par la recette. Et là Je voudrais juste vous donner un aussi, il y a un problème de qualité exemple que je vis quotidiennement. de la recette. Tel prélèvement estVous avez parlé tout à l’heure de la il rentable ? S’il n’est pas rentable qualité de la dépense. La qualité de la pourquoi le maintenir dans notre dépense est aussi un facteur important dispositif fiscal ? S’agissant des de la crédibilité budgétaire. Mais juger recettes non fiscales, nous savons de la pertinence de la dépense, c’est aujourd’hui que nous partons d’un aussi un peu le rôle du ministre du arsenal, au niveau du pouvoir central budget. Car si cette dépense est jugée uniquement (je ne parle même pas de régulière par le service du contrôle ce qui se passe au niveau des provinces budgétaire, les crédits existants ayant ou des autres entités locales), de 580 été sollicités selon les procédures différentes taxes ; nous en sommes établies, mais que de toute évidence aujourd’hui à environ 360 alors que il apparaît qu’elle n’est pas pertinente, moins de 20 d’entre elles concourent c’est là que le problème se pose. Il se à 80% des recettes non fiscales. pose en amont: c’est au moment de Cela donne matière à réflexion. Il y a l’élaboration du budget que l’on aurait certainement un grand nombre de dû se rendre compte que ces créditstaxes qui ne sont pas rentables du là n’étaient pas pertinents par rapport tout. Et si elles ne sont pas rentables, à la mission du service concerné ; au pourquoi les garder dans notre arsenal moment de l’exécution du budget, il dès lors que le personnel affecté à leur est trop tard pour régler le problème. collecte coûte plus cher que la rentrée Donc c’est l’effort que nous faisons d’argent correspondante ? désormais et c’est la raison pour Tels sont les débats que nous avons laquelle nous avons eu, il y a quelques lancés depuis quelques temps et qui jours, des discussions autour du vont se poursuivre. Nous pensons cadre budgétaire pour la période effectivement qu’en agissant tant du 2014 – 2016. Il s’agissait de rappeler côté de la recette que de celui de la aux différents services dépensiers dépense, nous allons progressivement qu’ils devaient mieux interroger - nous ne le ferons pas en une année leurs politiques publiques et mieux rendre le budget un peu plus crédible. aligner leurs sollicitations de crédits aux missions qui sont les leurs et aux résultats de développement que la collectivité attend d’eux. Propos recueillis Mais bien sûr le budget, ce n’est par Philippe Larrieu pas que de la dépense. Certes, il y a un travail à faire pour améliorer la qualité de la dépense, et comme je ©PerrinePiton Dossier Daniel Mukoko Samba, professeur d’économie à l’université de Kinshasa, a été directeur de cabinet du Premier Ministre Adolphe Muzito puis collaborateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avant de devenir ministre du budget du gouvernement Matata depuis le 28 avril 2012. Il est originaire du Bas-Congo et membre du Parti Lumumbiste Unifié (PALU). Il a obtenu son mastère en économie à l’université de Kinshasa et à l’université d’Oita au Japon, et son doctorat en développement urbain et régional à l’université de Tsukuba au Japon. 31 Une accélération salutaire La réforme budgétaire vise à instaurer un changement de la culture de gestion au sein des administrations financières de l’Etat, tant au niveau central qu’aux échelons décentralisés. L’objectif est de passer d’une logique de moyens à une logique du résultat par la performance, conformément à la nouvelle constitution financière matérialisée par la loi relative aux finances publiques (LOFIP). Initiée mi-2012, cette démarche repose sur les étapes suivantes : 1. recueil d’informations sur les expériences des pays ayant conduit ou étant actuellement engagés dans des processus de réforme des finances publiques afin d’en tirer les leçons ; plusieurs hauts cadres des administrations financières se sont ainsi rendus en France (octobre 2012), au Burkina Faso (décembre 2012) et à l’Ile Maurice (avril 2013) ; 2. appropriation du texte fondateur de la réforme des finances publiques autour d’un atelier de lecture et d’analyse de la LOFIP (décembre 2012) ; 3. conférence internationale aux fins de communiquer sur la vision et la stratégie de la réforme (5 juin 2013) ; 4. élaboration d’un plan d’action stratégique pour la période 2013 - 2018 et d’un programme d’action opérationnel pour la Dossier La planification prévisionnelle globale sur la période 2013 - 2018 repose pour sa part sur les étapes suivantes : • mise en œuvre d’un vaste programme de formation destiné à accompagner la réforme ; • poursuite de l’exécution de programmes de mesures d’amélioration annuels et évaluation de ces derniers ; • conception et élaboration des référentiels du budget pro- • • gramme et de la gestion axée sur les résultats au cours de la période 2014 – 2016 ; expérimentations dans les services au cours de la période 2016 – 2017 ; exécution d’un budget programme à titre de prototype en 2018 avant la généralisation de la budgétisation programme escomptée en 2019. période 2013/2014/2015 (en voie de diffusion). La stratégie s’articule autour de plusieurs blocs constitutifs de la réforme tels que le pilotage, l’amélioration du système budgétaire existant, l’introduction du budget programme, la formation, enfin la mise en œuvre de systèmes d’information et de télécommunications. LES OUTILS DE LA RéFORME La réforme budgétaire s’appuie sur une panoplie d’outils de référence : • la constitution du 18 février 2006 révisée le 20 Janvier 2011 ; • la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques ; • le plan stratégique de réforme des finances publiques (mai 2011) ; • « Réformer l’État et consolider la démocratie par le budget, recherche d’une démarche pour la RDC» (mai 2013) ; • « Dix questions pour comprendre les aspects budgétaires de la loi relative aux finances publiques » (Juin 2013). 32 Le5juinàl’hôtelFleuveCongolaconférenceVisionetstratégiepourlaréforme budgétairearassemblédenombreuxmembresdugouvernement,tousconcernésparla nouvelle orientation des finances publiques. 33 depuis 2012 le budget de l’état BIEN S’ENTENDRE SUR LES MOTS • Extrait de la Loi relative aux finances publiques et du document « Dix questions pour comprendre les aspects budgétaires de la loi relative aux finances publiques » • • • • • • 34 LOFIP. Loi n°11/011 du 13 Juillet 2011 relative aux finances publiques Loi de finances de l’année : acte par lequel sont prévues et autorisées par le Parlement, les ressources et les charges du pouvoir central pour un exercice budgétaire donné. Politique publique : ensemble des décisions et des mesures prises par une autorité publique dûment mandatée définissant des objectifs à atteindre, inscrites dans un cadre général d’action et dans un contexte prescriptif. Politique budgétaire : ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics, relatives aux dépenses et aux recettes de l’État, visant à atteindre certains équilibres et objectifs macroéconomiques. Programme : ensemble cohérent d’actions qui regroupe les crédits destinés à un même ministère. Le montant des crédits du programme est limitatif. Lui sont associés une stratégie, des objectifs précis ainsi que des résultats attendus dans la durée. • • • Fongibilité des crédits : faculté pour le gestionnaire de définir la destination et la nature des dépenses lors de l’exécution du programme pour en optimiser la mise en œuvre. Budget de l’État : un document, la Loi de finances, contenant les prévisions des recettes et des dépenses du pouvoir central consolidées avec celles de provinces. Dans le contexte de la décentralisation il existe au niveau provincial l’édit budgétaire et au niveau local la décision budgétaire. Budget pluriannuel : document contenant les prévisions des recettes et des dépenses sur plusieurs années et dont l’objectif consiste à sécuriser la trajectoire des finances publiques et à donner une meilleure visibilité aux gestionnaires sur les moyens dont ils disposent. Il intègre deux objectifs : l’équilibre budgétaire et la soutenabilité budgétaire. Cadre budgétaire à moyen terme : cadre d’intégration de la politique budgétaire et de budgétisation à moyen terme dans lequel les prévisions des agrégats budgétaires sont liées à un processus rigoureux d’établissement d’estimations budgétaires à moyen terme ventilées par ministère et fondée sur la politique des pouvoirs publics. équilibre budgétaire : état de budget dont les recettes sont égales aux dépenses. 35 Société A la rencontre des enseignants de RDC Luc-Delphin Sombe, 42 ans, enseignant dans le secondaire à Kisangani (Province Orientale). I.: Dans quel établissement enseignez-vous ? Quelles sont ses caractéristiques? L-D.S.: J’enseigne depuis 2009 au Lycée Annuarite dans la ville de Kisangani, établissement créé en 1969 par Mgr Augustin Fataki, alors archevêque 36 I.: Quelles sont selon vous les qualités requises pour pouvoir devenir enseignant en RDC ? L-D.S.: La règle est qu’il faut être qualifié dans un domaine quelconque (français, histoire, géographie, mathématiques ou autres) et avoir effectué un stage de professionnalisation de 3 à 6 mois avant d’être envoyé comme titulaire au sein d’un complexe scolaire que nous pouvons choisir nous-mêmes (en fonction des vacances de postes). Néanmoins, la réalité est loin de cette pratique idéale car aujourd’hui tout le monde, diplômé ou non (et ce phénomène est particulièrement aigu dans l’arrièrepays) peut devenir enseignant. I.: A quelles difficultés quotidiennes devez-vous faire face dans la pratique de votre métier ? I.: Selon vous, dans le contexte actuel en RDC, quels sont les principaux défis que doivent relever les autorités pour l’amélioration de l’enseignement ? I.: Ces difficultés ont-elles toujours été présentes ? Si oui, depuis quand et quelles en sont les causes selon vous ? L-D.S.: Cette situation existe, si j’en crois mon expérience, au moins depuis 1996, date à laquelle le système éducatif s’est effondré. La raison majeure en était et est encore le manque de subventions (et donc les carences de l’État en la matière) vis-à-vis des écoles publiques en général. On assiste en outre, et il s’agit là de mon cadre de travail, à une sorte d’abandon de la prérogative de l’État sur les écoles gérées par les congrégations (on pense communément, mais à tort, que les congrégations reçoivent de nombreuses aides de l’extérieur). I.: A quoi ressemblent vos journées en semaine ? L-D.S.: Ma journée est la suivante : de 7h30 à 12h30, cours au lycée ; de 13h à 16h30, cours extra-muros dans les écoles environnantes ; de 17h à 19h, © Photos Romain le Chequer Luc-Delphin Sombe : J’ai tout d’abord suivi les humanités littéraires, option latin et philosophie au petit Séminaire Sainte Croix à Bondo dans le Bas-Uélé. J’ai ensuite pu intégrer l’Institut supérieur pédagogique pour deux cycles: le graduat en français – latin et la licence en français. Les raisons pour lesquelles je me suis destiné à l’enseignement ont été d’abord la rencontre avec un professeur de français (originaire de Bretagne) qui nous stimulait, nous élèves de sa classe (j’avais alors 14 ans) afin sans cesse d’améliorer nos capacités et connaissances ; il nous poussait à lire des romans (mon ouvrage préféré est d’ailleurs « Un piège sans fin » d’Olympe Bhêly-Quénum, auteur béninois), des magazines tels que Jeune Afrique ou Kouakou qui nous reliaient avec les actualités du continent. Plus tard seulement, le constat du bas niveau de l’enseignement et la mauvaise utilisation de la langue par l’élève congolais ont confirmé mon souhait d’enseigner. de la ville. L’établissement compte aujourd’hui 800 élèves filles réparties dans 17 classes, à raison de 47 élèves par classe. Vous imaginez donc les difficultés de gestion d’effectifs aussi importants. L’école dispose en outre d’un internat avec une capacité de 80 personnes, qui est toujours complet. Certaines branches spécifiques, telle que celle du latin, manquent particulièrement d’inspecteurs. Je pense que le discours dominant que nous entendons sur les améliorations et les perspectives encourageantes est davantage politique que technique. L-D.S.: Je dois souvent faire face au manque de matériel (ordinateur, accès à Internet, ouvrages de méthodologie de base sur l’ensemble des disciplines enseignées) mais également au problème de sur-effectif dans les classes : cela rend en effet le travail harassant et moins efficace. Nous sommes, ceci dit, heureux si l’on compare notre situation à celles de la plupart des écoles qui ne disposent pas de bibliothèque, de salle des professeurs, d’eau et électricité, ou même de toilettes correctement entretenues. A l’école primaire, secondaire, ou à l’université, les enseignants sont les artisans de l’instruction des enfants et des jeunes de RDC. Leurs conditions de travail sont loin d’être évidentes mais ils exercent leur métier avec conviction et courage et c’est aussi ce qui peut faire la différence. IMPACT a recueilli le témoignage de deux d’entre-eux. IMPACT : Quelle formation avez-vous suivie et êtes-vous diplômé? L’envie d’enseigner était-elle une vocation ? cours de français à l’Alliance française de Kisangani ; de 19h à 21h, lecture et préparation (à la maison). Tout cela, que ce soit en termes de temps ou de finances, ne permet pas de bénéficier d’un déjeuner ne serait-ce que tout simple. I.: Sentez-vous que vos partenaires (inspectorat, ministère provincial, autorités nationales) attaquent les problèmes du système d’enseignement de manière efficace ? L-D.S.: L’action ou l’intervention de ces partenaires ne se fait pas sentir, ou si vous voulez, elle n’est pas visible. Ainsi, l’encadrement pédagogique des enseignants par les inspecteurs ne se fait que de manière sporadique. L-D.S.: Il faut commencer par payer des salaires décents et réguliers à tous les enseignants engagés par l’EPSP, puis équiper les écoles existantes et les subventionner et finalement, revoir les processus de recrutement afin de n’engager que des enseignants qualifiés I.: Quelles initiatives souhaiteriezvous voir prises pour améliorer le niveau de l’éducation dans le pays? Mr.Luc-DelphinSombe L-D.S.: Le gouvernement de la République doit tout faire pour augmenter sensiblement le budget de l’État alloué à l’enseignement. Il faudrait également redynamiser les coopérations en matière d’enseignement avec des pays comme la France et la Belgique afin de bénéficier de leurs appuis didactiques et pédagogiques. I.: Quels conseils pourriez-vous donner à un étudiant qui envisagerait de suivre votre voie ? L-D.S.: Aimer l’enseignement et se former en permanence, sans quoi on déchante rapidement… I.: Avez-vous un message à faire passer aux lecteurs de ce magazine ? L-D.S.: Je souhaite terminer en rappelant que l’avenir de ce pays dépend en très grande partie d’une jeunesse qui doit et devra être bien formée et instruite afin d’assumer ses responsabilités futures. Dans le cas contraire, comment garder l’espoir de l’amélioration de notre situation à tous. Propos recueillis par Romain le Chequer 37 François Lubala, professeur de géologie générale, géologie de l’Afrique et de la R.D.Congo, pétrologie magmatique, vulcanologie, et géologie régionale approfondie. Il enseigne à l’université de Lubumbashi en 1er, 2ème et 3ème cycle. IMPACT : Quelles sont les raisons qui vous ont dirigé vers l’enseignement supérieur? Les raisons de la filière enseignée? Francois Lubala : Engagé comme assistant en 1976, j’ai rejoint un projet de recherche portant sur le «Magmatisme associé à l’ouverture de la branche occidentale du système des rifts est-africains» animé par la Mission géologique universitaire française et qui impliquait les universités d’AixMarseille III, de Paris-Orsay, de Clermont-Ferrand et de Nancy I. Pour la réalisation des travaux de terrain, une base logistique était montée à Bukavu tandis que les travaux préliminaires de laboratoire étaient conduits à Lubumbashi et les analyses spécialisées de laboratoire étaient réalisées en France. Les résultats obtenus dans le cadre de ce projet ont conduit à la publication d’une trentaine d’articles dans les revues internationales, la rédaction de cinq thèses de doctorat au Congo et en France et à plusieurs dizaines de communications scientifiques dans des colloques et congrès internationaux. Ceci a permis au département de géologie de Lubumbashi d’acquérir une expertise internationalement reconnue dans le domaine du magmatisme et de la distension intraplaque continentale. d’avoir une rigueur scientifique et de bonnes qualités pédagogiques et morales. I.: Quels sont les défis du système éducatif congolais? I.: Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ? Les difficultés de l’enseignement supérieur en RDC ? F.L.: Les curriculas doivent être adaptés aux exigences internationales et aux besoins du pays pour son développement. Il est également nécessaire de construire de nouvelles infrastructures et de rénover celles existantes pour augmenter leurs capacités et permettre à chacun d’étudier dans des conditions correctes. Finalement, le développement du pays passe également par la promotion et le financement de la recherche fondamentale et appliquée. F.L.: Le métier de professeur est à la fois noble et exaltant ; dans notre pays la formation des futurs cadres est essentielle. Par ailleurs, sur le plan personnel, le statut de professeur permet une certaine flexibilité en terme d’horaires qui permet d’avoir une vie de famille et des activités alternatives. Malheureusement les infrastructures universitaires sont insuffisantes et souvent en inadéquation avec la population estudiantine. L’absence de crédits de recherche et des rémunérations peu motivantes ne nous permettent pas d’exercer dans de bonnes conditions. I.: Comment jugez-vous l’évolution de l’enseignement en RDC ces dernières années ? F.L.: Les pouvoirs publics ont fourni beaucoup d’efforts ces dernières années dans le sens de l’amélioration des conditions de travail des professeurs d’université et bien que beaucoup reste encore à faire, force est de constater que le profil de cette carrière est globalement prometteur. I.: Quelles sont les perspectives d’avenir de la matière que vous enseignez? F.L.: Elles sont excellentes car le pays est vaste et possède d’énormes ressources géologiques, minières et énergétiques. I.: Quels conseils pourriez-vous donner à un étudiant qui envisagerait de suivre votre voie ? 4 fois par semaine, Air France vous accompagne vers 1000 destinations dans le monde. F.L.: De faire preuve de beaucoup d’endurance, de persévérance, de sérieux et d’altruisme. Propos recueillis par Mélanie Sirdey-Coid ©Jean-DominiqueBurton I.: Quelle formation avez-vous suivie ? F.L.: J’ai une licence en géologie et minéralogie (1971-1976) obtenue à l’université de Lubumbashi et un doctorat en sciences géologiques et minéralogiques (1976-1981), diplôme en co-tutelle avec l’université de Lubumbashi, l’université de ParisOrsay et l’université d’Aix-Marseille III. I.: Quelles sont d’après vous les qualités requises pour pouvoir devenir enseignant du supérieur en RDC? F.L.: Comme ailleurs, il est important 38 Présente toute l’année en République Démocratique du Congo, Air France répond à vos attentes en assurant 4 vols hebdomadaires vers Paris en correspondance vers 25 villes françaises et plus de 1000 destinations dans le monde avec ses partenaires SkyTeam. www.airfrance.cd Société Experts en formation des maîtres Les photographies de Joseph Moura ont été prises dans une école du Bas-Congo soutenue par le projet IFADEM. Les travaux de construction du centre de ressources viennent de s’achever dans le même village. Les premières formations débuteront à la rentrée 2013 et permettront aux enseignants de renforcer leurs compétences et mettre à jour leurs connaissances afin de garantir une éducation de base de qualité pour leurs élèves. Des objectifs internationaux L’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM) participe aux efforts internationaux en faveur d’une éducation de base de qualité pour tous. L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) se sont fixé pour objectif d’améliorer les compétences des instituteurs en poste, en pédagogie et dans l’enseignement de disciplines linguistiques et non linguistiques. En RDC ce projet est mis en oeuvre dans le cadre du projet Appui à l’Enseignement Primaire (APEP) financé par l’Agence française de développement (AFD). 40 41 L’innovation au programme IFADEM est un dispositif novateur, un système de formation ou d’apprentissage alliant méthodes pédagogiques actives, moyens technologiques, contenus de formation sur mesure, ressources humaines locales et apport d’expertises internationales. L’initiative est désormais présente dans six pays : Bénin, Burundi, Côte d’Ivoire, Haïti, Niger et RDC. Quatre autres pays devraient prochainement les rejoindre : Burkina Faso, Cameroun, Liban et Togo. Des formations reconnues Des supports mutiples Les modalités de formation à distance et l’usage des technologies doivent s’adapter à ce contexte particulier où l’électricité est rare et chère, et où les enseignants en poste n’ont quasiment jamais utilisé d’ordinateurs. Les supports pédagogiques proposés sont donc multiples : livrets de formation, conçus dans chaque pays par des équipes de rédacteurs locaux, appuyés par des experts issus d’universités francophones site internet et création de salles informatiques… ©PhotosJosephMoura IFADEM cible en priorité les zones rurales des pays bénéficiaires car ces zones défavorisées requièrent un investissement particulier, le manque d’enseignants formés étant un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de l’éducation pour tous. La formation IFADEM fait l’objet d’une reconnaissance officielle de la part du ministère de l’éducation et est prise en compte pour l’avancement professionnel des enseignants. Différentes évaluations sont organisées pour vérifier que les objectifs de la formation sont bien atteints. Au Katanga La République démocratique du Congo a rejoint IFADEM le 7 juillet 42 43 Société des livrets de formation destinés aux enseignants du primaire a, quant à elle, commencé début mars 2013. 2011, date de la signature de l’accord cadre entre le ministère, l’OIF et l’AUF. Elle a lancé deux expérimentations en parallèle : une à Kinshasa et une dans le Katanga où 539 enseignants (soit 93% de l’effectif de départ) des provinces éducatives de Likasi et de Kolwezi ont achevé leur parcours de formation en juillet 2013. Au second semestre 2013, ils seront évalués par le ministère de l’éducation. à l’Ouest à l’ouest, l’expérimentation a débuté en 2013, dans le Bandundu, le BasCongo et Kinshasa-Est. Au total 3 000 enseignants des trois degrés du cycle primaire ont été ciblés. Le ministère de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel a mis à disposition un local dans chacune des trois sous-divisions afin d’y héberger un centre de ressources. Des travaux de réhabilitation ont été lancés en mai, avant l’équipement des trois centres (fonds documentaire, parc informatique...). La conception 44 ©PhotosJosephMoura Relever le défi de l’éducation pour tous Le défi qui semble le plus délicat dans le cadre du développement professionnel est sans nul doute l’accès continu à la formation pour les enseignants. Il apparaît notamment particulièrement difficile d’assurer la formation des personnels en poste dans les zones rurales, où devraient pourtant se concentrer les efforts. La formation à distance est l’une des voies à privilégier Les formations de recyclage, destinées aux enseignants en poste qui n’ont pas de formation professionnelle, sont relativement récentes dans les systèmes éducatifs africains, mais elles sont appelées à se développer rapidement afin de permettre de relever le niveau qualitatif de l’enseignement de base. En effet, selon le Partenariat mondial pour l’éducation, la qualité de l’enseignement reste médiocre dans de nombreux pays en développement et les enfants n’acquièrent que 20 à 25% des connaissances assimilées par ceux des pays développés. Une problématique que le dispositif IFADEM espère contribuer à résoudre. Franck Torrès 45 Société L’éducation pilier de la favoriser le retour de l’enfant dans son foyer. Il oriente ensuite l’enfant vers la structure éducative adaptée, en fonction de son âge, de son niveau scolaire et de ses aspirations. Toujours d’après le REEJER, 17% des enfants de la rue n’ont jamais étudié. Donc, dans un premier temps, les enfants sont généralement orientés vers des cours de rattrapage avant de réintégrer le système scolaire classique. Afin de garantir une réinsertion durable, les structures d’accueil s’efforcent de prendre en charge les frais scolaires des enfants réunifiés en famille et de fournir un «kit scolaire » mais surtout de suivre régulièrement les enfants à travers des visites d’éducateurs. Grâce à cette prise en charge globale, les réussites sont importantes, comme l’indique le Rapport annuel 2012 de l’Œuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue, qui indique un taux de réussites scolaires de 80% dans l’année de réunification. réinsertion La formation professionnelle Pour les plus âgés d’entre eux (à partir de 14 ans), l’orientation s’effectue plutôt vers la formation professionnelle. A ce stade, l’enfant doit être acteur de son projet et choisir une filière en fonction de ses attirances mais aussi des débouchés et ouvertures professionnels tout en bénéficiant d’un accompagnement éducatif important. Différentes forma- des enfants des rues « Kibonge a 17 ans et a passé cinq années dans la rue. Nous avons fait sa connaissance en 2008, et nous avons pu l’aider à retrouver sa mère qui était très heureuse de son retour. Nous l’avons inscrit à l’école ; depuis, il n’a jamais manqué un jour et a toujours été parmi les trois premiers de sa classe, malgré les conditions difficiles à la maison. Sa famille est très fière de lui et a beaucoup d’espoir pour son avenir. Lui voudrait devenir infirmier pour soigner les autres », raconte Gédéon, éducateur social au sein de la Communauté du chemin neuf. 46 aujourd’hui à l’école et le taux d’achèvement du primaire serait passé de 56.3% en 2009/2010 à 64.3 % en 2012/2013 selon le communiqué de presse conjoint entre le Gouvernement et l’UNICEF du 7 août 2013. Cela représente encore 8 millions d’enfants non scolarisés et de nombreux efforts restent à fournir en termes de qualité d’éducation. Dans ce paysage, l’éducation des enfants des rues est une problématique spécifique qui implique une approche différente et une pédagogie adaptée. La perte des repères familiaux et sociaux de ces enfants donne à l’éducation un rôle prépondérant dans le processus de resocialisation. Afin de soutenir le gouvernement, 217 orga- nisations nationales et religieuses gèrent aujourd’hui des structures d’encadrement d’enfants en rupture familiale mais, selon Rémy Mafu, coordinateur du REEJER, « seul un quart d’entre elles disposent d’une équipe éducative dotée d’une formation initiale alors que le rôle de l’éducateur est crucial ». L’action de la coopération franco-congolaise C’est dans ce contexte qu’intervient le Fonds Social de Développement (FSD) de l’ambassade de France en RD Congo. Doté d’une enveloppe de 500.000€, le FSD 2012-13 poursuit deux objectifs principaux : renforcer les capacités des acteurs du domaine de la réinsertion économique des enfants et jeunes de la rue et appuyer les initiatives des ONG congolaises dans leurs efforts de réunification familiale des enfants de la rue de Kinshasa. Coordonné par l’attaché régional de coopération et suivi par une cellule composée de trois experts dont une volontaire mise à disposition par France Volontaires, le FSD a été confié pour la première fois à une structure nationale, le REEJER, permettant ainsi l’implication des acteurs locaux et la réalisation de formations à l’intention des porteurs de projets. Un premier appel à projets a été lancé en novembre 2012 et cinq projets ont été retenus. Ainsi, fin juin 2013, 144 enfants ont été réunifiés dont 28% de filles, 77 scolarisés, 53 placés dans des formations professionnelles et 45 familles ont pu mettre en œuvre des activités génératrices de revenus grâce aux micros-crédits attribués. Une école ainsi qu’un centre de loisirs sont actuellement en construction et un second appel a été lancé en mai 2013 à la suite duquel 70 projets ont été déposés. Les actions menées par les structures locales et dans le cadre de la coopération franco-congolaise permettront dans les mois à venir la réinsertion socioéconomique de nombreux enfants des rues. Néanmoins, les efforts réalisés ne permettent pas de résoudre le problème du nombre croissant d’enfants dans les rues dû à des accusations de sorcellerie liées à une grande pauvreté des familles, pauvreté contre laquelle la lutte doit rester une priorité en agissant sur ses causes structurelles. André-Abel Barry et Caroline Jolly Pagedegauche:intégrésdansunestructured’accueilenmilieufermé,lesenfantsbénéficientd’unfoyer provisoire et sont scolarisés en attendant un éventuel retour dans leur famille. Ci-dessous : un jeune de la rue au Mont Ngafula. La scolarisation Développant un lien de confiance avec l’enfant, l’action fragile des éducateurs débute en milieu ouvert (sur les sites de vie des enfants ou centres d’accueil de jour permettant l’accès à l’eau et à un repas).L’éducateur effectue ensuite des médiations avec les familles pour ©PhotosDR Si ce témoignage atteste de la réussite des projets de réinsertion des enfants de la rue, le défi reste entier. Selon le recensement effectué par le Réseau des Éducateurs et Jeunes de la Rue (REEJER) en 2010, plus de 20 000 enfants vivent dans les rues de Kinshasa et 1900, en moyenne, les rejoignent tous les ans. En situation de rupture familiale, victimes de la pauvreté, accusés de sorcellerie, ils sont exposés à de nombreux risques et nécessitent des mesures de protection particulières afin de leur permettre une réinsertion et d’envisager l’avenir. En RDC, grâce aux efforts du gouvernement congolais et de ses partenaires, trois enfants sur quatre vont tions sont proposées par les structures telles que la menuiserie, la maçonnerie, l’agriculture, l’art culinaire, l’esthétique… et sont couplées avec des séances d’alphabétisation ou de rattrapage. Réel facteur de resocialisation, la formation professionnelle permet aux jeunes d’être valorisés et acceptés dans leur famille de façon durable. Néanmoins, les difficultés de mise en œuvre restent importantes notamment pour les jeunes filles pour lesquelles la stabilisation s’avère plus difficile. De plus, le manque de places disponibles, la restriction des filières proposées et surtout le manque de débouchés professionnels poussent les structures à développer de nouvelles stratégies d’actions pour assurer aux jeunes un avenir hors de la rue. 47 Société ©Jean-DominiqueBurton FONDATION RACHEL FORREST la FRF a construit un bâtiment abritant un cyber café et une bibliothèque, ainsi qu’une infirmerie. Les frais d’installation de l’antenne Internet et l’ameublement de la bibliothèque et du cyber café ont été également pris en charge. Elle a aussi contribué à la construction d’une salle d’étude et d’un internat au Lycée Tshondo et à l’Institut Technique Salama et construit le bloc administratif du lycée Uzima Saint Sauveur. La FRF a également assuré la réhabilitation du grand auditorium, du jardin botanique, de la faculté de sciences agronomiques de l’UNILU. En 2008, au niveau de l’enseignement supérieur, la FRF a octroyé des bourses d’études à 50 jeunes Congolais les plus méritants désireux de poursuivre leur formation universitaire à l’UNILU après l’obtention de leur diplôme d’État en section mathématiques, physique, biochimie, commerciale. La FRF octroie par ailleurs une bourse annuelle à 4 doctorants, chercheurs de la faculté des sciences agronomiques de l’UNILU. Bourses scolaires et universitaires La FRF a équipé plus de 17 écoles du Katanga en matériels informatiques (102 PC et 30 imprimantes). En 2008, elle a fait un don de 100 bancs à la faculté des sciences, département des mathématiques, contribuant à améliorer les conditions des futurs cadres de demain. Un bus de marque TATA flambant neuf, destiné au transport du personnel académique, a été remis par la FRF à l’Université de Lubumbashi en 2008. Chaque année, sous la supervision de la Fondation Rachel Forrest, les enfants en âge scolaire des agents du Groupe Forrest se voient offrir un kit composé de 10 cahiers, 5 stylos, 2 crayons, 2 règles et 2 gommes. De 2007 à 2010, la FRF a pris en charge les frais de scolarité de 15 enfants handicapés de l’Association congolaise pour l’assistance orthopédique aux jeunes handicapés. Don de matériels informatiques Mécénat La Fondation ne se limite pas à réhabiliter des infrastructures et à prendre en charge des bourses scolaires. Elle est aussi un acteur privilégié lushois dans l’appui à la réalisation de projets éducatifs qui font souvent face à des difficultés de fonctionnement dues aux coûts élevés. De surcroît, la FRF a financé l’impression du journal Le Croc’Odile, publication bimensuelle pour enfants scolarisés dont l’âge varie entre 12 et 18 ans. Ce journal produit par l’Asbl Fondation Scripta Manent a pour objectif la promotion de la lecture chez les enfants. Sur une base annuelle, elle soutient financièrement la prise en charge des frais de fonctionnement l’Institut Mulumba Lukoji et l’école supérieure pour la bonne gouvernance économique et politique. Elle n’hésite pas non plus à apporter une aide financière à l’établissement scolaire français Blaise Pascal ainsi qu’aux écoles belges de Lubumbashi et de Kolwezi. Fondation Rachel FORREST / MSC « Construire et soutenir l’éducation, en s’y investissant pour qu’ensemble nous construisions l’avenir » Basée à Lubumbashi, capitale cuprifère du Katanga, La Fondation Rachel Forrest (FRF), a été créée en 2007 par George Arthur Forrest, Président du Groupe Forrest International, en hommage à sa mère Rachel Forrest. La Fondation perpétue une tradition entretenue par le Groupe Forrest depuis sa création en 1922, à savoir que le développement d’une entreprise n’est pleinement réussi que s’il accompagne l’épanouissement de la population. Avec comme objectif principal de soutenir la reconstruction du pays dans lequel elle évolue, la Fondation développe des projets au bénéfice des populations locales du Katanga dans les domaines de l’éducation, la santé, les infrastructures, la culture et l’environnement. Depuis sa création en 2007, la FRF a attribué plus de 11.800.000 de dollars à ses projets. En partenariat avec le gouvernement de la République démocratique du Congo, la FRF contribue notamment à la stabilité du système éducatif. 48 Un grand nombre d’écoles katangaises, ainsi que l’université de Lubumbashi, ont bénéficié de nouveaux outils de travail, dans des locaux rénovés et agrandis et des bourses ont été octroyées aux meilleurs étudiants. Par son soutien permanent, près de 5.000 élèves congolais disposent chaque année d’un enseignement gratuit et de première qualité. La Fondation distribue également des financements ponctuels pour la construction de bibliothèques, salles de classes, etc. Elle apporte sa contribution à l’essor de l’éducation et à la lutte contre l’analphabétisme sous toutes ses formes. A titre d’exemples, quelques unes des réalisations de la Fondation Rachel Forrest, dans le domaine de l’éducation, qui méritent d’être saluées. Réhabilitation d’infrastructures Afin d’appuyer le lycée Hodari dans sa volonté de promouvoir la lecture et de dynamiser les nouvelles technologies, Cutting through complexityTM Nous sommes un réseau mondial présent dans 150 pays, employant 145 000 personnes. Nous avons réalisé au 30 septembre 2011 un chiffre d’affaires annuel de 22,7 milliards de dollars. Notre vision : Etablir une relation de confiance avec nos clients et convertir en valeur ajoutée notre compréhension de l’information financière, des secteurs économiques et du monde des affaires. Nos engagements : Pragmatisme et pro activité dans un monde complexe. Pour répondre à vos besoins, nos professionnels font preuve de capacités d’adaptation et d’anticipation dans la recherche de solutions appropriées. KPMG RDC Audit : Ces dernières années les mutations rapides de l’environnement économique ont accru la responsabilité des différents acteurs. Les entreprises, leurs dirigeants, leurs actionnaires et les marchés financiers ont exprimé de fortes exigences de transparence. KPMG RDC Conseil : Afin de répondre à vos problématiques spécifiques, KPMG RDC a développé des pôles de compétences dédiés en liaison avec KPMG Afrique Francophone et KPMG France. KPMG RDC Spécialisation : Mines, Environnement, Agriculture, Infrastructures, Télécom, Pétrole, Banque, Assurance. CONTACTS DE KPMG EN RDC Bureau de Kinshasa Adresse 7ème niveau, Tour BCDC B.P.: 7226 Kinshasa/Gombe E-mail : [email protected] Tél. : +243 99 001 0020/21 Bureau de Lubumbashi 500b, av. Mpala/Quartier Golf Lubumbashi E-mail : [email protected] Tél. : +243 99 200 6160 Dirigeants : Mr Jean-Yves PARANT (Directeur Associé) Mr Paul M’BODI (Associé) Société Renforcer les capacités des pays bénéficiaires du Fonds mondial à ce jour, le Fonds mondial a approuvé des subventions en République démocratique du Congo pour un total d’environ 1,3 milliards de dollars, dans le but d’appuyer une intensification de la riposte nationale au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme. Sur ce montant, 550 millions ont déjà été signés. La mise en place du nouveau modèle de financement du Fonds mondial, pour lequel la RDC est un des pays pilotes, est une opportunité pour la riposte nationale aux pandémies. L’Initiative 5% est, elle aussi, bien présente en RDC : trois projets dans le cadre du canal 2, ont obtenu un financement à la suite d’un appel en 2012 sur les thèmes du « Renforcement des systèmes de santé » et de la « Recherche opérationnelle». Par ailleurs, des actions d’information, via l’organisation de réunions, ont été menées par le conseiller régional de coopération en santé français (basé à Brazzaville) pour faire connaître l’Initiative 5% en RDC. Lutte contre les grandes pandémies l’Initiative 5% sida, tuberculose, paludisme en RDC Annoncée lors de la conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial (FM) de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en octobre 2010, l’Initiative 5% est la deuxième modalité de contribution de la France à ce dernier. Elle a pour objectif de contribuer à améliorer les capacités des pays bénéficiaires du FM et plus particulièrement des pays francophones, en termes d’accès, de mise en œuvre et de suiviévaluation des subventions allouées par le Fonds Mondial pour la lutte contre ces trois pandémies. 50 Deux modalités d’intervention Doté d’une enveloppe annuelle de 18 millions d’euros pour la période de 2011 à 2013 (soit 5% de la contribution française au FM), la mise en œuvre opérationnelle de cette initiative a été confiée à l’établissement public France Expertise Internationale (FEI) par le ministère des affaires étrangères. Le dispositif se décline selon deux modalités complémentaires : • canal 1 : mobilisation d’une expertise court terme, pour répondre à des besoins ponctuels des pays, • canal 2: financement de projets complémentaires aux subventions du Fonds mondial, dans le cadre d’actions de plus long terme (horizon de deux-trois ans). Les pays francophones, cibles de l’Initiative La cible principale du dispositif sont les pays prioritaires pour l’aide française au développement notamment en Afrique centrale et de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Comores, Djibouti, Ghana, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, République démocratique du Congo, République Centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, mais aussi l’Afghanistan, la Birmanie, Haïti et les Territoires palestiniens. Sont également éligibles l’ensemble des pays membres et observateurs de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Les financements du Fonds Mondial ont permis d’améliorer la qualité des services de soins afin de réduire la propagation et l’impact du VIH dans les communautés. Cependant, des contraintes persistent à différents niveaux : organisation des services, prise en charge pédiatrique, mise sous traitement antirétroviral des femmes enceintes, globalité des soins, suivi biologique, approvisionnement en intrants, non-respect des protocoles et difficultés à remplir les outils de collectes de données. Pour faire face à ces problématiques, le projet « Appui à la formation continue VIH-sida du personnel soignant par le tutorat clinique » a été lancé le 14 janvier 2013 pour un budget total de 993.500 euros. Ce projet est mis en œuvre par la Croix-Rouge française et vise à améliorer la qualité de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH par le renforcement des capacités et des compétences des prestataires de soins. Les partenaires La Croix-Rouge française, en tant que chef de file, est responsable de la bonne exécution du projet. Elle coordonne la gestion globale de ce dernier sur le plan opérationnel, financier et administratif et contribue à définir avec la Croix-Rouge RDC son cadre de gestion conjointe. Elle est responsable de l’accompagnement de la mise en place du tutorat. Le Plan National de Lutte contre le Sida (PNLS) participe à la supervision du tutorat en région. Il est également le point focal de la mise en œuvre à Kinshasa. Partie prenante du comité de pilotage, il est ainsi engagé politiquement et stratégiquement dans la mise en œuvre de ce projet. Initiative5%-endirectiond’uncentrederéférence-projetdecanal2. Photos © FEI /Initiative 5% - Dehbia Krouk Carteci-dessus:Lespayséligiblesàl’Initiative5% Enbleufoncé:lacibleprincipale:paysprioritaires pour l’aide française au développement Enbleuclair:lespaysmembresetobservateursde l’OIF et bénéficiaires de l’APD Appui à la formation continue VIH-sida du personnel soignant par le tutorat clinique hhhh h h h h h hhhhhhhhh bb b b b bb b h h SEP Congo participe à l’émergence de la nouvelle bbb b élite congolaise en soutenant les élèves méritants. hh Pour en savoir plus sur l’Initiative 5 %, consultez notre site internet : www.initiative5pour100.fr ou contactez Dehbia Krouk, chargée de projets Initiative 5% à FEI pour la RDC : [email protected] AAAAAAAA AA 52 L’Union internationale de lutte contre la tuberculose et les maladies respiratoires fournit une assistance technique directe à 75 pays. En collaboration avec les ministères de la santé des états concernés et leurs partenaires internationaux, elle développe, promeut et évalue des stratégies efficaces pour la maîtrise de la tuberculose. Elle renforce les capacités des pays bénéficiaires par l’assistance technique aux programmes de santé publique, l’enseignement, la formation et la recherche opérationnelle. b b bb b Le taux de guérison thérapeutique de la tuberculose multirésistante se situe aujourd’hui entre 55% et 65% et le taux des « perdus de vue » avant la fin du traitement reste élevé (entre 15% et 20%), principalement à cause de la longueur du traitement et de ses effets secondaires. De nouvelles publications de l’OMS recommandent de promouvoir l’utilisation des régimes courts au niveau national dans un plus grand nombre de pays. Dans ce contexte, une étude concernant le traitement court pour les patients atteints de tuberculose multirésistante a été lancée le 6 mars 2013 pour un budget total de 1.463.000 euros. Ce projet vise à évaluer l’efficacité du nouveau régime thérapeutique de neuf mois (contre vingt mois aujourd’hui), par l’étude observationnelle d’un groupe de patients multi-résistants aux antituberculeux (MDR) dans neuf pays africains, dont la RDC. Cette étude est menée dans le cadre des activités habituelles des CECFOR a développé, depuis 1990, le centre hospitalier Monkolé, situé dans la zone périurbaine de Mont N’Gafula - 300.000 habitants. établissement de référence, ce dernier s’engage à fournir des soins de qualité à une population en général très démunie. Depuis 2005, il a créé un centre de traitement ambulatoire (grâce au financement du PNUD/FM) permettant d’assurer le suivi régulier de près de 1200 patients atteints du VIH, dont environ 800 sous antirétroviraux (ARV). hhhhhhhhh Un nouveau protocole dans le traitement de la tuberculose multi-résistante Les partenaires (suite) h h hhhh h h h h h hh En dépit d’avancées majeures dans la lutte contre le paludisme liées à de gros efforts en termes de sensibilisation, cette maladie représente encore un problème majeur de santé publique dans le pays. Sur le plan mondial on recense entre 300 et 500 millions de cas chaque année. 90% d’entre eux surviennent en Afrique Subsaharienne. Deux pays, le Nigéria et la République démocratique du Congo (RDC), représentent plus de 40% des affections et des décès. Suite à l’appel à projet « Recherche opérationnelle », lancé en 2012, un programme d’évaluation de l’étude de la sensibilité aux antipaludiques est actuellement en préparation.Sa mise en œuvre sera assurée par le Centre Congolais de Culture, de Formation et de Développement (CECFOR). Programmes Nationaux de Lutte contre la Tuberculose (PNLT) de chaque pays. La RDC est à ce jour dans la phase d’état des lieux pour la mise en place du nouveau protocole (finalisation des sites d’intervention, cibles…) La mise en œuvre du projet sera assurée par l’Union internationale de lutte contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Dehbia Krouk et Solène de Montmarin AAAAAAAA AA Amélioration du suivi et de l’évaluation du programme de lutte contre le paludisme A A A AA A A A A A A Société Sauver le Miombo Et pour faire rimer éducation avec protection de l’environnement, Michel Anastassiou a aussi créé en 2005 le «sanctuaire Mikembo», un domaine privé de 600 hectares où cohabitent des animaux sauvages endémiques qu’il a réintroduits : zèbres, girafes, élans du Cap, kudus, etc... L’ASBL a initié un projet pilote de réinsertion d’animaux sauvages et de protection de la flore, fournissant aux étudiants et aux scientifiques un cadre pratique d’étude de la biodiversité du Haut Katanga. L’ASBL travaille en partenariat avec les universités de Lubumbashi (UNILU), de Liège et de Bruxelles, ainsi qu’avec le jardin botanique de Meise, l’Institut agronomique de Gembloux et le musée royal d’Afrique Centrale de Tervuren sur de nombreux projets à caractère scientifique, dont la formation pratique d’une dizaine d’étudiants de l’UNILU ayant obtenu un DEA en conservation et gestion de la biodiversité en forêt claire de Miombo (nom vernaculaire scientifique donné à la forêt claire du Haut Katanga qui fait partie d’un écosystème très particulier). Pour les enfants du Katanga « Nous nous devons de sauver le Miombo car il représente une richesse extraordinaire dont le ciel nous a gratifiés et que nous devons léguer à nos enfants. Le Miombo , bien géré, constitue une richesse bien plus importante pour le pays que le secteur minier, appelé à disparaître un jour. Sa sauvegarde passe par une action concertée des responsables politiques, des scientifiques, des hommes d’affaires et de la population, notamment les plus jeunes, qui doivent être le fer de lance de cette action». Pour concilier les deux aspects de son activité, l’association sensibilise la jeunesse à la protection du Miombo grâce à la publication de bandes dessinées à caractère éducatif et encourage les visites du sanctuaire par les établissements scolaires. Michel Anastassiou / Mélanie Sirdey-Coid Lapérennitédesactionsdel’ASBLMikemboenRDC soutenueparl’ASBLMukinienBelgique,dépenddela générositédesparticuliersetdesentreprises,ainsiquedes activitésorganiséesparsesmembresbénévoles. Pourensavoirplus: www.mikembo-mukini.org En 2002, Michel Anastassiou décide, avec le soutien de sa famille, de créer l’ASBL Mikembo pour contribuer au développement socioéconomique des populations rurales, notamment grâce à l’enseignement et la protection de l’environnement. Dans la foulée, il crée également une association sœur en Belgique, l’ASBL Mukini (village en Swahili) destinée à appuyer en Belgique les actions de l’ASBL Mikembo. Nous l’avons rencontré pour connaître sa motivation et les actions concrètes menées par son ASBL. « Je suis né au Katanga, à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi), en 1948, d’un père grec et d’une mère belge ; en fait je me sens avant tout Katangais et même plus, Lushois pour y avoir passé toute ma vie. Dès lors, quoi de plus normal que je consacre une partie de mon existence à l’Interland katangais d’autant plus que dès mon plus jeune âge, j’ai bourlingué en brousse ». Étudier pour le futur Aujourd’hui, l’ASBL Mikembo soutient trois écoles : Kinsangwe, Katumba et Kienge. 54 « Nous avons construit trois écoles primaires qui permettent à plus de 900 enfants d’étudier dans de bonnes conditions. Nous prenons en charge la totalité des frais de fonctionnement de l’école de Kinsangwe et une partie importante de ceux des écoles de Kienge et de Katumba. Nous finançons également les études secondaires des cinq meilleurs finalistes de 6ème primaire… Aujourd’hui, trente élèves poursuivent, sur financement de l’ASBL, des études au niveau secondaire». En plus de la scolarité de base, l’ASBL finance des cours d’anglais et d’écologie à l’école de Kinsangwe et assure des formations en informatique et en coupe couture. EN RDC © Photos Mikenbo L’écoledeKinsangwe ET PARTOUT DANS LE MONDE INFO, MAGAZINE, DOCUMENTAIRE, CINÉMA, FICTION, SÉRIE, THÉÂTRE, ÉVÉNEMENT, JEUX, MUSIQUE, SPORT, DIVERTISSEMENT, JEUNESSE. TV5MONDE est disponible en clair sur SES 5 et E 16A et en hertzien à Kinshasa et Lubumbashi. www.tv5mondeplusafrique.com Société La solidarité du fleuve NoufoucontemplelecoucherdusoleilàKwamouth Jour 1 Départ prévu à 8h00, heure congolaise. Au yacht club, accueil par un responsable de la direction générale des migrations, qui affirme travailler également pour Maman Joséphine, qui nous loue le bateau. C’est assez habituel pour les employés du gouvernement de faire des extras pour des privés et de notre point de vue, c’est assez pratique. Les formalités sont vite accomplies et tant mieux car c’est rarement une partie de plaisir. Par contre l’équipage a pris un peu de retard sur la préparation de Trésor, notre bateau. Gilbert, le matelot et Grégoire, le capitaine s’affairent à qui mieux mieux mais le temps passe et nous sommes 56 toujours à quai. Maman Joséphine passe nous souhaiter bon voyage, nous assure que nous serons le soir même à Bolobo, avant de repartir, le sourire aux lèvres. Elle ne passe pas beaucoup de temps à Kinshasa et seulement pour les affaires. Ses relations haut placées lui permettent de faire un peu d’importexport avec Brazzaville mais elle repart bientôt vers Bruxelles où vivent tous ses enfants précise-t-elle. Une fois que tout est prêt, on attend encore un embout, qui n’arrive pas, puis s’avère n’être pas le bon embout. Tant pis, on part sans lui. Il est 10h00, on largue les amarres le temps de sortir de la marina, entre ©PhotosPaulineJeanjacquot Les ONG françaises sont très présentes en RDC où on en dénombre plus d’une dizaine. Solidarités International est sur le terrain depuis treize ans et compte actuellement plus de 340 employés dans ce pays. J’ai pu accompagner une visite de la coordination du bureau de Kinshasa dans une sous-base située à Bolobo, quelque 250 km au nord de la capitale, sur la rive du fleuve Congo. les baleinières échouées depuis 50 ans ou quelques semaines, habitées, rouillées, sombrant. Des centaines de paires d’yeux nous épient, nous les mundele dont le bateau privé et relativement peu décrépi leur rappelle qu’il existe un monde moins dur, mais qu’il n’est pas pour eux. C’est la conscience de cette injustice, trop grande pour être supportée, qui a conduit Pauline, coordinatrice logistique et administrative pour le sud et l’ouest de la RDC et Noufou, responsable de programme WASH, à travailler dans l’humanitaire. Est-ce le poids de tous ces regards, l’étonnement dans ceux des plus jeunes, la rancœur et l’animosité dans ceux des plus grands, la résignation chez les vieux, l’incompréhension en partage, mais notre moteur s’arrête aussitôt. G et G, notre équipe de choc, font appel à leur mécano qui arrive en pirogue une petite demi-heure plus tard. Ce n’est rien, le moteur est un peu noyé, il y a un petit « truc » dedans, rien de grave, on peut repartir. Le moteur démarre, puis s’arrête, puis démarre, bref ça n’a pas l’air très stable, mais ce n’est que le début. Malgré notre insistance, motivée par une panique légère, le mécano refuse de venir avec nous et repart en pirogue sous les imprécations du papa gondoliere qui vitupère sur la thématique de l’injuste rémunération qui a été négociée pour ses services. Il est 11h00, on sort du port et on vogue dans la bonne humeur jusqu’à la sortie du Pool Malebo. Au niveau de Maluku, Noufou est agréablement réveillé par une vague scélérate qui le trempe de la tête aux pieds et c’est le début d’une navigation légèrement plus sportive. En effet, en saison sèche, le fleuve s’énerve, surtout dans ses parties les plus étroites. Notre progression est ralentie et nous prenons régulièrement des bordées d’eau congolaise qui nous font rire jusqu’à ce que nos postérieurs commencent à se ressentir des chocs de la coque contre les vagues. Dans notre malheur, nous ne pouvons qu’espérer que les douches dont nous profitons sont plus ou moins propres dans la mesure où nous sommes en amont de Kinshasa, où les industries polluantes sont quasi inexistantes… Les discussions WASH (Water Sanitation and Hygiene soit en français eau, assainissement et hygiène) vont bon train : quel est le taux de dilution du vibrion du choléra dans le débit du fleuve ? Quelles autres maladies peuton y trouver ? Doit-on être plus vigilant quand on croise des barges, véritables villages flottants ? En l’absence de réponse scientifique à nos questions, on essaie de fermer la bouche autant que possible. Il est 16h00 et manifestement, il n’y aura pas moyen d’aller à Bolobo ce soir. On s’arrête à Kwamouth, l’embouchure de la rivière Kwa, juste avant la jonction de la rivière Kasaï avec le Congo. Un joli petit bled au-dessus d’une belle plage, appelée port par les locaux. On est accueilli avec chaleur, traîné dans les bureaux du responsable territorial pour un nouveau round de formalités, que l’on peut, ou non, rémunérer. Aujourd’hui ce sera non, après tout, la journée a été longue et on s’en tire avec quelques sourires. La vue sur le fleuve est superbe, le coucher de soleil sur la République du Congo imprenable. Une petite altercation avec le responsable de la sécurité aux frontières sur la question de savoir si nous sommes autorisés à prendre des photos ne gâche pas notre appréciation des lieux. Foufou, pondu, poisson frais et on s’endort avec le générateur pour reprendre la route au petit matin. Jour 2 Après Kwamouth, le Congo s’élargit encore et le paysage change. Les collines à droite et à gauche ont fondu et la forêt a repris ses droits. Les pêcheurs sont déjà à l’œuvre alors que le soleil blafard monte dans la brume à notre droite. Le fleuve est ponctué de nombreux îlots; certains sont habités, d’autres font figure d’îles vierges, sable fin, manguiers et cocotiers. Le fleuve est d’huile et nous débarquons à Bolobo, chef-lieu du district des plateaux à 9h00. Solidarités International est présent dans la localité depuis une dizaine de mois. L’ONG travaille principalement sur la question du choléra à l’échelle de la zone de santé, c’est-à-dire dans la ville de 40 000 habitants et dans le district du plateau, à l’intérieur des terres et sur les îles au cœur du fleuve. La sensibilisation est sans relâche depuis le début du projet et la flambée à l’origine de la création de la sous-base a pu être enrayée grâce à l’installation de points de chloration et aux désinfections systématiques du voisinage. Bolobo 57 Société Mais au mois de mai 2013, Bolobo a connu une période très critique quand deux barges de Kinshasa ont accosté avec à leur bord une centaine de personnes contaminées, sur un demi-millier de passagers. Le bateau a d’abord été placé en quarantaine avant une prise en charge au Centre de Traitement du Choléra (CTC) construit par l’ONG médicale française Alima grâce à un financement de l’ambassade de France. Les malades ont alors pu être transférés, diagnostiqués en fonction de la sévérité de la maladie, puis traités. Les deux ONG se sont d’emblée fixé l’objectif ambitieux de zéro décès. Avec la collaboration du médecin chef de zone et du personnel de l’hôpital de Bolobo, elles ont finalement soigné 190 malades et évité la contagion hors de la zone de quarantaine. Cette intervention conjointe rapide est le résultat de nombreuses années de terrain de par le monde et en RDC pour lutter contre le choléra, une maladie archaïque en Occident, mais plus que jamais d’actualité au Congo. En effet, la maladie, qui était cantonnée à l’Est depuis une dizaine d’années, a réapparu dans la partie Ouest du pays et dans les environs de Kinshasa en 2011, répandue progressivement par le trafic fluvial. Le vibrion, présent dans les déjections des personnes contaminées, se transmet par l’eau ou le contact peau à peau. Le choléra fait partie des maladies dites des mains sales : conséquence d’un manque d’hygiène et d’un déficit d’assainissement , elles se propagent facilement pour devenir des épidémies difficiles à arrêter. Les barges qui remontent ou descendent le fleuve offrent un terrain propice à son développement car la promiscuité y est intense et l’accès aux soins inexistants pendant de longues semaines. Les bateaux ayant l’habitude de commercer entre eux et avec les villages sur les berges pendant le voyage sont de très puissants vecteurs de diffusion du vibrion. Au-delà de la prise en charge des malades, qui est la spécialité d’ONG médicales comme Alima, seule la sensibilisation sur le long terme est à même de doter les populations des outils leur permettant de faire reculer puis d’éliminer le choléra. Solidarités International, raconte J-B, chef d’équipe à Bolobo, s’est d’abord installée à Maluku, puis à Kwamouth, Yumbi et finalement Bolobo en décembre 2012, pour travailler au plus près des villageois. Avec l’aide de Laurianne et d’Eloi, J-B forme les relais communautaires au sein des villages à haut risque. Ceux-ci diffusent ensuite les règles de base de l’hygiène familiale, font la promotion des aménagements sanitaires et des bonnes pratiques qui permettent d’identifier et de circonscrire les cas rapidement. Dans la zone de santé deYumbi, l’ONG se félicite aujourd’hui de n’avoir enregistré aucun cas depuis plus d’un mois, et bientôt deux semaines à Bolobo, preuve que le changement de comportement est en marche. Le projet en cours, sur la réponse rapide au choléra (financé par le Pooled Fund de RDC) est bientôt terminé mais Solidarités entend continuer son travail dans la zone de Bolobo en élargissant son action à l’ensemble du domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement. Ce nouveau programme conjoint sera mis en place avec quatre autres ONG internationales constituées en consortium (le Consortium WASH RDC) et dotées d’un financement de la coopération britannique (DFID) sur quatre ans. Il couvrira 17 zones de santé dans six provinces et permettra, en plus de la sensibilisation, de construire des latrines pour les écoles ou les villages ou encore de réaliser des forages quand le besoin s’en fait sentir et ce dans le cadre d’une approche communautaire. De visites protocolaires en visites de sites, la journée défile. Les Congolais qui mettent en œuvre les projets sont ravis d’accueillir les responsables de la coordination et les autorités auxquelles nous sommes présentés sont coopératives. Le chef de district par intérim attire notre attention sur la situation difficile d’un village situé à 12 km de Bolobo et dont la rivière est tarie en saison sèche. Les habitantes viennent puiser au fleuve et l’eau manque pour tous, créant des risques sanitaires importants. L’ONG a déjà été alertée de cette situation mais un forage n’est pas envisageable dans le cadre du programme actuel et le village ne pourra pas être couvert par le projet suivant. Il faut attendre ; en fait, il faut souffrir. Dans le bureau, toutes les parties en présence comprennent qu’il ne vaut pas la peine de s’attarder plus avant sur la question. Dans ce cas-là, comme dans beaucoup d’autres, rien ne peut être fait pour soulager la population. Si les collectivités territoriales sont démunies, les ONG sont soumises au cadre des projets pour lesquels elles sont financées. Pas de miracle pour Botanankasa aujourd’hui. Jour 3 Sur la route du retour, toujours pas de long fleuve tranquille pour notre équipée. A Bolobo, le port est encombré par les nombreuses baleinières qui arrivent déjà en prévision du marché de dimanche. Tous les quinze jours se tient un marché international dans la localité qui fait face à Bolobo du côté du Congo Brazzaville. Les commerçants viennent des deux capitales. Les habitants de Bolobo traversent pour acheter et vendre. Et en ce qui concerne les formalités administratives et de douane, il n’y en a pas me répond-on : « Nous, nous sommes des frontaliers ». Sous-entendu : nous faisons ce qui nous plaît. Nous embarquons tant bien que mal DépartdeBolobo:aupremierplan,notrebateauetleschèvres,prêtesàembarquer! ©PaulineJeanjacquotetPerrinePiton 58 avec trois nouveaux compagnons de voyage, des petites chèvres que nous ramenons à Kinshasa. Elles ont été achetées par Laurianne en prévision de son mariage dans un mois. Elle a rencontré son fiancé lors de ses dernières vacances sur le chemin pour Kinshasa. Il est brazzavillois et elle est très contente d’épouser un «étranger». De notre côté, nous trouvons les chèvres mignonnes mais espérons qu’elles n’ont pas le mal de mer. Noufou reste à Bolobo pour une quinzaine de jours. Il va installer des filtres à sable dans certains îlots dont l’accès à l’eau potable est problématique et faire le suivi d’une nouvelle activité mise en place par Solidarités International. Deux sensibilisateurs vont en effet faire le trajet entre Kinshasa et Mbandaka à bord d’une barge: la sensibilisation embarquée est un nouveau concept qui est expérimenté ici. Puisque les bateaux sont responsables d’une grande partie de la contagion le long du fleuve, l’ONG entend prendre le problème à sa base, en développant et diffusant des bonnes pratiques adaptées à la vie sur l’eau. à bord pour au moins trois semaines, les sensibilisateurs devront partager le quotidien souvent très difficile des autres passagers. Nous sommes un peu émues de laisser le staff sur le sable. Pauline n’est pas sûre de les revoir avant son départ de Kinshasa dans quelques semaines et pour ma part il y a peu de chances que je repasse par Bolobo. Ils ont tous postulé pour continuer à travailler avec l’ONG dans le cadre du nouveau projet. En tant que Congolais, ils sont fiers de faire la différence pour une petite partie de leurs concitoyens et je suis reconnaissante d’avoir pu partager ce sentiment avec eux pendant quelques heures. Les vagues sont au rendez-vous sur le chemin du retour mais, malgré notre cargaison ovine, nous allons bon train. C’est enivrées de paysages et de soleil que nous retrouvons la skyline de Kinshasa, ligne d’arrivée de notre petit tour sur le fleuve Congo. Perrine Piton Médias I. : Quels sont les premiers résultats d’émissions récemment lancées? INTERVIEW D’YVES BIGOT Directeur général de tv5 monde Yves Bigot : Je suis journaliste, réalisateur, producteur pour la télévision, la radio et la presse écrite. Avant d’arriver à TV5Monde en janvier dernier, j’étais directeur de l’antenne et des programmes de RTL, la première radio de France. Auparavant, j’ai été directeur des programmes de France 2, de la RTBF (télévision belge), d’Arte Belgique, de la société de programmes Endemol France, des maisons de disques Mercury et Fnac Music. J’ai été journaliste et animateur des radios Europe 1 et France Inter et j’ai publié plusieurs livres sur le rock, le football et Saint-Tropez, ma ville. I. : Pourquoi le choix de venir rejoindre la chaîne de la francophonie ? Y.B. : Parce que c’est un défi et une aventure passionnante, à un moment où le monde entier se 60 redéfinit, où la géostratégie se redéploie spectaculairement et où la francophonie joue son avenir. Celle-ci est porteuse de cultures, de valeurs, dont TV5 Monde constitue l’un des vecteurs essentiels. I.: Quelle est la politique de développement que vous souhaitez mettre en place sur l’ensemble de vos réseaux ? la place de la culture et de l’espace francophone, et en instaurant en fin d’après-midi un grand journal francophone unique au monde d’une durée d’une heure. I. : Et plus particulièrement sur le continent africain ? Y.B.: Nous allons dès le mois d’octobre augmenter la durée du JT Y.B.: TV5Monde se repositionne sur les Afrique quotidien. deux axes principaux déterminés par Depuis avril, j’ai également lancé un son ADN: son rôle de diffuseur culturel magazine événementiel destiné aux mondial d’une part, de porte-parole de Africains, d’Afrique et de la diaspora, la francophonie de l’autre. Nous venons «Rendez-vous au maquis», qui traite de nous doter d’une charte éditoriale à pendant 90 minutes aussi bien d’actualité que de culture, de cet effet. Par ailleurs, nous allons, musique, de numérique, dès la rentrée, redéet de questions de socié« C’est un défi ployer notre offre de té ou de mœurs. et une aventure Nous travaillons avec les journaux télévisés, en éditorialisant nos difpassionnante, à producteurs, les créaférents rendez-vous teurs et les télévisions un moment où le africaines pour resserrer d’information en fonction des prime time monde entier se nos liens, nos échanges sur les différents contiet notre coopération redéfinit » nents, en accroissant dans les deux sens. ©PhotosTV5Monde IMPACT : Avant d’être nommé à la direction générale de TV5 Monde, quel a été votre parcours ? I. : Comptez-vous venir bientôt sur le continent ? en RDC ? Y.B. : J’étais dès le mois de février à Y.B. : Les retours concernant «RendezOuagadougou pour le Fespaco, où j’ai vous au Maquis» comme le JT Afrique rencontré le président Compoaré et de ou les émissions de Denise Epoté (Et si nombreux membres de son gouvernevous me disiez toute la vérité, Afrique ment, mais aussi les ministres malien Presse) semblent satisfaire notre public et gabonais de la culture. à Paris, j’ai africain, comme le font Stars Parade rencontré le président congolais Sasou les séries comme Super Flics. Nous sou N’Guesso, et au festival de Cannes sommes à l’écoute des demandes et le ministre sénégalais de la culture. Fin des commentaires de nos téléspectajuin, j’étais avec Denise Epoté, directeurs. Nous étions les partenaires et les trice deTV5Afrique, à diffuseurs des premiers Dakar pour les premiers Trophées du cinéma franTrophées du cinéma cophone qui se sont tenus « J’espère venir francophone. Nous à Dakar le 29 juin, comme en RDC, pays avons rencontré londe très nombreuses manifrancophone le guement le président festations artistiques afriSall et le DG de la RTS, caines. plus peuplé de Racine Talla, avec lequel la planète, très nous envisageons de I. : Quels sont pour TV5 nombreuses collaboMonde les nouveaux bientôt.» rations, notamment à enjeux en Afrique ? l’occasion du prochain sommet de la Francophonie. En sepY.B. : Pour TV5Afrique, l’enjeu tembre, nous serons à Libreville. Je principal consiste à rester pertinent connais et fréquente d’ailleurs de très dans un monde où la concurrence nombreux artistes africains, comme des chaînes privées, des chaînes Manu Dibango, IsmaelLô, Touré Kounlocales et des chaînes étrangères est da, WasisDiop, etc. en pleine explosion. Nous devons Et bien sûr, j’espère venir en RDC, notamment nous détacher de notre pays francophone le plus peuplé de la aspect institutionnel qui fait de nous planète, très bientôt. la chaîne des parents et des grandsparents. Nous sommes très présents Propos recueillis sur tous les supports de diffusion, les par Antoine Yvernault réseaux sociaux, mais nous devons aussi être attractifs par nos contenus, que ce soit dans notre rôle de diffuseur panafricain, mais aussi en étant proches des téléspectateurs, qui doivent se sentir représentés sur notre antenne: c’est la mission de «Rendezvous au maquis»; c’est aussi la raison pour laquelle nous espérons pouvoir annoncer au prochain sommet de la francophonie, en novembre 2014 à Dakar, le lancement de notre chaîne jeunesse sur le modèle de celle que nous avons aux États-Unis, Tivi5. Nous sommes à travers le CIRTEF mais aussi en direct, investisseurs et diffuseurs de la production africaine dans toute sa diversité, cinéma, séries télévisées, documentaires, spectacles vivants et partenaires de très nombreuses manifestations culturelles. 61 FrancineUmbalodel’UCOFEManime uneactivitéderadiosansfréquencesurles marchés de Kinshasa. L’information au service des citoyens 62 Le programme interbailleurs Médias pour la Démocratie et la Transparence en RDC (PMDT) est financé par les coopérations britannique (DFID – UKAid), suédoise et française à hauteur de 22 millions d’euros (29,2 milllions de dollars) sur la période 2008-2013. Le programme est mis en œuvre par France Expertise Internationale, agence au service de la coopération internationale et du développement. ©ClaudineAssimbuFEI-PMDT Expert des problématiques relatives aux radios communautaires et des relations entre médias et société civile, Eduardo Olivares a mesuré la difficulté d’un projet dont l’un des enjeux principaux était la collaboration entre la nouvelle CENI et la Monusco. Mais, sous son œil attentif, tout s’est déroulé au mieux et l’implication personnelle de Jean-Baptiste Itipo, directeur de la communication de la CENI, et de l’ensemble de ses responsables a permis à cette initiative de prendre corps. La division électorale de la Monusco a également fourni son expertise au développement du projet et des commissions tripartites, CENI, Monusco et Appuyer les médias locaux RFI Planète Radio ont été organisées Mardi 23 juillet 2013, dans une salle de dans plusieurs villes pour sélectionner formation discrète du Centre de réédu- les journalistes du programme. cation des handicapés physiques avenue des Huileries à Kinshasa, Edouardo Oli- Information et pédagogie pour vares, formateur RFI Planète Radio, est la démocratie souriant et fier du travail accompli. Deux sessions de formation qui ont rassemblé à la suite de ces formations, les jourseize journalistes référents viennent nalistes référents ont reçu un certifide s’achever. Grâce à ces ateliers, ils cat qui leur permettra de faire valoir deviendront prochainement les inter- leurs nouvelles compétences auprès médiaires entre les médias et la CENI et des partenaires de l’assistance élecpourront former eux-mêmes les journa- torale dans le cadre des activités fulistes de leurs provinces respectives. Au tures. Pour compléter ce processus et programme de ces journées de forma- maximiser l’impact des formations, tion: le processus électoral congolais et des manuels seront édités en frannotamment la loi électorale, les moda- çais, lingala et swahili. lités d’organisation et de décompte, les Pour le programme interbailleurs Méprocédures d’annonces de résultats ou dias pour la Démocratie et la Transpaencore les procédures de contentieux. rence en RDC (PMDT), qui a financé l’inAu contraire des élections de 2011, le tervention de RFI Planète Radio, il s’agit prochain scrutin sera local. à l’excepde soutenir une action innovante qui vise tion de la situation particulière de Kinsà une meilleure implication des instituhasa, les médias provinciaux et les radios communautaires joueront donc un rôle tions et acteurs politiques aux côtés des central dans l’information publique et médias pour permettre à ces derniers de les campagnes électorales. Pour mieux jouer leur rôle de garant de l’information répondre aux besoins des radios de et de pédagogue dans l’explication des proximité, une première session a été processus démocratiques en République organisée pour former des journalistes démocratique du Congo. pouvant animer des formations en français et en lingala, puis une seconde pour Claudine Assimbu les formations en français et swahili. Noémie Kilembe RFI Planète Radio Depuis 15 ans, RFI Planète Radio, service de coopération de France Médias Monde (ex Audiovisuel Extérieur Français) met en œuvre des projets d’appui aux radios de proximité dans les pays en développement (Afrique du Sud, RCA, Tchad, Venezuela, Cameroun, Turquie, Timor Oriental…) RFI a fêté ses quinze ans d’existence et ses dix ans de présence en RDC en février dernier à Kinshasa avec un concert exceptionnel de Jupiter Bokondji et de Grand Corps Malade, organisé par l’Institut français de Kinshasa. Lesjournalistesréférentsavecleursdiplômes Changer l’image de la femme © Photos DR RFI Planète radio, la section communication de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et la division électorale de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la paix en RDC) ont fait le choix de conjuguer leurs efforts pour améliorer la qualité des processus électoraux en République démocratique du Congo. Cette coopération exemplaire vise notamment à former des journalistes formateurs, qu’on appelle journalistes référents, dans les onze provinces du pays. Les premiers ateliers ont eu lieu en juillet 2013 à Kinshasa ; une occasion pour le magazine IMPACT de revenir sur ces formations. L’Union Congolaise des Femmes des Médias (UCOFEM) étudie la place des femmes dans les médias depuis plusieurs années. En 2013, grâce à l’appui du Programme interbailleurs Médias pour la Démocratie et la Transparence (PMDT), l’UCOFEM va renforcer ses capacités afin de proposer à l’ensemble des organisations travaillant sur les questions de genre en RDC un panorama complet de l’image sociale des femmes dans les médias. L’UCOFEM effectue un monitoring du contenu diffusé par les principaux médias de Kinshasa afin de disposer de l’information nécessaire pour alimenter le plaidoyer sur les questions relatives à l’égalité homme-femme dans les médias et notamment dans la participation des femmes au débat démocratique. L’association a notamment étudié la place accordée aux femmes pendant la campagne électorale de 2011. à partir de cette analyse, les membres de l’UCOFEM se déplacent dans les rédactions pour sensibiliser les journalistes sur les biais défavorables aux femmes qu’ils introduisent dans le traitement des informations. L’association milite également pour que les femmes puissent prendre toute leur place dans les entreprises médiatiques. En effet, certaines dispositions légales et des pratiques discriminatoires touchent les entreprises médiatiques comme l’ensemble des autres secteurs de la société. Par exemple, très présentes dans les filières supérieures « information et communication », les femmes sont peu nombreuses dans les postes de management. Les journalistes féminines sont trop souvent cantonnées à l’animation et la présentation. Par conséquent, on observe une marginalisation des femmes dans le contenu proposé par les médias et la reproduction de stéréotypes sexistes et discriminatoires dans les programmes mêmes. C’est ce que l’association entend combattre car, avec l’éducation familiale, les médias sont le principal vecteur de reproduction des stéréotypes sociaux. « C’est à ce titre que nous devons commencer à nous intéresser aussi à la publicité dans les médias», explique Anna Mayimona Ngemba, présidente de l’UCOFEM. Grâce au financement accordé par les coopérations britannique, suédoise et française au travers du PMDT, les membres de l’UCOFEM bénéficient de l’appui en expertise de l’Observatoire de Pavie pour renforcer leur capacité d’analyse des médias. L’Observatoire de Pavie est l’un des principaux centres européens de recherche sur les médias. Depuis 1998, il a développé des métho- dologies spécifiques d’analyse des problématiques du genre dans les médias. Du 24 au 26 juin 2013, des membres de l’UCOFEM mais aussi des employés du centre de monitoring du régulateur public, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) ont suivi une formation spécifique. Ensuite, Giovanna Maiola, experte de l’Observatoire de Pavie, a travaillé avec les membres à la mise en place d’une nouvelle méthodologie et d’une nouvelle base de données. L’Observatoire de Pavie continuera à suivre l’évolution du projet de monitoring et apportera un soutien en expertise jusqu’à la fin de l’année 2013, afin de doter l’UCOFEM des meilleurs outils pour changer la société et les médias en profondeur. Karim Bénard-Dendé L’Observatoire de Pavie a été fondé en 1994 par un groupe de chercheurs de l’Université de Pavie en Italie. Le centre a développé des méthodes spécifiques d’analyse des liens entre médias et politique et entre médias et questions de genre. Son expertise est reconnue internationalement. Depuis 2011, l’Observatoire de Pavie abrite l’Observatoire Européen sur les représentations du Genre. 63 cinquième prise La cinquième édition du festival « Balabala Ciné », consacré au film documentaire, s’est déroulée du 22 au 30 juillet à Kinshasa. La soirée d’ouverture à l’Institut français a été suivie de huit jours de projections dans différents quartiers de l’agglomération kinoise. Le festival a également connu deux temps forts : un atelier de production de six courts métrages, ainsi que la tenue du deuxième Forum des documentaristes d’Afrique centrale. à l’occasion de ces tables rondes professionnelles consacrées à la production et aux rapports documentairetélévision, deux experts internationaux avaient été invités à participer aux travaux : Pierre Barrot de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), et Christian Lelong, réalisateur et directeur de la société Cinédoc Films établie à Annecy (France). Voici leurs impressions et commentaires suite à leurs interventions aux côtés des professionnels de RDC, du Congo, du Gabon, de RCA et du Tchad. la parole à christian lelong producteur et réalisateur en savoie et en arfique Impact : Vous êtes réalisateur et producteur de films, quelles sont les différentes activités de la société Cinédoc Films que vous avez créée ? Christian Lelong : Les activités de Cinédoc films sont celles de la production: elles couvrent un champs très large qui va de l’artistique à l’économique en passant par le technique et le juridique. Comme on le dit souvent, pour être producteur, il faut être un peu «homme orchestre» et avoir des compétences très transversales. Je pense cependant que l’activité principale, celle en tout cas que je mets en avant, est d’accom- 64 pagner des auteurs réalisateurs dans le travailler mes projets. L’idée du lieu développement de leurs œuvres. Si ce est d’être une ressource pour les travail est fait avec rigueur et sérieux, le réalisateurs. Je l’ai créé pour cela et reste suit. Il suffit de traj’en profite également. « Je voulais déjà vailler, de s’accrocher et de tenir bon. I.: Comment avezfaire du cinéma, Par ailleurs, je suis vous été amené à vous comme on peut également réalisateur, intéresser au cinéma vouloir faire quelque africain ? mais cela ne me pose pas de difficulté car à chose quand on a 17 C.L.: C’est une vieille Cinédoc, il y a beaucoup Elle commence ans, c’est à dire avec histoire. de réalisateurs qui quand j’ai 17 ans et doute et passion à la que je découvre pour côtoient l’activité au quotidien et je ne suis la première fois le fois. » donc jamais seul pour continent africain. Je © Vincent Petit balabala ciné voulais déjà faire du cinéma, comme on peut vouloir faire quelque chose quand on a 17 ans, c’est-à-dire avec doute et passion à la fois. Quand j’ai associé l’Afrique à mon désir de cinéaste, le doute est parti et la passion est restée. Après le baccalauréat que j’ai raté (pour des raisons injustes, cela va sans dire !) je me suis inscrit à la Sorbonne, École Pratique des Hautes Études, qui était alors une grande école. Le directeur d’études de la section africaniste m’a accepté dans son laboratoire de recherche à côté de sommités comme Jean Rouch ou Germaine Dieterlain (assistante de l’illustre Marcel Griault), et un an après avoir raté mon bac, j’avais un équivalent maîtrise, comme une sorte de pied de nez ou de revanche sur l’éducation nationale. C’est une anecdote, mais j’aime bien la raconter car elle parle bien de nos métiers : la formation et les études ne sont pas les seuls moyens d’y arriver. La pratique et la détermination en sont les compléments nécessaires. Donc, en rencontrant Jean Rouch, j’ai mis les pieds dans la Mecque du cinéma africain sans le savoir. Ensuite, je suis allé en Afrique avec une caméra, au Niger, puis au Mali, mais il m’aura fallu attendre 2000 pour réaliser mon premier film « africain », Agadez Nomade FM, que je présenterai au Festival de Berlin. I.: Comment fonctionnent vos transversale et universelle. S’il y a plus activités avec des créateurs africains ? de moyens au Nord, alors, que les réaC.L.: D’une façon générale, je dirais que lisateurs du Sud viennent au Nord pour je travaille avec des cinéastes africains que nous travaillions ensemble. Peutcomme je travaille avec des Suisses, des être que la politique actuelle ne va pas Canadiens ou des Russes: si je considans ce sens, mais moi si. dère que faire un film est avant tout une aventure humaine, pourquoi ferais-je la I.: C’était votre premier séjour en différence entre un savoyard et un kiRDC. Comment situez-vous les nois, entre un parisien et cinéastes rencontrés un ouagalais ? Pour moi, pendant ce Forum par « Le nombre de la différence enrichit si rapport au paysage jeunes cinéastes elle n’est pas opposition audiovisuel africain débutants au et la complémentarité que vous connaissez ? regard de la fait la force. Je travaille C.L.: J’avoue que j’ai taille du pays me depuis douze ans avec été très surpris par trois laisse imaginer un cinéaste burkinabé qui points. Tout d’abord, est aujourd’hui reconnu le formidable le nombre de jeunes par ses pairs. J’avoue être cinéastes débutants au potentiel de la un peu fatigué de ce que regard de la taille du RDC en matière l’on appelle les «rapports pays me laisse imaginer de cinéma Nord-Sud», j’ai plutôt le formidable potentiel documentaire.» envie de me placer dans de la RDC en matière de des rapports entre êtres cinéma documentaire, humains. Je pense collaboration et non de fiction et même d’animation. pas coopération. Mes collègues sont Ensuite, l’existence de réalisateurs de indifféremment Africains ou Améritalent, reconnus dans les plus grands cains. Du reste, la ligne éditoriale de festivals à travers le monde, pose Cinédoc est très largement investie la question du développement de par cette idée d’une nature humaine cette industrie, car il s’agit bien d’une I.: Pourquoi en particulier le documentaire ? C.L.: Je pense très sincèrement que le documentaire est le genre fondateur du cinéma. Il englobe des modes d’écriture tellement différents : du cinéma participatif de Robert Flaherty (Nanook ou L’Homme d’Aran) au cinéma vérité (le kinopravda) de Tziga Vertov (L’Homme à la caméra). Je voulais faire des films avec les gens car, pour moi, réaliser un film procède d’une expérience unique qui, par le biais d’une caméra, met en rapport des êtres humains : ceux qui filment et ceux qui sont filmés. La nature de cette expérience constitue le fondement des films que je réalise, et le rapport du spectateur à mes films n’est que la transposition, le transfert, la projection de cette expérience dans une salle obscure. 65 industrie, et de sa structuration. Finalement, j’ai été interpellé par le nombre impressionnant de télévisions qui émettent sur le territoire. Ces trois point m’incitent à inviter les acteurs à plus de concertation afin de construire les synergies capables de faire émerger une véritable force culturelle et économique dans le pays. le cinéma, documentaire en particulier, peut, en apportant un éclairage sur les réalités du pays, faire évoluer les mentalités. I. : Vos impressions sur le festival ? C.L.: J’ai trouvé que Balabala était une très belle initiative dans le sens où elle rassemble des gens dans les quartiers, devant un écran, pour partager I. : Quels sont les questions des émotions. Seul le cinéma peut et les enjeux soulevés par les permettre cet échange collectif. documentaristes et Comme les salles quelles perspectives ont n’existent plus, pour le « Dans un pays été abordées ? moment, installer des comme la RDC C.L.: Les questions souécrans mobiles dans le cinéma, levées me semblent être les quartiers est une documentaire en principalement portées excellente initiative qui particulier, peut, par une absence de comva dans le sens de la en apportant un munication entre les structuration du secteur éclairage sur les différents acteurs. Les en RDC. réalisateurs s’étonnent réalités du pays, de ne pas pouvoir traI.: Allez-vous garder faire évoluer les vailler et être diffusés des contacts avec des mentalités.» par les télévisions, et les réalisateurs ou productélévisions s’étonnent de teurs congolais ? ne jamais recevoir d’offres des réalisaC.L.: Bien entendu. Je suis rentré de teurs. Nous avons aussi découvert l’abRDC il y a à peine trois jours, et j’ai déjà sence de producteurs au sens premier reçu plusieurs mails et je pense garder du terme, à savoir la personne qui saura le contact avec les réalisateurs qui me transmettre le désir d’un film et devenir solliciteront. Je m’en réjouis par avance l’intermédiaire nécessaire entre le réalicar le cinéma me concerne et donc le sateur et les partenaires du film. cinéma congolais aussi. J’espère revenir au Congo prochaineI. : Quelle est pour vous l’importance ment ou pourquoi pas recevoir à Cinédu cinéma documentaire en Afrique doc des jeunes talents pour partager Centrale ? nos expériences de cinéastes en faisant C.L.: D’une façon générale, je pense des films qui feront rêver les Congolais que si le cinéma ne peut pas refaire le et les Savoyards en même temps. monde, il contribue à sa construction. Dans un pays comme la RDC qui a vu Propos recueillis son histoire récente traversée par des par Antoine Yvernault événements lourds et par des guerres, Christian Lelong suit des études d’anthropologie africaine à l’EPHE (Sorbonne) et de cinéma et anthropologie sociale à Nanterre, où il rencontre Jean Rouch. Il s’installe en Haute Savoie, y fonde en 1993 Cinédoc, un lieu de formation et de production de documentaires. à partir de 1997, il produit de nombreux films et en 2003, il coréalise avec Pierre Mortimore son premier long-métrage de cinéma Agadez Nomade FM. Il a réalisé plusieurs documentaires en Afrique, sélectionnés dans de nombreux festivals à travers le monde : Justice à Agadez (2005), Avec Damouré Zika, un acteur au pays de nulle part (2006), Amour, sexe et mobylette (2008), Moustapha Alassane, cinéaste du possible (2009) Bon séjour (2010) ou encore Floby, une étoile au pays des hommes intègres (2011). Il développe actuellement un premier long métrage de fiction Une Femme dans la toundra et suite à sa rencontre avec l’animateur de «l’Afrique enchantée» sur France Inter, il écrit Soro l’enchanteur. 66 I.: Vous êtes basé à Paris, en contact avec l’ensemble des professionnels du secteur de l’audiovisuel africain, et après les trois jours du Forum des documentaristes d’Afrique Centrale, quelles sont vos impressions sur le cinéma ici à Kinshasa ? P.B.: J’ai le sentiment qu’il y a un grand potentiel mais que les professionnels de RDC sont moins connectés aux réseaux professionnels internationaux que leurs homologues d’Afrique de l’Ouest ou même de pays voisins comme le Congo-Brazzaville, le Gabon ou le Cameroun. Comme l’a fait remarquer un réalisateur centrafricain pendant le festival, les cinéastes de RDC ont accès assez facilement à des financements d’ONG ou de bailleurs de fonds dans le cadre de l’aide au développement, ce qui les amène à se Spécialiste de programme chargé de l’audiovisuel tourner moins fréquemment vers les et de la promotion de l’image à l’Organisation financements internationaux réservés Internationale de la Francophonie à la production cinématographique ou audiovisuelle. Cette situation se traduit Impact : Quel a été votre parcours ci drainent un public qui découvre avec notamment par un manque de sociétés professionnel ? enthousiasme des films documentaires de production. La plupart des réalisaPierre Barrot : J’ai commencé comme auxquels il n’aurait sans doute pas acteurs s’autoproduisent avec des strucjournaliste (presse écrite et audiovisuel) cès autrement. tures de type ONG ou avec de simples pendant quinze ans, puis producteur de établissements. Les guichets de finanséries télévisées en Afrique de l’Ouest I.: Avez-vous pu rencontrer des cinéastes cement qu’ils sollicitent sont égalependant cinq ans, d’abord dans le cadre et parler avec eux de leur projet ? ment moins propices à une professiond’une société française (Périscoop proP.B.: J’ai été impressionnalisation du secteur car ductions), puis avec une agence de né par les projets dans le ils ne les mettent pas en « En Europe, presse béninoise (Proximités) et une domaine de l’animation, concurrence avec des société de production burkinabè (Clap autour du studio Macinéastes d’autres pays l’intérêt pour Afrik). J’ai ensuite été attaché audiovilembe Maa de Jean-Miet ne les obligent pas à l’Afrique s’est suel régional de l’ambassade de France chel Kibushi. Côté séries se familiariser avec les émoussé et il au Nigeria de 2002 à 2006, puis attaché télévisées, l’approche normes professionnelles culturel à Alger jusqu’en 2008. Après des quelques auteurs n’est pas exagéré en vigueur au niveau inun passage à la cour nationale du droit avec qui j’ai pu échanger ternational. de parler de repli d’asile à Paris, j’ai rejoint l’OIF en 2011. me semble assez artisanale mais il y a un élan I.: Quel est votre avis identitaire.» I.: Était-ce votre premier voyage en très touchant venant sur la situation du doRépublique démocratique du Congo ? d’autodidactes qui me cumentaire en Afrique P.B.: Oui. J’ai eu l’occasion de séjourner font penser à ce qu’a connu le Nigéria subsaharienne ? dans vingt pays africains depuis trente il y a quelques années. La confiance en P.B.: La production de documentaires ans mais je n’étais encore jamais venu soi est un élément très positif. Du côté a beaucoup progressé ces dix deren RDC. des documentaires, on se dit que les nières années, notamment grâce au projets ne sont pas encore à la hauteur programme Africadoc qui a favorisé I.: Quelle est votre opinion sur le des sujets à traiter. Mais, en discutant l’émergence de sociétés de production festival Balabala? avec quelques réalisateurs, on découvre dans de nombreux pays et qui a perP.B.: L’idée d’aller vers le public, dans les immenses difficultés auxquelles ils mis à des dizaines de projets d’aboutir les quartiers, me paraît excellente. doivent faire face notamment les comgrâce à des coproductions avec des D’autant que les projections s’appuient plications créées par les autorités, ou partenaires français ou belges. Mais sur des associations locales capables de encore l’hostilité et l’incompréhension la diffusion des documentaires afrifaire un vrai travail d’animation. Cellesde la part de la population. cains reste faible. En Europe, l’intérêt la parole à pierre barrot 67 I. : Quelle est la politique de l’OIF en donner à la conservation des images matière d’audiovisuel ? une connotation moderne : les stocks P.B.: Nous avons deux axes d’interd’images doivent devenir un patrivention. Le premier consiste à aider moine numérique exploitable comme nos États-membres (ceux du Sud, en une «mémoire vive » et non plus un particulier) à se doter d’instruments cimetière de souvenirs. efficaces. L’un de nos programmes porte sur la mise en place de politiques I.: Des cinéastes congolais ont-ils été culturelles. Nous nous efforçons égaaidés par l’OIF ces dernières années ? lement de faire aboutir le projet d’un P.B.: Depuis 2011, nous avons souteFonds panafricain pour le cinéma et nu seulement quatre projets de RDC, l’audiovisuel. Mais en attendant que dont une fiction de Monique Mbeka les états ou les mécanismes régionaux Phoba et trois documentaires. Deux (voire continentaux) jouent pleinement ont été achevés cette année (Kinsleur rôle, nous avons nos propres interhasa mboka té de Douglas Ntimaventions directes auprès siemi et Kinshasa bien ! des professionnels. Dans de Georges Kabongo). ce registre, notre outil le Mais il faut souligner le « La RDC a plus connu est le Fonds fait que nous recevons un potentiel francophone de producpeu de projets de ce immense et LeprogrammeduFestivalBalabalaCiné2013 tion audiovisuelle du pays. que les talents Sud qui va bientôt fêter locaux devraient, I.: Des aides en cours ? ses 25 ans. Ces dernières pour l’Afrique s’est émoussé et il n’est dans l’avenir, années, nous avons égaP.B.: Le troisième dopas exagéré de parler de repli identilement mis l’accent sur cumentaire que nous taire. Dans les années 90, l’émission balayer tous les des actions d’accompaavons aidé s’intitule « Envoyé spécial » pouvait diffuser un handicaps.» gnement: nous aidons Examens d’État. C’est documentaire du camerounais Bassek des producteurs à accéun projet de Dieudonné Ba Kobhio et obtenir une audience der à des guichets de financement diffiHamadi, réalisateur primé cette année de près de dix millions de téléspectaciles, comme celui du programme ACP par plusieurs festivals internationaux: teurs. Aujourd’hui, c’est impensable. Cultures. Nous incitons aussi les diffunotamment à Paris, à Montréal et à On a beau parler de mondialisation, seurs internationaux à investir en amont San Diego, pour le film Atalaku, qui les télévisions françaises tendent plus de la production des programmes, par a pu être finalisé grâce à un appui de vers l’esprit de clocher que vers l’oudes pré-achats ou des coproductions. l’ambassade de France à Kinshasa. verture au monde. Quant aux chaînes Enfin, nous avons développé les aides à Dieudo Hamadi n’a pas pu participer africaines, la plupart sont peu ouvertes la vente de films et de programmes de au festival Balabala Ciné car il était en aux documentaires, surtélévision. Ce type d’acplein tournage à Kisangani. tout s’il s’agit de docution a permis d’ouvrir de mentaires d’auteurs qui, « Le public nouveaux marchés pour I. : Si vous aviez un mot ou une phrase le plus souvent, sont des africain a besoin les productions francoà l’intention des créateurs en RDC ? œuvres engagées. Toutede retrouver phones, notamment en P.B.: Il me semble que la RDC a un fois, les échanges entre à la télévision zone anglophone. potentiel immense et que les talents cinéastes et diffuseurs certaines des locaux devraient, dans l’avenir, balayer qui ont eu lieu à Kinshasa I.: Des évolutions sonttous les handicaps. Ce pays n’a pas la pendant le Forum des doréalités dans elles à prévoir ? moindre salle de cinéma mais le film cumentaristes d’Afrique lesquelles il se P.B.: Ces dernières africain qui a eu le plus grand succès ces Centrale sont très encoudébat.» années, les choix buddernières années à travers le monde est rageants. Six respongétaires nous ont Viva riva de Djo Munga. Atalaku est l’un sables de télévisions de conduits à délaisser le secteur de la des documentaires les plus forts de ces Kinshasa et de Brazzaville ont parformation. Nous sommes également dernières années. Longtemps, le Congo ticipé et il y a eu un vrai dialogue, peu présents à l’étape du développeétait un gisement d’exception que seuls avec une volonté de rapprochement ment des projets. Une réflexion est les cinéastes étrangers savaient exploimanifeste. Je pense que ce dialogue en cours sur la nécessité de contriter. Aujourd’hui, les Congolais doivent peut aboutir à une progression de la buer à la découverte et à l’éclosion de prendre le taureau par les cornes et ils diffusion des documentaires. Le pujeunes talents. Dans un autre registre, ont les moyens de nous étonner ! blic africain a besoin de retrouver à la nous avons également des projets télévision certaines des réalités dans ambitieux dans le domaine des arlesquelles il se débat. Contrairement chives audiovisuelles. La mémoire de Propos recueillis par aux idées reçues, le divertissement l’Afrique est en danger. Il est urgent de Antoine Yvernault n’est pas sa seule préoccupation. 68 Calendriers Affiches Brochures Plaquettes Agendas Travaux de ville Sérigraphie Présentoirs Sous-main Etiquettes Cartonnages Emballages Impression numérique Imprimerie minute 1252, av. Joseph Kabasele Tshiamala - Kinshasa/Ndolo - R.D.Congo, Tél. : (+243) 998 633 222 - 89 89 40 100 - 81 45 27 294 - 84 20 17 626 E-mail : [email protected] 69 Culture L’archéologie, un travail de terrain Notre travail de terrain nous a conduits à élaborer un inventaire préliminaire, à construire une chronologie puis à interpréter certains types d’images, en montrant ainsi que le monde de l’art rupestre est riche de documents précieux. Dans le lit des rivières, au pied des falaises, dans des abris et jusque dans les profondeurs des grottes, nous avons répertorié plus de 5.000 gravures et peintures, de couleur noire, rouge, parfois ocre. Grâce à notre recherche, 57 sites ont pu être étudiés, dont 50 n’avaient pas encore été inventoriés, preuve s’il en faut du potentiel prometteur de cette région. Nous avons ainsi relevé bon nombre de figures géométriques énigmatiques (croix, cercles, quadrillages), associées parfois à des animaux (lézards, antilopes) ou des personnages armés d’épées, d’arcs et de flèches ou de fusils. Exceptionnellement, des êtres mi-hommes mi-animaux, qu’on appelle théranthropes, y sont figurés. Comment interpréter cela ? En mobilisant toutes les données relatives au contexte géographique, à l’histoire du peuplement, à l’histoire des langues, des religions, nous espérons ainsi acquérir une connaissance plus précise des cultures locales qui nous permettra de formuler une interprétation. Les récits légendaires actuels peuvent par exemple éclairer en partie ces images d’un passé proche et aider à reconstituer la mythologie qu’elles illustraient. L’art rupestre du massif de Lovo un patrimoine méconnu UnegravuredelézardsurlesitedeFwakumbi Depuis 2007, Geoffroy Heimlich, jeune doctorant en archéologie et en histoire, et Clément Mambu Nsangathi, chercheur à l’Institut des musées nationaux du Congo, parcourent inlassablement le massif de Lovo, dans le Bas-Congo, à la recherche de peintures et de gravures rupestres. Ils témoignent ici de leurs étonnantes découvertes et présentent les enjeux de leur projet de formation sur l’art rupestre. A la différence des arts rupestres du Sahara ou d’Afrique australe, richement documentés, ceux d’Afrique centrale restent encore aujourd’hui largement méconnus. Cette région se différencie des autres par la prégnance d’un art peint et gravé non figuratif. A l’échelle de la sous-région, la République démocratique du Congo est pourtant connue depuis longtemps comme ayant l’une des plus importantes concentrations de sites rupestres. Le Bas-Congo à lui seul compte près de 145 sites, dont plus de cent dans le massif de Lovo. Ce massif, peuplé par les Ndibu, un des sous-groupes kongo, se trouve 70 au nord de l’ancien royaume de Kongo. En 1483, lors de leur arrivée à l’embouchure du fleuve Congo, les navigateurs portugais furent frappés d’y découvrir une structure politique centralisée. A son apogée, vers la seconde moitié du XVIème siècle et la première moitié du XVIIème siècle, le royaume de Kongo s’étendait à cheval entre les états modernes de la République démocratique du Congo, l’Angola et le CongoBrazzaville sur une superficie allant jusqu’à 130.000 km2. Suite à la conversion au christianisme de plusieurs rois dès le XVème siècle, missionnaires, ambassadeurs et commerçants ont pu décrire de manière assez précise la vie quotidienne et religieuse de l’ancien royaume. Bien que le royaume de Kongo soit, à partir de 1500, l’un des mieux documentés de toute l’Afrique tant par les sources historiques que par les sources ethnographiques et anthropologiques pour les périodes plus récentes, il reste méconnu archéologiquement. Avec 102 sites (dont 16 grottes ornées), le massif de Lovo contient la plus importante concentration de sites rupestres de toute la région. Sur environ 400 km2 se dressent des centaines de massifs calcaires au relief spectaculaire percés de nombreuses grottes et abris sous roche. Jusqu’à présent, aucune recherche de grande ampleur n’y avait encore été conduite et l’âge de ces représentations rupestres restait toujours incertain. Des dessins datés, des cérémonies identifiées Photos©GeoffroyHeimlich 145 sites d’art rupestre au Bas-Congo ! Nous avons étudié, sur six sites jusqu’alors inconnus du massif de Ndimbankondo, près de 700 images rupestres, en majorité des peintures rouges. La grande majorité des personnages adoptent une posture caractéristique de l’art kongo, avec la main gauche posée sur la hanche, et le bras droit brandissant une arme à feu. A plusieurs reprises, on y observe des scènes associant ces mêmes personnages, accompagnés de chiens, et faisant face à des animaux (des Personnages fumant la pipe sur le site de Ndimbankondo antilopes pour la plupart), qui pourraient être interprétées comme des scènes de chasse. Et pour la première fois, nous avons pu dater cet art par la méthode du carbone 14. Actuellement, des échantillons de moins d’un milligramme de carbone suffisent pour dater directement une peinture. Dans la grotte ornée de Tovo, les premiers résultats nous indiquent une datation comprise entre le XVème et le XVIIIème siècle qui confirme dès lors le lien avec le royaume de Kongo et avec ses rituels, notamment le kimpasi. Signalée dès la seconde moitié du XVIIème siècle, cette initiation religieuse se déroulait au sud du fleuve Congo. Etroitement associée au kimpasi, la croix, que l’on retrouve fréquemment sur ces parois, était un important symbole de passage entre le monde terrestre et l’au-delà. Deux massifs voisins de la grotte de Tovo sont encore connus aujourd’hui pour avoir abrité des kimpasi jusqu’au début du XXème siècle. Un chef traditionnel, initié lui-même au kimpasi, nous a également révélé que, durant l’initiation, des peintures y étaient réalisées. Au nord-ouest de Lovo, à proximité d’un ancien village et de son cimetière dans le lit d’une rivière, à sec pendant la saison sèche, se trouvent près de 940 gravures révélant une riche séquence stylistique sur environ cinquante mètres de long. A Fwakumbi, le chef traditionnel nous a ainsi indiqué des esprits locaux dénommés simbi gravés dans la pierre. Pour obtenir leurs bénédictions, il fut le seul à perpétuer un rituel pour accéder aux sites en offrant aux ancêtres et aux esprits simbi du vin de palme, des noix de kola, des luzibu et Une des peinture géométriques rouges du massif de M’Bubulu 71 des champignons médicinaux tondo. Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Vu le haut intérêt culturel, historique et naturel de cet ensemble, les autorités congolaises envisagent une initiative pilote pour inscrire cet art rupestre sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le classement de cette zone avait été proposé dès 1961, idée reprise à partir de 1973 par l’Institut des musées nationaux du Zaïre. Afin de sauvegarder ce patrimoine culturel important et ce paysage naturel spectaculaire, l’un des objectifs serait d’associer les différents groupes industriels actifs dans la région à cette initiative. Les responsables des exploitations agricoles et industrielles situées au nord de Lovo et à Lovo-même pourraient ainsi participer à l’effort de conservation et, en dialogue avec eux, contribuer à satisfaire leur besoin en matière première sans détruire un patrimoine de grande valeur. Former des archéologues De ces recherches de terrain est née l’idée, en collaboration avec l’Institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC) et l’Université de Kinshasa (UNIKIN), de mettre en place une formation sur l’art rupestre dès 2014. Rappelons qu’en République démocratique du Congo, seuls deux archéologues sont actuellement en poste, l’un à Kinshasa et l’autre à Lubumbashi. En vue de son classement, la formation pourrait permettre d’achever l’étude systématique du massif de Lovo, tout en formant des étudiants de l’UNIKIN et des chercheurs de l’IMNC aux techniques et à l’étude de l’art rupestre. Avec le soutien de l’ambassade de France, ce projet fera appel à des laboratoires de recherche francophones, à la fois congolais et français. En France, l’étude et la datation des prélèvements seront par exemple réalisées conjointement par le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), service à compétence nationale du ministère de la culture, et le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE, UMR 8212). Pour la logistique dans le BasCongo, la formation bénéficiera du soutien de la Compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo, située au nord-est du massif de Lovo. Perspectives et développement ? Ce projet de formation à la fois ancré sur le terrain et porté par des volontés partenariales institutionnelles nationales et internationales, publiques et privées, est une pièce maîtresse pour contribuer à aboutir au classement de l’art rupestre du massif de Lovo au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il permettra d’achever l’inventaire systématique de l’art rupestre, de compléter les premières datations obtenues, d’intégrer l’art rupestre dans les pratiques rituelles kongo et d’enrichir le système décoratif kongo en le mettant en rapport avec la décoration de la poterie, du textile, de la vannerie ou des crucifix par exemple. En un mot, de montrer que l’art rupestre est une partie importante des vestiges du royaume de Kongo, tout en émettant l’hypothèse qu’une tradition d’art rupestre plus ancienne ait pu exister. Ce sera aussi l’occasion de créer une cellule dédiée à l’art rupestre et rat- tachée à l’IMNC et l’UNIKIN, de faire participer les étudiants en formation à des colloques internationaux ou à des séminaires de recherche, de publier les résultats dans des revues scientifiques ou dans une monographie et de monter des expositions photographiques itinérantes en République démocratique du Congo pour faire découvrir l’art rupestre au grand public. Cette formation, nous l’espérons, suscitera de nouvelles recherches que nous souhaitons nombreuses et menées par des chercheurs congolais, en montrant que l’art rupestre est une fenêtre ouverte sur la riche histoire de la République démocratique du Congo. 1Fêtedulivre ère deKinshasa Plus de 30 auteurs Geoffroy Heimlich et Clément Mambu Nsangathi congolais, belges, suisses, et français inspirés par le congo. NoustenonsàremerciertoutparticulièrementleshabitantsdumassifdeLovoetdelarégiondeNkula, SNEL,ainsiquelaCompagniesucrièredeKwiluNgongo pour leur soutien. Pour aller plus loin : découvrez le web documentaire, Un archéologue au Congo, réalisé par Geoffroy Heimlich avec Le Monde.fr et ARTE Radio sur : www.lemonde.fr/congo du E MM ROGRA iques P bl AU es pu ©GeoffroyHeimlich res nd u t o r c s e L ble rt e c Coennces riture fér rs d’éc et de BD n o s C e Ta i le Atel e nouvel hémère sd ép e caces i r i a Libr s de dédi ns ur co Con 72 o ti i s o Exp nce Séa 08au10 novembre 2013 Manifestation proposée par le lycée Français René Descartes et l’institut français de Kinshasa en partenariat avec le lycée Prince de Liège, le centre Wallonie-Bruxelles, l’ ambassade de Suisse en RDC, les Béjarts, les éditions Elondja, l’espace Bilembo, le collectif SADI, le programme SESAM, l’OIF. Culture Un jeune photographe sud coréen parcourt l’Afrique à la recherche des monuments témoins de la présence Nord Coréenne. Che Onejoon s’occupe beaucoup d’histoire pour un photographe. Il a étudié pendant une dizaine d’année les vestiges de la dictature dans une Corée dont l’industrialisation rapide a laissé des traces fantomatiques dans le paysage. Très inspiré par les théories du philosophe français Michel Foucault, il a particulièrement observé les restes de l’architecture militaire et policière. Le résultat, des images de vacance et de désolation qui interrogent une histoire désertée, a séduit les curateurs du Palais de Tokyo à Paris qui lui ont proposé une résidence d’un an. A cette occasion, c’est la trajectoire de Hong Jong-u, le premier étudiant sud-coréen à s’installer à Paris en 1890, qu’il choisit d’explorer.En 1893, Hong travaille pour le Musée Guimet à la préparation d’une section coréenne. Mais il devient surtout célèbre quand, à son retour en Asie, il assassine Kim Okgyun, un dissident du régime favorable à l’ouverture de la Corée à la modernité, inspirée du Japon. Interrogeant l’histoire à sa manière bien particulière, Che en a fait un film poétique dans lequel un voyageur du monde observe l’engagement artistique et politique d’un de ses frères disparu. Onejoon en Afrique Black Corée 74 Black Monument ©PhotosOnejoonChe Cette fois-ci, c’est le Musée du Quai Branly qui s’est pris d’intérêt pour l’aventure africaine proposée par Onejoon. L’art nord coréen est tout d’abord celui du culte de la famille Kim qui règne d’une main de fer sur le pays. A la fin des années soixante-dix, en pleine guerre froide, le pays offre à l’Ethiopie puis à la Tanzanie des monuments glorifiant leur propre histoire. Une manière d’exhiber sa puissance mais aussi, une relation qui se tisse autour de cette statuesque hyperbolique. Bien qu’aussi éloignés que possible des codes de l’art africain, les mémoriaux suscitent un véritable engouement. Leur dynamisme, leur force et leur modernité séduisent et flattent régime après régime et les commandes se multiplient. C’est une même entreprise, Mansudae Overseas Project Group of Companies, basée à Pyongyang, qui réalise les bâtiments et monuments réalistes traqués par Che Onejoon lors du périple africain qu’il a réalisé au premier trimestre 2013. « Black Monument », car beaucoup de nuances de sombre s’entremêlent dans ce parcours artistique : celles des destinées politiques de l’Afrique, le continent noir, mais aussi celle de la Corée du Nord, un pays qui, même si son art monumental semble encore rencontrer le succès auprès d’une certaine catégorie de public, traverse des années très difficiles sous le joug d’une dictature bâtie dans le même acier que ses statues. La Corafrique Si l’on entend beaucoup parler de la Chinafrique, la Corafrique reste un concept peu exploré. Pour sa première expérience sur place, le jeune artiste a découvert un continent de contrastes et différent sous bien des aspects de l’image qui est souvent diffusée dans son pays d’origine. « La Namibie, dit-il par exemple, est loin des clichés rebattus sur le désert du Kalahari et la tribu Himba que l’on peut voir dans les documentaires. C’est un pays moderne, avec des villes grandes et belles, des routes bitumées… » Il a parcouru l’Afrique du Sud, la Namibie, le Zimbabwe, le Bostwana, la RDC et le Sénégal, pour interroger cette relation inattendue entre des régimes africains plus ou moins autoritaires et l’un des derniers bastions du communisme. Il a également trouvé un écho aux années noires de la dictature sud-coréenne, celle qui a marqué à la fois son enfance et les paysages de son pays, comme par exemple à Kinshasa. Sa première réaction en découvrant la ville a été, comme pour beaucoup, un mouvement de répulsion, une pesante oppression. Puis il a 75 Culture retrouvé dans certains détails, des graffitis, le regard des passants, et encore, des bâtiments en déshérence, comme un arrière-goût de misère et de désespoir qui est peut être la saveur particulière d’un pays qui souffre. Un documentaire, un reportage photo inédit qui fera l’objet d’une exposition dans le cadre de Photo Quai, puis un livre proposant la vision de différents professionnels : autant d’interprétations de cet étrange mariage entre le réalisme socialiste et l’Afrique, pour tenter de comprendre quels sont les valeurs et les symboles qu’il réveille ou engendre, dans les situations sociales et politiques qui sont celles du continent actuellement. Un régime anachronique vend de l’art désuet à des dirigeants peut être un peu mégalomanes dans un continent qui court après le train du développement mais auquel on réserve surtout une place dans le wagon de l’exploitation sauvage des ressources… Merci au photographe qui éclaire pour nous ce sinueux détour de l’histoire. Perrine Piton Mansudae Art Studio 76 Pagedegauche:statuedeHenryMortonStanley,deboulonnéeàl’institutdesmuséesnationaux,Kinshasa,RDC. Ci-dessus,le«Monumentdelarenaissanceafricaine»,partiellementconçuparleprésidentAbdoulayeWadeaété inauguré sur les hauteurs de Dakar en 2010. Il mesure 52 mètres de haut et devrait, d’après le président Wade, durer 1 200 ans. Onejoon Che ©PhotosOnejoonChe Peut-être le plus grand des ateliers artistiques, Mansudae emploie a peu près 4 000 nord Coréens dont un millier d’artistes issus des meilleures académies du pays. L’atelier a le monopole de la représentation de la famille Kim et porte haut le flambeau de la tradition du réalisme socialiste, notamment à travers la réalisation de nombreuses œuvres de propagande destinées à agrémenter les murs des bâtiments de la république. La production comporte également de très nombreuses imitations de chef d’œuvres de la peinture internationale qui sont vendues dans les lieux les plus touristiques du monde. La filiale internationale du studio commercialise statues, monuments, stades et mémoriaux pour de nombreux pays, principalement sur le continent africain; une source de revenus considérable pour un état rendu exsangue par des années d’isolement international. Onejoon Che est né en 1979 à Séoul. Il étudie à la Kaywon School of Art and Design où il obtient en 2005 un diplôme de philosophie et médias. Pendant son service militaire, il devient photographe officiel de la police de Séoul. Il a reçu plusieurs prix : en 2010 le prix Photographie Ilwoo à Séoul, en 2011, le onzième prix d’art Hermès avant la résidence de créations artistiques du musée du Quai Branly. Son travail a été montré à la biennale de Taipei, à la biennale du design de Gwangju, au Seoul Photo festival, au Yebisu International Festival for Art&Alternative Visions au Tokyo Metropolitan Museum of Photography et plus récemment au Palais de Tokyo, Paris (2012). Il a publié Géopolitiques du visible en 2009. Il a souhaité remercier ici Agathe Moroval au Musée du Quai Branly, son équipe Mr. Lee & Mr. Kim, les Coréens du Congo et le Mansudae overseas project of North Korea. 77 Culture RENCONTRE AU SOMMET violon de Mozart. Le soliste, José Maria Blumenshein, y déploie toute sa sensibilité et sa maîtrise technique. Après l’entracte, l’orchestre interprète les quatre premiers mouvements de la première symphonie que Beethoven composa à 30 ans en pleine maturité, alors qu’il avait déjà produit quelques chefs-d’œuvre. Admirateur de Mozart, il restait à cette époque marqué par son influence dans l’écriture de cette symphonie à l’esthétique classique. 21h35, c’est la fin, et sous des applaudissements nourris, l’ambassadeur d’Allemagne et le conseiller de coopération et d’action culturelle adjoint de l’ambassade de France montent sur scène pour offrir des bouquets de fleurs au chef d’orchestre, David Marlow, bien sûr mais également au maestro-fondateur de l’OSK, Armand Diangienda. Pour le plus grand bonheur du public, l’orchestre se remet à l’ouvrage pour faire vibrer l’énergie toute méditéranéenne de l’Arlésienne de Bizet face à un public définitivement conquis. Le temps d’écouter une dernière fois les cymbales résonner et de laisser les dernières notes des contrebasses, violoncelles et autres violons expirer, il est près de 22h00. C’est le moment choisi par David Marlow pour rejoindre Armand Diangienda et lui porter une accolade pleine de chaleur. Le public peut alors quitter ce lieu magique, rêvant d’un autre rendez-vous de cette qualité, très bientôt. La première représentation en public des orchestres symphoniques kimbanguistes (OSK) et de la radio télévision allemande de Cologne (WDR) s’est déroulée dans le cadre magnifique du Théâtre de verdure du Mont Ngaliema le jeudi 18 juillet dernier. 78 Christophe Hochard ©PhotosPerrinePiton Plus de 1800 personnes avaient répondu présent à cet événement qui s’inscrivait dans le cadre du 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée entre l’Allemagne et la France. L’ambassade d’Allemagne, à l’initiative de ce projet, et l’Institut français de RDC ont pu ainsi offrir ce moment rare au public kinois. A 20h00, sous la direction de David Marlow (chef d’orchestre de la WDR de Cologne), 40 musiciens issus des deux formations entonnent les premières notes de l’ouverture de « Rosamunde» de Schubert, le seul et unique quatuor à cordes imprimé et joué du vivant du compositeur. Puis, dans un silence absolu, le public écoute religieusement les 3 premiers mouvements du concerto n°1 pour Vie pratique cueil », permettent aux nouveaux sultats affichés par nos écoles françaises arrivants de rencontrer rapidement au brevet des collèges ou au baccalaudes compatriotes, de se voir propo- réat (100% de réussite en 2012 et 2013). ser conseils, activités, et si besoin Pour les autres, reste possible le recours est, accompagnement dans les dé- au CNED, qui assure des enseignements à distance, que l’on peut compléter par marches de la vie courante. Un autre « guichet » important est celui le recours à des répétiteurs. du consulat. Celui-ci joue, pour les Fran- Dans tous les cas, ces établissements çais à l’étranger, un peu le rôle d’une ou le CNED - permettent, au retour en France ou en cas d’installation dans mairie, et quelquefois aussi de notaire. un autre pays, de pourJ’invite vivement les suivre un cursus scolaire nouveaux arrivants à s’y « D’une manière harmonieux, puisqu’ils rendre rapidement pour générale, les respectent tous les pros’y faire enregistrer sur grammes français et sont la liste consulaire et ausCongolais, dans agréés, reconnus et inssi sur la liste électorale la tradition pectés par le ministère que tient régulièrement africaine et de l’éducation nationale. à jour le Consulat. Cela permet aux services bantoue, sont : Au-delà des établisseconcernés de l’ambasaccueillants pour I.ments d’enseignement, sade de France de poules étrangers, Kinshasa, tout comme voir, en cas de besoin, Lubumbashi et les autres prêter aide et assistance peut-être bien centres urbains, ne sont à nos compatriotes en plus que nous pas réputés pour offrir difficulté, résidents ou ne le sommes en des loisirs illimités. Alors de passage. que font les enfants en Bien sûr, il convient aussi France…» dehors des heures de de rapidement nouer cours ? des contacts avec son entourage professionnel. D’une manière générale, les Congolais, dans la tradition L. H. : Il faut également signaler que nous africaine et bantoue, sont accueillants disposons en RDC de deux instituts français : pour les étrangers, peut-être bien plus • la halle de la Gombe à Kinshasa ; • la halle de l’Etoile à Lubumbashi que nous ne le sommes en France… la rentrée DE Luc Hallade Ambassadeur de France en RDC Feud’artificesurlefleuveCongo,offertparOrangepourlafêtenationalefrançaise,le14juillet2013 sés à l’école primaire française avenue Kalemie. Ils n’ont donc que la rue à traverser pour se rendre à l’école le matin. Luc Hallade: J’ai pris mes fonctions comme ambassadeur en RDC en juillet 2011. Mais j’avais déjà séjourné à Kinshasa de 2003 à 2007 en tant que premier conseiller à l’ambassade de France. C’est donc en connaissance de cause et sans appréhension particulière que je suis revenu m’installer en famille ici. Il est vrai aussi que cette installation était facilitée par l’absence de besoin de chercher un logement, puisque j’ai la chance de disposer de la résidence de France. Même si celle-ci est beaucoup utilisée à titre professionnel pour des réceptions, dîners, déjeuners ou réunions de travail, sa partie privative est suffisamment vaste pour nous permettre d’y vivre confortablement, moi et ma famille. Avantage supplémentaire : ayant de jeunes enfants, ceux-ci sont scolari- L. H.: La vie de famille d’un ambassadeur est quelquefois un peu compliquée. La charge de travail, les nombreuses obligations professionnelles et sociales font que mon temps libre est relativement limité. Il faut donc avoir une épouse compréhensive pour accepter ces contraintes assez lourdes inhérentes à la vie de diplomate, dont une partie - la plus visible peut-être - est consacrée à des activités de représentation et de réception. Et il faut également que celle-ci puisse, malgré ces contraintes, avoir sa propre activité professionnelle. Mon épouse est cinéaste, ce qui lui permet d’organiser sa vie professionnelle de façon relativement autonome. Pour autant, trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie fami- 80 I. : Sur le plan familial, comment s’est passée votre installation ? Votre famille, notamment, s’est-elle facilement adaptée à son nouvel environnement ? liale n’est pas toujours très facile, pour l’un comme pour l’autre. Heureusement, nos conditions de vie, plutôt agréables, aident à supporter le poids des contraintes liées aux métiers particuliers que nous exerçons et nous arrivons quelquefois - pas aussi souvent que nous le souhaiterions ! - à préserver quelques plages d’intimité en famille dans un agenda chargé. I. : Avant même d’arriver en RDC, beaucoup d’expatriés français ont fait le choix d’inscrire leurs enfants dans le réseau d’enseignement français. Qu’en pensez-vous ? I. : Aujourd’hui, tous ces soucis d’installation font partie du passé. Mais quels conseils donneriez-vous aux nouveaux arrivants ? En particulier que devraient-ils faire en priorité ? L. H.: Quand on arrive pour la première fois en RDC, il faut, comme partout ailleurs, avoir comme souci prioritaire de s’installer, c’est-à-dire de trouver un toit, de s’équiper, se meubler, apprendre à découvrir la ville où l’on vit. Ces débuts peuvent être facilités par le réseau d’entraide et de solidarité qui existe fort heureusement entre expatriés français à l’étranger. à Kinshasa, plusieurs associations, dont notamment « Kinshasa ac- ©photosAmbassadedeFrance IMPACT: Monsieur l’ambassadeur, c’est moins au représentant de la France qu’à l’expatrié et père de famille que je m’adresse à vous aujourd’hui. Alors ma toute première question sera simplement pour savoir depuis quand et dans quelles conditions vous êtes arrivé en RDC ? L. H.: Les familles qui ont des enfants en âge scolaire doivent également inscrire leurs enfants dans un des établissements du réseau de l’AEFE ou de la Mission laïque française. Nous avons la chance de disposer à l’étranger d’un réseau français d’enseignement dense et de qualité. En RDC, plusieurs écoles françaises fonctionnent à Kinshasa (lycée René Descartes), mais aussi à Lubumbashi (le lycée Blaise Pascal) et à Muanda (l’école française ouverte pour le personnel de la Société PERENCO). Il est donc relativement aisé, au moins dans ces trois villes, de scolariser ses enfants dans de bonnes conditions, comme en témoignent les excellents ré- I. : Quelques mots en conclusion ? L. H. : En bref, contrairement à l’image trop souvent négative de la RDC, je peux témoigner et d’autres avec moi que l’on peut y mener une vie heureuse et paisible. Bien sûr, comme dans la plupart des grandes villes, il faut à Kinshasa rester vigilant et prudent dans ses déplacements. Et certaines régions du pays, encore en proie à l’instabilité, ne sont guère propices à une installation en famille. Mais globalement, ce pays et ses habitants offrent une richesse de paysages et une diversité culturelle qui justifient la fameuse appréciation du guide Michelin : « vaut le détour » ! A l’occasion de ce numéro de rentrée d’Impact, je souhaite à tous les nouveaux arrivants en RDC une bonne installation, d’y trouver rapidement leurs repères et leurs marques, de s’y faire de nouveaux amis et surtout d’y être heureux. Propos recueillis par Philippe Larrieu Jean-LéonBonnechère,PDGdeOrangeenRDC etLucHallade,AmbassadeurdeFranceenRDC. qui proposent tous deux une programmation artistique suffisamment riche et variée, dans tous les domaines (cinéma, danse, photo, sculpture, théâtre…) pour que chacun puisse y trouver son bonheur. Le service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France anime et coordonne par ailleurs un réseau d’Alliances franco-congolaises notamment à Matadi, Kisangani, Goma et Bukavu - qui assurent pour certaines, outre les cours de français qui sont leur mission prioritaire, certaines animations ou activités culturelles. Enfin, les associations de Français à l’étranger (UFE et ADFE) permettent également à nos compatriotes de se retrouver autour d’activités festives, ouvertes aux autres nationaux et aux Congolais ; elles sont une occasion de « créer du lien social » pour ceux qui se sentiraient éventuellement isolés ou un peu perdus dans cette grande ville et ce grand pays. 81 Vie pratique l’école française à l’heure de la RDC En RDC, le réseau des écoles françaises compte trois établissements, à Muanda, Lubumbashi et Kinshasa. L’école française de Muanda L’école française Perenco (maternelle et primaire) et l’école francocongolaise (collège) de Muanda scolarisent une cinquantaine d’élèves, dont une trentaine en maternelle et au primaire, et une vingtaine au collège. Ces établissements travaillent en collaboration avec le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED). Ils ont été crées par la société pétrolière Perenco qui leur apporte tout son soutien. Il est à noter qu’à partir de l’année scolaire 2013-2014, l’école franco-congolaise de Muanda ouvre aussi un niveau au lycée (la seconde). Le lycée Blaise Pascal de Lubumbashi à Lubumbashi, le Lycée français Blaise Pascal de Lubumbashi a rouvert ses portes en 2009 dans de nouveaux locaux et avec de nouveaux équipements, 82 après dix-huit ans de fermeture. Plus d’une quinzaine de nationalités sont aujourd’hui représentées parmi les élèves de ce bel établissement, preuve qu’à Lubumbashi, ville cosmopolite, la francophonie est une réalité vivante. Les cours de la maternelle (à partir de deux ans) et de l’élémentaire (CP au CM2) sont en enseignement direct. L’école primaire est homologuée à partir de la moyenne section par le ministère français de l’éducation nationale. Le collège et le lycée fonctionnent avec le CNED dont les cours sont dispensés par des professeurs assistants. La mission de l’établissement est de diffuser la langue et la culture françaises par un enseignement innovant, plurilingue et interculturel qui prend en compte la culture et la langue locale ainsi que l’apprentissage des langues étrangères. L’accent est mis sur l’anglais en accord avec les instructions officielles de l’éducation nationale française et en met- L’AEFE est le plus important réseau scolaire au monde : 480 établissements,130 pays, 306 000 élèves. L’homologation délivrée par le ministère français de l’éducation nationale certifie la conformité de l’enseignement aux exigences, programmes, objectifs pédagogiques et règles d’organisation du système éducatif français. Elle permet à tout élève issu d’un établissement homologué de poursuivre sa scolarité dans tout autre établissement français sans examen d’admission. Les établissements sont amenés à justifier périodiquement du respect des critères d’homologation (accueil des enfants de nationalité française comme des enfants étrangers, préparation des élèves aux examens, personnels titulaires français). tant en œuvre la spécificité des écoles de la Mission Laïque Française « deux cultures trois langues ». L’excellent équipement de la salle informatique permet aux élèves d’appréhender au mieux l’outil informatique en validant Le B2I (Brevet Informatique et Internet) à tous les niveaux. Dans l’esprit qui a toujours été le sien, l’établissement sait allier l’excellence académique française et l’apprentissage de la culture congolaise, dans une perspective d’ouverture au monde, de brassage culturel, de dialogue et de tolérance. Contacts : 243 811 748 84 61, [email protected] Le lycée René Descartes de Kinshasa Ouvert en 1964, le lycée est actuellement réparti sur deux sites, la section primaire (maternelle et élémentaire) avenue Kalémie et la section secondaire (collège et lycée) avenue de la Gombe. Le lycée accueille environ 800 élèves de la maternelle à la terminale. Il prépare aux examens du brevet des collèges et des baccalauréat S, ES et L. Les résultats aux examens sont excellents, avec 100 % de réussite au bac ces deux dernières années. Les programmes et les examens sont ceux des établissements scolaires de France. Le lycée français René Descartes est le centre unique pour les examens français, DNB et Baccalauréat pour la RDC. Des actions de formation continue pour tous ses personnels sont organisées tout au long de l’année afin de garantir la qualité des enseignements. L’établissement suit le calendrier scolaire français avec quelques aménagements. Conventionné avec l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’étranger), il est géré financièrement par un conseil de gestion et administrativement par un conseil d’établissement. Un projet immobilier conséquent débutera en octobre 2013 et permettra de parfaire l’accueil des élèves et des enseignants. à noter que sous l’impulsion du service de coopération de l’ambassade de France, le lycée René Descartes, comme certains autres établissements de RDC, sera doté d’écrans numériques dans les classes au cours du premier trimestre 2013-2014. Cette «révolution numérique» se conjuguera avec l’ouverture du lycée à une coopération éducative avec cinq écoles congolaises de Kinshasa. www.lyceefrancaisdekinshasa.org Maurice Demailly, Philippe Larrieu et Mélanie Sirdey-Coid Conditions d’admission et calendrier Les trois établissements accueillent tous les enfants sous réserve des places disponibles et de réussite aux tests d’entrée. A Kinshasa, les Français et les élèves issus d’un autre établissement français sont prioritaires et ne sont pas tenus de passer les tests. Dans les trois établissements le calendrier correspond à celui qui est en vigueur en France. La rentrée 2013 a été fixée au 3 septembre. Page de gauche, le lycée de Kinshasa Ci-dessouslasalled’informatiquedulycéeBlaisePascal. Ci-contre, l’école de Muanda Vie pratique étudier en france Killy, étudiante en mastère Édition et métiers du livre à l’université de Bretagne Sud « Après avoir travaillé pendant plusieurs années en bibliothèque, j’ai senti la nécessité de parfaire mes connaissances par un mastère en documentation. Depuis quelques décennies, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont intégré les pratiques professionnelles des bibliothécaires documentalistes et exigent une capacité d’adaptation quant à leur utilisation. C’est pour me former dans ce domaine que j’ai souhaité reprendre mes études. étudiante en mastère édition et métiers du livre à l’Université de Bretagne Sud, j’ai d’abord eu des difficultés à m’adapter à un autre système et au rythme des enseignements. Avec du travail et de la persévérance, j’ai fini par y arriver et acquérir de nouvelles connaissances qui ont complété mon savoir. Campus France organise mes études en tant que boursière du gouvernement français. J’ai été accueillie et 84 accompagnée tout au long de l’année académique : réception à l’aéroport, aide au logement, suivi de la formation, écoute au quotidien. Je peux dire que l’organisation m’a vraiment soutenue tout au long de mon séjour L’accueil au niveau de l’université a été très chaleureux. Des journées d’intégration sont organisées au début de l’année académique. Et pour témoigner de son hospitalité, l’université a offert une visite à Belle-Île-en-Mer pour tous les étudiants étrangers. Pour mettre en pratique les connaissances acquises en première année, j’ai trouvé un stage dans un centre de documentation où tout se passe très bien. En dehors de cela, j’apprécie énormément la mixité culturelle ainsi que la vie associative des étudiants dans les facs françaises. Pour partir étudier en France il faut être autonome et motivé, avoir des objectifs et un projet professionnel bien définis mais c’est aussi la garantie d’une formation sérieuse et facilement valorisable sur le marché de l’emploi.» LeslocauxdeCampusFranceRD.Congo, dans l’enceinte de l’Institut français / Halle de la Gombe © Photos Campus France Étudier à l’étranger est un rêve pour beaucoup de jeunes Congolais. Pour que cela puisse devenir un véritable projet, la France a mis en place un guichet unique pour les étudiants candidats au départ. L’ouverture de Campus France RDC : une opportunité de changer de vie. Les étudiants témoignent. Un interlocuteur privilégié Ses missions Campus France RD Congo, qui ouvrira ses portes dès septembre 2013, est un service de l’ambassade de France dédié aux étudiants congolais et aux étrangers résidant au Congo désireux de poursuivre leurs études supérieures en France. Ses locaux sont situés au sein de l’Institut français de Kinshasa. Ce service est conçu pour devenir l’interlocuteur unique des jeunes Congolais désirant étudier en France. Il constitue un passage obligatoire pour toute demande de pré-inscription auprès d’établissements d’enseignement supérieur français et pour les démarches préalables au dépôt d’une demande de visa pour études. Campus France a pour mission d’informer les étudiants sur les études en France et les orienter dans leur recherche. Grâce à son site internet et à son espace d’accueil, il met à leur disposition les outils qui leur permettront de définir leur projet et de construire leur parcours de réussite. Son rôle est aussi d’évaluer leur motivation, leur projet pédagogique et la cohérence entre leur parcours et leur projet d’étude. Casy, boursier du gouvernement français en mastère 2 professionnel Communication et stratégie de marque à l’université Lumière de Lyon semestre sont des dossiers préparés généralement en petit groupe et exposés devant un auditoire de 24 étudiants. Au second semestre, les étudiants sont tenus d’effectuer un stage obligatoire en entreprise d’au moins trois mois. Je suis convaincu que cette formation en France me donnera les outils académiques et professionnels pour transmettre ces nouvelles connaissances universitaires et qu’elle permettra aussi mon développement personnel.» « L’agence Campus France m’a pris en charge dès mon arrivée en France. Avec un minimum d’organisation, cette bourse me permet de vivre correctement. L’agence rembourse aussi 80 % de mes frais médicaux. L’administratrice de mon dossier répond systématiquement à toutes mes questions par courriels et n’hésite pas à m’appeler en cas de besoin. Je suis logé dans une résidence universitaire dans une chambre traditionnelle d’environ 9 m2 pour un loyer de 156 euros. J’apprécie la vie à la résidence, située à Mermoz Pinel, magnifique quartier du 8ème arrondissement de Lyon. La mixité de sa population et le foisonnement des petits centres culturels et commerciaux font toute sa beauté, à côté de la quiétude qui y règne. L’excellence de la France dans le domaine universitaire, le haut niveau de ses prestigieuses universités, l’enrichissante vie culturelle du pays et mon parcours personnel ont naturellement fait porter mon choix sur la France. Ma formation de mastère 2 Pro en Communication et stratégie de la marque à Lyon 2 se passe très bien. Les épreuves d’évaluation au premier Alain Masetto Plus d’infos sur : www.rdc.campusfrance.org Grâce, candidate au départ. « J’étudie le Droit. J’obtiendrai ma licence prochainement et je souhaite poursuivre avec un mastère en Droit des affaires. J’envisage de me spécialiser en droit bancaire et c’est ce qui m’a poussée à faire une demande pour partir étudier en France. Je sais que là-bas je pourrai approfondir mes connaissances dans ce domaine et faire un stage de fin d’études valorisant avant d’entrer dans la vie professionnelle. Obtenir un diplôme français me permettra de mieux me positionner sur le marché du travail, car l’enseignement supérieur français est reconnu pour sa qualité. De plus, les entreprises recherchent des profils ouverts, avec des expériences variées. Pour cette raison, une expérience en France me permettra de Pour qui ? Tous les Congolais ou étrangers, non ressortissants de l’Union Européenne et résidant en RDC qui : • souhaitent obtenir une pré inscription en France ; • ont déjà obtenu une pré inscription en France ; • sont des bacheliers français ; • sont boursiers ; • partent dans le cadre d’un échange; • ont fait leur procédure Campus France dans un pays étranger et souhaitent demander un visa depuis le Congo. me confronter à un système différent de celui du Congo, tout en m’apprenant à devenir autonome. Avant de venir à l’espace Campus France Kinshasa, j’avais déjà une idée précise des études que je voulais entreprendre en France. Des amies m’ont indiqué qu’il fallait commencer les démarches en me présentant à l’espace Campus France de l’Institut français de Kinshasa et à partir de ce moment là, tout s’est fait rapidement. L’équipe de Campus France m’a aidée et orientée lorsque j’ai rencontré des difficultés et le site de Campus France RDC, accessible depuis septembre 2013, est une interface pratique et efficace.» Propos recueillis par Alain Masetto 85 Impact Junior Tintin est-il raciste ? Non, Tintin n’est pas raciste, a estimé la justice belge en décembre 2012. En cause, l’album d’Hergé Tintin au Congo, deuxième ouvrage d’une série devenue une référence mondiale. Paru initialement en 1931, le titre en question mettait en scène les aventures du célèbre reporter belge dans ce qu’était alors le Congo belge. « Hergé s’est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil. » précise le tribunal de Bruxelles, mettant ainsi fin à l’action engagée cinq années auparavant par un ressortissant congolais résidant en Belgique. Bienvenu Mbutu Mondondo demandait, sinon l’interdiction pure et simple de l’album, du moins l’ajout d’un avertissement portant sur la nature raciste du contenu. Cette décision judiciaire n’est pourtant qu’un épisode de plus dans la carrière mouvementée d’un album de Tintin qui suscite depuis longtemps le débat. L’album incriminé est d’abord publié dans le « Petit XXème», supplément jeunesse de la revue catholique d’extrême droite le « Vingtième siècle ». Hergé y a été engagé en 1925 (il a alors 18 ans), et il y a créé un héros qui allait devenir le personnage de fiction belge le plus connu au monde : Tintin. Après une aventure Chez les Soviets, en URSS, Hergé envoie son personnage au Congo belge. Il s’agit pour le directeur du journal qui emploie le dessinateur, de susciter des vocations coloniales. Mais Hergé n’a jamais mis les pieds en Afrique et se contente de visiter le musée de Tervuren, près de Bruxelles, pour se documenter sur le nouveau lieu des aventures de son personnage. Le Congo de Tintin est un Congo de fantaisie, dans lequel on chasse le lion ou le rhinocéros et dont les habitants sont des Africains noirs parodiques, issus de l’imaginaire colonial, aux faciès caricaturaux, aux réactions enfantines et au langage ridicule. Hergé, des années plus tard, confessera : «C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à Illustrations : Tintin au Congo revu et interprétéparl’auteurdeBDsud-africain JoeDogdansl’ouvragePappainAfrika. 86 l’époque : « Les Noirs sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là ! », etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique.» Si l’album connaît un grand succès - il est même redessinée et mis en couleurs en 1947 - il n’est guère apprécié par son propre créateur, qui le considère comme un pêché de jeunesse. Le livre tombe peu à peu dans l’oubli et n’est plus édité jusque dans les années 70, quand, selon Hergé, un groupe de Zaïrois le contacte et lui demande de rééditer cette aventure qui se passe dans leur pays. C’est donc à la demande des Congolais que l’album réapparaît en librairie et un journaliste de l’hebdomadaire «Zaïre» peut même écrire à l’époque : « Si certaines images caricaturales du peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs, elles font rire franchement les Congolais, parce qu’ils y trouvent matière à se moquer de l’homme blanc qui les voyait comme cela.» Pourtant, trente ans plus tard, la polémique sur le caractère raciste de l’œuvre va éclater. En 2007, c’est d’abord une association britannique qui demande et obtient le retrait du livre des rayons « jeunesse » des librairies et bibliothèques anglaises, puis la Suède censure purement et simplement l’album ; enfin l’action de Bienvenu Mbutu Mondondo, soutenue par le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France), traîne l’éditeur (Hergé est mort en 1983) devant les justices belge et française. La polémique fait rage : doit-on considérer une œuvre du début du XXème siècle avec les critères du XXIème ? Tintin au Congo peut-il être lu par des enfants sans qu’on prenne la précaution de le contextualiser ? Pour les uns, censurer Tintin au Congo serait un précédent fâcheux qui ouvrirait la porte à la censure d’une grande part du patrimoine littéraire qui ne respecte pas nos valeurs actuelles. Pour les autres, on ne peut continuer à mettre dans les mains de lecteurs non avertis un livre qui perpétue des stéréotypes racistes. La décision de justice, qui donne tort aux partisans de la censure, ne met pourtant pas un terme au débat. Plusieurs artistes prennent position, notamment en Afrique. Pour le dessinateur congolais Tembo Kash, Tintin au Congo fait partie du patrimoine congolais et, s’il regrette évidemment l’aspect graphique caricatural des Noirs d’Hergé, il considère que la notoriété internationale de Tintin a servi le Congo en l’intégrant dans l’imaginaire mondial. Barly Baruti, autre auteur renommé de la BD congolaise, pense qu’il faudrait que les auteurs africains dessinent un anti- Tintin au Congo, mettant en scène un personnage noir en visite en Belgique sur le même modèle que Tintin visitant le Congo. Donner la parole au colonisé, instrumentaliser l’imaginaire colonial pour parler de l’Afrique d’aujourd’hui et dénoncer les méfaits du racisme, c’est précisément le travail de l’artiste sud-africain Joe Dog (Anton Kannemeyer) qui ne cesse depuis vingt ans de reprendre le graphisme et les scènes de Tintin au Congo pour dénoncer avec humour et férocité le regard occidental sur l’Afrique (voir les illustrations ci-contre toutes issues de ses ouvrages). Ainsi, Tintin au Congo, œuvre mal aimée par son créateur, livre polémique en Europe comme en Afrique, devient une arme efficace contre tous les stéréotypes racistes. Peut-être qu’Hergé, cet humaniste plein d’humour, aurait aimé ce retournement inattendu de situation, sans doute plus conforme à l’idée qu’il se faisait de son personnage toujours prêt à combattre les injustices.t Les articles d’Impact Junior sont écrits par les élèves du lycée René Descartes, en l’occurrence Alex Hofer, Nadine Ibrahim, Priscille Kasende, Erika Lambion, et Marissa Manshande, avec la complicité de certains professeurs ( Olivier Appollodorus et Michel Jeanroy) pour ne pas les citer). 87 Impact Junior La bénédiction des ressources La République Démocratique du Congo (RDC) regorge de ressources naturelles et les mines sont l’un des fils de la trame sur laquelle se tisse l’histoire du peuple congolais. Récemment, un incident s’est produit dans le Katanga, province dans laquelle se trouve une grande partie des minerais du pays. 88 millions de dollars destinés à la redevance minière perçue par la Direction Générale des Recettes Administratives Domaniales (DGRAD), ont disparu. Ceci a causé la suspension de la RDC de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) pour une année. Comme bien d’autres pays, la RDC subit le fléau de la corruption. Celleci peut être considérée comme une adaptation à la pauvreté qui a, petit à petit, gangrené le pays depuis la fin de la colonisation. Les Congolais l’ont vue naître à cause de la misère qui frappe aujourd’hui plus de 50% de la population. Le problème de la corruption n’est donc pas dû à la mauvaise foi des personnes ou à une éducation qui a failli, ou encore à un égoïsme qui se serait répandu, mais tout simplement à l’impossibilité d’obtenir par la voie juste et légale suffisamment de moyens pour se nourrir, subvenir aux besoins de son foyer mais aussi pourvoir aux nécessités des autres membres de sa famille (parents, frères et sœurs , neveux et nièces, cousin(e)s, etc.) A priori, la crédibilité du pays pourrait être remise en cause ; pourtant, ce serait à tort. Car quelques jours après l’in- 88 cident cité précédemment, la DGRAD affirmait avoir retrouvé les traces de ladite somme. On évoque alors un manque de rigueur. Mais le gouvernement ne reste pas indifférent. En février dernier, les gouverneurs des provinces se sont réunis à Lubumbashi, déterminés à y voir plus clair dans la gestion des minerais du pays. Le Premier ministre Matata Ponyo, de son côté, s’est personnellement impliqué en faveur de la promotion de la transparence dans la gestion des ressources naturelles, en recommandant que la transparence appliquée aux revenus issus du secteur extractif soit étendue à leur utilisation. La Banque Mondiale, quant à elle, a promis d’apporter son soutien financier après avoir vu la volonté d’appropriation du processus ITIE par les autorités congolaises. Cette aide va plus se focaliser sur les problèmes de gestion, la responsabilité des acteurs et les perspectives d’avenir. Les estimations de la Banque mondiale confirment que la stratégie de soutien des investissements dans l’infrastructure à grande échelle de la part des autorités pourrait accompagner la croissance de manière significative. La croissance La malédiction des ressources On parle de « malédiction des ressources naturelles » pour désigner un effet négatif de la dotation naturelle sur les performances économiques des pays. Un des mécanismes mis en avant est celui de la mauvaise qualité institutionnelle, les ressources naturelles empêcheraient le développement de « bonnes » institutions favorables au développement économique. www.cncd.be/La-malediction-des-ressources ITIE du PIB pourrait s’accélérer avec des réformes pour l’amélioration de l’environnement des affaires, notamment en renforçant la gouvernance et la transparence dans les industries extractives (forêts, mines, pétrole, etc.). Cela contribuerait probablement à retourner la situation, c’est-à-dire qu’une bonne partie de la population sortirait de la pauvreté, ce qui favoriserait le développement du pays et donnerait moins de prise à la corruption. L’espoir que la RDC se relève et sorte de la fameuse « malédiction des ressources » que connaissent grand nombre de pays africains, fait surface. Le pays s’est aussi doté du certificat de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs3 (CIRGL). La CIRGL est un dispositif qui cherche à amener tous les pays de la région à dialoguer et à s’entendre sur les stratégies pour ramener la paix et la prospérité dans la région. Elle regroupe onze états : l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie, et la Zambie. Ce certificat va faciliter la traçabilité des minerais exportés. Le ministre des mines Martin Kabwelulu a indiqué que cette démarche constitue le début des solutions au commerce illicite des minerais en RDC. Un pas vers la “bénédiction des ressources“ ? t L’ ITIE est un processus à travers lequel les parties prenantes mettent à disposition des populations, à travers la rédaction de rapports périodiques par des consultants indépendants, les revenus et les recettes de l’État issues de l’exploitation des ressources minières et pétrolières. Son but est de renforcer la bonne gouvernance en améliorant la transparence et la responsabilité (obligation de rendre compte) dans le secteur des industries extractives à travers la collecte, la vérification, la conciliation et la publication de tous les paiements effectués par des entreprises publiques et privées au compte de l’État. Vie pratique Excursions Les coups de cœur de la rédaction Après-midi sur les bancs de sable Après-midi sur les bancs de sable au milieu du fleuve Congo, avec le Yacht Club : le plus beau paysage à portée de main de la ville, baignade, barbecue, pêche… Tél.: 089 974 45 53 à Kinshasa et dans les environs Récemment installé à Kinshasa ou de passage ? Voilà nos adresses coups de cœur pour vous guider dans la troisième ville d’Afrique et la plus grande ville francophone du monde. Le collectif Sadi (1) Ce collectif d’artistes indépendants joue sur tous les tableaux : humour, art dramatique, musique… Rendez-vous chez eux tous les dimanches soir 16, av. Mont des arts, C/ Gombe, Tel. : 097 019 82 97 ou 081 532 16 62 6 bis, av. Uélé C/ Kintambo e-mail : [email protected] Centre Wallonie Bruxelles (2) Théâtre, spectacles, conférences, débats… En plein centre-ville. Un must. N° 206, av. de la Nation C/ Gombe, Tél.: 099 801 08 00 Académie des Beaux-Arts Sur l’av. 24 novembre, il est possible de visiter l’Académie et les ateliers des artistes résidents en fonction de leur disponibilité. Le Grand Hôtel dispose d’une salle de musculation avec sauna, d’une belle piscine, de cinq courts de tennis et deux courts de squash. Sur abonnement, avec un tarif préférentiel pour les couples. N°4 Av. Batetela 4 - C/ Gombe, tél.: 081 555 30 01 ou+243 81 555 30 10 90 à côté du grand marché sur l’avenue Kasavubu, le jardin botanique, bien qu’assez négligé, compte encore de beaux arbres et quelques pelouses agréables (droit d’entrée : 3 000 fc pour les expatriés) Symphonie naturelle à dix minutes de Kinshasa avec un bon 4x4, déjeuner sur l’herbe, pêche, promenade ; l’endroit est un petit havre de paix à l’écart de la ville. Le restaurant paillotte propose de la cuisine congolaise. Plus d’infos sur le site internet : www.symphonies-naturelles.com ou par tél.: 099 859 2610 ou081 814 6086, mail:[email protected] Le golf (2) Clubs de sport L’hôtel Elais compte probablement la plus belle piscine de Kinshasa, quatre terrains de tennis, deux salles de squash, un terrain de sport polyvalent (basket, volley) et une salle de fitness et de nombreuses activités sportives telles qu’aquagym, taekwondo, boxe, karaté, danse. Sur abonne- ment, avec un tarif préférentiel pour les couples. Av. du Lt. Colonel Lukusa, mail :[email protected] , ou tél.: 081 88 45 165ou + 081 27 46 283 ©VincentPetit ©AldricdeSaintPalais Le tarmac des auteurs Le jardin botanique (1) En plein centre-ville, le golf de Kinshasa est le plus bel espace vert de la ville, avec de beaux arbres et une grande variété d’oiseaux. Si vous ne pratiquez pas, essayez d’accompagner un ami, ne serait-ce que pour la promenade. à moins que vous ne préfériez jouer au tennis sur l’un des cours impeccablement entretenus. à l’entrée, le cercle gourmand vous accueille pour un déjeuner ou un brunch (le dimanche). 414, Av. du Cercle. Mail :[email protected]. Pour un week-end en pleine nature et la baignade dans la rivière. Possibilité de dormir sur place dans des installations assez sommaires ou sous tente ; mais il faudra apporter votre nourriture et votre charbon. A 1h20 sur le plateau des bateke, en direction de Kikwit. Tél.: 099 579 87 23 ou 099 436 22 31 Kimpese et les chutes Vampa Une cascade rafraîchissante à laquelle on accède par un pont de singe puis en se faufilant à travers des rochers. Dépaysement garanti. Possibilité de dormir à proximité dans une «guesthouse» correcte. Tél.: 089 738 79 42 Un peu plus loin (ou très très loin) Zongo Quatre heures de route, plus agréables si on attend la seconde bifurcation à Kisantu car la piste est meilleure. Sur place, de nombreuses catégories d’hébergement et de nombreuses sollicitations de la part des divers guides, assistant makala etc. Mais les chutes et la plage sont magnifiques, les jeux pour enfants sont un plus pour les familles. Renseignement : www.selisafari.com Kisantu Pour le jardin botanique et la visite des grottes (possibilité de passer la nuit dans le jardin). à 120 km de Kinshasa par une route en bon état (2h en voiture). Tel. : 08 15 41 86 98, renseignements sur le site internet : www.kisantu.net Le lac ma vallée et Lola ya Bonobos à une heure de route de Kinshasa, deux sites intéressants et relativement proches l’un de l’autre. Le tour ©VincentPetit Pour les amateurs de théâtre. 52 60 av. Lubuzi – C/ Bandal ; Tél. : 089 89 56 759 / 099 14 55 239 Mbombo Lumene ©PhilippeLarrieu ©VincentPetit Pour les concerts mais aussi les films et la médiathèque (plus de 20.000 ouvrages). à noter que l’Institut vient de se doter d’un nouvel espace de restauration où confort rime avec gastronomie : la Terrasse et sa version «haut de gamme», le Bistrot de la Halle. Programme et infos sur le site internet www.institutfrancais-kinshasa.org Espace culturel les Béjarts, à la sortie de la ville, le club équestre propose des promenades ou des reprises en manège. Dépaysement garanti dans un cadre de verdure. Mais protégez-vous des moustiques! Au croisement des avenues des écuries et Joli Parc, route de Matadi C/Ngaliema du lac se fait en une heure, avec possibilité de déjeuner au retour. Un peu plus loin le sanctuaire des bonobos vous emmène à la découverte de cette espèce endémique et malheureusement menacée. Proche de Kinshasa Culture L’Institut français Halle de la Gombe Le cercle hippique La plantation de Kwilu Il est possible de louer des maisons d’hôtes dans la plantation : baignade dans la piscine, visite de la rhumerie, ballade à vélo dans la plantation… Compter 6 h de route depuis Kinshasa, en direction de Matadi. 91 Vie pratique Le Petit Trianon Gastronomie • Sur le pouce La Terrasse Parasols et «sundeck» pour un espace accueillant où sandwiches et pizzas sont de première qualité et à des prix très étudiés. Et la médiathèque de l’Institut français est à deux pas. Institut français - Halle de la Gombe. Al Dar (1) Taboulé, shawarma, falafel… Prix très raisonnables. Sur le bd du 30 juin en face de Kin market. Le bloc (dans le quartier de Bandalungwa) Sur ces terrasses en plein air, le poulet est réputé pour être le meilleur de Kinshasa. Pâtisserie Nouvelle (2) De nombreuses sortes de pains et de viennoiseries, gâteaux d’anniversaire et pour vos déjeuners, un grand choix de sandwichs et salades. Deux boutiques, l’une à Socimat, av. de l’Équateur et av. du Colonel Mondjiba, près de l’ambassade de France. Kayser (3) Un grand nom de la pâtisserie française à Kinshasa. Un vrai bonheur. Av. de l’Équateur, C/ Gombe. Nice cream (4) Au-delà des glaces, les salades copieuses et les sandwichs variés valent le détour. 7, av. du port, - C/ Gombe, Tél. : 099 99 43 416 • Cuisine du monde Mythos Un restaurant grec familial avec une bonne sélection de mezzés pour des prix corrects. N°87, bd du 30 juin, au pied de l’église orthodoxe, entre les deux BIAC. Chez Gaby (5) Un portugais délicieux et varié; service attentionné, une des meilleures tables de Kinshasa, la convivialité en plus. 9/B av. de la Mongala ; tél.: 081 99 04 213. O Poeta (6) Pizzeria, cuisine congolaise, portugaise… Le restaurant diffuse une grande partie des matchs de foot internationaux et livre les pizzas à domicile. Av. du cercle, tél.: 099 92 29 097. • Plus chic Caf’conc (8) Tout y est raffiné : le décor (avec possibilité de réserver une salle à manger privée), la cuisine, au-dessus de tout éloge, et le service, attentionné et efficace. Le fumoir vous immerge dans une délicieuse ambiance club. Une grande adresse. 13, av. de la nation – C/ Gombe ; tél.: 081 89 93 090 Le Palais Une carte variée surtout intéressante pour les spécialités libanaises. Livraison à domicile. A coté de la résidence Bellevue sur l’avenue de l’OUA. C/ Gombe ; Tél.: 097 39 99 999 Le Bistrot de la Halle Le grand frère de «la Terrasse». Confort, air conditionné et cuisine de qualité au sein de l’un des hauts lieux de la culture à Kinshasa. Institut français - Halle de la Gombe. Le Roi du Cossa (7) Les meilleures cossas de la ville. N°220, av. Mpolo Maurice, C/ Gombe Resource (11) Vlisco (5) L’Ikéa local Un bel espace extérieur, de la musique live, un service impeccable pour des cuissons parfaites et un large choix entre cuisines congolaise et internationale. N° 42 bd du 30 juin, C/ Gombe , tél. : 099 91 17 953. Pour les achats de tous les jours, vous trouverez plusieurs supermarchés bien achalandés à la Gombe : City market (1) (n°713, av. de l’Equateur). Ouvert 7 jours sur 7. Probablement le meilleur choix de fromages et de produits laitiers de Kinshasa. Les prix sont en conséquence… Le paradis du pagne couture. C’est la seule boutique de luxe de Kinshasa et même si vous ne pensez pas acheter, les créations toujours plus originales et raffinées des créateurs hollandais sont un plaisir pour les yeux. N° 1165 / 1175, av. Tombalbaye – C/Gombe Un vaste showroom de mobilier et de déco exotique, principalement fabriqué en Thaïlande. Bois précieux, bambous et beaucoup de pièces uniques. 34 av. des cliniques – C/ Gombe. (fermé le samedi, av. Isiro). Un vaste rayon électroménager et une cave conséquente. Une bonne boucherie où l’on trouve de tout à des prix raisonnables. Un accueil sympathique, rare dans une grande surface. Ebeny Galerie (7) Mobilier design et de qualité. 2 adresses : 5c, av. Isiro et 1399 av. du commerce, C/ Gombe. Shoprite (av. de l’OUA). Des prix très compétitifs pour le tout-venant. Atelier Tintin Le Limoncello (9) Le meilleur italien de Kinshasa mais également cuisine internationale et congolaise, accueil chaleureux, service au dessus de la moyenne. Un bon rapport qualité prix. Réservation conseillée le week-end. N° 20, av. Tombalbaye C/Gombe, tél.:081 51 41 111 Marché aux tissus au Beach Ngobila (4) De nouveaux design de pagnes (entre 15 et 20$) quasiment tous les jours. Avenue du Colonel Mondjiba, sur la droite en allant vers Socimat : un atelier de sculpteurs avec beaucoup de choix mais des prix relativement élevés (à négocier). Zara Je gagne ma vie (6) Première boutique à l’européenne sur le boulevard du 30 juin, Zara (une imitation) offre l’expérience shopping à l’occidentale à ceux et celles pour lesquels le manque se ferait trop intense. Sur la route de Matadi, au-delà du Palais de marbre, de nombreux artisans travaillent le bois et l’osier. Ils travaillent également sur commande, les prix sont à négocier. Le Sixième sens Hasson et frères (2) dont le principal au 36, bd du 30 juin) et Sushis D’origine congolaise, le chef Christian B. Yumbi a fait ses classes au Ritz à Paris et a reçu le titre de meilleur jeune chef de Bruxelles avant de revenir au pays. Chambres d’hôte, spa, Resource propose une cuisine fusion pétillante en dehors des sentiers battus. N°26, av. du roi Baudoin, C/ Gombe, tél.: 099 57 16 133 Shopping Peloustore (3) (plusieurs magasins, à domicile, Gekko’s : des sushis originaux et frais, livraison rapide. Tél.: 097 000 2681 92 Dans l’enceinte du cercle français, le Petit Trianon accueille ses clients dans une ambiance très baroque. Au menu, ce que l’on trouve de plus proche de la nouvelle cuisine à Kinshasa, entre produits locaux et savoir-faire français. 30 av. des forces armées, C/ Gombe ; tél.: 099 14 56 110 Fleur de sel (10) Au sein du centre CRHP (av. Huileries) la boutique « Je gagne ma vie » propose de l’artisanat réalisé par les handicapés à des prix tout à fait raisonnables. Artisanat et développement Comme son nom l’indique, la boutique vend des meubles et des objets décoratifs fabriqués localement. Les pièces sont originales et les prix fixes très abordables pour la capitale. 19, avenue Kassi, C/Bandalungwa, Tél. : 081 00 61 511 93 Pratique Sorties La Crèche Bar mythique de Kinshasa la belle, la Crèche surplombe la place de la victoire : bière, musique congolaise live et toujours de l’ambiance. N°3, av Badjoko, C/ Kalamu Jazz au jardin de l’Ambassade d’Allemagne (les détails sont diffusés via les newsletters citées ci-dessous). Kwilu (1) ©BenoitAlméras Petit nouveau de la scène kinoise, le Kwilu a remporté d’emblée tous les suffrages avec sa paillote et son vaste espace extérieur. Vous y retrouverez toute la communauté expatriée et ce quasiment tout au long de la semaine. N° 3 av. de la justice, C/ Gombe. Nikki beach Fin d’après-midis électro au bord de la piscine de l’Hôtel du fleuve, pour ceux qui regretteraient de s’être couchés un peu trop tôt la veille. Eros Eros Un restaurant à la cuisine raffinée, un lounge bar, billard, une carte des cocktails pointue, le Eros a plusieurs cordes à son arc. Av. Kisangani et av. père Boka n°5, - C/ Gombe. 5 à sec (1) Enseigne bien connue, le 5 à sec est situé sur l’av. de l’Équateur, à l’angle à côté de la boulangerie Kayser. New Pressing Abeer Moins de 15 dollars pour nettoyer un costume ou une robe du soir. Une performance pour un travail de qualité. Immeuble Crown Tower, av. Batetela, tél.: 099 599 22 21 Eau Approvisionnez-vous en eau potable par bidons de 20 litres auprès d’Abercooling sur l’av. Malenbenkulu (proche de Socimat) ou chez AquaCongo, sur le bd. du 30 juin. Contacts utiles • Kinshasa Accueil La FIAFE, Fédération Internationale des Accueils Français et Francophones à l’Étranger s’adresse aux Français et francophones expatriés. Elle est animée par des bénévoles qui aident le nouvel arrivant et sa famille à s’adapter à son nouveau pays de résidence. à l’occasion de la rentrée 2013, Kinshasa accueil organise un apéro-rencontre le vendredi 13 septembre 2013 à l’hôtel ROYAL à 19 heures. Permanence tous les lundis de 10 à 12 heures à l’Institut français . Contactez Leila PERRET au 082 134 4805 • ADFE (Association Démocratique des Français à l’étranger) Contactez Daniel Dobrovoljec : [email protected] • UFE - Union des Français de l’étranger L’UFE gère le centre de sports et loisirs « Cercle Français » (piscine, tennis, pétanque, terrain omnisport, bar, restaurant), le carré français au cimetière jouxtant le golf et développe des interventions à caractère social. Contactez Samsi Dhanani au 0819908903 ou 0999908903 Les newsletters ci-dessous vous aideront à vous tenir au courant des événements culturels et sont également riches en petites annonces pour trouver personnel, voiture, logement ou mobilier: Congo Bongo, (écrire à JaclinBrock, [email protected],de l’ambassade des états-Unis), Communication de l’Institut français (écrire à [email protected] ), Kintonic (inscription sur www.kintonic.net), newsletter de l’ambassade du RoyaumeUni (écrire à [email protected]). 94 Santé Photo Guy (2) Pour les photos officielles ou pour faire imprimer vos souvenirs, Photo Guy, sur le 30 juin, propose un service de qualité. Jus Jambo Les jus Jambo sont produits à Kinshasa à partir de fruits frais et de saison. Pour tous vos évènements, l’équipe de Jambo propose des animations cocktail. Vous pouvez aussi organiser des livraisons hebdomadaires dans votre concession ou votre entreprise. Contactez Laurent au 081 510 01 22. Esthétique Marianthi et Soula proposent de nombreux services à domicile : extension des cils, biopeeling, vernis permanent... Des techniques professionnelles et des produits fiables. Tél.: 099 861 70 23 Centre Privé d’Urgences (1) Électricien Eclaire cool Il est électricien mais sait aussi réparer vos climatiseurs sans vous ruiner. Alphonse Nsangu, tél.: 0998 185 121 ou 0896 973 930 Tapissier Vos fauteuils sont fatigués? Donnezlui un coupon de tissu acheté rue du commerce et vous aurez un salon neuf. Comptez 50 dollars par fauteuil. Daddy Massamba, tél.: 081 015 95 90 Sonas Une seule compagnie pour toutes vos assurances : la Sonas est située sur le bd du 30 juin mais a des agences dans différents quartiers de Kinshasa. En plus de vos assurances véhicules et logement, il est recommandé de contracter une assurance maladie pour tous vos employés car la sécurité sociale est inexistante en RDC. Le CPU dispose du meilleur plateau technique d’urgence de la ville. Ce centre fonctionnant uniquement sur abonnement, il est recommandé de le faire pour la durée du séjour. Av. du Commerce, C/ Gombe, tél. : 089 89 50 302. Centre Médical de Kinshasa (2) 168 av. Wagenia Tél: 099 82 65 004 ou 089 89 50 301 Centre d’Imagerie de la Gombe (3) Le CIGO est bien équipé et ouvert tous les jours sauf le dimanche. à l’intersection de l’av. Wangata et du bd du 30 juin, tél.: 099 99 70 735 Lael Vision (4) Cabinet ophtalmologiste, n° 782,av. Tombalbaye tél.: 099 817 72 22 ou 099 817 12 22 Dentiste Av. du Colonel Mondjiba C/ Ngaliema, tél.: 099 99 150 50 Pharmacies La pharmacie du Netty’s, av. du Colonel Mondjiba, la pharmacie du 30 juin (sur le boulevard du même nom) et la pharmacie Sainte Catherine, à côté de Shoprite, sont les mieux approvisionnées de la ville. Enfants Jungle land (1) Bien qu’un peu plus cher que les autres playgrounds, il a l’avantage de proposer une zone réservée aux plus petits, à l’intérieur. Av. Colonel Lukusa, Tél.: 099 911 1600 Le baby group Un petit groupe de jeunes parents se retrouvent le jeudi matin pour échanger pendant que les plus petits font connaissance. Plus d’infos : [email protected] Le Cercle français Piscine tennis, restaurant et aire de jeux : le Cercle est une bonne option pour un après-midi en famille. N° 33, av. des forces armées, C/ Gombe Proshop (2) Librairie des Grands Lacs (3) Peu de littérature mais beaucoup de références, de dictionnaires, encyclopédies et livres scolaires. Bd du 30 juin, C/ Gombe Petits ou grands carreaux, si vous avez oublié de faire le plein de cahiers et autres fournitures scolaires avant d’arriver à Kinshasa, vous êtes sauvé ! Tout est de qualité, y compris les prix. n° 34, bd du 30 juin, C/ Gombe 95 Entreprise Générale Malta Forrest EGMF, un partenaire dynamique et performant E GMF met à disposition de ses clients et partenaires une expérience sans égal en Afrique centrale. Active dans la construction de routes et de bâtiments, dans les travaux de génie civil et dans le secteur minier, EGMF est depuis plus de 90 ans un partenaire de référence en République Démocratique du Congo. Engagement, Performance et Dynamisme: EGMF peut compter sur des milliers de travailleurs, parmi les plus qualifiés de la Région. 96 Ensemble, nous construisons l’Avenir gastronomie la fleur de sel En plein cœur de la Gombe, au 40 du boulevard de 30 juin, la Fleur de sel vous accueille tous les jours et sans interruption de 12h00 à 23h00. Ce restaurant, aussi sympathique que son propriétaire, propose une cuisine classique, faite de spécialités italiennes et françaises toujours parfaitement exécutées en termes de cuisson comme d’assaisonnement. Les suggestions du chef relèvent d’un registre plus original : fusion entre la gastronomie européenne et la « world food ». La cuisine n’utilise que des produits frais dont la plupart sont importés chaque semaine de Bruxelles. Une importance toute particulière est accordée à la qualité des poissons et fruits de mer ; car huîtres et moules sont au rendez-vous tous les vendredis pour le plus grand plaisir des amateurs. à partir du mois de septembre 2013, le restaurant proposera aussi une carte de pizzas innovante. Cette spécialité, qui était à l’honneur au 3615, a été entièrement revisitée par le chef : nouvelles recettes, compositions inattendues incorporant rougets et autres délicatesses, de quoi réveiller les papilles. Au-delà de l’assiette, c’est aussi pour l’ambiance que l’on revient dans cette institution kinoise. Un « bar lounge » permet de se détendre en attendant de passer à table : une petite carte de tapas et de sandwiches ciabatta au pain farci agrémente l’apéritif entre amis. Les mardis, mercredis et vendredis soir, un chanteur et guitariste vous fait partager un répertoire varié et tou- 98 jours de bon goût. Une fois n’est pas coutume, la sonorisation est adaptée, tant au niveau du volume que de la qualité, et les convives peuvent profiter de la musique tout en s’entendant parler. Si le temps le permet et c’est presque toujours le cas à Kinshasa, installezvous à l’extérieur. Le patio fleuri est très agréable et, avec une quarantaine de places à votre disposition, vous y serez toujours bien installés. Le service en salle est attentionné et professionnel et la carte des vins à la hauteur de la qualité de la cuisine. Pour ceux qui auront été séduits et qui désireraient faire partager leur enthousiasme à leurs amis et à leurs proches, la Fleur de sel propose un service traiteur à domicile. Réceptions, cocktails, dîners d’entreprise, mariages et autres fêtes de famille, n’hésitez pas puisque le catering peut prendre en charge plus de 400 couverts, assis dans le cadre d’un dîner ou debout pour un service buffet. Le restaurant est particulièrement vigilant en ce qui concerne les conditions de transport et de conservation des aliments afin que les règles d’hygiène et normes en vigueur soient respectées et que les produits soient livrés chez vous comme s’ils étaient servis au restaurant. Quel que soit votre projet, n’hésitez pas à en faire part à l’équipe qui vous proposera une formule adaptée à vos attentes et vous aidera à faire de vos désirs une réalité. IMPACT
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Martin van der Belen Comité de rédaction Philippe Bosse, Patrick Botrel, Michel Champredon, Sébastien Dauré, Patrick Demougin, Chloé Douafli, Matthieu Juin-Levite, Emmanuelle Marqui, Jean-Christoph...
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