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Septembre 2013 / Numéro 3
FRANCE - RDC
IMPACT
Spécial
RENTRéE
Black Corée
Dossier : la réforme budgétaire
Les coups de cœur de la rédaction
NOUVEAU
TOYOTA
©BernardPoudevigne
éDITO
Le choix de l’éducation
Accorder une priorité au secteur de l’éducation dans ce nouveau numéro d’IMPACT a été un choix évident en
cette rentrée 2013. Ce choix est aussi celui de la RDC, comme vous pourrez le constater dans les pages qui
suivent ; il est vrai qu’il demeure aujourd’hui le fondement du développement.
C’est un choix solidaire, pour une certaine vision de la vie en société, où les hommes naissent libres et égaux
en droits, mais ne peuvent exercer ces droits que par l’accès aux connaissances, langues, savoir-faire et idées.
C’est un choix stratégique en faveur d’une croissance durable et de la lutte contre la pauvreté sous toutes
ses formes, condition de la transition démographique des pays en développement et facteur d’amélioration
de la santé des populations. L’éducation augmente les compétences des individus dans tous les secteurs de
l’économie, moderne et traditionnel, urbain et rural, privé et public.
C’est aussi le choix de la communauté internationale, avec la prise de conscience de l’enjeu essentiel de l’éducation pour tous à partir des années 1990, réaffirmé avec force à Dakar en 2000, et repris la même année par
les Nations Unies dans les objectifs du millénaire de scolarisation primaire universelle et de parité d’accès à
l’éducation garçons/filles d’ici 2015. Les progrès considérables accomplis par beaucoup d’États en quelques
années montrent que cet objectif ambitieux peut devenir réalité. Mais cet élan ne peut être porté seul par les
pays les plus pauvres ; il exige une mobilisation de tous jusqu’à ce ceux-ci engrangent les dividendes de leur
investissement éducatif.
C’est enfin le choix de la communauté francophone, qui établit une relation essentielle entre le français,
langue d’ouverture et de développement, et la priorité stratégique pour l’éducation.
Fil conducteur de ce troisième numéro, le thème de l’éducation vous mettra donc au contact du ministre de
l’enseignement primaire, secondaire et professionnel mais aussi de ceux qui, dans un cadre bilatéral ou multilatéral, travaillent à l’avenir de ce secteur essentiel à la RDC. La parole sera aussi donnée aux enseignants
et aux étudiants dans les pages « société » tandis que la section « vie pratique » vous donnera de nombreux
conseils utiles en cette période de rentrée.
Mais n’oubliez pas non plus le « dossier » du trimestre, consacré à la réforme budgétaire. La priorité donnée
au secteur éducatif y trouve une traduction concrète.
Aux petits et aux grands, IMPACT souhaite une bonne année scolaire 2013 – 2014.
+ 243 (0) 81 555 33 70
www.cfaogroup.com
Philippe Larrieu
Directeur de la publication
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© Joseph Moura
SOMMAIRE
©PaulineJeanjacquot
EDITO
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POLITIQUE
Entretien avec MAKER MWANGU FAMBA
ENTRETIEN AVEC NICOLAS HULOT
DU CONCRET POUR L’ENSEIGNEMENT
L’éDUCATION DANS TOUS SES éTATS
ÉCONOMIE
© Perrine Piton
UNE BANQUE DE PROS
PLAIDOYER POUR UN NOUVEAU PIPELINE
TOTAL RDC : ACCOMPAGNER LE Développement
réduire la dette pour financer le développement
BÂTIR L’éCOLE DE DEMAIN
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DOSSIER
©PhotosOnejoonChe
RéFORMER L’état par le BUDGET
SOCIÉTÉ
Directeur de publication
Philippe Larrieu
Conseiller de direction
Antoine Yvernault
Secrétaire de rédaction
Perrine Piton
Comité de rédaction
André-Abel Barry, Patrick Botrel,
Maurice Demailly, Alain Masetto, Sabrina
Palma, Perrine Piton, Gérard Pointe, Bernard Poudevigne, Christophe Roussin.
Ont également participé à ce numéro :
Koen Van Acoleyen, Michel Anastassiou,
Olivier Appollodorus, Clara Arnaud,
Claudine Assimbu, Karim Bénard-Dendé,
Jan Bijnens, Emery Busanya, Georges
Cevaltes, Geoffroy Heimlich , Christophe
Hochard, Alex Hofer, Nadine Ibrahim,
Michel Jeanroy, Caroline Jolly, Félicien
Kabasele Dishi, Priscille Kasende, Noémie
Kilembe, Dehbia Krouk, Erika Lambion,
Romain le Chequer, Valentin Leroy, Virginie
Leroy, Clément Mambu Nsangathi, Marissa
Manshande, Solène de Montmarin, Cyrille
Pierre, Mélanie Sirdey Coid, Franck Torrès.
Conceptionetréalisationdelamaquette:
Perrine Piton
Impression : Imprimerie AGB
Dépôt légal : BNC n° JE 3.01301-57012
à LA RENCONTRE DES ENSEIGNANTS DE RDC
Experts en formation des maîtres
L’éducation des enfants des rues
Fondation rachel forrest
Lutte contre les grandes pandémies
Pour les enfants du Katanga
La solidarité du fleuve
CULTURE ET MÉDIAS
Interview d’Yves bigot
L’information au service des citoyens
Changer l’image de la femme
balabala ciné, cinquième prise
L’art rupestre du massif de Lovo
Onejoon en Afrique, Black Corée
RENCONTRE AU SOMMET
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VIE PRATIQUE
la rentrée de luc hallade
L’école française à l’heure de LA RDC
Étudier en France
IMPACT JUNIOR
Les coups de cœur de la rédaction
LA FLEUR DE SEL
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Photodecouverture,JosephMourapourl’AFD
IMPACT EST UN MAGAZINE GRATUIT EST NE PEUT PAS être VENDU
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Politique
problèmes qui nécessitent une intervention, non seulement du gouvernement
qui s’implique déjà surtout au niveau de
l’accès, mais aussi de la communauté
internationale.
C’est un grand défi et pour le relever
nous devons poursuivre et intensifier
par exemple la mise en œuvre de la
politique de gratuité. Nous devons aller
jusqu’au bout, prendre en compte tous
les éléments qui entourent cette mesure en y intégrant une politique adaptée des salaires des enseignants. Nous
mettons beaucoup plus l’accent sur les
salaires pour qu’à l’avenir le paiement
de certains enseignants ne soit plus pris
en charge par les communautés, par les
parents.
entretien avec
MAKER MWANGU FAMBA
Ministre de l’enseignement primaire
secondaire et professionnel
Impact : Monsieur le Ministre, vous
êtes à la tête d’un ministère sensible.
à quelques jours de la rentrée scolaire,
c’est l’occasion de faire un point avec
vous sur cette échéance et sur l’état
du système éducatif congolais. Pensez
vous que la rentrée académique 20132014 va bien se passer ?
Maker Mwangu : Oui. Depuis un certain nombre d’années, nous prenons
toutes les dispositions pour améliorer
le système. Nous publions le calendrier
scolaire en juillet, nous avons des pourparlers efficaces avec nos amis des syndicats des enseignants et nos services
administratifs travaillent avec efficacité
afin de garantir une bonne rentrée scolaire. Néanmoins, permettez-moi de
vous dire que j’ai une pensée toute parti-
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culière, ainsi que le gouvernement, pour
nos enfants, enseignants et collaborateurs qui sont dans les zones de conflits
à l’Est. Nous espérons que cette situation prendra fin très vite et que tous les
enfants pourront reprendre le chemin
de l’école sans problème.
I.: Quel est le principal défi pour la
RDC en matière éducative dans les
prochaines années ?
M.M.: La RDC a un grand défi à relever
d’ici 2015 : celui d’emmener ou plutôt
de ramener à l’école le plus d’enfants
possible et notamment ces 3,5 millions
d’enfants que nous avons identifiés
comme étant en dehors du système scolaire. Ramener les enfants implique la
prise en compte d’un certain nombre de
© Photos AFD / Joseph Moura
I.: Quel est votre sentiment quant
à l’atteinte des OMD de 2015 pour
l’éducation en RDC ?
M.M.: Nous nous efforçons de nous approcher de cet objectif et je peux vous
l’affirmer, la RDC ne sera pas en queue
de peloton, parce que depuis un certain
nombre d’années nous avons fait de
grandes avancées dans ce domaine.
Depuis trois ans maintenant, le gouvernement fait réellement de l’éducation
une priorité ; c’est ainsi que ce secteur
dispose du premier poste budgétaire
aujourd’hui. Les ressources que le gouvernement a mises à la disposition de
l’éducation de base notamment, pour
construire des écoles, améliorer les
conditions d’accès ainsi que la qualité
de l’enseignement se chiffrent à 100 milliards de FC pour l’exercice en cours. Tout
ceci fait que nous sommes optimistes.
On peut certes faire davantage et des
efforts supplémentaires seront faits.
I.: Quelles réformes de l’éducation
nationale vous semblent essentielles aujourd’hui?
M.M.: La mise en œuvre de la gratuité
constitue pour nous une réforme essentielle en ce qu’elle permettra d’atteindre
les objectifs de l’éducation pour tous.
N’oublions pas que cette réforme a été
mise en œuvre depuis août 2010 par le
Président de la République à partir de
l’intérieur du pays. C’était un message
fort, parce que c’est à l’intérieur du pays
et pas seulement à Kinshasa que doit se
faire cette réforme.
En complément de ce choix hautement
politique et symbolique, nous avons
déjà atteint partiellement un certain
nombre d’indicateurs comme l’indice
de parité. Tel est le cas à Kinshasa et à
Lubumbashi mais dans le reste du pays,
il nous reste beaucoup de marge de progression. C’est pourquoi le Président de
la République a lancé cette réforme depuis l’intérieur du pays, parce que c’est là
que nous devons concentrer nos efforts.
Nous continuons à travailler dans ce
sens, en isolant un peu Kinshasa et
Lubumbashi où nous avons déjà atteint
un certain nombre d’objectifs.
I.: Pourquoi la gratuité des frais
d’inscription n’est-elle pas respectée dans le Primaire public ?
M.M.: Dans certaines régions nous
continuons à insister auprès des ministres provinciaux chargés de l’éducation, ainsi que des gouverneurs pour
la mise en œuvre de cette politique de
gratuité. En juillet nous avons eu une
réunion des ministres de l’éducation afin
de faire le point sur la politique de gratuité dans toutes les provinces et de voir
quelles sont les mesures correctives que
l’on peut apporter.
Comme je vous le disais, le grand défi
pour ce ministère c’est la prise en charge
directe des salaires des enseignants.
Nous devons payer tous les enseignants.
En rémunérant tous les enseignants,
nous parviendrons plus facilement à
mettre en œuvre la gratuité.
I.: Comment l’éducation peutelle contribuer à faire des jeunes
Congolais des adultes productifs ?
M.M: C’est une question très importante; cela nous pousse à avoir une
vision qui dépasse l’éducation traditionnelle. Nous souhaitons ainsi lancer une
grande réforme dans ce secteur, celle de
la professionnalisation de notre système
éducatif. Depuis un certain nombre
d’années, nous mettons l’accent sur l’enseignement technique et la formation
professionnelle. Nous travaillons sur un
vaste programme qui vise la transformation de certaines écoles d’enseignement
général en écoles d’enseignement technique et de formation professionnelle.
Nous sommes en train de voir dans
quelle mesure nous pouvons mutualiser
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Politique
Originaire de la République démocratique du Congo, Maker Mwangu
Famba, âgé de 51 ans, est né à Kitangwa dans la province du KasaïOccidental, République démocratique du Congo.
Avant d’occuper à nouveau le poste
de ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel,
il a été réélu député national de la
circonscription de Tshikapa dans
le Kasaï Occidental aux élections
législatives générales de novembre
2011. Depuis février 2007, il occupe
le poste de ministre de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel.
Secrétaire général adjoint du Parti
du Peuple pour la Reconstruction
et la Démocratie (PPRD), de juillet
2006 à février 2007 ; député national élu de la circonscription électorale ville de Tshikapa dans la province du Kasaï-Occidental en 2006;
conseiller au cabinet du chef de
l’État de mars 2005 à juillet 2006.
Il a également été assistant principal du directeur de cabinet du chef
de l’État de la République démocratique du Congo ; vice - gouverneur de la province du Kasaï-Occidental ; consultant chargé de la
mobilisation des ressources extérieures au Programme des Nations
Unies pour le Développement,
(PNUD) ; chef de division des aides
bilatérales au ministère du plan ;
conseiller au cabinet du ministre
de la coopération internationale et
assistant de l’enseignement à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP)
de Tshikapa.
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I.: Comment envisagez-vous votre
mission aujourd’hui pour relever
le défi de l’éducation ?
M.M.: La mission qui m’a été confiée
par le Président de la République et
le gouvernement, dont les résultats
sont attendus par la communauté
nationale, c’est de mettre en œuvre la
stratégie que nous avons élaborée au
niveau du gouvernement et qui a été
acceptée par la communauté internationale à travers le Plan Intérimaire
de l’Éducation. Je suis là pour que ce
document devienne une réalité. Que
cette encre se transforme en réalité
et aide vraiment l’éducation à devenir
l’outil indispensable pour le développement de notre pays.
I.: Les décideurs africains discutent
de la pertinence de l’éducation, des
compétences pratiques et des opportunités d’emploi. Quelle est votre
analyse sur ce sujet ?
M.M.: C’est un problème réel. Nous
sommes devant une difficulté d’approche. Certains pensent qu’il faut former et donner les outils pour s’adapter
aux différentes situations de la vie,
professionnelles ou non, c’est-à-dire
une formation que l’on pourrait qualifier de généraliste afin de faire face
aux problèmes de la communauté.
D’autres pensent que l’école doit for-
mer à l’emploi afin de répondre au
marché du travail dans une optique
d’adéquation formation-emploi. Mais
là se pose une question essentielle à
savoir quelle est la meilleure approche.
Pour le moment, nous pensons que
nous devons former le plus de jeunes
capables de s’adapter aux différents
contextes mais également améliorer la
formation continue en cours d’emploi.
Il faut organiser cette approche et définir comment la formation théorique
peut être liée aux réalités de l’emploi. Il
faut donc organiser les centres de formation et intégrer dans les référentiels
de formation des stages pratiques et des
cours plus en lien avec le monde du travail. Donc, il ne faut pas nécessairement
penser à la formation classique, mais
penser à la formation qui doit se faire
autour de l’emploi.
l’éducation qui permet à la RDC d’être
admise comme membre du Partenariat
mondial pour l’éducation (PME – GPE).
Les retombées immédiates sont que le
partenariat mondial pour l’éducation
alloue à la RDC pour 3 ans 100 millions
de dollars américains. Et son processus
de mise en œuvre pour l’acquisition des
manuels, l’amélioration de la qualité et la
construction des infrastructures scolaires
va commencer très bientôt.
Un certain nombre de pays, dans l’esprit
du partenariat mondial, sont en train de
venir nous aider pour s’attaquer à des
chantiers non pris en charge par le financement du partenariat mondial. Il y a ce
que j’appelle souvent, parce qu’il n’y a
pas que l’allocation des ressources, un
état d’esprit dans la gestion du système
éducatif qui a été accepté par la communauté nationale et la communauté internationale. C’est pourquoi la République
française vient de nous allouer pour les
trois ans à venir, dans le cadre du contrat
de désendettement, 45 millions d’Euros
pour nous permettre de résoudre des
problématiques non prises en compte
par le Partenariat mondial pour l’éducation mais dans la droite ligne de notre
plan d’action.
I.: Quels doivent être pour vous
les principaux axes de la coopération internationale ?
M.M.: Pour nous la coopération
internationale doit être en phase
avec les priorités du gouvernement.
C’est très important. Mais laissezmoi vous dire qu’aujourd’hui, pour
le gouvernement et mon ministère,
il faudrait vraiment arriver dans un
premier temps, et c’est un domaine
qui n’a rien à voir avec l’éducation
mais qui est très important, à mette
fin à la guerre à l’Est du pays.
Il faut que la communauté internationale comprenne qu’ailleurs parfois on s’émeut par ce qui se passe
en Syrie, ce qui est une réalité avec le
chiffre fatidique de cent mille morts,
mais on oublie qu’au Congo on parle
de millions de morts à cause de la
situation à l’Est du pays, et apparemment cela n’émeut personne à travers le monde.
Nous voulons que cette situation
cesse pour que nous arrivions à dégager les ressources additionnelles
importantes afin de résoudre les problèmes de développement de la RDC.
Nous assistons aujourd’hui à travers
la République à un changement, à
des évolutions vers le progrès mais
nous ne pouvons pas laisser la partie
orientale dans cet état.
Néanmoins, nous disposons aujourd’hui d’un plan intérimaire de
LeministreMakerMwangudanssonbureau
et en compagnie d’Alain Masetto,
attaché de coopération éducative
I.: Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à la tête de ce ministère ?
© Photos Alain Masetto
à la tête du ministère depuis 2007
ces écoles avec d’autres qui sont déjà
identifiées comme des points focaux
sur lesquels nous allons baser ce programme. C’est le premier élément
important.
Le deuxième élément est une réflexion
sur les possibilités de mettre en place
une Chambre d’artisanat et de métiers.
Sur ce sujet, nous travaillons avec nos
amis de la diaspora, notamment celle
qui est en France. L’objectif de cette
Chambre d’artisanat et de métiers sera
de nous aider à certifier des compétences, formaliser certaines formations
qui sont données à travers la République
et encadrer certains métiers qui sont organisés en faveur de notre jeunesse.
Et le troisième élément que je peux ajouter
c’est la transformation même de certains
programmes d’enseignement agricole,
mécanique générale, électricité et autres,
que nous sommes en train de réaliser.
M.M.: C’est de réussir la mission qui m’a
été confiée. Aujourd’hui nous avons un
guide et une stratégie à travers le plan
intérimaire de l’éducation. C’est également mobiliser le maximum de ressources afin que ces objectifs soient
transformés en réalité pour le bien de
nos enfants et notamment ceux qui
aujourd’hui sont en dehors de l’école
afin que chacun en RDC bénéficie d’une
éducation et d’une formation de qualité.
J’ajoute que les politiques d’éducation et
de formation sont le complément indispensable des stratégies nationales de
création et de valorisation de l’emploi
dans les différents secteurs d’activité :
elles participent à la création d’un « environnement favorable» à l’insertion économique et sociale et placent le capital
humain au cœur du développement.
Merci pour cet honneur que vous nous
faites, longue vie à IMPACT.
Propos recueillis
par Alain Masetto
9
©PerrinePiton
Politique
entretien avec
nicolas hulot
envoyé spécial pour
la protection de la planète
Impact : Nicolas Hulot, vous êtes
mondialement connu et le moins
qu’on puisse dire, c’est que votre
passage en RDC ne passe pas inaperçu. Alors ma première question
est simple : qu’êtes-vous venu faire
dans ce pays ?
Nicolas Hulot : Je suis ici dans le cadre
de la mission que m’a confiée le Président Hollande, puisque j’ai ce titre, qui
peut paraître, soit utopique, soit un
peu effrayant, d’envoyé spécial pour
la protection de la planète. Le sens de
cette mission c’est d’essayer, au-delà
des conjonctures qui ne sont jamais
favorables, de prendre en compte
les enjeux du long terme, les enjeux
universels que sont les enjeux climatiques. Comment y parvenir ? Par un
dialogue renforcé, par l’identification
10
« Sous les forêts,
des points de convergence en matière tech- il y a d’autres
nologique, économique, ressources, minières
juridique... En réalité, je et énergétiques, qui
m’aperçois que chaque attisent bien des
pays a souvent une partie
de la solution. Il faut enfin convoitises.»
mobiliser non seulement
sur le constat mais aussi sur le changement et les solutions.
Dans le cadre de cette mission, j’ai
souhaité, parce que j’avais été à plusieurs reprises alerté par un certain
nombre d’ONG et de missions scientifiques, apporter ma contribution
quant au sort des éléphants de forêts,
sort tragique dans le bassin du Congo
puisqu’en l’espace de 10 ans, quasiment 60% de cette population a disparu pour différentes causes, notam-
ment une cause apparue ces dernières qui attisent bien des convoitises.
années et qui s’est amplifiée : un bra- C’est d’ailleurs le lot de tous les pays
connage qui a changé d’échelle et qui du bassin du Congo.
est devenu quasiment une forme de Ce que j’ai aussi entendu des ONG et
criminalité organisée. Au-delà de la des établissements publics officiels,
problématique des éléphants, c’est c’est la dénonciation d’un sentiment
aussi pour moi l’occasion,
d’impunité partagé par
de faire une évaluation
ceux qui s’exonèrent
« L’insécurité
sur le thème de la forêt.
d’un certain nombre de
Cette dernière touche favorise les trafics règles et de responsabideux domaines impor- en même temps
lités sociales et environtants que sont la biodi- que ces trafics
nementales.
versité et le changement
En résumé, les acteurs
accroissent
climatique. Chacun sait,
que j’ai rencontrés ont
en effet, que les forêts l’insécurité.»
souhaité que je transsont autant de puits de
mette leurs doléances
carbone qui peuvent nous aider à faire aux bons destinataires mais aussi aux
face aux enjeux climatiques.
bailleurs de fonds avec lesquels la
Voilà résumée la thématique de ce France travaille: Allemands, Amérivoyage qui se fait dans un premier cains à travers USAID, Banque Montemps dans quatre pays : le Gabon, le diale, Britanniques… Ils pensent,
Cameroun, la RDC et le Congo Braz- en effet, que la diplomatie peut les
zaville. Je rencontrerai par la suite le aider, non seulement sur le territoire
Président tchadien avant de me rendre congolais mais aussi vis-à-vis des
dans deux « pays consommateurs » des pays consommateurs pour mieux
produits du braconnage, la Chine et la les interpeller. Donc ce sont autant
Thaïlande, pour évaluer la possibilité d’éléments que je vais acter et analyd’ouvrir un dialogue avec eux.
ser pour proposer éventuellement au
Président Hollande une initiative sur
I.: C’est peut-être la première fois ce sujet.
que vous venez en RDC. Avez-vous
rencontré une oreille attentive de la I.: Je voudrais revenir sur la notion d’impart de vos interlocuteurs ?
punité. Quelles sont selon vous les raiN.H.: J’ai surtout rencontré une pro- sons qui favorisent cette impunité ?
fonde attente de ceux qui sont direc- N.H.: à la base de tout cela, c’est visitement sur le terrain. Les industriels blement – et le ministre de l’environforestiers d’abord, évidemment ceux nement que j’ai rencontré ce matin
qui travaillent dans ce qu’on appelle ne s’en est pas caché – la corruption.
l’exploitation formelle et légale, et Il m’a d’ailleurs annoncé que le gouqui se sont donc engagés dans des vernement entendait lutter contre
démarches de certification et d’ex- le sentiment d’impunité qui en est le
ploitation durable. Ils sont attentifs corollaire et que récemment un généau soutien que je peux leur appor- ral, un procureur, un certain nombre
ter parce qu’ils voient leurs efforts d’autorités avaient été mises à pied et
menacés par le marché informel seraient jugés prochainement. Mais
qui, peu à peu, prend une impor- le moteur de tous ces trafics, visant
tance croissante puisqu’en termes notamment l’ivoire et le bois, est
de volume, il pourrait avoir dépassé évidemment l’argent. Entre ce que
celui de l’exploitation formelle. Mais perçoit le pauvre hère qui va couje reçois aussi l’attention de ceux qui per le bois sur place et les prix qui
sont chargés de la gestion de la bio- sont pratiqués par la suite dans les
diversité, par exemple les respon- ports asiatiques, voire européens,
sables des établissements publics qui il y a une marge considérable qui
gèrent les zones protégées et qui font permet à un certain nombre d’interface à un déficit de moyens mais sur- médiaires de s’enrichir grassement.
tout de coordination des différents Or dans des pays où tout le monde
secteurs concernés par la forêt. Il est n’est pas rémunéré de manière dévrai que sous les forêts, il y a d’autres cente, c’est autant de tentations.
ressources, minières et énergétiques, Appelons un chat un chat : il faut
11
Il est urgent de protéger les éléphants d’Afrique
Si l’on attend que le monde s’apaise pour se préoccuper de ces pachydermes,
ils auront disparu depuis longtemps. Près de 60 % d’entre eux ont été décimés
ces dix dernières années, le plus souvent par dizaines, à l’arme de guerre.
Selon les acteurs de terrain croisés sur place, il reste cinq ans pour sauver
les éléphants de forêt, espèce aujourd’hui la plus menacée. Qui recueillera
leurs larmes ? Nul doute que leur disparition ouvrirait une brèche irréversible
dans laquelle s’engouffreraient éléphants de savane, gorilles, chimpanzés
et tout un cortège funèbre de grands animaux. Dans la foulée, c’est toute la
biodiversité ordinaire, mais non moins essentielle à notre survie, qui serait
absorbée dans le flot de notre indifférence. Les grands animaux, par les
symboles qu’ils représentent, sont une digue émotionnelle censée protéger
ces êtres vivants, qui ne trouvent pas forcément grâce à nos yeux.
Après la drogue et les armes, le trafic des espèces menacées est le troisième
au monde, il est devenu une criminalité organisée, au point d’ajouter de
l’instabilité à l’instabilité à cette région d’Afrique qui n’en avait guère besoin.
Les causes de ce désastre sont multiples. Déforestation, pauvreté, conflits
hommes/éléphants, corruption, impunité, rébellions... mais surtout une
demande exponentielle des consommateurs asiatiques, notamment pour
l’ivoire. A 1 000 dollars le kilo (770 euros) arrivé à Pékin, on comprend que
les mafias se soient emparées du
phénomène.
Nous sommes la partie consciente
de la nature. Que cette distinction
au moins nous mette à l’abri
de la résignation et nous aide à
nous révolter contre cette vision
anthropocentrique du monde. Ne
soyons pas les témoins résignés
de ce moment calamiteux de
l’Histoire.
Dans sa Lettre à l’éléphant,
Romain Gary, mieux que
quiconque, pressentait l’immense
préjudice que provoquerait la
disparition des éléphants : «Si le
monde ne peut plus s’offrir le luxe
de cette beauté naturelle, c’est
qu’il ne tardera pas à succomber
à sa propre laideur et qu’elle le
détruira.» Puisse Romain Gary
enfin être entendu !
©PhilippeLarrieu
12
Nicolas Hulot
Appel publié dans le Monde le 2 juillet 2013
aider les états à renforcer leurs capacités pour une meilleure gouvernance
mais, en même temps, faire en sorte
que ceux-ci affichent une fermeté
telle que personne ne se sente à l’abri
d’un statut quelconque.
I.: Est-il aussi correct de dire que l’insécurité qui prévaut dans certaines
parties de ce pays favorise, sur fond
de corruption, les trafics dont nous
venons de parler ?
N.H.: Pour moi, c’est l’œuf et la poule.
En d’autres termes, l’insécurité favorise les trafics en même temps que
ces trafics accroissent l’insécurité,
ouvrant une brèche à d’autres formes
de criminalité. Et c’est d’ailleurs pour
cela qu’on ne peut pas avoir une
approche simplement verticale de
ces sujets ; ce sont maintenant des
problèmes de sécurité globale parce
que ce sont des opportunités, pour
certaines bandes, de s’enrichir et,
avec cet argent, de s’équiper de façon
toujours plus sophistiquée en matière
d’armements. C’est la raison pour
laquelle la France a pris une initiative
diplomatique au mois de décembre
sur la sécurité. En d’autres termes, il
y a des liens de cause à effet entre le
développement du terrorisme et les
changements climatiques dans cette
région du monde. C’est pour cela qu’il
faut avoir une vision globale de ces
sujets. Et c’est pourquoi je n’isole pas
le problème des éléphants de toutes
ces problématiques. Tout est lié et
c’est ce que j’essaie de démontrer.
I.:Vous avez dit tout à l’heure que le gouvernement de RDC avait pris conscience
de ces problèmes. Alors qu’est-ce que
des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France
peuvent faire pour l’aider ?
N.H.: En découvrant le détail de
leurs mécanismes de coopération,
j’ai réalisé que ces états aident déjà
la RDC de façon substantielle. Si l’on
additionne par exemple les sommes
apportées par USAID, les Allemands
ainsi que les crédits à venir dans les
mécanismes Reed+, on constate que
les contribuables des pays à l’origine
de ces fonds ont été particulièrement
généreux. Nous avons donc une responsabilité vis-à-vis de ces derniers :
faire en sorte que cet argent soit utili-
sé à des fins bien définies et dans une Chine droit dans les yeux et de lui degouvernance respectueuse. Je pense mander un certain nombre d’efforts.
donc que le meilleur moyen d’aider
la RDC, c’est d’inscrire ces aides dans I.: Dernière question. Puisque vous
une logique de renforcement des ca- allez être publié sur un numéro d’IMpacités, de meilleure transparence et PACT consacré à la « rentrée », quel
de bonne gouvernance.
message vous souJ’ai appris que la Banque
haiteriez faire passer
Mondiale avait mis en « L’Afrique est
à tous ces jeunes qui
place avec un certain en situation de
vont reprendre le chenombre de bailleurs de regarder la Chine
min de l’école à Kinsfonds un monitoring de
droit dans les yeux hasa et plus généralegouvernance
économent en RDC ?
mique; je pense que c’est et de lui demander
le genre d’outil qui peut un certain nombre N.H.: Qu’ils aient bien
être parfaitement utile. d’efforts.»
conscience que l’enjeu
Mais encore faut-il que
écologique
condice monitoring intègre à
tionne tous les autres
l’avenir les indicateurs de biodiversité enjeux, que ce n’est pas une option.
qui ont été retirés à la demande du Ce n’est pas quelque chose dont il
gouvernement, ce dernier ayant esti- faut se préoccuper quand on a réglé
mé qu’il n’était pas prêt à y faire face. tout le reste. Ce n’est pas une petite
J’en ai parlé au ministre ce matin pour affaire parmi d’autres.
qu’on les réintroduise dès que pos- Mais en même temps qu’ils aient
sible, dès que le gouvernement aura conscience qu’il y a des solutions
assimilé les contraintes afférentes.
qui passeront évidemment par des
Il est aussi possible d’aider la RDC, nouvelles technologies mais aussi
et plus généralement l’Afrique, par cette prise de conscience qu’on
lorsqu’elle est victime de pressions. Je peut faire probablement différempense aux pays d’Asie et, surtout, de ment dans beaucoup de domaines, à
la Chine. C’est le message que je me confort et à bénéfice égal. Il n’y a pas
suis permis de transmettre aux auto- de fatalité, il ne faut surtout pas se
rités que j’ai rencontrées : il ne faut résigner. On doit chacun à son niveau
pas oublier que si l’Afrique a besoin de faire ce que l’on peut avec ce que l’on
la Chine, la Chine plus encore a besoin a, quel que soit son âge et quelles que
de l’Afrique. A la limite, je dirais cari- soient ses possibilités.
caturalement que si la Chine, par malheur, devait s’éloigner de l’Afrique, il
Propos recueillis
y aurait des nations probablement
par Philippe Larrieu
prêtes à prendre le relais parce que
nombreux sont les pays émergents
qui ont besoin des ressources qu’offre
l’Afrique. Tout cela pour dire que
l’Afrique ne doit pas se sentir plus
petite qu’elle n’est dans ses rapports
avec la Chine, qu’elle peut promouvoir ses relations économiques et politiques avec Pékin tout en exigeant le
respect d’un certain nombre de pratiques ; elle peut ainsi lui demander
d’engager une politique éducative et
juridique beaucoup plus conséquente
sur la consommation d’ivoire. Voilà
aussi le message que j’essaie de faire
passer au cours de ma mission : nous
sommes, nous bailleurs de fonds, en
situation d’un dialogue franc avec nos
partenaires africains ; l’Afrique, pour
sa part, est en situation de regarder la
Les éléphants d’Afrique
menacés
Au cours des trois dernières
années les populations
d’éléphants d’Afrique ont
été décimées. Rien qu’en
2012, entre 30 000 et 50 000
éléphants auraient ainsi été
tués pour leur ivoire. L’année
2012 a également été une
année noire en matière de
saisie d’ivoire, avec 34 tonnes
d’ivoire illégal confisquées,
soit la plus grosse quantité
jamais enregistrée en 24 ans,
depuis que ces données sont
consignées avec précision. Elle
dépasse de 35 % le record de
l’année 2011, qui s’élevait à
24,3 tonnes.
Chiffres IFAW (International Fund
for Animal Welfare)
©PerrinePiton
13
Politique
Appui à l’enseignement
technique et à la formation
professionnelle
Ci-dessus,lesélèvesdel’Instituttechniqueetcommercialde
Matete, soutenu par la coopération belge.
Programmé sur quatre ans avec un
budget de 6 millions d’euros, l’AETPF
associe un soutien institutionnel au
niveau national et l’appui aux écoles
techniques dans les provinces éducationnelles du pays. Au moment où sa
mise en œuvre, en partenariat avec le
ministère de l’enseignement primaire,
secondaire et professionnel, touche à
sa fin, il compte à son actif bon nombre
de réalisations conjointes.
En effet, trente écoles techniques ont
été réhabilitées et équipées à travers
les trente provinces éducationnelles
du pays. Un appui à la rénovation des
bureaux de la direction de l’ETFP a été
assuré ainsi que la mise en place d’un
centre de ressources. à la demande de
ses partenaires, le projet a également
modélisé « l’Étude de transformation»,
document qui sert aujourd’hui de
canevas stratégique au Ministère
de l’EPSP. Des notes stratégiques
Du concret
pour l’enseignement
ElèveéléctricienaucollègeWilliamBoothdanslacité
deKasangulu,provinceéducationnelleBas-Congo2
«- As-tu vu Jeanine ces jours-ci ?
-Quelle Jeanine ? Cette jeune fille de
seize ans habitant le village près de
Ngandajika ?
- Oui, c’est bien elle.
- Ben non, je pensais qu’elle ne sortait
plus après avoir quitté l’école.
- Mais pas du tout, elle va de nouveau à
l’école, tu sais.
- à son âge-là ! Il est grand temps qu’elle
songe à se trouver un mari pour avoir
des enfants, non ?
- Ha ha, avoir des enfants, et puis ? Rester à la maison toute sa vie ?
- Elle sait déjà lire et écrire, qu’est-ce qu’elle
va chercher de plus à l’école ?
- Eh bien, maintenant elle apprend un
métier. Elle est dans la filière technique
agricole.
- Ha ha ha ! Qu’est-ce qu’il y a à apprendre pour aller travailler dans les
champs ? Qu’elle prenne sa houe comme
toutes les femmes et elle arrivera bien à
produire le manioc !
14
- Je vois bien qu’il y a des choses qu’il
faut te faire comprendre. Savoir lire
et écrire, c’est bien. Mais cela ne suffit pas. à l’école d’agriculture, Jeanine
apprend les techniques modernes pour
augmenter la productivité, savoir transformer et mieux conserver les produits
des champs. Cela lui évite des pertes,
lui permet de mieux vendre et de gagner
plus d’argent.
- J’ai déjà entendu tout ça. Et après
avoir payé des frais scolaires élevés pendant quatre ans, elle recevra un tout joli
diplôme mais ne trouvera pas de travail,
car tout le monde sait qu’elle n’aura appris que de belles théories mais qu’elle
ne vaut pas grand chose sur le plan pratique. Ah! Continue à rêver mon ami !
- Là, je dois te dire deux choses. D’abord,
sache qu’un jeune homme ou une jeune
fille qui sort d’une école technique peut
se donner du travail à lui (elle)-même
et évoluer en toute indépendance. De
deux, je t’apprends qu’il existe maintenant un centre de ressources pour les
écoles techniques. On y trouve tout le
matériel qu’il faut pour organiser des
cours pratiques. Les profs sont tous
qualifiés ! Ils savent bien de quoi les
entreprises ont besoin en termes de
main-d’œuvre et ce qu’il faut pour créer
sa propre micro-entreprise. Il suffit de
voir les apprenants qui font des stages
: ils font presque le même travail que
les employés et il y en a qui sont tout de
suite engagés après leur stage !
- Ah, ça alors ! Il y a encore de la place
dans cette école ?»
Voilà un exemple des opportunités
que méritent d’avoir beaucoup de
jeunes Jeanine et de jeunes Jean en
RDC. Pour mettre cette vision en pratique, la Belgique et la RD Congo ont
renforcé leur partenariat en faveur de
la formation professionnelle.
© Photos DR
Le projet d’Appui à l’Enseignement Technique et à la Formation Professionnelle (AETFP) a démarré en
novembre 2009. Son objectif est d’accompagner le gouvernement congolais dans ses efforts d’amélioration
de la qualité de l’ETFP ainsi que dans la recherche d’une meilleure adéquation formation - emploi et ce dans
huit filières jugées prioritaires pour le développement du pays : mécanique, électricité, construction, coupecouture, commerciale-administrative, agriculture, vétérinaire et électronique.
de mise en œuvre de l’Approche Par
Compétences (APC) ont été validées
et un comité de pilotage en APC a été
instauré. De nouvelles boîtes à outils
du formateur ont été réalisées et
une étude d’adéquation formation emploi a été produite. Une Chambre
des métiers et de l’artisanat a été
mise en place.
Quatre programmes provinciaux d’appui à l’ETFP
Actuellement, la coopération belgocongolaise connaît une évolution
significative. Afin d’assurer un
meilleur suivi des projets et de leur
donner davantage d’impact, les
interventions du dernier programme
de coopération bilatérale pour la
période 2010 - 2013 se limitent à
quelques provinces et districts du
pays ainsi qu’à quelques secteurs
jugés prioritaires dont l’ETFP.
Pour poursuivre la promotion de l’enseignement technique et de la formation professionnelle en RD Congo
et assurer un appui stratégique au
niveau national selon la nouvelle approche d’intervention,
la coopération belge
a consenti un budget
de 47 millions d’euros.
Quatre programmes
sont ainsi financés
dont quelques-uns en
phase de préparation
et d’autres en phase
de démarrage. Dans le
même temps, l’ambassade de Belgique, en
étroite collaboration
avec les autres partenaires techniques et financiers, travaille avec
le ministère de l’EPSP
pour renforcer le dialogue politique dans le
secteur de l’éducation,
et plus particulièrement dans le domaine
de l’ETFP.
Les
quatre
programmes d’appui à
l’ETFP sont prévus pour
être déployés dans les
provinces et districts
suivants : Katanga (axe
Lubumbashi – Likasi - Kolwezi), Kasaï
Oriental (Mbuji-Mayi et ses alentours),
Kisangani et Tshopo dans la province
Orientale et les districts du Sud-Ubangi et de la Mongala dans la province de
l’Équateur.
Cette concentration géographique va,
on l’espère, permettre un travail plus
approfondi ainsi que des synergies
avec d’autres secteurs appuyés par la
Belgique dans les mêmes zones, en
particulier l’agriculture.
Répétons-le, les filières à soutenir ont
été identifiées en fonction de leur
importance pour le développement
socioéconomique de la région. Les
écoles seront mises en réseau pour que
les investissements soient mis à profit
non par un seul établissement mais
par plusieurs. Elles bénéficieront de
ressources telles que manuels didactiques, équipements techniques pour
les travaux pratiques, matériel informatique, diverses expertises en lien avec la
profession, formations pédagogiques,
outils pour la bonne gestion administrative et financière... Une attention
particulière sera accordée à l’insertion
socioprofessionnelle des lauréats (trouver ou créer un emploi rémunérateur,
digne et durable), aux aspects de promotion de la parité garçons - filles et à
la protection de l’environnement.
Un appui stratégique
au niveau national
Une Unité Conjointe d’Appui à la Gestion (UCAG - EPSP) facilitera le démarrage de ces interventions et leur bonne
mise en œuvre. Ainsi, les nouveaux
projets seront fortement appuyés
dans les matières administratives et
financières (ressources humaines,
comptabilité, gestion des marchés publics...), ainsi que dans les orientations
opérationnelles et stratégiques. Au
niveau central une expertise institutionnelle en ETFP sera sollicitée pour
servir d’interface entre les provinces et
le niveau national (EDUNAT). Ainsi les
expériences du terrain alimenteront
les visions et stratégies nationales.
C’est tout ?
Eh non ! En plus des grands programmes de coopération bilatérale,
15
des acteurs plus modestes de la coopération belge mettent en œuvre des
actions plus ciblées. En RDC, il suffit
de parler de l’enseignement technique
agricole pour entendre mentionner
VVOB. Cette association flamande a
aidé le ministère de l’EPSP à élaborer
les nouveaux curricula des six filières
de l’enseignement technique agricole
qui permettent l’intégration des cours
pratiques. Elle a formé les formateurs
de formateurs du service de l’inspection et a vérifié la bonne utilisation des
nouveaux curricula.
à noter que VVOB cible également
l’amélioration de la qualité de l’éducation primaire en réactivant les cellules de base et les réseaux de proximité dans les écoles primaires. Cinq
modules de formation ont été créés
pour appuyer l’inspection nationale.
De même, des fiches ont été mises au
point et actualisées pour accompagner
l’inspection sur le terrain. Aujourd’hui,
sur financement propre du gouvernement congolais, le ministère de l’EPSP
a décidé de multiplier les résultats
VVOB dans le secteur de l’éducation
au niveau primaire, dans la province
expérimentale de Bandundu 2 et dans
toutes les 29 autres provinces éducationnelles du pays.
De même, il suffit d’évoquer le rôle du
ministère de la jeunesse et des sports
dans l’enseignement technique et la
formation professionnelle pour voir apparaître son partenaire fiable, l’APEFE
(Association pour la Promotion de
l’Éducation et de la Formation à l’Étranger). Cette association belge francophone appuie ce ministère pour faire
revivre des centres de production agricole donnant aux jeunes défavorisés
une opportunité de pratiquer un métier.
Il suffit enfin d’aborder le sujet de la
formation des jeunes en situation de
handicap pour entendre le nom de
Handicap International. Cette ONG
belge a testé et promu plusieurs
bonnes pratiques qui permettent à
ces jeunes d’accéder à leur droit à une
éducation et une formation inclusives.
Et qui ne connait pas Via Don Bosco ?
L’ONG a une longue histoire dans l’enseignement technique et la formation
professionnelle pour les populations
défavorisées comme les enfants de la
rue. Elle les accompagne jusqu’à l’emploi ou l’auto-emploi à travers notamment des bureaux d’emploi.
Le dialogue politique et l’impact ?
Une amélioration des services sur le
terrain n’est durable que si elle s’accompagne de politiques publiques
pertinentes. Pour ce faire, la Belgique
s’est fortement engagée comme chef
de file des partenaires techniques et
financiers afin de renforcer le dialogue
politique entre le gouvernement de la
RDC et tous les partenaires, y-compris
la société civile.
Le
groupe
thématique
de
Élèvesdel’InstitutTechniqueAgricoleIsinguàKikwit,provinceéducationnelleduBandundu2autravailsur
un champ expérimental de manioc.
l’éducation est actif et accompagne
les grands processus sectoriels
comme le diagnostic (RESEN) et
le développement de la stratégie
sectorielle de l’éducation. Il comporte
deux sous-groupes : le Comité de
Concertation de l’EPSP (ComCon
EPSP) et le Comité de Concertation
de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle (ComCon
ETFP). Le premier est très actif dans
le suivi de la mise en œuvre du plan
intérimaire de l’éducation ; il compte
quatre groupes de travail : accès et
équité, qualité, gouvernance et suivi
budgétaire. Le second (ComCon
ETFP) accompagne le plan d’action
du gouvernement pour améliorer
la gouvernance de l’enseignement
technique et de la formation
professionnelle.
Mais quel est l’impact de toutes ces
structures ? Il est encourageant de
constater qu’il y a déjà des résultats
concrets en peu de temps. Tous les
partenaires travaillent de plus en plus
avec une vision commune et œuvrent
aux mêmes objectifs. Les synergies
sont donc réelles. Sur le plan international, ces efforts focalisés du groupe
local de l’éducation ont été reconnus
par l’acceptation de la RDC comme
membre du Partenariat Mondial pour
l’Éducation et l’octroi d’un premier don
de 100 millions de dollars par le fonds
de ce partenariat ! C’est un brillant
résultat pour la RDC et tous ses partenaires et il faut espérer qu’il se traduise
rapidement de façon concrète pour
des millions d’enfants congolais.
Avançons !
En RDC, le chemin vers un enseignement technique et une formation professionnelle de qualité et accessibles
pour tous est encore long. Nombreux
sont les obstacles à surmonter. Il faudra un engagement soutenu et des
investissements croissants de tous les
acteurs concernés.
Notons qu’une diversité de programmes et d’acteurs de la coopération belge sont là pour accompagner
ces efforts. Avançons ensemble !
Koen Van Acoleyen,
Jan Bijnens
et Félicien Kabasele Dishi
16
l’éDUCATION
Politique
DANS TOUS SES éTATS
Le secteur de l’éducation en RDC est un vaste chantier qui requiert un grand nombre d’actions et d’acteurs pour pouvoir être finalisé et répondre ainsi à la demande croissante des
Congolais dans ce domaine. Pour accomplir cette mission dont personne ne dit heureusement qu’elle est impossible, le Congo peut compter sur un grand nombre d’acteurs nationaux et internationaux. Au-delà de l’article consacré à la coopération belge, Impact vous
ouvre quelques portes, sans prétendre, bien sûr, à l’exhaustivité.
C’est l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI) qui est ici à la
manœuvre. Elle intervient sur trois fronts complémentaires d’envergure, notamment pour :
• offrir un meilleur accès aux services de santé et d’éducation afin de limiter le
nombre d’enfants congolais hors du circuit scolaire ;
• relever le défi de l’éducation à l’autre bout de la chaîne en agissant sur l’enseignement supérieur par le biais d’un partenariat entre universités congolaises
et canadiennes ;
• développer un programme de bourses destinées à promouvoir la francophonie en RDC.
L’Espagne et les pays nordiques n’ont pas de relations historiques avec la RDC.
Pour autant, leurs projets d’aide à l’éducation sont loin d’être négligeables. L’Espagne développe un programme qui englobe toutes les composantes majeures
d’un appui au système éducatif en RDC : construction d’écoles, réhabilitation de
salles de classes, formation continue des enseignants et renforcement des capacités institutionnelles du gouvernement congolais. Ce projet, qui a vu le jour en
2011, devrait s’achever cette année.
Les pays scandinaves, en collaboration avec l’Unesco, contribuent pour leur part
au renforcement des capacités en planification et en gestion de l’éducation (CapEFA) dans le cadre d’un programme sur trois ans.
Les États-Unis d’Amérique sont très impliqués dans l’aide au développement de
la RDC. En matière de coopération éducative, les actions de l’Agence des ÉtatsUnis pour le développement international (United States Agency for International
Development ou USAID) trouvent à s’exprimer dans un projet initié en 2009 et
qui privilégie la formation de formateurs aux matières primordiales (la lecture et
les mathématiques). Mais la réhabilitation de salles de classe et la dotation des
écoles en matériel didactique (manuels scolaires, fournitures de classes, etc.)
n’ont pas été oubliées.
USAID a aussi développé un programme à échéance 2015. En complément de
son aîné, ce dernier s’attache à mettre en place une politique de formation des
enseignants en même temps qu’à permettre un suivi psychosocial des apprenants
afin de comprendre leurs difficultés. Deux projets, donc, mais un unique objectif :
concourir au développement de l’éducation et conforter, de ce fait, la démocratie.
17
économie
La coopération que met en œuvre l’ambassade de France à Kinshasa accorde une
place de choix à l’éducation. D’abord à travers son réseau culturel et éducatif, qui
s’étend de l’Institut français de RDC (à Kinshasa et Lubumbashi) aux Alliances
françaises présentes en province (ces dernières dispensent aujourd’hui 380.000
heures de cours de français pour plus de 5.000 apprenants). Les lycées français
René Descartes à Kinshasa et Blaise Pascal à Lubumbashi endossent aussi ce rôle
afin d’assurer une éducation à la française dans ce pays où plus de 30 millions de
personnes parlent la langue de Molière.
Mais la coopération française dans le secteur éducatif est aussi visible à travers
les actions de l’Agence Française de Développement (AFD) (voir article séparé)
et dans des projets d’envergure gérés par l’ambassade tel que « SESAM », pour
l’appui et la maîtrise du français en RDC. Ce dernier, polymorphe, vise la formation
continue aux méthodes pédagogiques nouvelles de plus de 1.500 inspecteurs de
l’éducation. à travers l’AFD, qui travaille plutôt dans le primaire, du réseau culturel
et du projet SESAM, qui déploie ses efforts dans l’enseignement secondaire et en
milieu universitaire, la France assure donc un soutien permanent et ambitieux au
système scolaire congolais.
une banque de pros
L’Institut Technique de Banque (ITB), qui travaille main dans la main avec l’Association Congolaise de Banques (ACB), est
présent en RDC depuis 2010 pour former les profils les plus prometteurs au sein des agences bancaires congolaises. M.
Bruno Degoy, directeur général de la Bank of Africa (BoA), et président la commission « formation et social » de l’ACB
nous a reçus pour revenir avec nous sur une formation qui est un tremplin et une opportunité pour tout le secteur.
Des besoins en pleine expansion
« 100 000 comptes en banque en 2007
contre plus de 2 millions aujourd’hui, un
chiffre qui devrait au moins quadrupler
dans les cinq prochaines années, des
dépôts multipliées par cinq et des crédits
par 9 depuis 2007… Le secteur bancaire
connaît un vrai boom depuis une demidécennie.» indique Bruno Degoy.
Pour les 18 banques présentes à Kinshasa, c’est une opportunité mais également un défi de taille, celui des ressources humaines. Leurs employés,
recrutés pour la plupart à la sortie des
grandes universités kinoises, n’ont pas
toujours les compétences techniques
nécessaires pour devenir conseiller
commercial, responsable ou encore
directeur d’agence.
Le Royaume-Uni, à travers son département pour le développement international
(Department for International Development ou DFID) considère aussi l’éducation
en RDC comme primordiale. Le 12 Juin 2013 a été lancé le projet Girls’ Education
Challenge : financé par le gouvernement du Royaume-Uni, il vise à améliorer
l’accès à l’éducation pour plus de 137 000 filles dans cinq provinces de la RDC ( en
Bandundu, Equateur, Kasaï Oriental, Katanga et Province Orientale) où les niveaux
d’apprentissage du cycle primaire sont les plus bas. Les partenaires innovants du
secteur privé engagés dans ce projet ( tel que International Rescue Committee,
Save the Children et Catholic Relief Services) auront un effet démultiplicateur qui
permettra de soutenir davantage d’élèves de sexe féminin et de fournir une aide
plus conséquente aux familles.
Il ne faut pas oublier pour autant les autres projets en cours. Ainsi, depuis 2007
(et ce, jusqu’en 2017) le DFID pilote des actions qui vont de la construction et la
réhabilitation de salles de classe à l’assainissement de nombreux établissements
scolaires. Le gouvernement de sa Majesté est donc très impliqué dans l’aide à
l’éducation de la RDC et continuera de l’être sur plusieurs fronts.
Former un vivier de managers
Approché par le Centre de Formation de
la Profession bancaire (CFPB) de Paris,
la Banque Centrale du Congo puis l’ACB,
ont très vite vu la nécessité de créer des
formations professionnalisantes au sein
même du secteur bancaire. Elles ont
choisi de proposer aux banques congolaises un cursus qui existe depuis 1950
à l’Institut Technique de Banque (ITB)
et qui a déjà été adopté par 24 pays au-
L’Unicef a engagé cette année un projet multiforme : amélioration de l’accès au
milieu scolaire par le développement des infrastructures au profit du cycle préscolaire, appui à la mise en œuvre de mesures de protection sociale permettant
d’inclure davantage d’enfants (filles, groupes exclus, etc.). Mais l’Unicef travaille
aussi sur la qualité de l’enseignement en soutenant la création de standards nationaux: aide à la formation des enseignants, appui aux cours primordiaux comme
la lecture et les mathématiques au premier degré, développement d’un suivi des
apprentissages sont autant de domaines d’action de cette organisation. Le projet
s’articule enfin sur la promotion et le renforcement d’une politique de partenariat et de coordination des différents acteurs et bailleurs impliqués dans la politique éducative en RDC. Rien d’étonnant à ce que cette entreprise gigantesque ne
s’achève qu’en 2017.
Valentin Leroy
18
© Bank of Africa
La Banque Mondiale s’investit également dans la politique éducative au titre de son
action globale et plurielle pour la stabilisation du pays et le rétablissement de l’État.
En collaboration avec le gouvernement de la RDC, elle développe depuis 2007 un
projet sur plusieurs fronts dans le secteur de l’éducation. Sont ainsi couverts des
domaines aussi essentiels que l’accès à l’enseignement pour les populations congolaises, la réhabilitation de salles de classe, la distribution de matériels scolaires et de
guides pédagogiques. Une des actions fortes du projet se concentre sur la formation
de qualité pour les enseignants et l’évaluation de leurs apprentissages. L’objectif
premier de la Banque mondiale est ainsi de maximiser l’accès à un enseignement
scolaire de qualité dans un environnement sain et décent.
delà des frontières de l’hexagone. Pour
M. Degoy, il s’agit de créer un vivier de
managers et de préparer l’avenir d’un
secteur dont l’évolution est fulgurante.
La première formation à Kinshasa a
commencé en 2010. Dispensée dans
les locaux de l’ACB, elle comporte une
vingtaine de jours de cours par an sur
deux ans. Les intervenants sont pour la
plupart des cadres de grandes banques
françaises ou congolaises qui suivent un
programme établi par le CFPB.
Les élèves sont des employés bancaires
en poste depuis quelques années. Leur
candidature est proposée par leur employeur ; ils passent ensuite des tests
d’entrée dont les sujets sont composés à
Paris et corrigés par l’ITB.
Des formations pour tous
Ce processus de sélection transparent
constitue un bon outil pour les ressources humaines et le management.
à partir de l’analyse des résultats, la
commission «formation et social» a
choisi de proposer deux nouvelles formations qualifiantes à partir de 2013, à
destination des responsables des points
de vente et des conseillers commerciaux, et de créer un brevet professionnel qui pourra être proposé en amont de
DidierLusikila,diplômédel’ITBen2013,BobSeke,GrâceMimbwietSabinSabiheneencours
de formation.
l’ITB. Il devrait permettre aux employés
du secteur bancaire du Congo de rattraper rapidement le niveau atteint dans
d’autres pays de la francophonie.
Dynamiser le marché du travail
Le marché du travail en RDC connaît un
paradoxe commun à beaucoup de pays
en voie de développement : un taux de
chômage très élevé et beaucoup de
diplômés de l’université vivant d’expédients dans le secteur informel alors que
certaines grandes entreprises pâtissent
du déficit de professionnels qualifiés.
La plupart ont donc recours à la formation continue pour les cadres, soit
en interne, soit auprès de leurs sièges.
Une autre alternative qui pourrait être
développée est celle de l’alternance. Elle
a déjà été adoptée par l’École supérieure
de marketing de Kinshasa, dont les étudiants passent 50% de leur cursus en entreprise. Ils acquièrent des compétences
et une culture qui facilitent ensuite leur
entrée sur le marché du travail, d’autant
plus qu’ils sont souvent recrutés par
l’entreprise dans laquelle ils ont débuté,
comme le précise Bruno Degoy, qui participe à l’expérience à travers BoA.
Un succès
Huit banques congolaises ont déjà
choisi d’envoyer leurs employés suivre
la formation ITB et sur les 19 candidats
de la première promotion, 15 ont été
reçus. Les effectifs de la seconde ont
augmenté de plus de 30% et cette progression ne devrait pas s’arrêter en si
bon chemin. Ces formations, financées
par les employeurs, ont l’avantage de
donner accès à un diplôme reconnu à
l’étranger et par plus de 25 000 diplômés
dans le monde. Elles sont une véritable
opportunité pour les employés, pour les
banques mais surtout pour les clients qui
bénéficieront à terme d’une amélioration considérable de la qualité du service
qui leur est rendu.
Perrine Piton
19
PLAIDOYER
POUR UN NOUVEAU PIPELINE
Total rdc
accompagner le développement
La République démocratique du Congo dépend essentiellement des produits pétroliers
importés pour sa consommation en hydrocarbures. 80% de ces produits arrivent par la
façade ouest du pays, à Moanda puis à Matadi. Après certification, ils sont acheminés par
pipelines, camions et wagons citernes vers des dépôts de stockage. Ce métier de logistique
est au cœur de la mission de SEP Congo.
Des pipelines plus que
cinquantenaires
Des exigences en sécurité, sûreté
et environnement
Le réseau de pipelines congolais, plus
de 700 km, va principalement du terminal pétrolier de SEP Congo situé à
Ango-Ango (Matadi) vers les dépôts
terrestres de SEP Congo, à Masina et
Kinshasa – ville ou encore vers le dépôt
aéroportuaire de N’Djili.
Ils ont déjà plusieurs décennies et SEP
Congo les exploite dans le cadre d’un
contrat de concession entre l’état et leur
propriétaire, Fina. Depuis 2012, le volume annuel transporté par ces pipelines
a atteint 90% de leur capacité.
SEP Congo envoie les produits
pétroliers dans les pipelines grâce à des
groupes motopompes. Ceux-ci servent
à régulariser le débit des produits quand
ils traversent les collines du Bas-Congo
et à gérer un débit lent ou normal selon
les exigences de l’approvisionnement.
Leur degré d’utilisation actuel
implique un entretien intensif et
d’importants investissements dès
2014 pour faire face à la croissance
des volumes transportés.
Ces pipelines sont aériens ou souterrains et subissent une corrosion liée
à l’humidité et aux matériaux utilisés dans les années cinquante. Ils
doivent être régulièrement régénérés au rythme de 15 à 20 km par an.
Les pipelines traversent des zones
rurales et urbaines en expansion,
dans lesquelles la réglementation
congolaise, exigeant que dix mètres
soient laissés libres autour de ces ouvrages, n’est pas respectée.
Le détournement de trajet est parfois envisageable mais ne peut être
qu’une solution d’exception. Les pipelines sont malheureusement régulièrement percés lors de travaux
de dynamitage dans des carrières
aux alentours ou encore par des
indélicatesses tant urbaines que
rurales (écobuage, vol de produits).
SEP Congo fait son maximum pour
anticiper ces accidents et en éviter
les conséquences sur les hommes
et l’environnement.
20
© TOTAL RDC
©SEPCongo
économie
à l’instar de nombreuses multinationales, l’entreprise Total RDC a su devenir un acteur majeur
associant politique sociétale et développement économique au service des plus démunis en RDC.
« Savoir s’implanter avec proximité dans un pays, c’est savoir comprendre et écouter, parler et
réagir » se plaît à dire Léopold Tzeuton, administrateur directeur général de Total RDC.
Un nouveau pipeline pour
garantir l’approvisionnement de
demain
Entre 2012 et 2025, on estime que
la consommation en hydrocarbures
(produits blancs) du pays pourrait être
multipliée par trois ou par quatre, sous
l’effet cumulé de sa modernisation
économique et de l’augmentation de
sa population. Les pipelines actuels
suffiront-ils dans ce contexte ? Ils
sont aujourd’hui utilisés presque au
maximum de leurs capacités. On
peut imaginer de prolonger leur
utilisation jusqu’en 2016 à condition
d’optimiser la capacité de pompage
et de la sécuriser. Mais après ? Cette
problématique risque rapidement de
freiner le développement économique
du pays. Les professionnels du secteur
ainsi que les autorités publiques,
autour de SEP Congo, appellent
dès aujourd’hui un consensus sur la
construction d’un nouveau pipeline
pour une mise en service au plus tard
en 2018 - 2020.
Georges Cevalte
La santé
Total RDC fait partie du Comité
Interentreprises de Lutte contre le
Sida (CIELS). Cette association à
but non lucratif est le résultat d’un
partenariat public privé qui a pour
objectif de soutenir le développement
de programmes de lutte contre le
VIH/SIDA dans le milieu du travail. En
plus des actions de plaidoyer menées
au niveau national et en province,
l’association propose aux entreprises
membres des formations, des séances
de sensibilisation à la prévention et des
programmes pour faciliter l’accès aux
soins et à un soutien psychologique
approprié.
Dans le domaine médical, Total
RDC s’implique également dans un
programme de lutte contre la malaria
sur l’ensemble de la zone Afrique/
Moyen – orient.
Enfin, elle appuie le Centre de
médecine mixte et d’anémie SS de
Kinshasa spécialisé dans la lutte
contre la drépanocytose. Elle a,
notamment, contribué en 2011 aux
travaux de construction d’un nouveau
bâtiment en vue d’augmenter la
capacité d’accueil, d’améliorer la
qualité de service et d’ajouter de
nouvelles prestations.
Le social
L’entreprise soutient aussi le Centre
orphelinat Lisanga ya Kristu (COLK)
qui gère à Kinshasa un centre
de formation professionnelle et
un orphelinat dont les activités
principales sont la prise en charge,
l’hébergement, l’encadrement et
la scolarisation d’enfants orphelins
ou abandonnés. Situé dans la
commune de Ngaba, le centre
héberge actuellement plus de
150 enfants venant de plusieurs
communes de Kinshasa.
Une contribution conséquente a été
récemment consentie au Centre Don
Bosco de Goma comme soutien à son
orphelinat « En avant les enfants de
Goma » pour faire face aux besoins
liés à l’afflux considérable d’enfants
victimes de la guerre, abandonnés
et souffrant de malnutrition. Cette
structure, qui a été créée en 1988, en
accueille désormais plus de 3 500.
Environnement
Enfin, Total RDC prend également
part à la protection de la faune et de
la flore congolaises en s’impliquant
notamment dans la préservation de
la population des singes Bonobos,
une espèce endémique sérieusement
menacée par le braconnage et la
destruction de son environnement
naturel. L’entreprise soutient le
sanctuaire de protection de ces
grands singes à travers un appui à
l’association « les amis des Bonobos
au Congo».
Emery Busanya
Photoci-dessus:LucHallade,ambassadeurde
FranceenRDC,avisitélesinstallationsdeTotal
RDCle13décembre2012.Uneoccasiondeprendre
toutelamesuredesdifférentesréalisationsdecette
entrepriseetdesesmultiplesactionssociétaleset
environnementales.
21
économie
©PhotosBernardPoudevigne
des raisons de transparence, Patrice
Kitebi a rassuré le gouvernement
français quant à l’utilisation rigoureuse des fonds libérés et au suivi
minutieux de la mise en application
du programme C2D. Il n’a pas manqué de saluer l’importance des fonds
alloués par tous les partenaires de
la RDC pour financer la lutte contre
la pauvreté. Pour sa part, la ministre
française a invité le gouvernement
congolais à poursuivre les efforts de
gouvernance pour améliorer le climat
des affaires et attirer les investisseurs.
La signature de ce C2D permettra à
la RDC et à la France d’approfondir le
dialogue autour de leur politique de
réduction de la pauvreté, et ainsi, de
renforcer un partenariat déjà riche.
D’ores et déjà, des études de faisabilité
sont en cours dans les secteurs définis
par le C2D, afin d’assurer une mise en
œuvre rapide de ce financement.
Réduire la dette
pour financer le développement
avec le C2D
Le mercredi 10 juillet à 10h, Patrice Kitebi et Yamina Benguigui,
respectivement ministre délégué aux finances de la République
démocratique du Congo (RDC) et ministre déléguée en charge de
la francophonie du gouvernement français, ont signé un premier
Contrat de Désendettement et de Développement (C2D).
C’est dans le cadre de son effort d’allègement additionnel de dette que la
France a conclu ce premier C2D avec
La signature de ce nouvel accord la RDC, pour la période 2013-2016 et
financier vient renforcer le solide par- un montant d’environ 106 M€. Une
tenariat entre la RDC et la France. Lut- seconde phase portera le montant
ter contre la pauvreté et soutenir une total du C2D à 170 M€ au terme de la
croissance économique durable, tels période 2017-2022.
sont les objectifs de ce contrat qui per- Au 30 juin 2013, l’encours de la dette
mettra de mettre en œuvre des pro- due à la France s’élève à 304 millions de
jets dans le domaine de
dollars principalement
l’éducation et de la forauprès de la Banque de
« La quasi-totalité
mation professionnelle,
France (265,471 millions
de l’accès à l’eau potable
des créanciers
de dollars) mais aussi de
et de la gouvernance
l’AFD (2,05 millions de
de la RDC ont
financière.
dollars) et la COFACE
déjà consenti des
La conclusion de ce
(36,497 millions de dolallègements de la
contrat est le résultat
lars). Cette dette redes efforts accomplis
dette dans le cadre monte principalement à
par la RDC depuis plula période mobutiste. En
du processus de
sieurs années pour aseffet, depuis plus de 25
l’Initiative PPTE.»
sainir son cadre macroans, les pays de l’OCDE
économique et renouer
n’octroient plus de fiavec la communauté
nancement sous forme
des bailleurs de fonds internationaux. de crédit remboursable à la RDC.
Ces efforts ont en effet permis au pays à ce jour, la quasi-totalité des créand’atteindre le point d’achèvement de ciers de la RDC ont déjà consenti des
l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très En- allègements de la dette dans le cadre
dettés) le 1er juillet 2010 et de bénéfi- du processus de l’Initiative PPTE.
cier d’une annulation de dette de plus D’autres négociations sont en cours
de 10,656 milliards de dollars.
avec les banques commerciales du
22
AP RDC A5H-2012:AP RDC A5H-2012 13/12/12 18:21 Page1
Club de Londres et quelques créanciers bilatéraux. Ces allègements sont
accordés sous forme de réduction du
stock ou de prorogation de la maturité, la France seule ayant conclu un
contrat du genre C2D.
Cette démarche est une procédure
d’annulation des créances pour les
PPTE. Concrètement, les pays continuent d’honorer leur dette, mais aussitôt le remboursement constaté, la
somme correspondante est reversée
sous forme de don pour être affectée
à des programmes de lutte contre la
pauvreté sélectionnés d’un commun
accord avec le pays partenaire.
Assister les gouvernements et les institutions internationales
dans la facilitation des échanges commerciaux pour
Un appui ciblé
En RDC, plusieurs secteurs d’intervention ont été identifiés pour affecter ces fonds : l’éducation (40 M€) et
la formation professionnelle (25 M€),
l’accès à l’eau (18 M€) et la gouvernance financière (10M€). Chacun de
ces secteurs a été jugé prioritaire par
les deux gouvernements.
Au nom du gouvernement congolais,
le ministre Kitebi a remercié la France
pour son accompagnement dans la
lutte contre la pauvreté en RDC. Pour
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© Photos AFD / Joseph Moura
économie
bâtir
l’école
de demain
Le 5 juin 2013, douze écoles primaires étaient inaugurées
dans la sous-province éducationnelle de Kenge et une dans
la province du Bandundu par Maker Mwangu, ministre
de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel
(EPSP) et Luc Hallade, ambassadeur de France en RDC.
La réhabilitation de ces écoles comme
de six autres situées dans les provinces
du Bas-Congo et de Kinshasa,
financée par l’Agence Française de
Développement (AFD) dans le cadre
du projet Appui à l’Enseignement
Primaire (APEP), est le fruit de
l’engagement de multiples acteurs:
le ministère dans l’identification
des écoles cibles et dans le suivi
des travaux ; Caritas Kenge, dans
l’organisation du chantier école puis
dans le suivi technique des travaux
et la mobilisation des communautés;
l’équipe du projet APEP, en appui au
ministère de l’EPSP (MEPSP) et à
l’ensemble des acteurs du projet ; des
entreprises formées à la construction
en briques de terre compressée
stabilisée ; les communautés dans
l’apport des matériaux locaux et la
fabrication des briques mais aussi dans
24
le suivi quotidien des chantiers. Une
plaque à l’effigie d’un des briquetiers
témoigne de cet engagement de la
communauté tout au long du projet.
Des écoles de qualité
Au total, ce sont 112 salles de classe
qui ont été équipées et 170.000
enfants qui pourront utiliser ces écoles
de qualité dans les trente prochaines
années.
L’accent a été mis sur le recours à
des matériaux de construction et
d’aménagement locaux. En province,
le prix élevé des matériaux incite à
privilégier de nouveaux modes de
construction tout en respectant les
normes minimales de qualité définies
par le MEPSP, qui garantissent
à l’enfant et à l’enseignant un
environnement spacieux, lumineux,
ventilé, propice à l’enseignement et
MakerMwanguetLucHallade,le5juin
2013,lorsdel’inaugurationdesécoles
reconstruitesgrâceaufinancementapporté
parl’AFD.CopyrightQuentinLebègue.
au maintien des enfants dans l’école
tout au long du cycle primaire.
Priorité à l’éducation
L’éducation est un des trois secteurs
de concentration de l’aide française
en RDC. à travers le projet APEP,
doté de 5 millions d’euros, présent
dans trois provinces (Bandundu, BasCongo et Kinshasa) et en partenariat
avec la Coopération Technique
Belge, outre la réhabilitation et la
construction d’écoles, l’AFD appuie
également le MEPSP à la formation
continue de 2 000 enseignants selon
des méthodes innovantes. Un accent
particulier est mis sur l’enseignement
du français, ainsi que sur des
techniques d’enseignement adaptées
à de grands effectifs d’enfants par
classe. Ce dernier point est essentiel
pour répondre à la hausse des effectifs
induits par la gratuité scolaire.
L’AFD appuie enfin la mise en œuvre
du Plan Intérimaire de l’Éducation
(PIE) et la coordination des bailleurs
autour des objectifs définis par ce
dernier de façon à ce que les soutiens
ainsi apportés aux budgets, tant
provinciaux que national, contribuent
à assurer un enseignement de
qualité pour les 15 millions d’élèves
aujourd’hui dans le primaire et les 20
millions attendus en 2030 en RDC.
Le projet APEP a permis de tester
une nouvelle approche impliquant de
multiples acteurs autour d’un projet
commun. Fort de cette expérience,
le MEPSP a lancé un programme
de construction de 1000 salles de
classes sur ressources propres. Le
gouvernement congolais a également
décidé d’affecter une enveloppe de 40
millions d’euros à l’éducation primaire
sur les ressources du Contrat de
Désendettement et de Développement
(C2D) signé le 10 juillet dernier avec le
gouvernement français.
Sur ces 40 millions d’euros, 15
millions d’euros seront utilisés pour
la réhabilitation d’un peu plus de 240
écoles aujourd’hui délabrées, toujours
dans les trois provinces du Bandundu,
de Kinshasa et du Bas-Congo. Des
missions de l’AFD et du MEPSP se
sont déjà rendues en province pour
rencontrer et sensibiliser les acteurs
locaux sur les prochaines étapes :
identification des écoles, recrutement
Larécréation–Prèsde5millionsd’enfantsetadolescentssontaujourd’huiexclusdusystèmescolairecongolais,
en majorité des filles. Copyright AFD Joseph Moura
Fabricationdesbriquesdeterrecompresséestabiliséeparlescommunautés.CopyrightAFDJosephMoura
25
des agences locales d’exécution,
organisation des chantiers écoles,
recrutement
des
entreprises,
formation de tous les acteurs au
suivi de chantiers avec l’appui d’un
bureau spécialisé en ingénierie de la
construction scolaire qui se déploiera
à Kinshasa, dans les trois provinces et
sur le terrain.
Les écoles qui seront sélectionnées
pour être réhabilitées, voire reconstruites doivent permettre d’accroître
la scolarisation, en particulier des filles.
Afin d’appuyer le MEPSP dans la
maîtrise de ses effectifs, la prio-
rité sera donnée aux écoles reconnues par l’État afin notamment de
s’assurer que les enseignants sont
payés. Ce point est essentiel pour
que la gratuité visée soit effective.
Le gouvernement français accompagnera également le gouvernement congolais dans cet effort
de régularisation de la paie pour
25.000 enseignants jusqu’alors non
rémunérés et de formation continue des enseignants.
Virginie Leroy
© Photos AFD / Joseph Moura
Témoignage
Cyprien Makakala, directeur depuis dix ans de l’école de Kassombo, construite au
cours du chantier école organisé pour former les entreprises et les communautés
à la fabrication des briques en terre compressée.
« Avant, nous avions des bâtiments délabrés, les enfants fuyaient l’école.
L’école compte 380 élèves à ce jour. Nous avons désormais aussi une salle
de direction, une salle des enseignants et un dépôt pour le matériel, ainsi
que des sanitaires. Les nouveaux bâtiments respectent les normes et sont
beaucoup plus fonctionnels. Les enfants sont très calmes et les professeurs
se déplacent librement. Nous n’avons plus à envier la ville ! Tout le monde au
village est fier de cette école. Les autorités qui passent par ici s’arrêtent pour
la visiter. Les enfants affluent : nous avons cinquante nouveaux élèves depuis
la fin des travaux. Les écoles sont si belles que les gens pensent que ce sont
des universités ! »
Trois questions à Rémi Mungungu, architecte à la direction des
infrastructures du MEPSP
I.: Quel est le rôle du MEPSP dans ce projet ?
Rémi Mungungu : Le MEPSP est le maître d’ouvrage du projet. à travers la
direction des infrastructures, il édite les normes des constructions scolaires.
Dans le cadre du projet APEP, il accompagne la construction et s’assure
qu’elle respecte les normes. Pour ce faire, il assure un suivi de proximité.
I.: Qu’entendez-vous par suivi de proximité ?
R.M.: Grâce aux formations dispensées aux comités de parents d’élèves, nous
les rendons capables de prendre le relais de la cellule projet. Ils doivent pouvoir
eux aussi suivre les travaux, être les garants de la bonne exécution du projet. Nos
modules de formation sont destinés directement aux bénéficiaires, qui prennent
donc une part active dans le projet. C’est à cette condition que le projet sera durable.
I.: Quelles sont les caractéristiques des écoles du projet APEP ?
R.M.: Elles doivent être solides et durables. Elles sont construites en majeure
partie avec des matériaux locaux, selon des techniques faciles à diffuser.
Ce sont aussi des écoles fonctionnelles, lumineuses, ventilées et faciles
d’entretien. Nous pensons qu’elles dureront trente ans au contraire des
écoles précédentes qui nécessitaient des travaux annuels.
26
3 QUESTIONS à
DOSSIER
DANIEL
MUKOKO
SAMBA
Réformer
l’état
par le budget
L’hôtel Fleuve Congo a été le
théâtre, le 5 juin dernier, d’une importante conférence sur le thème
« Vision et stratégie pour la réforme
budgétaire». Présidée par le VicePremier Ministre et ministre du budget, elle a rassemblé un auditoire
aussi vaste et varié que les membres
du gouvernement, les partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC,
les représentants des institutions
parlementaires et de contrôle, enfin
les cadres des administrations financières centrales et provinciales.
Cette conférence s’inscrit dans le processus de reconstruction de l’état.
Retour sur une réforme fondatrice.
Dossier réalisé par Patrick Botrel
et Philippe Larrieu
28
©PerrinePiton
VICE PREMIER MINISTRE
MINISTRE DU BUDGET
Impact : Monsieur le Vice-Premier
Ministre, vous vous êtes personnellement investi dans un important
séminaire national qui s’est tenu à
Kinshasa le 5 juin dernier. Pouvezvous nous en donner les raisons ?
Vice-Premier Ministre : Comme vous
le savez certainement, la gestion des
finances publiques a été pendant
longtemps l’un des maillons faibles de
l’État dans ce pays. Et évidemment,
quand les ressources publiques ne
sont pas gérées de manière optimale,
cela porte atteinte à l’autorité de
l’État, à sa crédibilité, à l’efficacité de
l’action publique. C’est donc à la suite
d’un diagnostic objectif du système,
des pratiques mais aussi des résultats,
qu’avec l’appui des principaux partenaires au développement, tant bilatéraux que multilatéraux, le gouvernement s’est doté d’un plan stratégique
de réforme des finances publiques. Or
l’un des axes majeurs de ce plan stratégique, c’est la réforme budgétaire.
Mais la réforme budgétaire est aussi,
aujourd’hui, un impératif. Je rappelle
que le pays s’est doté depuis 2011
d’une nouvelle loi relative aux finances
publiques, dont l’objectif principal est
sonnes capables d’en comprendre
de mettre un terme aux dysfonctionles rouages pouvaient accéder aux
nements en matière de
ressources publiques.
gestion des finances
Or la nouvelle loi nous
publiques, de prépara« La nouvelle loi demande d’opérer une
tion et d’exécution des
transition vers un budnous demande
budgets. Mais cette loi,
get élaboré selon le
une transition
inspirée d’ailleurs de la
principe de la gestion
loi française (la LOLF),
axée sur le résultat.
vers un budget
implique aussi un chanC’est une transition de
élaboré selon
gement majeur. Peuttrès grande ampleur
être est-il important de
en ce qu’elle implique
le principe de la
rappeler ici qu’il y a eu
de changegestion axée sur beaucoup
des périodes où, dans
ments dans la manière
le résultat.»
ce pays, l’État a foncdont l’État est organisé,
tionné toute une année
dans les modalités de
sans budget, plus prépriorisation des actions
cisément sans qu’un budget n’ait été
publiques, d’affectation des moyens
voté, ni promulgué par le Chef de
à ces actions publiques, et dans la
l’État. Pourtant au cours de l’exercice
manière dont il faut par la suite évaen question, les recettes étaient colluer les performances des gestionlectées et les dépenses effectuées.
naires des crédits publics. Donc, cet
Pendant de très longues années aussi,
atelier a été l’occasion pour moi, en
le budget avait peu à peu perdu sa
tant que ministre du budget, de dire
crédibilité : on y inscrivait des chiffres,
à toutes les parties prenantes quelle
et puis on exécutait tout autre chose.
est la vision et quelle est la stratégie
Mais le plus grave peut-être, c’est
selon lesquelles nous allons réussir
que le budget était devenu ce que
cette transition. Parce qu’il nous faut
j’ai l’habitude d’appeler un budget
partir de l’existant ! Nous travaillons
pour initiés : seul quelques peren effet dans un domaine dans lequel
29
un « big bang », c’est-à-dire la mise en la manière dont le gouvernement a
place d’un nouveau système du jour exécuté les autorisations budgétaires
au lendemain, est impensable. Au qui lui avaient été conférées
contraire, il faut mettre en place ce par le parlement. Donc je crois
système de manière progressive en profondément qu’il y a un intérêt
«tuant à petit feu » le système exis- réel à faire participer le citoyen
tant sans l’éliminer définitivement, au processus budgétaire dans ses
et en faisant naître progressivement, différentes phases. Et il est de notre
sans cassure, le nouveau système. devoir, de notre responsabilité, d’être
C’est un peu cela la tâche délicate que le plus transparents possible, parce
nous avons et comme vous pouvez que plus l’opinion publique demande
le constater, dans ce processus où il des comptes, plus ceux qui gèrent et
y a deux systèmes qui
exécutent le budget
vont d’une manière
« Les ressources doivent faire preuve de
ou d’une autre coexisrigueur.
publiques,
ter mais l’un finissant,
J’en viens au budget
l’autre naissant, il faut
instrument
c’est l’argent de comme
également préparer les
pour réformer l’État:
tous pour tous.» si le budget prend en
esprits à adopter ces
nouvelles méthodes,
compte l’argent de tous
ces nouveaux instruments. D’ailleurs au service de tous, il faut s’assurer
ces instruments, il va falloir les créer, que ces ressources publiques servent
les expérimenter avant de les mettre vraiment à atteindre les résultats du
en œuvre. Et pour ce faire il va fal- développement. Or il y a un lien entre
loir former les utilisateurs. Tel était la manière dont l’État est organisé
l’objet de ce séminaire national. La et la manière dont le budget est
vision ayant été clairement définie, réellement au service de résultats
la stratégie ayant été annoncée, mes du développement. La réforme de
collaborateurs ont, après cet atelier, l’État étant une nécessité dans ce
continué à travailler sur les plans opé- pays, il y a plusieurs manières de
rationnels qui vont régir ce processus l’entreprendre. Il est possible de
« à la Schumpeter » de destruction faire adopter un ensemble de lois
créatrice.
séparées, pour initier des réformes
dans l’armée, dans la police, dans la
I.: Au cours de ce séminaire, vous justice, et ainsi de suite. Mais il y a un
avez parlé de « réformer l’état par élément « contraignant », qui peut
le budget » et de « consolider la accélérer ces différentes réformes :
démocratie par le budget ». Pouvez- le budget. Car pour être crédible, le
vous préciser ces deux concepts budget doit prévoir des garde-fous
pour nos lecteurs ?
qui sont autant de moyens de lutter
contre le gaspillage des ressources. Et
V.P.M.: Ce sont les deux concepts c’est donc par cette approche que l’on
fondateurs de mon action depuis peut accélérer les réformes dans les
que je suis ministre du budget. Les différents secteurs. Prenez l’exemple
ressources publiques, c’est l’argent de la bancarisation : dans le secteur
de tous. Ce n’est pas l’argent des de l’enseignement, pendant de très
ministres, ce n’est pas l’argent de longues années, le trésor ne savait
ceux qui ont accès aux ministres. pas qui il rémunérait, tout simplement
C’est l’argent de tous, pour tous. parce qu’il se contentait de payer
En conséquence, le budget est des postes budgétaires. Seuls les
fondamentalement un véhicule de gestionnaires des écoles pouvaient
consolidation de la démocratie en ce savoir quels enseignants prestaient.
que, dans sa conception classique, Or aujourd’hui, lorsque nous disons
il est élaboré dans la transparence, que nous voulons payer tous les
soumis à l’approbation parlementaire, fonctionnaires, tous les agents de
voté comme une loi et promulgué l’État par voie bancaire, cela signifie
par le chef de l’État. Enfin la boucle que le trésor, au moment où il libère
est bouclée quand une autre loi de les fonds, doit connaître l’identité
reddition des comptes témoigne de des agents et leur numéro de compte
30
bancaire. Une telle approche va donc
entraîner un changement radical dans
la gestion des ressources.
J’espère avoir explicité ces deux
concepts. Pour résumer, le budget,
aujourd’hui, doit cesser d’être l’affaire
de ceux qui viennent travailler dans
la commune de la Gombe. Il faut que
l’enseignant qui est à Kasumbalesa,
que le fonctionnaire qui est à
Malembankulu, s’intéressent à ce
qu’il y a dans le budget, sachent ce
qu’ils peuvent en attendre en tant
que citoyen congolais pour ce qui
est de l’exercice 2013. Et comme
nous sommes en train de préparer le
budget 2014, qu’ils en soient informés
au moment où nous l’élaborons, qu’ils
soient intéressés à en suivre le débat
au parlement et, au moment de son
exécution, qu’ils puissent y retrouver
les attentes qu’ils avaient formulées.
I.: La crédibilité du budget de la
RDC passe par la maîtrise de la
dépense publique et une meilleure
mobilisation des ressources.
Comment comptez-vous y parvenir ?
V.P.M.: Si le budget n’est pas crédible,
l’action publique ne peut pas être
efficace : l’État n’est plus capable
d’agir de façon appropriée pour avoir
une influence, un impact sur la vie des
citoyens. Or la crédibilité du budget
est une chose simple : il faut que ce
qui est inscrit dans le budget reflète
effectivement une politique publique
visant à atteindre des résultats
clairement identifiés ; et il faut qu’au
cours de sa mise en œuvre, le budget
soit exécuté tel qu’il avait été élaboré.
Car les effets sont multiples. D’abord
vis-à-vis de ceux qui sollicitent les crédits et qui seront davantage motivés à
améliorer leurs prévisions budgétaires
s’ils constatent dans le budget une
concrétisation de leurs demandes ;
mais aussi à l’égard de ceux qui exécutent la dépense publique. Car si en
fin d’exercice, les crédits n’ont pas, ou
peu, été consommés, et si une telle
situation perdure pendant plusieurs
années, les intéressés n’auront plus
aucune motivation à mettre du sérieux dans les prévisions budgétaires.
Le budget devient alors une formalité.
Symptomatiques sont les cas où des
responsables se rendent aux confé-
rences budgétaires pour formuler des
viens de le dire ce travail doit être
demandes parfois sans aucun lien avec
engagé au moment de l’élaboration
ce que fait leur service, sans lien entre
des politiques publiques, de façon à
les missions que l’État et la collectivité
ce qu’elles trouvent une traduction
attendent d’eux et les moyens qu’ils
adéquate dans les prévisions
sollicitent. Et quand
budgétaires. Mais il y a
d’autres exécutent le
aussi l’autre aspect : la
« Sur 360 taxes,
budget, ils ne se prérecette. C’est peut-être
occupent pas de savoir
20 génèrent 80% d’ailleurs l’aspect qui
s’ils ont les moyens
été le moins discuté
des recettes. Un ajusqu’ici
nécessaires pour exédans ce pays.
grand nombre de Nous sortons d’une
cuter leur mission de
service public. Donc
taxes ne sont pas longue période, peutc’est ce combat là qu’il
être deux décennies, au
rentables.»
faut gagner, et cela
cours desquelles nous
signifie qu’il faut que
avons fait l’ajustement
le budget soit préparé
budgétaire
par
la
de manière plus sérieuse et qu’il soit
dépense. Je crois que le moment
également exécuté dans le respect
est arrivé de faire aussi l’ajustement
des procédures.
budgétaire par la recette. Et là
Je voudrais juste vous donner un
aussi, il y a un problème de qualité
exemple que je vis quotidiennement.
de la recette. Tel prélèvement estVous avez parlé tout à l’heure de la
il rentable ? S’il n’est pas rentable
qualité de la dépense. La qualité de la
pourquoi le maintenir dans notre
dépense est aussi un facteur important
dispositif fiscal ? S’agissant des
de la crédibilité budgétaire. Mais juger
recettes non fiscales, nous savons
de la pertinence de la dépense, c’est
aujourd’hui que nous partons d’un
aussi un peu le rôle du ministre du
arsenal, au niveau du pouvoir central
budget. Car si cette dépense est jugée
uniquement (je ne parle même pas de
régulière par le service du contrôle
ce qui se passe au niveau des provinces
budgétaire, les crédits existants ayant
ou des autres entités locales), de 580
été sollicités selon les procédures
différentes taxes ; nous en sommes
établies, mais que de toute évidence
aujourd’hui à environ 360 alors que
il apparaît qu’elle n’est pas pertinente,
moins de 20 d’entre elles concourent
c’est là que le problème se pose. Il se
à 80% des recettes non fiscales.
pose en amont: c’est au moment de
Cela donne matière à réflexion. Il y a
l’élaboration du budget que l’on aurait
certainement un grand nombre de
dû se rendre compte que ces créditstaxes qui ne sont pas rentables du
là n’étaient pas pertinents par rapport
tout. Et si elles ne sont pas rentables,
à la mission du service concerné ; au
pourquoi les garder dans notre arsenal
moment de l’exécution du budget, il
dès lors que le personnel affecté à leur
est trop tard pour régler le problème.
collecte coûte plus cher que la rentrée
Donc c’est l’effort que nous faisons
d’argent correspondante ?
désormais et c’est la raison pour
Tels sont les débats que nous avons
laquelle nous avons eu, il y a quelques
lancés depuis quelques temps et qui
jours, des discussions autour du
vont se poursuivre. Nous pensons
cadre budgétaire pour la période
effectivement qu’en agissant tant du
2014 – 2016. Il s’agissait de rappeler
côté de la recette que de celui de la
aux différents services dépensiers
dépense, nous allons progressivement
qu’ils devaient mieux interroger
- nous ne le ferons pas en une année leurs politiques publiques et mieux
rendre le budget un peu plus crédible.
aligner leurs sollicitations de crédits
aux missions qui sont les leurs et aux
résultats de développement que la
collectivité attend d’eux.
Propos recueillis
Mais bien sûr le budget, ce n’est
par Philippe Larrieu
pas que de la dépense. Certes, il y a
un travail à faire pour améliorer la
qualité de la dépense, et comme je
©PerrinePiton
Dossier
Daniel Mukoko Samba, professeur
d’économie à l’université de Kinshasa, a été directeur de cabinet du
Premier Ministre Adolphe Muzito
puis collaborateur du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avant de devenir
ministre du budget du gouvernement Matata depuis le 28 avril 2012.
Il est originaire du Bas-Congo et
membre du Parti Lumumbiste Unifié
(PALU). Il a obtenu son mastère en
économie à l’université de Kinshasa
et à l’université d’Oita au Japon, et
son doctorat en développement
urbain et régional à l’université de
Tsukuba au Japon.
31
Une accélération
salutaire
La réforme budgétaire vise à instaurer un changement de la
culture de gestion au sein des administrations financières
de l’Etat, tant au niveau central qu’aux échelons décentralisés. L’objectif est de passer d’une logique de moyens à une
logique du résultat par la performance, conformément à la
nouvelle constitution financière matérialisée par la loi relative aux finances publiques (LOFIP).
Initiée mi-2012, cette démarche
repose sur les étapes suivantes :
1. recueil d’informations sur les
expériences des pays ayant
conduit ou étant actuellement
engagés dans des processus de
réforme des finances publiques
afin d’en tirer les leçons ; plusieurs
hauts cadres des administrations
financières se sont ainsi rendus
en France (octobre 2012), au
Burkina Faso (décembre 2012) et
à l’Ile Maurice (avril 2013) ;
2. appropriation du texte fondateur
de la réforme des finances
publiques autour d’un atelier de
lecture et d’analyse de la LOFIP
(décembre 2012) ;
3. conférence internationale aux
fins de communiquer sur la vision
et la stratégie de la réforme (5
juin 2013) ;
4. élaboration d’un plan d’action
stratégique pour la période
2013 - 2018 et d’un programme
d’action opérationnel pour la
Dossier
La planification prévisionnelle globale
sur la période 2013 - 2018 repose pour
sa part sur les étapes suivantes :
• mise en œuvre d’un vaste programme de formation destiné à
accompagner la réforme ;
• poursuite de l’exécution de programmes de mesures d’amélioration annuels et évaluation de
ces derniers ;
• conception et élaboration des
référentiels du budget pro-
•
•
gramme et de la gestion axée
sur les résultats au cours de la
période 2014 – 2016 ;
expérimentations dans les services au cours de la période
2016 – 2017 ;
exécution d’un budget programme à titre de prototype
en 2018 avant la généralisation
de la budgétisation programme
escomptée en 2019.
période 2013/2014/2015 (en voie
de diffusion).
La stratégie s’articule autour de
plusieurs blocs constitutifs de
la réforme tels que le pilotage,
l’amélioration du système budgétaire
existant, l’introduction du budget
programme, la formation, enfin la mise
en œuvre de systèmes d’information
et de télécommunications.
LES OUTILS DE LA RéFORME
La réforme budgétaire s’appuie sur une panoplie
d’outils de référence :
• la constitution du 18 février 2006 révisée le 20
Janvier 2011 ;
• la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux
finances publiques ;
• le plan stratégique de réforme des finances
publiques (mai 2011) ;
• « Réformer l’État et consolider la démocratie
par le budget, recherche d’une démarche
pour la RDC» (mai 2013) ;
• « Dix questions pour comprendre les aspects
budgétaires de la loi relative aux finances
publiques » (Juin 2013).
32
Le5juinàl’hôtelFleuveCongolaconférenceVisionetstratégiepourlaréforme
budgétairearassemblédenombreuxmembresdugouvernement,tousconcernésparla
nouvelle orientation des finances publiques.
33
depuis 2012
le budget de l’état
BIEN S’ENTENDRE SUR LES MOTS
•
Extrait de la Loi relative aux finances publiques et du document
« Dix questions pour comprendre les aspects budgétaires de la
loi relative aux finances publiques »
•
•
•
•
•
•
34
LOFIP. Loi n°11/011 du 13 Juillet 2011 relative aux
finances publiques
Loi de finances de l’année : acte par lequel sont
prévues et autorisées par le Parlement, les ressources
et les charges du pouvoir central pour un exercice
budgétaire donné.
Politique publique : ensemble des décisions et des
mesures prises par une autorité publique dûment
mandatée définissant des objectifs à atteindre,
inscrites dans un cadre général d’action et dans un
contexte prescriptif.
Politique budgétaire : ensemble des mesures prises
par les pouvoirs publics, relatives aux dépenses et aux
recettes de l’État, visant à atteindre certains équilibres
et objectifs macroéconomiques.
Programme : ensemble cohérent d’actions qui
regroupe les crédits destinés à un même ministère. Le
montant des crédits du programme est limitatif. Lui
sont associés une stratégie, des objectifs précis ainsi
que des résultats attendus dans la durée.
•
•
•
Fongibilité des crédits : faculté pour le gestionnaire de
définir la destination et la nature des dépenses lors de
l’exécution du programme pour en optimiser la mise
en œuvre.
Budget de l’État : un document, la Loi de finances,
contenant les prévisions des recettes et des
dépenses du pouvoir central consolidées avec celles
de provinces. Dans le contexte de la décentralisation
il existe au niveau provincial l’édit budgétaire et au
niveau local la décision budgétaire.
Budget pluriannuel : document contenant les
prévisions des recettes et des dépenses sur plusieurs
années et dont l’objectif consiste à sécuriser la
trajectoire des finances publiques et à donner une
meilleure visibilité aux gestionnaires sur les moyens
dont ils disposent. Il intègre deux objectifs : l’équilibre
budgétaire et la soutenabilité budgétaire.
Cadre budgétaire à moyen terme : cadre d’intégration
de la politique budgétaire et de budgétisation à
moyen terme dans lequel les prévisions des agrégats
budgétaires sont liées à un processus rigoureux
d’établissement d’estimations budgétaires à moyen
terme ventilées par ministère et fondée sur la politique
des pouvoirs publics.
équilibre budgétaire : état de budget dont les recettes
sont égales aux dépenses.
35
Société
A la rencontre
des enseignants de RDC
Luc-Delphin Sombe, 42 ans, enseignant dans le secondaire à Kisangani
(Province Orientale).
I.: Dans quel établissement enseignez-vous ? Quelles sont ses caractéristiques?
L-D.S.: J’enseigne depuis 2009 au
Lycée Annuarite dans la ville de Kisangani, établissement créé en 1969 par
Mgr Augustin Fataki, alors archevêque
36
I.: Quelles sont selon vous les qualités requises pour pouvoir devenir
enseignant en RDC ?
L-D.S.: La règle est qu’il faut être
qualifié dans un domaine quelconque
(français, histoire, géographie, mathématiques ou autres) et avoir effectué
un stage de professionnalisation de 3
à 6 mois avant d’être envoyé comme
titulaire au sein d’un complexe scolaire
que nous pouvons choisir nous-mêmes
(en fonction des vacances de postes).
Néanmoins, la réalité est loin
de cette pratique idéale car aujourd’hui tout le monde, diplômé
ou non (et ce phénomène est particulièrement aigu dans l’arrièrepays) peut devenir enseignant.
I.: A quelles difficultés quotidiennes
devez-vous faire face dans la pratique
de votre métier ?
I.: Selon vous, dans le contexte actuel
en RDC, quels sont les principaux défis
que doivent relever les autorités pour
l’amélioration de l’enseignement ?
I.: Ces difficultés ont-elles toujours été
présentes ? Si oui, depuis quand et
quelles en sont les causes selon vous ?
L-D.S.: Cette situation existe, si j’en
crois mon expérience, au moins depuis
1996, date à laquelle le système éducatif s’est effondré. La raison majeure
en était et est encore le manque de
subventions (et donc les carences de
l’État en la matière) vis-à-vis des écoles
publiques en général. On assiste en
outre, et il s’agit là de mon cadre de
travail, à une sorte d’abandon de la
prérogative de l’État sur les écoles gérées par les congrégations (on pense
communément, mais à tort, que les
congrégations reçoivent de nombreuses aides de l’extérieur).
I.: A quoi ressemblent vos journées en semaine ?
L-D.S.: Ma journée est la suivante : de
7h30 à 12h30, cours au lycée ; de 13h
à 16h30, cours extra-muros dans les
écoles environnantes ; de 17h à 19h,
© Photos Romain le Chequer
Luc-Delphin Sombe : J’ai tout d’abord
suivi les humanités littéraires, option
latin et philosophie au petit Séminaire
Sainte Croix à Bondo dans le Bas-Uélé.
J’ai ensuite pu intégrer l’Institut supérieur pédagogique pour deux cycles: le
graduat en français – latin et la licence
en français. Les raisons pour lesquelles
je me suis destiné à l’enseignement
ont été d’abord la rencontre avec un
professeur de français (originaire de
Bretagne) qui nous stimulait, nous
élèves de sa classe (j’avais alors 14 ans)
afin sans cesse d’améliorer nos capacités et connaissances ; il nous poussait
à lire des romans (mon ouvrage préféré est d’ailleurs « Un piège sans fin »
d’Olympe Bhêly-Quénum, auteur béninois), des magazines tels que Jeune
Afrique ou Kouakou qui nous reliaient
avec les actualités du continent. Plus
tard seulement, le constat du bas
niveau de l’enseignement et la mauvaise utilisation de la langue par l’élève
congolais ont confirmé mon souhait
d’enseigner.
de la ville. L’établissement compte
aujourd’hui 800 élèves filles réparties
dans 17 classes, à raison de 47 élèves
par classe. Vous imaginez donc les
difficultés de gestion d’effectifs aussi
importants. L’école dispose en outre
d’un internat avec une capacité de 80
personnes, qui est toujours complet.
Certaines branches spécifiques, telle
que celle du latin, manquent particulièrement d’inspecteurs. Je pense que
le discours dominant que nous entendons sur les améliorations et les perspectives encourageantes est davantage politique que technique.
L-D.S.: Je dois souvent faire face au
manque de matériel (ordinateur, accès
à Internet, ouvrages de méthodologie
de base sur l’ensemble des disciplines
enseignées) mais également au problème de sur-effectif dans les classes :
cela rend en effet le travail harassant
et moins efficace. Nous sommes, ceci
dit, heureux si l’on compare notre situation à celles de la plupart des écoles
qui ne disposent pas de bibliothèque,
de salle des professeurs, d’eau et électricité, ou même de toilettes correctement entretenues.
A l’école primaire, secondaire, ou à l’université, les enseignants sont les artisans de l’instruction des enfants et des
jeunes de RDC. Leurs conditions de travail sont loin d’être évidentes mais ils exercent leur métier avec conviction et
courage et c’est aussi ce qui peut faire la différence. IMPACT a recueilli le témoignage de deux d’entre-eux.
IMPACT : Quelle formation avez-vous
suivie et êtes-vous diplômé? L’envie
d’enseigner était-elle une vocation ?
cours de français à l’Alliance française de Kisangani ; de 19h à 21h,
lecture et préparation (à la maison).
Tout cela, que ce soit en termes de
temps ou de finances, ne permet
pas de bénéficier d’un déjeuner ne
serait-ce que tout simple.
I.: Sentez-vous que vos partenaires
(inspectorat, ministère provincial, autorités nationales) attaquent les problèmes du système d’enseignement
de manière efficace ?
L-D.S.: L’action ou l’intervention de
ces partenaires ne se fait pas sentir,
ou si vous voulez, elle n’est pas visible.
Ainsi, l’encadrement pédagogique
des enseignants par les inspecteurs
ne se fait que de manière sporadique.
L-D.S.: Il faut commencer par payer
des salaires décents et réguliers à tous
les enseignants engagés par l’EPSP,
puis équiper les écoles existantes et les
subventionner et finalement, revoir les
processus de recrutement afin de n’engager que des enseignants qualifiés
I.: Quelles initiatives souhaiteriezvous voir prises pour améliorer
le niveau de l’éducation dans le
pays?
Mr.Luc-DelphinSombe
L-D.S.: Le gouvernement de la République doit tout faire pour augmenter
sensiblement le budget de l’État alloué à l’enseignement. Il faudrait également redynamiser les coopérations
en matière d’enseignement avec des
pays comme la France et la Belgique
afin de bénéficier de leurs appuis didactiques et pédagogiques.
I.: Quels conseils pourriez-vous donner à un étudiant qui envisagerait de
suivre votre voie ?
L-D.S.: Aimer l’enseignement et se
former en permanence, sans quoi on
déchante rapidement…
I.: Avez-vous un message à faire passer
aux lecteurs de ce magazine ?
L-D.S.: Je souhaite terminer en rappelant que l’avenir de ce pays dépend en
très grande partie d’une jeunesse qui
doit et devra être bien formée et instruite afin d’assumer ses responsabilités futures. Dans le cas contraire, comment garder l’espoir de l’amélioration
de notre situation à tous.
Propos recueillis
par Romain le Chequer
37
François Lubala, professeur de géologie générale, géologie de l’Afrique
et de la R.D.Congo, pétrologie magmatique, vulcanologie, et géologie
régionale approfondie. Il enseigne à l’université de Lubumbashi en 1er,
2ème et 3ème cycle.
IMPACT : Quelles sont les raisons qui
vous ont dirigé vers l’enseignement
supérieur? Les raisons de la filière
enseignée?
Francois Lubala : Engagé comme
assistant en 1976, j’ai rejoint un projet de recherche portant sur le «Magmatisme associé à l’ouverture de la
branche occidentale du système des
rifts est-africains» animé par la Mission géologique universitaire française
et qui impliquait les universités d’AixMarseille III, de Paris-Orsay, de Clermont-Ferrand et de Nancy I.
Pour la réalisation des travaux de terrain, une base logistique était montée à Bukavu tandis que les travaux
préliminaires de laboratoire étaient
conduits à Lubumbashi et les analyses spécialisées de laboratoire
étaient réalisées en France. Les résultats obtenus dans le cadre de ce projet ont conduit à la publication d’une
trentaine d’articles dans les revues
internationales, la rédaction de cinq
thèses de doctorat au Congo et en
France et à plusieurs dizaines de communications scientifiques dans des
colloques et congrès internationaux.
Ceci a permis au département de
géologie de Lubumbashi d’acquérir
une expertise internationalement
reconnue dans le domaine du magmatisme et de la distension intraplaque continentale.
d’avoir une rigueur scientifique et de
bonnes qualités pédagogiques et morales.
I.: Quels sont les défis du système éducatif congolais?
I.: Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ? Les difficultés
de l’enseignement supérieur en RDC ?
F.L.: Les curriculas doivent être adaptés aux exigences internationales et
aux besoins du pays pour son développement. Il est également nécessaire
de construire de nouvelles infrastructures et de rénover celles existantes
pour augmenter leurs capacités et
permettre à chacun d’étudier dans des
conditions correctes.
Finalement, le développement du
pays passe également par la promotion et le financement de la recherche
fondamentale et appliquée.
F.L.: Le métier de professeur est à
la fois noble et exaltant ; dans notre
pays la formation des futurs cadres
est essentielle. Par ailleurs, sur le plan
personnel, le statut de professeur permet une certaine flexibilité en terme
d’horaires qui permet d’avoir une vie de
famille et des activités alternatives.
Malheureusement les infrastructures
universitaires sont insuffisantes et souvent en inadéquation avec la population estudiantine. L’absence de crédits
de recherche et des rémunérations peu
motivantes ne nous permettent pas
d’exercer dans de bonnes conditions.
I.: Comment jugez-vous l’évolution de l’enseignement en RDC ces dernières années ?
F.L.: Les pouvoirs publics ont fourni
beaucoup d’efforts ces dernières années dans le sens de l’amélioration des
conditions de travail des professeurs
d’université et bien que beaucoup reste
encore à faire, force est de constater
que le profil de cette carrière est globalement prometteur.
I.: Quelles sont les perspectives d’avenir de la matière que vous enseignez?
F.L.: Elles sont excellentes car le pays est
vaste et possède d’énormes ressources
géologiques, minières et énergétiques.
I.: Quels conseils pourriez-vous donner à un étudiant qui envisagerait de
suivre votre voie ?
4 fois par semaine,
Air France
vous accompagne
vers 1000
destinations
dans le monde.
F.L.: De faire preuve de beaucoup
d’endurance, de persévérance, de
sérieux et d’altruisme.
Propos recueillis
par Mélanie Sirdey-Coid
©Jean-DominiqueBurton
I.: Quelle formation avez-vous suivie ?
F.L.: J’ai une licence en géologie et
minéralogie (1971-1976) obtenue
à l’université de Lubumbashi et un
doctorat en sciences géologiques et
minéralogiques (1976-1981), diplôme
en co-tutelle avec l’université de
Lubumbashi, l’université de ParisOrsay et l’université d’Aix-Marseille III.
I.: Quelles sont d’après vous les qualités requises pour pouvoir devenir
enseignant du supérieur en RDC?
F.L.: Comme ailleurs, il est important
38
Présente toute l’année en République Démocratique du Congo, Air France répond à vos attentes
en assurant 4 vols hebdomadaires vers Paris en correspondance vers 25 villes françaises et plus de
1000 destinations dans le monde avec ses partenaires SkyTeam.
www.airfrance.cd
Société
Experts
en formation des maîtres
Les photographies de Joseph Moura ont été prises
dans une école du Bas-Congo soutenue par le projet
IFADEM. Les travaux de construction du centre de ressources viennent de s’achever dans le même village.
Les premières formations débuteront à la rentrée 2013
et permettront aux enseignants de renforcer leurs compétences et mettre à jour leurs connaissances afin de
garantir une éducation de base de qualité pour leurs
élèves.
Des objectifs internationaux
L’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM) participe aux efforts internationaux en faveur d’une éducation de base de qualité
pour tous. L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et l’Agence
Universitaire de la Francophonie (AUF) se sont fixé pour objectif d’améliorer les
compétences des instituteurs en poste, en pédagogie et dans l’enseignement
de disciplines linguistiques et non linguistiques. En RDC ce projet est mis en
oeuvre dans le cadre du projet Appui à l’Enseignement Primaire (APEP) financé
par l’Agence française de développement (AFD).
40
41
L’innovation au programme
IFADEM est un dispositif novateur, un
système de formation ou d’apprentissage alliant méthodes pédagogiques
actives, moyens technologiques,
contenus de formation sur mesure,
ressources humaines locales et apport
d’expertises internationales. L’initiative est désormais présente dans six
pays : Bénin, Burundi, Côte d’Ivoire,
Haïti, Niger et RDC. Quatre autres
pays devraient prochainement les
rejoindre : Burkina Faso, Cameroun,
Liban et Togo.
Des formations reconnues
Des supports mutiples
Les modalités de formation à distance
et l’usage des technologies doivent
s’adapter à ce contexte particulier où
l’électricité est rare et chère, et où
les enseignants en poste n’ont quasiment jamais utilisé d’ordinateurs.
Les supports pédagogiques proposés sont donc multiples : livrets de
formation, conçus dans chaque pays
par des équipes de rédacteurs locaux,
appuyés par des experts issus d’universités francophones site internet et
création de salles informatiques…
©PhotosJosephMoura
IFADEM cible en priorité les zones
rurales des pays bénéficiaires car ces
zones défavorisées requièrent un investissement particulier, le manque
d’enseignants formés étant un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de l’éducation pour tous.
La formation IFADEM fait l’objet d’une
reconnaissance officielle de la part du
ministère de l’éducation et est prise
en compte pour l’avancement professionnel des enseignants. Différentes
évaluations sont organisées pour vérifier que les objectifs de la formation
sont bien atteints.
Au Katanga
La République démocratique du
Congo a rejoint IFADEM le 7 juillet
42
43
Société
des livrets de formation destinés aux
enseignants du primaire a, quant à
elle, commencé début mars 2013.
2011, date de la signature de l’accord
cadre entre le ministère, l’OIF et l’AUF.
Elle a lancé deux expérimentations en
parallèle : une à Kinshasa et une dans le
Katanga où 539 enseignants (soit 93%
de l’effectif de départ) des provinces
éducatives de Likasi et de Kolwezi ont
achevé leur parcours de formation en
juillet 2013. Au second semestre 2013,
ils seront évalués par le ministère de
l’éducation.
à l’Ouest
à l’ouest, l’expérimentation a débuté
en 2013, dans le Bandundu, le BasCongo et Kinshasa-Est. Au total 3 000
enseignants des trois degrés du cycle
primaire ont été ciblés.
Le ministère de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel a
mis à disposition un local dans chacune des trois sous-divisions afin d’y
héberger un centre de ressources.
Des travaux de réhabilitation ont été
lancés en mai, avant l’équipement des
trois centres (fonds documentaire,
parc informatique...). La conception
44
©PhotosJosephMoura
Relever le défi de l’éducation
pour tous
Le défi qui semble le plus délicat
dans le cadre du développement
professionnel est sans nul doute l’accès continu à la formation pour les
enseignants. Il apparaît notamment
particulièrement difficile d’assurer la
formation des personnels en poste
dans les zones rurales, où devraient
pourtant se concentrer les efforts.
La formation à distance est l’une des
voies à privilégier Les formations de
recyclage, destinées aux enseignants
en poste qui n’ont pas de formation
professionnelle, sont relativement
récentes dans les systèmes éducatifs
africains, mais elles sont appelées à se
développer rapidement afin de permettre de relever le niveau qualitatif
de l’enseignement de base. En effet,
selon le Partenariat mondial pour
l’éducation, la qualité de l’enseignement reste médiocre dans de nombreux pays en développement et les
enfants n’acquièrent que 20 à 25%
des connaissances assimilées par ceux
des pays développés. Une problématique que le dispositif IFADEM espère
contribuer à résoudre.
Franck Torrès
45
Société
L’éducation
pilier
de
la
favoriser le retour de l’enfant dans
son foyer. Il oriente ensuite l’enfant
vers la structure éducative adaptée,
en fonction de son âge, de son niveau
scolaire et de ses aspirations. Toujours
d’après le REEJER, 17% des enfants
de la rue n’ont jamais étudié. Donc,
dans un premier temps, les enfants
sont généralement orientés vers des
cours de rattrapage avant de réintégrer le système scolaire classique. Afin
de garantir une réinsertion durable,
les structures d’accueil s’efforcent de
prendre en charge les frais scolaires
des enfants réunifiés en famille et de
fournir un «kit scolaire » mais surtout
de suivre régulièrement les enfants
à travers des visites d’éducateurs.
Grâce à cette prise en charge globale, les réussites sont importantes,
comme l’indique le Rapport annuel
2012 de l’Œuvre de Reclassement et
de Protection des Enfants de la Rue,
qui indique un taux de réussites scolaires de 80% dans l’année de réunification.
réinsertion
La formation professionnelle
Pour les plus âgés d’entre eux (à partir
de 14 ans), l’orientation s’effectue plutôt
vers la formation professionnelle. A ce
stade, l’enfant doit être acteur de son
projet et choisir une filière en fonction
de ses attirances mais aussi des débouchés et ouvertures professionnels tout
en bénéficiant d’un accompagnement
éducatif important. Différentes forma-
des enfants des rues
« Kibonge a 17 ans et a passé cinq années dans la rue. Nous avons fait sa connaissance en 2008, et nous avons
pu l’aider à retrouver sa mère qui était très heureuse de son retour. Nous l’avons inscrit à l’école ; depuis, il n’a
jamais manqué un jour et a toujours été parmi les trois premiers de sa classe, malgré les conditions difficiles à
la maison. Sa famille est très fière de lui et a beaucoup d’espoir pour son avenir. Lui voudrait devenir infirmier
pour soigner les autres », raconte Gédéon, éducateur social au sein de la Communauté du chemin neuf.
46
aujourd’hui à l’école et le taux d’achèvement du primaire serait passé de 56.3%
en 2009/2010 à 64.3 % en 2012/2013 selon le communiqué de presse conjoint
entre le Gouvernement et l’UNICEF du
7 août 2013. Cela représente encore 8
millions d’enfants non scolarisés et de
nombreux efforts restent à fournir en
termes de qualité d’éducation.
Dans ce paysage, l’éducation des enfants des rues est une problématique
spécifique qui implique une approche
différente et une pédagogie adaptée. La perte des repères familiaux et
sociaux de ces enfants donne à l’éducation un rôle prépondérant dans le
processus de resocialisation. Afin de
soutenir le gouvernement, 217 orga-
nisations nationales et religieuses
gèrent aujourd’hui des structures d’encadrement d’enfants en rupture familiale mais, selon Rémy Mafu, coordinateur du REEJER, « seul un quart d’entre
elles disposent d’une équipe éducative
dotée d’une formation initiale alors
que le rôle de l’éducateur est crucial ».
L’action de la coopération
franco-congolaise
C’est dans ce contexte qu’intervient
le Fonds Social de Développement
(FSD) de l’ambassade de France en
RD Congo. Doté d’une enveloppe de
500.000€, le FSD 2012-13 poursuit
deux objectifs principaux : renforcer
les capacités des acteurs du domaine
de la réinsertion économique des enfants et jeunes de la rue et appuyer les
initiatives des ONG congolaises dans
leurs efforts de réunification familiale
des enfants de la rue de Kinshasa.
Coordonné par l’attaché régional de
coopération et suivi par une cellule
composée de trois experts dont une
volontaire mise à disposition par
France Volontaires, le FSD a été confié
pour la première fois à une structure
nationale, le REEJER, permettant ainsi
l’implication des acteurs locaux et la
réalisation de formations à l’intention
des porteurs de projets.
Un premier appel à projets a été lancé
en novembre 2012 et cinq projets ont
été retenus. Ainsi, fin juin 2013, 144
enfants ont été réunifiés dont 28%
de filles, 77 scolarisés, 53 placés dans
des formations professionnelles et
45 familles ont pu mettre en œuvre
des activités génératrices de revenus
grâce aux micros-crédits attribués.
Une école ainsi qu’un centre de loisirs
sont actuellement en construction et
un second appel a été lancé en mai
2013 à la suite duquel 70 projets ont
été déposés.
Les actions menées par les structures
locales et dans le cadre de la coopération franco-congolaise permettront
dans les mois à venir la réinsertion socioéconomique de nombreux enfants
des rues. Néanmoins, les efforts réalisés ne permettent pas de résoudre
le problème du nombre croissant
d’enfants dans les rues dû à des accusations de sorcellerie liées à une grande
pauvreté des familles, pauvreté contre
laquelle la lutte doit rester une priorité
en agissant sur ses causes structurelles.
André-Abel Barry
et Caroline Jolly
Pagedegauche:intégrésdansunestructured’accueilenmilieufermé,lesenfantsbénéficientd’unfoyer
provisoire et sont scolarisés en attendant un éventuel retour dans leur famille.
Ci-dessous : un jeune de la rue au Mont Ngafula.
La scolarisation
Développant un lien de confiance avec
l’enfant, l’action fragile des éducateurs
débute en milieu ouvert (sur les sites
de vie des enfants ou centres d’accueil
de jour permettant l’accès à l’eau et à
un repas).L’éducateur effectue ensuite
des médiations avec les familles pour
©PhotosDR
Si ce témoignage atteste de la réussite
des projets de réinsertion des enfants
de la rue, le défi reste entier. Selon le
recensement effectué par le Réseau
des Éducateurs et Jeunes de la Rue
(REEJER) en 2010, plus de 20 000 enfants vivent dans les rues de Kinshasa
et 1900, en moyenne, les rejoignent
tous les ans. En situation de rupture familiale, victimes de la pauvreté, accusés de sorcellerie, ils sont exposés à de
nombreux risques et nécessitent des
mesures de protection particulières
afin de leur permettre une réinsertion
et d’envisager l’avenir.
En RDC, grâce aux efforts du gouvernement congolais et de ses partenaires, trois enfants sur quatre vont
tions sont proposées par les structures
telles que la menuiserie, la maçonnerie,
l’agriculture, l’art culinaire, l’esthétique…
et sont couplées avec des séances d’alphabétisation ou de rattrapage.
Réel facteur de resocialisation, la formation professionnelle permet aux
jeunes d’être valorisés et acceptés
dans leur famille de façon durable.
Néanmoins, les difficultés de mise en
œuvre restent importantes notamment pour les jeunes filles pour lesquelles la stabilisation s’avère plus
difficile. De plus, le manque de places
disponibles, la restriction des filières
proposées et surtout le manque de débouchés professionnels poussent les
structures à développer de nouvelles
stratégies d’actions pour assurer aux
jeunes un avenir hors de la rue.
47
Société
©Jean-DominiqueBurton
FONDATION
RACHEL FORREST
la FRF a construit un bâtiment abritant
un cyber café et une bibliothèque, ainsi qu’une infirmerie. Les frais d’installation de l’antenne Internet et l’ameublement de la bibliothèque et du cyber
café ont été également pris en charge.
Elle a aussi contribué à la construction
d’une salle d’étude et d’un internat au
Lycée Tshondo et à l’Institut Technique
Salama et construit le bloc administratif du lycée Uzima Saint Sauveur.
La FRF a également assuré la réhabilitation du grand auditorium, du jardin
botanique, de la faculté de sciences
agronomiques de l’UNILU.
En 2008, au niveau de l’enseignement
supérieur, la FRF a octroyé des bourses
d’études à 50 jeunes Congolais les
plus méritants désireux de poursuivre
leur formation universitaire à l’UNILU après l’obtention de leur diplôme
d’État en section mathématiques,
physique, biochimie, commerciale.
La FRF octroie par ailleurs une bourse
annuelle à 4 doctorants, chercheurs de
la faculté des sciences agronomiques
de l’UNILU.
Bourses scolaires et universitaires
La FRF a équipé plus de 17 écoles du
Katanga en matériels informatiques
(102 PC et 30 imprimantes).
En 2008, elle a fait un don de 100 bancs à
la faculté des sciences, département des
mathématiques, contribuant à améliorer
les conditions des futurs cadres de demain. Un bus de marque TATA flambant
neuf, destiné au transport du personnel
académique, a été remis par la FRF à
l’Université de Lubumbashi en 2008.
Chaque année, sous la supervision de la
Fondation Rachel Forrest, les enfants
en âge scolaire des agents du Groupe
Forrest se voient offrir un kit composé
de 10 cahiers, 5 stylos, 2 crayons, 2
règles et 2 gommes.
De 2007 à 2010, la FRF a pris en charge
les frais de scolarité de 15 enfants handicapés de l’Association congolaise
pour l’assistance orthopédique aux
jeunes handicapés.
Don de matériels informatiques
Mécénat
La Fondation ne se limite pas à réhabiliter des infrastructures et à prendre en
charge des bourses scolaires. Elle est
aussi un acteur privilégié lushois dans
l’appui à la réalisation de projets éducatifs qui font souvent face à des difficultés de fonctionnement dues aux coûts
élevés. De surcroît, la FRF a financé
l’impression du journal Le Croc’Odile,
publication bimensuelle pour enfants
scolarisés dont l’âge varie entre 12 et 18
ans. Ce journal produit par l’Asbl Fondation Scripta Manent a pour objectif la
promotion de la lecture chez les enfants.
Sur une base annuelle, elle soutient
financièrement la prise en charge des
frais de fonctionnement l’Institut Mulumba Lukoji et l’école supérieure pour
la bonne gouvernance économique et
politique. Elle n’hésite pas non plus à
apporter une aide financière à l’établissement scolaire français Blaise Pascal
ainsi qu’aux écoles belges de Lubumbashi et de Kolwezi.
Fondation Rachel FORREST / MSC
« Construire et soutenir l’éducation, en s’y investissant pour qu’ensemble nous construisions l’avenir »
Basée à Lubumbashi, capitale cuprifère du Katanga, La Fondation Rachel
Forrest (FRF), a été créée en 2007 par
George Arthur Forrest, Président du
Groupe Forrest International, en hommage à sa mère Rachel Forrest.
La Fondation perpétue une tradition
entretenue par le Groupe Forrest depuis sa création en 1922, à savoir que le
développement d’une entreprise n’est
pleinement réussi que s’il accompagne
l’épanouissement de la population.
Avec comme objectif principal de
soutenir la reconstruction du pays
dans lequel elle évolue, la Fondation
développe des projets au bénéfice
des populations locales du Katanga
dans les domaines de l’éducation, la
santé, les infrastructures, la culture et
l’environnement. Depuis sa création en
2007, la FRF a attribué plus de 11.800.000
de dollars à ses projets.
En partenariat avec le gouvernement
de la République démocratique du
Congo, la FRF contribue notamment à
la stabilité du système éducatif.
48
Un grand nombre d’écoles katangaises, ainsi que l’université de Lubumbashi, ont bénéficié de nouveaux outils
de travail, dans des locaux rénovés et
agrandis et des bourses ont été octroyées aux meilleurs étudiants. Par
son soutien permanent, près de 5.000
élèves congolais disposent chaque
année d’un enseignement gratuit et
de première qualité. La Fondation distribue également des financements
ponctuels pour la construction de bibliothèques, salles de classes, etc. Elle
apporte sa contribution à l’essor de
l’éducation et à la lutte contre l’analphabétisme sous toutes ses formes.
A titre d’exemples, quelques unes des
réalisations de la Fondation Rachel
Forrest, dans le domaine de l’éducation, qui méritent d’être saluées.
Réhabilitation d’infrastructures
Afin d’appuyer le lycée Hodari dans sa
volonté de promouvoir la lecture et de
dynamiser les nouvelles technologies,
Cutting through complexityTM
Nous sommes un réseau mondial présent dans
150 pays, employant 145 000 personnes.
Nous avons réalisé au 30 septembre 2011 un
chiffre d’affaires annuel de 22,7 milliards de
dollars.
Notre vision : Etablir une relation de confiance
avec nos clients et convertir en valeur ajoutée notre
compréhension de l’information financière, des
secteurs économiques et du monde des affaires.
Nos engagements : Pragmatisme et pro activité
dans un monde complexe. Pour répondre à
vos besoins, nos professionnels font preuve de
capacités d’adaptation et d’anticipation dans la
recherche de solutions appropriées.
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mutations rapides de l’environnement économique
ont accru la responsabilité des différents acteurs.
Les entreprises, leurs dirigeants, leurs actionnaires
et les marchés financiers ont exprimé de fortes
exigences de transparence.
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problématiques spécifiques, KPMG RDC a
développé des pôles de compétences dédiés en
liaison avec KPMG Afrique Francophone et KPMG
France.
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Environnement, Agriculture, Infrastructures,
Télécom, Pétrole, Banque, Assurance.
CONTACTS DE KPMG EN RDC
Bureau de Kinshasa
Adresse 7ème niveau, Tour BCDC
B.P.: 7226 Kinshasa/Gombe
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Tél. : +243 99 001 0020/21
Bureau de Lubumbashi
500b, av. Mpala/Quartier Golf
Lubumbashi
E-mail : [email protected]
Tél. : +243 99 200 6160
Dirigeants : Mr Jean-Yves PARANT (Directeur Associé)
Mr Paul M’BODI (Associé)
Société
Renforcer les capacités des pays
bénéficiaires du Fonds mondial
à ce jour, le Fonds mondial a
approuvé des subventions en
République démocratique du Congo
pour un total d’environ 1,3 milliards
de dollars, dans le but d’appuyer une
intensification de la riposte nationale
au VIH/sida, à la tuberculose et au
paludisme. Sur ce montant, 550
millions ont déjà été signés.
La mise en place du nouveau modèle
de financement du Fonds mondial,
pour lequel la RDC est un des pays
pilotes, est une opportunité pour la
riposte nationale aux pandémies.
L’Initiative 5% est, elle aussi, bien
présente en RDC : trois projets
dans le cadre du canal 2, ont
obtenu un financement à la suite
d’un appel en 2012 sur les thèmes
du « Renforcement des systèmes
de santé » et de la « Recherche
opérationnelle».
Par
ailleurs,
des actions d’information, via
l’organisation de réunions, ont été
menées par le conseiller régional de
coopération en santé français (basé
à Brazzaville) pour faire connaître
l’Initiative 5% en RDC.
Lutte contre les grandes pandémies
l’Initiative 5% sida, tuberculose, paludisme en RDC
Annoncée lors de la conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial (FM) de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme en octobre 2010, l’Initiative 5% est la deuxième modalité de contribution
de la France à ce dernier. Elle a pour objectif de contribuer à améliorer les capacités des pays bénéficiaires
du FM et plus particulièrement des pays francophones, en termes d’accès, de mise en œuvre et de suiviévaluation des subventions allouées par le Fonds Mondial pour la lutte contre ces trois pandémies.
50
Deux modalités d’intervention
Doté d’une enveloppe annuelle de 18
millions d’euros pour la période de
2011 à 2013 (soit 5% de la contribution
française au FM), la mise en œuvre
opérationnelle de cette initiative a été
confiée à l’établissement public France
Expertise Internationale (FEI) par le
ministère des affaires étrangères.
Le dispositif se décline selon deux
modalités complémentaires :
• canal 1 : mobilisation d’une expertise court terme, pour répondre à
des besoins ponctuels des pays,
• canal 2: financement de projets
complémentaires aux subventions du Fonds mondial, dans le
cadre d’actions de plus long terme
(horizon de deux-trois ans).
Les pays francophones, cibles de
l’Initiative
La cible principale du dispositif sont
les pays prioritaires pour l’aide française au développement notamment
en Afrique centrale et de l’Ouest :
Bénin, Burkina Faso, Burundi, Comores, Djibouti, Ghana, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Mauritanie,
Niger, République démocratique du
Congo, République Centrafricaine,
Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo, mais
aussi l’Afghanistan, la Birmanie, Haïti et
les Territoires palestiniens.
Sont également éligibles l’ensemble
des pays membres et observateurs
de l’Organisation Internationale de la
Francophonie.
Les financements du Fonds Mondial
ont permis d’améliorer la qualité des
services de soins afin de réduire la
propagation et l’impact du VIH dans
les communautés. Cependant, des
contraintes persistent à différents
niveaux : organisation des services,
prise en charge pédiatrique, mise sous
traitement antirétroviral des femmes
enceintes, globalité des soins, suivi
biologique, approvisionnement en
intrants, non-respect des protocoles
et difficultés à remplir les outils de
collectes de données.
Pour faire face à ces problématiques,
le projet « Appui à la formation
continue VIH-sida du personnel
soignant par le tutorat clinique » a été
lancé le 14 janvier 2013 pour un budget
total de 993.500 euros. Ce projet
est mis en œuvre par la Croix-Rouge
française et vise à améliorer la qualité
de la prise en charge des personnes
vivant avec le VIH par le renforcement
des capacités et des compétences des
prestataires de soins.
Les partenaires
La Croix-Rouge française,
en tant que chef de file, est
responsable de la bonne
exécution du projet. Elle
coordonne la gestion globale
de ce dernier sur le plan
opérationnel,
financier
et
administratif et contribue à
définir avec la Croix-Rouge
RDC son cadre de gestion
conjointe. Elle est responsable
de l’accompagnement de la mise
en place du tutorat.
Le Plan National de Lutte
contre le Sida (PNLS) participe
à la supervision du tutorat
en région. Il est également le
point focal de la mise en œuvre
à Kinshasa. Partie prenante
du comité de pilotage, il est
ainsi engagé politiquement et
stratégiquement dans la mise en
œuvre de ce projet.
Initiative5%-endirectiond’uncentrederéférence-projetdecanal2.
Photos © FEI /Initiative 5% - Dehbia Krouk
Carteci-dessus:Lespayséligiblesàl’Initiative5%
Enbleufoncé:lacibleprincipale:paysprioritaires
pour l’aide française au développement
Enbleuclair:lespaysmembresetobservateursde
l’OIF et bénéficiaires de l’APD
Appui à la formation continue
VIH-sida du personnel soignant
par le tutorat clinique
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SEP Congo
participe à
l’émergence de la nouvelle bbb
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élite congolaise en soutenant
les élèves méritants.
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Pour en savoir plus sur l’Initiative 5 %,
consultez notre site internet :
www.initiative5pour100.fr
ou contactez Dehbia Krouk, chargée de
projets Initiative 5% à FEI pour la RDC :
[email protected]
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AA
52
L’Union internationale de lutte
contre la tuberculose et les
maladies respiratoires fournit
une assistance technique directe
à 75 pays. En collaboration
avec les ministères de la santé
des états concernés et leurs
partenaires internationaux, elle
développe, promeut et évalue
des stratégies efficaces pour la
maîtrise de la tuberculose. Elle
renforce les capacités des pays
bénéficiaires par l’assistance
technique aux programmes de
santé publique, l’enseignement,
la formation et la recherche
opérationnelle.
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Le taux de guérison thérapeutique
de la tuberculose multirésistante se
situe aujourd’hui entre 55% et 65%
et le taux des « perdus de vue » avant
la fin du traitement reste élevé (entre
15% et 20%), principalement à cause
de la longueur du traitement et de
ses effets secondaires. De nouvelles
publications de l’OMS recommandent
de promouvoir l’utilisation des
régimes courts au niveau national
dans un plus grand nombre de pays.
Dans ce contexte, une étude concernant le traitement court pour les patients atteints de tuberculose multirésistante a été lancée le 6 mars 2013
pour un budget total de 1.463.000
euros.
Ce projet vise à évaluer l’efficacité
du nouveau régime thérapeutique
de neuf mois (contre vingt
mois aujourd’hui), par l’étude
observationnelle d’un groupe de
patients multi-résistants aux antituberculeux (MDR) dans neuf pays
africains, dont la RDC.
Cette étude est menée dans le
cadre des activités habituelles des
CECFOR a développé, depuis
1990, le centre hospitalier
Monkolé,
situé
dans
la
zone périurbaine de Mont
N’Gafula - 300.000 habitants.
établissement de référence, ce
dernier s’engage à fournir des
soins de qualité à une population
en général très démunie. Depuis
2005, il a créé un centre de
traitement ambulatoire (grâce
au financement du PNUD/FM)
permettant d’assurer le suivi
régulier de près de 1200 patients
atteints du VIH, dont environ 800
sous antirétroviraux (ARV).
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Un nouveau protocole dans le
traitement de la tuberculose
multi-résistante
Les partenaires (suite)
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En dépit d’avancées majeures dans la
lutte contre le paludisme liées à de gros
efforts en termes de sensibilisation,
cette maladie représente encore un
problème majeur de santé publique
dans le pays. Sur le plan mondial on
recense entre 300 et 500 millions
de cas chaque année. 90% d’entre
eux surviennent en Afrique Subsaharienne. Deux pays, le Nigéria et la
République démocratique du Congo
(RDC), représentent plus de 40% des
affections et des décès.
Suite à l’appel à projet « Recherche
opérationnelle », lancé en 2012, un
programme d’évaluation de l’étude
de la sensibilité aux antipaludiques
est actuellement en préparation.Sa
mise en œuvre sera assurée par le Centre
Congolais de Culture, de Formation et de
Développement (CECFOR).
Programmes Nationaux de Lutte
contre la Tuberculose (PNLT) de
chaque pays.
La RDC est à ce jour dans la phase
d’état des lieux pour la mise en place
du nouveau protocole (finalisation des
sites d’intervention, cibles…)
La mise en œuvre du projet sera
assurée par l’Union internationale
de lutte contre la tuberculose et les
maladies respiratoires.
Dehbia Krouk
et Solène de Montmarin
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Amélioration du suivi et de l’évaluation du programme de lutte
contre le paludisme
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A
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A
A
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Société
Sauver le Miombo
Et pour faire rimer éducation avec protection de l’environnement, Michel
Anastassiou a aussi créé en 2005 le
«sanctuaire Mikembo», un domaine
privé de 600 hectares où cohabitent
des animaux sauvages endémiques qu’il
a réintroduits : zèbres, girafes, élans
du Cap, kudus, etc... L’ASBL a initié un
projet pilote de réinsertion d’animaux
sauvages et de protection de la flore,
fournissant aux étudiants et aux scientifiques un cadre pratique d’étude de la
biodiversité du Haut Katanga. L’ASBL
travaille en partenariat avec les universités de Lubumbashi (UNILU), de Liège et
de Bruxelles, ainsi qu’avec le jardin botanique de Meise, l’Institut agronomique
de Gembloux et le musée royal d’Afrique
Centrale de Tervuren sur de nombreux
projets à caractère scientifique, dont la
formation pratique d’une dizaine d’étudiants de l’UNILU ayant obtenu un DEA
en conservation et gestion de la biodiversité en forêt claire de Miombo (nom
vernaculaire scientifique donné à la forêt
claire du Haut Katanga qui fait partie
d’un écosystème très particulier).
Pour les enfants
du Katanga
« Nous nous devons de sauver le Miombo car il représente une richesse extraordinaire dont le ciel nous a gratifiés et
que nous devons léguer à nos enfants.
Le Miombo , bien géré, constitue une
richesse bien plus importante pour le
pays que le secteur minier, appelé à disparaître un jour. Sa sauvegarde passe
par une action concertée des responsables politiques, des scientifiques, des
hommes d’affaires et de la population,
notamment les plus jeunes, qui doivent
être le fer de lance de cette action».
Pour concilier les deux aspects de son
activité, l’association sensibilise la
jeunesse à la protection du Miombo
grâce à la publication de bandes dessinées à caractère éducatif et encourage les visites du sanctuaire par les
établissements scolaires.
Michel Anastassiou / Mélanie Sirdey-Coid
Lapérennitédesactionsdel’ASBLMikemboenRDC
soutenueparl’ASBLMukinienBelgique,dépenddela
générositédesparticuliersetdesentreprises,ainsiquedes
activitésorganiséesparsesmembresbénévoles.
Pourensavoirplus: www.mikembo-mukini.org
En 2002, Michel Anastassiou décide, avec le soutien de sa famille, de créer l’ASBL Mikembo pour contribuer
au développement socioéconomique des populations rurales, notamment grâce à l’enseignement et la
protection de l’environnement. Dans la foulée, il crée également une association sœur en Belgique, l’ASBL
Mukini (village en Swahili) destinée à appuyer en Belgique les actions de l’ASBL Mikembo.
Nous l’avons rencontré pour connaître
sa motivation et les actions concrètes
menées par son ASBL.
« Je suis né au Katanga, à Elisabethville
(aujourd’hui Lubumbashi), en 1948,
d’un père grec et d’une mère belge ; en
fait je me sens avant tout Katangais et
même plus, Lushois pour y avoir passé
toute ma vie. Dès lors, quoi de plus normal que je consacre une partie de mon
existence à l’Interland katangais d’autant plus que dès mon plus jeune âge,
j’ai bourlingué en brousse ».
Étudier pour le futur
Aujourd’hui, l’ASBL Mikembo soutient trois
écoles : Kinsangwe, Katumba et Kienge.
54
« Nous avons construit trois écoles primaires qui permettent à plus de 900
enfants d’étudier dans de bonnes conditions. Nous prenons en charge la totalité
des frais de fonctionnement de l’école de
Kinsangwe et une partie importante de
ceux des écoles de Kienge et de Katumba. Nous finançons également les études
secondaires des cinq meilleurs finalistes
de 6ème primaire… Aujourd’hui, trente
élèves poursuivent, sur financement de
l’ASBL, des études au niveau secondaire».
En plus de la scolarité de base, l’ASBL
finance des cours d’anglais et d’écologie à
l’école de Kinsangwe et assure des formations en informatique et en coupe couture.
EN RDC
© Photos Mikenbo
L’écoledeKinsangwe
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Société
La
solidarité
du fleuve
NoufoucontemplelecoucherdusoleilàKwamouth
Jour 1
Départ prévu à 8h00, heure congolaise.
Au yacht club, accueil par un responsable de la direction générale des migrations, qui affirme travailler également pour Maman Joséphine, qui nous
loue le bateau. C’est assez habituel
pour les employés du gouvernement
de faire des extras pour des privés
et de notre point de vue, c’est assez
pratique. Les formalités sont vite accomplies et tant mieux car c’est rarement une partie de plaisir. Par contre
l’équipage a pris un peu de retard sur
la préparation de Trésor, notre bateau.
Gilbert, le matelot et Grégoire, le capitaine s’affairent à qui mieux mieux
mais le temps passe et nous sommes
56
toujours à quai. Maman Joséphine
passe nous souhaiter bon voyage,
nous assure que nous serons le soir
même à Bolobo, avant de repartir, le
sourire aux lèvres.
Elle ne passe pas beaucoup de temps
à Kinshasa et seulement pour les affaires. Ses relations haut placées lui
permettent de faire un peu d’importexport avec Brazzaville mais elle repart bientôt vers Bruxelles où vivent
tous ses enfants précise-t-elle.
Une fois que tout est prêt, on attend
encore un embout, qui n’arrive pas,
puis s’avère n’être pas le bon embout.
Tant pis, on part sans lui.
Il est 10h00, on largue les amarres le
temps de sortir de la marina, entre
©PhotosPaulineJeanjacquot
Les ONG françaises sont très présentes en RDC où on en dénombre
plus d’une dizaine. Solidarités International est sur le terrain depuis
treize ans et compte actuellement plus de 340 employés dans ce pays.
J’ai pu accompagner une visite de la coordination du bureau de Kinshasa dans une sous-base située à Bolobo, quelque 250 km au nord de
la capitale, sur la rive du fleuve Congo.
les baleinières échouées depuis 50
ans ou quelques semaines, habitées,
rouillées, sombrant. Des centaines
de paires d’yeux nous épient, nous
les mundele dont le bateau privé et
relativement peu décrépi leur rappelle qu’il existe un monde moins dur,
mais qu’il n’est pas pour eux. C’est la
conscience de cette injustice, trop
grande pour être supportée, qui a
conduit Pauline, coordinatrice logistique et administrative pour le sud et
l’ouest de la RDC et Noufou, responsable de programme WASH, à travailler dans l’humanitaire.
Est-ce le poids de tous ces regards,
l’étonnement dans ceux des plus
jeunes, la rancœur et l’animosité
dans ceux des plus grands, la résignation chez les vieux, l’incompréhension en partage, mais notre moteur s’arrête aussitôt.
G et G, notre équipe de choc, font
appel à leur mécano qui arrive en
pirogue une petite demi-heure plus
tard. Ce n’est rien, le moteur est un
peu noyé, il y a un petit « truc » dedans, rien de grave, on peut repartir.
Le moteur démarre, puis s’arrête,
puis démarre, bref ça n’a pas l’air très
stable, mais ce n’est que le début.
Malgré notre insistance, motivée par
une panique légère, le mécano refuse
de venir avec nous et repart en pirogue
sous les imprécations du papa gondoliere qui vitupère sur la thématique de
l’injuste rémunération qui a été négociée pour ses services.
Il est 11h00, on sort du port et on vogue
dans la bonne humeur jusqu’à la sortie
du Pool Malebo. Au niveau de Maluku,
Noufou est agréablement réveillé par
une vague scélérate qui le trempe de
la tête aux pieds et c’est le début d’une
navigation légèrement plus sportive.
En effet, en saison sèche, le fleuve
s’énerve, surtout dans ses parties les
plus étroites. Notre progression est
ralentie et nous prenons régulièrement des bordées d’eau congolaise qui
nous font rire jusqu’à ce que nos postérieurs commencent à se ressentir des
chocs de la coque contre les vagues.
Dans notre malheur, nous ne pouvons
qu’espérer que les douches dont nous
profitons sont plus ou moins propres
dans la mesure où nous sommes en
amont de Kinshasa, où les industries
polluantes sont quasi inexistantes…
Les discussions WASH (Water Sanitation and Hygiene soit en français eau,
assainissement et hygiène) vont bon
train : quel est le taux de dilution du
vibrion du choléra dans le débit du
fleuve ? Quelles autres maladies peuton y trouver ? Doit-on être plus vigilant quand on croise des barges, véritables villages flottants ? En l’absence
de réponse scientifique à nos questions, on essaie de fermer la bouche
autant que possible.
Il est 16h00 et manifestement, il n’y
aura pas moyen d’aller à Bolobo ce soir.
On s’arrête à Kwamouth, l’embouchure
de la rivière Kwa, juste avant la jonction de la rivière Kasaï avec le Congo.
Un joli petit bled au-dessus d’une belle
plage, appelée port par les locaux. On
est accueilli avec chaleur, traîné dans
les bureaux du responsable territorial
pour un nouveau round de formalités, que l’on peut, ou non, rémunérer.
Aujourd’hui ce sera non, après tout, la
journée a été longue et on s’en tire avec
quelques sourires. La vue sur le fleuve
est superbe, le coucher de soleil sur la
République du Congo imprenable. Une
petite altercation avec le responsable
de la sécurité aux frontières sur la question de savoir si nous sommes autorisés à prendre des photos ne gâche pas
notre appréciation des lieux.
Foufou, pondu, poisson frais et on
s’endort avec le générateur pour reprendre la route au petit matin.
Jour 2
Après Kwamouth, le Congo s’élargit
encore et le paysage change. Les collines à droite et à gauche ont fondu
et la forêt a repris ses droits. Les
pêcheurs sont déjà à l’œuvre alors
que le soleil blafard monte dans la
brume à notre droite. Le fleuve est
ponctué de nombreux îlots; certains
sont habités, d’autres font figure
d’îles vierges, sable fin, manguiers
et cocotiers. Le fleuve est d’huile et
nous débarquons à Bolobo, chef-lieu
du district des plateaux à 9h00.
Solidarités International est présent
dans la localité depuis une dizaine de
mois. L’ONG travaille principalement
sur la question du choléra à l’échelle
de la zone de santé, c’est-à-dire dans
la ville de 40 000 habitants et dans
le district du plateau, à l’intérieur
des terres et sur les îles au cœur du
fleuve. La sensibilisation est sans
relâche depuis le début du projet et
la flambée à l’origine de la création
de la sous-base a pu être enrayée
grâce à l’installation de points de
chloration et aux désinfections
systématiques du voisinage.
Bolobo
57
Société
Mais au mois de mai 2013, Bolobo a
connu une période très critique quand
deux barges de Kinshasa ont accosté
avec à leur bord une centaine de personnes contaminées, sur un demi-millier de passagers. Le bateau a d’abord
été placé en quarantaine avant une
prise en charge au Centre de Traitement du Choléra (CTC) construit par
l’ONG médicale française Alima grâce
à un financement de l’ambassade de
France. Les malades ont alors pu être
transférés, diagnostiqués en fonction
de la sévérité de la maladie, puis traités. Les deux ONG se sont d’emblée
fixé l’objectif ambitieux de zéro décès.
Avec la collaboration du médecin chef
de zone et du personnel de l’hôpital
de Bolobo, elles ont finalement soigné 190 malades et évité la contagion
hors de la zone de quarantaine. Cette
intervention conjointe rapide est le
résultat de nombreuses années de terrain de par le monde et en RDC pour
lutter contre le choléra, une maladie
archaïque en Occident, mais plus que
jamais d’actualité au Congo.
En effet, la maladie, qui était cantonnée à l’Est depuis une dizaine d’années, a réapparu dans la partie Ouest
du pays et dans les environs de Kinshasa en 2011, répandue progressivement
par le trafic fluvial. Le vibrion, présent
dans les déjections des personnes
contaminées, se transmet par l’eau ou
le contact peau à peau. Le choléra fait
partie des maladies dites des mains
sales : conséquence d’un manque
d’hygiène et d’un déficit d’assainissement , elles se propagent facilement
pour devenir des épidémies difficiles
à arrêter. Les barges qui remontent ou
descendent le fleuve offrent un terrain
propice à son développement car la
promiscuité y est intense et l’accès aux
soins inexistants pendant de longues
semaines. Les bateaux ayant l’habitude de commercer entre eux et avec
les villages sur les berges pendant le
voyage sont de très puissants vecteurs
de diffusion du vibrion.
Au-delà de la prise en charge des malades,
qui est la spécialité d’ONG médicales
comme Alima, seule la sensibilisation sur
le long terme est à même de doter les
populations des outils leur permettant de
faire reculer puis d’éliminer le choléra.
Solidarités International, raconte J-B,
chef d’équipe à Bolobo, s’est d’abord
installée à Maluku, puis à Kwamouth,
Yumbi et finalement Bolobo en décembre 2012, pour travailler au plus
près des villageois. Avec l’aide de Laurianne et d’Eloi, J-B forme les relais
communautaires au sein des villages
à haut risque. Ceux-ci diffusent ensuite
les règles de base de l’hygiène familiale,
font la promotion des aménagements
sanitaires et des bonnes pratiques qui
permettent d’identifier et de circonscrire
les cas rapidement. Dans la zone de santé deYumbi, l’ONG se félicite aujourd’hui
de n’avoir enregistré aucun cas depuis
plus d’un mois, et bientôt deux semaines
à Bolobo, preuve que le changement de
comportement est en marche.
Le projet en cours, sur la réponse rapide
au choléra (financé par le Pooled Fund
de RDC) est bientôt terminé mais
Solidarités entend continuer son travail
dans la zone de Bolobo en élargissant
son action à l’ensemble du domaine de
l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement.
Ce nouveau programme conjoint
sera mis en place avec quatre autres
ONG internationales constituées en
consortium (le Consortium WASH
RDC) et dotées d’un financement de
la coopération britannique (DFID) sur
quatre ans. Il couvrira 17 zones de santé
dans six provinces et permettra, en plus
de la sensibilisation, de construire des
latrines pour les écoles ou les villages
ou encore de réaliser des forages quand
le besoin s’en fait sentir et ce dans le
cadre d’une approche communautaire.
De visites protocolaires en visites de
sites, la journée défile. Les Congolais qui
mettent en œuvre les projets sont ravis
d’accueillir les responsables de la coordination et les autorités auxquelles nous
sommes présentés sont coopératives.
Le chef de district par intérim attire
notre attention sur la situation difficile
d’un village situé à 12 km de Bolobo
et dont la rivière est tarie en saison
sèche. Les habitantes viennent puiser
au fleuve et l’eau manque pour tous,
créant des risques sanitaires importants. L’ONG a déjà été alertée de
cette situation mais un forage n’est
pas envisageable dans le cadre du programme actuel et le village ne pourra
pas être couvert par le projet suivant.
Il faut attendre ; en fait, il faut souffrir.
Dans le bureau, toutes les parties en
présence comprennent qu’il ne vaut
pas la peine de s’attarder plus avant
sur la question. Dans ce cas-là, comme
dans beaucoup d’autres, rien ne peut
être fait pour soulager la population.
Si les collectivités territoriales sont
démunies, les ONG sont soumises au
cadre des projets pour lesquels elles
sont financées. Pas de miracle pour
Botanankasa aujourd’hui.
Jour 3
Sur la route du retour, toujours pas de
long fleuve tranquille pour notre équipée. A Bolobo, le port est encombré
par les nombreuses baleinières qui
arrivent déjà en prévision du marché
de dimanche. Tous les quinze jours se
tient un marché international dans la
localité qui fait face à Bolobo du côté
du Congo Brazzaville. Les commerçants viennent des deux capitales.
Les habitants de Bolobo traversent
pour acheter et vendre. Et en ce qui
concerne les formalités administratives et de douane, il n’y en a pas me
répond-on : « Nous, nous sommes des
frontaliers ». Sous-entendu : nous faisons ce qui nous plaît.
Nous embarquons tant bien que mal
DépartdeBolobo:aupremierplan,notrebateauetleschèvres,prêtesàembarquer!
©PaulineJeanjacquotetPerrinePiton
58
avec trois nouveaux compagnons de
voyage, des petites chèvres que nous
ramenons à Kinshasa. Elles ont été
achetées par Laurianne en prévision
de son mariage dans un mois. Elle a
rencontré son fiancé lors de ses dernières vacances sur le chemin pour
Kinshasa. Il est brazzavillois et elle est
très contente d’épouser un «étranger». De notre côté, nous trouvons
les chèvres mignonnes mais espérons qu’elles n’ont pas le mal de mer.
Noufou reste à Bolobo pour une
quinzaine de jours. Il va installer des
filtres à sable dans certains îlots dont
l’accès à l’eau potable est problématique et faire le suivi d’une nouvelle
activité mise en place par Solidarités
International. Deux sensibilisateurs
vont en effet faire le trajet entre
Kinshasa et Mbandaka à bord d’une
barge: la sensibilisation embarquée
est un nouveau concept qui est expérimenté ici. Puisque les bateaux sont
responsables d’une grande partie
de la contagion le long du fleuve,
l’ONG entend prendre le problème à
sa base, en développant et diffusant
des bonnes pratiques adaptées à la
vie sur l’eau.
à bord pour au moins trois semaines,
les sensibilisateurs devront partager
le quotidien souvent très difficile des
autres passagers.
Nous sommes un peu émues de laisser le staff sur le sable. Pauline n’est
pas sûre de les revoir avant son départ de Kinshasa dans quelques semaines et pour ma part il y a peu de
chances que je repasse par Bolobo.
Ils ont tous postulé pour continuer à
travailler avec l’ONG dans le cadre du
nouveau projet. En tant que Congolais, ils sont fiers de faire la différence pour une petite partie de leurs
concitoyens et je suis reconnaissante
d’avoir pu partager ce sentiment avec
eux pendant quelques heures.
Les vagues sont au rendez-vous sur
le chemin du retour mais, malgré
notre cargaison ovine, nous allons
bon train. C’est enivrées de paysages
et de soleil que nous retrouvons la
skyline de Kinshasa, ligne d’arrivée de notre petit tour sur le fleuve
Congo.
Perrine Piton
Médias
I. : Quels sont les premiers résultats
d’émissions récemment lancées?
INTERVIEW
D’YVES BIGOT
Directeur général
de tv5 monde
Yves Bigot : Je suis journaliste,
réalisateur, producteur pour la
télévision, la radio et la presse écrite.
Avant d’arriver à TV5Monde en janvier
dernier, j’étais directeur de l’antenne et
des programmes de RTL, la première
radio de France.
Auparavant, j’ai été directeur des
programmes de France 2, de la RTBF
(télévision belge), d’Arte Belgique, de
la société de programmes Endemol
France, des maisons de disques
Mercury et Fnac Music. J’ai été
journaliste et animateur des radios
Europe 1 et France Inter et j’ai publié
plusieurs livres sur le rock, le football et
Saint-Tropez, ma ville.
I. : Pourquoi le choix de venir rejoindre
la chaîne de la francophonie ?
Y.B. : Parce que c’est un défi et
une aventure passionnante, à un
moment où le monde entier se
60
redéfinit, où la géostratégie se
redéploie spectaculairement et où la
francophonie joue son avenir. Celle-ci
est porteuse de cultures, de valeurs,
dont TV5 Monde constitue l’un des
vecteurs essentiels.
I.: Quelle est la politique de développement que vous souhaitez mettre en place
sur l’ensemble de vos réseaux ?
la place de la culture et de l’espace
francophone, et en instaurant en fin
d’après-midi un grand journal francophone unique au monde d’une durée
d’une heure.
I. : Et plus particulièrement sur le
continent africain ?
Y.B.: Nous allons dès le mois d’octobre augmenter la durée du JT
Y.B.: TV5Monde se repositionne sur les
Afrique quotidien.
deux axes principaux déterminés par
Depuis avril, j’ai également lancé un
son ADN: son rôle de diffuseur culturel
magazine événementiel destiné aux
mondial d’une part, de porte-parole de
Africains, d’Afrique et de la diaspora,
la francophonie de l’autre. Nous venons
«Rendez-vous au maquis», qui traite
de nous doter d’une charte éditoriale à
pendant 90 minutes aussi bien d’actualité que de culture, de
cet effet.
Par ailleurs, nous allons,
musique, de numérique,
dès la rentrée, redéet de questions de socié« C’est un défi
ployer notre offre de
té ou de mœurs.
et une aventure Nous travaillons avec les
journaux télévisés, en
éditorialisant nos difpassionnante, à producteurs, les créaférents
rendez-vous
teurs et les télévisions
un moment où le africaines pour resserrer
d’information en fonction des prime time
monde entier se nos liens, nos échanges
sur les différents contiet notre coopération redéfinit »
nents, en accroissant
dans les deux sens.
©PhotosTV5Monde
IMPACT : Avant d’être nommé à la
direction générale de TV5 Monde,
quel a été votre parcours ?
I. : Comptez-vous venir bientôt sur le
continent ? en RDC ?
Y.B. : J’étais dès le mois de février à
Y.B. : Les retours concernant «RendezOuagadougou pour le Fespaco, où j’ai
vous au Maquis» comme le JT Afrique
rencontré le président Compoaré et de
ou les émissions de Denise Epoté (Et si
nombreux membres de son gouvernevous me disiez toute la vérité, Afrique
ment, mais aussi les ministres malien
Presse) semblent satisfaire notre public
et gabonais de la culture. à Paris, j’ai
africain, comme le font Stars Parade
rencontré le président congolais Sasou les séries comme Super Flics. Nous
sou N’Guesso, et au festival de Cannes
sommes à l’écoute des demandes et
le ministre sénégalais de la culture. Fin
des commentaires de nos téléspectajuin, j’étais avec Denise Epoté, directeurs. Nous étions les partenaires et les
trice deTV5Afrique, à
diffuseurs des premiers
Dakar pour les premiers
Trophées du cinéma franTrophées du cinéma
cophone qui se sont tenus
« J’espère venir
francophone.
Nous
à Dakar le 29 juin, comme
en RDC, pays
avons rencontré londe très nombreuses manifrancophone le
guement le président
festations artistiques afriSall et le DG de la RTS,
caines.
plus peuplé de
Racine Talla, avec lequel
la planète, très
nous envisageons de
I. : Quels sont pour TV5
nombreuses collaboMonde les nouveaux
bientôt.»
rations, notamment à
enjeux en Afrique ?
l’occasion du prochain
sommet de la Francophonie. En sepY.B. : Pour TV5Afrique, l’enjeu
tembre, nous serons à Libreville. Je
principal consiste à rester pertinent
connais et fréquente d’ailleurs de très
dans un monde où la concurrence
nombreux artistes africains, comme
des chaînes privées, des chaînes
Manu Dibango, IsmaelLô, Touré Kounlocales et des chaînes étrangères est
da, WasisDiop, etc.
en pleine explosion. Nous devons
Et bien sûr, j’espère venir en RDC,
notamment nous détacher de notre
pays francophone le plus peuplé de la
aspect institutionnel qui fait de nous
planète, très bientôt.
la chaîne des parents et des grandsparents. Nous sommes très présents
Propos recueillis
sur tous les supports de diffusion, les
par Antoine Yvernault
réseaux sociaux, mais nous devons
aussi être attractifs par nos contenus,
que ce soit dans notre rôle de diffuseur
panafricain, mais aussi en étant
proches des téléspectateurs, qui
doivent se sentir représentés sur notre
antenne: c’est la mission de «Rendezvous au maquis»; c’est aussi la raison
pour laquelle nous espérons pouvoir
annoncer au prochain sommet de la
francophonie, en novembre 2014 à
Dakar, le lancement de notre chaîne
jeunesse sur le modèle de celle que
nous avons aux États-Unis, Tivi5. Nous
sommes à travers le CIRTEF mais aussi
en direct, investisseurs et diffuseurs
de la production africaine dans toute
sa diversité, cinéma, séries télévisées,
documentaires, spectacles vivants
et partenaires de très nombreuses
manifestations culturelles.
61
FrancineUmbalodel’UCOFEManime
uneactivitéderadiosansfréquencesurles
marchés de Kinshasa.
L’information
au service des citoyens
62
Le programme interbailleurs Médias pour la Démocratie et la Transparence en RDC (PMDT) est financé
par les coopérations britannique
(DFID – UKAid), suédoise et française à hauteur de 22 millions d’euros
(29,2 milllions de dollars) sur la période 2008-2013. Le programme est
mis en œuvre par France Expertise
Internationale, agence au service de
la coopération internationale et du
développement.
©ClaudineAssimbuFEI-PMDT
Expert des problématiques relatives
aux radios communautaires et des relations entre médias et société civile,
Eduardo Olivares a mesuré la difficulté d’un projet dont l’un des enjeux
principaux était la collaboration entre
la nouvelle CENI et la Monusco. Mais,
sous son œil attentif, tout s’est déroulé
au mieux et l’implication personnelle
de Jean-Baptiste Itipo, directeur de
la communication de la CENI, et de
l’ensemble de ses responsables a permis à cette initiative de prendre corps.
La division électorale de la Monusco
a également fourni son expertise au
développement du projet et des commissions tripartites, CENI, Monusco et
Appuyer les médias locaux
RFI Planète Radio ont été organisées
Mardi 23 juillet 2013, dans une salle de dans plusieurs villes pour sélectionner
formation discrète du Centre de réédu- les journalistes du programme.
cation des handicapés physiques avenue
des Huileries à Kinshasa, Edouardo Oli- Information et pédagogie pour
vares, formateur RFI Planète Radio, est la démocratie
souriant et fier du travail accompli. Deux
sessions de formation qui ont rassemblé à la suite de ces formations, les jourseize journalistes référents viennent nalistes référents ont reçu un certifide s’achever. Grâce à ces ateliers, ils cat qui leur permettra de faire valoir
deviendront prochainement les inter- leurs nouvelles compétences auprès
médiaires entre les médias et la CENI et des partenaires de l’assistance élecpourront former eux-mêmes les journa- torale dans le cadre des activités fulistes de leurs provinces respectives. Au tures. Pour compléter ce processus et
programme de ces journées de forma- maximiser l’impact des formations,
tion: le processus électoral congolais et des manuels seront édités en frannotamment la loi électorale, les moda- çais, lingala et swahili.
lités d’organisation et de décompte, les Pour le programme interbailleurs Méprocédures d’annonces de résultats ou dias pour la Démocratie et la Transpaencore les procédures de contentieux.
rence en RDC (PMDT), qui a financé l’inAu contraire des élections de 2011, le
tervention de RFI Planète Radio, il s’agit
prochain scrutin sera local. à l’excepde soutenir une action innovante qui vise
tion de la situation particulière de Kinsà une meilleure implication des instituhasa, les médias provinciaux et les radios
communautaires joueront donc un rôle tions et acteurs politiques aux côtés des
central dans l’information publique et médias pour permettre à ces derniers de
les campagnes électorales. Pour mieux jouer leur rôle de garant de l’information
répondre aux besoins des radios de et de pédagogue dans l’explication des
proximité, une première session a été processus démocratiques en République
organisée pour former des journalistes démocratique du Congo.
pouvant animer des formations en français et en lingala, puis une seconde pour
Claudine Assimbu
les formations en français et swahili.
Noémie Kilembe
RFI Planète Radio
Depuis 15 ans, RFI Planète Radio,
service de coopération de France
Médias Monde (ex Audiovisuel
Extérieur Français) met en œuvre
des projets d’appui aux radios de
proximité dans les pays en développement (Afrique du Sud, RCA,
Tchad, Venezuela, Cameroun, Turquie, Timor Oriental…) RFI a fêté
ses quinze ans d’existence et ses dix
ans de présence en RDC en février
dernier à Kinshasa avec un concert
exceptionnel de Jupiter Bokondji et
de Grand Corps Malade, organisé
par l’Institut français de Kinshasa.
Lesjournalistesréférentsavecleursdiplômes
Changer
l’image de la femme
© Photos DR
RFI Planète radio, la section communication de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et la division
électorale de la Monusco (Mission des
Nations Unies pour la paix en RDC) ont
fait le choix de conjuguer leurs efforts
pour améliorer la qualité des processus
électoraux en République démocratique
du Congo. Cette coopération exemplaire
vise notamment à former des journalistes formateurs, qu’on appelle journalistes référents, dans les onze provinces
du pays. Les premiers ateliers ont eu lieu
en juillet 2013 à Kinshasa ; une occasion
pour le magazine IMPACT de revenir sur
ces formations.
L’Union Congolaise des Femmes des
Médias (UCOFEM) étudie la place des
femmes dans les médias depuis plusieurs années. En 2013, grâce à l’appui
du Programme interbailleurs Médias
pour la Démocratie et la Transparence
(PMDT), l’UCOFEM va renforcer ses
capacités afin de proposer à l’ensemble
des organisations travaillant sur les
questions de genre en RDC un panorama complet de l’image sociale des
femmes dans les médias.
L’UCOFEM effectue un monitoring
du contenu diffusé par les principaux
médias de Kinshasa afin de disposer de
l’information nécessaire pour alimenter
le plaidoyer sur les questions relatives
à l’égalité homme-femme dans les médias et notamment dans la participation
des femmes au débat démocratique.
L’association a notamment étudié la
place accordée aux femmes pendant la
campagne électorale de 2011. à partir
de cette analyse, les membres de l’UCOFEM se déplacent dans les rédactions
pour sensibiliser les journalistes sur
les biais défavorables aux femmes
qu’ils introduisent dans le traitement
des informations.
L’association milite également pour que
les femmes puissent prendre toute leur
place dans les entreprises médiatiques.
En effet, certaines dispositions légales et
des pratiques discriminatoires touchent
les entreprises médiatiques comme
l’ensemble des autres secteurs de la société. Par exemple, très présentes dans
les filières supérieures « information et
communication », les femmes sont peu
nombreuses dans les postes de management. Les journalistes féminines sont
trop souvent cantonnées à l’animation
et la présentation. Par conséquent,
on observe une marginalisation des
femmes dans le contenu proposé par
les médias et la reproduction de stéréotypes sexistes et discriminatoires dans
les programmes mêmes. C’est ce que
l’association entend combattre car, avec
l’éducation familiale, les médias sont le
principal vecteur de reproduction des
stéréotypes sociaux. « C’est à ce titre que
nous devons commencer à nous intéresser aussi à la publicité dans les médias»,
explique Anna Mayimona Ngemba, présidente de l’UCOFEM.
Grâce au financement accordé par les
coopérations britannique, suédoise
et française au travers du PMDT, les
membres de l’UCOFEM bénéficient de
l’appui en expertise de l’Observatoire
de Pavie pour renforcer leur capacité
d’analyse des médias. L’Observatoire
de Pavie est l’un des principaux centres
européens de recherche sur les médias.
Depuis 1998, il a développé des métho-
dologies spécifiques d’analyse des problématiques du genre dans les médias.
Du 24 au 26 juin 2013, des membres
de l’UCOFEM mais aussi des employés
du centre de monitoring du régulateur
public, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC)
ont suivi une formation spécifique.
Ensuite, Giovanna Maiola, experte de
l’Observatoire de Pavie, a travaillé avec
les membres à la mise en place d’une
nouvelle méthodologie et d’une nouvelle base de données. L’Observatoire
de Pavie continuera à suivre l’évolution
du projet de monitoring et apportera un
soutien en expertise jusqu’à la fin de
l’année 2013, afin de doter l’UCOFEM
des meilleurs outils pour changer la
société et les médias en profondeur.
Karim Bénard-Dendé
L’Observatoire de Pavie a été fondé
en 1994 par un groupe de chercheurs
de l’Université de Pavie en Italie. Le
centre a développé des méthodes
spécifiques d’analyse des liens entre
médias et politique et entre médias
et questions de genre. Son expertise
est reconnue internationalement.
Depuis 2011, l’Observatoire de Pavie
abrite l’Observatoire Européen sur
les représentations du Genre.
63
cinquième prise
La cinquième édition du festival « Balabala Ciné », consacré au film documentaire, s’est déroulée du 22
au 30 juillet à Kinshasa. La soirée d’ouverture à l’Institut français a été suivie de huit jours de projections
dans différents quartiers de l’agglomération kinoise. Le festival a également connu deux temps forts : un
atelier de production de six courts métrages, ainsi que la tenue du deuxième Forum des documentaristes
d’Afrique centrale.
à l’occasion de ces tables rondes professionnelles consacrées à la production et aux rapports documentairetélévision, deux experts internationaux avaient été invités à participer aux travaux : Pierre Barrot de
l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), et Christian Lelong, réalisateur et directeur de la
société Cinédoc Films établie à Annecy (France).
Voici leurs impressions et commentaires suite à leurs interventions aux côtés des professionnels de RDC,
du Congo, du Gabon, de RCA et du Tchad.
la parole à christian lelong
producteur et réalisateur en savoie et en arfique
Impact : Vous êtes réalisateur et
producteur de films, quelles sont
les différentes activités de la société
Cinédoc Films que vous avez créée ?
Christian Lelong : Les activités de Cinédoc films sont celles de la production:
elles couvrent un champs très large
qui va de l’artistique à l’économique en
passant par le technique et le juridique.
Comme on le dit souvent, pour être
producteur, il faut être un peu «homme
orchestre» et avoir des compétences
très transversales. Je pense cependant
que l’activité principale, celle en tout
cas que je mets en avant, est d’accom-
64
pagner des auteurs réalisateurs dans le
travailler mes projets. L’idée du lieu
développement de leurs œuvres. Si ce
est d’être une ressource pour les
travail est fait avec rigueur et sérieux, le
réalisateurs. Je l’ai créé pour cela et
reste suit. Il suffit de traj’en profite également.
« Je voulais déjà
vailler, de s’accrocher et
de tenir bon.
I.: Comment avezfaire du cinéma,
Par ailleurs, je suis
vous été amené à vous
comme on peut
également réalisateur,
intéresser au cinéma
vouloir faire quelque africain ?
mais cela ne me pose
pas de difficulté car à
chose quand on a 17 C.L.: C’est une vieille
Cinédoc, il y a beaucoup
Elle commence
ans, c’est à dire avec histoire.
de réalisateurs qui
quand j’ai 17 ans et
doute et passion à la que je découvre pour
côtoient l’activité au
quotidien et je ne suis
la première fois le
fois. »
donc jamais seul pour
continent africain. Je
© Vincent Petit
balabala ciné
voulais déjà faire du cinéma, comme on
peut vouloir faire quelque chose quand
on a 17 ans, c’est-à-dire avec doute
et passion à la fois. Quand j’ai associé
l’Afrique à mon désir de cinéaste, le
doute est parti et la passion est restée.
Après le baccalauréat que j’ai raté (pour
des raisons injustes, cela va sans dire !)
je me suis inscrit à la Sorbonne, École
Pratique des Hautes Études, qui était
alors une grande école. Le directeur
d’études de la section africaniste
m’a accepté dans son laboratoire de
recherche à côté de sommités comme
Jean Rouch ou Germaine Dieterlain
(assistante de l’illustre Marcel Griault),
et un an après avoir raté mon bac,
j’avais un équivalent maîtrise, comme
une sorte de pied de nez ou de revanche
sur l’éducation nationale.
C’est une anecdote, mais j’aime bien
la raconter car elle parle bien de nos
métiers : la formation et les études ne
sont pas les seuls moyens d’y arriver. La
pratique et la détermination en sont les
compléments nécessaires.
Donc, en rencontrant Jean Rouch,
j’ai mis les pieds dans la Mecque du
cinéma africain sans le savoir. Ensuite,
je suis allé en Afrique avec une caméra,
au Niger, puis au Mali, mais il m’aura
fallu attendre 2000 pour réaliser mon
premier film « africain », Agadez
Nomade FM, que je présenterai au
Festival de Berlin.
I.: Comment fonctionnent vos
transversale et universelle. S’il y a plus
activités avec des créateurs africains ?
de moyens au Nord, alors, que les réaC.L.: D’une façon générale, je dirais que
lisateurs du Sud viennent au Nord pour
je travaille avec des cinéastes africains
que nous travaillions ensemble. Peutcomme je travaille avec des Suisses, des
être que la politique actuelle ne va pas
Canadiens ou des Russes: si je considans ce sens, mais moi si.
dère que faire un film est avant tout une
aventure humaine, pourquoi ferais-je la
I.: C’était votre premier séjour en
différence entre un savoyard et un kiRDC. Comment situez-vous les
nois, entre un parisien et
cinéastes rencontrés
un ouagalais ? Pour moi,
pendant ce Forum par
« Le nombre de
la différence enrichit si
rapport au paysage
jeunes cinéastes
elle n’est pas opposition
audiovisuel
africain
débutants au
et la complémentarité
que vous connaissez ?
regard de la
fait la force. Je travaille
C.L.: J’avoue que j’ai
taille du pays me
depuis douze ans avec
été très surpris par trois
laisse imaginer
un cinéaste burkinabé qui
points. Tout d’abord,
est aujourd’hui reconnu
le formidable
le nombre de jeunes
par ses pairs. J’avoue être
cinéastes débutants au
potentiel de la
un peu fatigué de ce que
regard de la taille du
RDC en matière
l’on appelle les «rapports
pays me laisse imaginer
de cinéma
Nord-Sud», j’ai plutôt
le formidable potentiel
documentaire.»
envie de me placer dans
de la RDC en matière de
des rapports entre êtres
cinéma documentaire,
humains. Je pense collaboration et non
de fiction et même d’animation.
pas coopération. Mes collègues sont
Ensuite, l’existence de réalisateurs de
indifféremment Africains ou Améritalent, reconnus dans les plus grands
cains. Du reste, la ligne éditoriale de
festivals à travers le monde, pose
Cinédoc est très largement investie
la question du développement de
par cette idée d’une nature humaine
cette industrie, car il s’agit bien d’une
I.: Pourquoi en particulier le
documentaire ?
C.L.: Je pense très sincèrement que le
documentaire est le genre fondateur du
cinéma. Il englobe des modes d’écriture
tellement différents : du cinéma
participatif de Robert Flaherty (Nanook
ou L’Homme d’Aran) au cinéma vérité (le
kinopravda) de Tziga Vertov (L’Homme
à la caméra). Je voulais faire des films
avec les gens car, pour moi, réaliser un
film procède d’une expérience unique
qui, par le biais d’une caméra, met en
rapport des êtres humains : ceux qui
filment et ceux qui sont filmés.
La nature de cette expérience constitue
le fondement des films que je réalise, et
le rapport du spectateur à mes films
n’est que la transposition, le transfert,
la projection de cette expérience dans
une salle obscure.
65
industrie, et de sa structuration.
Finalement, j’ai été interpellé par le
nombre impressionnant de télévisions
qui émettent sur le territoire.
Ces trois point m’incitent à inviter les
acteurs à plus de concertation afin
de construire les synergies capables
de faire émerger une véritable force
culturelle et économique dans le pays.
le cinéma, documentaire en particulier,
peut, en apportant un éclairage sur
les réalités du pays, faire évoluer les
mentalités.
I. : Vos impressions sur le festival ?
C.L.: J’ai trouvé que Balabala était une
très belle initiative dans le sens où elle
rassemble des gens dans les quartiers,
devant un écran, pour partager
I. : Quels sont les questions
des émotions. Seul le cinéma peut
et les enjeux soulevés par les
permettre cet échange collectif.
documentaristes
et
Comme les salles
quelles perspectives ont
n’existent plus, pour le
« Dans un pays
été abordées ?
moment, installer des
comme la RDC
C.L.: Les questions souécrans mobiles dans
le cinéma,
levées me semblent être
les quartiers est une
documentaire en
principalement portées
excellente initiative qui
particulier, peut,
par une absence de comva dans le sens de la
en apportant un
munication entre les
structuration du secteur
éclairage sur les
différents acteurs. Les
en RDC.
réalisateurs s’étonnent
réalités du pays,
de ne pas pouvoir traI.: Allez-vous garder
faire évoluer les
vailler et être diffusés
des contacts avec des
mentalités.»
par les télévisions, et les
réalisateurs ou productélévisions s’étonnent de
teurs congolais ?
ne jamais recevoir d’offres des réalisaC.L.: Bien entendu. Je suis rentré de
teurs. Nous avons aussi découvert l’abRDC il y a à peine trois jours, et j’ai déjà
sence de producteurs au sens premier
reçu plusieurs mails et je pense garder
du terme, à savoir la personne qui saura
le contact avec les réalisateurs qui me
transmettre le désir d’un film et devenir
solliciteront. Je m’en réjouis par avance
l’intermédiaire nécessaire entre le réalicar le cinéma me concerne et donc le
sateur et les partenaires du film.
cinéma congolais aussi.
J’espère revenir au Congo prochaineI. : Quelle est pour vous l’importance
ment ou pourquoi pas recevoir à Cinédu cinéma documentaire en Afrique
doc des jeunes talents pour partager
Centrale ?
nos expériences de cinéastes en faisant
C.L.: D’une façon générale, je pense
des films qui feront rêver les Congolais
que si le cinéma ne peut pas refaire le
et les Savoyards en même temps.
monde, il contribue à sa construction.
Dans un pays comme la RDC qui a vu
Propos recueillis
son histoire récente traversée par des
par Antoine Yvernault
événements lourds et par des guerres,
Christian Lelong suit des études d’anthropologie africaine à l’EPHE
(Sorbonne) et de cinéma et anthropologie sociale à Nanterre, où il
rencontre Jean Rouch. Il s’installe en Haute Savoie, y fonde en 1993
Cinédoc, un lieu de formation et de production de documentaires.
à partir de 1997, il produit de nombreux films et en 2003, il coréalise avec
Pierre Mortimore son premier long-métrage de cinéma Agadez Nomade
FM. Il a réalisé plusieurs documentaires en Afrique, sélectionnés dans
de nombreux festivals à travers le monde : Justice à Agadez (2005), Avec
Damouré Zika, un acteur au pays de nulle part (2006), Amour, sexe et
mobylette (2008), Moustapha Alassane, cinéaste du possible (2009) Bon
séjour (2010) ou encore Floby, une étoile au pays des hommes intègres (2011).
Il développe actuellement un premier long métrage de fiction Une Femme
dans la toundra et suite à sa rencontre avec l’animateur de «l’Afrique
enchantée» sur France Inter, il écrit Soro l’enchanteur.
66
I.: Vous êtes basé à Paris, en contact
avec l’ensemble des professionnels
du secteur de l’audiovisuel africain,
et après les trois jours du Forum des
documentaristes d’Afrique Centrale,
quelles sont vos impressions sur le
cinéma ici à Kinshasa ?
P.B.: J’ai le sentiment qu’il y a un grand
potentiel mais que les professionnels
de RDC sont moins connectés aux
réseaux professionnels internationaux que leurs homologues d’Afrique
de l’Ouest ou même de pays voisins
comme le Congo-Brazzaville, le Gabon ou le Cameroun. Comme l’a fait
remarquer un réalisateur centrafricain
pendant le festival, les cinéastes de
RDC ont accès assez facilement à des
financements d’ONG ou de bailleurs
de fonds dans le cadre de l’aide au
développement, ce qui les amène à se
Spécialiste de programme chargé de l’audiovisuel
tourner moins fréquemment vers les
et de la promotion de l’image à l’Organisation
financements internationaux réservés
Internationale de la Francophonie
à la production cinématographique ou
audiovisuelle. Cette situation se traduit
Impact : Quel a été votre parcours
ci drainent un public qui découvre avec
notamment par un manque de sociétés
professionnel ?
enthousiasme des films documentaires
de production. La plupart des réalisaPierre Barrot : J’ai commencé comme
auxquels il n’aurait sans doute pas acteurs s’autoproduisent avec des strucjournaliste (presse écrite et audiovisuel)
cès autrement.
tures de type ONG ou avec de simples
pendant quinze ans, puis producteur de
établissements. Les guichets de finanséries télévisées en Afrique de l’Ouest
I.: Avez-vous pu rencontrer des cinéastes
cement qu’ils sollicitent sont égalependant cinq ans, d’abord dans le cadre
et parler avec eux de leur projet ?
ment moins propices à une professiond’une société française (Périscoop proP.B.: J’ai été impressionnalisation du secteur car
ductions), puis avec une agence de
né par les projets dans le
ils ne les mettent pas en
« En Europe,
presse béninoise (Proximités) et une
domaine de l’animation,
concurrence avec des
société de production burkinabè (Clap
autour du studio Macinéastes d’autres pays
l’intérêt pour
Afrik). J’ai ensuite été attaché audiovilembe Maa de Jean-Miet ne les obligent pas à
l’Afrique s’est
suel régional de l’ambassade de France
chel Kibushi. Côté séries
se familiariser avec les
émoussé et il
au Nigeria de 2002 à 2006, puis attaché
télévisées, l’approche
normes professionnelles
culturel à Alger jusqu’en 2008. Après
des quelques auteurs
n’est pas exagéré en vigueur au niveau inun passage à la cour nationale du droit
avec qui j’ai pu échanger
ternational.
de parler de repli
d’asile à Paris, j’ai rejoint l’OIF en 2011.
me semble assez artisanale mais il y a un élan
I.: Quel est votre avis
identitaire.»
I.: Était-ce votre premier voyage en
très touchant venant
sur la situation du doRépublique démocratique du Congo ?
d’autodidactes qui me
cumentaire en Afrique
P.B.: Oui. J’ai eu l’occasion de séjourner
font penser à ce qu’a connu le Nigéria
subsaharienne ?
dans vingt pays africains depuis trente
il y a quelques années. La confiance en
P.B.: La production de documentaires
ans mais je n’étais encore jamais venu
soi est un élément très positif. Du côté
a beaucoup progressé ces dix deren RDC.
des documentaires, on se dit que les
nières années, notamment grâce au
projets ne sont pas encore à la hauteur
programme Africadoc qui a favorisé
I.: Quelle est votre opinion sur le
des sujets à traiter. Mais, en discutant
l’émergence de sociétés de production
festival Balabala?
avec quelques réalisateurs, on découvre
dans de nombreux pays et qui a perP.B.: L’idée d’aller vers le public, dans
les immenses difficultés auxquelles ils
mis à des dizaines de projets d’aboutir
les quartiers, me paraît excellente.
doivent faire face notamment les comgrâce à des coproductions avec des
D’autant que les projections s’appuient
plications créées par les autorités, ou
partenaires français ou belges. Mais
sur des associations locales capables de
encore l’hostilité et l’incompréhension
la diffusion des documentaires afrifaire un vrai travail d’animation. Cellesde la part de la population.
cains reste faible. En Europe, l’intérêt
la parole à pierre barrot
67
I. : Quelle est la politique de l’OIF en
donner à la conservation des images
matière d’audiovisuel ?
une connotation moderne : les stocks
P.B.: Nous avons deux axes d’interd’images doivent devenir un patrivention. Le premier consiste à aider
moine numérique exploitable comme
nos États-membres (ceux du Sud, en
une «mémoire vive » et non plus un
particulier) à se doter d’instruments
cimetière de souvenirs.
efficaces. L’un de nos programmes
porte sur la mise en place de politiques
I.: Des cinéastes congolais ont-ils été
culturelles. Nous nous efforçons égaaidés par l’OIF ces dernières années ?
lement de faire aboutir le projet d’un
P.B.: Depuis 2011, nous avons souteFonds panafricain pour le cinéma et
nu seulement quatre projets de RDC,
l’audiovisuel. Mais en attendant que
dont une fiction de Monique Mbeka
les états ou les mécanismes régionaux
Phoba et trois documentaires. Deux
(voire continentaux) jouent pleinement
ont été achevés cette année (Kinsleur rôle, nous avons nos propres interhasa mboka té de Douglas Ntimaventions directes auprès
siemi et Kinshasa bien !
des professionnels. Dans
de Georges Kabongo).
ce registre, notre outil le
Mais il faut souligner le
« La RDC a
plus connu est le Fonds
fait que nous recevons
un potentiel
francophone de producpeu de projets de ce
immense et
LeprogrammeduFestivalBalabalaCiné2013
tion audiovisuelle du
pays.
que les talents
Sud qui va bientôt fêter
locaux devraient, I.: Des aides en cours ?
ses 25 ans. Ces dernières
pour l’Afrique s’est émoussé et il n’est
dans l’avenir,
années, nous avons égaP.B.: Le troisième dopas exagéré de parler de repli identilement mis l’accent sur
cumentaire que nous
taire. Dans les années 90, l’émission
balayer tous les
des actions d’accompaavons aidé s’intitule
« Envoyé spécial » pouvait diffuser un
handicaps.»
gnement: nous aidons
Examens d’État. C’est
documentaire du camerounais Bassek
des producteurs à accéun projet de Dieudonné
Ba Kobhio et obtenir une audience
der à des guichets de financement diffiHamadi, réalisateur primé cette année
de près de dix millions de téléspectaciles, comme celui du programme ACP
par plusieurs festivals internationaux:
teurs. Aujourd’hui, c’est impensable.
Cultures. Nous incitons aussi les diffunotamment à Paris, à Montréal et à
On a beau parler de mondialisation,
seurs internationaux à investir en amont
San Diego, pour le film Atalaku, qui
les télévisions françaises tendent plus
de la production des programmes, par
a pu être finalisé grâce à un appui de
vers l’esprit de clocher que vers l’oudes pré-achats ou des coproductions.
l’ambassade de France à Kinshasa.
verture au monde. Quant aux chaînes
Enfin, nous avons développé les aides à
Dieudo Hamadi n’a pas pu participer
africaines, la plupart sont peu ouvertes
la vente de films et de programmes de
au festival Balabala Ciné car il était en
aux documentaires, surtélévision. Ce type d’acplein tournage à Kisangani.
tout s’il s’agit de docution
a
permis
d’ouvrir
de
mentaires d’auteurs qui,
« Le public
nouveaux marchés pour
I. : Si vous aviez un mot ou une phrase
le plus souvent, sont des
africain a besoin
les productions francoà l’intention des créateurs en RDC ?
œuvres engagées. Toutede retrouver
phones, notamment en
P.B.: Il me semble que la RDC a un
fois, les échanges entre
à la télévision
zone anglophone.
potentiel immense et que les talents
cinéastes et diffuseurs
certaines des
locaux devraient, dans l’avenir, balayer
qui ont eu lieu à Kinshasa
I.:
Des
évolutions
sonttous les handicaps. Ce pays n’a pas la
pendant le Forum des doréalités dans
elles
à
prévoir
?
moindre salle de cinéma mais le film
cumentaristes d’Afrique
lesquelles il se
P.B.: Ces dernières
africain qui a eu le plus grand succès ces
Centrale sont très encoudébat.»
années, les choix buddernières années à travers le monde est
rageants. Six respongétaires nous ont
Viva riva de Djo Munga. Atalaku est l’un
sables de télévisions de
conduits à délaisser le secteur de la
des documentaires les plus forts de ces
Kinshasa et de Brazzaville ont parformation. Nous sommes également
dernières années. Longtemps, le Congo
ticipé et il y a eu un vrai dialogue,
peu présents à l’étape du développeétait un gisement d’exception que seuls
avec une volonté de rapprochement
ment des projets. Une réflexion est
les cinéastes étrangers savaient exploimanifeste. Je pense que ce dialogue
en cours sur la nécessité de contriter. Aujourd’hui, les Congolais doivent
peut aboutir à une progression de la
buer à la découverte et à l’éclosion de
prendre le taureau par les cornes et ils
diffusion des documentaires. Le pujeunes talents. Dans un autre registre,
ont les moyens de nous étonner !
blic africain a besoin de retrouver à la
nous avons également des projets
télévision certaines des réalités dans
ambitieux dans le domaine des arlesquelles il se débat. Contrairement
chives audiovisuelles. La mémoire de
Propos recueillis par
aux idées reçues, le divertissement
l’Afrique est en danger. Il est urgent de
Antoine Yvernault
n’est pas sa seule préoccupation.
68
Calendriers Affiches Brochures Plaquettes Agendas Travaux de ville Sérigraphie Présentoirs Sous-main Etiquettes
Cartonnages Emballages Impression numérique Imprimerie minute
1252, av. Joseph Kabasele Tshiamala - Kinshasa/Ndolo - R.D.Congo, Tél. : (+243) 998 633 222 - 89 89 40 100 - 81 45 27 294 - 84 20 17 626
E-mail : [email protected]
69
Culture
L’archéologie, un travail de terrain
Notre travail de terrain nous a
conduits à élaborer un inventaire
préliminaire, à construire une chronologie puis à interpréter certains
types d’images, en montrant ainsi
que le monde de l’art rupestre est
riche de documents précieux.
Dans le lit des rivières, au pied des
falaises, dans des abris et jusque
dans les profondeurs des grottes,
nous avons répertorié plus de 5.000
gravures et peintures, de couleur
noire, rouge, parfois ocre. Grâce à
notre recherche, 57 sites ont pu être
étudiés, dont 50 n’avaient pas encore
été inventoriés, preuve s’il en faut
du potentiel prometteur de cette
région.
Nous avons ainsi relevé bon nombre
de figures géométriques énigmatiques (croix, cercles, quadrillages),
associées parfois à des animaux (lézards, antilopes) ou des personnages
armés d’épées, d’arcs et de flèches
ou de fusils. Exceptionnellement,
des êtres mi-hommes mi-animaux,
qu’on appelle théranthropes, y sont
figurés. Comment interpréter cela ?
En mobilisant toutes les données
relatives au contexte géographique,
à l’histoire du peuplement, à l’histoire des langues, des religions, nous
espérons ainsi acquérir une connaissance plus précise des cultures locales qui nous permettra de formuler
une interprétation. Les récits légendaires actuels peuvent par exemple
éclairer en partie ces images d’un
passé proche et aider à reconstituer
la mythologie qu’elles illustraient.
L’art rupestre du massif de Lovo
un patrimoine méconnu
UnegravuredelézardsurlesitedeFwakumbi
Depuis 2007, Geoffroy Heimlich, jeune doctorant en archéologie et en histoire, et Clément Mambu
Nsangathi, chercheur à l’Institut des musées nationaux du Congo, parcourent inlassablement le massif de
Lovo, dans le Bas-Congo, à la recherche de peintures et de gravures rupestres. Ils témoignent ici de leurs
étonnantes découvertes et présentent les enjeux de leur projet de formation sur l’art rupestre.
A la différence des arts rupestres du
Sahara ou d’Afrique australe, richement documentés, ceux d’Afrique
centrale restent encore aujourd’hui
largement méconnus. Cette région
se différencie des autres par la prégnance d’un art peint et gravé non
figuratif. A l’échelle de la sous-région, la République démocratique du
Congo est pourtant connue depuis
longtemps comme ayant l’une des
plus importantes concentrations de
sites rupestres. Le Bas-Congo à lui
seul compte près de 145 sites, dont
plus de cent dans le massif de Lovo.
Ce massif, peuplé par les Ndibu, un
des sous-groupes kongo, se trouve
70
au nord de l’ancien royaume de
Kongo. En 1483, lors de leur arrivée
à l’embouchure du fleuve Congo,
les navigateurs portugais furent
frappés d’y découvrir une structure
politique centralisée.
A son apogée, vers la seconde moitié
du XVIème siècle et la première moitié
du XVIIème siècle, le royaume de Kongo s’étendait à cheval entre les états
modernes de la République démocratique du Congo, l’Angola et le CongoBrazzaville sur une superficie allant
jusqu’à 130.000 km2. Suite à la conversion au christianisme de plusieurs rois
dès le XVème siècle, missionnaires, ambassadeurs et commerçants ont pu
décrire de manière assez précise la vie
quotidienne et religieuse de l’ancien
royaume. Bien que le royaume de
Kongo soit, à partir de 1500, l’un des
mieux documentés de toute l’Afrique
tant par les sources historiques que
par les sources ethnographiques et
anthropologiques pour les périodes
plus récentes, il reste méconnu archéologiquement.
Avec 102 sites (dont 16 grottes ornées), le massif de Lovo contient la
plus importante concentration de
sites rupestres de toute la région.
Sur environ 400 km2 se dressent
des centaines de massifs calcaires
au relief spectaculaire percés de
nombreuses grottes et abris sous
roche. Jusqu’à présent, aucune
recherche de grande ampleur n’y
avait encore été conduite et l’âge
de ces représentations rupestres
restait toujours incertain.
Des dessins datés, des cérémonies identifiées
Photos©GeoffroyHeimlich
145 sites d’art rupestre au
Bas-Congo !
Nous avons étudié, sur six sites
jusqu’alors inconnus du massif de
Ndimbankondo, près de 700 images
rupestres, en majorité des peintures
rouges. La grande majorité des personnages adoptent une posture caractéristique de l’art kongo, avec la
main gauche posée sur la hanche, et
le bras droit brandissant une arme à
feu. A plusieurs reprises, on y observe
des scènes associant ces mêmes personnages, accompagnés de chiens,
et faisant face à des animaux (des
Personnages fumant la pipe sur le site de
Ndimbankondo
antilopes pour la plupart), qui pourraient être interprétées comme des
scènes de chasse.
Et pour la première fois, nous avons
pu dater cet art par la méthode
du carbone 14. Actuellement, des
échantillons de moins d’un milligramme de carbone suffisent pour
dater directement une peinture.
Dans la grotte ornée de Tovo, les premiers résultats nous indiquent une
datation comprise entre le XVème et
le XVIIIème siècle qui confirme dès lors
le lien avec le royaume de Kongo et
avec ses rituels, notamment le kimpasi. Signalée dès la seconde moitié
du XVIIème siècle, cette initiation religieuse se déroulait au sud du fleuve
Congo. Etroitement associée au
kimpasi, la croix, que l’on retrouve
fréquemment sur ces parois, était un
important symbole de passage entre
le monde terrestre et l’au-delà. Deux
massifs voisins de la grotte de Tovo
sont encore connus aujourd’hui pour
avoir abrité des kimpasi jusqu’au début du XXème siècle. Un chef traditionnel, initié lui-même au kimpasi, nous a
également révélé que, durant l’initiation, des peintures y étaient réalisées.
Au nord-ouest de Lovo, à proximité
d’un ancien village et de son cimetière dans le lit d’une rivière, à sec
pendant la saison sèche, se trouvent
près de 940 gravures révélant une
riche séquence stylistique sur environ cinquante mètres de long. A
Fwakumbi, le chef traditionnel nous
a ainsi indiqué des esprits locaux dénommés simbi gravés dans la pierre.
Pour obtenir leurs bénédictions, il
fut le seul à perpétuer un rituel pour
accéder aux sites en offrant aux ancêtres et aux esprits simbi du vin de
palme, des noix de kola, des luzibu et
Une des peinture géométriques rouges
du massif de M’Bubulu
71
des champignons médicinaux tondo.
Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Vu le haut intérêt culturel, historique et
naturel de cet ensemble, les autorités
congolaises envisagent une initiative
pilote pour inscrire cet art rupestre
sur la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO. Le classement de cette
zone avait été proposé dès 1961, idée
reprise à partir de 1973 par l’Institut des
musées nationaux du Zaïre.
Afin de sauvegarder ce patrimoine
culturel important et ce paysage
naturel spectaculaire, l’un des objectifs serait d’associer les différents
groupes industriels actifs dans la
région à cette initiative. Les responsables des exploitations agricoles et
industrielles situées au nord de Lovo
et à Lovo-même pourraient ainsi
participer à l’effort de conservation
et, en dialogue avec eux, contribuer
à satisfaire leur besoin en matière
première sans détruire un patrimoine de grande valeur.
Former des archéologues
De ces recherches de terrain est née
l’idée, en collaboration avec l’Institut des Musées Nationaux du Congo
(IMNC) et l’Université de Kinshasa
(UNIKIN), de mettre en place une
formation sur l’art rupestre dès 2014.
Rappelons qu’en République démocratique du Congo, seuls deux archéologues sont actuellement en poste, l’un
à Kinshasa et l’autre à Lubumbashi. En
vue de son classement, la formation
pourrait permettre d’achever l’étude
systématique du massif de Lovo, tout
en formant des étudiants de l’UNIKIN
et des chercheurs de l’IMNC aux techniques et à l’étude de l’art rupestre.
Avec le soutien de l’ambassade de
France, ce projet fera appel à des
laboratoires de recherche francophones, à la fois congolais et français. En France, l’étude et la datation des prélèvements seront par
exemple réalisées conjointement par
le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), service à compétence nationale
du ministère de la culture, et le Laboratoire des Sciences du Climat et de
l’Environnement (LSCE, UMR 8212).
Pour la logistique dans le BasCongo, la formation bénéficiera du
soutien de la Compagnie sucrière de
Kwilu-Ngongo, située au nord-est
du massif de Lovo.
Perspectives et développement ?
Ce projet de formation à la fois
ancré sur le terrain et porté par des
volontés partenariales institutionnelles nationales et internationales,
publiques et privées, est une pièce
maîtresse pour contribuer à aboutir
au classement de l’art rupestre du
massif de Lovo au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Il permettra d’achever l’inventaire
systématique de l’art rupestre, de
compléter les premières datations
obtenues, d’intégrer l’art rupestre
dans les pratiques rituelles kongo et
d’enrichir le système décoratif kongo
en le mettant en rapport avec la décoration de la poterie, du textile, de
la vannerie ou des crucifix par exemple.
En un mot, de montrer que l’art rupestre
est une partie importante des vestiges
du royaume de Kongo, tout en émettant l’hypothèse qu’une tradition d’art
rupestre plus ancienne ait pu exister.
Ce sera aussi l’occasion de créer une
cellule dédiée à l’art rupestre et rat-
tachée à l’IMNC et l’UNIKIN, de faire
participer les étudiants en formation à des colloques internationaux
ou à des séminaires de recherche, de
publier les résultats dans des revues
scientifiques ou dans une monographie et de monter des expositions
photographiques itinérantes en
République démocratique du Congo
pour faire découvrir l’art rupestre au
grand public.
Cette formation, nous l’espérons,
suscitera de nouvelles recherches
que nous souhaitons nombreuses
et menées par des chercheurs
congolais, en montrant que l’art rupestre est une fenêtre ouverte sur
la riche histoire de la République
démocratique du Congo.
1Fêtedulivre
ère
deKinshasa
Plus de
30 auteurs
Geoffroy Heimlich
et Clément Mambu Nsangathi
congolais,
belges, suisses, et
français inspirés
par le congo.
NoustenonsàremerciertoutparticulièrementleshabitantsdumassifdeLovoetdelarégiondeNkula,
SNEL,ainsiquelaCompagniesucrièredeKwiluNgongo pour leur soutien.
Pour aller plus loin :
découvrez le web documentaire,
Un archéologue au Congo,
réalisé par Geoffroy Heimlich
avec Le Monde.fr et ARTE Radio
sur : www.lemonde.fr/congo
du
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bl
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©GeoffroyHeimlich
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Con
72
o
ti
i
s
o
Exp
nce
Séa
08au10
novembre
2013
Manifestation proposée par le lycée
Français René Descartes et l’institut
français de Kinshasa en partenariat
avec le lycée Prince de Liège, le
centre Wallonie-Bruxelles, l’ ambassade de Suisse en RDC, les Béjarts,
les éditions Elondja, l’espace Bilembo, le collectif SADI, le programme
SESAM, l’OIF.
Culture
Un jeune photographe sud coréen parcourt l’Afrique à la recherche des
monuments témoins de la présence Nord Coréenne.
Che Onejoon s’occupe beaucoup d’histoire pour un photographe. Il a étudié
pendant une dizaine d’année les vestiges de la dictature dans une Corée
dont l’industrialisation rapide a laissé
des traces fantomatiques dans le paysage. Très inspiré par les théories du
philosophe français Michel Foucault, il
a particulièrement observé les restes de
l’architecture militaire et policière. Le
résultat, des images de vacance et de
désolation qui interrogent une histoire
désertée, a séduit les curateurs du Palais
de Tokyo à Paris qui lui ont proposé une
résidence d’un an. A cette occasion, c’est
la trajectoire de Hong Jong-u, le premier
étudiant sud-coréen à s’installer à Paris
en 1890, qu’il choisit d’explorer.En 1893,
Hong travaille pour le Musée Guimet à
la préparation d’une section coréenne.
Mais il devient surtout célèbre quand, à
son retour en Asie, il assassine Kim Okgyun, un dissident du régime favorable
à l’ouverture de la Corée à la modernité,
inspirée du Japon. Interrogeant l’histoire à
sa manière bien particulière, Che en a fait
un film poétique dans lequel un voyageur
du monde observe l’engagement artistique
et politique d’un de ses frères disparu.
Onejoon en Afrique
Black Corée
74
Black Monument
©PhotosOnejoonChe
Cette fois-ci, c’est le Musée du Quai
Branly qui s’est pris d’intérêt pour l’aventure africaine proposée par Onejoon.
L’art nord coréen est tout d’abord celui
du culte de la famille Kim qui règne d’une
main de fer sur le pays. A la fin des années
soixante-dix, en pleine guerre froide, le
pays offre à l’Ethiopie puis à la Tanzanie
des monuments glorifiant leur propre
histoire. Une manière d’exhiber sa puissance mais aussi, une relation qui se tisse
autour de cette statuesque hyperbolique. Bien qu’aussi éloignés que possible
des codes de l’art africain, les mémoriaux
suscitent un véritable engouement. Leur
dynamisme, leur force et leur modernité
séduisent et flattent régime après régime
et les commandes se multiplient. C’est
une même entreprise, Mansudae Overseas Project Group of Companies, basée
à Pyongyang, qui réalise les bâtiments
et monuments réalistes traqués par Che
Onejoon lors du périple africain qu’il a réalisé au premier trimestre 2013.
« Black Monument », car beaucoup de
nuances de sombre s’entremêlent dans
ce parcours artistique : celles des destinées politiques de l’Afrique, le continent
noir, mais aussi celle de la Corée du Nord,
un pays qui, même si son art monumental semble encore rencontrer le succès
auprès d’une certaine catégorie de public, traverse des années très difficiles
sous le joug d’une dictature bâtie dans le
même acier que ses statues.
La Corafrique
Si l’on entend beaucoup parler de la
Chinafrique, la Corafrique reste un
concept peu exploré.
Pour sa première expérience sur place, le
jeune artiste a découvert un continent de
contrastes et différent sous bien des aspects de l’image qui est souvent diffusée
dans son pays d’origine. « La Namibie,
dit-il par exemple, est loin des clichés rebattus sur le désert du Kalahari et la tribu
Himba que l’on peut voir dans les documentaires. C’est un pays moderne, avec
des villes grandes et belles, des routes
bitumées… » Il a parcouru l’Afrique du
Sud, la Namibie, le Zimbabwe, le Bostwana, la RDC et le Sénégal, pour interroger cette relation inattendue entre
des régimes africains plus ou moins autoritaires et l’un des derniers bastions
du communisme.
Il a également trouvé un écho aux années
noires de la dictature sud-coréenne,
celle qui a marqué à la fois son enfance
et les paysages de son pays, comme par
exemple à Kinshasa. Sa première réaction en découvrant la ville a été, comme
pour beaucoup, un mouvement de répulsion, une pesante oppression. Puis il a
75
Culture
retrouvé dans certains détails, des graffitis, le regard des passants, et encore,
des bâtiments en déshérence, comme
un arrière-goût de misère et de désespoir qui est peut être la saveur particulière d’un pays qui souffre.
Un documentaire, un reportage photo
inédit qui fera l’objet d’une exposition
dans le cadre de Photo Quai, puis un livre
proposant la vision de différents professionnels : autant d’interprétations de cet
étrange mariage entre le réalisme socialiste et l’Afrique, pour tenter de comprendre quels sont les valeurs et les symboles qu’il réveille ou engendre, dans les
situations sociales et politiques qui sont
celles du continent actuellement. Un régime anachronique vend de l’art désuet
à des dirigeants peut être un peu mégalomanes dans un continent qui court
après le train du développement mais
auquel on réserve surtout une place
dans le wagon de l’exploitation sauvage
des ressources… Merci au photographe
qui éclaire pour nous ce sinueux détour
de l’histoire.
Perrine Piton
Mansudae Art Studio
76
Pagedegauche:statuedeHenryMortonStanley,deboulonnéeàl’institutdesmuséesnationaux,Kinshasa,RDC.
Ci-dessus,le«Monumentdelarenaissanceafricaine»,partiellementconçuparleprésidentAbdoulayeWadeaété
inauguré sur les hauteurs de Dakar en 2010.
Il mesure 52 mètres de haut et devrait, d’après le président Wade, durer 1 200 ans.
Onejoon Che
©PhotosOnejoonChe
Peut-être le plus grand des ateliers
artistiques, Mansudae emploie a
peu près 4 000 nord Coréens dont
un millier d’artistes issus des meilleures académies du pays. L’atelier
a le monopole de la représentation
de la famille Kim et porte haut le
flambeau de la tradition du réalisme socialiste, notamment à travers la réalisation de nombreuses
œuvres de propagande destinées
à agrémenter les murs des bâtiments de la république. La production comporte également de très
nombreuses imitations de chef
d’œuvres de la peinture internationale qui sont vendues dans
les lieux les plus touristiques du
monde. La filiale internationale
du studio commercialise statues,
monuments, stades et mémoriaux pour de nombreux pays,
principalement sur le continent
africain; une source de revenus
considérable pour un état rendu
exsangue par des années d’isolement international.
Onejoon Che est né en 1979 à Séoul.
Il étudie à la Kaywon School of Art and Design où il obtient en 2005 un diplôme
de philosophie et médias.
Pendant son service militaire, il devient photographe officiel de la police de Séoul. Il
a reçu plusieurs prix : en 2010 le prix Photographie Ilwoo à Séoul, en 2011, le onzième
prix d’art Hermès avant la résidence de créations artistiques du musée du Quai Branly. Son travail a été montré à la biennale de Taipei, à la biennale du design de Gwangju, au Seoul Photo festival, au Yebisu International Festival for Art&Alternative Visions au Tokyo Metropolitan Museum of Photography et plus récemment au Palais
de Tokyo, Paris (2012). Il a publié Géopolitiques du visible en 2009.
Il a souhaité remercier ici Agathe Moroval au Musée du Quai Branly, son équipe Mr. Lee &
Mr. Kim, les Coréens du Congo et le Mansudae overseas project of North Korea.
77
Culture
RENCONTRE AU SOMMET
violon de Mozart. Le soliste, José Maria
Blumenshein, y déploie toute sa sensibilité et sa maîtrise technique.
Après l’entracte, l’orchestre interprète
les quatre premiers mouvements de la
première symphonie que Beethoven
composa à 30 ans en pleine maturité,
alors qu’il avait déjà produit quelques
chefs-d’œuvre. Admirateur de Mozart,
il restait à cette époque marqué par son
influence dans l’écriture de cette symphonie à l’esthétique classique.
21h35, c’est la fin, et sous des applaudissements nourris, l’ambassadeur d’Allemagne et le conseiller de coopération
et d’action culturelle adjoint de l’ambassade de France montent sur scène pour
offrir des bouquets de fleurs au chef
d’orchestre, David Marlow, bien sûr mais
également au maestro-fondateur de
l’OSK, Armand Diangienda.
Pour le plus grand bonheur du public,
l’orchestre se remet à l’ouvrage pour
faire vibrer l’énergie toute méditéranéenne de l’Arlésienne de Bizet face à un
public définitivement conquis.
Le temps d’écouter une dernière fois les
cymbales résonner et de laisser les dernières notes des contrebasses, violoncelles
et autres violons expirer, il est près de 22h00.
C’est le moment choisi par David Marlow
pour rejoindre Armand Diangienda et lui
porter une accolade pleine de chaleur.
Le public peut alors quitter ce lieu magique, rêvant d’un autre rendez-vous de
cette qualité, très bientôt.
La première représentation en public des orchestres symphoniques kimbanguistes (OSK) et de la radio
télévision allemande de Cologne (WDR) s’est déroulée dans le cadre magnifique du Théâtre de verdure du
Mont Ngaliema le jeudi 18 juillet dernier.
78
Christophe Hochard
©PhotosPerrinePiton
Plus de 1800 personnes avaient répondu présent à cet événement qui s’inscrivait dans le cadre du 50ème anniversaire
du Traité de l’Elysée entre l’Allemagne
et la France.
L’ambassade d’Allemagne, à l’initiative de ce projet, et l’Institut français
de RDC ont pu ainsi offrir ce moment
rare au public kinois.
A 20h00, sous la direction de David
Marlow (chef d’orchestre de la WDR
de Cologne), 40 musiciens issus des
deux formations entonnent les premières notes de l’ouverture de « Rosamunde» de Schubert, le seul et unique
quatuor à cordes imprimé et joué du
vivant du compositeur.
Puis, dans un silence absolu, le public
écoute religieusement les 3 premiers
mouvements du concerto n°1 pour
Vie pratique
cueil », permettent aux nouveaux sultats affichés par nos écoles françaises
arrivants de rencontrer rapidement au brevet des collèges ou au baccalaudes compatriotes, de se voir propo- réat (100% de réussite en 2012 et 2013).
ser conseils, activités, et si besoin Pour les autres, reste possible le recours
est, accompagnement dans les dé- au CNED, qui assure des enseignements
à distance, que l’on peut compléter par
marches de la vie courante.
Un autre « guichet » important est celui le recours à des répétiteurs.
du consulat. Celui-ci joue, pour les Fran- Dans tous les cas, ces établissements
çais à l’étranger, un peu le rôle d’une ou le CNED - permettent, au retour en
France ou en cas d’installation dans
mairie, et quelquefois aussi de notaire.
un autre pays, de pourJ’invite vivement les
suivre un cursus scolaire
nouveaux arrivants à s’y
« D’une manière harmonieux, puisqu’ils
rendre rapidement pour
générale, les
respectent tous les pros’y faire enregistrer sur
grammes français et sont
la liste consulaire et ausCongolais, dans
agréés, reconnus et inssi sur la liste électorale
la tradition
pectés par le ministère
que tient régulièrement
africaine et
de l’éducation nationale.
à jour le Consulat. Cela
permet aux services
bantoue, sont
: Au-delà des établisseconcernés de l’ambasaccueillants pour I.ments
d’enseignement,
sade de France de poules étrangers,
Kinshasa, tout comme
voir, en cas de besoin,
Lubumbashi et les autres
prêter aide et assistance
peut-être bien
centres urbains, ne sont
à nos compatriotes en
plus que nous
pas réputés pour offrir
difficulté, résidents ou
ne le sommes en des loisirs illimités. Alors
de passage.
que font les enfants en
Bien sûr, il convient aussi
France…»
dehors des heures de
de rapidement nouer
cours ?
des contacts avec son
entourage professionnel. D’une manière
générale, les Congolais, dans la tradition L. H. : Il faut également signaler que nous
africaine et bantoue, sont accueillants disposons en RDC de deux instituts français :
pour les étrangers, peut-être bien plus • la halle de la Gombe à Kinshasa ;
• la halle de l’Etoile à Lubumbashi
que nous ne le sommes en France…
la rentrée
DE Luc Hallade
Ambassadeur de France en RDC
Feud’artificesurlefleuveCongo,offertparOrangepourlafêtenationalefrançaise,le14juillet2013
sés à l’école primaire française avenue
Kalemie. Ils n’ont donc que la rue à traverser pour se rendre à l’école le matin.
Luc Hallade: J’ai pris mes fonctions
comme ambassadeur en RDC en juillet
2011. Mais j’avais déjà séjourné à Kinshasa de 2003 à 2007 en tant que premier
conseiller à l’ambassade de France.
C’est donc en connaissance de cause
et sans appréhension particulière que
je suis revenu m’installer en famille ici. Il
est vrai aussi que cette installation était
facilitée par l’absence de besoin de chercher un logement, puisque j’ai la chance
de disposer de la résidence de France.
Même si celle-ci est beaucoup utilisée à
titre professionnel pour des réceptions,
dîners, déjeuners ou réunions de travail, sa partie privative est suffisamment
vaste pour nous permettre d’y vivre
confortablement, moi et ma famille.
Avantage supplémentaire : ayant de
jeunes enfants, ceux-ci sont scolari-
L. H.: La vie de famille d’un ambassadeur est quelquefois un peu compliquée. La charge de travail, les nombreuses obligations professionnelles
et sociales font que mon temps libre
est relativement limité.
Il faut donc avoir une épouse compréhensive pour accepter ces contraintes
assez lourdes inhérentes à la vie de diplomate, dont une partie - la plus visible
peut-être - est consacrée à des activités
de représentation et de réception.
Et il faut également que celle-ci puisse,
malgré ces contraintes, avoir sa propre
activité professionnelle. Mon épouse
est cinéaste, ce qui lui permet d’organiser sa vie professionnelle de façon
relativement autonome.
Pour autant, trouver un équilibre
entre vie professionnelle et vie fami-
80
I. : Sur le plan familial, comment s’est
passée votre installation ? Votre famille, notamment, s’est-elle facilement
adaptée à son nouvel environnement ?
liale n’est pas toujours très facile,
pour l’un comme pour l’autre.
Heureusement, nos conditions de vie,
plutôt agréables, aident à supporter le
poids des contraintes liées aux métiers
particuliers que nous exerçons et nous
arrivons quelquefois - pas aussi souvent que nous le souhaiterions ! - à
préserver quelques plages d’intimité
en famille dans un agenda chargé.
I. : Avant même d’arriver en RDC,
beaucoup d’expatriés français ont
fait le choix d’inscrire leurs enfants
dans le réseau d’enseignement français. Qu’en pensez-vous ?
I. : Aujourd’hui, tous ces soucis d’installation font partie du passé. Mais
quels conseils donneriez-vous aux
nouveaux arrivants ? En particulier
que devraient-ils faire en priorité ?
L. H.: Quand on arrive pour la première
fois en RDC, il faut, comme partout
ailleurs, avoir comme souci prioritaire
de s’installer, c’est-à-dire de trouver
un toit, de s’équiper, se meubler, apprendre à découvrir la ville où l’on vit.
Ces débuts peuvent être facilités par
le réseau d’entraide et de solidarité qui
existe fort heureusement entre expatriés français à l’étranger.
à Kinshasa, plusieurs associations,
dont notamment « Kinshasa ac-
©photosAmbassadedeFrance
IMPACT: Monsieur l’ambassadeur,
c’est moins au représentant de la
France qu’à l’expatrié et père de
famille que je m’adresse à vous aujourd’hui. Alors ma toute première
question sera simplement pour
savoir depuis quand et dans quelles
conditions vous êtes arrivé en RDC ?
L. H.: Les familles qui ont des enfants
en âge scolaire doivent également inscrire leurs enfants dans un des établissements du réseau de l’AEFE ou de la
Mission laïque française.
Nous avons la chance de disposer à
l’étranger d’un réseau français d’enseignement dense et de qualité. En
RDC, plusieurs écoles françaises fonctionnent à Kinshasa (lycée René Descartes), mais aussi à Lubumbashi (le lycée Blaise Pascal) et à Muanda (l’école
française ouverte pour le personnel de
la Société PERENCO).
Il est donc relativement aisé, au moins
dans ces trois villes, de scolariser ses
enfants dans de bonnes conditions,
comme en témoignent les excellents ré-
I. : Quelques mots en conclusion ?
L. H. : En bref, contrairement à l’image
trop souvent négative de la RDC, je
peux témoigner et d’autres avec moi
que l’on peut y mener une vie heureuse et paisible.
Bien sûr, comme dans la plupart des
grandes villes, il faut à Kinshasa rester
vigilant et prudent dans ses déplacements. Et certaines régions du pays, encore en proie à l’instabilité, ne sont guère
propices à une installation en famille.
Mais globalement, ce pays et ses habitants offrent une richesse de paysages
et une diversité culturelle qui justifient
la fameuse appréciation du guide Michelin : « vaut le détour » !
A l’occasion de ce numéro de rentrée
d’Impact, je souhaite à tous les nouveaux
arrivants en RDC une bonne installation,
d’y trouver rapidement leurs repères et
leurs marques, de s’y faire de nouveaux
amis et surtout d’y être heureux.
Propos recueillis
par Philippe Larrieu
Jean-LéonBonnechère,PDGdeOrangeenRDC
etLucHallade,AmbassadeurdeFranceenRDC.
qui proposent tous deux une programmation artistique suffisamment
riche et variée, dans tous les domaines
(cinéma, danse, photo, sculpture,
théâtre…) pour que chacun puisse y
trouver son bonheur.
Le service de coopération et d’action
culturelle de l’ambassade de France
anime et coordonne par ailleurs un
réseau d’Alliances franco-congolaises
notamment à Matadi, Kisangani, Goma
et Bukavu - qui assurent pour certaines,
outre les cours de français qui sont leur
mission prioritaire, certaines animations ou activités culturelles.
Enfin, les associations de Français à
l’étranger (UFE et ADFE) permettent également à nos compatriotes de se retrouver autour d’activités festives, ouvertes
aux autres nationaux et aux Congolais ;
elles sont une occasion de « créer du lien
social » pour ceux qui se sentiraient éventuellement isolés ou un peu perdus dans
cette grande ville et ce grand pays.
81
Vie pratique
l’école
française à
l’heure de la RDC
En RDC, le réseau des écoles françaises compte trois établissements,
à Muanda, Lubumbashi et Kinshasa.
L’école française de Muanda
L’école française Perenco (maternelle
et primaire) et l’école francocongolaise (collège) de Muanda
scolarisent une cinquantaine d’élèves,
dont une trentaine en maternelle et au
primaire, et une vingtaine au collège.
Ces établissements travaillent en
collaboration avec le Centre National
d’Enseignement à Distance (CNED). Ils
ont été crées par la société pétrolière
Perenco qui leur apporte tout son
soutien. Il est à noter qu’à partir de
l’année scolaire 2013-2014, l’école
franco-congolaise de Muanda ouvre
aussi un niveau au lycée (la seconde).
Le lycée Blaise Pascal
de Lubumbashi
à Lubumbashi, le Lycée français Blaise
Pascal de Lubumbashi a rouvert ses
portes en 2009 dans de nouveaux locaux et avec de nouveaux équipements,
82
après dix-huit ans de fermeture.
Plus d’une quinzaine de nationalités
sont aujourd’hui représentées parmi
les élèves de ce bel établissement,
preuve qu’à Lubumbashi, ville cosmopolite, la francophonie est une réalité
vivante. Les cours de la maternelle (à
partir de deux ans) et de l’élémentaire
(CP au CM2) sont en enseignement direct. L’école primaire est homologuée
à partir de la moyenne section par le
ministère français de l’éducation nationale. Le collège et le lycée fonctionnent
avec le CNED dont les cours sont dispensés par des professeurs assistants.
La mission de l’établissement est de
diffuser la langue et la culture françaises par un enseignement innovant,
plurilingue et interculturel qui prend
en compte la culture et la langue locale ainsi que l’apprentissage des
langues étrangères. L’accent est
mis sur l’anglais en accord avec les
instructions officielles de l’éducation nationale française et en met-
L’AEFE est le plus important réseau
scolaire au monde : 480 établissements,130 pays, 306 000 élèves.
L’homologation délivrée par le
ministère français de l’éducation
nationale certifie la conformité
de l’enseignement aux exigences,
programmes, objectifs pédagogiques et règles d’organisation
du système éducatif français. Elle
permet à tout élève issu d’un établissement homologué de poursuivre sa scolarité dans tout autre
établissement français sans examen d’admission.
Les établissements sont amenés à justifier périodiquement
du respect des critères d’homologation (accueil des enfants de
nationalité française comme
des enfants étrangers, préparation des élèves aux examens,
personnels titulaires français).
tant en œuvre la spécificité des écoles
de la Mission Laïque Française « deux
cultures trois langues ». L’excellent
équipement de la salle informatique
permet aux élèves d’appréhender au
mieux l’outil informatique en validant
Le B2I (Brevet Informatique et Internet) à tous les niveaux.
Dans l’esprit qui a toujours été le sien,
l’établissement sait allier l’excellence
académique française et l’apprentissage de la culture congolaise,
dans une perspective d’ouverture au
monde, de brassage culturel, de dialogue et de tolérance.
Contacts : 243 811 748 84 61,
[email protected]
Le lycée René Descartes
de Kinshasa
Ouvert en 1964, le lycée est actuellement réparti sur deux sites, la section
primaire (maternelle et élémentaire)
avenue Kalémie et la section secondaire
(collège et lycée) avenue de la Gombe.
Le lycée accueille environ 800 élèves
de la maternelle à la terminale. Il prépare aux examens du brevet des collèges et des baccalauréat S, ES et L.
Les résultats aux examens sont excellents, avec 100 % de réussite au bac
ces deux dernières années.
Les programmes et les examens sont
ceux des établissements scolaires de
France. Le lycée français René Descartes est le centre unique pour les
examens français, DNB et Baccalauréat pour la RDC. Des actions de formation continue pour tous ses personnels sont organisées tout au long
de l’année afin de garantir la qualité
des enseignements.
L’établissement suit le calendrier scolaire
français avec quelques aménagements.
Conventionné avec l’AEFE (Agence
pour l’Enseignement Français à l’étranger), il est géré financièrement par un
conseil de gestion et administrativement par un conseil d’établissement.
Un projet immobilier conséquent
débutera en octobre 2013 et permettra de parfaire l’accueil des
élèves et des enseignants.
à noter que sous l’impulsion du service de coopération de l’ambassade
de France, le lycée René Descartes,
comme certains autres établissements de RDC, sera doté d’écrans
numériques dans les classes au cours
du premier trimestre 2013-2014.
Cette «révolution numérique» se
conjuguera avec l’ouverture du lycée
à une coopération éducative avec
cinq écoles congolaises de Kinshasa.
www.lyceefrancaisdekinshasa.org
Maurice Demailly,
Philippe Larrieu
et Mélanie Sirdey-Coid
Conditions d’admission
et calendrier
Les trois établissements accueillent
tous les enfants sous réserve des
places disponibles et de réussite aux
tests d’entrée. A Kinshasa, les Français et les élèves issus d’un autre établissement français sont prioritaires et
ne sont pas tenus de passer les tests.
Dans les trois établissements le calendrier correspond à celui qui est en
vigueur en France. La rentrée 2013 a
été fixée au 3 septembre.
Page de gauche, le lycée de Kinshasa
Ci-dessouslasalled’informatiquedulycéeBlaisePascal.
Ci-contre, l’école de Muanda
Vie pratique
étudier
en france
Killy, étudiante en mastère
Édition et métiers du livre à
l’université de Bretagne Sud
« Après avoir travaillé pendant plusieurs
années en bibliothèque, j’ai senti la nécessité de parfaire mes connaissances
par un mastère en documentation.
Depuis quelques décennies, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont intégré les pratiques
professionnelles des bibliothécaires
documentalistes et exigent une capacité d’adaptation quant à leur utilisation.
C’est pour me former dans ce domaine
que j’ai souhaité reprendre mes études.
étudiante en mastère édition et métiers
du livre à l’Université de Bretagne Sud,
j’ai d’abord eu des difficultés à m’adapter à un autre système et au rythme des
enseignements. Avec du travail et de
la persévérance, j’ai fini par y arriver et
acquérir de nouvelles connaissances qui
ont complété mon savoir.
Campus France organise mes études
en tant que boursière du gouvernement français. J’ai été accueillie et
84
accompagnée tout au long de l’année
académique : réception à l’aéroport,
aide au logement, suivi de la formation, écoute au quotidien. Je peux dire
que l’organisation m’a vraiment soutenue tout au long de mon séjour
L’accueil au niveau de l’université a été
très chaleureux. Des journées d’intégration sont organisées au début de
l’année académique. Et pour témoigner de son hospitalité, l’université
a offert une visite à Belle-Île-en-Mer
pour tous les étudiants étrangers.
Pour mettre en pratique les connaissances acquises en première année, j’ai
trouvé un stage dans un centre de documentation où tout se passe très bien.
En dehors de cela, j’apprécie énormément la mixité culturelle ainsi que
la vie associative des étudiants dans
les facs françaises.
Pour partir étudier en France il faut
être autonome et motivé, avoir des
objectifs et un projet professionnel
bien définis mais c’est aussi la garantie
d’une formation sérieuse et facilement
valorisable sur le marché de l’emploi.»
LeslocauxdeCampusFranceRD.Congo,
dans l’enceinte de l’Institut français /
Halle de la Gombe
© Photos Campus France
Étudier à l’étranger est un rêve pour beaucoup de jeunes Congolais.
Pour que cela puisse devenir un véritable projet, la France a mis en place
un guichet unique pour les étudiants candidats au départ. L’ouverture
de Campus France RDC : une opportunité de changer de vie.
Les étudiants témoignent.
Un interlocuteur privilégié
Ses missions
Campus France RD Congo, qui ouvrira
ses portes dès septembre 2013, est
un service de l’ambassade de France
dédié aux étudiants congolais et aux
étrangers résidant au Congo désireux
de poursuivre leurs études supérieures
en France. Ses locaux sont situés au
sein de l’Institut français de Kinshasa. Ce service est conçu pour devenir l’interlocuteur unique des jeunes
Congolais désirant étudier en France.
Il constitue un passage obligatoire
pour toute demande de pré-inscription auprès d’établissements d’enseignement supérieur français et pour les
démarches préalables au dépôt d’une
demande de visa pour études.
Campus France a pour mission d’informer les étudiants sur les études
en France et les orienter dans leur
recherche. Grâce à son site internet et
à son espace d’accueil, il met à leur disposition les outils qui leur permettront
de définir leur projet et de construire
leur parcours de réussite. Son rôle
est aussi d’évaluer leur motivation,
leur projet pédagogique et la cohérence entre leur parcours et leur projet
d’étude.
Casy, boursier du gouvernement français en mastère 2 professionnel Communication et stratégie de marque à
l’université Lumière de Lyon
semestre sont des dossiers préparés
généralement en petit groupe et exposés devant un auditoire de 24 étudiants.
Au second semestre, les étudiants sont
tenus d’effectuer un stage obligatoire
en entreprise d’au moins trois mois.
Je suis convaincu que cette formation
en France me donnera les outils académiques et professionnels pour transmettre ces nouvelles connaissances
universitaires et qu’elle permettra
aussi mon développement personnel.»
« L’agence Campus France m’a pris
en charge dès mon arrivée en France.
Avec un minimum d’organisation,
cette bourse me permet de vivre correctement. L’agence rembourse aussi
80 % de mes frais médicaux. L’administratrice de mon dossier répond
systématiquement à toutes mes questions par courriels et n’hésite pas à
m’appeler en cas de besoin.
Je suis logé dans une résidence universitaire dans une chambre traditionnelle
d’environ 9 m2 pour un loyer de 156 euros.
J’apprécie la vie à la résidence, située
à Mermoz Pinel, magnifique quartier
du 8ème arrondissement de Lyon. La
mixité de sa population et le foisonnement des petits centres culturels et
commerciaux font toute sa beauté, à
côté de la quiétude qui y règne.
L’excellence de la France dans le domaine universitaire, le haut niveau de
ses prestigieuses universités, l’enrichissante vie culturelle du pays et mon
parcours personnel ont naturellement
fait porter mon choix sur la France.
Ma formation de mastère 2 Pro en
Communication et stratégie de la
marque à Lyon 2 se passe très bien.
Les épreuves d’évaluation au premier
Alain Masetto
Plus d’infos sur :
www.rdc.campusfrance.org
Grâce, candidate au départ.
« J’étudie le Droit. J’obtiendrai ma
licence prochainement et je souhaite
poursuivre avec un mastère en Droit
des affaires. J’envisage de me spécialiser en droit bancaire et c’est ce qui m’a
poussée à faire une demande pour partir étudier en France.
Je sais que là-bas je pourrai approfondir mes connaissances dans ce domaine et faire un stage de fin d’études
valorisant avant d’entrer dans la vie
professionnelle.
Obtenir un diplôme français me permettra de mieux me positionner sur le marché du travail, car l’enseignement supérieur français est reconnu pour sa qualité.
De plus, les entreprises recherchent
des profils ouverts, avec des expériences variées. Pour cette raison, une
expérience en France me permettra de
Pour qui ?
Tous les Congolais ou étrangers,
non ressortissants de l’Union Européenne et résidant en RDC qui :
• souhaitent obtenir une pré inscription en France ;
• ont déjà obtenu une pré inscription en France ;
• sont des bacheliers français ;
• sont boursiers ;
• partent dans le cadre d’un
échange;
• ont fait leur procédure Campus
France dans un pays étranger
et souhaitent demander un visa
depuis le Congo.
me confronter à un système différent
de celui du Congo, tout en m’apprenant à devenir autonome.
Avant de venir à l’espace Campus
France Kinshasa, j’avais déjà une idée
précise des études que je voulais entreprendre en France. Des amies m’ont
indiqué qu’il fallait commencer les démarches en me présentant à l’espace
Campus France de l’Institut français de
Kinshasa et à partir de ce moment là,
tout s’est fait rapidement.
L’équipe de Campus France m’a aidée et
orientée lorsque j’ai rencontré des difficultés et le site de Campus France RDC,
accessible depuis septembre 2013, est
une interface pratique et efficace.»
Propos recueillis
par Alain Masetto
85
Impact Junior
Tintin
est-il
raciste ?
Non, Tintin n’est pas raciste, a estimé la justice belge en décembre
2012. En cause, l’album d’Hergé Tintin au Congo, deuxième ouvrage
d’une série devenue une référence mondiale. Paru initialement en
1931, le titre en question mettait en scène les aventures du célèbre
reporter belge dans ce qu’était alors le Congo belge.
« Hergé s’est borné à réaliser une
œuvre de fiction dans le seul but de
divertir ses lecteurs. Il y pratique un
humour candide et gentil. » précise le
tribunal de Bruxelles, mettant ainsi fin
à l’action engagée cinq années auparavant par un ressortissant congolais
résidant en Belgique. Bienvenu Mbutu
Mondondo demandait, sinon l’interdiction pure et simple de l’album, du
moins l’ajout d’un avertissement portant sur la nature raciste du contenu.
Cette décision judiciaire n’est pourtant
qu’un épisode de plus dans la carrière
mouvementée d’un album de Tintin
qui suscite depuis longtemps le débat.
L’album incriminé est d’abord publié
dans le « Petit XXème», supplément jeunesse de la revue catholique d’extrême
droite le « Vingtième siècle ». Hergé y
a été engagé en 1925 (il a alors 18 ans),
et il y a créé un héros qui allait devenir
le personnage de fiction belge le plus
connu au monde : Tintin. Après une
aventure Chez les Soviets, en URSS,
Hergé envoie son personnage au
Congo belge. Il s’agit pour le directeur
du journal qui emploie le dessinateur,
de susciter des vocations coloniales.
Mais Hergé n’a jamais mis les pieds
en Afrique et se contente de visiter le
musée de Tervuren, près de Bruxelles,
pour se documenter sur le nouveau
lieu des aventures de son personnage.
Le Congo de Tintin est un Congo de
fantaisie, dans lequel on chasse le lion
ou le rhinocéros et dont les habitants
sont des Africains noirs parodiques, issus de l’imaginaire colonial, aux faciès
caricaturaux, aux réactions enfantines
et au langage ridicule. Hergé, des
années plus tard, confessera : «C’était
en 1930. Je ne connaissais de ce pays
que ce que les gens en racontaient à
Illustrations : Tintin au Congo revu et
interprétéparl’auteurdeBDsud-africain
JoeDogdansl’ouvragePappainAfrika.
86
l’époque : « Les Noirs sont de grands
enfants, heureusement que nous
sommes là ! », etc. Et je les ai dessinés,
ces Africains, d’après ces critères là,
dans le pur esprit paternaliste qui était
celui de l’époque en Belgique.»
Si l’album connaît un grand succès - il
est même redessinée et mis en couleurs en 1947 - il n’est guère apprécié
par son propre créateur, qui le considère comme un pêché de jeunesse.
Le livre tombe peu à peu dans l’oubli et n’est plus édité jusque dans les
années 70, quand, selon Hergé, un
groupe de Zaïrois le contacte et lui
demande de rééditer cette aventure
qui se passe dans leur pays. C’est donc
à la demande des Congolais que l’album réapparaît en librairie et un journaliste de l’hebdomadaire «Zaïre»
peut même écrire à l’époque : « Si
certaines images caricaturales du
peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs,
elles font rire franchement les
Congolais, parce qu’ils y trouvent
matière à se moquer de l’homme
blanc qui les voyait comme cela.»
Pourtant, trente ans plus tard, la
polémique sur le caractère raciste de
l’œuvre va éclater.
En 2007, c’est d’abord une association
britannique qui demande et obtient
le retrait du livre des rayons « jeunesse » des librairies et bibliothèques
anglaises, puis la Suède censure purement et simplement l’album ; enfin
l’action de Bienvenu Mbutu Mondondo, soutenue par le CRAN (Conseil
Représentatif des Associations Noires
de France), traîne l’éditeur (Hergé est
mort en 1983) devant les justices belge
et française. La polémique fait rage :
doit-on considérer une œuvre du début du XXème siècle avec les critères du
XXIème ? Tintin au Congo peut-il être lu
par des enfants sans qu’on prenne la
précaution de le contextualiser ? Pour
les uns, censurer Tintin au Congo serait
un précédent fâcheux qui ouvrirait la
porte à la censure d’une grande part du
patrimoine littéraire qui ne respecte pas
nos valeurs actuelles. Pour les autres,
on ne peut continuer à mettre dans les
mains de lecteurs non avertis un livre
qui perpétue des stéréotypes racistes.
La décision de justice, qui donne tort
aux partisans de la censure, ne met
pourtant pas un terme au débat. Plusieurs artistes prennent position, notamment en Afrique.
Pour le dessinateur congolais Tembo
Kash, Tintin au Congo fait partie du
patrimoine congolais et, s’il regrette
évidemment l’aspect graphique caricatural des Noirs d’Hergé, il considère
que la notoriété internationale de
Tintin a servi le Congo en l’intégrant
dans l’imaginaire mondial. Barly
Baruti, autre auteur renommé de la
BD congolaise, pense qu’il faudrait
que les auteurs africains dessinent
un anti- Tintin au Congo, mettant en
scène un personnage noir en visite
en Belgique sur le même modèle que
Tintin visitant le Congo.
Donner la parole au colonisé, instrumentaliser l’imaginaire colonial pour
parler de l’Afrique d’aujourd’hui et
dénoncer les méfaits du racisme,
c’est précisément le travail de l’artiste sud-africain Joe Dog (Anton
Kannemeyer) qui ne cesse depuis
vingt ans de reprendre le graphisme
et les scènes de Tintin au Congo pour
dénoncer avec humour et férocité le
regard occidental sur l’Afrique (voir
les illustrations ci-contre toutes issues de ses ouvrages).
Ainsi, Tintin au Congo, œuvre mal
aimée par son créateur, livre polémique en Europe comme en Afrique,
devient une arme efficace contre
tous les stéréotypes racistes.
Peut-être qu’Hergé, cet humaniste
plein d’humour, aurait aimé ce retournement inattendu de situation,
sans doute plus conforme à l’idée qu’il
se faisait de son personnage toujours
prêt à combattre les injustices.t
Les articles d’Impact Junior
sont écrits par les élèves
du lycée René Descartes,
en l’occurrence Alex Hofer,
Nadine Ibrahim, Priscille
Kasende, Erika Lambion, et
Marissa Manshande, avec la
complicité de certains professeurs ( Olivier Appollodorus et
Michel Jeanroy) pour ne pas
les citer).
87
Impact Junior
La bénédiction
des ressources
La République Démocratique du Congo (RDC) regorge de ressources
naturelles et les mines sont l’un des fils de la trame sur laquelle se tisse
l’histoire du peuple congolais. Récemment, un incident s’est produit
dans le Katanga, province dans laquelle se trouve une grande partie
des minerais du pays.
88 millions de dollars destinés à la
redevance minière perçue par la Direction Générale des Recettes Administratives Domaniales (DGRAD), ont
disparu. Ceci a causé la suspension de
la RDC de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE)
pour une année.
Comme bien d’autres pays, la RDC
subit le fléau de la corruption. Celleci peut être considérée comme une
adaptation à la pauvreté qui a, petit à
petit, gangrené le pays depuis la fin de
la colonisation. Les Congolais l’ont vue
naître à cause de la misère qui frappe
aujourd’hui plus de 50% de la population. Le problème de la corruption n’est
donc pas dû à la mauvaise foi des personnes ou à une éducation qui a failli,
ou encore à un égoïsme qui se serait
répandu, mais tout simplement à l’impossibilité d’obtenir par la voie juste et
légale suffisamment de moyens pour
se nourrir, subvenir aux besoins de son
foyer mais aussi pourvoir aux nécessités des autres membres de sa famille
(parents, frères et sœurs , neveux et
nièces, cousin(e)s, etc.)
A priori, la crédibilité du pays pourrait
être remise en cause ; pourtant, ce serait à tort. Car quelques jours après l’in-
88
cident cité précédemment, la DGRAD
affirmait avoir retrouvé les traces de
ladite somme. On évoque alors un
manque de rigueur. Mais le gouvernement ne reste pas indifférent. En février dernier, les gouverneurs des provinces se sont réunis à Lubumbashi,
déterminés à y voir plus clair dans la
gestion des minerais du pays. Le Premier ministre Matata Ponyo, de son
côté, s’est personnellement impliqué
en faveur de la promotion de la transparence dans la gestion des ressources
naturelles, en recommandant que la
transparence appliquée aux revenus
issus du secteur extractif soit étendue
à leur utilisation.
La Banque Mondiale, quant à elle, a
promis d’apporter son soutien financier après avoir vu la volonté d’appropriation du processus ITIE par les
autorités congolaises. Cette aide va
plus se focaliser sur les problèmes de
gestion, la responsabilité des acteurs
et les perspectives d’avenir. Les estimations de la Banque mondiale confirment que la stratégie de soutien des
investissements dans l’infrastructure à
grande échelle de la part des autorités
pourrait accompagner la croissance de
manière significative. La croissance
La malédiction des ressources
On parle de « malédiction des
ressources naturelles » pour
désigner un effet négatif de
la dotation naturelle sur les
performances
économiques
des pays. Un des mécanismes
mis en avant est celui de la
mauvaise qualité institutionnelle,
les
ressources
naturelles
empêcheraient le développement
de « bonnes » institutions
favorables au développement
économique.
www.cncd.be/La-malediction-des-ressources
ITIE
du PIB pourrait s’accélérer avec des
réformes pour l’amélioration de l’environnement des affaires, notamment
en renforçant la gouvernance et la
transparence dans les industries extractives (forêts, mines, pétrole, etc.).
Cela contribuerait probablement à retourner la situation, c’est-à-dire qu’une
bonne partie de la population sortirait
de la pauvreté, ce qui favoriserait le
développement du pays et donnerait
moins de prise à la corruption.
L’espoir que la RDC se relève et sorte
de la fameuse « malédiction des ressources » que connaissent grand
nombre de pays africains, fait surface.
Le pays s’est aussi doté du certificat
de la Conférence Internationale sur la
Région des Grands Lacs3 (CIRGL). La
CIRGL est un dispositif qui cherche
à amener tous les pays de la région
à dialoguer et à s’entendre sur les
stratégies pour ramener la paix et
la prospérité dans la région. Elle
regroupe onze états : l’Angola, le
Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la
République Démocratique du Congo,
le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le
Soudan, la Tanzanie, et la Zambie.
Ce certificat va faciliter la traçabilité
des minerais exportés. Le ministre
des mines Martin Kabwelulu a indiqué que cette démarche constitue
le début des solutions au commerce
illicite des minerais en RDC.
Un pas vers la “bénédiction des ressources“ ? t
L’ ITIE est un processus à travers lequel les parties prenantes mettent
à disposition des populations, à
travers la rédaction de rapports
périodiques par des consultants
indépendants, les revenus et les
recettes de l’État issues de l’exploitation des ressources minières et
pétrolières. Son but est de renforcer la bonne gouvernance en
améliorant la transparence et
la responsabilité (obligation de
rendre compte) dans le secteur
des industries extractives à travers
la collecte, la vérification, la conciliation et la publication de tous
les paiements effectués par des
entreprises publiques et privées au
compte de l’État.
Vie pratique
Excursions
Les coups de cœur
de la rédaction
Après-midi sur les bancs
de sable
Après-midi sur les bancs de sable au
milieu du fleuve Congo, avec le Yacht
Club : le plus beau paysage à portée de
main de la ville, baignade, barbecue,
pêche… Tél.: 089 974 45 53
à Kinshasa et dans les environs
Récemment installé à Kinshasa ou de passage ?
Voilà nos adresses coups de cœur pour vous guider dans la troisième
ville d’Afrique et la plus grande ville francophone du monde.
Le collectif Sadi (1)
Ce collectif d’artistes indépendants
joue sur tous les tableaux : humour, art
dramatique, musique…
Rendez-vous chez eux tous les dimanches soir
16, av. Mont des arts, C/ Gombe,
Tel. : 097 019 82 97 ou 081 532 16 62
6 bis, av. Uélé C/ Kintambo
e-mail : [email protected]
Centre Wallonie Bruxelles (2)
Théâtre, spectacles, conférences,
débats…
En plein centre-ville. Un must.
N° 206, av. de la Nation C/ Gombe,
Tél.: 099 801 08 00
Académie des Beaux-Arts
Sur l’av. 24 novembre, il est possible
de visiter l’Académie et les ateliers des
artistes résidents en fonction de leur
disponibilité.
Le Grand Hôtel dispose d’une
salle de musculation avec sauna, d’une
belle piscine, de cinq courts de tennis
et deux courts de squash. Sur abonnement, avec un tarif préférentiel pour
les couples.
N°4 Av. Batetela 4 - C/ Gombe,
tél.: 081 555 30 01 ou+243 81 555 30 10
90
à côté du grand marché sur l’avenue
Kasavubu, le jardin botanique, bien
qu’assez négligé, compte encore de
beaux arbres et quelques pelouses
agréables (droit d’entrée : 3 000 fc
pour les expatriés)
Symphonie naturelle
à dix minutes de Kinshasa avec un bon
4x4, déjeuner sur l’herbe, pêche, promenade ; l’endroit est un petit havre
de paix à l’écart de la ville. Le restaurant paillotte propose de la cuisine
congolaise.
Plus d’infos sur le site internet :
www.symphonies-naturelles.com ou
par tél.: 099 859 2610 ou081 814 6086,
mail:[email protected]
Le golf (2)
Clubs de sport
L’hôtel Elais
compte probablement la plus belle piscine de Kinshasa,
quatre terrains de tennis, deux salles
de squash, un terrain de sport polyvalent (basket, volley) et une salle de
fitness et de nombreuses activités
sportives telles qu’aquagym, taekwondo, boxe, karaté, danse. Sur abonne-
ment, avec un tarif préférentiel pour
les couples.
Av. du Lt. Colonel Lukusa,
mail :[email protected] , ou
tél.: 081 88 45 165ou + 081 27 46 283
©VincentPetit
©AldricdeSaintPalais
Le tarmac des auteurs
Le jardin botanique (1)
En plein centre-ville, le golf de Kinshasa est le plus bel espace vert de la ville,
avec de beaux arbres et une grande
variété d’oiseaux. Si vous ne pratiquez
pas, essayez d’accompagner un ami,
ne serait-ce que pour la promenade. à
moins que vous ne préfériez jouer au
tennis sur l’un des cours impeccablement entretenus. à l’entrée, le cercle
gourmand vous accueille pour un déjeuner ou un brunch (le dimanche).
414, Av. du Cercle.
Mail :[email protected].
Pour un week-end en pleine nature et la
baignade dans la rivière. Possibilité de
dormir sur place dans des installations
assez sommaires ou sous tente ; mais
il faudra apporter votre nourriture et
votre charbon. A 1h20 sur le plateau des
bateke, en direction de Kikwit. Tél.: 099
579 87 23 ou 099 436 22 31
Kimpese et les chutes Vampa
Une cascade rafraîchissante à laquelle
on accède par un pont de singe puis
en se faufilant à travers des rochers.
Dépaysement garanti. Possibilité de
dormir à proximité dans une «guesthouse» correcte. Tél.: 089 738 79 42
Un peu plus loin (ou très très loin)
Zongo
Quatre heures de route, plus agréables
si on attend la seconde bifurcation à
Kisantu car la piste est meilleure. Sur
place, de nombreuses catégories d’hébergement et de nombreuses sollicitations de la part des divers guides, assistant makala etc. Mais les chutes et la
plage sont magnifiques, les jeux pour
enfants sont un plus pour les familles.
Renseignement : www.selisafari.com
Kisantu
Pour le jardin botanique et la visite des
grottes (possibilité de passer la nuit dans
le jardin). à 120 km de Kinshasa par une
route en bon état (2h en voiture).
Tel. : 08 15 41 86 98, renseignements
sur le site internet : www.kisantu.net
Le lac ma vallée et Lola ya
Bonobos
à une heure de route de Kinshasa,
deux sites intéressants et relativement proches l’un de l’autre. Le tour
©VincentPetit
Pour les amateurs de théâtre.
52 60 av. Lubuzi – C/ Bandal ;
Tél. : 089 89 56 759 / 099 14 55 239
Mbombo Lumene
©PhilippeLarrieu
©VincentPetit
Pour les concerts mais aussi les films et la
médiathèque (plus de 20.000 ouvrages).
à noter que l’Institut vient de se doter
d’un nouvel espace de restauration où
confort rime avec gastronomie : la Terrasse et sa version «haut de gamme»,
le Bistrot de la Halle.
Programme et infos sur le site internet
www.institutfrancais-kinshasa.org
Espace culturel les Béjarts,
à la sortie de la ville, le club équestre
propose des promenades ou des reprises en manège. Dépaysement garanti dans un cadre de verdure. Mais
protégez-vous des moustiques!
Au croisement des avenues des écuries
et Joli Parc, route de Matadi C/Ngaliema
du lac se fait en une heure, avec possibilité de déjeuner au retour. Un peu
plus loin le sanctuaire des bonobos
vous emmène à la découverte de cette
espèce endémique et malheureusement menacée.
Proche de Kinshasa
Culture
L’Institut français
Halle de la Gombe
Le cercle hippique
La plantation de Kwilu
Il est possible de louer des maisons
d’hôtes dans la plantation : baignade
dans la piscine, visite de la rhumerie,
ballade à vélo dans la plantation…
Compter 6 h de route depuis Kinshasa,
en direction de Matadi.
91
Vie pratique
Le Petit Trianon
Gastronomie
• Sur le pouce
La Terrasse
Parasols et «sundeck» pour un espace
accueillant où sandwiches et pizzas
sont de première qualité et à des prix
très étudiés. Et la médiathèque de
l’Institut français est à deux pas.
Institut français - Halle de la Gombe.
Al Dar (1)
Taboulé, shawarma, falafel… Prix très
raisonnables. Sur le bd du 30 juin en
face de Kin market.
Le bloc
(dans le quartier de Bandalungwa)
Sur ces terrasses en plein air, le poulet est réputé pour être le meilleur de
Kinshasa.
Pâtisserie Nouvelle (2)
De nombreuses sortes de pains et de
viennoiseries, gâteaux d’anniversaire
et pour vos déjeuners, un grand choix
de sandwichs et salades. Deux boutiques, l’une à Socimat, av. de l’Équateur et av. du Colonel Mondjiba, près
de l’ambassade de France.
Kayser (3)
Un grand nom de la pâtisserie française à Kinshasa. Un vrai bonheur. Av.
de l’Équateur, C/ Gombe.
Nice cream (4)
Au-delà des glaces, les salades copieuses et les sandwichs variés valent
le détour. 7, av. du port, - C/ Gombe,
Tél. : 099 99 43 416
• Cuisine du monde
Mythos
Un restaurant grec familial avec une
bonne sélection de mezzés pour des
prix corrects.
N°87, bd du 30 juin, au pied de l’église
orthodoxe, entre les deux BIAC.
Chez Gaby (5)
Un portugais délicieux et varié; service
attentionné, une des meilleures tables
de Kinshasa, la convivialité en plus. 9/B
av. de la Mongala ; tél.: 081 99 04 213.
O Poeta (6)
Pizzeria, cuisine congolaise, portugaise… Le restaurant diffuse une
grande partie des matchs de foot internationaux et livre les pizzas à domicile.
Av. du cercle, tél.: 099 92 29 097.
• Plus chic
Caf’conc (8)
Tout y est raffiné : le décor (avec possibilité de réserver une salle à manger privée),
la cuisine, au-dessus de tout éloge, et le
service, attentionné et efficace. Le fumoir vous immerge dans une délicieuse
ambiance club. Une grande adresse.
13, av. de la nation – C/ Gombe ; tél.:
081 89 93 090
Le Palais
Une carte variée surtout intéressante
pour les spécialités libanaises. Livraison à domicile. A coté de la résidence
Bellevue sur l’avenue de l’OUA.
C/ Gombe ; Tél.: 097 39 99 999
Le Bistrot de la Halle
Le grand frère de «la Terrasse».
Confort, air conditionné et cuisine de
qualité au sein de l’un des hauts lieux
de la culture à Kinshasa.
Institut français - Halle de la Gombe.
Le Roi du Cossa (7)
Les meilleures cossas de la ville.
N°220, av. Mpolo Maurice, C/ Gombe
Resource (11)
Vlisco (5)
L’Ikéa local
Un bel espace extérieur, de la musique live,
un service impeccable pour des cuissons
parfaites et un large choix entre cuisines
congolaise et internationale. N° 42 bd du 30
juin, C/ Gombe , tél. : 099 91 17 953.
Pour les achats de tous les jours, vous
trouverez plusieurs supermarchés bien
achalandés à la Gombe :
City market (1)
(n°713, av. de
l’Equateur). Ouvert 7 jours sur 7. Probablement le meilleur choix de fromages
et de produits laitiers de Kinshasa. Les
prix sont en conséquence…
Le paradis du pagne couture. C’est la
seule boutique de luxe de Kinshasa et
même si vous ne pensez pas acheter,
les créations toujours plus originales et
raffinées des créateurs hollandais sont
un plaisir pour les yeux. N° 1165 / 1175,
av. Tombalbaye – C/Gombe
Un vaste showroom de mobilier et de
déco exotique, principalement fabriqué en Thaïlande. Bois précieux, bambous et beaucoup de pièces uniques.
34 av. des cliniques – C/ Gombe.
(fermé le
samedi, av. Isiro). Un vaste rayon électroménager et une cave conséquente.
Une bonne boucherie où l’on trouve de
tout à des prix raisonnables. Un accueil
sympathique, rare dans une grande
surface.
Ebeny Galerie (7)
Mobilier design et de qualité. 2
adresses : 5c, av. Isiro et 1399 av. du
commerce, C/ Gombe.
Shoprite (av. de l’OUA). Des prix très
compétitifs pour le tout-venant.
Atelier Tintin
Le Limoncello (9)
Le meilleur italien de Kinshasa mais
également cuisine internationale et
congolaise, accueil chaleureux, service au dessus de la moyenne. Un
bon rapport qualité prix. Réservation
conseillée le week-end. N° 20, av. Tombalbaye C/Gombe, tél.:081 51 41 111
Marché aux tissus au Beach
Ngobila (4)
De nouveaux design de pagnes (entre
15 et 20$) quasiment tous les jours.
Avenue du Colonel Mondjiba, sur la
droite en allant vers Socimat : un atelier de sculpteurs avec beaucoup de
choix mais des prix relativement élevés (à négocier).
Zara
Je gagne ma vie (6)
Première boutique à l’européenne sur
le boulevard du 30 juin, Zara (une imitation) offre l’expérience shopping à
l’occidentale à ceux et celles pour lesquels le manque se ferait trop intense.
Sur la route de Matadi, au-delà du
Palais de marbre, de nombreux artisans travaillent le bois et l’osier. Ils travaillent également sur commande, les
prix sont à négocier.
Le Sixième sens
Hasson et frères (2)
dont le principal au 36, bd du 30 juin) et
Sushis
D’origine congolaise, le chef Christian
B. Yumbi a fait ses classes au Ritz à
Paris et a reçu le titre de meilleur jeune
chef de Bruxelles avant de revenir au
pays. Chambres d’hôte, spa, Resource
propose une cuisine fusion pétillante
en dehors des sentiers battus.
N°26, av. du roi Baudoin, C/ Gombe,
tél.: 099 57 16 133
Shopping
Peloustore (3) (plusieurs magasins,
à domicile, Gekko’s : des sushis originaux et frais, livraison rapide.
Tél.: 097 000 2681
92
Dans l’enceinte du cercle français, le Petit Trianon accueille ses clients dans une
ambiance très baroque. Au menu, ce que
l’on trouve de plus proche de la nouvelle
cuisine à Kinshasa, entre produits locaux
et savoir-faire français. 30 av. des forces
armées, C/ Gombe ; tél.: 099 14 56 110
Fleur de sel (10)
Au sein du centre CRHP (av. Huileries) la boutique « Je gagne ma vie »
propose de l’artisanat réalisé par les
handicapés à des prix tout à fait raisonnables.
Artisanat et développement
Comme son nom l’indique, la boutique
vend des meubles et des objets décoratifs fabriqués localement. Les pièces
sont originales et les prix fixes très abordables pour la capitale.
19, avenue Kassi, C/Bandalungwa,
Tél. : 081 00 61 511
93
Pratique
Sorties
La Crèche
Bar mythique de Kinshasa la belle, la
Crèche surplombe la place de la victoire : bière, musique congolaise live
et toujours de l’ambiance. N°3, av Badjoko, C/ Kalamu
Jazz au jardin
de l’Ambassade d’Allemagne
(les détails sont diffusés via les newsletters citées ci-dessous).
Kwilu (1)
©BenoitAlméras
Petit nouveau de la scène kinoise, le
Kwilu a remporté d’emblée tous les
suffrages avec sa paillote et son vaste
espace extérieur. Vous y retrouverez
toute la communauté expatriée et ce
quasiment tout au long de la semaine.
N° 3 av. de la justice, C/ Gombe.
Nikki beach
Fin d’après-midis électro au bord de
la piscine de l’Hôtel du fleuve, pour
ceux qui regretteraient de s’être couchés un peu trop tôt la veille.
Eros Eros
Un restaurant à la cuisine raffinée,
un lounge bar, billard, une carte des
cocktails pointue, le Eros a plusieurs
cordes à son arc. Av. Kisangani et av.
père Boka n°5, - C/ Gombe.
5 à sec (1)
Enseigne bien connue, le 5 à sec est
situé sur l’av. de l’Équateur, à l’angle
à côté de la boulangerie Kayser.
New Pressing Abeer
Moins de 15 dollars pour nettoyer un
costume ou une robe du soir. Une performance pour un travail de qualité.
Immeuble Crown Tower, av. Batetela,
tél.: 099 599 22 21
Eau
Approvisionnez-vous en eau potable par bidons de 20 litres auprès
d’Abercooling sur l’av. Malenbenkulu
(proche de Socimat) ou chez AquaCongo, sur le bd. du 30 juin.
Contacts utiles
• Kinshasa Accueil
La FIAFE, Fédération Internationale des Accueils Français et
Francophones à l’Étranger s’adresse aux Français et francophones expatriés. Elle est animée par des bénévoles qui aident
le nouvel arrivant et sa famille à s’adapter à son nouveau pays
de résidence. à l’occasion de la rentrée 2013, Kinshasa
accueil organise un apéro-rencontre le vendredi 13 septembre 2013 à l’hôtel ROYAL à 19 heures.
Permanence tous les lundis de 10 à 12 heures à l’Institut français .
Contactez Leila PERRET au 082 134 4805
• ADFE (Association Démocratique des Français à l’étranger)
Contactez Daniel Dobrovoljec : [email protected]
• UFE - Union des Français de l’étranger
L’UFE gère le centre de sports et loisirs « Cercle Français » (piscine, tennis, pétanque, terrain omnisport, bar, restaurant), le
carré français au cimetière jouxtant le golf et développe des
interventions à caractère social.
Contactez Samsi Dhanani au 0819908903 ou 0999908903
Les newsletters ci-dessous vous aideront à vous tenir au courant
des événements culturels et sont également riches en petites annonces pour trouver personnel, voiture, logement ou mobilier:
Congo Bongo, (écrire à JaclinBrock, [email protected],de l’ambassade des états-Unis), Communication de l’Institut français
(écrire à [email protected] ), Kintonic (inscription
sur www.kintonic.net), newsletter de l’ambassade du RoyaumeUni (écrire à [email protected]).
94
Santé
Photo Guy (2)
Pour les photos officielles ou pour
faire imprimer vos souvenirs, Photo
Guy, sur le 30 juin, propose un service
de qualité.
Jus Jambo
Les jus Jambo sont produits à Kinshasa à partir de fruits frais et de saison.
Pour tous vos évènements, l’équipe
de Jambo propose des animations
cocktail. Vous pouvez aussi organiser
des livraisons hebdomadaires dans
votre concession ou votre entreprise.
Contactez Laurent au 081 510 01 22.
Esthétique
Marianthi et Soula proposent de
nombreux services à domicile :
extension des cils, biopeeling, vernis
permanent... Des techniques professionnelles et des produits fiables.
Tél.: 099 861 70 23
Centre Privé d’Urgences (1)
Électricien
Eclaire cool
Il est électricien mais sait aussi réparer vos climatiseurs sans vous ruiner.
Alphonse Nsangu, tél.: 0998 185 121
ou 0896 973 930
Tapissier
Vos fauteuils sont fatigués? Donnezlui un coupon de tissu acheté rue du
commerce et vous aurez un salon
neuf. Comptez 50 dollars par fauteuil.
Daddy Massamba, tél.: 081 015 95 90
Sonas
Une seule compagnie pour toutes vos
assurances : la Sonas est située sur
le bd du 30 juin mais a des agences
dans différents quartiers de Kinshasa.
En plus de vos assurances véhicules
et logement, il est recommandé de
contracter une assurance maladie
pour tous vos employés car la sécurité
sociale est inexistante en RDC.
Le CPU dispose du meilleur plateau technique d’urgence de la ville. Ce centre fonctionnant uniquement
sur abonnement, il est recommandé de le faire pour la
durée du séjour. Av. du Commerce, C/ Gombe, tél. : 089
89 50 302.
Centre Médical de Kinshasa (2)
168 av. Wagenia Tél: 099 82 65 004 ou 089 89 50 301
Centre d’Imagerie de la Gombe (3)
Le CIGO est bien équipé et ouvert tous les jours sauf le
dimanche. à l’intersection de l’av. Wangata et du bd
du 30 juin, tél.: 099 99 70 735
Lael Vision (4)
Cabinet ophtalmologiste, n° 782,av. Tombalbaye
tél.: 099 817 72 22 ou 099 817 12 22
Dentiste
Av. du Colonel Mondjiba C/ Ngaliema, tél.: 099 99 150 50
Pharmacies
La pharmacie du Netty’s, av. du Colonel Mondjiba, la
pharmacie du 30 juin (sur le boulevard du même nom) et
la pharmacie Sainte Catherine, à côté de Shoprite, sont
les mieux approvisionnées de la ville.
Enfants
Jungle land (1)
Bien qu’un peu plus cher que les autres
playgrounds, il a l’avantage de proposer une zone réservée aux plus petits,
à l’intérieur.
Av. Colonel Lukusa, Tél.: 099 911 1600
Le baby group
Un petit groupe de jeunes parents se
retrouvent le jeudi matin pour échanger pendant que les plus petits font
connaissance.
Plus d’infos : [email protected]
Le Cercle français
Piscine tennis, restaurant et aire de
jeux : le Cercle est une bonne option
pour un après-midi en famille.
N° 33, av. des forces armées, C/ Gombe
Proshop (2)
Librairie des Grands Lacs
(3)
Peu de littérature mais beaucoup de
références, de dictionnaires, encyclopédies et livres scolaires.
Bd du 30 juin, C/ Gombe
Petits ou grands carreaux, si vous avez
oublié de faire le plein de cahiers et
autres fournitures scolaires avant d’arriver à Kinshasa, vous êtes sauvé ! Tout
est de qualité, y compris les prix.
n° 34, bd du 30 juin, C/ Gombe
95
Entreprise Générale Malta Forrest
EGMF, un partenaire dynamique et performant
E
GMF met à disposition de ses clients et partenaires une expérience sans égal en
Afrique centrale. Active dans la construction de routes et de bâtiments, dans les
travaux de génie civil et dans le secteur minier, EGMF est depuis plus de 90 ans un
partenaire de référence en République Démocratique du Congo. Engagement,
Performance et Dynamisme: EGMF peut compter sur des milliers de travailleurs, parmi les
plus qualifiés de la Région.
96
Ensemble, nous construisons l’Avenir
gastronomie
la fleur
de sel
En plein cœur de la Gombe, au 40 du
boulevard de 30 juin, la Fleur de sel
vous accueille tous les jours et sans
interruption de 12h00 à 23h00.
Ce restaurant, aussi sympathique que
son propriétaire, propose une cuisine classique, faite de spécialités italiennes et françaises toujours parfaitement exécutées en termes de cuisson
comme d’assaisonnement. Les suggestions du chef relèvent d’un registre
plus original : fusion entre la gastronomie européenne et la « world food ».
La cuisine n’utilise que des produits
frais dont la plupart sont importés
chaque semaine de Bruxelles. Une importance toute particulière est accordée à la qualité des poissons et fruits
de mer ; car huîtres et moules sont au
rendez-vous tous les vendredis pour le
plus grand plaisir des amateurs.
à partir du mois de septembre 2013, le
restaurant proposera aussi une carte de
pizzas innovante. Cette spécialité, qui
était à l’honneur au 3615, a été entièrement revisitée par le chef : nouvelles
recettes, compositions inattendues
incorporant rougets et autres délicatesses, de quoi réveiller les papilles.
Au-delà de l’assiette, c’est aussi pour
l’ambiance que l’on revient dans cette
institution kinoise. Un « bar lounge »
permet de se détendre en attendant
de passer à table : une petite carte de
tapas et de sandwiches ciabatta au
pain farci agrémente l’apéritif entre
amis. Les mardis, mercredis et vendredis soir, un chanteur et guitariste vous
fait partager un répertoire varié et tou-
98
jours de bon goût. Une fois n’est pas
coutume, la sonorisation est adaptée,
tant au niveau du volume que de la
qualité, et les convives peuvent profiter de la musique tout en s’entendant
parler.
Si le temps le permet et c’est presque
toujours le cas à Kinshasa, installezvous à l’extérieur. Le patio fleuri est
très agréable et, avec une quarantaine
de places à votre disposition, vous y
serez toujours bien installés. Le service
en salle est attentionné et professionnel et la carte des vins à la hauteur de
la qualité de la cuisine.
Pour ceux qui auront été séduits et qui
désireraient faire partager leur enthousiasme à leurs amis et à leurs proches,
la Fleur de sel propose un service traiteur à domicile. Réceptions, cocktails,
dîners d’entreprise, mariages et autres
fêtes de famille, n’hésitez pas puisque
le catering peut prendre en charge plus
de 400 couverts, assis dans le cadre
d’un dîner ou debout pour un service
buffet. Le restaurant est particulièrement vigilant en ce qui concerne les
conditions de transport et de conservation des aliments afin que les règles
d’hygiène et normes en vigueur soient
respectées et que les produits soient
livrés chez vous comme s’ils étaient
servis au restaurant. Quel que soit
votre projet, n’hésitez pas à en faire
part à l’équipe qui vous proposera une
formule adaptée à vos attentes et vous
aidera à faire de vos désirs une réalité.
IMPACT

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