Jean-Claude, un boulanger pas comme les autres

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Jean-Claude, un boulanger pas comme les autres
tnemengiesnE Enseignement
Formation professionnelle suisse
Jean-Claude,
un boulanger pas comme les autres
A Genève, un patron boulanger transmet son métier à des apprentis africains. Pour eux, il navigue
dans les labyrinthes administratifs, afin qu’ils puissent entreprendre une formation en Suisse.
FPS
Lorsqu’il ouvre sa boulangerie,
dans les années soixante, il se
met à engager des apprentis
d’Afrique et d’Amérique latine.
Il forme d’abord un apprenti
camérounais, puis un jeune du
Dahomey. Aujourd’hui encore,
un Gabonais fait un stage pratique chez Jean-Claude Genecand pour mettre le point final à
ses examens de boulangerpâtissier.
5 2000
40
J
ean-Claude Genecand est
un patron qui met en pratique ses idées. Il s’est
d’abord intéressé aux relations
Nord-Sud. Puis grâce à des rencontres, dont un prêtre socialement très actif, il s’engage du
côté de la «dignité humaine» et
du «respect d’autrui».
Spock:
une campagne de
la Commission
fédérale contre le
racisme (CFR) et
des partenairessociaux: Union
patronale suisse,
Union suisse
des arts et métiers (USAM),
Union syndicale
suisse (USS),
entre autres.
Publication
en français et en
italien.
E
Obtenir une autorisation de formation
pour
des
jeunes
qui arrivent généralement en
Suisse avec un permis de touriste est une course d’obstacles.
«Il est pratiquement impossible,
à cause de la réglementation fédérale, d’avoir
une autorisation pour des apprentis originaires
de l’hémisphère sud. «Dans le cas de Micheline,
une jeune Haïtienne, j’avais obtenu deux permis d’une année pour une formation complémentaire.» Il s’engage, de surcroît, à payer le
billet d’avion du retour. Pour Shabi, jeune Kosovar, arrivé en Suisse grâce au regroupement
familial, le boulanger a fait un recours contre
une décision cantonale auprès des autorités genevoises. Essuyant encore un refus, il s’est
adressé personnellement à un membre du gouvernement. Finalement le permis de travail a
été obtenu. «S’engager dans la voie des interventions volontaires demande beaucoup
d’énergie.»
Le but de ces apprentissages? «Que ces jeunes
repartent dans leur pays avec un savoir-faire et
contribuent à une avancée chez eux». Ainsi,
Jean-Claude Genecand a créé avec des amis une
association pour la création de boulangeries artisanales au Cameroun, au Chili, dans la Cordillère des Andes, et même dans une prison, à
Cochabamba, en Bolivie. Ce qui a permis à ce
Genevois de «traverser la gouille» (l’Atlantique)
pour la première fois. Autour de la table de la
cuisine, juste au-dessus de la boulangerie, JeanClaude Genecand, également président des
artisans boulangers de Genève, raconte encore
comment il a pris dans son atelier de boulangerie un garçon souffrant de troubles du comportement, qui poursuit son apprentissage. «C’est
un cadeau d’avoir pu y arriver.»
Trop modeste pour être fier de lui, mais heureux, le boulanger en conclut qu’avec une aide
psychologique, certaines jeunes, fragilisés,
pourraient mener à bien un apprentissage. «Je
suis peut-être un peu inconscient», rigole-t-il.