Le Matin - Art

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Le Matin - Art
62 CULTURE
LeMatinDimanche I 18 MARS 2012
Etre célibataire à
30 ans, c’est le pied
PASSAGE
DULIVRE
MICHEL AUDÉTAT
passagedulivre.lematin.ch
Régis Debray
soigne sa gauche
P
c A lire
«Rêverie de gauche», Régis
Debray, Flammarion, 102 p.
DR
MA
DÉCOUVERTE
FREDDY BUACHE
Critique, fondateur de la Cinémathèque
Peinture sociale de
la Russie moderne
N
é à Novossibirsk en 1964, Andreï Zviaguintsev
joue des pièces au lycée, puis s’installe à Moscou en 1983 où, six ans plus tard, il obtient son
diplôme dans une école de théâtre. Après divers travaux à la télévision, il aborde le tournage du «Retour» (Lion d’or à Venise en 2003). Ce grand
succès critique le désigne comme le nouveau représentant du
septième art russe (au lendemain de l’exil de Tarkovski et
alors que Sokourov est encore méconnu), définition que son
deuxième film («Le bannissement», 2006) confirme par son
utilisation du plan-séquence, une conception qui risquait,
néanmoins, de brouiller des indications du scénario, détail
mineur d’«Elena» (2011). L’organisation géométrique de
chaque scène peut, une fois encore, rompre le mouvement du
récit pour se diluer au fil d’un formalisme qui le réduit à quelque littéraire nouvelle à la Maupassant, incapable d’acquérir
une épaisseur proprement romanesque. Pourtant, le décor,
les éléments de la vie des personnages offrent un espace à la
routine de leurs évolutions: meubles, cuisine ultramoderne à
la ville, chaos de l’appartement campagnard et les tours de
centrales nucléaires qui barrent l’horizon suffisent mal à l’indication d’une société brisée par les événements.
Vladimir et Elena, sa garde-malade, se sont connus sur le
tard. Leur couple âgé tient à l’insouciance qui permet de ne
pas accepter les querelles autres que celles des ennuis domestiques. Pour le petit-déjeuner, elle tire volontiers une
autre tasse de café pour ce mari tranquille, et s’en va voir son
fils habitant la banlieue avec sa famille déglinguée: chômeur,
amateur de jeux vidéo et de football sur petit écran, celui-ci
attend la visite de sa mère qui lui apporte quelques roubles de
sa modeste pension. Ces rapports entre la bourgeoisie et la
misère sociale montrent une lutte des classes dont la violence
inapparente conduit à l’abandon de toute moralité. x
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Photos: DR
F
I www.lematin.ch I
rofitant de cette année Rousseau, où l’on commémore le tricentenaire de sa naissance, Régis
Debray met ses pas dans ceux du promeneur solitaire pour flâner à son tour en rêvant. Il publie
«Rêverie de gauche», petit livre mélancolique,
sarcastique et de prime abord intempestif. Car la gauche,
devenue «réaliste», semble avoir depuis longtemps noyé
ses rêves dans les «eaux glacées du calcul égoïste» (Marx).
En songeant à ce que la gauche fut naguère, Régis Debray
ne la reconnaît plus. Elle pensait la société divisée en
classes; elle cultive désormais ses réseaux. Elle avait des
militants; elle n’a plus que des supporters. Elle a aussi
remplacé le social par le sociétal, qui est beaucoup plus
tendance. Et le goût du peuple par la cause du people.
Ce qui se serait perdu dans l’aventure, c’est la verticalité
du temps. Le sens de la durée. La faculté des vivants à converser avec les morts. Régis Debray décrit une gauche qui,
le nez collé à l’éternel présent, oublierait qu’elle se situe
du côté de la «transmission» à travers le temps tandis que
la droite, «matérialiste et frétillante», serait plutôt du
côté de la «communication» à l’horizontale. Une partition des rôles qui se discute: la droite fut longtemps plus
conservatrice que «frétillante» alors que la gauche, souvent emportée par sa religion du Progrès, entendait moins
transmettre que faire table rase du passé.
Mais cela n’enlève rien au plaisir de cette déambulation
rêveuse qui réserve ses plus belles pages à une évocation
de l’historien Marc Bloch. Attristé de constater que Mitterrand fut «le dernier de nos chefs d’Etat qui savait sa
langue», Régis Debray manie la sienne avec une dextérité
éblouissante. Et on est donc surpris que ce brillant esprit à
la française, si attentif au soin du style, puisse négligemment lâcher à la page 11 ce «voire même» qui
est un horrible pléonasme… x
En 70 pages, ce récit dynamique aborde sans complexes tous les sujets liés à la vie en solo.
BD Cloé, l’héroïne de Laetitia
Laynier, rassure les filles
célibataires et montre le bon
côté de leur situation. Un guide
frais, rigolo, et plutôt juste…
Camille Destraz
«La vie à deux, c’est trois fois plus de
soucis, la vie toute seule, c’est trois
fois moins d’ennuis…», claironne
Cloé, héroïne de la bande dessinée
«Je suis célibataire et j’aime ça!».
Mignonne, pétillante, indépendante,
la jeune femme a fait du célibat un art
de vivre, et démontre par A + B que
vivre seule n’est de loin pas un enfer.
En septante pages, elle parvient à
rassurer ceux qui auraient peur de traverser cette étape un jour, à amuser
ceux qui sont à l’aise dans ce rôle, et
peut-être même à rendre jaloux
d’autres qui aimeraient sentir ce petit
souffle de liberté.
Des dimanches avec la belle-famille
au choix du film en passant par le fait de
partager les WC le matin ou de devoir
rendre des comptes après une virée
shopping, la BD nous rappelle tous ces
petits désagréments de la vie à deux
(pets sous la couette inclus). Et donne
évidemment pléthore d’exemples de
libertés jubilatoires que l’on s’accorde
volontiers quand on est seul: laisser le
tube de dentifrice ouvert, manger
n’importe quoi n’importe comment ou
omettre de faire le ménage…
Et puisque la rouquine héroïne
tient à son statut de «célibataire et
heureuse de l’être», elle n’hésite pas à
donner des tuyaux pour «éviter de se
faire draguer par des gros lourds»,
pour savoir «quel genre d’homme
fuir» et «éviter qu’il s’installe». Ce
dernier chapitre offre d’ailleurs quelques astuces pour le cas où on voudrait «qu’il revienne de temps en
temps» (des fois que l’on tomberait
sur une perle…). Réalisé par Jacky
Goupil (scénario) et Laetitia Aynié
(dessin), ce petit guide traite le sujet
de manière très positive. «Peut-être
pour rassurer ceux qui ont besoin de
l’être, explique le scénariste, mais il y
a aussi de nombreuses célibataires qui
sont heureuses de l’être et qui ne vivraient en couple pour rien au monde.
Ce sont celles-là qui disent «je suis
célibataire et j’aime ça» et elles n’ont
pas besoin d’être rassurées!»
Inspiré par quelques personnes de
son entourage et par «tout ce que l’on
peut lire sur le sujet», l’auteur n’a
oublié aucun détail, et a bien sûr
poussé le bouchon pour ajouter du
comique à chaque situation. La dessinatrice, de son côté, n’a eu aucune
peine à se calquer sur ce phénomène:
«J’ai un peu l’âge de Cloé, et j’ai des
amies qui me racontent leurs histoires. Mais ce n’est pas moi!»
Dans un esprit Hélène Bruller
(«Hélène Bruller est une vraie salope») en plus soft, le récit est dynamique et aborde tout sans complexes.
Y compris la vie sexuelle de la célibataire, tantôt trépidante, tantôt d’une
platitude désespérante («Sextoy,
toujours disponible, ne râle jamais!»).
Ce guide a le mérite de représenter
un vrai phénomène de société. «Les
célibataires sont, paraît-il, de plus
en plus nombreux, souligne Jacky
Goupil. Dans un monde soi-disant
d’ultracommunication, les gens sont
finalement de plus en plus isolés et
ont sans doute de plus en plus de mal à
vivre ensemble.» Ce manuel risque
donc d’en faire rire plus d’une x
c A lire
«Je suis célibataire
et j’aime ça! - Les guides
au féminin», Goupil et
Laetitia Aynié, Ed. Vents
d’Ouest. En librairie.
«Parisian (only)», exposition
de Laetitia Aynié, jusqu’au
20 avril, Galerie APCd,
Fribourg.
BOX-OFFICE
EN SUISSE
LES DVD
QUI CARTONNENT
LES FILMS
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DU 29.2 AU 6.3
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La Dame de Fer
Devil Inside
The Artist
Cheval de guerre
Sécurité rapprochée
Le territoire des loups
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Extrêmement fort et incroyablement près
Monsieur Lazhar
sem.
entrées
cumul.
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2
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4921
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4356
3766
3644
2843
2839
2834
2495
14 251
27 943
4513
60 031
12 580
10 171
2843
493 388
2834
22 124
«LES INFIDÈLES»
DR
Collectif
Vous reprendrez bien une
petite tranche de Jean Dujardin… Après les césar et oscar
qu’il a reçus pour «The Artist», revoilà l’acteur français
le plus bankable du moment
dans un rôle de mauvais garçon qui collectionne les conquêtes d’un soir. Avec plus de
14000 entrées dès sa sortie, le
film démarre en beauté.
TOUS GENRES CONFONDUS
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JEUNESSE
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Tin et le secret de la Licorne
Un monstre à Paris
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Tintin - L’intégrale Blu-ray
SÉRIES TV
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Game of Thrones - Saison 1
Les frères Scott - Saison 8
How I Met Your Mother - Saison 6
Bref - Saison 1, vol. 1
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