Ceci est un vote blanc. - Ecole de Journalisme de Toulouse

Transcription

Ceci est un vote blanc. - Ecole de Journalisme de Toulouse
Le Toulousain
Mercredi
9 décembre 2015
N°61 - Ne peut être vendu
Le citoyen invisible
i
c
Ce
n
u
t
s
e
Où en est la loi
Léonetti?
P.4
Dix ans après une
première loi qui régit
la fin de vie en France,
Jean Léonetti fait le
bilan. Un nouveau
texte doit encore être
examiné par le Sénat
avant d’être promulgué.
.
c
n
a
l
b
e
t
o
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On a rencontré
Tupac...
P.8
Le plus légendaire des rappeurs américains
a rencontré François, notre spécialiste
culture pour un entretien sur la sortie du
nouveau film du chanteur Orelsan.
En grand admirateur du rappeur français,
Tupac Shakur n’hésite pas à revenir sur la
carrière d’Orelsan et fait part de ses attentes
avant à la sortie du court métrage « Comment c’est loin ».
Edito
Suffrages
50,09%. C’est le pourcentage
d’abstention pour les régionales
au premier tour. Autrement dit,
un électeur sur deux est allé
voter. Le manque d’implication
des Français pour des élections
est de plus en plus visible
même si les présidentielles et
les municipales restent, plus
ou moins,« plébiscitées ». Les
bureaux de vote sont désertés.
Mais qui dans son entourage n’a
pas entendu, au moins une fois,
«je n’ai pas envie d’aller voter»
ou «ça sert à rien». Il y a donc
ceux qui ne se déplacent pas, par
dépolitisation ou même par rejet
de la classe politique. Et puis,
il y a ceux qui votent blanc. Un
vote blanc significatif. Un vote
qui manifeste le désaccord avec
les différentes propositions des
politiques. Un vote qui informe
une volonté de changement. Vite.
Et pourtant, un vote qui n’est
toujours pas comptabilisé comme
suffrage exprimé. Si la distinction
entre vote blanc et abstention
doit effectivement être établie,
tout est lié. A quoi bon se
déplacer si le choix fait n’est pas
pris en compte ?
Pékin, capitale
polluée
P.7
Hier, la capitale
chinoise s’est retrouvée en alerte maximale
«pollution» à la suite
d’un taux de particules
fines trop élevé.
Une situation plutôt
fâcheuse pour la Chine
à l’heure de la COP 21.
2
I Régionales I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
Et si les absentionnistes votaient blanc ?
2,39% des votants, soit 526 595 personnes, ont voté
blanc lors du premier tour des élections régionales.
Une bonne occasion de rappeler le statut juridique de ce
bulletin, et son intérêt politique.
C
’est pourtant simple. Le
vote blanc n’est pas pris en
compte. Enfin si, il l’est. Il
l’est depuis la loi du 21 février 2014
visant à reconnaître le vote blanc
aux élections. La dite loi prévoit
dans son article 1 que « les bulletins
blancs sont décomptés séparément
et annexés au procès-verbal ». Sauf
que : « Ils n’entrent pas en compte
pour la détermination des suffrages
exprimés ». Le vote blanc est donc
reconnu dans la loi, pas dans les
faits.
C’est « la fausse loi sur le vote blanc »,
comme l’appelle Stéphane Guyot,
président fondateur de l’association « Citoyens du vote blanc ».
Elle permet une avancée réelle mais
ne fait pas pour autant progresser un vote trop souvent associé
à l’abstention. « Nous, on veut faire
en sorte que le vote blanc soit reconnu
comme un suffrage exprimé, qu’il ait
un impact sur les élections », appuie
Stéphane Guyot. Un objectif forcément contrariant pour les politiques puisque il aurait le potentiel
pour fragiliser les élections. Une
fébrilité dénoncée par le président
des Citoyens du vote blanc : « La
loi est faite par ceux qui en profitent.
Et en l’occurence, par ceux qui la craignent. »
Le vote blanc comme
candidat du rejet
Lors du premier tour des régionales, le taux d’abstention s’est établi
à 50,09%. « Mais ceux qui votent le
font par défaut, par rejet des autres
candidats. Faire reconnaître le vote
blanc permettrait d’apporter de la
clarté », déclare malicieusement le
potentiel futur « candidat blanc » à
l’élection présidentielle de 2017.
Aujourd’hui les citoyens ont pourtant le choix entre une petite dizaine de candidats lorsqu’ils se
rendent aux urnes. Une offre im-
portante à défaut d’être de qualité ?
L’argument semble autant recevable qu’hypocrite. En attendant,
le taux d’abstention continue de
rattraper celui de la participation.
Et si le premier tour de dimanche
dernier marque une légère inflexion
du « parti des abstentionnistes »,
il est difficile d’ignorer l’influence
des événements dramatiques de
la capitale sur la mobilisation des
citoyens. « Le vote blanc cristalliserait le rejet, il permettrait de faire
baisser l’abstention et le vote sanction », assure Stéphane Guyot. Car
pour l’instant, le rejet du système
politique de manière générale reste
difficilement quantifiable. Combien de personnes votent nul avec
une vraie conscience citoyenne ?
Combien de personnes ne votent
pas pour marquer leur désaccord
avec le comportement global de
tous leurs représentants ? Combien
de personnes votent pour les extrêmes, de gauche ou de droite, pour
sanctionner le parti au pouvoir ?
« Le vote nul est la retranscription
d’une erreur qui n’est pas forcément
volontaire. Ceux qui ne vont pas voter
peuvent avoir des raisons tout à fait
valables. Le vote blanc serait clairement le vote de ceux qui ne sont pas
d’accord », précise Stéphane Guyot.
« Le but du vote blanc est de rester à
un niveau très faible. Il va agir comme
une épée de Damoclès. »
Améliorer l’offre politique
S’il est enfin reconnu, le vote blanc
devrait permettre d’invalider une
élection « s’il obtient 50% des voix »,
explique le président des Citoyens
du vote blanc. Dans ce cas, une
autre élection devrait être organisée, et l’offre politique renouvelée.
Stéphane et ses citoyens veulent
donc, par cette reconnaissance,
« améliorer l’offre politique ». Faire
en sorte que ce soit elle qui s’adapte
À défaut de bulletins blancs dans les bureaux de vote, les électeurs sont contraints de glisser une enveloppe vide dans l’urne, pour valider leur vote blanc. © AFP
aux citoyens, et non l’inverse.
Convaincu par leur combat, les citoyens du vote blanc se préparent
doucement mais sûrement pour la
prochaine élection présidentielle :
« Il y aura un “candidat blanc“ en
2017 », promet Stéphane Guyot.
Ce sera lui, déjà en contact avec les
élus pour tenter d’obtenir les 500
parrainages. Il espère être accompagné dans sa quête de légitimité
électorale par 200 candidats aux
législatives.
Le programme semble ambitieux
pour cette petite association de
4 000 membres. Et pourtant, en
2014, dans son classement des
recherches les plus effectuées par
les internautes français, la question « comment voter blanc ? » arrivait première dans la catégorie
des questions qui commencent
par « comment ». De même, en
septembre 2014, un sondage Ifop
pour Synopia (think tank français
dont les travaux visent à améliorer
la gouvernance des institutions
publiques et privées, en France et
en Europe), annonçait que 85% des
des personnes interrogées exprimaient le souhait que le vote blanc
soit considéré comme un suffrage
exprimé. Par ailleurs, 26 % vote-
raient blanc au premier tour de
l’élection présidentielle si le vote
blanc était reconnu comme tel.
Boris Teillet
Chez eux, le vote blanc peut être roi
Il faut se rendre en Amérique latine
pour trouver une approche signifiante du vote blanc. Les systèmes
législatifs de Colombie et du Pérou
en ont fait un outil d’expression
de dissension. Contrairement à la
France, la Colombie comptabilise
le vote blanc comme « valide ». Si
les bulletins blancs obtiennent la
majorité absolue à l’issue d’une
élection uninominale majoritaire,
celle-ci est annulée. Il faut alors revoter mais les candidats ne peuvent
se représenter. C’est ce qui s’est
passé en 2011 lors des élections
municipales de Bello (environ 400
000 habitants). L’unique candidat avait été écrasé par 57 % de
votes blancs. Six nouveaux candidats s’étaient ensuite opposés lors
d’un second vote. Si le vote blanc
avait de nouveau été majoritaire,
le vainqueur aurait été le candidat
avec le plus de votes « valides ». La
législation Péruvienne prévoit une
mesure analogue. Votes blancs et
votes nuls sont additionnés. S’ils
représentent plus des deux tiers
des votes « valides », l’élection est
déclarée nulle. Les constitutions de
ces deux pays donnent ainsi à leurs
citoyens un ultime recours face à
une offre politique insuffisante.
Adrien Serrière
« Le vote blanc, c’est de la fainéantise »
Pour Eric Dupin, journaliste politique, essayiste et collaborateur au Monde Diplomatique et à Slate, la reconnaissance du vote blanc ne règle
aucun des problèmes politiques actuels mais vient, au contraire affaiblir, le pouvoir même du vote.
Si le vote blanc avait un statut juridique, les résultats du premier
tour des Régionales auraient-ils
été différents ?
Non, cela n’aurait absolument rien
changé. L’insatisfaction du corps
électoral actuel ne se manifeste
par le vote blanc mais par l’abstention et le choix des extrêmes. C’est
d’ailleurs cette abstention, plus que
les « blancs et nuls » qui a progressé
au cours des dernières décennies.
De plus, les électeurs mécontents
préfèrent souvent affubler leurs
bulletins de mentions vengeresses ou de propos peu amènes pour
exprimer leur douloureux ressenti
politique. C’est alors une source
précieuse d’information alors que
le bulletin de pureté virginale ex-
prime une contestation de basse
intensité qui reste énigmatique.
Mais si le vote blanc était reconnu, cela ne ramènerait-il pas une
partie des abstentionnistes et
des insatisfaits aux urnes ?
C’est le résultat d’un raisonnement élitiste que de penser cela.
On oppose parfois à l’abstentionniste coupable de se soustraire à
son devoir électoral, le courageux
citoyen qui prend la peine de se
rendre au bureau de vote afin de
manifester son civisme contestataire. Mais le vote blanc, c’est de la
fainéantise. C’est un bout de papier
qui dispenserait de la corvée de
choisir entre les candidats, de lire
leurs programmes soporifiques,
de soupeser leurs turpitudes, de
les écouter se contredire. Un rectangle magique qui vous donnerait
la garantie absolue de ne jamais
regretter votre vote. L’idéal n’existe
pas en politique et de ne pas trouver chaussure à son pied, ou s’en
rapprocher, c’est ne rien connaître
à la politique.
La reconnaissance du vote blanc
fait-elle prendre un risque dont
on ne connaît pas les conséquences ?
Elle porterait en tout cas un coup
à la légitimité symbolique du vote.
Compter les votes blancs d’un côté
et les nuls de l’autre, affaibli clairement le pouvoir du vote en luimême. Par exemple, François Hol-
lande n’aurait pu être élu Président
de la République en 2012 puisqu’il
n’avait été choisi que par 48,6% des
votants (suffrages exprimés plus
blancs et nuls). Même résultat pour
Jacques Chirac en 1995 (49,5%).
Rappelons que l’article 7 de la
Constitution dispose que « le Président de la République est élu à
la majorité absolue des suffrages
exprimés ». Mais changer la règle
serait briser l’épreuve symbolique
du franchissement de la barre des
50% des suffrages exprimés, intimement liée au sacre du suffrage
universel.
Julie L’Hostis
Eric Dupin. © DR
I Régionales-Justice I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
3
Face au FN, les états d’urgence
En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, comme dans cinq autres régions, le Front National est arrivé en tête au premier tour. Lors de cet entredeux tours, face au parti lepéniste, le Parti socialiste et Les Républicains cherchent à adopter la meilleure stratégie possible. Ou la moins pire.
L
e maintien pour Les Républicains, le retrait pour le Parti
socialiste. LR et PS adoptent
deux stratégies différentes face au
Front national. Le parti de Nicolas
Sarkozy appelle ses candidats à se
maintenir au second tour. Pas de
retrait de liste, ni de fusion avec la
gauche ou d’appel à voter pour le
PS. Autre vision à gauche. « Dans
les régions à risque Front national où
la gauche ne devance pas la droite, le
Parti socialiste décide de faire barrage
républicain », annonce Jean-Cristophe Cambadélis, premier secrétaire
du PS. Résultat, le PS ne siègera
pas pendant cinq ans dans les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie
et Paca.
Faire barrage au FN
« Ces stratégies sont plurielles et ne
font pas consensus, annonce Alexandre Dézé, maître de conférences en
science politique à l’Université Montpellier 1. Le PS veut principalement
faire échec au FN, alors que la droite
ne veut pas plier face à ses objectifs
initiaux. » L’union LR-UDI-MoDem
veut garder la face. Montrer que
l’opposition ne s’incarne pas exclusivement dans le Front national.
Le parti LR compte rester présent
au sein des régions, pour peser de
l’intérieur en cas de victoire du FN
dans une région.
En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP), le frontiste Louis
Aliot arrive en tête (31,83 %).
Obligeant les partis de gouvernement à adapter leurs positions. Le
PS, arrivé en deuxième position
Carole Delga et Gérard Onesta, lors d’une conférence de presse d’entre deux-tours. © Olivier Levrault
(24,41 %), n’a pas à se retirer. Pour
faire barrage au FN, Carole Delga
choisit la fusion avec la liste de l’écologiste Gérard Onesta (10,26 %).
L’ancienne ministre pourra également profiter du report des votes de Philippe Saurel (5%). Bien
que le dissident socialiste, maire
de Montpellier, n’ait pas donné
de consignes de vote, il appelle à
« s’opposer au FN ».
Aucune bonne stratégie
Le candidat LR Dominique Reynié
doit, quant à lui, respecter la consigne nationale de son parti. Malgré
sa troisième place (18,84 %), le politologue se maintient donc pour
une triangulaire. Un second tour
qui s’annonce compliqué pour ce
novice de la politique électorale,
tout comme l’a été sa campagne.
Maintien, retrait, alliance. Aucune
de ces stratégies n’apparaît idéale
face au Front national. Car elles
répondent à l’urgence de la situation. Il convient, pour les partis
de gouvernement, d’élaborer une
Faits divers
Hier après-midi, deux affaires étaient jugées au Palais de Justice de Toulouse.
Compte-rendu des audiences.
Photo d’illustration. © Victor Miget
« J’étais pas là »
L’homme debout au banc des accusés est parfaitement calme et
regarde partout dans la salle alors
que la juge égrène : « Vous êtes accusé
d’avoir jeté une pierre sur une vitre de
voiture, cassé une vitre arrière, brisé
un pare-brise, cabossé un véhicule,
cassé un rétroviseur, un autre parebrise, la vitre d’un restaurant avec une
pierre avant de briser le cadenas d’un
vélo et de le voler ». Aucune réaction.
La juge rappelle au prévenu qu’il
a été reconnu formellement par
plusieurs témoins et qu’il a tout nié
au moment de son interpellation.
« Vous niez toujours les faits ? » - «
Euh... non » - « Ah ! Vous reconnaissez
les faits ! » - « Euh… non j’étais pas là
». Après avoir parlé d’une rupture
amoureuse difficile et promis d’arrêter de « jeter des pierres », il écope
de six mois de prison avec sursis,
deux ans de mise à l’épreuve et le
remboursement des dégâts occasionnés par sa « petite crise ».
Dénigrement
Accusé de harcèlement envers son
ex-femme, un prévenu comparaît
libre. Devant le juge, il grommèle
des sons inaudibles à chaque détail
du catalogue de ses actes auprès
de son ex-épouse. « Vous rentrez
sur le parking de son lieu de travail
pour relever sa plaque d’immatriculation » - « HUN ! » Cette fois le son
est fort, et l’attitude ostentatoire.
Le juge lui jette un long regard glacial, l’homme baisse la tête et cesse
les bruits, le juge reprend. « Vous
êtes allé voir son employeur avec un
dossier sur elle en lui disant « Vous
devez savoir qui vous avez embauché
», c’était pour la dénigrer ? » - « Je…
je… je… si vous voulez… je ne l’ai jamais… je… » - « Pour quelqu’un qui
travaille dans la communication, il y a
comme un problème là ! » Le prévenu
se raidit et lève la main droite : « Je
prends l’engagement solennel de tout
arrêter ! » - «…Bon euh oui on va en
discuter. » Trois mois de sursis et
deux ans de mise à l’épreuve.
Hugo Cisterne
vision politique globale, dépassant
ce moment électoral. Dépassant
également la récupération des thèmes récurrents du Front national,
attitude qui a renforcé le parti d’extrême-droite ces dernières années.
Adepte de cette stratégie, Nicolas
Sarkozy, président des Républicains, va-t-il changer son fusil
d’épaule ? Il a, en tout cas, d’ores
et déjà affirmé qu’ « il y aura un débat
à ouvrir » sur la ligne idéologique du
parti d’opposition de droite.
Olivier Levrault
En bref
Deux nouvelles interpellations par la DGSI
Les hommes de la DGSI ont interpellé à Albi, vers 9h30 du
matin deux personnes dans le cadre d’une enquête pour
radicalisation. Originaire de Tchétchènie le couple a été placé
en garde-à-vue et leur domicile a été perquisitionné par les
enquêteurs. Ces arrestations pourraient avoir un lien avec une
opération menée en février 2015 dans le Tarn. A l’époque huit
personnes d’originaires Tchétchènes avaient été arrêtées.
Cachez cette exposition que
l’on ne saurait voir
Une oeuvre d’Olivier Ciappa vandalisée. © DR
Les clichés d’Olivier Ciappa, qui avaient été vandalisés le weekend dernier à Toulouse, ont été volés hier. C’est ce qu’indique
l’artiste sur son compte Facebook. «La première fois, ils ont
voulu montrer leur mécontentement. La deuxième fois, ils ont
carrément décidé de faire disparaître l’expo pour qu’aucun passant toulousain ne puisse la voir » écrit-il. Le photographe avait
décidé de garder exposer les clichés saccagés. Les panneaux
installés la veille par la mairie pour afficher les nouvelles photographies ont également été dérobées. Déjà le matin, le photographe avait fait parler de lui sur les réseaux sociaux suite à
une altercation avec la présidente du parti Chrétien démocrate
Christine Boutin. Olivier Ciappa avait interpellé la politique sur
la dévastation de ses oeuvres par de jeunes catholiques. Un
tweet choc sorti de nulle part, que la politique n’a pas apprécié
et interprété comme il fallait.
4
I Société I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
Jean Leonetti : « On meurt mal en France »
Dix ans après une première loi qui porte son nom, Jean Leonetti revient sur la nouvelle loi qu’il a rédigée avec Alain Clays. Adoptée
courant 2015, elle régit la fin de vie en France et doit encore être examinée par le Sénat, avant d’être validée.
Pourriez-vous présenter les
avancées de cette nouvelle loi
par rapport à celle de 2005 ?
Marisole Tourraine a annoncé
début décembre un plan
de soutien de 190 millions
d’euros sur trois ans en ce sens.
Est-ce suffisant ?
La loi de 2005 était mal connue,
mal appliquée. C’est ce que
confirment
deux
rapports,
celui de Didier Sicard et celui
du Comité consultatif national
éthique qui montrent que l’on
meurt encore mal en France.
Ils préconisaient de travailler
sur les directives anticipées qui
existent depuis 2005 mais qui
sont rendues contraignantes avec
cette nouvelle loi et la sédation
en phase terminale. C’est le point
phare. Aujourd’hui, cette sédation
est un droit de tout citoyen alors
qu’elle n’était qu’une décision
médicale auparavant.
Vous aviez répondu à Marisol
Tourraine qui disait que la loi
de mars 2015 n’était qu’une
étape vers une autre, en
affirmant : « Je ne considère
pas qu’il y a une évolution
inéluctable vers l’euthanasie
ou le suicide assisté. » Certains
critiquent votre loi car elle va
trop loin. D’autres, car elle
ne va pas assez loin. Pensezvous que cette loi soit parfaite
à l’heure actuelle ?
Il n’y a pas de loi parfaite. Ca
serait extrêmement dangereux
d’imaginer sur des diversités de
situations qui vont du nouveau-né
au vieillard, de faire une loi qui règle
tous les cas de manière définitive.
Cette loi est probablement une
étape. Une loi n’est pas figée
dans le marbre. Mais je pense
qu’aller vers l’euthanasie est une
régression. La loi évolue toujours
mais pas inéluctablement vers le
fait de donner la mort qui est une
transgression importante dans les
C’est tardif mais c’est bien.
Lorsqu’Alain Clays et moi-même
avons remis le rapport au président
de la République, on a dit que cette
loi n’aurait de l’impact que s’il y
avait deux préalables majeurs :
la formation de l’ensemble des
soignants et la reprise d’un plan
de développement des soins
palliatifs, interrompu en 2012.
Je me réjouis qu’ils reprennent le
plan de 2012, même si on a perdu
trois ans.
Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie 2005 et 2015. © Lucie Coquart
fondamentaux constitutionnels,
dont celui au droit à la vie.
Vous dénoncez l’euthanasie
clandestine en Belgique qui a
légalisé ce procédé. Pourtant,
d’après l’Ined*, 48% des décès
en France feraient suite à une
décision médicale qui a pu hâter
la mort du patient. Mais dans
seulement 0,8% des cas, les
médicaments ont été donnés
volontairement pour mettre
fin à la vie. Cela veut dire que
l’euthanasie illégale est déjà
très présente en France ?
Tout dépend de ce qu’on appelle
l’euthanasie. Effectivement,
une personne sur deux meurt
par limitation ou arrêt des
traitements, mais c’est la loi de
2005. Il est normal et raisonnable
de ne pas s’obstiner à faire de
l’acharnement
thérapeutique.
Si on regarde l’euthanasie telle
qu’elle est définie, dans 0,4 à 0,6%
des cas en France, un médicament
est là pour hâter la mort. Mais en
Belgique, le chiffre monte à 1,8%,
ce qui montre que légaliser une
pratique transgressive entraîne la
transgression en sortant du cadre
défini de la loi.
Vous pointez souvent le manque
de soins palliatifs en France et
préconisez leur développement.
actuelle n’est pas bien connue. Je
n’ai pas vu de fronde.
Que répondez-vous à ceux qui
affirment que la mort relève
du domaine de l’intime et qu’il
serait dangereux d’y apporter
une réponse juridique ?
Ils ont raison. Cette loi doit être
une loi cadre mais elle ne doit
pas aller dans le fond du détail ni
dans la précision. La mort est un
problème de société mais elle est
aussi intime donc il faut faire en
sorte que ce problème de société
puisse s’appliquer au cas par cas.
La loi est une démarche plutôt
qu’une réponse stéréotypée.
Alain Aubry, l’ancien président
de l’Observatoire sur la fin
de vie, milite pour une culture
palliative, encore trop peu
présente en France.
La nouvelle loi a renforcé le rôle
des directives anticipées. Sontelles assez efficaces sachant
qu’à l’heure actuelle seuls
2% des gens les écrivent ?
Il a raison. Nous avons
tous le même droit à cet
accompagnement, cette nonsouffrance, ce non-acharnement
thérapeutique. C’est ça, la culture
palliative et elle devrait être
largement diffusée, notamment
au près des soignants.
Il y a deux raisons à cette faiblesse.
Elles n’étaient pas contraignantes.
Et elles étaient écrites sur papier
libre sans qu’il n’y ait aucun
modèle. Mais l’objectif n’est pas
que tout le monde les rédige, c’est
une liberté.
Est-ce que la France est
prête,
culturellement
et
religieusement, à avoir une loi
sur la fin de la vie et la mort ?
Elle est d’autant plus prête que la
loi de 2005 n’a été contestée ni
par les religions monothéistes ni
par les courants de pensée laïque.
Elle a été plutôt bien acceptée
par la population et adoptée à
l’unanimité au Parlement. L’idée
de mourir de manière apaisée et
sans douleur a conquis l’ensemble
de la population même si la loi
Mais une directive anticipée
aurait pu aider dans l’affaire
de Vincent Lambert ?
Vous avez parfaitement raison, si
la directive anticipée de Vincent
Lambert avait été écrite plutôt
qu’orale, on aurait eu un argument
fort pour trancher dans un conflit
familial dramatique.
(*l’Institut national des études
démographiques)
Propos recueillis par
Zhifan Liu
La loi sur la fin de vie en France... déjà dix ans
Accompagner le malade à la fin
de sa vie grâce au développement
des soins palliatifs, tel est le but
de la loi relative aux droits des
malades et à la fin de la vie, dite
loi Leonetti.
Le 12 avril 2005, Jean Leonetti,
député-maire UMP d’Antibes,
propose cette loi au Parlement.
Promulguée dix jours plus tard,
cette loi condamne « l’obstination
déraisonnable » du corps médical,
et la « prolongation artificielle
de la vie » du patient, lorsque
celui-ci est en fin de vie, tout en
condamnant l’euthanasie active,
soit l’injection d’un produit létal
au malade.
La loi autorise l’euthanasie
passive, la « sédation profonde
et continue jusqu’à la fin de vie »,
destinée à éviter des souffrances
supplémentaires au patient.
La sédation n’est possible
qu’avec l’accord du malade, qui
l’aurait émis dans des directives
anticipées, soit avec l’avis d’une
personne de confiance. La
décision est ensuite prise de
façon collégiale, regroupant le
corps médical, la famille et la
personne de confiance si elle n’en
est pas membre.
Former les jeunes médecins
Si l’accompagnement du malade
en fin de vie grâce aux soins
palliatifs est une solution
pour lui permettre de « mourir
dignement », elle est pourtant
« Combat pour mourir dans la dignité ». © Stéphanie Para (Le Berry républicain)
méconnue. D’abord par le grand
public, mais surtout par le corps
médical. « Seulement huit heures
de cours sur la fin de vie en dix ans
d’études », souligne Valérie Révol,
présidente de l’association pour
le développement des soins
palliatifs, pour qui « la fin de vie
doit entrer dans les programmes
des étudiants ».
Le professeur Régis Aubry, ancien
président de l’Observatoire de la
fin de vie, rappelle que les soins
palliatifs sont récents et que « les
médecins de demain n’y sont pas
préparés ».
Ils savent guérir, mais ils doivent
apprendre désormais à « guérir
sans maintenir en vie ». C’est
dans ce sens que la ministre
de la Santé, Marisol Touraine,
a dévoilé, début décembre, un
plan national sur trois ans, pour
le développement des soins
palliatifs et l’accompagnement
en fin de vie.
Lucie Coquart
I Local I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
La science au comptoir
Sortir la science des laboratoires et la partager avec le grand public au travers
des événements informels. Tel est l’enjeu des Cafés des sciences.
5
Du sens pour nos achats
L’allée Jules-Guesdes accueille, depuis le 5 décembre,
le marché de Noël artisanal et solidaire. Un marché
alternatif à celui proposé place du Capitole.
tous : les anecdotes se mêlent
aux photos, les termes et chiffres
sont expliqués simplement. Son
objectif : démontrer comment
les particules fines sont oubliées
des débats, alors qu’une lutte
contre le CO2, « grande star »,
peut avoir des co-bénéfices.
Ambiance studieuse autour de scientifiques aux spécialités variées. © Lucas Simonnet
C
onfortablement installé
dans votre fauteuil en
cuir, vous sirotez un thé
venu d’Inde, qui vous réchauffe
autant que le fondant au chocolat
dans votre assiette.
Si le goût et l’odorat sont
comblés, votre regard se
concentre, quant à lui, sur
des graphiques, représentant
l’échantillonnage de particules
calculées en microgrammes
par mètre cube d’air, ou la
représentation schématique du
graphène.
Les
mots
« carbone-suie »,
« biogéochimie » ou encore
« PM2,5 » sont fréquents. Mais
tout cela, vous le comprenez,
et vous y trouvez même un réel
intérêt. Car la présentation du
scientifique est suivie d’une
discussion, libre et enjouée.
« L’Observatoire de Midi-Pyrénées
a créé cette année les Cafés des
sciences pour pouvoir aborder des
thématiques liées à la COP 21.
C’est un moyen d’amener la science
au cœur de la ville, d’engager la
discussion avec les citoyens autour
d’un format pédagogique », précise
Sylvie Etcheverry, chargée de
communication de l’institution.
« Nous sommes relativement
contents du résultat : malgré
une visibilité limitée, entre 25 et
30 personnes se sont rendues à
chaque édition mensuelle. L’année
prochaine, l’ambition sera de coller
à l’actualité. »
Si l’Observatoire coordonne les
thèmes et les intervenants, c’est
à ces derniers que la réussite
de la soirée revient. Benjamin
Guinot, chercheur au CNRS,
a animé lundi 7 décembre le
dernier Café des sciences de
l’année, une bière à la main, le
laser dans l’autre. En 2006, son
voyage à vélo de Paris à Pékin
lui a permis de se rendre compte
de la réalité des particules
fines et du carbone-suie. Sa
démarche se veut accessible à
Un lieu qui s’y prête
L’initiative des Cafés ne peut
être que profitable selon lui : « Je
suis très favorable à ce genre de
rendez-vous. Pour nous chercheurs,
c’est un exercice très intéressant
où l’on se fait un peu bousculer :
soit parce qu’il s’agit de vulgariser
un vocabulaire technique et précis,
soit parce qu’il nous oblige à sortir
du format académique, ou encore
parce que le public peut faire
preuve de bons sens et de questions
désarmantes. »
Si l’ambiance est autant
détendue, c’est en partie dû au
lieu qui accueille la conférence.
Avec une baie vitrée offrant une
magnifique vue sur la basilique
Saint-Sernin, le café Aux délices
de Saturnin est un havre de paix,
propice à la réflexion. Stéphane
Messan, son gérant, raconte :
« Nous accueillions déjà des Cafés
de l’Histoire, des Cafés psychologie,
alors pour varier les ambiances et
toucher des publics différents, nous
avons accepté d’accueillir les Cafés
des sciences. »
Un vrai engagement, qui soulève
néanmoins quelques questions
pratiques : « L’entrée est gratuite
et ouverte à tous mais il nous
a fallu investir dans un écran,
un rétroprojecteur, repousser la
fermeture… Si culturellement,
nous sommes gagnants, cela a
quand même un coût. Donc, pour
compenser, nous demandons une
consommation obligatoire. »
Lucas Simonnet
Le marché de Noël, artisanal et solidaire, allée Jules-Guesdes. © Clarisse Watue
À l’entrée du marché, des jeux de
société en bois sont entreposés
sur une table installée devant un
petit chalet. Tous sont construits
à partir de matériaux recyclés
domestiques : « des palettes de
lit, des manches de pioche, des
tringles de rideau », précise Anaïs
Marquet, à la tête de l’atelier
« Jeux 2 mains ». « On remet à
jour d’anciens jeux d’Amérique du
Sud, de Corée, explique-t-elle,
comme le Puluc par exemple ».
L’objectif de « Jeux 2 mains »,
ajoute-t-elle : « Redonner aux gens
le goût de jouer en famille, de créer
du lien social ».
À une centaine de pas de là,
sous une toile de tente, des
pots de confiture sont empilés
sur une étagère. Avec ceux-ci :
des biscuits, des meringues
multicolores
soigneusement
emballées dans des pochettes
surprises. Derrière son comptoir,
Véronique Loze, la cinquantaine,
d’origine ariégeoise, déclare
fièrement : « Tout ce qu’il y a sous
cette tente, est préparé par nos
soins, et tout est bio, naturel et
surtout fait-main. »
Promouvoir
l’artisanat
et
l’économie sociale et solidaire,
c’est tout l’objectif de ce marché
lancé il y a quelques années
par la Mairie de Toulouse en
collaboration avec l’association
« Alternatif ».
Nathalie Despas, à la tête de cette
association, déclare clairement :
« On avait envie de monter une
alternative au marché de Noël du
Capitole, avant d’ajouter, nous
avons organisé les choses de façon
à créer une ambiance conviviale,
où les gens peuvent acheter des
produits de qualité, où ils viennent
passer un bon moment.
« Le message qu’on souhaite
véhiculer au travers cet événement,
précise Nathalie Despas, c’est
de se tourner vers une économie
responsable,
de
consommer
autrement ou, en tout cas, de
donner du sens à ce que l’on achète,
à ce que l’on fait. »
La clientèle, quant à elle, a
compris le concept de ce marché.
Cylène, habite le quartier et
est venue flâner au milieu des
stands en compagnie de sa
fille, toute souriante : « J’adhère
complètement au concept de ce
marché, mais personnellement, la
qualité n’est pas au rendez-vous »,
regrette-t-elle.
Clarisse Watue
Drôle de commerce
Fini de jouer sur la qualité, pas d’obsolescence programmée
23 rue des Filatiers, chez « Le Petit
Tom », les couleurs sont vives.
Des pantins bougent de bas en
haut, dans des cliquetis de bouts
de bois qui s’entrechoquent. Les
clients trop grands se cognent aux
articles suspendus.
La petite surface de la boutique
est imprégnée de cette odeur
si particulière des jeux en bois
vernis. Surtout qu’ici, ils sont
tous à l’air libre, aucun emballage
plastifié, tout est à portée de
main, posé çà et là. Pas de rayons
impersonnels, proposant le même
article enfermé dans son carton.
Douze ans que leur magasin est
ouvert. Douze ans que Gérard
Mistrai et son fils Thomas
vendent des jouets « qui ont
fait leurs preuves ». Puristes, ils
revendiquent leur qualité. Cubes,
Pinocchio, bateaux, le bois règne
en maître. Le fruit d’artisans,
allemands pour la plupart.
Quelques Français aussi. En
Bretagne, en Auvergne et dans le
Jura.
Un déclin de la créativité
Leur bête noire, c’est l’industrie du
jouet, qui, d’après Gérard Misrai,
est purement et simplement
gangrenée par l’obsolescence
programmée. « Les techniciens
doivent justifier leur travail, donc ils
produisent des jouets destinés à se
casser, explique-t-il. Regardez après
Noël, les poubelles sont pleines de
jouets en plastique. »
Gérard extrapole. À ses yeux,
l’industrie du jouet aurait sa
part de responsabilité dans la
difficulté des enfants face aux
tâches manuelles. « Les nouveaux
jouets, les tablettes numériques, le
virtuel, ça développe le cerveau d’une
certaine manière. Mais maintenant
ils ne sont plus du tout créatifs. »
Leurs produits sont des répliques
d’anciens modèles, parfois vieux
de cinquante ans, qui sont
toujours fabriqués, la rançon du
succès.
Victor Miget
Demain, la rubrique « Drôle de
commerce » vous emmenera aux
portes de l’Asie.
Thomas Misrai, dans le magasin qu’il gère avec son père Gérard, « Le Petit Tom », rue des Filatiers. © Elaine Cordon
6
I Sports
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
Boxe : Arsen Goulamirian
mis KO par sa fédération
Samedi se déroulera, à Strasbourg, le championnat de France de Boxe des lourdslégers. Engin Karakaplan et David Radeff s’affronteront pour la ceinture, une finale
que le boxeur blagnacais Arsen Goulamirian conteste.
L
e pugiliste d’origine arménienne, Arsen Goulamirian
et Mohamed Bennama, son
entraineur, se sentent floués.
« Cette décision de faire combattre
Karakaplan, alors qu’il a subit un KO
terrible il y a peu, est dangereuse pour
la santé de ce combattant et l’on ne
comprend pas pourquoi ce combat
n’est pas dévolu à Arsen, qui est le
meilleur Français dans sa catégorie »,
confie le coach blagnacais.
Des accusations dont la Fédération
française de boxe (FFB) se défend :
« Ces affirmations sont fausses, certes
Engin Karakaplan a subi un KO mais
il a respecté les 28 jours d’attentes
et les médecins ont donné leurs feu
vert. » Pour Mohamed Bennama,
tout est truqué. « Cette fédération,
en plus d’être incompétente, est rongée par les magouilles. Sérieusement,
28 jours ce n’est pas assez. Le fait
de maintenir ce combat malgré la
faible santé du boxeur fera gagner
5 000 à 6 000 euros à la fédération.
Quand Arsen était prêt à combattre plus tard, afin que Karakaplan
se remette en forme, eux préfèrent
privilegier un combat moyen mais qui
sera plus juteux. » Des manoeuvres
que le duo blagnacais dénonce sans
réserve comme un « ras le bol de
cette fédération qui ne cesse d’être
malhonnête depuis 50 ans ». La FFB,
qui avait pourtant « appelé Arsen
Floué par sa fédération, Arsen Goulamirian compte prendre sa revanche en 2016. Photo Facebook.
pour se preparer au cas où » a fait
marche arrière et déclare que le
boxeur de Saint-Denis défendra
bien son titre contre Radeff, « car
c’est tout simplement lui le champion
de cette catégorie », ponctue l’attachée de presse de la fédération.
Dégoûté, Arsen Goulamirian est
tourné vers son prochain combat,
lui, l’ancien champion de France et
sparring-partner du grand JeanMarc Mormeck, devra se contenter
d’attendre. Une attente qui génère
la frustration de son entraineur.
« Avec de telles fédérations comment
voulez-vous que la boxe survive ? De
toute façon, un combat contre Karakaplan ou Redeff ne se fera jamais. Les
deux ont peur d’Arsen. C’est à l’image
de la boxe moderne, les champions
ont peur de s’affronter entre eux par
crainte de perdre . » Le coach blagnacais dresse un bien triste portrait
de son sport, un noble-art autrefois
concurrent médiatique du football, du rugby ou du vélo, qui perd
de sa superbe à cause de conflits
permanents avec les fédérations
nationales ou internationales.
Le 29 janvier, on devrait revoir Arsen Goulamirian sur le ring. Devant
son public blagnacais, il se lancera à
la reconquête d’un titre « pour lequel
on ne lui a laissé aucune chance ». Le
puncheur boxera plus que jamais
avec la rage au ventre.
Maxime Brossard
Hand : les Bleues qualifiées
sans la manière
«Pas juste une fille
qui fait coucou»
Pauline Guerguil, 22 ans, est étudiante en journalisme à
l’ISCPA de Blagnac. Jusqu’à mars, elle est l’ambassadrice
du Toulouse Football Club, qui vit des heures difficiles.
C’est quoi, être Mademoiselle
TFC ?
Ma mission, c’est de représenter
le club de la manière la plus sympa
possible, parler du TFC au public
le plus large possible, notamment
aux filles. J’en profite pour mettre
le foot féminin en avant, j’écris des
portraits de joueuses de l’équipe
première. J’ai aussi soumis l’idée
de faire des tutos, des petites vidéos pour expliquer avec humour
les règles du foot aux filles qui ont
un mec footeux mais qui n’y comprennent rien. Le projet devrait
se concrétiser dès janvier 2016,
les vidéos seront diffusées sur le
site du club.
Cela a été un peu compliqué au
départ, non ?
Les Indians (groupe de supporters
ultras, ndlr) sont des mecs un peu
bourrus et l’élection de Mademoiselle TFC, c’est pas trop leur truc. Il
y a eu des insultes, ils m’ont jugée
sans me connaître. Donc j’ai fait des
déplacements à l’extérieur avec eux,
histoire de leur montrer que derrière ce titre honorifique, il y a une
fille qui partage la même passion
qu’eux et qui est à fond derrière le
club. Pas juste une fille qui est là
pour faire coucou sur les terrains
et qui n’y connait rien. Ca s’est très
bien passé, ils ont été étonnés de ce
que j’étais. Maintenant, je vais en
virage de temps en temps, même
si j’ai mes places en loges.
Les joueurs, eux, ont toujours été
adorables avec moi. Petite anecdote : le jour de mon intronisation,
c’était le derby contre Bordeaux, le
21 mars 2015. Le club était déjà
dans la merde. Les joueurs étaient
ultra-concentrés, mais ils ont tous
eu un mot sympa quand on s’est
croisés.
Comment sens-tu cette fin de
championnat ?
La ligue 2, j’ai du mal à y croire.
Toulouse, quatrième ville de France, on n’a pas le droit. Et même si
ça m’arrive de m’énerver devant
les matchs, je me dis qu’il y a du
potentiel. Braithwaite, Trejo, Ben
Yedder…Après, la défense est ce
qu’elle est.
Parfois, je me dis que ça pourrait
être bien de faire un tour en Ligue 2 pour rebâtir un nouveau
projet et fédérer à les supporters.
Aujourd’hui, on rentre dans le stade : c’est triste. Il y a plein d’amateurs de foot qui ne viennent pas
au stade. J’ai envie que le club ait sa
place dans la ville. Mon plus grand
souhait, c’est de voir deux virages
de supporters pleins, comme au
Vélodrome.
Recueillis par Albert Marie
Pauline Guerguil, le soir de son élection. ©TFC
En bref
Après l’accroc de la veille face aux sud-coréennes, l’équipe de France a remporté une
petite victoire (20-12) face à la modeste Argentine. La qualification pour les huitèmes
O. Pistorius libéré sous caution
de finale des championnats du monde est acquise. Rien de plus à retenir.
Les Françaises avaient pourtant
su se rendre la partie facile. Avec
une équipe remaniée (Marie Prouvencier et Alice Levêque titulaires,
Estelle Mzé Minko sur le banc), les
Bleues se sont malgré tout assez
vite envolées. A la 13ème minute,
l’écart était déjà fait (8-1), sous
l’impulsion de Camille Ayglon,
impériale dans cette première mitemps avec un 4/4 au tir. Jusque-là,
la recette était simple : bonne défense, attaque argentine imprécise
(moins de 40% de réussite au tir)
et des françaises qui profitaient à
fond du manque de repli défensif
des sudaméricaines pour enchaîner
les contre-attaques. A la mi-temps,
les Bleues donnaient l’impression
de gérer (13-6). Alain Portes, leur
entraîneur, s’en est d’ailleurs montré satisfait : « En première mi-temps,
elles ont très bien fait leur travail. »
Sept buts en seconde période
La suite n’a pas été pas du même
acabit. Dès les premières minutes
du second acte, l’équipe de France
a semblé s’impatienter face aux
longues séquences offensives de
Condamné en appel pour meurtre jeudi 3 décembre, le sprinteur sud-african, Oscar Pistorius a vu sa demande de mise en
liberté sous caution acceptée par la Haute-cour de Pretoria
(Afrique du Sud). Dans l’attente de la décision de justice - une
audience devrait se tenir le 18 avril - Pistorius (29 ans) est pour
l’instant libre, après s’être acquitté d’une caution de 10 000
rands, soit un peu plus de 600 euros. Il devra rester en résidence surveillée et sera soumis à un contrôle électronique. Il
pourra quitter son domicile entre 7 h et midi, mais devra rester
dans un périmètre d’un rayon de 20 kilomètres.
M. Platini au tirage au sort de l’Euro
Rentrée en deuxième partie de match, la capitaine Siraba Dembélé a emmené les bleues en huitièmes de finale . ©AFP
l’Argentine. « On a passé 45 minutes
de jeu en défense, a constaté, amer,
Alain Portes. Les arbitres doivent
avoir une autre version que moi de
la notion de refus de jeu. » Conséquence : à la moindre récupération de balle, les Françaises se sont
précipitées et ont multiplié les approximations. « Le match a été très
pénible, avoue Béatrice Edwige, pivot de l’équipe. Hier, la Corée du Sud
jouaient à 10 000 à l’heure, tout le
contraire de l’Argentine aujourd’hui. »
Dans cette deuxième mi-temps,
seule la gardienne, Laura Glauser,
a brillé en enchaînant les parades
(11/17 au tir, 65% de réussite). Elle
a d’ailleurs été désignée joueuse
du match. Signe de la faiblesse offensive des Bleues dans ce second
acte, elles ont terminé avec un très
moyen 55% de réussite aux tirs. «
Une heure de torture », dira Gnonsiane Niombla. Le mot de la fin.
Lucas Serdic
Jacques Lambert, président du comité d’organisation de l’Euro
2016, a indiqué ce mardi que Michel Platini serait présent au
tirage au sort de la compétition, qui aura lieu samedi à Paris.
Actuellement suspendu, le président de l’UEFA attend les décisions concernant son inculpation, à la suite d’un versement
suspect de 1,8 million d’euros, touché en 2011 . « Si le TAS (tribunal arbitral du sport) annule sa suspension, Michel Platini
sera là samedi au tirage au sort », a assuré Jacques Lambert.
Le gardien « laboureur » paye l’addition
123 euros, c’est la somme que devra rembourser le gardien
d’Augsburg, en Allemagne, après avoir «labouré» un morceau de pelouse au point de penalty, samedi. Face à Cologne,
Marwin Hitz avait abîmé le gazon à l’aide de ses crampons,
sous les yeux de l’arbitre. Quelques instants plus tard, l’attaquant français de Cologne, Anthony Modeste, chutait en tirant
et le gardien arrêtait le tentative. Un acte de jardinage qui a
poussé le gardien allemand de formuler de plates excuses : «
Ce n’était pas l’action la plus juste, je dois l’admettre. »
I International I
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
7
À Pékin, l’empire est poussiéreux
Pékin a décrété, lundi soir, « l’alerte rouge » à la
pollution atmosphérique. Dominée par un épais smog,
la capitale chinoise subit le contrecoup de ses
habitudes énergétiques.
P
our les 22,5 millions de
Chinois qui habitent Pékin,
c’est la vie en gris. L’épais
smog qui plane au-dessus de la capitale chinoise depuis la semaine
dernière a obligé la municipalité à
proclamer des mesures drastiques.
Tous les chantiers de construction
en extérieur ont été arrêtés, et les
écoles et collèges de la ville ont été
fermés. Faisant écho aux premières
décisions prises le 30 novembre,
jour d’ouverture de la COP21 et
de l’instauration de l’alerte orange, Pékin a acté la fermeture des
voies rapides et demandé à ses
habitants de rester chez eux. La
ville a d’ailleurs annoncé le retrait
temporaire de la circulation de 30
% de leurs véhicules de fonction,
la mise en place d’une circulation
alternée, et le déploiement de 200
bus électriques ou hybrides, pour
pallier ces restrictions.
Winter is coming
Depuis la création en 2013 du protocole «Airpocalypse», un ensemble de mesures coordonnées par
les autorités pour réagir aux pics
de pollutions, le dernier échelon
« alerte rouge » n’avait jamais été
activé. Une première qui n’inquiète
pas outre mesure Cathy Clerbaux,
directrice de recherche au CNRS et
spécialiste des questions atmosphériques : « Il y a souvent des alertes
pollution en Chine. Il suffit qu’il fasse
beau et qu’il y ait peu de vent durant
plusieurs jours pour que la pollution
s’accumule très rapidement. Notamment durant l’hiver, période propice
aux particules fines. » Avec 70 % de
son électricité produite à base de
charbon, la Chine brûle ainsi la
moitié de la production mondiale
chaque année, et nécessairement
lorsque le froid se fait ressentir.
Les particules fines qui émanent
de ces industries ont atteint des
pics pharaoniques cette année :
671 microgrammes par m3 d’air à
Pékin, contre les 25 recommandés
par l’Organisation mondiale de la
santé. Entraînant, fatalement, des
victimes parmi la population, plus
d’un million de personnes meurent chaque année des effets de
la pollution. En réponse à cette
catastrophe sanitaire, le gouvernement chinois a adopté une pléthore de mesures restrictives, dont
certaines pourraient être amplifiées après la COP21. Parmi elles
figurent la limitation des nouvelles
immatriculations sur le marché
chinois, portée à 240 000 par an
sur la ville de Pékin, la baisse de la
part du charbon dans la production
énergétique (65% comme objectif
en 2017) ou encore la réduction des
émissions d’usines polluantes.
Cheng Jining, le ministre de la
protection de l’environnement, a
assuré dans les colonnes du Global Times que les organismes et
responsables qui n’appliquent pas
les mesures d’antipollution « s’exposeront à des sanctions ». « Mais
il faudra du temps pour voir les
impacts des mesures qui sont ou
seront prises », estime la chercheuse Cathy Clerbaux. En espérant que
cet élan écologique ne soit pas un
écran de fumée.
Rémi Rivière
Une personne sur trois mourrant prématurément de la pollution dans le monde est chinoise. © AFP
À la Cop, le dragon s’étire
L’Empire du milieu, tout comme
les Etats-Unis, est au centre de
la COP21, organisée jusqu’au 11
décembre à Paris. Avec l’ambition
de trouver un accord entre les 195
pays réunis, pour stabiliser à 1,5
degrés le réchauffement climatique, l’exercice diplomatique n’est
pas simple face à des puissances
orientées davantage vers le bénéfice
industriel , en dépit des préoccupations climatiques. Aux Etats-Unis,
Barack Obama a annoncé avoir pris
conscience de la gravité de la situation, la Chine, plus gros pollueur
mondial, semble aussi sur la bonne
voie. Aujourd’hui, pour la première
fois, le gouvernement chinois a tiré
la sonnette d’alarme maximale
Du survêt’ rouge à la chemise bleue
Les élections législatives du dimanche 6 décembre au Venezuela marquent la
première défaite du chavisme, avec 56 sièges contre 110 pour la coalition adverse.
Entre le président Nicolas Maduro et l’opposition, le changement de style est radical.
Nicolas Maduro, le visage rond, la
moustache noire et fournie, est apparu à la télévision vénézuélienne
dimanche, le soir même des élections. Arborant un survêtement
rouge, il a reconnu l’amère défaite
de son parti aux élections législatives. Tellement amère qu’il a laissé
tomber sa traditionnelle veste de
jogging jaune, rouge et bleu, aux
couleurs du pays. Celle que portait
son mythique prédécesseur, Hugo
Chavez, président révolutionnaire
du Venezuela, de 1999 à sa mort
en 2013. Le populisme semble
avoir fait son temps dans ce pays
pétrolier, ruiné par des années de
mauvaise gestion économique et
miné par l’insécurité.
L’opposition, regroupée dans une
grande coalition anti-chaviste, de
gauche à droite, et baptisée la Table
de l’unité démocratique (MUD),
s’est engouffrée dans la brèche, avec
succès. Et une mesure phare : libérer les opposants politiques. Jesus
Torrealba, leader de cette opposition hétéroclite, chauve, le verbe
concernant la pollution de l’air à
Pékin. Mais, suivant le verdict postCop21, quelles restrictions seront
appliquées à la Chine ? Quel impact
pour son économie ? En tant que
pays en développement, les suivrat-elle ?
Un choix cornélien
Pour Marion Lemoine, chargée de
recherche au CNRS, « l’annonce de
cette alerte maximale à Pékin aura
peu d’influence sur les négociations.
D’ailleurs, les medias en parlent peu,
et les négociateurs ne l’envisagent pas
comme un moyen de pression envers
Xi Jinping ».
Depuis Kyoto, en 1997, le pays est
devenu le premier émetteur de gaz
à effet de serre, « ce qui en fait un
négociateurs de taille, si ce n’est le plus
important de la COP », assure-t-elle.
La COP repose sur les engagements
des grandes puissances à travers des
accords communs entre économie
et écologie, sans quoi une issue ne
sera pas envisageable.
En d’autres termes, le dragon asiatique désormais éveillé, qui n’en est
qu’aux étirements, doit trouver le
moyen de réduire ses émissions,
sans pour autant menacer son
économie. En évitant que la terre
tremble.
Guillaume Almalech-Asmanoff
En bref
Canada : enquête pour les 1 200 disparues
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, fraîchement élu,
tient ses promesses de campagne. Il a annoncé, hier, l’ouverture d’une vaste enquête publique sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones au Canada, entre 1980 et 2012.
Une décision qui se faisait attendre, puisque 1 200 femmes
autochtones ont été recensées comme disparues ou mortes en
32 ans. Ce qui est quatre fois plus élevé que l’ensemble de la
population canadienne. La police est d’ailleurs souvent accusée de laxisme lorsqu’il s’agit d’enquêtes concernant cette
population.
Joe Biden menace la Russie
Après la défaite du président Maduro (à droite), l’opposant Leopoldo Lopez pourrait être libéré. © DR
haut et la chemise décontractée,
compte bien sortir des geôles du
régime chaviste un allié charismatique : Leopoldo Lopez. Arrêté en
février 2014 lors de manifestations
monstres dans les rues de Caracas,
la capitale, cet économiste formé à
Harvard est devenu le symbole de
la contestation. Il devrait être libéré
dès janvier, lorsque la nouvelle Assemblée nationale sera formée.
Le choc des styles est total. Au
physique bonhomme de Nicolas
Maduro s’oppose la carrure de nageur de Leopoldo Lopez. Au survê-
tement emblématique du président
se heurte la chemise bleue ciel et
la casquette de l’opposant. Un seul
point rassemble les deux partis : la
volonté de sortir le pays de la crise
par la démocratie. Les élections
législatives, outre les résultats, ont
marqué la victoire d’un pays sur ses
vieux démons. Pas un affrontement
n’a secoué les rues du Venezuela
dimanche soir.
Elaine Cordon
Nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Russie. Hier, le
vice-président américain Joe Biden a menacé de faire payer au
Kremlin « son agression contre l’Ukraine », en 2014. Les EtatsUnis dénoncent notamment la Russie d’armer les sépartistes,
à l’Est de l’Ukraine. Joe Biden appelle également les autorités
pro-occidentales de Kiev, « à ne pas rater leur chance historique » de reformer le pays, longtemps sous emprise russe. Pour
l’instant, les sanctions occidentales prises en 2014 à l’encontre
de la Russie sont maintenues.
Un satellite français mesura le CO2
Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, a annoncé hier que la
France se lançait dans le projet MicroCarb. Il s’agit de création d’un satellite apte à mesurer la répartition du dioxyde de
carbone (CO2) dans l’air. Un projet qui coûtera 175 millions
d’euros et sera développé par le Centre national d’études spatiales. Le satellite, s’alimentant à l’énergie solaire, récoltera des
données pour toute la communauté scientifique. Il devrait être
actif en 2020.
8
I RegardsI
Le Toulousain - Mercredi 9 décembre 2015
Six pieds sous terre
L’humeur
Tupac : «Orelsan est la « Les tas
nouvelle génération» d’urgences… »
Rappeur emblématique assassiné par balles en 1996, Tupac Shakur a également eu
une courte carrière au cinéma. L’occasion de recueillir son avis sur «Comment c’est
loin», le premier long-métrage d’Orelsan. Rendez-vous cosy sur son nuage, mitoyen
de celui d’Hendrix et de Brando, forcement.
François Rieux rencontre Tupac ¢VIctor Miguet
En 1992, en marge de votre
carrière musicale, vous jouez
dans «Juice», le premier longmétrage d’Ernest R. Dickerson.
Comment s’est faite cette
connexion ?
J’accompagnais un pote qui devait
passer des auditions. Le directeur
de casting a voulu que je passe un
bout d’essai. J’ai balancé une chaise
à travers la pièce. C’était plié.
S’en suit donc une courte carrière
cinématographique qui...(Il coupe)
En même temps j’ai pas choisi de
me faire descendre... (léger malaise)
Selon vous, comment expliquer
l’engouement des studios de
cinéma pour les rappeurs ?
Nous sommes les derniers Dieux
vivants parés d’or et de diamants
descendus de l’Olympe pour tout
casser.
Mais encore ?
Faire du rap nécessite une palette
d’émotions qui se rapproche de
celle des acteurs. On fait pas que
gesticuler casquette à l’envers et
bandana sur le visage dans des
clips. Plus jeune, au lycée, j’ai fait
du théâtre donc j’ai une certaine
légitimité.
Quel regard avez-vous sur
votre propre filmographie du
coup ?
Elle est en adéquation avec ma
personnalité. J’ai joué des jeunes
paumés, des gangsters, des romantiques... J’ai pu mettre en images
ce que je racontais dans mes chansons.
Vous n’êtes donc pas du même
avis que ceux qui pensent que
vos films ont plus leur place
sur l’étagère poussiéreuse d’un
vidéoclub qu’au Panthéon du
7ème Art ?
(Gros blanc). C’est quoi le concept
là ? Me mettre en boîte ? On ne
vous a pas appris à avoir du tact
avec les morts ?
NDLR : L’interview est arrêtée
momentanément. L’impresario
de Tupac, un homme maigre et
livide aux allures de croquemort
vient tempérer la star. L’entretien
reprend vingt minutes plus tard,
quelques étages plus bas, au bar de
Saint-Pierre. Le rappeur est plus
détendu, un verre de Hennessy à la
main et un joint dans l’autre.
Aujourd’hui sort le film assez
attendu, «Comment c’est loin».
C’est le passage d’Orelsan devant et derrière la caméra sur
un format long. Vous en avez
entendu parler ?
Ouais... Je suis la carrière du blancbec depuis le début. Je suis fan du
personnage même si ses raps claquent pas toujours des masses.
Par contre j’aime le format court
«Bloqué» sur Canal + dans lequel il
joue son propre rôle. On le compare
trop souvent à tort à «Bref» alors
que c’est pas le même délire.
Qu’est-ce qu’on peut attendre
du long-métrage ?
J’avais compris que c’était un prolongement artistique de sa part.
D’abord en 2013, avec l’album des
Casseurs Flowteurs puis cette année avec «Bloqué». Orelsan a tissé
une toile intéressante avec son
univers et ses potes en représentant la nouvelle génération. Celle
des loosers magnifiques faisant
de la procrastination un art à part
entière. C’est plutôt cool.
Et pour vous, c’est quoi la
suite ?
(Courte pause puis s’impatiente)
C’est quoi que vous ne comprenez
pas dans le concept d’être mort ?
Je pensais au niveau des oeuvres
posthumes et tout le reste ?
Ben je reste LA poule aux oeufs d’or
du rap américain, la vache à lait
du Gangsta Rap. Du coup albums
posthumes avec des fond de tiroirs
pour faire marcher le tiroir-caisse
d’abord. Ensuite Eazy-E (autre rappeur emblématique décédé, ndlr)
m’a appris hier qu’il y allait avoir
un film biographique sur ma vie
et je sais aussi qu’on planche sur
l’adaptation d’un scénario que j’ai
écrit quand j’étais en prison. La
réussite bravant la mort, quoi !
Dommage qu’une fois retourné à
l’état de poussière, l’argent ne serve
à rien.
Propos recueillis d’outre-tombe par
François Rieux
Photo du jour
Jesse Hughes, leader du Eagles of Death Metal, en larmes devant le Bataclan, à Paris, le 8 décembre 2015. - MIGUEL MEDINA / AFP
E
t pendant ce temps là, le
Front National gagne du
terrain. A chaque nouvelle
élection, nouvelle stupéfaction. «
Premier parti de France », « vague
bleue marine », les Français sont
submergés et s’insurgent. Pourtant
les urnes crient famine : désabusés
par une classe politique qui n’inspire plus confiance, plus de 20
millions de citoyens n’ont pas fait
entendre leur voix dimanche.
A Paris, au détour du pont d’Austerlitz, des lettres rouge sang
tranchent avec le paysage : « l’état
d’urgence pour faire oublier les tas
d’urgences ». Tandis que des multinationales pétroleuses s’exhibent au
Bourget, des citoyens sont réprimés avec violence. Au motif de la sécurité,
L’Etat étend son contrôle jusqu’à l’air que nous respirons. Perquisitions,
gardes à vues arbitraires, assignations à résidence, interdiction de manifester, contrôle accru d’internet… Sans même avoir le temps de se faire
entendre, nos libertés sont restreintes et, à ce rythme, le risque que l’état
d’urgence se meuve peu à peu en État policier est bien réel.
Pourtant, alors que les évènements se répètent et se ressemblent, notre
société reste immobile. Mais nous ne devons pas nous laisser guider
par des sentiments ou la confusion se mêle à la peur. Nos combats
concernent tous les extrémismes, religieux comme politiques. Non,
le radicalisme n’est pas une solution. Non, l’état d’urgence ne doit pas
rimer avec censure. Non, notre climat ne se négocie pas. Ne laissons pas
notre démocratie être sournoisement instrumentalisée.
Ensemble, nous devons panser les plaies qui entravent la société, en refusant d’être les garants malgré nous de l’ordre établi. Nos préoccupations
ne sont pas celles d’anciens footballeurs dans des costumes étriqués.
Les réponses à nos questions ne seront pas apportées par des hommes
politiques coincés dans les rouages d’un système dépassé. Pendant trop
longtemps nous avons été détournés des questions essentielles. Retrouver
notre conscience collective et citoyenne, voilà la véritable urgence.
Charles Deluermoz
Histoires courtes
Ils retrouvent 100 000 euros dans le Danube
Deux jeunes hommes ont découvert des dizaines de billets de 100 et
500 euros dans le Danube en Autriche, lundi dernier. Les deux garçons
ont plongé dans l’eau glaciale pour récupérer un montant qui s’élève à
100 000 euros. Selon la police, il s’agirait de vrais billets, «sans doute le
fruit d’un délit».
Des météorites… aux enchères
Quelques 250 météorites ont été mises en vente à Drouot lundi dans une
enchère. Ces objets venus de l’espace sont de plus en plus cotés par les
collectionneurs. Leur prix sont estimés entre 100 et 60 000 euros, pour
les plus chères.
LCI dans l’embarras
Belle bourde pour la chaine d’info en continu lors des élections régionales.
Au moment d’annoncer les résultats dimanche, une infographie apparait,
montrant les scores par candidat. A la place de François Sauvadet (candidat
des Républicains et de l’UDI en Bourgogne-France-Comté), LCI affiche «M.
Machin-Chose». Machin-Chose a donc remporté 23,8% des voix.
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