CHANSONS DE MER Op

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CHANSONS DE MER Op
WIDOR, C.-M.: Chansons de Mer / La nuit / Nuit mysterieuse
http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.572345
8.572345
CHANSONS DE MER Op. 75 (Bourget)
1. La Mer
La mer énorme se soulève,
Je suis comme un enfant perdu.
O mer! Quand m’emporteras-tu
Vers le pays où vit mon rêve?…
The vast sea rises and swells,
I am like a lost child.
Oh sea! When will you carry me
To the land where my dream dwells?...
J’entends crier le goëland,
Comme lui mon coeur est sauvage;
Il eut jadis son doux servage,
D’oiseau caressé, mais tremblant…
I hear the seagull’s cry,
Like him my heart is untamed;
He once was held in a sweet bondage,
A caressed, but trembling bird….
Le vent creuse les lames hautes.
Je sens passer soudain en moi
Un peu du frissonnant émoi
De ces lames le long des côtes….
The wind sculpts high waves.
I suddenly sense passing over me
A shiver of emotion
From these waves along the coasts…
Elles et moi, d’après amours
Nous précipitent vers notre astre,
Et le même odieux désastre
Nous fait rouler bien loin, toujours….
They and I, like bitter lovers
Drive us towards our stars,
And the same evil destiny
Carries us far away, for ever….
2. A Mi-Voix
Je me souviens qu’un soir où
vous aviez pleuré,
Moi, je suis près de vous plus longtemps demeuré.
C’était sur la terrasse,
à l’heure des étoiles.
Confiante et pourtant
sans soulever les voiles
Qui dérobent aux yeux votre coeur
noble et fier,
Vous me parliez tout bas
en regardant la mer,
La lune se noyait tremblante,
sur les vagues,
D’où s’élevaient des bruits si lointains et si vagues
Qu’on eût dit une plainte échappée à moitié.
Vous me parliez tout bas avec tant d’amitié,
Que, dussé-je vieillir bien vieux
dans ce vieux monde,
Je n’oublierai jamais l’impression profonde
Que m’a faite l’accord mystérieux et doux
De votre voix avec ce ciel pur comme vous.
I recall that one evening
when you had wept,
I remained with you longer.
It was on the terrace,
as the stars arose.
Trusting and yet without raising
the veil
Which hid from others’ eyes
your noble, proud heart,
Your murmured to me,
looking at the sea,
The moon sank
trembling on the the waves
Where distant and faint sounds rose
Like a half-escaped moan.
You quietly spoke to me with so much love
That, were I to grow very old
in this old world,
I would never forget the profound impression,
Made by the mysterious and sweet harmony
Of your voice, and the sky, as pure as yourself
3. Sérénade Italienne
Partons en barque sur la mer
Pour passer la nuit aux étoiles;
Vois, il souffle juste assez d’air
Pour gonfler la toile des voiles.
Let us sail away on the sea
To pass the night under the stars;
Behold, there is just enough breath in the air
To fill the sails.
La vieux pêcheur italien
Et ses deux fils qui nous conduisent
Ecoutent, mais n’entendent rien,
Aux mots que nos bouches se disent.
The old Italian fisherman
And his two sons who will steer us
Listen but understand nothing
Of the words our mouths utter.
Sur la mer calme et sombre, vois;
Nous pourrons échanger nos âmes,
Et nul ne comprendra nos voix
Que la nuit, le ciel, les lames.
On the calm and sombre sea, behold
Our souls can merge
And no-one will understand our voices
But the night, the sky, the waves.
4. Encore un Soir qui Tombe
Encore un soir qui tombe,
un soir qui ne m’apporte
Qu’un regret plus navrant
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Another evening falls,
an evening which brings me
Only heartrending regret
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de ma jeunesse morte.
Que ne suis-je pareil à ces noirs paysans
Dont je vois les maisons éparses dans les champs,
Et qui, durs travailleurs,
ne comptent leurs journées
Que par l’entassement des gerbes moissonnées?
Mais, mois, le grand silence
et la clarté du ciel,
La ligne des coteaux boisés,
le lent appel
Que l’Angelus du soir jette dans la vallée,
Tout me fait souvenir de ma vie en allée….
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for my dead youth.
Why am I not like these dark peasants
Whose houses I see scattered in the fields,
Hard workers,
who only count their days
In gathered sheaves?
But for me, the great silence
and clarity of the sky,
The line of the worked hillsides,
the slow call
That the evening Angelus rings in the valley,
All make me remember my fleeting life….
5. La Petite Couleuvre Bleu
La petite couleuvre bleue
Du désir me sifflait tout bas:
« O poète, encore une lieue,
Marche vite et ne tremble pas »
The little blue snake
Of desire softly hissed to me:
"O Poet, another league,
Walk quickly and do not tremble."
O petite couleuvre bleue
Que tes sifflements m’ont fait mal,
J’ai cheminé plus d’une lieue
Sans rencontrer mon Idéal.
O little blue snake
How your hissings sicken me,
I have tramped many a league
Without finding my Ideal.
Mon Idéal est une vierge
Qui jamais ne me sourira.
« Va, frappe à la prochaine auberge,
Qui sait quelle main t’ouvrira? »
My Ideal is a young girl
Who will never smile at me.
"Go, knock at the next inn,
Who knows who will open it?"
Une vielle avec politesse
Ouvre la porte doucement:
« Avez-vous vu, dame l’hôtesse,
Une enfant au rire charmant?
An old lady politely and
Gently opens the door:
"Hostess, have you seen
A child with a charming laugh?
Elle porte, la jeune vierge,
Des perles noires au collier. »
« Elle a diné là, dans l’auberge,
Avec un jeune cavalier. »
The young girl wears
A necklace of black pearls."
"She dined here at this inn
With a young cavalier…"
« Merci, Madame. » « Voici l’heure
Où l’ombre tombe, entrez chez nous. »
« Merci, l’hôtesse, que je meure,
Si je dors une heure chez vous! »
"Thank you, madam."
"Behold it is evening, enter…."
"Thank you, hostess, but I would die
Rather than sleep an hour here!"
Petite couleuvre menteuse,
Pourquoi m’as-tu charmé le coeur?
Oh! Dis-moi, n’est-tu pas honteuse
De me siffler ton air moqueur?
Little lying snake,
Why have you beguiled my heart?
Oh ! Tell me, are you not ashamed
To hiss at me with your mocking air?
Voici que seul et sans lumière
Je reconnais le vieux chemin
Qui conduisait au cimetière.
« Marche encore et crois à demain.
Alone and without a light
I rediscovered the old track
Which led to the cemetery.
"Walk further and think of the morrow.
Peut-être que parmi ces marbres
Erre ton amie. » On entend
Gémir le vent parmi les arbres
« C’est son soupir, elle t’attend. »
Perhaps among these tombs
Your love wanders." The sound
Of the wind moans in the trees.
"It is her sigh, she awaits you."
O petite couleuvre fausse,
Je suis las, et la nuit pâlit
Voici l’aube. « Entre dans la fosse,
Pour sommeiller, c’est un bon lit;
O little false snake,
I am tired and the night fades
It is dawn. "Enter into the grave,
It is a good place to sleep;
Tu rêveras de cette amie
Que tu poursuivis si longtemps. »
La terre à mon âme endormie
Est bien lourde, que faire?
« Attends ».
You will dream of your friend
Who you have followed for so long."
The earth weighs so heavily
On my sleepy soul, what to do?
"Wait."
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6. A L’Aube
Dans la lumière et dans la bruit
S’éveille la petit village:
Enfants et femmes, sur la plage,
Attendant les pêcheurs de nuit.
In the light and hubub
The little village awakens:
Women and children, on the beach,
Await the night fishermen.
La mer semble un ruban de moire,
Les voiles des bateaux tremblants
Font comme des légers points blancs
Sur la profondeur bleue et noire.
The sea seems like a ribbon of silk,
The sails of the trembling boats
Are like small white dots
Against the dark blue depths.
De grands oiseaux passent dans l’air
Ailes ouvertes, et les voiles
Parmi les dernières étoiles,
Brillent dans l’azur du ciel clair.
Large birds with their wings outspread
Pass overhead, and the sails
Among the last stars,
Shine in the clear azure sky.
7. Ce Monde Meilleur
Ce monde meilleur et tout autre,
Le Paradis, je n’en veux pas.
Tout mon souvenir tient au nôtre,
Toute ma vie est ici-bas.
This other, better world,
Paradise, I do not want.
All my memories cling to ours,
All my life is here below.
La belle enfant que j’ai choisie,
Ses cheveux, sa bouche et ses yeux,
Sa jeunesse et sa poésie,
Je ne les aurai pas aux cieux.
The beautiful child that I had chosen,
Her hair, mouth and eyes,
Her youth, her poetry,
I will not have them in the heavens.
Si la chair n’est pas immortelle,
Si les formes doivent périr,
Je ne reconnaitrai plus celle
Qui m’a fait aimer et souffrir.
If the flesh is not immortal,
If bodies must perish,
I will never again meet she
Who made me love and suffer.
8. Rosa, la Rose
Comme les roses du sentier,
La petite Rose est farouche.
Tout son charme est encore entier
Comme les roses du sentier,
Et son coeur est un églantier
Où se pique la main qui touche.
Like the roses on the path
Little Rose is wild.
All her charm is so completely
Like the roses on the path,
And her soul is a wild rose
Which pricks the hand that touches it.
9. Seul dans la Nuit
Seul dans la nuit et trop loin de tes yeux
Je ne sais pas si tu m’aimes, je doute;
Et ma pauvre âme en peine plonge toute
En un gouffre silencieux.
Alone in the night and too far from your eyes,
I do not know if you love me, I doubt;
And my poor, pained, soul plunges headlong
Into a silent chasm.
Oh! Non, c’était un trop sublime songe!
Tant de bonheur ne fut jamais réel!…
Pourtant j’ai bu sur ta bouche ce miel;
Tes yeux n’étaient pas un mensonge,
Oh! No, this dream was too sublime!
So much happiness could never be real!…
Yet I drank honey from your mouth;
Your eyes were never false,
Ils se levaient sur moi fous de langueur;
Ton âme errait sous tes paupières sombres.
Pourquoi trouvé-je, entre eux et moi,
ces ombres,
Entre leurs caresse et mon coeur?
They looked at me in a folly of longing;
Your soul wandered under your dark eyelids.
Why do I find such shadows between them
and myself,
Between their caress and my heart?
10. Les Nuages
Les nuages vont vite, vite,
Au fond du ciel couleur de fer,
Et ces faux amis m’ont tout l’air
De fuir la ville que j’habite.
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The clouds fly quickly, quickly
Into the depths of the iron coloured sky,
And these false friends look to me as if
They are fleeing from the town where I dwell.
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Où s’envolent-ils? Ah! Ce n’est pas
Vers la merveilleuse contrée
Où ma pensée est demeurée,
En Orient, là-bas, là-bas.
Where do they fly? Ah! It is not
Towards the marvellous land
Where my thought dwells,
Yonder, yonder, in the East.
En Orient les cieux sont calmes,
Les senteurs des fleurs d’oranger
Flottent dans le vent, si léger
Qu’il agite à peine les palmes.
In the Orient skies are calm,
The perfume of the orange blossom
Floats in the wind, so light
That it hardly stirs the palms.
Et sous le ciel trop doux à voir,
Je ne sais pas de place prête
Pour un pâle et triste poète
Ni pour un froid nuage noir.
And beneath the sky so sweet to see,
I know not a place more prepared
For a pale, sad poet,
Nor for a black cloud.
Enfuyons-nous par les espaces,
Chevauchons les vents furieux,
Et partons pour les sombres cieux
Qui luisent sur la mer des glaces.
Let us flee through these places,
Let us ride the furious winds,
And leave for the sombre skies
Which cast their light on the icy seas.
Grandioses et désolés
Les caps sont noyés de ténèbres.
Les flots chantent des mots funèbres.
Ecoutons-les, écoutons-les!
Grand and desolate
The headlands are drowned in darkness.
The waves sing their funereal songs.
Listen to them, listen to them!
Mais au printemps la neige en pleurs
Ruisselle des collines vertes,
Comme des blessures ouvertes
Ruisselle le sang des douleurs.
But in spring the snow in tears
Streams down the hills,
As from open wounds
Streams the blood of anguish.
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11. Douleur Précoce
Il faut plaindre tous ceux qui n’ont pas
eu de mère,
Car leur espoir est triste
et leur joie est amère.
Même quand une main d’ami s’ouvre pour eux,
Ils tremblent: on dirait qu’ils ont peur
d’être heureux;
Et leur âme, avant l’âge à l’effort asservie,
N’est pas apprivoisée aux douceurs de la vie.
Tel, un oiseau, surpris vivant par l’oiseleur,
Palpite, le coeur gros de crainte et de douleur,
Dans la main d’un enfant qui doucement le presse,
Et le pauvret se meurt d’effroi
sous la caresse.
We must pity those who have not
had a mother,
For their hope is sad,
their joy bitter.
Even when a friend's hand opens to them,
They tremble: It seems they are afraid
to be happy;
And their soul, enslaved prematurely to toil,
Is not tamed by the sweetness of life.
Just so, a bird, caught alive by a birdcatcher,
Flutters, its heart full of dread and sadness,
In the hand of a child who gently holds it,
And the poor thing dies of fright
under that caress.
12. Le Ciel d’Hiver
Le ciel d’hiver si doux, si triste, si dormant,
Où le soleil errait parmi
les vapeurs blanches,
Etait pareil au doux, au profond sentiment
Qui nous rendait heureux mélancoliquement
Par cette après midi de rêves sous les branches.
The winter sky so sweet, so dormant,
Where the sun wandered
among the white vapours,
Was the same as the sweet, deep feeling
Which brought us melancholy joy
In that dreamy afternoon under the branches.
Branches mortes, qu’aucun soufflé ne remuait,
Branches noires portant quelque feuille fanée,
Ah! Que mon âme s’est à ton âme donnée,
Plus tendrement encor dans ce grand bois muet
Et dans cette langueur de la mort de l’année!
Dead boughs, that not one breath stirred,
Dark boughs carrying hardly a dead leaf,
Ah! How my soul gave itself to yours,
Yet more tenderly in that large silent forest
In that langour of the dead year!
13. Les Yeux et la Voix
Quand l’amie est là qui nous laisse
Nous anéantir dans ses yeux,
Les longs regards silencieux
Suffisent presque à la tendresse.
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When the friend is there, she who lets us
Lose ourselves in her eyes,
The long silent looks
Almost suffice for tenderness.
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Mais, quand elle est loin, l’on voudrait
Se rappeler quelque mot tendre,
Dont l’accent seul eût fait entendre
Ce qu’elle éprouvait en secret.
But, when she is far, one wishes
To recall some tender word,
Whose sound alone would have conveyed
What she was experiencing in secret.
On voudrait qu’elle eût dit: “Je t’aime!”
Qu’elle l’eût répété cent fois;
Il nous semble que dans la voix
Etait l’évidence suprême!….
Et cependant, beaux yeux si doux
Vous que brûle une flamme noire
Et languissante, en qui donc croire,
Si l’on ne croyait pas en vous?
One wishes that she had said: "I love you!"
That she had repeated it a hundred times;
It seems that her voice
Was the ultimate proof!...
But nevertheless, lovely sweet eyes,
You who smoulder with a dark,
Languishing flame, what can one ever believe in
If one does not believe in you?
14. Repos Eternel
Lorsque la mort, posant son doigt blanc sur
mon front,
Fera que pour toujours mes yeux se fermeront
A la beauté vivante,
Choisissez-moi, vous tous à qui je serai cher,
Une tombe au soleil sur le bord de la mer
Infinie et mouvante.
When death places its white finger on
my brow,
Closing my eyes for evermore
To living beauty,
Choose for me, all you to whom I am dear,
A sunlit grave by the shore of the
Infinite, moving sea.
Les jours où prodiguant le rire et les sanglots
Le vent labourera l’azur sombre des flots,
J’écouterai gronder leur masse exaspérée,
Et je me souviendrai des fureurs d’autrefois,
Lorsque dans tout mon coeur retentissait la voix
Des folles passions qui montaient leur marée.
The days when, lavishing laughter and tears,
The wind will stir the deep blue of the waves,
I will hear their exasperated groan
And remember the storms of former times,
When my heart was full of the sound
Of foolish passions which rose in their tide.
Et lorsque chanteront les grands flots apaisés,
J’entendrai résonner des anciens baisers
La musique lointaine.
Pour charmer le repos éternel, c’est assez
Des trésors de douleur et de joie, amassés,
Dans une vie humaine.
And when the great calm sea sings,
I will hear echoing the distant music
Of former kisses.
To beguile eternal rest, that is enough
Of the treasures of sadness and joy,
Amassed in one human life.
La Nuit (Bourget)
O nuit, ô douce nuit d'été qui viens à nous
Parmi les foins coupés et sous la lune rose,
Tu dis aux amoureux de se mettre à genoux
Et sur leur front brûlant
un souffle frais se pose!
O night, O sweet summer night which comes to us
Among the cut hay and under the rosy moon,
You tell the lovers to kneel
And on their burning brows
a cool breath settles!
O nuit, ô douce nuit d'été qui fais fleurir O night,
Les fleurs dans les gazons et les fleurs
sur les branches,
Tu dis aux tendres coeurs des femmes de s'ouvrir
Et sous les blonds tilleuls errent les forms blanches!
O sweet summer night which makes blossom
The flowers on the lawns
and the branches,
You tell the tender ladies' hearts to open
And under the pale lime trees white forms wander!
O nuit, ô douce nuit d'été qui parles bas,
Tes pieds se font légers
et ta voix endormante
Pour que les pauvres morts ne se réveillent pas,
Eus qui peuvent plus aimer...
O nuit aimante.
O night, O sweet summer night which murmurs,
You make your feet light
and your voice soothing
So that the poor dead will not reawaken,
They who can love no more...
O loving night.
Tristesse Infinie (Bourget)
Où sont les fleurs des printemps morts
Et leurs adorables aromes?
Au pays des vagues fantômes,
Avec nos amantes d'alors.
Where are the flowers of the dead springs
And their lovely perfumes?
In the land of vague phantoms,
With our one-time loves.
Et les baisers que nous donnâmes
Parmi ces fleurs et ces parfums
Mais où sont nos rêves défunts?
Hélas! où sont nos jeunes âmes?
And the kisses that we had exchanged
Among these flowers and these scents
But where are our dead dreams?
Alas! where are our young souls?
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Où donc est l'amour frémissant,
L'espoir sacré la foi bénie?
Hélas! Quelle tristesse infinie
Nous laisse la vie en passant!
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Where then is tremulous love,
Sacred hope, blessed faith?
Alas! What endless sadness
Life leaves us as it passes!
Nuit Mystérieuse (Gravollet)
La nuit languissante a tissé ses voiles.
Dans le miroir de tes grands yeux,
Vers notre amour mystérieux,
Je vois se pencher les étoiles
Au balcon du cieux!
The languishing night has weaved its veil
In the mirror of your large eyes,
I see the stars bending
Towards our mysterious love
From the balcony of the heavens!
La Brise chante dans les feuilles
Un hymne de foi.
Les roses, pourquoi tu les cueilles,
Se tendent vers toi?
The breeze sings in the leaves
A hymn of faith.
Why do you cull the roses
That lean towards you?
Une ineffable poésie
Sur ton front pur vient se poser
Et l’ivresse de l’ambroisie
Se retrouve dans ton baiser!
An inexpressible poetry
Seems to rest on your pure face
And an ambrosial intoxication
Is found in your kisses!
La nuit langoureuse a mis ses étoiles
Dans le printemps délicieux.
Quittant pour un instant le ciel mystérieux:
Pure sans voiles,
L’étoile de l’amour se lève dans tes yeux.
The languorous night has placed its stars
In delightful springtime.
Leaving for an instant the mysterious sky:
Pure without shadows,
The star of love rises in your eyes.
Dormez, Mèlité...
Dormez, Mèlité l’ombre molle
que le soir frise
Telle un voile obscur accroche ses plis
au vallons
Dormez près de l’eau, l’eau qui court
sur les sables blonds
parmi les roseaux, les jacynthes
au robes lisses
Et les narcisses
Dormez, Mèlité:
Sur vos chèvres blanches Pan veille
Car il est un dieu propice au troupeaux
du berger.
Dormez, les rameaux bruissent
dans le vent léger
J’entends bourdonner autour des rosiers
et des treilles
Un vol d’abeilles
Dormez, car le chant des grillons
et des sauterelles
au chant de la source au chant stridulé
des oiseaux
Au chant murmuré de la brise
sur les roseaux
Vous vous mieux bercer Mèlité lasse.
Moi je mêle ma flûte grêle
Dormez au chant de la brise
sur les mousseaux.
Sleep, Mèlité: the soft shadow curled by
the evening
Like an obscure veil hangs its folds
in the valleys.
Sleep near the water which flows through
the white sand
Among the rushes,
the smooth-robed hyacinths
and the narcissi.
Sleep Mèlité:
Pan keeps guard over your white goats,
For he is a propitious god
to the shepherd's flocks.
Sleep, the branches whisper
in the light wind.
I hear buzzing around the rosebushes
and the climbing vines
A swarm of bees.
Sleep, for the song of the crickets
and grasshoppers,
With the song of the spring,
the strident calls of the birds,
The murmured song of the breeze
in the rushes,
Will lull you best, weary Mèlité.
I blend with them the sound of my slender flute
Sleep to the sound of the breeze
in the mosses.
Oublieras-tu que d’heures douces…. (Bourget)
Oublieras-tu que d'heures douces
Nous enterrâmes sous les mousses
Du bois suave de l’amour
Et nous amoncelions sur elles
Des fleurs et des feuilles nouvelles
Et c’était, ces feuilles d’un jour,
Nos espérances alors vertes;
C’étaient, ces fleurs à peine ouverte,
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Will you forget those sweet hours
We buried beneath the mosses
Of the sweet forest of love
And we heaped upon them
Fresh flowers and leaves
And those short-lived leaves
Were our hopes once green
Those scarcely opened flowers
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Nos bonheurs fané sans retour.
Were our happiness now faded for ever.
- Oublier ces heures passées
Et les bienheureuses pensées?
Un spectre veille et ne veut pas
Mon âme est une tombe noire
Que garde en priant la mémoire
Et le regret me dit tout bas:
«Les félicités anciennes
O coeur malade
Tout les peines
Dont jamais tu ne guériras. » - Forget those past times
And blessed thoughts?
A spectre watches us and does no wish it.
My soul is a black tomb
Guarded by prayerful memory
And regret murmurs to me
"The delights of old,
O sick heart,
all are sorrows
From which you will never recover."
© Michael R. Bundy and H.R. Nisbet
ⓟ & © 2010 Naxos Rights International Ltd.
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