Dans le Massachusetts, le drapeau libanais flotte chaque 22
Transcription
Dans le Massachusetts, le drapeau libanais flotte chaque 22
Les Libanais dans le monde lundi 18 novembre 2013 5 Dans le Massachusetts, le drapeau libanais flotte chaque 22 novembre... Interview Près de 10 ans après sa nomination, Ibrahim Hanna, consul honoraire du Liban à Boston, publie un livret sur les Libanais dans cet État du Massachusetts et déplore leur politisation outrancière. Illinois, Pauline M. KARROUM Pauline Karroum : Pour quelles raisons avez-vous décidé de publier un livret exposant les activités du consulat honoraire à Boston ? Ibrahim Hanna : Nous voulions que les émigrés et les Libanais en général prennent connaissance de l’ensemble de nos réalisations. Au départ, notre mission consistait à nous occuper de nos compatriotes émigrés à Boston, dont le nombre ne cessait d’augmenter après la guerre civile et les bouleversements politiques au Liban. Nous tenions à les accompagner dans leurs démarches administratives, dans les divers registres : naissances, décès, mariages, divorces... En effet, l’ambassade étant loin, il était impossible pour certains de faire leurs formalités ou même de se rendre sur place pour les effectuer. Nous voulions également traiter les affaires des Libanais résidant à Vermont, dans le New Hampshire, afin de leur éviter huit heures de route pour se rendre à New York. Outre l’aspect administratif, nous tenions à jouer un rôle de « rassembleur ». C’est évidemment le 22 novembre qui nous a semblé le jour propice pour regrouper les Libanais et tendre la main aux responsables américains et aux diplomates étrangers. En 2005, le maire de la ville de HaverHill a proposé de lever en ce 22 novembre le drapeau libanais à la place du drapeau américain sur le bâtiment de la municipalité. C’est même devenu une habitude pratiquée chaque année à la même date. D’autres municipalités ont accepté de faire de même et de lever le drapeau libanais pour célébrer l’indépendance du Liban. Outre l’État du Massachusetts, à Manchester dans l’État du New Hampshire, une des rues a été nommée « Beyrouth ». Elle est située en face de l’église du Cèdre. Les maires d’autres villes nous ont promis de donner ce nom à des rues dans leurs localités. Un parc aussi devrait porter le nom de notre capitale d’origine. Outre ces réalisations, qu’est-ce qui vous a semblé important pour la communauté libanaise ? Nous avons tenu à encourager les émigrés à se rendre au Liban. Nous nous sommes aperçus que l’attachement au pays d’origine a actuellement presque disparu, alors qu’il était très fort dans le passé. Des Libanais sur le front en Occident « The Lebanese madness » Ray est lui aussi toujours On l’appelle l’ambassadeur des pauvres, il est aujourd’hui à la retraite et est en train de céder ses petites propriétés à Rio de Janeiro. Il réalise ainsi son rêve, celui de constituer une œuvre sociale pour le Liban à partir de sa ville natale, Zahlé. L’ambassadeur Fouad el-Khoury est une figure connue du Brésil, où il a occupé le poste de consul général du Liban à São Paulo (1983-1986) puis à Rio de Janeiro (1988-1992), avant d’être nommé ambassadeur du Liban à Brasilia (20032009). Il avait commencé à servir le Liban comme chargé d’affaires à Abou Dhabi (1978), premier secrétaire à New Delhi en Inde (19791980), premier secrétaire à Buenos Aires en Argentine (1980-1983), puis ambassadeur en Inde (1992-1994) et ambassadeur en Uruguay (1994-1999). « Une cabane au ciel » Décodage de message par un Indien Navajo de l’armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. actif au sein de l’armée américaine. Il a servi non seulement en Afghanistan, mais également en Irak et en Libye. D’ailleurs, il a été rappelé d’urgence il y a deux mois du Liban où il passait ses vacances pour participer à l’attaque américaine prévue contre la Syrie, mais celle-ci fut évitée de justesse. Ce jeune homme athlétique est de mère indienne de la tribu des Navajos et de père maronite de Kfar Abida, à Batroun. Fier de sa double appartenance américaine et libanaise, Ray nous explique que les Navajos sont connus comme étant des guerriers d’une grande habileté, ayant contribué fortement, grâce à leur language codé, à la victoire des États-Unis et de leurs alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Le père de Ray est un ancien combattant des milices chrétiennes libanaises et l’a initié dès son enfance à l’art de la guerre et la manipulation des armes. Il avait fui le Liban suite aux durs combats au début des années 1980, se rendant aux États-Unis où il rencontra son épouse indienne. Ray passa son enfance entre le Liban et les États-Unis. Il s’engage dans les marines US en 2001. « The Lebanese madness », tel que le surnomment ses collègues d’armes pour sa témérité au front, revient régulièrement au Liban, souvent dans des missions de formation de commandos de l’armée libanaise. Ray nous montre quelques photos de lui en pleine action militaire, avant d’exhiber fièrement le joli portrait de sa fille d’un an, de mère également indienne de la tribu Navajo. Un ami du Liban exprime son inquiétude concernant la situation régionale En grand ami du Liban, le colonel Alain Corvez, qui avait servi dans les rangs de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) à la fin des années 1980, et qui se rend de nouveau fin novembre à Beyrouth, dresse un tableau inquiétant de la crise régionale, avec une possibilité de règlement, dans une analyse intitulée : « Syrie-Iran-Arabie, nouvel ordre mondial » (texte intégral sur le site www. rjliban.com). Voici un extrait de la partie se rapportant au Liban : « Les informations en provenance de contacts en Syrie et au Liban confirment des analyses de géopolitique : le monde bascule dans un nouvel ordre, les pôles de puissance changent, entraînant de nouveaux rapports de force qui s’exercent sur de nouveaux points d’appui. Le “pivotement” américain vers l’Asie, s’il est exagéré par certains, n’en est pas moins réel. Il implique l’apaisement des tensions au Proche et Moyen-Orient en réglant les crises syrienne et iranienne et en mettant un terme aux affrontements chiites-sunnites instrumentalisés Les Libanais de Boston ont-ils fondé des associations Le colonel Alain Corvez en compagnie de notre correspondante Tala Farran en février dernier à Beyrouth. à des fins stratégiques... Le Liban multiconfessionnel, fragilisé par son voisinage de la Syrie d’où il reçoit plus d’un million de réfugiés de toutes confessions, n’a toujours pas de gouvernement pérenne du fait des désaccords attisés par les appuis étrangers des parties prenantes. Cependant, les structures étatiques comme l’armée et la police restent cohérentes et accomplissent leur tâche malgré les difficultés. L’alliance entre les chrétiens du Courant patriotique libre du général Aoun, le Hezbollah composé principalement de chiites mais pas exclusivement, et le parti Amal de Nabih Berry reste la force politique dominante qui a soutenu le régime en place à Damas. Habitués des discussions de “diwan” pour trouver des compromis, les dirigeants des grandes familles analysent les situations au regard de leurs alliances extérieures et, fins Une vue de Boston par le littoral. culturelles ? Se réunissent-ils parfois à l’occasion d’événements dédiés au Liban ? Les associations culturelles ont presque disparu. Il n’y en a plus que deux ou trois aujourd’hui. Cela est surprenant d’autant plus qu’on a beaucoup lu sur le rôle culturel qu’a joué Boston dans la vie des émigrés par le passé. Fautil rappeler au passage que c’est ici que l’essayiste, romancier, poète et artiste Gibran Khalil Gibran a été exposé au monde culturel et a été placé sur le chemin de la gloire artistique ? Il est triste que la politique influe actuellement sur la culture. Les émigrés Photo tirée du site catalanwineusa.com suivent de près l’actualité politique libanaise, appliquent à la lettre ce que leur demandent leurs partis politiques. Ainsi, ils ne se réunissent que sous l’égide de leurs partis. Et les alliances politiques libanaises influencent aussi les coalitions interlibanaises qui se font et se défont ici. L’« ilha do limão » de l’ambassadeur Fouad el-Khoury à Rio de Janeiro Naji FARAH Le hasard les a placés là, et ils sont fiers de remplir leur rôle de défenseurs de l’Occident. Voilà l’histoire de deux jeunes Libanais partis de la capitale et du Liban-Nord, envoyés sur tous les fronts. Il y a une semaine, dans le pub d’un grand hôtel de San José au Costa Rica, Giuseppe, accompagné d’une jeune Costaricaine, nous aborde avec affection en langues italienne et arabe. Il vient de Toronto demander la main de son élue, mais il appartient à la puissante communauté libano-juive de Brooklyn. De père italien et de mère libanaise de Beyrouth, le Liban lui manque, et nombre des 50 000 descendants de sa communauté vivant à New York ne pensent qu’à rentrer au pays. D’ailleurs, c’est ce que sa tante a fait il y a deux ans pour renouveler son passeport. Il la joint directement par téléphone et elle nous parle en arabe, s’enquérant de la situation dans le pays et nous souhaitant bonne chance. Giuseppe est fier des grandes synagogues richement décorées de New York dans lesquelles les prières sont récitées en arabe et en hébreu, et espère aller passer quelques jours avec sa jolie fiancée à Beyrouth. Il souhaite que le gouvernement canadien le lui permette car, travaillant dans le diamant, il sert également comme militaire dans l’armée canadienne qui l’a envoyé en Afghanistan. Certains Libanais des seconde et troisième générations ne se sentent pas du tout concernés par le pays de leurs grands-parents. Pourtant, ils sont très nombreux à résider dans cette région. Près de 350 000 Libano-Américains vivent ici et 80 000 nouveaux venus sont arrivés récemment. Ils travaillent dans divers secteurs : la restauration, la joaillerie, le commerce... Nous les avons encouragés à visiter leur pays d’origine. Certains s’y rendent cet été malgré la situation critique. observateurs, semblent avoir admis que le régime syrien sortirait vainqueur de la crise et en tirent les conséquences ; le chef druze Walid Joumblatt a récemment apporté son soutien à Nabih Berry pour la formation d’un gouvernement, signe qu’une issue pourrait s’ouvrir, d’autant plus que l’Arabie pourrait la souhaiter aussi et le faire savoir à ses alliés locaux, le chrétien Samir Geagea et le sunnite Saad Hariri. En l’absence d’État solide, la fragilité du Liban tient à la présence armée forte du Hezbollah, au nom de la résistance à Israël, simultanément avec celle des milices sunnites présentes officiellement pour certaines ou dans les camps palestiniens, qui en sortent pour combattre en Syrie voisine ou dans la région de Tripoli au Nord, faisant déjà plusieurs dizaines de morts, soldats et civils. Ce mélange est dangereux et pourrait exploser dramatiquement si les jihadistes venaient à quitter la Syrie pour attaquer le Hezbollah au Liban. Des menaces sérieuses sont d’ailleurs annoncées sur la Finul au sud contre les soldats occidentaux. » Docteur à la Sorbonne à Paris en histoire et L’ambassadeur Fouad elKhoury nous présentant l’« ilha do limão », le 12 novembre. L’« ilha do limão » située dans la baie de Guanabara à Rio de Janeiro. civilisation musulmanes (1976) et auteur du livre Les révolutions chiites en Islam (sujet de sa thèse, paru en espagnol et en portugais en 1983), Fouad el-Khoury avait été professeur d’histoire à l’Université libanaise et caïmacam de Bécharré avant d’entamer sa carrière diplomatique. Il est le fondateur de huit Maisons de la Vierge des pauvres, l’une à Nabaa à Beyrouth, et sept au Brésil, dans l’État du Piaui, à Bélem de Pará (Amazonie), Minas Gerais, Bahia, São Cristobal (Rio), Goais et Brasilia. Il a écrit, il y a six ans, un livre en arabe (traduit en portugais) sur sa mission : Une cabane au ciel. Notre ambassadeur reste très attaché à sa maison de la péninsule de Búzios et à sa petite « ilha do limão » (île du citron) qu’il nous fait visiter au cœur de la baie de Guanabara, sur la praia Mauá, face à la plage de Botafogo et tout près de la grande île touristique de Paquetá. Son objectif est d’en faire un espace de culture animé par des jeunes, dans une région idyllique portant au rêve. N.F. Réunion de l’assemblée générale de l’ULCM au Costa Rica Une place de choix pour l’Amérique latine est réservée par l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), qui a tenu sa dernière assemblée générale du 7 au 9 novembre, dans la capitale San José du Costa Rica. Le président mondial Michel Doueihi et son secrétaire général Toni Kaddissi ont annoncé à la fin de la réunion leur décision concernant le prochain congrès mondial, qui se déroulera fin mars à Buenos Aires en Argentine. Au cours de l’assemblée à laquelle étaient présents près de 50 représentants de tous les continents, les statuts de l’ULCM ont été révisés en détail, et une présentation a été faite du nouveau projet culturel pour l’Amérique latine Celibal. Plusieurs visites ont ponctué ce voyage, comme Au cours de l’assemblée générale de l’Union libanaise culturelle mondiale au Costa Rica, le 7 novembre. celle du centre-ville de San José où se trouvent le Grand Théâtre ainsi que le Musée de l’or. L’un des grands dîners a eu lieu au restaurant Lubnan, dont le bâtiment abrite également le Club libanais. Le Costa Rica est une Pièces en or travaillées il y a plus de mille ans par les Indiens du Costa Rica et conservées au Musée de l’or à San José. destination touristique à privilégier, avec un peuple aimable et une richesse naturelle inestima- ble, les vestiges et les superbes plages s’ajoutant à une faune et une flore exceptionnelles. Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com