Sami Tawil : « Le Liban m`a donné mes racines, la France m`a

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Sami Tawil : « Le Liban m`a donné mes racines, la France m`a
Les Libanais dans le monde
lundi 2 novembre 2009
Sami Tawil : « Le Liban m’a donné mes
racines, la France m’a donné mes ailes »
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Interview Le professeur Sami Tawil est l’un de ces Libanais qui offrent au monde
une image d’ouverture, de sciences et de culture de leur pays d’origine. Ayant fait
ses preuves en France où il a servi la psychiatrie francophone, Sami Tawil n’a jamais
oublié le Liban qui coule dans ses veines. Son amour inconditionnel pour le pays
du Cèdre ne l’empêche pas pour autant de déplorer l’individualisme du Libanais,
l’absence de la notion de l’État et le manque de laïcité dans le pays.
Nada MERHI
Il a quitté le Liban pour la
France il y a quarante ans,
mais n’a jamais oublié son
pays d’origine pour lequel
il voue un amour et un attachement inconditionnels.
« Le Liban m’a donné mes
racines, la France m’a donné
mes ailes », avait en fait déclaré Sami Tawil, directeur
de l’unité d’hospitalisation de
psychiatrie à l’hôpital SaintAntoine, il y a un an lors de
la cérémonie au cours de laquelle les insignes de cheva-
lier de la Légion d’honneur
lui ont été remis « à titre
hospitalier, universitaire, militaire et humanitaire ».
« C’est un honneur que la
France me rendait en tant que
médecin qui y travaille depuis 40 ans, mais c’est surtout
un honneur pour quelqu’un
qui est d’origine étrangère »,
confie-t-il au cours d’un entretien express accordé récemment à L’Orient-Le Jour dans
le lobby de l’hôtel où il séjournait, une heure avant qu’il
ne se dirige vers l’aéroport.
« Être chevalier de la Légion
d’honneur, c’est avoir une re-
connaissance d’un État, et pas
les moindres, celle du pays
des droits de l’homme, poursuit-il. Je suis arrivé en France
comme une personne lambda.
Je ne connaissais quasiment
personne. J’ai poursuivi mes
études, j’ai mené ma barque et
j’ai effectué ma trajectoire. La
France m’a permis de m’épanouir et de me développer.
C’est l’un des rares pays qui
a pu me permettre de réussir
à la fois sur les plans scientifique, médical, culturel et
humanitaire. »
Professeur au Collège de
médecine des hôpitaux de
Paris, cofondateur de la Fédération internationale francophone de psychiatrie, Sami
Tawil fait partie de ces hommes et femmes dont le Liban
ne peut que s’enorgueillir. Il
est en effet l’auteur de plus de
125 articles médicaux dans la
presse française et étrangère
et de sept ouvrages, dont un
best-seller Le Miroir de Janus,
réédité à trois reprises. Sami
Tawil a également participé à
trois missions humanitaires :
héliportage sur le village de
Tarchich au Mont-Liban isolé par la tempête et la neige,
transfert vers la France de 75
enfants et 15 adultes du Liban-Sud au cours d’une mission qui lui avait été confiée
par le président français Nicolas Sarkozy suite à la guerre
de juillet 2006, et une intervention confiée par la Mission
interministérielle française de
lutte contre la drogue et la
toxicomanie pour évaluer les
conséquences de la consommation de drogue pendant la
guerre au Liban. Il est aussi
membre d’une vingtaine d’associations scientifiques nationales et internationales, dont
l’Association mondiale de
psychiatrie et l’Association
américaine de psychiatrie, et
membre expert de psychopharmacologie au ministère
français de la Santé.
« J’ai servi le Liban »
Le Dr Sami Tawil : « Le Liban a toujours été dans mon cœur, même si je n’y étais pas physiquement
présent. »
N’a-t-il jamais pensé rentrer au pays ? « J’ai vécu la
guerre du Liban à travers
la télévision, répond Sami
Tawil. L’instabilité du pays,
la répétition de la guerre et
les racines que j’ai fait pousser
en France m’ont fait hésiter
à le faire, lorsqu’il y a eu des
périodes d’éclaircies. Mais en
fait, je n’ai jamais voulu laisser
ce que j’ai construit en France. Je n’ai pas voulu lâcher la
proie pour l’ombre. Donc j’y
suis resté un peu par facilité.
Mais j’ai beaucoup servi le Liban. J’y viens régulièrement et
j’y ai participé à des missions
humanitaires. Par ailleurs, j’ai
fondé une Fédération internationale francophone de médecine dans laquelle le Liban a
toujours eu une place de choix
et j’ai toujours œuvré pour que
les Libanais soient présents
dans les congrès qu’on organisait à Paris. »
« Le Liban a toujours été
dans mon cœur, même si je
n’y étais pas physiquement
présent, ajoute-t-il. Dans
l’unité d’hospitalisation psychiatrique que je dirige à l’hôpital Saint-Antoine, j’ai reçu
un grand nombre de patients
libanais traumatisés par la
guerre que j’ai hospitalisés en
les faisant prendre en charge
gratuitement par la Santé publique et par l’État. »
Et d’affirmer : « En 2009,
j’ai déjà effectué trois séjours
au Liban. En avril pour participer à un congrès sur le stress
qui s’est tenu à l’hôpital de La
Croix. En juin, je suis venu
48 heures pour voter dans ma
circonscription à Baabda. Je
ne l’avais jamais fait, mais cette année j’ai tenu à voter parce
que les élections étaient très
importantes et ma voix de-
Le Dr Sami Tawil entouré de MM. Bernard Debré, député de Paris, et Jean Meo, ancien secrétaire
général de l’Institut et de la Fondation Charles de Gaulle, lors de la cérémonie au cours de laquelle
les insignes de chevalier de la Légion d’honneur lui ont été remis.
vait compter. Et puis cet été
en vacances C’est vous dire à
quel point je suis attaché au
pays. »
Le manque de laïcité,
une plaie dans le pays
Que lui a apporté le Liban ?
« L’ouverture, affirme-t-il.
Le Libanais est quelqu’un
qui veut tout savoir et comprendre. Il connaît tout sur
le monde et parle au moins
trois langues. Cette ouverture, je la dois au Liban et
plus particulièrement à mon
école, le Collège international ou IC dont je garde un
souvenir extraordinaire. Le
Liban m’a aussi légué cette
capacité de travailler et de ne
jamais renoncer. »
Et la France ? « Elle m’a
apporté une chose essentielle
que je souhaite pour le Liban, la laïcité, insiste Sami
Tawil. Elle m’a apporté
aussi un humanisme que je
ne connaissais pas, la notion
d’un pays de droits, un héritage culturel et l’une des plus
belles langues. »
Que reproche-t-il aux Libanais ? « Leur individualisme, déplore-t-il. Le peuple
libanais est un peuple extraordinairement intelligent et travailleur, mais il porte des tares
ancestrales. Premièrement, il
est individualiste et en plus, il
n’apprend pas de ses propres
malheurs. Dans notre jargon,
nous parlons de la compulsion
de répétition. L’être humain a
une tendance à répéter. Mais à
un moment donné, il faudrait
pouvoir prendre conscience de
cette répétition et la transcender afin de pouvoir passer à
un autre registre. J’ai l’impression malheureusement – et
cela me fait mal au cœur – de
constater qu’à cause de cette
compulsion de répétition, on
a failli transformer un paradis
en désert, alors qu’il y a des
déserts à côté de nous qui ont
été transformés en paradis.
Le Libanais n’apprend pas de
ses propres erreurs. On préfère couler tous ensemble sur
le bateau que de sauver avec
des chaloupes ce qui peut être
sauvé ou encore rafistoler le
bateau sur lequel on est. Par
ailleurs, le Libanais n’a pas un
sens public. Il n’a pas la notion de l’État, mais celle de la
propriété. Quand on sort de
ses murs, on a l’impression
que ce n’est plus chez soi. On
n’a pas la notion de l’État au
moment où il est nécessaire
de l’inculquer. Enfin, le manque de laïcité est une grande
plaie dans le pays. »
Que conseille-t-il aux jeunes ? « De ne pas baisser les
bras. De continuer à bosser
dans un des plus merveilleux
pays du monde et de ne pas
émigrer. »
Mais vous l’avez fait. « Je
l’ai fait à une période où le
Liban allait mal, explique
Sami Tawil. Aujourd’hui,
les choses vont moins mal en
apparence, mais on sent le
feu couver sous la cendre. Si
les Libanais partent, d’autres
vont venir prendre nos places. C’est déjà fait en partie
et je le regrette. Il ne faut pas
baisser les bras, il faut se battre pour construire et non pas
pour tuer et pour détruire. Il
faut avoir espoir dans l’avenir
pour que ce pays redevienne
le pays que j’ai connu quand
j’étais enfant. Le Liban que
j’avais connu était différent.
La politique n’avait pas cet
impact. On ne distinguait
pas le chrétien du musulman.
Pour moi, Béchara el-Khoury
et Riad el-Solh sont le symbole du Liban. Ces deux personnages indissociables marchant main dans la main vers
l’éternité. C’est l’image que je
garde sur le plan politique de
l’enfant que j’ai été ici. »
Et Sami Tawil de conclure :
« Je souhaite que le Liban soit
un pays totalement indépendant et que toutes les factions
politiques libanaises pensent à
une seule religion, le “libanisme”. Je souhaite aussi, sur le
plan politique, qu’on s’identifie au bien national plutôt que
de s’identifier aux pays qui
nous entourent. »
« Non, tous les Canadiens d’origine
libanaise ne sont pas des fraudeurs »
En réponse aux médias canadiens qui, dernièrement, ont monté en épingle les actes
frauduleux dont se sont rendus coupables certains Libanais pour obtenir la nationalité
canadienne sans résider dans ce pays, une avocate canadienne d’origine libanaise, Carole
Chelhot, rappelle que ses concitoyens résidant au pays de l’Érable sont le plus souvent
d’honnêtes travailleurs qui ont contribué au développement de leur terre d’accueil.
Les médias canadiens se sont
attaqués ces derniers temps
à un groupe de Libanais,
faux immigrants du Canada,
autrement dit des personnes
qui simuleraient, en usant de
moyens frauduleux et certainement répréhensibles, une
résidence permanente au Canada, en vue d’obtenir la citoyenneté canadienne.
Plutôt que de se concentrer
sur les éléments et moyens
de fraude utilisés, plutôt que
d’accuser le gouvernement canadien de laxisme, il serait plus
intéressant et lucratif d’analyser, d’une part, la contribution inestimable à l’économie
canadienne de milliers de
citoyens canadiens d’origine
libanaise, et de disséquer,
d’autre part, les raisons pour
lesquelles quelques faux immigrants libanais simuleraient
une résidence au Canada, en
encourant, ainsi que les personnes qu’ils emploient pour
atteindre leurs fins, le risque
de lourdes pénalités.
« Ils réussiront où qu’ils
soient. » C’est en ces termes que le maire de la ville
de Montréal, Gérald Tremblay, s’est exprimé à la Radio
Moyen-Orient de Montréal
lors de la signature du Protocole d’entente, le 13 mai
dernier, entre l’Union culturelle libanaise au Québec et la
municipalité de Montréal. Ce
protocole d’entente visait à
commémorer le 125e anniversaire de la présence libanaise
à Montréal. À cette occasion,
la ville de Montréal a convenu
de créer une place du Liban.
Le premier immigré,
un paysan
S’il est vrai que quelques Libanais (ils ne seraient pas les
seuls) réussissent à détourner
les lois et les règlements sur
l’immigration canadienne, il
est tout aussi vrai qu’à travers
l’histoire du Canada, l’immigration libanaise a joué un
rôle significatif dans la dynamique économique et sociale
du pays d’accueil. La première
vague d’immigration (de 1859
à 1917) et la deuxième (de
1938 à 1960) consistaient essentiellement en des Libanais
travaillant dans le commerce.
C’est en 1890 qu’est arrivé
au Québec le tout premier
immigrant libanais. Paysan
originaire de la ville de Zahlé,
il s’est installé dans la ville de
Trois-Rivières, avec sa valise
Les citoyens canadiens d’origine libanaise ont beaucoup
contribué au développement de leur terre d’accueil, et les fraudes
de certains n’y changeront rien.
de commerçant itinérant.
Jusque vers les années
1940, la plupart des immigrants libanais faisaient du
commerce ambulant, puis
ils ont commencé à ouvrir
des magasins ou à travailler
comme manœuvres, d’abord
en province, puis à Montréal.
D’autres, à l’instar de Pierre
Debane, se sont engagés dans
la vie politique du Canada
en défendant les intérêts canadiens. Aujourd’hui encore,
plusieurs Libanais occupent
des fonctions importantes au
sein de la vie politique canadienne.
Les années 1960 et 1970
ont été témoins d’une autre
vague d’immigration : des
étudiants, essentiellement de
futurs médecins et ingénieurs.
Pour la plupart, ils sont restés
au Québec lorsque la guerre
du Liban a éclaté. Plusieurs
d’entre eux figurent parmi
les grands noms de la médecine québécoise : neurologues, ORL, ou chirurgiens
cardio-vasculaires, comme le
Dr Pierre Ghosn, qui opéra
Lucien Bouchard, alors Premier ministre.
Mais c’est surtout de 1970
à 1978 que les Libanais ont
immigré massivement au Canada. Cette dernière vague
consistait aussi en des jeunes
gens ayant étudié au Canada
et qui ont décidé de rester
dans le pays du fait de l’incertitude causée par les débuts de
la guerre en 1975.
La vague d’immigration libanaise au Québec la plus importante s’est effectuée entre
1989 et 1992 ; essentiellement
familiale, elle est estimée à
150 000 immigrants libanais.
Aujourd’hui, on compte environ 400 000 Libanais au Canada, actifs dans les secteurs
de l’économie canadienne. Ils
sont, notamment, commerçants, restaurateurs, employés
d’institutions financières et de
banques, professionnels, médecins, avocats, ingénieurs,
professeurs d’universités, sénateurs, députés. Bien qu’ils
soient répartis à travers tout le
Canada, on les retrouve particulièrement au Québec, et en
Ontario.
« Saint-Liban »
ou « Petit-Liban »
Au Québec, les Libanais
résideraient majoritairement à
Montréal (environ 90 %), où
ils ont leurs quartiers de prédilection. C’est dans la ville de
Saint-Laurent que les Libanais représenteraient 16 % de
la population totale. Surnommé « Saint-Liban » ou « Petit-Liban », l’arrondissement
montréalais de Saint-Laurent
a vu fleurir, depuis une dizaine d’années, une multitude
de commerces libanais: librairies, fast-foods, marchands de
fromages, cafés, pâtisseries et
même supermarchés.
Des journaux libanais sont
également édités à Montréal,
comme l’hebdomadaire de
langue arabe al-Mustakbal
(L’Avenir) ou encore alAkhbar.
Directeur-fondateur d’al-Mustakbal, Joseph
Nakhlé, auparavant journaliste au Liban, est arrivé au Québec avec femme et enfants en
1991. Joseph Nakhlé a lancé
le Festival du monde arabe de
Montréal, qui connaît un réel
succès. Élie Moujaès arrive au
Québec dans les années 1970
et fonde le journal al-Akhbar,
largement diffusé au Québec.
Nada Raphaël est une
jeune cinéaste d’origine libanaise. Elle a mis sur pied un
festival de courts métrages libanais, qui se déroule chaque
année au mois de mai à l’Office national du film (ONF)
de Montréal.
Le dramaturge libanais
Wajdi Mouawad, 34 ans, a
lui aussi débarqué à Montréal à l’âge de 16 ans, avec
ses parents. Aujourd’hui, ses
pièces et ses mises en scène,
traductions et adaptations
font l’unanimité des critiques
et du public canadiens. Directeur du théâtre de Quat’ Sous,
à Montréal, depuis 2000, il a
apporté un nouveau souffle au
théâtre québécois.
Zalfa Chelhot, jeune comédienne libanaise, s’installe
aux pays des Pingouins en l’an
2000. Elle crée à Montréal sa
petite école de théâtre. Elle
donnera un spectacle en novembre 2009 à la prestigieuse
place des Arts.
Alain Ayache, canadien
d’origine libanaise, a été
nommé juge de la citoyenneté
à Montréal en février 2009.
Avant sa nomination, le juge
Ayache était chargé de cours
à la faculté de sciences politiques de l’Université Concordia et à celle de l’Université du
Québec à Montréal.
Juanna Jean Hammam est
arrivé au Canada dans les années 2000. Elle a adhéré à
l’Université de Montréal pour
poursuivre ses études universitaires ; aujourd’hui, elle est
membre de la Chambre des
notaires. Des banques libanaises se sont également établies dans le pays.
Une difficile adaptation
Que l’immigrant soit libanais, européen, américain,
asiatique, africain, blanc,
jaune ou noir, la vie d’un immigrant au Canada n’est ni
commode ni facile.
Il y a d’abord le climat glacial de l’hiver (cinq mois de
neige), que même les Canadiens cherchent à fuir. Il faut
ensuite s’adapter au marché
du travail. Pour combler un
poste vacant, les employeurs
canadiens exigent que l’immigrant-postulant possède une
Une vue de la nature canadienne grandiose. Ici, le parc d’Alberta.
expérience de travail canadienne, oubliant que l’immigré n’en a pas.
Il y a aussi la difficulté
considérable liée à la reconnaissance de la formation et
des diplômes étrangers. Un
médecin diplômé à l’étranger
ne pourrait en aucun cas pratiquer sa profession à moins
de satisfaire aux conditions
et exigences du Collège des
médecins du Québec. Il en
est de même pour toutes les
professions faisant partie
d’un ordre professionnel et
le nombre des ordres professionnels au Canada est élevé.
D’un côté, le gouvernement
canadien met sur pied des
programmes d’immigration
afin d’attirer des travailleurs
qualifiés, dressant une liste
de professions qui font l’objet
d’une demande, et, d’un autre
côté, les immigrants se trouvent confrontés à de multiples
complications pour répondre
aux exigences du marché du
travail canadien.
Lorsque l’immigrant est au
chômage, il n’arrive ni à se loger ni à répondre aux besoins
essentiels de sa famille bien
que, en cas de nécessité, le
gouvernement canadien et les
gouvernements provinciaux
multiplient leurs efforts pour
combler ses besoins.
Il faut prendre aussi en
considération, à l’évidence,
les conséquences de l’éloignement familial et social que vit
le nouvel immigrant en terre
d’accueil. Finalement, on doit
s’adapter à un système administratif canadien rigide et
compliqué.
Pris dans cet engrenage,
l’immigrant cherchera à
consulter une source bien
informée. Il espère une solution facile, celle qui lui assurerait un retour au bercail
et l’obtention de la citoyenneté canadienne en prime.
Il s’adresse à un soi-disant
professionnel qui se déclare,
de surcroît, membre d’une association de professionnels en
matière d’immigration et de
citoyenneté canadienne. La
facture sera payée plus tard, à
la livraison.
Qui est responsable ?
Faut-il désapprouver la
souplesse de la loi sur l’immigration, débattre de la libéralité du système, condamner
la bonne foi des Canadiens ?
Faut-il se montrer plus persuasif, non seulement pour attirer les immigrants mais aussi
pour les retenir ? Faut-il modifier le code des professions,
créer de nouveaux marchés de
travail adaptés aux nouveaux
immigrants, assouplir les exigences reliées à la formation
professionnelle étrangère, offrir davantage de prérogatives
et de privilèges aux nouveaux
venus ?
Faut-il blâmer l’immigrant
mal renseigné, s’insurger
contre sa faiblesse, lui reprocher sa lâcheté ? Faut-il se
montrer compatissant envers
les victimes de la fraude ou
être indigné par leur tricherie ? Doit-on laisser libres ces
soi-disant professionnels malhonnêtes et frauduleux, sans
inspection
professionnelle,
sans procès et sans pénalité ?
Faut-il, enfin, dénoncer l’imprudence des ordres qui abriteraient des professionnels
corrompus ?
La solution est loin d’être
évidente. Mais ce qui est indéniable, c’est que tout système, aussi perfectionné soit-il,
fera toujours l’objet de critiques. Ce qui est certain, c’est
que tant au niveau fédéral
qu’au niveau provincial, les
gouvernements s’activent à
faciliter l’adaptation de tous
les immigrants sur le sol canadien. Le Canada a besoin
d’immigrants qui y résident
en permanence, d’où l’appellation « visa de résidence permanente », afin d’augmenter
la population de ce pays, développer son économie et faire fructifier ses ressources. Il
est incontestable et irréfutable que pour obtenir le passeport canadien, il faut d’abord
être citoyen canadien, appartenir à cette nation.
En conclusion, quoi qu’écrivent les médias canadiens sur
la communauté libanaise, les
400 000 Canadiens d’origine
libanaise ont fait preuve de
courage. Par leur persévérance et leurs compétences,
ils ont su s’imposer fièrement
et dignement dans ce milieu
étranger, braver toutes les difficultés et faire face à tous les
défis. Par leurs contributions
inestimables, ils ont enrichi
le Canada. C’est grâce à eux
aussi que le Canada est ce
qu’il est aujourd’hui.
Carole CHELHOT
Citoyenne canadienne
d’origine libanaise

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