CNV- La punition ne répond pas à nos besoins
Transcription
CNV- La punition ne répond pas à nos besoins
CNV- La punition ne répond pas à nos besoins Extrait de Marshall Rosenberg, Les ressources insoupçonnées de la colère, Jouvence 2012, pp. 40-42. Lorsque nous sommes en colère, nous nourrissons des pensées qui nous déconnectent d’avec nos besoins. Ces pensées sont des jugements moraux que nous portons sur les autres : « IIs ont tort, ils sont irresponsables, ils sont nuls, ce qu’ils ont fait est mal etc… » Nous trouvons toutes sortes d’arguments qui justifient notre colère à nos yeux. Ces jugements partent du principe que les autres n’auraient pas dû faire ce qu’ils ont fait et qu’ils méritent une certaine forme de condamnation, de punition, de châtiment. La punition ne peut jamais vraiment répondre à nos besoins de manière constructive. Cela devient évident lorsque nous nous posons deux questions. 1. La première est : que voulons-nous que l’autre fasse différemment ? Si nous nous arrêtons à cette question, la punition semble parfois fonctionner : nous pouvons obtenir d’un enfant qu’il arrête de frapper sa sœur si nous le punissons quand il le fait. Je dis que cela semble fonctionner parce que souvent, le fait même de punir une personne pour ce qu’elle a fait peut stimuler chez elle un antagonisme que, par ressentiment ou par colère, elle continuera à agir de la même façon. Il se peut même qu’elle continue plus longtemps que si elle n’avait pas été sanctionnée. Cependant, si nous posons la seconde question, je suis convaincu que nous verrons alors que la punition ne fonctionne jamais car nous n’avons pas envie de satisfaire nos besoins en devant en payer le prix plus tard1. 2. Cette seconde question est : que voulons-nous que l’autre ait comme motivation pour faire ce que nous lui demandons de faire ? En nous interrogeant à ce propos, nous constaterons que nous ne voulons jamais que les autres fassent quelque chose par peur de la punition. Nous ne voulons pas que les autres agissent parce qu’ils se sentent obligés, coupables ou honteux, ou encore pour acheter notre amour. Nous aimons que les autres agissent de leur plein gré, parce qu’ils comprennent clairement que leurs actions répondent à leurs besoins et donnent du sens à leur vie. Toute autre forme de motivation risque d’être un obstacle à la compassion naturelle que nous avons les uns pour les autres. 1 Cette note est de Michel Bacq. La punition suscite la rétorsion, la vengeance, les représailles : « Tu vas me payer cela ». « Tu m’as fait cela, donc il est justifié que je te fasse subir la même chose (œil pour œil) ». C’est le vocabulaire de la justification : « Ce n’est que justice ». Et même je me sens poussé à faire pire. C’est l’escalade. C’est le vocabulaire du mérite : « Tu n’as que ce que tu mérites ». Il est « juste » qu’Adam et Eve soient chassés du paradis et que les anges pécheurs aillent en enfer (E.S. 51 et 50). C’est aussi le thème de la colère de Dieu qui se comporterait comme un humain. C’est, dans la nouvelle alliance, le vocabulaire de la dette remise : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à ceux qui nous doivent ».