Cours 3
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Cours 3
Apprentissage et Cognition Pr. Michel Lejoyeux Service de psychiatrie et d’addictologie Groupe Hospitalier Bichat-Claude Bernard Origines o Liens avec les philosophes stoïciens. Exemple d’Épictète : les hommes ne sont pas troublés par les choses, mais par l’idée qu’ils se font des choses. o Importance des croyances dans la qualité de la vie et la santé : modèle cognitif. Exemple initial de Beck : les déprimés ont une perception négative d’eux-mêmes et du monde. o Modèle comportemental. Exemple du chien de Pavlov (sécrétion d’insuline déclenchée par un stimulus sonore). 1. Conditionnement Définition du conditionnement Le conditionnement permet d’apprendre involontairement des associations. Conditionnement classique : association entre deux stimuli et anticipation d’un événement. Conditionnement opérant : association entre une réponse et ses conséquences. Le conditionnement opérant pousse à répéter les actes suivis d’une récompense et à éviter les actes suivis d’une punition. Les conditionnements classiques et opérants se réalisent en même temps. Exemples de conditionnement classique Le chien de Pavlov. Sécrétion salivaire du chien devant la vision de la nourriture. Apprentissage : sonnerie précédant la nourriture et lien sonnerie-nourriture. La salivation en présence de nourriture est une réponse dite « inconditionnelle » : chaque sonnerie fait saliver. Le conditionnement opérant Les comportements suivis de résultats positifs (renforcement) se développent. Les comportements suivis de punition s’atténuent : Vie sociale, Éducation, Santé… Loi de l’effet de Thorndike Un comportement récompensé a tendance à se répéter. Extinction d’une réponse L’extinction s’obtient si la stimulation est réalisée de manière répétée et qu’elle n’est pas suivie d’une réponse (plusieurs sonneries non suivies de nourriture). La réponse conditionnée diminue. En cas de conditionnement opérant, l’extinction s’opère quand la réponse n’est plus renforcée. 2. Apprentissage Définition de l’apprentissage Changement permanent dans le comportement d’un organisme provoqué par l’expérience. Exemples : Apprentissage du sens moral Apprentissage des perceptions visuelles Apprentissage des effets prévisibles d’une substance psychoactive (consommation sociale) Apprentissage modelant la pensée, le langage (milieu, accent), l’émotion et les attitudes Apprentissage de la notion de santé par les expériences lors de chaque maladie. Apprentissage par association Expérience suivie d’une sensation particulière. Exemple : sonnette et alimentation, bruit d’un éclair et tonnerre, expression du visage des parents et comportement. Apprentissage par imitation Modèle de Bandura Observation d’exemples structurants: Vie à l’hôpital Habitudes et rituels du groupe Relation aux substances psycho-actives Définition du modelage Procédé de conditionnement opérant au cours duquel des renforcements guident le comportement vers une approximation de plus en plus proche du but désiré. Techniques d’essais suivis d’échecs ou de réussites. Renforcement et punition Définition du renforcement Tout événement augmentant la fréquence d’un comportement qui a été récompensé par le passé. Un renforçateur positif peut être une récompense tangible, un compliment, une attention, ou encore une activité, comme la possibilité d’utiliser une voiture ou de pouvoir prendre une pause. Tout ce qui sert à rendre un comportement plus fort le renforce. Exemple : cris après une situation de mauvaise conduite. Renforcements primaires et conditionnés Renforcements primaires : Renforcements conditionnés ou secondaires : Obtenir de la nourriture quand on a faim, Être soulagé d’une douleur, Satisfaction tout à fait naturelle. Renforcement appris. Ils tirent leurs pouvoirs à des renforcements primaires. Argent, bonnes notes, ton de voix agréable, félicitations, preuves d’amour. Renforcements immédiats ou différés. Renforcements continus ou intermittents. Limites du renforcement Motivation intrinsèque : désir de réaliser un comportement pour son propre compte et pour être efficace. Motivation extrinsèque : désir de réaliser un comportement pour obtenir une récompense promise ou par crainte d’une punition. La surgratification ou excès de renforcement peut miner la motivation intrinsèque. Le désir d’avoir un comportement productif pour son intérêt propre peut être bloqué. Définition de la punition Opposé du renforcement. La punition diminue le comportement. La punition est une conséquence qui diminue la fréquence d’un comportement précédant en administrant une conséquence désagréable ou en retirant une conséquence agréable. Les punitions rapides peuvent efficacement empêcher les comportements non désirés. Limites de la punition Le comportement puni n’est pas oublié, il est inhibé. Il est supprimé de manière temporaire. Il peut renforcer le besoin de punition. La punition physique peut augmenter l’agressivité chez l’enfant. Elle peut démontrer que l’agression est une façon de résoudre les problèmes. La punition peut engendrer la peur. 3. Cognitions Deux systèmes cognitifs distincts - 1/2 Premier système cognitif : Fonctionnement automatique et rapide. Les informations ne sont pas traitées par la conscience. Lié à la présence d’indices analogues à une expérience antérieure. Apprentissages directs pour réagir de manière routinière aux situations nouvelles. Deux systèmes cognitifs distincts - 2/2 Deuxième système cognitif : Système volontaire et conscient. Produit des réponses émotionnelles et comportementales. Définition du schéma cognitif (Beck et Freeman) Structures cognitives stables, stockées dans la mémoire à long terme. Acquises au cours d’expériences passées par interaction. Fonctionnent implicitement et automatiquement. Ne sont pas traitées volontairement par la pensée. Le modèle cognitif : Les cognitions erronées Deux types de cognitions erronées : les pensées automatiques et les croyances. Pensées automatiques : cognitions qui apparaissent rapidement quand une personne est en situation qui lui rappelle un événement ancien. Pensées sans analyse rationnelle. Pensées fondées sur une erreur de logique. Le sujet perçoit le caractère erroné de ses pensées. Il ne peut y résister. Exemples de cognitions erronées 1/2 Abstraction sélective : une conclusion sur une petite partie des événements ou des données. Pensée « absolutiste » : raisonnement en tout ou rien. Catégorisation en dichotomie rigide (personne bonne ou mauvaise, parfaite ou complètement méprisable, succès ou échec total). Exagération et minimisation : tendance à sur ou sous évaluer la signification d’un événement, d’une possibilité ou du caractère d’une personne. Exemples de cognitions erronées 2/2 Personnalisation : considérer comme une conséquence de ses propres pensées ou de sa propre attitude des événements sur lesquels on n’a pas prise (tendance aux reproches, à se sentir responsable, à se critiquer). Pensées catastrophistes : tendance à prédire les pires événements possibles. Inférences arbitraires : tire une conclusion d’une expérience en l’absence de la moindre évidence. Raisonnement dichotomique : classe les événements en deux pôles extrêmes. Utilisation rigide de comportements ou de stratégies relationnelles inadaptés. Approche cognitive de la personnalité Les idées et les convictions sont centrales dans la personnalité. Elles déterminent un comportement précis lors d’une situation spécifique. Exemples de croyances en fonction des types de personnalité Paranoïaque : les autres sont des ennemis potentiels Hystérique : je dois impressionner les autres Psychopathique : les autres sont des proies Obsessionnel : je ne dois jamais faire aucune erreur Cognitions perturbées dans la peur Peur du danger ou de la douleur exagérée par rapport à la menace. Hypersensibilité aux informations menaçantes. Pensées automatiques associées au danger et au risque (auto-attribution, identification). Surestimation du risque. Hypermnésie des situations dangereuses passées. Rumination de thèmes de menace, d’incapacité à contrôler et d’anticipation. Inhibition des capacités de réaction. Cognitions et comportement alimentaire Je dois être le plus mince possible pour être accepté. Si je prends du poids, plus personne ne voudra de moi. Les personnes obèses sont faibles. Si je grossis, je vais perdre le contrôle de mon poids. Perception inexacte de son poids corporel. Tendance à surestimer l’importance du moindre défaut corporel. Implication des croyances pathologiques dans le sentiment de découragement Pensées automatiques tendant à se faire des reproches. Souvenirs sélectifs des échecs et des moments désagréables. Désespoir nourri par les croyances négatives. Tendance aux reproches et à la culpabilité. Incapacité à repérer les facteurs extérieurs (destin, manque de chance) dans les événements négatifs. Surestimation du niveau de sentiment négatif et sous-estimation des sentiments positifs. Croyances et humeur Paul Watzlawick : « Faites vous-même votre malheur ». 1/ La poudre anti-éléphant. Un homme met de la poudre antiéléphant dans son train. Il est sûr de son utilité. 2/ Glorification du passé (nostalgie, regrets, craintes de l’avenir, refuser les séparations, attendre un nouveau départ, peur du vieillissement, isolement pour se concentrer sur le passé). 3/ Le syndrome de la Femme de Loth (regarder en arrière plutôt que fuir : statue de sel). 4/ Le repentir après le verre de bière (« jamais je n’aurais du, mais il est trop tard, le remords m’étouffe, tout est de ma faute »). 5/ La clé perdue, il suffit d'insister (la recherche effrénée d'une clé sous un réverbère, bien que perdue plus loin). Insister bloque les capacités d'adaptation et de remise en question des idées fausses.