Revue hebdomadaire de la presse allemande

Transcription

Revue hebdomadaire de la presse allemande
AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
------
SERVICE DE PRESSE et D'INFORMATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE INTERIEURE
Bilan de la première année de présidence fédérale
de Joachim Gauck
Le premier anniversaire de l’élection de Joachim Gauck à la présidence fédérale a
été l’occasion pour la presse de faire le point sur la manière dont l’ancien pasteur
protestant s’est approprié la fonction après la démission de son prédécesseur
Christian Wulff (CDU). Tous les médias rappellent que sa nomination avait suscité de très fortes attentes compte tenu d’un discours plutôt libertaire et nonconformiste et de son charisme d’orateur proche des préoccupations des citoyens.
De l’avis général, Joachim Gauck est resté quelque peu en deçà de ces attentes,
remplissant consciencieusement sa fonction sans pour autant lui imprimer sa
marque. « C’est normal, il ne peut être ni un contre-gouvernement moralement
supérieur ni le lanceur de débat de la Nation », rappelle Die Welt pour qui « la
présidence fédérale est une fonction essentiellement représentative qui, paradoxalement, est remplie au mieux quand son titulaire ne fait pas de vagues ». Le
Tagesspiegel regrette que l’excès de prudence ait quelque peu gommé les aspérités de sa personnalité publique. « Au bout d’un an, on ne voit plus vraiment le
président des citoyens, il est devenu abstrait dans son discours », déplore le
Handelsblatt qui, comme plusieurs confrères, rappelle que le « grand » discours
sur l’Europe du président fédéral avait manqué d’envergure. Seule la Süddeutsche Zeitung dresse un portrait bienveillant et sans réserves d’un homme « digne
et chaleureux », à l’écoute des citoyens.
Le gouvernement fédéral renonce à une tentative d’interdiction du
parti extrémiste NPD
L’ensemble de la presse a fait état de la décision du gouvernement fédéral de
renoncer à lancer une procédure de demande d’interdiction du parti néo-nazi
NPD. Alors que les Verts se sont félicités de cette décision prise en conseil des
ministres, le SPD s’est montré vivement critique, indique la FAZ. Le groupe parlementaire SPD a ainsi annoncé qu’afin de ne pas abandonner les Länder (qui
avaient pris en décembre l’initiative), il déposera une demande d’interdiction
après les vacances de Pâques, précise le journal de Francfort. De l’avis de Die
Semaine du 15 au 22 mars 2013
Welt, la probabilité d’une démarche portée uniquement par le parlement est
néanmoins faible et le FDP a d’ores et déjà indiqué son refus de la soutenir.
Die Welt et la FAZ font également état de la réaction du conseil central des juifs
d’Allemagne qui a qualifié de « décevante et erronée » la décision du gouvernement.
Les salariés d’Opel à Bochum rejettent le plan social
Les journaux rapportent qu’à une majorité de 76,1% les salariés de l’usine Opel
de Bochum ont refusé le plan social qui prévoyait la sauvegarde de 1.200 emplois sur un total de plus de 3.000 et la fermeture du site fin 2016.
La presse ajoute que le constructeur Opel a réagi en faisant savoir que « la production du monospace Zafira et la promesse de renoncer aux licenciements
économiques arriveront à échéance fin 2014 », date à laquelle le site de Bochum
devrait définitivement fermer.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
Crise à Chypre après le rejet du plan de sauvetage européen
L’adoption par l’Eurogroupe d’un plan de sauvetage prévoyant une taxe sur les
dépôts bancaires, puis le rejet de ce plan par le parlement chypriote a suscité
toute la semaine une abondante couverture de presse. Alarmistes, les gros titres
reflètent l’inquiétude des médias : « la situation à Chypre devient dramatique »
(Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Chypre titube vers la faillite » (Die Welt),
« Chypre fait trembler l’Europe » (Berliner Zeitung).
Pour une grande partie de la presse, l’idée première d’un recours à la taxation,
même exceptionnelle, de l’épargne « a brisé un dernier tabou » en Europe (Handelsblatt, Süddeutsche Zeitung, FAZ) et menacé à nouveau la crédibilité de la
zone euro sur les marchés financiers. « L’UE joue avec le feu », met en garde le
Tagesspiegel, qui, comme la Berliner Zeitung, relève qu’une fois encore,
« l’exception est en train de devenir la règle ».
L’ensemble des quotidiens soulignent que « les responsables du chaos à Chypre
se sont rejeté la faute les uns sur les autres » (FAZ) et se font l’écho des rumeurs selon lesquelles le ministre allemand des Finances aurait imposé l’idée de
taxation des petits épargnants, ce que l’intéressé a récusé avec véhémence. Plusieurs médias (Bild, Süddeutsche Zeitung) observent un « nouveau ressentiment
anti-allemand », avec une attaque de l’ambassade d’Allemagne à Nicosie et des
manifestants brandissant des panneaux hostiles à la chancelière et au ministre
des Finances.
L’attitude de la Russie dans la crise a aussi fait couler beaucoup d’encre, l’appel à
l’aide de Chypre à Moscou étant observé avec autant de méfiance que
d’inquiétude. Dans une formule choc, le tabloïd Bild s’interroge : « Poutine va-t-il
racheter Chypre à l’UE ? ». « Qui va acheter Chypre ? », se demande également
la Frankfurter Rundschau. La Süddeutsche Zeitung craint une « fuite de Chypre
dans les bras de la Russie » : « si Moscou sauve l’île, elle en fera le vassal du
Kremlin ». La démarche de Chypre envers la Russie suscite elle aussi des critiques. « C’est un acte de désolidarisation sans précédent avec le reste de l’Europe
car Nicosie devrait savoir qu’il n’y a pas que le sauvetage de l’euro en jeu mais
également des intérêts géostratégiques », s’exaspère la FAZ.
Semaine du 15 au 22 mars 2013
Au fil de la semaine, les commentaires alarmistes ont cependant laissé place à
des analyses plus distanciées. « Dire que la crise chypriote a une dimension systémique est ridicule », réalise la FAZ. Devant le « coup de poker » des dirigeants
chypriotes, les éditorialistes recommandent à l’UE de faire preuve de fermeté.
« Trois choses sont certaines : la crise ne menace pas l’Europe, elle doit être résolue par la contribution des banques et de leurs gros investisseurs qui ont
profité de leur modèle économique, et enfin l’Europe doit se montrer plus ferme
et plus disposée à sanctionner, surtout compte tenu de la morgue de certains
pays », résume la Süddeutsche Zeitung. « La crise chypriote n’a pas grand-chose
à voir avec les disparités économiques dans l’UE, avec la politique d’austérité
prêchée par Merkel et n’est en aucun cas le fait de chicaneries de Bruxelles »,
relève encore le journal.
Visite du président américain au Proche-Orient
La presse a largement couvert le déplacement du président américain en Israël
et dans les territoires palestiniens. Concernant sa visite en Israël, les journaux
soulignent dans leurs titres son aspect hautement symbolique et reprennent une
phrase forte prononcée par le président lui-même : « Obama promet solennellement une ‘alliance éternelle’ avec Israël » (Die Welt). La presse relève que ce
n’est que sa première visite dans le pays en tant que chef d’Etat et qu’il s’agit
surtout d’un passage obligé dont il ne faut pas attendre beaucoup. Ainsi, pour
Die Welt, les Etats-Unis font preuve d’une « nouvelle modestie » et le président
américain « n’a aucun grand projet de politique étrangère ». De l’avis de plusieurs commentateurs, les Etats-Unis détournent leur attention du Proche-Orient
pour se concentrer sur le monde arabe et l’Iran. La FAZ souligne à cet égard que
c’est au Caire que Barack Obama s’était rendu peu de temps après son élection,
en 2009. La presse remarque aussi que le président américain ne s’est pas exprimé devant la Knesset mais a préféré s’adresser devant des étudiants
israéliens à Jérusalem, ce qui fait dire à la Tageszeitung qu’« Obama recherche le
contact avec le peuple » en raison de sa difficile relation avec le premier ministre
israélien. Dans une interview publiée par la Tageszeitung, l’ancien ambassadeur
d’Israël en Allemagne, Avi Primor, indique qu’« Obama est très mal aimé en
Israël ». Les quotidiens, Bild en tête, relèvent en outre que le président américain a réaffirmé son attachement à une solution à deux Etats et estimé que la
« paix est possible » (Süddeutsche Zeitung) et demeure « le seul chemin vers la
sécurité » (FAZ), qualifiant à cette occasion la colonisation de territoires palestiniens de « contre-productive ».
Situation en Syrie
Le débat concernant la livraison d’armes aux rebelles syriens continue de retenir
l’attention de la presse. La Süddeutsche Zeitung note que le ministre des Affaires
étrangères, Guido Westerwelle (FDP), « réfléchit » au sujet et serait « disposé au
compromis », ayant déclaré au journal que le gouvernement allemand est
« sceptique », mais conscient que « nous devons nous tenir prêts à un changement de notre politique face à une situation changeante ». Dans un éditorial, le
Handelsblatt se prononce clairement contre toute livraison d’armes : si des armes « suivent une impulsion humanitaire bien compréhensible, elles
n’apporteront pas la paix ». Selon le journal, « dans la guerre de tous contre
tous, les bons l’emportent rarement » et des armes favoriseraient surtout les
djihadistes, « les plus motivés et les mieux organisés ».
Semaine du 15 au 22 mars 2013
La question relève d’un « dilemme moral », estime de son côté la Berliner Zeitung, qui publie une interview du coprésident du Parti vert européen, Reinhard
Bütikofer, dans laquelle il fait part des doutes des Verts et souligne que « les risques d’escalade existent malheureusement dans les deux cas », que l’UE arme
ou non les rebelles syriens.
Concernant cette même question ainsi que celle des réfugiés, la FAZ publie une
tribune d’Armin Laschet, l’un des vice-présidents de la CDU. Selon ce dernier,
« les fondamentalistes, qui représentent une grande partie de l’opposition syrienne, ont un ennemi clairement identifié : leurs buts ne sont pas seulement la
chute d’Assad, mais aussi l’assassinat des minorités et l’expulsion des chrétiens ». Accueillir des réfugiés chrétiens lui semble donc une priorité pour éviter
que le « printemps arabe » ne se transforme en « hiver rigoureux » pour les minorités. Pour Armin Laschet, livrer des armes aux rebelles serait de surcroît « irresponsable dans cette situation » et mieux vaudrait « exercer une pression avec
la Russie sur toutes les parties en guerre » pour parvenir à une négociation./.
Semaine du 15 au 22 mars 2013