Revue hebdomadaire de la presse allemande

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Revue hebdomadaire de la presse allemande
AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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POLITIQUE INTERIEURE
La Cour constitutionnelle fédérale se penche sur les contrats
d’armement
La Cour constitutionnelle s’est penchée cette semaine sur une plainte déposée
par trois députés Verts estimant que la procédure gouvernementale
d’autorisation des exportations d’armement ne respecte pas les droits
d’information du parlement. « D’un point de vue constitutionnel, les exportations
d’armement se situent dans une zone d’ombre puisqu’elles sont interdites par
principe mais autorisées à titre exceptionnel », explique la Süddeutsche Zeitung
avant d’indiquer que le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière
(CDU), a fait part de son intention de présenter, d’ici à l’été, un projet destiné à
améliorer la transparence. Ce projet prévoit que le parlement soit informé des
contrats au plus tard deux semaines après leur autorisation par le gouvernement
fédéral.
Parallèlement, la publication des chiffres du Centre de recherche international sur
la paix de Stockholm (SIPRI) sur les dépenses militaires mondiales en 2013 retient l’attention des quotidiens qui s’inquiètent du déséquilibre entre budgets à la
baisse dans les pays occidentaux et surarmement dans les foyers de crise internationaux.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
Le parlement européen adopte le projet d’union bancaire
Ce « succès à la dernière minute » (Tageszeitung) d’un projet majeur « élaboré
en un temps record » (Tagesspiegel) par l’Union européenne est certes salué sur
le principe par la presse, qui avait fini par redouter un blocage au parlement européen, mais les commentaires pointent à nouveau les lacunes du dispositif,
notamment le fait qu’en dernier recours, « ce soit encore et toujours le contribuable qui risque de payer la facture » d’une résolution bancaire. Le quotidien
alternatif Tageszeitung critique le fait que la spéculation bancaire, à l’origine des
crises, n’ait pas été réglementée dans ce contexte. Le Tagesspiegel soulève un
point plus fondamental, à savoir que « l’union bancaire est à la limite de ce
Semaine du 11 au 17 avril 2014
qu’autorise le droit européen ». « Que se passera-t-il si, dans quelques années,
on décide en une nuit à Bruxelles de fermer une banque allemande sur ces bases
juridiques fragiles et que les tribunaux, ou les citoyens, ne l’acceptent pas ? »,
s’interroge le quotidien en appelant à une réforme des traités européens.
Crise ukrainienne
La détérioration de la situation en Ukraine demeure au centre des préoccupations
de la presse et les éditorialistes s’épuisent à souligner l’impuissance de l’Occident
face aux ambitions hégémoniques de Moscou. Le regain de tension à l’est du
pays inquiète fortement les journaux pour qui « il n’y a pas loin de la guerre civile à la guerre » (Süddeutsche Zeitung).
Dans un entretien à l’hebdomadaire Die Zeit publié en amont de la rencontre à
Genève entre les Etats-Unis, l’UE, l’Ukraine et la Russie, le ministre allemand des
Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), condamne les provocations
du Kremlin et qualifie l’attitude russe de « politiquement inacceptable et contraire aux droits des peuples ». Selon lui, l’Europe a bien agi en définissant une
ligne commune claire et en adoptant une réponse mesurée face à Moscou qui
rend possible un retour au dialogue. L’enjeu majeur à présent consiste à préserver l’unité de l’Ukraine et à lui offrir le soutien nécessaire pour que sa situation
politique et économique soit stabilisée. La Berliner Zeitung indique que lors de la
conversation téléphonique qu’ils ont eue mardi soir, la chancelière a « très clairement exprimé au président russe qu’elle le tenait pour le principal responsable
de la situation et l’a enjoint de contribuer à une désescalade de la situation ».
Evoquant la question des sanctions économiques, la FAZ met en garde dans un
commentaire contre des mesures qui saperaient les relations économiques germano-russes et pénaliseraient du même coup les pays occidentaux, eux aussi
dépendants des importations de gaz russe. Pour la Süddeutsche Zeitung, qui
rappelle que 300 0000 emplois en Allemagne sont directement dépendants du
commerce avec la Russie, et évoque elle aussi les risques économiques encourus, la crise ukrainienne devrait inciter enfin l’Allemagne à réduire sa forte
dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz russe. Le Tagesspiegel fait valoir qu’à ce jour, « les sanctions déjà décidées contre la Russie sont
restées sans effet, qu’aucun compte n’a été gelé en Allemagne, selon une enquête de la Bundesbank auprès des instituts bancaires allemands ». « Les
sanctions sont une chose, les affaires en sont une autre », observe le Handelsblatt qui constate que même les dirigeants politiques allemands continuent de
maintenir un « dialogue discret » avec des représentants de l’économie russe.
Dans un entretien à Die Welt, le ministre chypriote des Affaires étrangères met
en garde contre des sanctions qui « détruiraient l’économie chypriote » compte
tenu des fortes relations économiques entre Chypre et la Russie. Il juge préférable que la liberté de s’associer ou non à des sanctions soit laissée à chaque Etat
membre de l’UE.
Le Handelsblatt et la FAZ s’intéressent aux liens entre l’énergéticien allemand
RWE et la firme ukrainienne Naftogaz. Ils soulignent que conformément à un accord passé entre les deux entreprises en 2012, RWE a commencé à livrer du gaz
à Naftogaz, de manière à alléger sa dépendance à l’égard de Gazprom pour un
prix qui, même au tarif du marché, ne peut être que plus avantageux que celui
facturé à Kiev par Moscou, notent les journaux. « Pour un moment, et grâce à
RWE, la Russie n’est plus dans le rôle de l’acteur qui fait monter la pression » sur
cet aspect du conflit, souligne la FAZ.
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La FAZ publie par ailleurs un sondage Allensbach centré sur la détérioration, depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, de l’image de la Russie et de
Vladimir Poutine auprès de l’opinion publique allemande. A présent, une majorité
de 55% d’Allemands associent la Russie à un danger et seulement 10% d’entre
eux la considèrent comme un partenaire fiable. Alors qu’à la fin des années 2000
55% des Allemands dressaient un bilan positif des relations germano-russes, désormais 76% estiment que la relation entre les deux pays est endommagée et la
tendance à une prise de distance avec la Russie en sort renforcée. La réputation
du président russe est, elle aussi, directement affectée : 65% des Allemands ont
de lui une opinion critique.
RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES
Visite à Berlin du Premier ministre
C’est surtout en images que la presse a rendu compte de la conférence organisée
lundi 14 avril à Berlin par le SPD (« Centenaire de la Grande Guerre – leçons et
défis pour la paix et la stabilité en Europe ») à laquelle a participé le Premier ministre.
Sous les titres « contre le vieil esprit des politiques nationalistes » (FAZ), « des
invités français et européens pour commémorer la guerre mondiale » (Berliner
Zeitung) ou encore « le dos tourné à la communauté des valeurs – Gabriel fait le
lien entre la commémoration de 1914 et la crise à l’Est de l’Europe » (Die Welt),
les journaux publient chacun une photo du Premier ministre entouré de Sigmar
Gabriel, président du SPD, et de Martin Schulz, président du parlement européen.
La presse note que c’est à l’invitation du SPD que le Premier ministre a effectué
hier à Berlin son premier déplacement à l’étranger depuis sa nomination. Ceci
conduit le Handelsblatt à indiquer malicieusement qu’à l’approche des élections
européennes « l’amitié franco-allemande semble être plus naturelle pour le SPD
que pour la CDU, puisque c’est chez les camarades et non chez la chancelière
que Manuel Valls a effectué sa visite de prise de fonctions ». « Le trio réuni dans
l’église française réformée de Berlin a des allures bien moins guindées que les
apparitions de la chancelière aux côtés du président de la République », poursuit
le quotidien.
A l’instar de Die Welt qui titre à sa Une « le vice-chancelier Gabriel met en garde
contre la guerre en Europe », c’est avant tout le discours de Sigmar Gabriel, largement centré sur la situation en Ukraine, qui retient l’attention de la presse.
« La Russie semble prête à envoyer des chars par-delà les frontières européennes », a indiqué le président du SPD qui, de l’avis de Die Welt, a eu « des mots
particulièrement forts » pour condamner l’attitude de Moscou. « Le Premier ministre français a quant à lui parlé du plus sérieux danger pour la stabilité en
Europe depuis la chute du Mur de Berlin », relèvent la FAZ et le Tagesspiegel, la
FAZ ajoutant que selon lui ceci « conduit Paris et Berlin à travailler à des réponses communes». « Face à la crise ukrainienne, l’Allemagne et la France
s’efforcent infatigablement d’apporter des réponses déterminées et unies », retient aussi Die Welt du discours du Premier ministre avant de noter que M. Valls
a par ailleurs loué la capitale allemande dans laquelle il voit « le merveilleux
symbole marquant la volonté de surmonter la division de l’Europe et le manque
de compréhension entre les peuples »./.
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