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AMBASSADE DE FRANCE EN ALLEMAGNE
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SERVICE DE PRESSE et DE COMMUNICATION
Revue hebdomadaire de la presse
allemande
POLITIQUE INTERIEURE
Menace d’attaque terroriste à Munich
Les éditions du week-end sont abondamment revenues sur la menace d’attaque
terroriste à Munich le soir de la Saint-Sylvestre, qui a conduit à la fermeture de
la gare principale de la ville, à celle de Passing et à des déploiements de sécurité
importants. La presse indique que les forces de sécurité bavaroises continuent de
rechercher les personnes qui seraient impliquées. Selon la presse, les services
secrets français auraient donné une alerte précise aux autorités bavaroises,
après une première alerte générale des services secrets américains le 23 décembre dernier. La décision des autorités bavaroises a été soutenue par
l’ensemble des partis politiques relève la presse qui note aussi que le ministre
fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), son homologue bavarois, ainsi
que les chefs des groupes parlementaires CDU et SPD au Bundestag appellent à
une coopération plus étroite avec les services étrangers.
Série d’agressions à Cologne lors de la nuit du Nouvel An
En milieu de semaine, toute la presse s’est fait l’écho d’agressions à caractère
sexuel dont ont été victimes des passantes aux abords de la cathédrale et de la
gare centrale de Cologne dans la nuit du nouvel an. Sous le titre « Merkel promet
une réponse ferme de l’Etat de droit », repris en une par de nombreux journaux,
la FAZ signale que la chancelière a appelé au téléphone la maire de Cologne pour
lui faire part de son indignation. Citant les sources policières de la ville, les journaux rapportent en fin de semaine que que plus de 120 plaintes ont été
déposées de la part de femmes pour des agressions souvent assorties de vols
attribuées à des groupes de 20 à 30 jeunes hommes ivres « apparemment d'origine arabe ou nord-africaine » qui ont encerclé leurs victimes au milieu du millier
de personnes rassemblé autour de la cathédrale et de la gare centrale. Les journaux font également état des réactions de plusieurs responsables politiques. Le
ministre fédéral de la justice, Heiko Maas (SPD), a parlé d’une « dimension totalement nouvelle en matière de criminalité organisée ». Dans un entretien au
tabloïd Bild, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), juge « totalement inacceptable l’émergence de zones de non-droit », appelle à la plus grande
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fermeté envers les auteurs des faits tout en mettant en garde contre un « soupçon généralisé à l’égard des réfugiés ». Dans un entretien à la FAZ, le vicechancelier et ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (SPD), estime que les faits
qui se sont produits à Cologne montrent que « l’on manque davantage de forces
de police que de lois ».
Soulignant le caractère inédit et la gravité des faits, les journaux appellent dans
leurs nombreuses réactions éditoriales à une sanction sévère. « Quelle que soit
son origine, un criminel reste un criminel et la violence sexuelle existe partout »,
fait valoir la tageszeitung. « Une démocratie robuste et sûre d’elle telle que l’est
la démocratie allemande doit employer toute la force de l’Etat de droit pour se
prémunir contre un tel déclin moral », renchérit Die Welt qui appelle à éviter tout
amalgame, mais met en garde contre la « lâcheté » qui consisterait à fermer les
yeux sur certaines réalités, une attitude qui ne manquerait pas d’apporter de
l’eau au moulin des ennemis de la démocratie, un point de vue également partagé par la FAZ. « Il ne saurait y avoir de rabais culturel pour la violence qui s’est
produite, sans quoi l’intégration est vouée à l’échec », fait valoir l’ex-ministre de
la famille Christina Schröder (CDU), qui signe le billet éditorial du tabloïd Bild.
En fin de semaine, la Süddeutsche Zeitung note que « les événements de Cologne ne sont pas demeurés sans effet sur Mme Merkel ». Lors d'un point de
presse conjoint avec le Premier ministre roumain, jeudi 7 janvier, la chancelière
a évoqué la nécessité d’« adresser des messages clairs à ceux qui ne sont pas
enclins à respecter notre Etat de droit » et indiqué qu’il convenait d’« examiner
si, en matière d’expulsion, tout le nécessaire a été fait », avant de faire valoir
que les incidents survenus « posent de très sérieuses questions qui vont au-delà
de Cologne » et que « nous devons nous confronter à tout ça avec détermination ». La FAZ ajoute que les instances dirigeantes de la CDU ont pris position en
faveur d’un durcissement de la législation de manière à permettre que des réfugiés condamnés à des peines de prison ferme soient privés du droit d’asile.
Interrogé depuis Cuba, où il effectue un déplacement, Sigmar Gabriel, vicechancelier et président du SPD, a évoqué l’idée pour des demandeurs d’asile délinquants de leur faire purger leur peine dans leur pays d’origine, ainsi que la
possibilité de couper l’aide au développement pour les pays récalcitrants à récupérer leurs ressortissants.
Séminaire de début d’année de la CSU à Wildbad Kreuth
La presse a beaucoup commenté les propos tenus par le ministre-président de
Bavière et chef de la CSU. Dans une interview à l’hebdomadaire Bild am
Sonntag, Horst Seehofer avait affirmé dès dimanche que l’objectif central de
2016 devait être de « réduire le nombre de migrants » et que l’Allemagne ne
pouvait pas accueillir plus de 200 000 demandeurs d’asile et réfugiés par an. Les
journaux relèvent que la chancelière a une nouvelle fois opposé une fin de nonrecevoir à la fixation d’une limite supérieure chiffrée concernant l’arrivée en Allemagne de réfugiés et que la présence d’Angela Merkel, premier chef de
gouvernement allemand convié à Wildbad Kreuth, n’aura pas permis de rapprocher les positions entre la CDU et la CSU sur ce dossier.
Dans une tribune que publie jeudi le tabloïd Bild, le Premier ministre britannique,
invité d’honneur du séminaire de la CSU, expose ses exigences en matière de
réformes afin de garantir un maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE : enrayer
une bureaucratie excessive et les entraves au commerce qui freinent la croissance, redonner davantage de compétences au parlement nationaux afin de
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lutter contre le déficit de démocratie dont souffre l’UE, limiter pour une durée de
quatre ans la possibilité pour des ressortissants qui n’auraient pas cotisé de bénéficier de prestations sociales.
« Le Premier ministre britannique a plaidé en faveur d’un réforme de l’UE et mis
en garde contre trop d’immigration », relève le Handelsblatt. Pour la FAZ, qui
note que David Cameron a été vivement applaudi, son intervention a pris la
forme d’un « match à domicile dans les montagnes bavaroises ». Au regard des
exigences du Premier ministre britannique, désireux de restreindre pour quatre
ans la possibilité pour des ressortissants européens de bénéficier de prestations
sociales dans un pays qui n’est pas le leur, la CSU, qui ne réclame qu’un an, a
même eu le plaisir de pouvoir apparaître comme modérée, note le quotidien de
Francfort. Pour le journal, il ne fait pas de doute que l’Allemagne, qui partage
avec la Grande-Bretagne des convictions en matière de politique économique,
fera des concessions. La seule question est de savoir jusqu’où la chancelière, qui
s’est entretenue mercredi soir avec David Cameron, est prête à aller. Il est également certain qu’au bout du compte Cameron obtiendra quelque chose mais nul
ne sait si ce résultat sera suffisant pour qu’une majorité de Britanniques se prononcent en faveur du maintien de leur pays dans l’UE. Critique, le Handelsblatt
estime que « ce qui unit avant tout Horst Seehofer et David Cameron c’est leur
populisme ». Face au nationalisme qui s’est emparé de l’Europe et dont David
Cameron fait figure de porte-étendard, le journal s’interroge sur les motivations
profondes du chef de la CSU : « agit-il encore dans l’intérêt de l’Allemagne ? ».
« Certes, la Grande-Bretagne est un partenaire important pour l’Allemagne, mais
ceci ne signifie pas qu’il faille pour autant sacrifier des principes européens tels
que la liberté de circulation et d’établissement dans l’UE », met en garde le journal.
POLITIQUE EUROPEENNE ET INTERNATIONALE
Pologne/adoption d’une loi controversés sur les médias publics
Sous le titre « l’Europe met la Pologne sous pression », la Frankfurter Allgemeine
Sonntagszeitung indique que la Commission européenne envisage d’ouvrir une
procédure contre la Pologne après l’adoption de la loi renforçant le contrôle du
gouvernement sur les médias publics. Le commissaire à l’Economie numérique,
Günther Oettinger, déclare au journal que « beaucoup de choses plaident pour
que nous activions à présent le ‘mécanisme d’Etat de droit’ et que nous placions
Varsovie sous surveillance » et annonce qu’il plaidera en ce sens lors de la
séance du Collège des commissaires le 13 janvier. La Süddeutsche Zeitung rapporte que la commissaire européenne à la Justice, Vera Jourova, souhaite
également un recours à ce mécanisme.
Dans un entretien au tabloïd Bild, le ministre polonais des Affaires étrangères,
Witold Waszczykowski, défend la politique de son gouvernement en faisant valoir
qu’il n’est pas question de nuire au multipartisme et que Varsovie souhaite
« seulement guérir l’Etat de quelques maladies ». Il accuse notamment les médias de vouloir créer « un nouveau mélange de cultures et de races, un monde
de cyclistes et de végétariens, qui ne tablent que sur les énergies renouvelables
et luttent contre toute forme de religion – ce qui n’a rien à voir avec les valeurs
traditionnelles de la Pologne ».
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Dans leurs commentaires, les journaux appellent en début de semaine les Européens à agir pour que le président polonais ne promulgue pas la loi, à l’instar la
Süddeutsche Zeitung qui estime que l’enjeu est « l’identité européenne », ce qui
justifie des sanctions contre Varsovie aux yeux du quotidien. La FAZ publie une
tribune, dans le même sens, du président de la fédération pour l’Europe de l’Est
de l’économie allemande, Marcus Felsner, dans laquelle celui-ci affirme que « la
Pologne est un test décisif pour l’Europe ».
Tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite
Signalant la montée des tensions entre les deux pays à la suite de l’exécution par
l’Arabie saoudite du prédicateur chiite Al-Nimr, les éditorialistes concentrent leurs
critiques sur une politique saoudienne jugée « irrationnelle » (Die Welt). Sous le
titre « déclaration de guerre », la FAZ accuse Riyad d’« avoir jeté de l’huile sur le
feu des tensions religieuses au Moyen-Orient » entre sunnites et chiites et
s’inquiète notamment de la situation au Yémen. « Tant que la dynastie saoudienne se laissera guider par son obsession de vouloir remettre l’Iran à sa place,
tous les efforts visant à apporter la paix au Moyen-Orient seront vains », fait valoir le journal qui craint notamment que cette attitude ne ruine les efforts
internationaux pour la résolution de la crise syrienne. Le Tagesspiegel et la
tageszeitung s’inquiètent de voir dans la décision de Riyad des « signes de crise
existentielle » d’un régime pourtant censé être une « ancre de stabilité » dans la
région. La Süddeutsche Zeitung souligne que l’Arabie saoudite est en passe de
s’aliéner tous ses partenaires au risque de devenir une « Corée du Nord avec un
désert ». « L’exécution du cheikh demeure sotte » quelles que soient les craintes
de déstabilisation, car elle justifie la réticence grandissante des Européens, notamment des Allemands, à vouloir livrer des armes à l’Arabie saoudite, estime le
journal. Dans ce contexte, les quotidiens relèvent particulièrement les appels des
partis de gauche à cesser les exportations d’armes allemandes vers l’Arabie
saoudite au motif de violations répétées des droits de l’homme par le régime
saoudien.
Dans un entretien au tabloïd Bild, le ministre allemand des Affaires étrangères,
Frank-Walter Steinmeier (SPD), s’inquiète à son tour du danger « de nouvelle
escalade qui pourrait mettre à mal tous les efforts de ces dernières semaines
pour résoudre la crise syrienne ». M. Steinmeier appelle Riyad et Téhéran à être
« des acteurs responsables », « à la hauteur » des efforts de la communauté internationale pour la paix dans la région et invite les pays à se concentrer sur les
défis majeurs : la résolution des conflits militaires, l’encouragement de solutions
politiques en Syrie et au Yémen, ainsi que des mesures pour extirper Daech de
leurs territoires.
La presse relève par ailleurs que Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement
fédéral, a écarté l’option de sanctions contre Riyad, réclamées par des députés
Verts et SPD. Alors que ces derniers ont à nouveau évoqué un embargo sur les
armes, le vice-chancelier et ministre de l’Economie Sigmar Gabriel (SPD) estime
dans Bild qu’il a pris la bonne décision en ne livrant pas à l’Arabie saoudite les
chars d’assaut et les fusils G36 qui avaient été négociés par la coalition précédente. Dans un entretien avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition de
mercredi), M. Gabriel prend ses distances avec les appels à un embargo total sur
les armes vers l’Arabie saoudite estimant « qu’une interruption du dialogue avec
l’Arabie saoudite ainsi qu’avec l’Iran conduirait à une poursuite de la guerre en
Syrie ». Il convient toutefois selon lui de « faire clairement comprendre à l’Arabie
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saoudite qu’on ne peut la soutenir dans la défense de son territoire que si elle
coopère durablement en faveur de la paix dans la région ».
Dans ce contexte, les quotidiens, qui insistent sur la gravité de la crise, appellent
à des efforts diplomatiques renouvelés et continuent de s’interroger sur l’attitude
que doit adopter Berlin. Pour le Tagesspiegel, un isolement de l’Arabie saoudite
pourrait conduire à aggraver la situation, le pays risquant de devenir « une dictature isolée à l’image de la Corée du nord et l’Iran autrefois ». La Süddeutsche
Zeitung souhaite que Berlin « adopte un autre ton », plus ferme, avec Riyad pour
que la médiation reste crédible. Plus largement, la FAZ analyse la crise comme le
résultat du « déclin des Etats arabes » au Moyen-Orient dont « profite en premier lieu l’Iran, Etat stable doté d’un appareil étatique fonctionnel » et qui
cherche à étendre son influence dans la région. Or, face à cette situation,
« moins les Etats-Unis s’impliquent dans la région, plus Riyad devient agressive », juge le quotidien de Francfort.
Chute des places boursières chinoises
Les répercussions sur les marchés européens de la chute des places boursières
chinoises ont suscité des commentaires inquiets dans la presse allemande. Pour
Die Welt, cette nouvelle plongée est un « avertissement » pour l’Allemagne dont
la croissance dépend fortement des exportations et qui se retrouve particulièrement vulnérable aux chocs affectant la Chine, dont elle est, rappelle le journal, le
troisième partenaire commercial. Le quotidien conservateur appelle en conséquence le gouvernement fédéral à mener des réformes pour stimuler la demande
intérieure et réduire sa dépendance aux exportations. Après une nouvelle dégringolade, jeudi 7 janvier, qui s’est propagée à l’ensemble des marchés
mondiaux, les journaux s’interrogent sur la capacité de Pékin à faire face à cette
crise. Pour la Süddeutsche Zeitung, le message est clair : ce qui se joue en ce
moment sur les bourses chinoises « reflète les problèmes de fond de la production de masse et des opérations de change », ce qui pourrait signifier que le pays
est au seuil d’une crise économique majeure. Le quotidien de Munich juge que
Pékin doit donc se préparer désormais à des temps économiques difficiles qui
pourraient avoir d’importantes conséquences politiques. Le Handelsblatt estime
pour sa part que « la Chine doit envoyer des signaux clairs aux marchés » et que
« ce n’est que par des réformes transparentes que Pékin parviendra à retrouver
la confiance des investisseurs et des entreprises »./.
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