Dossier de presse

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Dossier de presse
Qui a peur de
Virginia Woolf ?
d’après Edward Albee
du 11 au 27 janvier 2013
Dossier de presse
Edward Albee est un auteur dramatique américain né le 12 mars 1928 à Washington,
D.C. Il est adopté à l’âge de quinze jours par un couple fortuné, Reed et Frances Albee.
Dès l’enfance, il est attiré par le théâtre : son père travaille avec son grand-père qui est
entrepreneur de spectacles. Il fréquente de bonnes écoles, mais trop irrégulièrement à
son goût, car ses parents l’emmènent dans leurs voyages d’agrément. Cette jeunesse de
luxe ne lui laisse que de l’aigreur.
Après diverses tentatives dans le domaine du roman et de la poésie, il écrit une pièce
en un acte, The Zoo Story (1960), qui sera créée en Allemagne en premier (comme La
mort de Bessie Smith). Accueilli d’abord «off Broadway», c’est-à-dire dans les théâtres
d’essai, Edward Albee est considéré très vite comme un auteur dramatique de premier
plan, appartenant à l’école du «théâtre de l’absurde», appellation qu’il récuse d’ailleurs.
Lui-même se dit disciple de Jean Genêt. Les critiques des États-Unis lui voient plutôt
une parenté avec Thornton Wilder et Eugene O’Neill. Son écriture est proche de celle
de Pinter, voir de Beckett et Ionesco.
Il a obtenu de nombreuses récompenses, en particulier pour Qui a peur de Virginia
Woolf ? Certaines années, cette dernière est plus montée sur les campus américains
que toutes celles de Shakespeare, O’Neil et Shaw réunis !
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Qui a peur de Virginia Woolf ? – la trame
Qui a peur de Virginia Woolf ? est la peinture implacable d’un couple malade, usé,
empêtré dans un quotidien dont il exorcise la dimension insoutenable dans l’alcool,
l’humiliation, la dérision et le mensonge.
Martha et George, mari et femme, rentrent chez eux après une soirée arrosée. Martha
est la fille du doyen de l’université et son mari, Georges, un professeur d’histoire de
cette même faculté. Ils reçoivent pour un dernier verre un couple de jeunes mariés
rencontré lors de cette soirée : Nick et Honey. La trentaine, ils viennent de s’installer
en ville. Nick, brillant étudiant tout juste diplômé, s’apprête à reprendre un poste de
professeur de biologie.
Un jeu de massacre
À mesure que l’alcool coule et que les propos s’échangent, Martha et George vont
mutuellement se torturer et s’humilier jusqu’à l’aube, disséquant peu à peu la réalité
effroyable et tragique de leur relation, jetée en pâture dans les vapeurs éthyliques. Pris
dans cet engrenage malgré eux, Nick et Honey sont les jouets de ce jeu cruel.
La fable est d’autant plus noire et amère que ces derniers, offrant d’abord une apparence très banale et conventionnelle, vont peu à peu révéler la dimension sombre,
pathétique et même honteuse de leur propre relation.
Tous se révèlent au fil de la soirée aussi féroces les uns envers les autres.
Tels deux fauves, Martha et George prennent un malin plaisir à s’entre-déchirer. Ils
inventent des jeux cruels pour ne pas sombrer sous le poids des mensonges et des
illusions qui les lient.
La partition composée par Albee– elle fut immortalisée à l’écran par le duel ravageur
Liz Taylor - Richard Burton – se révèle un matériau idéal pour un travail de fond des
mécanismes humains, pour les quatre acteurs dont chacune des trajectoires est un
échafaudage complexe des relations humaines.
Tennessee Williams a déclaré que le théâtre contemporain fait son plus grand pas en
avant lorsqu’il en arrive à ouvrir les serrures, à éclairer et à ventiler les placards, les
greniers, les sous-sols du comportement et de l’expérience humaine. Telle est bien l’entreprise d’Albee : George et Martha exercent leur esprit ensemble, avec une jouissance,
une complicité qui va jusqu’à la limite, jusqu’à l’absurde, ce « besoin d’ensanglanter son
mal et de gratter la plaie 1».
1Baudelaire, L’ albatros
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La particularité de cette pièce est peut-être bien l’impression singulière qu’elle suscite
grâce à sa noirceur accentuée d’une légèreté désinvolte. Souffrir avec le sourire en
laissant planer une feinte joie de vivre, masque de toutes les douleurs intestines. Une
attitude «faux-semblant» chez ces personnages pourtant à fleur de peau. Un comportement qui dessine les contours d’un malaise intrinsèque.
On pourrait qualifier cette œuvre de pièce de situation extrême, de genre dramatique.
Mais on peut aussi bien la cataloguer dans un style comédie de boulevard. C’est peutêtre là que réside l’énorme qualité de l’écriture, laissant ainsi le doute quant aux façons
de la lire et de l’interpréter.
Un huis clos du répertoire contemporain des plus cyniques et des plus cruels de la
littérature américaine. L’humiliation est au centre de la pièce ainsi que le voyeurisme
et la perversité des rapports humains.
Disputes, harcèlements, manipulations, règlements de compte… Le masque convenu
de l’amour conjugal explose à la face des invités, voyeurs puis complices d’une descente aux enfers qui, l’alcool aidant, va durer jusqu’à l’aube.
Dans un climat étouffant de violence psychologique, perfidie, intérêt et opportunisme
poussent les protagonistes à dépasser leur propre limite, et le chacun pour soi l’emporte sur les autres.
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L’Helvetic Shakespeare Company
Fondée par Valentin Rossier en 1994 à l’occasion de sa première mise en scène,
Roméo et Juliette (prix romand du spectacle), le metteur en scène genevois a multiplié les incursions dans le répertoire shakespearien : Titus Andronicus, Les Joyeuses
Commères de Windsor, Othello, Hamlet, Richard III.
En parallèle à cette série, il voyage dans le répertoire du XXe : Casimir et Caroline,
Rosencrantz et Guildenstern sont morts, Figaro divorce, Platonov, dialogue d’exilés,
Allers-retours, Le grand cahier et La noce chez les petits-bourgeois.
Valentin Rossier est un habitué des grands plateaux, invité plusieurs fois à la Comédie de Genève ou au théâtre de Vidy. La plupart de ses pièces ont été créées au
Théâtre du Loup. Mais c’est parfois aussi dans des salles plus intimistes que le metteur en scène présente certaines productions, comme Rosencrantz et Guildenstern
sont morts de Tom Stoppard au Poche, ou Trahisons de Harold Pinter, également
au Poche et à La Passerelle. L’ occasion de développer un travail minutieux quand à
la direction d’acteur, aux intériorités et aux climats d’intérieur qui invitent le spectateur à s’immerger totalement dans les univers du metteur en scène.
Une direction d’acteurs toute en profondeur
Valentin Rossier a toujours porté une grande attention à la direction d’acteur, et a
su développer tout au long de sa carrière de metteur en scène un travail finement
ouvragé faisant la part belle aux répliques et aux silences.
Le comédien, plus qu’un outil au service d’une partition ou d’un texte du répertoire, devient un partenaire de jeu et envisage un travail de fond basé sur l’écoute.
Les temps, le rythme, les silences, avant toute approche psychologique, deviennent
le terreau fondateur de l’interprétation.
Partisan d’une certaine simplicité dans la démonstration, Valentin Rossier propose
un jeu qui petit à petit se construit au fil des répétitions autour du sens des mots et
des intentions. Le travail en amont, qui pousse souvent le metteur en scène à opérer des coupes et à adapter, sert à merveille les acteurs qui portent leur partition
avec clarté et ludisme.
L’œuvre se délivre au final portée par un groupe, qui d’une même voix et d’un
même souffle, met la fable originelle à portée de tous les spectateurs.
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La tournée
Un tel travail justifiait déjà en 2011 une tournée afin que la pièce, à la manière d’un
vaudeville de haut vol, se mette en place avec le temps et la sueur.
Deux ans plus tard, L’Helvetic Shakespeare Company repart sur les routes pour une
tournée romande.
Les représentations débuteront au Théâtre du Loup du 11 au 27 janvier 2013, puis se
poursuivront à Nuithonie les 31 janvier et 1er février, à l’Alambic, de Martigny, les 7 et
8 février, et finalement au TPR de La Chaud-de-Fonds le 14 février.
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Revue de presse
(captures d’écran du site www.helveticshakespearecompany.ch)
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