Edward Albee revisité : qui a peur de Dominique Valadié ?

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Edward Albee revisité : qui a peur de Dominique Valadié ?
Date : 18 JAN 16
Page de l'article : p.12
Journaliste : Philippe Chevilley
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 122744
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IDEES & DEBATS
Edward Albee revisité : qui
a peur de Dominique Valadié ?
puis acteurs non consentants de leur scene de
menage II fallait le talent
« Qui a peur dè Virginia d'Edward Albee
d'Alain Françon pour diriWoolf ' » Pas Dominique
ger avec une telle precision,
M S Alain Françon
Valadie, en tout cas, qui se
ce precieux quatuor, gomParis Theâtre de I Œuvre
coule avec superbe dans la
mer les references trop
(OI 44 53 88 88) 2 h 15
peau de Martha, l'héroïne
appuyées a l'Ameiique des
de la piece d'Edward Albee
sixnes, dépasser le vrai-faux
(1962) Au Theâtre de l'Œuvre, la comé- naturalisme de la piece Dans le decor stylise
dienne ferait presque oublier Elizabeth Tay- de Jacques Gabel - un salon fantôme - et les
lor, qui I incarna au cinema, tant son inter- lumieres oniriques de Joël Hourbeigt, le metprétation est habitée, intense, quasi sauvage
teur en scene orchestre un match a haute tenLa quinquagénaire alcoolo hystérique, fille sion, ou l'amour mort, les ambitions déçues
d'un president d'université américaine, qui et la vanité des hommes se court-ciicuitent
s'adonne a de drôles de jeux de massacre en une succession de noires decharges
avec son man prof est un personnage en luimême imprévisible Le grand art de I actrice Fable fantastique
française -par-delà sa technique sans faille - Françon sert Albee en mettant en relief
est de parvenir a nous surprendre a chaque l'ambiguïté des personnages, le flou des
instant dans ses colères comme dans ses sentiments qui les lient, la frontière evanesjoies, ses phases de douceur ou de résignacente entre réalité et mensonges (quid de ce
tion fugaces En equilibre pei dieux sur un fil fils mysteneux dont on ne doit parler qu'en
de violence et de passion, elle progresse sans prive 9) Cette « nuit de Walpurgis » qui a
jamais vaciller jusqu'au bout du drame
commence entre « RiresetJeux »etfimtsur
Faceaelle,WladimirYordanott,quijouele
un « exorcisme » est traitée comme une
rôle du man, fait mieux que lui donner la fable fantastique, voire absurde
Avec ses côtes exacerbes, névrotiques,
réplique il maintient en suspens, avec une
mordante ironie, le bras de fer conjugal, jus- son humour noir et sa rage electrique, le
qu'à paraître I emporter au final, en trans- « Virginia Woolf » de Françon évoque le
gressant brutalement les regles du jeu Julia cinema de Cassavetes Lom du vaudeville et
Faure (Honey) et Pierre-François Garrel du boulevard, l'hyperdrame conjugal
(Nick) incarnent avecjustesse lejeune couple d'Albee nous laisse tout étourdis, avec un
invite manipule, tous deux témoins affliges goût d'amertume, de desespoir et de folie •
Tous droits réservés à l'éditeur
Philippe Chevilly
THÉÂTRE
pchevilley@lesechos fr
Qui a peur
de Virginia Woolf ?
OEUVRE 5031666400502
Date : 18 JAN 16
Page de l'article : p.12
Journaliste : Philippe Chevilley
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 122744
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Au centre, Dominique Valadié (Martha) et Wladimir Yordanoff (George).
Un couple infernal dans un hyperdrame conjugal, qui nous laisse tout étourdis.
Photo Dunnara Meas
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