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reussir la seconde
REUSSIR LA SECONDE
Le lycée Jean Monnet de Franconville est un lycée polyvalent qui accueille environ 1300
élèves, pour des parcours diversifiés : lycée polyvalent préparant au baccalauréat, aux BEP,
classes de BTS et de DTS. Cent vingt professeurs environ y enseignent. Les élèves viennent
de Franconville et de Montigny-les-Cormeilles. Ils appartiennent à des milieux variés et
habitent soit en pavillon soit dans les HLM du centre ville.
Le facteur déclencheur du projet qui a été mis en place durant l’année scolaire 2005-2006 a
été le constat fait par les professeurs de Seconde du lycée du grand nombre de propositions de
redoublement de la classe de seconde (7 à 8 élèves en moyenne pour des classes de 32
élèves). De façon informelle d’abord, puis concertée, un petit groupe a réfléchi sur la
possibilité de créer une classe expérimentale qui regrouperait des élèves auxquels aurait été
proposé le redoublement et avec lesquels une pédagogie différente serait utilisée pour que leur
redoublement soit réussi, qu’ils accèdent à la section de leur choix et qu’ils aient un parcours
lycéen facilité. Le projet a reçu le soutien de l’Administration. Or, ce projet « Seconde de
redoublants » n’a pas pu voir le jour (alors que l’équipe des professeurs volontaires pour
mener à bien ce projet s’était constituée, et que ses principes avaient été mis en place) pour la
simple raison que les parents des élèves concernés n’ont pas adhéré à ce qui leur était proposé.
L’équipe a alors décidé de transformer le projet, afin de réutiliser tout le travail de mise en
place qui avait été fait jusque-là : la classe de 2nde 1 est devenue la classe expérimentale
« Réussir la seconde ». Les quatre élèves redoublants dont les parents avaient adhéré au projet
y ont été intégrés d’office ; pour le reste la composition de la classe a été faite par
l’Administration du lycée, de manière hétérogène. La classe a été composée de 32 élèves,
LV1 Anglais, LV2 Espagnol, option SES.
Le dispositif mis en place a été :
nde
Un accueil collectif par les professeurs de la classe de 2
1 le jour de la rentrée des
élèves, qui a permis de rendre compte aux élèves des exigences communes à l’équipe
en ce qui concerne le matériel, la présentation des copies, l’attitude à avoir en classe et
au lycée, le respect d’autrui.
Le tutorat a été mis en place : chaque professeur a été le tuteur de 3 ou 4 élèves. Le
fonctionnement de ce tutorat a été expliqué aux élèves qui y ont adhéré.
Les parents d’élèves ont été reçus par M. le Proviseur et toute l’équipe pédagogique le
jeudi 8/9/05. Il leur a été expliqué le projet, ses objectifs, les moyens mis en œuvre, le
tutorat, la journée d’intégration … et il leur a été demandé d’être solidaires du projet
pour aider à sa réalisation harmonieuse. Les parents se sont dits très intéressés, voire
« reconnaissants » de l’effort fait par l’équipe pédagogique et de son projet.
Une journée d’intégration a eu lieu au château de la Roche-Guyon le 23/9/05, dont le
but était de favoriser la cohésion de la classe et l’esprit d’entraide, ainsi que la
connaissance des élèves et des enseignants. Tous les professeurs de la classe ont
participé à la journée. Le groupe a été accueilli à la montée dans le car et au retour par
M. le proviseur et Mme le Proviseur adjoint. Le matin a été consacré à une visite des
jardins (avec questionnaire de découverte), sur le temps de midi un « jeu de l’oie » a
permis aux élèves de se connaître (chapitre « vivre et travailler dans le groupe classe »
du livre Travailler autrement au lycée ). L’après midi, une conférencière a guidé les
élèves et leurs enseignants dans le château ; les élèves ont pris des notes (appliquant
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ainsi les consignes élaborées pour eux depuis la rentrée) afin de pouvoir rendre compte
de leur visite ultérieurement. Cette journée d’intégration a donné lieu à des synthèses
qui ont été l’occasion de créer des panneaux thématiques, qui ont été affichés en salle
d’espagnol et présentés aux parents d’élèves un samedi matin (26 parents d’élèves
présents sur 32, chiffre supérieur à la moyenne des parents présents lors des réunions
parents professeurs de Seconde au lycée).
La pédagogie s’est fondée largement sur l’interdisciplinarité : fiche de méthodologie
commune sur la prise de notes, fiche commune d’autoévaluation des travaux écrits,
panneaux relatifs à la visite de la Roche-Guyon réunissant Lettres et Histoire , dossier
sur les instruments mathématiques dans les arts de la Renaissance réunissant
mathématiques Histoire et Lettres, action « être autre : l’extrême pauvreté en France
aujourd’hui » réunissant Lettres Histoire Espagnol SES avec la réception
d’intervenants extérieurs (de deux représentants d’ATD Quart Monde ainsi que de
Bernard Jährling, auteur de Pierre d’homme ) et dissertation d’économie.
Planification des devoirs sur le cahier de textes de la classe.
Bilan critique :
Le bilan est globalement positif sur plusieurs points :
Dans cette classe, le redoublement a été demandé par une élève, et il y a eu 2
propositions de réorientation, ce qui chiffre à 3 seulement le nombre des élèves
n’ayant pas atteint le niveau requis pour obtenir l’orientation de leur choix en 1ère.
Plusieurs élèves ont réussi à atteindre un niveau correct de fin d’année malgré leurs
difficultés de compréhension et de langue. On peut attribuer ce succès à
l’encadrement, au tutorat et aux méthodes de travail mises en place dans le projet.
A titre comparatif, le redoublement dans les autres classes de seconde a été, en
moyenne, de 7 élèves.
L’ambiance de classe a été bonne. L’esprit de « groupe classe » a été bon, et les élèves
ont apprécié de travailler en interdisciplinarité et de faire des dossiers. Leurs délégués
ont remercié l’équipe pédagogique lors du dernier conseil de classe. Les élèves, ont-ils
dit, se sentent « en confiance et bien préparés pour les TPE ».
L’entente entre les professeurs de l’équipe a été parfaite. Les professeurs s’étaient
cooptés et avaient le même but ; les échanges ponctuels ont été nombreux et
productifs.
Le tutorat a bien fonctionné, et il a été remarqué que les élèves ainsi mis en confiance
ont été de moins en moins demandeurs au fil de l’année, parce qu’ils rencontraient de
moins en moins de difficultés.
De leur côté, les élèves, au moment de faire un bilan de fin d’année, ont dit avoir
apprécié le projet, avoir mieux réalisé le sens des apprentissages et les raisons de leur
présence au lycée. Ils ont apprécié la bienveillance des enseignants et leurs
encouragements ; ils ont pris plus facilement conscience de leurs difficultés, ont pu en
parler, et ont gagné en confiance en eux-mêmes.
Voici ce qu’a, par exemple, écrit Sabrina : « La classe à projet était pour chacun d’entre
nous un projet nouveau. Cela a permis beaucoup de choses. Dès l’annonce de cette classe
un peu spéciale, j’ai été mise en confiance par les différents aspects qu’elle proposait. En
effet, chaque élève avait un tuteur, ce qui a permis aux élèves de se rapprocher des
professeurs, quand ils rencontraient des problèmes. Le deuxième point positif de cette
classe à projet, c’est l’autonomie. Les professeurs nous ont laissé en autonomie en parlant
des devoirs. Et enfin, le travail en groupe : cela m’a beaucoup plu. On a fait trois devoirs
en groupe avec des élèves différents. Ce que j’ai apprécié dans ce travail-là, c’est
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l’échange, la communication entre les élèves du groupe. Nous avons échangé nos idées, et
bien sûr il y a eu des désaccords. Sont venues ensuite les recherches individuelles. J’ai
appris à sélectionner les informations les plus importantes, à travailler à l’aide des livres,
des documents, graphiques … Il y a eu un vrai travail d’équipe !(…). J’espère que les
deux classes à projet qui vont se mettre en place seront une réussite, et j’espère aussi
qu’on pourra parler avec les professeurs de cette année quand on rencontrera des
problèmes ».
Ce témoignage rejoint celui de ses camarades qui insistent aussi sur l’autonomie acquise
facilement, l’intérêt d’avoir un tuteur, l’avance prise sur la méthodologie utile aux TPE et
aux dissertations par le biais des travaux pluridisciplinaires.
•
Le regard porté sur cette classe par les autres collègues de l’établissement a été
positif aussi : lors des journées de discussion sur le projet d’établissement, un groupe
de travail sur le thème « réussir sa Seconde » a réuni 25 enseignants dont 6 de notre
équipe. La discussion a été fructueuse et une deuxième classe de Seconde du même
type va voir le jour à la rentrée.
Ce projet a aussi péché sur plusieurs points :
Il n’a pas été mis en place de critères de notation communs. L’équipe a décidé d’en
faire un objectif prioritaire l’an prochain.
La planification des devoirs sur le cahier de textes a été correctement respectée sur la
première moitié de l’année, puis oubliée.
L’implication des professeurs a été inégale, même si les professeurs ont tous tiré
bénéfice de ce projet.
POURSUITE ET ADAPTATION DU PROJET POUR 2006-2007
Ce projet sera reconduit l'an prochain par la même équipe (sauf le professeur d’EPS qui quitte
le lycée par mutation et mais un de ses collègues est volontaire pour remplacer). Nous avons
décidé de reconduire et d’adapter :
1- l'accueil des élèves par toute l'équipe pédagogique le jour de la rentrée des élèves,
le lundi 4 septembre 2006. Ce jour là seront présentés aux élèves :
- les objectifs de cette classe à projet
- les exigences communes à l'équipe
- le nom de leur professeur tuteur, tutorat que l'on met en place dès la
rentrée, certains élèves peuvent rencontrer des difficultés de tous
ordres à ce moment particulier et le recours à un professeur tuteur
les met en confiance, si l'on se réfère à leur témoignage.
2- dès la première semaine de la rentrée, du 4 au 9 septembre, chaque professeur
tuteur recevra les trois ou quatre élèves dont il a la responsabilité pour les mettre
en confiance, apprendre à se connaître mutuellement et approfondir les
explications des exigences, des objectifs, de la finalité de la classe de seconde. Il
nous semble important que les élèves commencent le plus tôt possible à donner du
sens à leurs études et n'abordent pas la seconde en se demandant : « pourquoi je
suis là » ?
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3- la journée d'intégration est maintenue mais la date est avancée début septembre.
Elle a été très bénéfique, si l'on se réfère aux témoignages des enseignants (puisque
tous y ont participé) et des élèves, sur le plan de la connaissance de l'autre (adulte
ou élève) qui s'est effectuée plus rapidement qu'ailleurs, et donc de la cohésion de
la classe.
4- Le travail pluridisciplinaire, si formateur en terme d'autonomie et auquel les élèves
sont très attachés, sera reconduit avec un prolongement vers l'oral qui a été peu
travaillé cette année. Le travail, réalisé en groupe par les élèves, débouche sur une
réalisation concrète. Nous avons comme projet de faire soutenir leurs réalisations
aux élèves (dossier, affiche, composition etc.) devant d'autres enseignants que ceux
ayant suivi leurs travaux ou devant la documentaliste, l’assistante sociale, la C.P.E.
etc.
5- la principale adaptation porte sur le travail concernant l'évaluation. Ce travail
comporte plusieurs axes
- apprendre aux élèves à lire une appréciation sur une copie ou un
bulletin
- à l'aide de l'appréciation et des annotations portées sur la copie les
élèves renseignent une fiche « bilan des contrôles ». Trois fiches leur
seront distribuées, une en langues, une en lettres histoire géographie et
économie, une en sciences (certains critères étant plus adaptés à
certaines disciplines). Si les mêmes cases (paraphrase ou hors sujet par
exemple) sont souvent renseignées, l'élève peut très vite cerner ses
difficultés et en discuter avec le professeur tuteur ou le professeur
concerné.
- Une autoévaluation, pour les travaux en groupe, est envisagée, non
sous forme chiffrée, mais rédigée par les élèves du groupe à l'aide de
quelques critères (exemple : investissement, recherche personnelle,
participation dans le groupe, points positifs, points négatifs de la
réalisation, etc…).
- Concernant les bulletins trimestriels : la moyenne de l'élève apparaîtra
par discipline mais nous souhaitons faire apparaître dans la rubrique
appréciation, outre l'appréciation elle-même, trois à quatre critères
(évalués A,B,C,D) communs là aussi à un groupe de disciplines..
Les objectifs principaux de ce travail sur l'évaluation sont dans un premier temps de
« dédramatiser » la note mais aussi et surtout de valoriser certaines capacités, ce qui est
impossible avec la seule note chiffrée, et donc d'encourager le jeune, de faire en sorte qu'il
prenne ou qu’il garde confiance en lui.
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BILANS DES PROFESSEURS PAR DISCIPLINE :
Français – Mme DUCREUX.
Je pense que tous ceux qui ont été concernés par ce projet en ont tiré un bénéfice :
- Les élèves ont reçu un enseignement, qui, tout en respectant scrupuleusement le
programme officiel de Français, a été diversifié dans sa forme. Cela a été rendu possible par
l’ambiance de classe, très propice au travail, du fait d’un encadrement à la fois strict et
bienveillant. L’accent a été mis, grâce aux dossiers interdisciplinaires, sur l’importance du
plan détaillé et la qualité de la rédaction. Par ailleurs, l’heure d’aide individualisée a été
réellement comprise comme une « aide », et les élèves ont été demandeurs plus qu’ils n’ont
été sollicités par le professeur.
- L’enseignante a pu se permettre d’inviter des intervenants extérieurs, autrement dit
d’ouvrir son enseignement sur la réalité sociale et sur l’apprentissage de la citoyenneté, et de
pratiquer très largement le travail en groupe, non seulement lors des modules, mais aussi en
classe entière (32 élèves).
- L’équipe enseignante, largement informée de ce qui se faisait en cours de Français
par les rencontres formelles et informelles, a pu avoir un regard parfois différent sur tel ou tel
élève, et se rendre compte, en y participant, que le travail mené en cours de Français ne se
limite pas à l’étude de textes littéraires, même si ceux-ci occupent, du fait même du
programme, une part non négligeable de l’enseignement. La diversité des supports est un
atout essentiel.
En conclusion, je retire de cette expérience la satisfaction personnelle d’avoir participé à la
construction d’un projet cohérent, d’avoir vu des élèves s’épanouir dans la confiance
réciproque, d’avoir tissé des liens pédagogiques forts, d’avoir constaté que le titre donné au
projet « réussir sa seconde » n’était pas une utopie. C’est pourquoi il me semble naturel de
renouveler l’expérience sur les mêmes bases, mais en l’améliorant encore pour le plus grand
profit des élèves.
Espagnol – Mme Bouin
Ce que j’aime particulièrement dans le travail en équipe pédagogique, c’est le climat de
travail créé ; je n’aborde pas une classe partagée avec une équipe de la même façon que les
autres. D’emblée je regarde les élèves différemment, je m’appuie sur ce que mes collègues
peuvent m’en dire, même à côté de la machine à café ; le regard que je porte sur un élève d’un
faible niveau, peu travailleur dans ma discipline est modifié, tempéré, orienté par ce que je
sais de lui en sciences ou en éducation physique ou en anglais.
La certitude que les élèves adhéraient au projet cette année m’a permis de tenter avec eux des
approches pédagogiques plus expérimentales (en raison de la rénovation de l’enseignement
des langues) : un échec possible des nouveautés ne me préoccupait pas, je ne craignais pas de
débordement ou de me trouver devant une situation ingérable.
Ce bon climat de travail a été profitable aux élèves ; plusieurs, lors du bilan de fin d’année,
ont souligné qu’ils avaient pu surmonter leur crainte de prendre la parole en public, acquérir
une confiance en eux à l’oral, ce qui est la base de tout apprentissage en langue vivante. Le
taux d’implication spontanée à l’oral de cette classe a été largement supérieur à celui auquel je
suis habituée en Seconde.
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Mathématiques – Mr Vialle
Dès que l’équipe pédagogique s’est mise en place, début juin 2005, j’ai souhaité puisqu’au
départ le projet concernait une classe de redoublants, que les élèves disposent d’un manuel
différent de celui utilisé dans les autres classes de Seconde, afin de gommer l’impression de
« déjà vu », si néfaste aux redoublements.
En tout début d’année scolaire, nous avons utilisé les heures d’aide individualisée, par tiers de
classe et sur deux séances, pour faire analyser aux élèves, à l’aide de questionnaires
(largement inspirés du livre « l’aide individualisée en seconde »), leurs difficultés en
mathématiques : quel type de difficulté, de quand dataient ces difficultés, voire pour quelques
uns, une certaine aversion de la matière, et tenter d’élaborer ensemble quelques méthodes
pour les surmonter.
Au cours des différents chapitres, j’ai essayé de montrer aux élèves quelles étaient les utilités
de la notion étudiée dans les sciences, les sciences économiques et sociales, la vie courante ;
en effet une question récurrente que posent les élèves est : « à quoi cela va nous servir ? »
Lorsqu’ on répond à cette attente, on rencontre un enthousiasme plus fécond pour apprendre.
Dans le même ordre d’idée, je me suis efforcé d’expliquer les mots nouveaux du vocabulaire
mathématique – étymologie, historique- en m’inspirant du livre « les mots et les maths » de B.
Hauchecorne (ed. Ellipses).
Un autre point important a consisté à réaliser des dossiers, par groupes de quatre élèves, en
partenariat avec le français et l’histoire géographie, sur le thème Mathématiques et
Renaissance ; cela a été un succès, les élèves se passionnant pour leur travail, et les
productions ont été, dans l’ensemble, de grande qualité.
Ils ont aussi utilisé l’outil mathématique, au travers d’exercices, dans des domaines variés
comme la physique, la chimie, les sciences économiques et sociales, la cartographie.
J’ai beaucoup apprécié de travailler avec cette classe, avec des élèves agréables, intéressés,
acquérant au fil des semaines de plus en plus d’autonomie ; les nombreux contacts avec
l’équipe pédagogique ont été positifs et enrichissants.
Sciences Economiques et Sociales - Nathalie Marcellesi
Le projet de départ pour cette classe de seconde s’adressait à des élèves redoublants, mon
objectif était donc de ne pas refaire ce qui avait déjà était fait l’année précédente.
Cependant, à la rentrée bien que cette classe ne compte que six redoublants, j’ai quand
même conservé certains éléments de mon projet initial.
A savoir :
- L’introduction au programme de seconde qui vise à sensibiliser les élèves aux faits
économiques, sociaux et politiques, d’une durée approximative de deux semaines, n’a pas
été abordée de façon traditionnelle. La présentation des SES s’est faite à l’aide d’un dessin
de Plantu pendant les deux premières heures de cours, ce qui a permis aux élèves de
s’exprimer et de mettre en évidence les différentes facettes du fait social illustré par ce
dessin.
Une semaine a été reportée en fin d’année et consacrée à la mise en évidence des liens entre
le programme de seconde et celui de première. En effet, huit élèves, et peut-être neuf se
retrouveront en classe de première ES (soit le quart, voire plus de l’effectif).
- Ma préoccupation était aussi que les élèves perçoivent les liens entre les différentes parties
de ce programme de seconde et qu’ils puissent se rendre compte de points communs entre
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les SES et les autre matières. Pour cela, ils ont réalisé des dossiers par groupes de trois à
cinq élèves en partenariat avec l’histoire-géographie sur le thème : « Famille, emploi et
pauvreté ».
Cette expérience a été un succès, les élèves ont fait preuve de beaucoup d’autonomie pour
mener à bien leurs dossiers, ils se sont réellement investis dans leur travail et ont rédigé des
devoirs (sous forme d’une dissertation) de qualité satisfaisante.
En conclusion, cette expérience a été pour ma part enrichissante, aussi bien au niveau de ma
matière pour avoir traité le cours de façon différente, qu’au niveau des contacts avec l’équipe
pédagogique qui ont toujours été positifs.
C’est pourquoi il me semble important et nécessaire de continuer le projet.
SVT – M. LUCIO
Mon implication dans le projet a été bien plus partielle que celle des professeurs de l’équipe qui
ont travaillé en interdisciplinarité. Je pense d’ailleurs avoir bénéficié de leur travail.
Cependant, la participation à la sortie de début d’année, le rôle de tuteur exercé auprès de 4
élèves, ainsi que le contact très régulier avec mes collègues pour faire le point sur la classe ou sur
un élève en particulier, ont eu comme conséquences une meilleure connaissance des élèves, un
suivi plus approfondi de leurs problèmes, échecs, réussites ou autres…
Le suivi de quelques élèves par un professeur tuteur a permis aux élèves de se sentir plus en
confiance dès le début de l’année. Ils ont pu constater que le rôle de l’enseignant est d’aider ses
élèves et de les faire progresser dans les connaissances et dans les méthodes abordées dans la
discipline ; le professeur est apparu comme un soutien, un appui et non comme un adversaire. De
plus, la relation « privilégiée » élève tuteur a permis à certains élèves de parler plus facilement de
problèmes extérieurs aux affaires scolaires, ainsi le professeur a pu plus aisément rassurer l’élève
ou l’orienter vers d’autres membres de la communauté éducative, comme l’infirmière ou
l’assistante sociale, voire les alerter. Voilà pourquoi le travail de tuteur me paraît être un axe
fondamental du projet.
Comme cela était prévu, l’ensemble du programme a été couvert. Les élèves ont été interrogés
régulièrement comme dans mon autre classe de seconde, avec des exercices de même nature et de
difficulté équivalente. Ce qui est remarquable est que l’écart entre les deux classes ne s’est pas
creusé, pourtant, l’autre classe de seconde était constituée en majorité par des élèves plutôt
scientifiques : 15 élèves avec l’option MPI, 23 élèves désirant aller en Première S et 22 qui ont
obtenu satisfaction, alors que dans la seconde 1 seuls 5 à 8 élèves désiraient une orientation
scientifique (S ou STL) qu’ils ont obtenue en grande majorité.
Les élèves de seconde 1 ont donc bien répondu à la charge de travail et aux difficultés du
programme de SVT sans se décourager.
Je pense que le travail effectué par l’équipe et accepté par les élèves a permis de maintenir et de
consolider l’envie de réussir l’orientation souhaitée. Un point non négligeable est aussi la bonne
entente qui a régné entre les élèves dès le début d’année ce qui a permis la constitution très rapide
d’un groupe classe.
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Sciences Physiques – Mme Génin
Lorsque j’ai souhaité faire partie de l’équipe pédagogique mise en place pour cette classe à projet
« Réussir en seconde », j’avais déjà beaucoup travaillé sur le parcours scolaire (2de à terminale)
des élèves en difficultés en fin de seconde. J’avais aussi regretté l’état dépressif ou l’abandon de
bon nombre d’élèves passés après appel en 1ère S ou en 1ère STL (ce qui n’était pas le cas dans
d’autres filières). J’appréciais le regard positif et structurant que mes collègues portaient sur les
élèves et sur l’aide que nous pouvions leur apporter.
Mes propres souhaits étaient de deux sortes :
- faire vivre aux élèves de seconde une année de formation et une orientation qu’ils ne
subiraient pas mais dont ils seraient, avec notre aide, les architectes.
-donner les atouts nécessaires (curiosité, connaissances, méthodes) à une bonne poursuite
d’études en S ou en STL à ceux qui désiraient suivre ces filières, tout en maintenant, dans une
atmosphère agréable, l’intérêt et l’investissement des autres élèves de la classe.
Le projet me paraissait très ambitieux, mais les résultats m’ont étonnée : non seulement, sur les
huit élèves désireux de passer en 1ère S ou STL, un seul n’a pas suivi le rythme soutenu du cours au
troisième trimestre, mais les 24 autres élèves se sont investis (certains plus que d’autres, bien sûr)
jusqu’aux derniers jours : ils ne se sentaient pas dépréciés. Et pourtant, les notions abordées au
troisième trimestre, en chimie notamment, sont très abstraites et demandent de nombreuses séances
d’exercices. C’est une période redoutée par les collègues de Sciences Physiques de classes
hétérogènes
Je pense que la journée d’intégration et le principe du « professeur – tuteur » installé dès le début
de l’année ont dédramatisé la rentrée en lycée, et ont permis une mise en confiance, donc un suivi
des conseils et une évolution plus rapides des élèves – une orientation plus sûre aussi.
Le travail interdisciplinaire a développé leur autonomie, ce qui s’est bien fait bien sentir en séances
de travaux pratiques. Bien que portant plus particulièrement sur les Mathématiques et les Sciences
Humaines, il leur a probablement fait porter un regard plus bienveillant sur les autres disciplines
qu’ils avaient à travailler. Celles-ci n’étaient plus cloisonnées.
Une aide sur une difficulté particulière pouvait aussi leur être apportée soit en cours de Français,
soit en Sciences et Vie de la Terre, ou en Mathématiques…aussi bien qu’en Sciences Physiques.
Les élèves se sentaient encadrés par une équipe soudée.
Tout au long de l’année, comme tous mes collègues, j’ai aussi beaucoup discuté avec les élèves.
Ceux qui souhaitaient poursuivre des études scientifiques devaient savoir que j’étais exigeante
mais que la transition « seconde-1ère scientifique » en serait adoucie. Les autres devaient
comprendre que même si leurs notes de contrôles écrits n’étaient pas bonnes, je savais apprécier
leurs qualités (par des appréciations par critères sur les devoirs, lors des T.P. ou des activités), et
que je connaissais leurs difficultés comme leurs réussites dans les autres disciplines, l’équipe
pédagogique étant en relation continue.
Mon problème était de faire apparaître ces qualités sur le bulletin trimestriel, tout en conservant à
la moyenne chiffrée son évaluation des aptitudes purement scientifiques, propre à être exploitée
lors de l’orientation.
Les exigences du troisième trimestre étant plus grandes, et pour ne pas décourager les élèves, j’ai
opté pour une évaluation plus détaillée. Sur le bulletin, la moyenne chiffrée serait celle des trois
contrôles bilans. Dans la partie « appréciation » les critères « implication en T.P. » (sérieux,
application, bon sens, aptitude à communiquer, à travailler en équipe...) et « bilan des tests en
cours d’apprentissage » (bonne volonté, régularité dans le travail, rapidité d’assimilation…),
évalués sous forme de lettres A, B, C, D, apparaîtraient au-dessus d’une courte appréciation du
trimestre. - Le principe de cette évaluation, adoptée par les collègues de l’équipe sera à affiner et
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à détailler l’an prochain Ayant bien expliqué l’exploitation que l’équipe pédagogique et le conseil de classe feraient de ces
évaluations, j’ai senti que les élèves à orientation non scientifique, rassurés, maintenaient leurs
efforts et leur participation. Il reste encore à initier les parents à la lecture non chiffrée du
bulletin.
Le 3ième trimestre s’est bien passé avec une moyenne de classe de 08 ; critère « implication en
T.P. » : 8 A, 13 B et 11 C ; critère « bilan des tests en cours d’apprentissage » : 4 A, 8 B, 10 C, 7
D, et 3 E.
Ce bilan me parait positif et m’incite à renouveler et améliorer cette expérience.
Anglais LV1 . Ch. Pastre.
Préoccupée par le nombre inquiétant de doublants de Seconde, et par l’efficacité limitée des
redoublements pour cause de problèmes trop anciens du fait d’une conceptualisation et d’une
maîtrise langagières hasardeuses, j’avais la volonté d’essayer une autre pratique, avec pour objectif
initial une remédiation syntaxique et une ouverture plus culturelle aux civilisations des pays
anglophones. La classe initialement prévue n’ayant hélas jamais vu le jour, un réajustement
s’imposa pour repenser un nouveau projet adapté à une classe standard.
Tout au long de cette année scolaire, j’ai particulièrement apprécié le confort de travailler avec
une équipe pédagogique attentive et dynamique partageant mes interrogations. Certes, nous nous
étions cooptés par affinité d’objectifs. Il n’en demeure pas moins vrai que la spontanéité des
échanges et la promptitude de la circulation des informations entre nous fut un élément facilitateur
de notre démarche. Notre cohésion fut très vite perçue par les élèves. Ce travail en équipe
professorale nous a permis de montrer l’exemple aux adolescents en sortant de notre traditionnel
individualisme. La classe a répondu à la complicité de l’équipe par une adhésion collective
consentie à cette expérience, ainsi que plus largement par une implication dans une action de
solidarité internationale menée par notre lycée. En essayant de prendre un peu de recul sur ma
pratique, la possibilité d’avoir une approche moins docte me conféra plus de flexibilité et de liberté
dans la manière d’appliquer strictement les Instructions Officielles.
J’ai ressenti le Tutorat mis en place comme le pivot de l’osmose créée dans la classe. Que ce
tutorat ait été généralisé à tous les élèves fut le garant de son succès. Enthousiasmée par cette
expérience, j’ai tenté d’appliquer ce tutorat à un élève d’une autre Seconde avec l’approbation
unanime de mes autres collègues : ce fut un insuccès car non ressenti de la même manière qu’en
Seconde 1. Dans les premiers entretiens, j’ai perçu chez mes élèves une double inquiétude :
l’angoisse de leurs futurs parcours au Lycée doublée d’un bref souci initial : « pourquoi nous avoir
désignés comme Classe à Projet alors qu’on a déjà des habitudes installées jamais bousculées ? ».
Nos objectifs furent aussitôt perçus par les parents qui furent nos alliés et comprirent que nos
buts à tous concordaient et que les familles étaient partenaires de l’éducation de leurs enfants. Ils
se sont déplacés pour une prise de contact particulière avec la Tutrice pour échanger en toute
simplicité. Par ricochet, les élèves exprimèrent vite leur soulagement d’être ainsi épaulés par leur
tutrice qui leur demandait d’adhérer à leurs cursus éducatifs en tentant de donner du sens à leurs
apprentissages et en les responsabilisant.
Ainsi, devenant progressivement plus acteurs que consommateurs, le climat de la classe que nous
voulions basé sur le respect et la confiance s’est orienté vers moins de passivité que dans une
Seconde habituelle, ce qui libéra l’expression orale et amoindrit quelques aversions pour l’Anglais
liées à des préjugés stéréotypés répandus sur les USA en particulier.
Je regrette –faute de temps- d’avoir davantage travaillé en interdisciplinarité la Méthodologie
que certaines thématiques possibles. Cela dit, les élèves ont spontanément mis en application leurs
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savoir-faire acquis dans d’autres domaines pour élaborer librement et avec bonheur des exposés
collectifs et des panneaux divers sur Charlie Chaplin, l’art du thé, les princes héritiers de la
couronne britannique, l’équipe sportive de Manchester United, Mickey, etc. Ces réalisations furent
effectuées en fin d’année scolaire, alors qu’ils avaient acquis plus d’assurance et d’autonomie, et
présentées devant leurs camarades, public réactif prenant des notes pour poser des questions avec
une volonté manifeste de bien faire pour tenter d’échanger en Anglais, montrant ainsi le respect et
le crédit octroyés au travail de leurs pairs.
Le bilan chiffré permet une comparaison de l’évolution de mes deux classes de LV1 en faveur de
cette classe expérimentale. Nos 2ndes 1 ont obtenu 8,08 de moyenne à leur test de niveau de
Septembre contre 9,05 pour l’autre classe. Le devoir commun à toutes les 2ndes en fin de
deuxième trimestre indique une inversion des performances au profit des 2ndes 1 qui parviennent à
9,45/20 contre 8,05 pour l’autre 2nde.
En 2006-2007, j’ai l’intention de prolonger le travail effectué cette année par l’élaboration d’une
fiche d’évaluation de l’oral commune aux deux langues vivantes et élaborée conjointement avec la
collègue d’Espagnol. J’aimerais aussi pouvoir suivre de manière espacée les élèves de 1e dont j’ai
été la tutrice pour mesurer leur intégration dans le niveau supérieur. Enfin, je voudrais tenter de
poser des jalons pour mettre en place des possibilités de tutorat entre élèves de différentes
promotions…
Lycée Jean Monnet Franconville (95)
Réussir en classe de seconde
Année scolaire 2005-2006