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DOSSIER Indivision : anticiper les risques Terme « barbare » pour le commun des mortels, l’indivision caractérise pourtant une situation juridique qui nous concerne tous et dans laquelle plusieurs personnes sont propriétaires ensemble d’un même bien. Qu’elle soit choisie ou subie, l’indivision comporte des risques qu’il est prudent d’anticiper. Tour d’horizon. L ’indivision est la situation juridique dans laquelle plusieurs personnes (au moins deux) sont propriétaires ensemble d’une même chose. Beaucoup de biens peuvent faire l’objet d’une indivision. Il peut s’agir d’objets mobiliers, comme une voiture par exemple ou de biens immobiliers, comme un terrain, un appartement ou une maison. Certains animaux sont aussi parfois achetés en indivision comme les chevaux de course ou les étalons. En permettant à plusieurs personnes de se regrouper, l’achat en indivision peut faciliter le financement, l’entretien ou la gestion du bien acquis. La quote-part de chacun doit être fixée au départ pour éviter tout problème. Il existe d’autres façons de se grouper pour acheter un même bien à plusieurs (créer une association, une société par exemple) mais cela nécessite plus de démarches. N°7 Juillet / Août 2011 L’achat en indivision est souvent préféré pour sa simplicité, du moins au départ. Le fonctionnement d’une indivision peut en effet se révéler plus difficile que prévu. Car toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité. C’est la règle absolue. N’oubliez pas non plus que chaque indivisaire est tenu d’une partie des dettes de l’indivision, impôts ou travaux sur le logement par exemple. Le risque de mésentente doit donc être finement évalué avant de se lancer dans un tel achat. Le plus souvent, l’achat d’un logement en indivision est réalisé par deux personnes, non mariées mais vivant en couple. Le nombre de participants étant limité, les risques le sont aussi. Sachez par ailleurs que le régime juridique de l’indivision est provisoire. La loi pose comme principe que « nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision ». Chaque propriétaire, appelé « indivisaire » peut, à tout moment, imposer à l’autre de vendre le bien pour en partager le prix. Pour offrir une certaine stabilité à l’indivision, il faut conclure avec le ou les autres indivisaires un contrat appelé convention d’indivision. Etabli par écrit, le contrat doit contenir la description du bien indivis et indiquer la quote-part appartenant à chaque indivisaire (moitié/moitié ou autre proportion). Publiée au bureau des hypothèques, cette convention doit être rédigée par acte notarié. Elle peut être conclue pour une durée maximum de cinq ans. Pendant la durée de la convention d’indivision et sauf circonstances exceptionnelles, personne ne peut exiger la vente pour obtenir sa part, ce qui offre une certaine stabilité aux indivisaires. La convention d’indivision est renouvelable sur simple accord des indivisaires. Ils peuvent même prévoir qu’elle se renouvellera par tacite reconduction. Cette convention permet aussi d’organiser la vie de l’indivision, en prévoyant la répartition des dépenses par exemple. Un gérant peut même être nommé par les indivisaires, choisi ou non parmi eux. Si vous occupez seul un bien indivis, vous pouvez être redevable d’une indemnité d’occupation à l’égard des autres indivisaires. Sachez enfin que les autres indivisaires disposent d’un droit de préemption. Si vous voulez vendre votre part, vous devrez d’abord la leur proposer en priorité, en suivant une procédure spéciale. Enfin, l’indivision n’est pas toujours une situation choisie volontairement. Vous pouvez vous trouver malgré vous, en situation d’indivision. C’est le cas chaque fois que vous héritez, avec d’autres personnes. On parle alors d’indivision successorale. C’est aussi le cas si vous êtes divorcé récemment et que la communauté n’a pas encore été partagée. On parle alors d’indivision post-communautaire. Pour les couples pacsés depuis le 1er janvier 2007 ou ceux vivant en union libre, la règle est la même : la séparation de biens. Néanmoins si les personnes veulent acheter ensemble leur logement, il leur est possible d’acquérir le bien en indivision. L’acte d’acquisition précise alors les proportions de la propriété de chacun en fonction du financement apporté par l’un et l’autre. Cette précision aura son importance au moment de la séparation du couple. Vendre un bien indivis Pendant longtemps, la vente d’un bien indivis ne pouvait être décidée qu’à l’unanimité. Il fallait donc que les indivisaires s’entendent, l’opposition de l’un d’entre eux pouvant bloquer les démarches, sauf à obtenir une autorisation en justice. Depuis 2007, le législateur a néanmoins apporté des assouplissements. Explications Trop éloignée des nécessités pratiques, la règle de l’unanimité est écartée dans deux cas. Le premier, en vigueur depuis le 1er janvier 2007, est celui de la vente des meubles indivis pour payer les dettes de l’indivision. L’opération peut désormais être décidée par le ou les indivisaires titulaires d’au moins deux-tiers des droits indivis. Les minoritaires doivent être informés de la décision envisagée. La seconde exception résulte d’une loi du 12 mai 2009, dite de simplification du droit. Ce texte permet, à la même majorité, de vendre un bien indivis, meuble ou immeuble, sans avoir à affecter le prix au paiement des dettes. Mon Une procédure spécifique a été mise en place pour protéger les droits des indivisaires minoritaires. Ceux qui souhaitent vendre le bien doivent exprimer leur intention devant un notaire. Ce dernier dispose alors d’un mois pour signifier cette intention aux autres indivisaires. A partir de là, deux issues sont envisageables. S’ils acceptent le projet, la vente peut être régularisée. S’ils maintiennent leur opposition ou ne répondent pas, le notaire dresse un procès-verbal. Et c’est le tribunal de grande instance qui autorise alors la vente si elle ne porte pas une atteinte excessive aux droits des autres indivisaires. La vente est réalisée aux enchères, au prix du marché, pour préserver au mieux les intérêts des uns et des autres. Le prix de vente d’un bien indivis est lui-même indivis. Sa répartition suppose un accord des indivisaires. A défaut, il est consigné et ne peut être utilisé que pour payer les dettes de l’indivision. Lors du partage du prix, des comptes pourront être établis entre les indivisaires. Celui qui, par exemple, a utilisé de l’argent personnel pour entretenir un bien indivis doit être indemnisé par ses co-indivisaires. A l’inverse, celui qui a occupé seul et gratuitement un bien indivis leur doit une indemnité dite d’occupation privative. C’est pourquoi il est important de conserver tous les justificatifs qui, le moment venu, permettront de retracer la vie de l’indivision. Notaire magazine édition CHARENTE-MARITIME Mon Notaire magazine