AMNESTY INTERNATIONAL BULLETIN D`INFORMATIONS 106/99

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AMNESTY INTERNATIONAL BULLETIN D`INFORMATIONS 106/99
AMNESTY INTERNATIONAL
BULLETIN D’INFORMATIONS 106/99
COLOMBIE
Les otages ne doivent pas servir de monnaie d’échange pour des négociations de paix
Index AI : AMR 23/43/99
Diffusion le 2 juin 1999
Le fait de prendre des civils en otages pour contraindre le gouvernement à s’engager dans des négociations de paix demeure
injustifiable en toutes circonstances et constitue une violation flagrante du droit international humanitaire, a déclaré ce jour (mercredi
2 juin 1999) Amnesty International.
Uniquement au cours des deux dernières semaines, le groupe armé d’oppositi on Ejército de Liberación Nacional (ELN, Armée de
libération nationale) a enlevé plus de 180 civils, tandis que les Autodefensas Unidas de Colombia (AUC, Milices d'autodéfense unies de
Colombie), qui réunissent l’ensemble des groupes paramilitaires du pays, ont kidnappé une personnalité politique. Amnesty
International condamne ce qu’elle considère comme des pratiques totalement inacceptables de la part des belligérants colombiens.
« Le respect des droits humains constitue un fondement essentiel de tout processus de paix, a souligné l’organisation de défense des
droits humains. Le fait de prendre en otages des civils – et de subordonner leur libération à l’acceptation par le gouvernement de
conditions imposées pour participer à des pourparlers de paix – est une manœuvre purement et simplement méprisable, qui ne
permettra jamais à la société colombienne de s’affranchir de la violence politique et de l’insécurité. »
Dimanche 30 mai, un groupe d’une quarantaine d’hommes armés et en uniforme, probablement des membres de l’ELN, ont enlevé
180 fidèles qui assistaient à la messe dans une église catholique située dans la banlieue de Cali, une ville du sud-ouest de la Colombie.
Les guérilleros ont abattu le garde du corps d’un des fidèles, avant d’emmener les otages dans les montagnes voisines à bord de
véhicules.
Poursuivis par l’armée et la police, les membres de l’ELN ont relâché quelque 80 captifs, notamment la plupart des enfants et quelques
femmes. Il semble toutefois qu’au moins deux enfants et plusieurs femmes figurent au nombre des personnes toujours retenues en
otages. Cet enlèvement collectif est intervenu six semaines après que l’ELN eut détourné un avion de ligne intérieure et fait prisonniers
les passagers ainsi que l’équipage. Bien que plusieurs de ces personnes aient été remises en liberté depuis lors, 25 d’entre elles sont
toujours aux mains des guérilleros.
Le 21 mai, Piedad Córdoba de Castro, sénateur du Partido liberal (Parti libéral) et présidente de la Commission des droits humains du
Sénat, a été enlevée à Medellín, dans le département d’Antioquia. Le lendemain, la direction des AUC a revendiqué la responsabilité de
ce kidnapping et déclaré qu’elle ne serait relâchée que lorsque le gouvernement aurait accordé à cette organisation paramilitaire sa
« reconnaissance politique » et un rôle direct dans les pourparlers de paix proposés entre le gouvernement et les principaux
mouvements armés d’opposition d’extrême gauche. L’action du sénateur Piedad Córdoba de Castro en faveur des droits humains et de
la paix lui a valu une reconnaissance nationale et internationale. Jusqu’à présent, les efforts déployés pour obtenir sa libération sont
demeurés vains.
L’ELN a demandé à maintes reprises au gouvernement de créer une zone démilitarisée dans le centre du pays, afin de faciliter
l’ouverture de négociations de paix. Les autorités colombiennes s’y sont refusées jusqu’ici, bien qu’elles aient accédé à une requête
similaire de démilitarisation, pour une durée indéterminée, d’une vaste région dans le sud du pays, où des pourparlers de paix sont
actuellement en cours avec le principal groupe armé d’opposition, les Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC, Forces
armées révolutionnaires colombiennes).
La version originale a été publiée par Amnesty International, Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 8DJ, Royaume-Uni.
fait foi. La version française a été traduite et diffusée par les Éditions francophones d’Amnesty International - ÉFAI 1
Seule la version anglaise
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BULLETIN D’INFORMATIONS 106/99
« À de nombreuses reprises nous avons condamné la pratique des prises d’otages en Colombie, et nous appelons à la libération
immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes actuellement détenues par les groupes armés d’opposition et les organisations
paramilitaires », a déclaré Amnesty International.
L’organisation de défense des droits humains exhorte de nouveau toutes les parties au conflit armé qui ravage depuis des années la
Colombie – les groupes armés d’opposition, les forces armées colombiennes et les groupes paramilitaires qui opèrent avec leur soutien
ou leur assentiment – à veiller à ce que les principes du droit international humanitaire soient pleinement respectés. l
La version originale a été publiée par Amnesty International, Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 8DJ, Royaume-Uni.
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