CONGO-BRAZZAVILLE : Quelle politique pour les personnes du 3e

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CONGO-BRAZZAVILLE : Quelle politique pour les personnes du 3e
CONGO-BRAZZAVILLE : Quelle politique pour les personnes du 3e âge
« Si la jeunesse est la plus belle des fleurs, la vieillesse est le plus savoureux des fruits… »
Anne-Sophie SWETCHINE
Le portrait social que dresse, chaque année, les institutions internationales sur le vieillissement
en Afrique, place le Congo dans une posture plus qu’inconfortable en dénonçant dans son
rapport les « insuffisances persistantes de la prise en compte de la dégradation de la situation
des personnes âgées… »
L’ONU a décrété le 1er octobre de chaque année, la journée mondiale des personnes âgées.
Au Congo-Brazzaville, cette journée n’a été célébrée que le 17 novembre 2009. Pourquoi ce
17/11/2009 ? Et à l’occasion de cette journée, le gouvernement de SASSOU NGUESSO à
travers son ministre des affaires sociales est allé offrir aux personnes du 3e âge à BOKO
(Région du Pool) qu’une dizaine de couvertures. Aucune stratégie du Gouvernement SASSOU
NGUESSO sur le vieillissement n’a été évoquée. Peut-on réellement qualifier cela comme une
politique en faveur des personnes âgées ou encore un regard positif sur la situation
préoccupante de nos vieux ou plus justement un jeu de manipulation électorale ?
Par la grâce de Dieu, vous et moi serions sans doute les personnes de 3e âge des années à
venir. Un profond respect pour ceux des Congolais qui baignent dans cette catégorie d’âge.
Vieillir est une chance…
Si vieillir est une chance, quelles réponses préconisons-nous au Congo pour accompagner ces
personnes à vieillir dignement ?
La problématique actuelle du Congo-Brazzaville est que depuis 1960, année d’accession à
l’indépendance, les gouvernements successifs n’ont pas pensé à mettre en place des
structures socio-sanitaires pour accueillir dans le respect et la dignité les personnes de 3e âge.
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Aussi l’on peut s’interroger pourquoi tous ces politiques de notre pays (Bernard Bakana Kolela,
Maurice Stéphane Bongho Nouara, Augustin Poignet, Jean Baptiste Tati-Loutard, Ambroise
Edouard Noumazalaye, Jean Pierre Thystère Tchicaya, André Milongo…) viennent-ils exhaler
leur âme en Europe ? Je ne saurai pas oublier tous les congolais de 3e âge décédés à
l’étranger.
Les gouvernants doivent penser à développer des solidarités inter-générations pour ne pas
voir les personnes âgées comme un poids mais comme une richesse indispensable dans une
société cohérente et génératrice d’idées nouvelles, d’expérience et de sagesse.
L’inexistence d’un plan national sur le vieillissement
Au Congo-Brazzaville, il n’existe aucun plan national visant à promouvoir une belle image du
vieillissement. Encore moins considérer le vieillissement comme un poids. Les personnes qui
vieillissent doivent pouvoir s’épanouir, rester en bonne santé, vivre en sécurité et participer
activement à la vie économique, sociale, culturelle et politique de notre société. Le pays doit
s’engager à mieux reconnaître la dignité des personnes âgées et à éliminer toutes les formes
de négligence, de mauvais traitements et de violence. Cette mission incombe a tout
gouvernement de veiller à ce que les droits des personnes âgées ne soient nullement foulés au
pied. Ces dernières ne doivent pas être victimes de discrimination.
Socialement, elles souffrent parfois d’un manque de reconnaissance et de respect. Et il ne leur
est pas toujours donné la possibilité d’être associées et de participer pleinement à la vie
sociale, économique, culturelle et politique. Plus grave encore, dans notre pays, les cas de
négligence, de mauvais traitements et de violence à l’égard de personnes âgées ne sont pas
rares ou isolés, loin s’en faut. Référons-nous juste au nombreux cas où on traite ou accuse
systématiquement nos personnes âgées de sorcières. De ce fait, elles sont livrées
arbitrairement à la vindicte populaire. Je n’exclus pas que la sorcellerie soit un fait réel de notre
société.
Nous avons nos mœurs et coutume, certes, je sollicite juste que l’on arrive à faire la part des
choses, entre ce qui relève de notre culture et ce qui doit être traité comme un acte de
vengeance délibérée envers les personnes faibles. Faits réprimables.
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De même, il serait vivement souhaitable que le législateur congolais puisse faire évoluer le droit
criminel en définissant et insérant l’infraction de sorcellerie et indiquer les peines à appliquer
dans le Code Pénal de notre pays. La sorcellerie, serait-elle un crime, un délit ou une
contravention ? Quels seraient les éléments constitutifs de cette infraction ?
L’on doit reconnaître un rôle crucial aux personnes âgées qui sont un des piliers de notre pays.
Un sage africain n’a-t-il pas dit « un vieillard qui meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle » Peut-on construire l’avenir d’un Etat sans une politique de préservation de la mémoire ?
Il est donc indispensable qu’un plan national sur le vieillissement visant à aider les personnes
âgées et à leur assurer un revenu sûr, des services de protection sociale, des soins de santé de
qualité et une prise en charge à long terme, soit immédiatement opérationnel. Les opérations
ponctuelles ne visant qu’à soigner quelques égratignures ne peuvent pas guérir les multiples
plaies observées dans ce domaine. . Pour que cela soit possible, une réelle politique nationale
et une charte axée sur le vieillissement doivent être adoptées et appliquées. Les
préoccupations des personnes âgées doivent être systématiquement prises en compte dans les
orientations générales du gouvernement.
Nous devons redoubler d’efforts pour que les droits des personnes âgées soient respectées et
que le rêve d’une société pour tous les âges devienne réalité dans notre société.
Actuellement, en l’absence d’un plan national et une charte sur le vieillissement, les personnes
de 3e âge doivent se prendre en charge eux-mêmes ou se faire aider par leurs enfants ou petits
fils. Exceptés, certains nantis du pouvoir actuel qui sont pris en charge aux frais du Trésor
Public. Pourquoi cette distinction entre nos vieux ? Existerait-il des vieux plus importants,
privilégiés que d’autres ? Cela est-il acceptable lorsque l’on souhaite conduire le pays vers « le
chemin d’avenir » ? Ou encore y aurait-il plusieurs « chemins », entre ceux conduisant certains
vieux à mourir dignement en France et ceux condamnant la majorité des « vieux non nantis » à
mourir indignement dans les hôpitaux insalubres de Brazzaville ou de Pointe-Noire ? Ou encore
à mourir dans l’indifférence totale dans nos villages ?
Absence de Centre de santé de gérontologie et gériatrie
Le corps humain est une machine merveilleuse, mais qui finit par s’user comme les autres
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machines. Le vieillissement est devenu un sujet de préoccupation. Avec le vieillissement,
apparaissent inéluctablement des maladies et des handicaps.
Peut-on me dire, comment une personne de 3e âge vivant à Mindouli, Bokouelé, Zanaga,
Mossaka, Bétou…victime d’une rupture d’anévrisme peut-elle être sauvée ?
Nous devons dénoncer l’absence des structures socio-sanitaires au Congo (aide médicalisée,
maison de retraites …) dans un état acceptable.
Peut-on admettre comme, souvent le prétend les actuels politiques en place, une simple
politique de désinformation des hommes et femmes en manque de reconnaissance? Le projet
du budget de l’année 2010 serait de 2814 milliards et 900 millions F.CFA. Quelle serait la part
allouée à la politique du vieillissement des Congolais ?
Il est urgent que le Congo puisse se doter des centres de santé de gérontologie et gériatrie
ainsi que des maisons de retraite dans toutes les préfectures et sous-préfectures ainsi que
dans toutes les mairies. Il y a lieu de désapprouver la politique dite de « municipalisation
accélérée » qui ne permet pas d’avoir des stratégies coordonnées d’aide aux personnes âgées
dans l’ensemble du pays. Sans compter que tout est soumis au bon vouloir d’un homme qui
décide de tout. Devant une telle incohérence en matière de politique de santé à destination des
personnes, il faut craindre que tous nos « vieux nantis » aillent irrémédiablement continuer à
dévisser le billard loin de notre terre natale. Et cerise sur le gâteau, les évacuations sanitaires
et les rapatriements des défunts étant pris en charge par le Trésor Public, on n’est pas prêt de
réguler le déficit de cette institution.
Après 25 ans de pouvoir sans partage, Mr SASSOU NGUESSO ne peut même pas se faire
hospitaliser dans son propre pays en cas de malaise ou d’une banale opération chirurgicale.
Au delà de la politique socio-sanitaire des Congolais de 3e âge qu’il faut préconiser
immédiatement, c’est toute la politique de santé de notre pays qu’il faut repenser.
-La corruption est présente dans tout le système sanitaire
-L’espérance de vie au Congo actuellement est de 48.6 ans en 2009 contre 41,7 en 1960
-Le taux de mortalité maternelle est le plus élevé de l’Afrique Subsaharienne
-Le risque est de 60% pour un Congolais de sortir entre quatre planches avant 60 ans !!!
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-Le taux de décès par jour est très élevé comparativement à d’autres pays d’Afrique Noire.
-Les services funéraires ne doivent être qu’accessoires et non comme des entreprises
rentables : Cas des Morgues de Brazzaville et Pointe-Noire
-Ils doivent aider et accompagner dans le deuil suite à un décès, entretien et pose de
monuments funéraires et sépulture, carrelage ou marbrerie, cérémonie d’enterrement…
-Informer les familles : Malgré la douleur et le deuil, il faudra « régler la succession » du défunt,
avec ou sans notaire.
Une politique du vieillissement doit résulter tant de la prise de conscience individuelle du cycle
de vie de chaque Congolais que des choix solidaires du Gouvernement. Bien vivre ensemble
doit être un atout.
Bernard KOKOLO et Jean Claude BERI, www.dac-presse.com
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