Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités

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Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités
corrigé bac 2012
Examen : Bac S
Epreuve : Histoire
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RAPPEL DU SUJET
SUJET 3 : VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL : ESPOIRS ET REALITES
Liste des documents :
Document 1 : Le « nouvel ordre mondial » selon John Kenneth Galbraith
Document 2 : De l’anticommunisme au jihad anti-américain
Document 3 : Les Etats-Unis et le Monde
Document 4 : Les défis d’un monde qui change
Première partie :
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes :
1. Comment John Galbraith envisage-t-il le nouvel ordre mondial et le rôle de l’ONU à la fin des années 1980 ? (document 1)
2. En quoi les nouvelles menaces évoquées par les documents 1, 2, et 3 montrent-elles les limites de cette analyse ?
3. De quelle vision du monde le document 3 témoigne-t-il ?
4. En confrontant les documents 1 et 4, montrez à quels défis la communauté internationale n’a pas répondu en 2005.
Deuxième partie :
À l'aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de ses connaissances, le candidat
rédigera une réponse organisée au sujet suivant :
Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités
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Document 1 : Le " nouvel ordre mondial " selon John Kenneth Galbraith1
"Que l’effondrement du système économique communiste et du système politique rigide qui le soutenait ait profondément changé
le monde ne fait aucun doute. Le phénomène a accéléré les discordes et les dissensions locales et engagé les pays en question
sur le chemin périlleux et inexploré d’une économie mixte considérée aujourd’hui comme la clé du succès économique et
politique. Une des conditions essentielles à l’apparition d’un nouvel ordre mondial est que cette transition soit facilitée par les
pays les plus riches de façon tangible : par de l’argent et des crédits […].
Autre espoir : la perspective d’un nouveau rôle pour les Nations unies […]. La guerre du Golfe, qui a vu les deux
superpuissances se soutenir mutuellement – activement ou passivement – a constitué de ce point de vue la manifestation
d’un changement majeur. Le gouvernement américain a montré une considération sans précédent pour les Nations unies, en
recherchant leur approbation et leur soutien […] Mais il doit y avoir un certain abandon de souveraineté à leur profit, et pas
des moindres, de la part de Washington. Autre point difficile, les Nations unies doivent avoir l’autorité […] de mettre fin non
seulement à l’agression d’un pays contre un autre, mais aussi aux massacres et à la destruction à l’intérieur d’un pays
membre […]. L’horreur, aujourd’hui, résulte moins de conflits internationaux que de conflits et massacres intérieurs […].
Un nouvel ordre mondial, s’il doit avoir quelque sens ou effet, doit aussi aller au-delà des conflits et des massacres pour
s’attaquer à leurs causes […]. Il devra prendre en compte la pauvreté comme source principale du désordre du monde. Cela
implique un flux continu et accru de ressources des pays riches vers les pays pauvres […]. Nous devons nous souvenir que dans
ce monde il n’y a pas de population éduquée qui soit pauvre."
1
Américain (1908-2006), économiste et conseiller de plusieurs présidents démocrates.
Source : Galbraith (J. K.), "Rhétorique et réalité", Le Monde, 16 avril 1991
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Document 2 : De l’anticommunisme au jihad anti-américain
"Les attentats du 11 septembre 2001 constituent l’aboutissement extrême d’une orientation prise par la
mouvance islamiste radicale depuis le milieu des années 1980, à l’époque où se rassemblaient en
Afghanistan les combattants du jihad contre l’Armée rouge. Sous l’égide des États-Unis et des
pétro-monarchies de la péninsule arabique, les activistes les plus déterminés venus d’Égypte, d’Algérie,
d’Arabie Saoudite, du Pakistan, du Sud-est asiatique... et parfois des banlieues européennes avaient alors
constitué des brigades internationales islamiques. […] Pour les États-Unis et les États musulmans
conservateurs alliés à Washington, ce jihad en Afghanistan permettait du même coup de piéger
l’Union soviétique […] et d’éviter que l’Iran révolutionnaire ne conquière l’hégémonie sur une mouvance
islamiste alors en pleine expansion à travers le monde. Ces deux objectifs ont été atteints.
[...] Le 11 septembre 2001, les États-Unis vont subir, pour une large part, le choc en retour du phénomène
qu’ils ont contribué à engendrer dans les années 1980. La tuerie des milliers de civils du World Trade Center
et du Pentagone est le prix payé, avec une décennie de décalage, pour le "zéro mort" américain du jihad
contre l’Armée rouge. "
Source : Kepel (G), "Terrorisme islamiste : de l’anticommunisme au jihad anti-américain", dans Montbrial (T.),
Moreau Defarges (P.), Les grandes tendances du monde, Ramses, 2003, p. 43-58
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Document 3 : "Les Etats-Unis et le monde"
Source : dessin de Plantu paru dans l’Express en avril 2002
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Document 4 : "Les défis d’un monde qui change"
"Dans la Déclaration du Millénaire 1 , les dirigeants politiques ont manifesté leur foi dans la capacité de
l’humanité à accomplir, dans les années à venir, des progrès mesurables en ce qui concerne la paix, la
sécurité, le désarmement, le respect des droits de l’homme, la démocratie et la gouvernance. Ils ont appelé
de leurs voeux la création d’un partenariat mondial en faveur du développement qui permette d’atteindre les
objectifs convenus en 2015 au plus tard. [ …] Et ils ont décidé que l’organisation des Nations unies devait
participer plus activement aux travaux qui détermineront notre avenir commun […]
Il s’est passé, depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire, beaucoup d’événements […]. De petits
réseaux d’acteurs non étatiques (terroristes), ont, depuis les terribles attentats du 11 septembre 2001, donné
un sentiment de vulnérabilité aux Etats même les plus puissants. Par ailleurs, beaucoup d’Etats commencent
à se rendre compte que la façon complètement déséquilibrée dont le pouvoir est réparti dans le monde est
une source d’instabilité […]. Plus de 40 pays ont connu les meurtrissures de conflits violents […].
Pour beaucoup, les promesses que traduisent les objectifs du Millénaire demeurent très lointaines. Plus d’un
milliard de personnes vivent encore sous le seuil de misère […]. Le monde est, dans l’ensemble, plus riche,
mais la répartition de cette richesse est de plus en plus inégale dans chaque pays, dans chaque région et sur
la planète […]. Les événements de ces dernières années se sont également traduits par une perte de
confiance dans l’organisation des Nations unies. "
Source : extraits du rapport présenté par Kofi Annan, Secrétaire général des Nations unies, le 24 mars 2005.
1
Adoptée en 2000 par l’Assemblée générale de l’ONU.
LE CORRIGÉ
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I. ANALYSE DU SUJET
Le sujet est tiré de la 1 ère partie du programme, intitulée "Les relations internationales depuis 1945". Il
concerne la recherche d’un nouvel ordre mondial depuis 1991, donc l’après-guerre froide. On pouvait s’y
attendre en raison de commémorations, pendant l’année scolaire, des 20 ans de la chute de l’URSS et des 10
ans des attentats du 11 septembre.
L’intérêt du sujet est de voir comment le monde et les relations internationales se sont réorganisés après la
période de la guerre froide (1947-1991), qui avait conduit à une bipolarisation de la planète et la domination
des deux modèles antagonistes, communiste et américain.
Le sujet va donc jusqu’à nos jours, ce qui permet de faire quelques références à l’actualité, mais surtout, il
montre comment les Etats-Unis, seule superpuissance restante, ont dû redéfinir leur politique étrangère, ce
qui n’a pas été sans difficultés. Le rôle de l’ONU et de la "communauté internationale" doit aussi être étudié.
La problématique doit insister sur la différence entre les deux termes utilisés par le sujet : "espoirs et réalités".
Par exemple : En quoi l’avènement d’un nouvel ordre mondial pacifié s’est-il largement révélé illusoire après
la fin de la guerre froide ?
II. LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES
Réponses aux questions (1ère partie)
1)
Galbraith anticipe la fin de la guerre froide (l’URSS chutera quelques mois plus tard mais le
communisme en Europe de l’EST s’est déjà largement effondré) . Il envisage un nouvel ordre mondial
(expression aussi utilisée par le Président Bush) fondé sur la coopération . Il en a vu un exemple lors de la
guerre du Golfe, lancée à l’initiative des Etas-Unis et soutenue par l’URSS. Pour lui, l’ONU, largement
paralysée durant la guerre froide, peut retrouver un rôle : elle a fourni un mandat pour l’intervention contre
l’Irak qui agressait le Koweit mais elle doit aussi assurer un "droit d’ingérence humanitaire" pour mettre fin aux
"massacres intérieurs" (perpétrés par des dictateurs contre leur propre population). Il envisage donc le
multilatéralisme, à savoir un patenariat entre les Etats-Unis et l’ONU, sans oublier une aide des pays les plus
riches en direction du Sud et des anciennes "démocraties populaires" en pleine transition vers le capitalisme.
2)
Les documents relatent plusieurs menaces qui montrent dans les années suivantes les limites, voire
l’illusion de ce « nouvel ordre mondial » :
-
La multiplication des guerres civiles (ex. Yougoslavie et Rwanda dans les années 1990)
-
La montée du terrorisme islamiste, comme effet boomerang de la guerre en Afghanistan qui avait servi
aux Etats-Unis à affaiblir leur rival soviétique
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3)
Le document 3 montre que les Etats-Unis, vainqueurs par forfait de la guerre froide et débarrassés de la
menace communiste qui les effrayait se sont assoupis, croyant dans un premier temps à une « fin de
l’Histoire » puis ayant une vision manichéenne du monde, divisé entre "Bien" et "Mal" alors que la réalité est
plus complexe, y compris pour ce qui est de la lutte antiterroriste.
4)
La confrontation des documents 1 et 4 montre que la communauté internationale, donc l’ONU, n’a pas
su relever le défi d’un développement plus équitable des différentes parties du monde, ce qu’elle s’était
pourtant fixé comme objectif pour le Millénaire en 2000, soit 5 ans avant la rédaction de ce rapport par son
secrétaire général Kofi Annan. La montée des inégalités économiques à toutes les échelles, et même la
répartition du pouvoir en termes géopolitiques, contribue selon lui à l’instabilité croissante de la planète, en
particulier la multiplication des guerres civiles, voire le renforcement du terrorisme.
Réponse argumentée (2ème partie)
Le plan est largement suggéré par l’intitulé du sujet mais il faudra prendre garde, pour la réponse organisée,
de ne pas négliger la chronologie et notamment la date charnière du 11 septembre 2001.
On peut ainsi croiser les deux termes principaux du sujet et une approche chronologique en optant pour le
plan suivant, par exemple :
1. 1991-2001 : les espoirs d’un "nouvel ordre mondial" fondé sur le multilatéralisme
1.1 le test réussi de la guerre du Golfe (mandat de l’ONU et coalition internationale)
1.2 les Etats-Unis, "gendarmes du monde" (processus de paix au Proche-Orient en 1993, paix en Bosnie en
1995, rôle de l’OTAN au Kosovo en 1999)
1.3
des limites et de fortes inquiétudes (échec du droit d’ingérence en Somalie, génocide en 1994 au
Rwanda)
2. 2001-nos jours : les réalités du "désordre mondial"
2.1 le révélateur du 11 septembre 2001 et ses conséquences (guerres d’Afghanistan en 2001 et surtout
controverse sur l’Irak en 2003)
2.2 la stratégie américaine : les risques de l’unilatéralisme (antiaméricanisme croissant, perte de confiance
dans l’ONU)
2.3 un Moyen-Orient encore plus explosif (affirmation de l’Iran, relance du conflit israélo-palestinien, en fit
depuis 2000 avec la 2e Intifada) et une Afrique très instable
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En conclusion, n’oubliez pas d’ouvrir sur l’hypothèse d’un monde devenu "multipolaire" , avec l’émergence de la
Chine et des géants du Sud (Inde, Brésil), sans oublier l’UE, malgré ses difficultés actuelles, ou même la
réaffirmation de la Russie. Impossible également de ne pas mentionner la recomposition dans le monde arabe
avec les révolutions de 2011, y compris l’intervention de la communauté internationale en Libye et la
non-intervention en Syrie.
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