L`excision : un traumatisme Quelle sexualité pour les femmes
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L`excision : un traumatisme Quelle sexualité pour les femmes
EXCISION ET CHIRURGIE RECONSTRUCTRICE DU CLITORIS : L’OPERATION DE L’ESPOIR Entre 100 et 130 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi une mutilation génitale féminine (MGF). Une pratique dangereuse ! Depuis quelques années, cependant, une technique chirurgicale relativement simple permet de « réparer » ces femmes abîmées dans leur féminité… L'excision : un traumatisme Quelle sexualité pour les femmes excisées ? La reconstruction après excision Supprimer les douleurs cicatricielles et retrouver le plaisir Une renaissance… Les limites de la réparation de l’excision Besoin d'aide ? L'excision : un traumatisme Awa n’avait pas 3 ans lorsque ses tantes paternelles, dans le dos de ses parents, les ont fait excisées ses sœurs, ses cousines et elle. Une opération dans les toilettes, sans aucune forme d’hygiène. Dans son malheur, Awa a eu de la chance. Contrairement à de nombreuses victimes d’excision (1) ou d’infibulation (2), elle n’a pas eu d’infection ni d’hémorragie. Toutefois, son excision a eu un impact certain sur sa vie de femme… Quelle sexualité pour les femmes excisées ? Pendant des années, le sujet est tabou dans la famille d’Awa. Elle-même n’a qu’une vague idée du tort qui lui a été fait. C’est lors de sa puberté qu’elle en a (re)pris conscience, avec une gêne par rapport à son sexe différent, et son absence de désir. Puis viennent les premières relations sexuelles. Certes, elle éprouve quelques sensations vaginales, mais rien de transcendant. Pire, au fur et à mesure du temps, elle va développer un véritable complexe à l’égard de son sexe mutilé. « Je le trouvais affreux ! J’avais honte, je ne voulais pas qu’on le caresse, qu’on l’embrasse ni même qu’on le voie… Je ressentais un manque, un vide, un handicap, presque. Je ne me sentais pas complète. » . La reconstruction après excision Aujourd’hui, pour les femmes comme Awa, une intervention de reconstruction chirurgicale. Le principe est relativement simple. En cas d’excision, l’exciseuse coupe généralement les petites lèvres et la partie émergente du clitoris, organe qui, en son entier, mesure une petite dizaine de centimètres. Le travail du chirurgien consiste à enlever les adhérences des tissus, les cicatrices rétractiles (sources de douleurs), à faire une chirurgie plastique des petites lèvres pour leur redonner une existence, et à enlever la gaine cicatricielle du clitoris, à aller chercher la racine du clitoris afin de la faire émerger là où se situait le gland du clitoris avant l’excision. Réalisée sous anesthésie générale, cette intervention dure moins d’une heure. Supprimer les douleurs cicatricielles et retrouver le plaisir Pour quels résultats ? Le Dr Foldès, créateur de la technique, explique qu’elle permet quasiment toujours de supprimer les douleurs liées à la cicatrice de la mutilation. Elle permet aussi d’éliminer les risques infectieux et les risques à l’accouchement dus aux cicatrices de l’excision. Entre 60 et 70% des femmes opérées éprouveraient également de nouvelles sensations sexuelles. Et 8 fois sur 10, la reconstruction parvient à redonner une forme anatomique normale au sexe féminin. Depuis 25 ans, le Dr Foldès chirurgien à Saint-Germain en Laye et travaillant à médecin du monde, répare des excisions (plus de 4.000 réparations) et a formé plusieurs chirurgiens français afin de faire bénéficier le plus grand nombre de femmes de cette réparation. Une renaissance… Pour Awa, c’est de retrouver un sexe anatomiquement normal qui importait le plus. Elle voulait surtout « être comme les autres femmes ». Les conséquences de l’opération ont dépassé ses espérances. « Non seulement j’ai osé toucher, caresser mon nouveau sexe, mais six mois après l’intervention, j’ai eu un orgasme pour la première fois de ma vie ! À quarante ans, je me sens enfin complète, entière, épanouie… Une vraie femme, quoi ! » Les limites de la réparation de l’excision Toutes les femmes n’obtiennent cependant pas un aussi bon résultat. Si la majorité des femmes sont heureuses de ne plus ressentir de douleurs génitales ou sexuelles, et sont soulagées d’avoir une vulve anatomiquement normale. Le plaisir, lui, n’est pas systématiquement présent après l’intervention. Certaines femmes excisées avaient conservé l’accès à des orgasmes clitoridiens, car la partie non excisée de leur clitoris, même enfouie, reste présente et réactive. Chez ces femmes, la réparation peut au contraire bloquer l’accès à l’orgasme, parfois pour plusieurs années. D’autre part, chez des femmes excisées, le traumatisme psychologique de l’excision est tel que la réparation physique n’aura pas d’effet réparateur suffisant. Leur corps se souviendra et la réparation est parfois même ressentie comme une agression supplémentaire de cette zone très investie émotionnellement. Ainsi, comme pour toute chirurgie, le bon chirurgien sera toujours celui qui pose les bonnes indications opératoires. Autrement dit, celui qui sait répondre à cette question : l’opération va-t-elle vraiment aider cette femme qui se trouve devant moi…