Un nouvel élan dans la lutte contre l`excision - Excision, parlons-en

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Un nouvel élan dans la lutte contre l`excision - Excision, parlons-en
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S TO P A U X V I O L E N C E S S E X U E L L E S
Un nouvel élan dans la lutte contre l’excision
À l’occasion de la journée internationale pour l’abandon de l’excision
le 6 février 2014, l’association Excision parlons-en ! travaille à l’organisation
d’un colloque international pluridisciplinaire à Paris. Clara-magazine
proposera à chaque numéro un article pour préparer cet événement.
Ici, Marion Schaefer, présidente d’Excision parlons-en !, explique pourquoi
© DR
il est nécessaire de créer une telle association et de mobiliser autour
Marion Schaefer, présidente
d’Excision parlons-en !
des mutilations sexuelles féminines.
Pourquoi avoir décidé de lancer
une mobilisation sur l’excision ?
Il n’existait pas de site internet en langue française centralisant l’information
sur les mutilations sexuelles féminines.
Ensuite, Louis Guinamard, journaliste et
auteur, à l’origine de l’initiative, a décelé
un véritable besoin des associations de se
retrouver et de partager sur les pratiques,
les expériences… Aujourd’hui, l’engouement des associations qui signent notre
charte mais également du grand public
qui nous suit sur les réseaux sociaux, témoigne de la nécessité de parler du sujet.
La loi française protège t-elle
suffisamment ?
L’engagement pour l’abandon de l’excision remonte aux années 80. La France
faisait alors figure de modèle et a in-
LES CHIFFRES
Les mutilations sexuelles féminines
sont encore pratiquées dans une
trentaine de pays d’Afrique et du Moyen
Orient et, dans une moindre mesure,
dans certaines communautés en Asie,
en Amérique du Sud ainsi que parmi
les communautés de la diaspora dans
les pays industrialisés.
Aujourd’hui 3 millions de filles, pour
la majorité de moins de 15 ans, sont
soumises à la pratique chaque année
et 140 millions l’ont déjà subie.
Par ailleurs on observe au niveau des
pays de très grandes disparités régionales : un chiffre de prévalence relativement modeste pour un pays peut masquer
une réalité régionale surprenante. Dans
certaines communautés du Sénégal,
presque 100 % des filles sont excisées.
troduit les mutilations sexuelles féminines dans le code pénal, les considérant
comme un crime jugé en cour d’assises
et passible d’emprisonnement. Les procès de familles responsables d’excision
sur leurs enfants ont eu un impact pédagogique fort et contribué à faire évoluer
les comportements.
Plus récemment, la réflexion a porté sur
une autre problématique, celle de l’excision de jeunes françaises issues de l’immigration lors de voyages dans le pays
d’origine de leurs familles. En avril 2006,
une loi a permis de réprimer les excisions
commises à l’étranger à l’encontre d’une
victime résidant en France. Les avancées
juridiques sont donc conséquentes et
ont permis la quasi disparition de la pratique sur le territoire.
Où en est-on aujourd’hui au niveau
mondial ?
On remarque des avancées liées aux années
de travail de terrain d’associations locales,
ONG et Organisations Internationales en
étroite relation avec les communautés et
les gouvernements nationaux. Certaines
communautés ont déjà reconnu avoir
abandonné l’excision et des pays sont en
passe de l’abandonner au plan national.
Mais, ces avancées ne doivent pas masquer une réalité nouvelle. Dans certains
pays, les lois protégeant les femmes sont
parfois remises en question. C’est le cas en
Egypte où la loi de 2008 interdisant l’excision a failli être amendée en 2012 pour
ouvrir la voie à une excision médicalisée.
religions, coutumes, histoires différentes.
Elle est pratiquée à tous âges, cela dépend de l’ethnie considérée et varie d’une
génération à une autre. Seul point commun : ses conséquences dévastatrices. En
raison de cette nature complexe, les programmes les plus efficaces sont ceux qui
mettent en place des approches durables,
multisectorielles et participatives. Il est
essentiel de travailler étroitement avec
les communautés et d’en faire les acteurs
de leur propre changement.
Quel événement se prépare
le 6 février 2014 ?
À l’occasion de la journée internationale
pour l’abandon de l’excision le 6 février
2014, Excision parlons-en ! travaille à
l’organisation d’un colloque international pluridisciplinaire à Paris pour porter à
la connaissance du public les évolutions,
les initiatives en France et dans le monde,
pour promouvoir l’abandon de l’excision et
comprendre les clés de réussite mais également les freins aux processus d’abandon.
Le colloque - qui donnera la parole à des
intervenant-es français-es, européen-es et
internationaux (Sénégal, Mali, Irak, Egypte,
Indonésie…) - sera destiné à un public averti
(professionnels du secteur humanitaire, bénévoles associatifs, réseaux de défense des
droits humains, étudiants…) et aux médias
qui y puiseront la matière nécessaire pour
informer le grand public.
Comment agir contre l’excision ?
Ce qui rend l’excision complexe, c’est la
multitude de formes qu’elle peut adopter. Elle a lieu chez des peuples ayant des
CLARA MAGAZINE 9 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2013 N°139
Propos recueillis par Eugénie Forno
Pour en savoir plus ou pour soutenir
financièrement la mobilisation :
www.excisionparlonsen.org
Page Facebook de la mobilisation
et Twitter @excisionparlons