intérim : l`enjeu de la sécurisation des parcours

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intérim : l`enjeu de la sécurisation des parcours
Insertion
Intérim : l’enjeu de la sécurisation
des parcours
La branche du travail temporaire a progressivement mis en place plusieurs dispositifs
spécifiques pour l’insertion, la qualification et le maintien dans l’emploi des intérimaires :
CDPI, CIPI ou dernièrement le CDI intérimaire..
L
égalisé par la loi du 3 janvier 1972,
l’intérim a connu un important
essor au point de représenter aujourd’hui 3 % de l’emploi salarié en France.
Au fil des années, les Entreprises de travail temporaire (ETT) ont néanmoins
souhaité se détacher de l’image négative
associée à leur condition de pourvoyeurs
d’emplois précaires et ont redoublé
d’efforts pour se positionner en acteurs de
l’emploi et de l’insertion.
Militant pour une
« flexisécurité responsable »,
les employeurs de la branche
ont participé au
développement de plusieurs
outils pour sécuriser les
parcours des intérimaires.
À l’enjeu social d’accompagner une population plus souvent faiblement qualifiée et
éloignée de l’emploi s’ajoute en effet un
enjeu économique pour les entreprises
du secteur.
Celles-ci, dans un contexte de concurrence accrue, cherchent à répondre rapidement aux besoins en compétences
exprimés par leurs entreprises clientes
et à fidéliser leurs intérimaires les plus
qualifiés.
Des dispositifs spécifiques
de qualification et d’insertion
Depuis la création, en 1983, d’un Fonds
d’assurance formation pour le travail temporaire (FAF-TT), la branche a fait de la
qualification de ses salariés un objectif
majeur, bien que difficile à atteindre (l’accès à la formation stagne chaque année
autour de 3 % des effectifs intérimaires).
L’ensemble des dispositifs de formation de
droit commun ont été progressivement
adaptés pour les rendre accessibles au
statut de l’intérim :
- Congé individuel de formation (CIF),
- Contrat de professionnalisation,
- Validation des acquis de l’expérience
(VAE),
- Congé bilan de compétences (CBC),
- ou plus récemment période de professionnalisation et Compte personnel de
formation (CPF).
La branche s’est également démarquée par
la création de deux dispositifs de formation propres à la profession :
- le Contrat de développement professionnel intérimaire (CDPI), remplaçant
le Contrat de mission-formation jeune
intérimaire (CMJI),
- et le contrat d’insertion professionnelle
intérimaire (CIPI), remplaçant le
Contrat de mission-formation insertion
(CMFI).
Afin d’intervenir plus spécifiquement
auprès des publics les plus éloignés de
l’emploi, des Entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) ont également
été instituées au début des années 90.
Rattachées au secteur de l’insertion par
l’activité économique, les ETTI proposent
à des personnes en fin de parcours d’insertion des missions d’intérim, avec un
accompagnement social et professionnel
renforcé.
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CBC
Période
de professionnalisation
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Ces deux dispositifs, qui visent les intérimaires les moins qualifiés, reposent sur
une alternance entre périodes de formation (théorique et pratique) et périodes
de mission.
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Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
insertion
En janvier 2016, les secteurs regroupant la
part la plus importante des effectifs intérimaires régionaux sont :
640
agences de travail
temporaire en 2014
(territoire regroupant les anciennes régions Alsace,
Champagne-Ardenne et Lorraine)
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59
10 en Meuse
134 en Moselle
38 dan
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Cadres et professions
intermédiaires
Ouvriers
non qualifiés
Employés
11%
Commerce
(contre 10,3% au niveau national)
14,1% Services
Ouvriers
qualifiés
(contre 16,3% au niveau national)
59,3%
Industrie
(contre 50,1% au niveau national)
Les ouvriers non qualifiés sont majoritaires dans
les effectifs régionaux, avant les ouvriers qualifiés
et, dans une moindre mesure, les employés et les
cadres et professions intermédiaires.
L’intérim dans la nouvelle grande région
Création du CDI intérimaire
Suite à un accord de branche conclu le 10 juillet
2013, le secteur du travail temporaire s’est doté
d’un nouvel outil pour la sécurisation des parcours : le CDI-intérimaire (CDI-I).
Mis en œuvre depuis mars 2014, ce contrat
qui peut être proposé par les agences de travail
temporaire comporte les mêmes garanties de
stabilité que le CDI « classique ». Il présente
la particularité de comprendre des périodes
de missions, durant lesquelles son titulaire est
délégué dans une entreprise utilisatrice, et des
périodes d’intermissions.
Considérées comme des périodes de travail
actives, pour lesquelles une rémunération minimum est assurée, elles peuvent notamment
être mises à profit pour le suivi d’une formation.
Le dispositif peine néanmoins à décoller : au
3e trimestre 2015, seuls 3 500 CDI-I avaient été
conclus, alors que le secteur s’est engagé par
son accord de 2013 à en créer 20 000 sur 3 ans.
Pour les représentants des employeurs de la
branche, l’assouplissement des règles encadrant
le CDI-I par la loi « Rebsamen » d’août 2015
devrait néanmoins permettre à ce nouveau
contrat de rencontrer davantage de succès.
Le dispositif, comme le confirme un récent travail du Centre d’étude de l’emploi (CEE), sera
sans doute cependant amené à être mobilisé par
les ETT en majorité pour les intérimaires déjà
fortement « employables » et non nécessairement pour les personnes ayant le plus besoin
de sécurisation.
Des contributions spécifiques
pour la sécurisation des parcours
La branche du travail temporaire a enfin mis
en place plusieurs outils paritaires visant à corriger les effets liés à la précarité de l’intérim et à
amplifier sa mission d’accès à l’emploi.
Le fonds d’action sociale du travail temporaire
(Fastt), créé en 1992 et financé par les ETT, a
ainsi vocation à proposer aux intérimaires des
services et des prestations pour favoriser leur
accès à l’emploi, à la santé, au logement ou au
crédit et pour faciliter la mobilité.
Créé quatre années plus tard, le Fonds professionnels pour l’emploi du travail temporaire
(FPE-TT) est pour sa part destiné à mutualiser
les moyens des entreprises du secteur (via la
perception d’une contribution spécifique) afin
de financer des actions en faveur de l’insertion
et de l’emploi.
Son action est complétée depuis l’accord de
juillet 2013 par celle du Fonds de sécurisation
des parcours intérimaires (FSPI).
Financé en partie par une contribution sur la
masse salariale des CDI-I, le FSPI vise notamment à augmenter la durée d’emploi des intérimaires, en finançant un accompagnement
spécifique des salariés, qui peut comprendre
des actions de formation professionnelle, pour
améliorer leur employabilité et leur maintien
dans l’emploi
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(Sources : Observatoire de l’intérim / Baromètre Prism’emploi)
De l’agence d’intérim
à l’agence d’emploi
La loi « Borloo » de 2005 a
étendu le champ d’action
des ETT en leur ouvrant le
champ du placement.
Elles peuvent désormais
proposer des profils aux
entreprises pour leurs recrutements en CDD ou en
CDI, ou réaliser des actions
de conseil, de formation
ou d’accompagnement des
demandeurs d’emploi.
Pour marquer cette évolution, les professionnels de
l’intérim ont choisi de modifier l’appellation d’agence
d’intérim en agence d’emploi.
Par Raphaëlle Pienne
Objectif Formation n° 66 | Mars 2016
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