La Lettre de Fontaine Consultants - Novembre 2003
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La Lettre de Fontaine Consultants - Novembre 2003
F O N T A I N E c o n s u l t a n t s l a l e t t r e édito L’externalisation est un projet complexe de par ses multiples dimensions, humaine, organisationnelle, financière, technique et juridique. Mais son succès repose largement sur la maîtrise par l’entreprise de ce qu’elle externalise : aussi paradoxal que cela puisse paraître, mieux un domaine est maîtrisé, et plus son externalisation a de chances de succès. Grâce à la maturité du domaine informatique, la qualité et la couverture de l’offre ouvrent un large éventail de choix aux entreprises. À elles maintenant de définir avec soin leur politique de « sourcing » et de s’assurer qu’elles atteindront les réductions de coût ou les améliorations de réactivité, tout en gardant la maîtrise des activités externalisées et la possibilité de retour arrière. Patrick Vu-Huy-Dat associé et fondateur Outsourcing : stratégie et marchés L’outsourcing est-il inévitable pour les entreprises ? La réflexion qui consiste à sous-traiter à une société spécialisée une fonction bien définie de l’entreprise n’est pas nouvelle : plus un secteur économique se professionnalise, plus l’offre de services devient attractive, tant sur le plan économique que par la qualité des prestations offertes : c’est le cas de l’informatique. Cette tendance est claire sur le long terme, mais les opportunités varient fortement d’un cas à l’autre : selon la qualité des acteurs, selon le contexte de l’entreprise, selon les objectifs que l’on retient, une politique d’outsourcing pourra avoir des effets bénéfiques ou au contraire des effets néfastes. Quels sont les objectifs recherchés en « outsourçant » ? La priorité va souvent à la diminution des coûts et ceci à court terme : c’est le cas notamment des opérations de « global outsourcing » qui visent à rémunérer la cession de la globalité des actifs de l’informatique en con- Novembre 2003 stratégie d’entreprise et systèmes d’information trepartie d’un engagement long terme, jusqu’à une dizaine d’années. Ces opérations sont souvent mal vécues par le personnel comme par le management. De plus, les gains attendus ne sont pas toujours au rendez-vous, car il est difficile de céder rapidement toutes les activités concernées. À l’inverse, des opérations plus ponctuelles pour mutualiser les projets en les confiant à un partenaire, ou pour consolider des fonctions de production et de support, sont souvent intéressantes par les gains financiers qu’elles apportent, mais aussi par l’accroissement de la qualité de service. La nécessité contractuelle de mesurer précisément la qualité des services délivrés est en soi une source de progrès. N’y a-t-il pas souvent un frein social à l’outsourcing ? Bien sûr, et c’est souvent le frein majeur. Cela dit, avec des acteurs très professionnels, les questions sociales sont traitées avec beaucoup de soin. Il faut constater objectivement que les opérations d’outsourcing, bien menées, permettent aux personnels concernés non seulement de conserver des emplois probablement menacés à moyen terme, mais aussi d’acccéder à de nouvelles activités professionnelles et des opportunités de carrière parfois importantes. Quel peut être le rôle d’une société de conseil en stratégie comme Fontaine Consultants dans un tel projet ? Fontaine Consultants connaît bien le marché, les offres et les acteurs. Il est donc intéressant pour les managers de l’entreprise de mener une réflexion en profondeur avec Fontaine Consultants, en toute indépendance des fournisseurs potentiels. Cette réflexion permet d’élaborer une « stratégie de sourcing » qui répond à des besoins bien identifiés. Les stratégies peuvent être multiples : ne sous-traiter que des fonctions précises et mal assumées en interne (le « help-desk » 24h sur 24 par exemple) ; « détourer » l’informatique pour passer d’une gestion de ressources à une gestion de projets ; professionnaliser les prestations et permettre dans un deuxième temps une bonne « valorisation » de l’informatique interne. Enfin, il arrive que dans certains cas « l’insourcing » soit une solution plus favorable, comme le rapatriement de l’exploitation de serveurs Web pour un coût marginal dans de grands centres de production internes : c’est d’ailleurs pourquoi nous utilisons plus volontiers le terme de « sourcing policy ». Il y a également tous les cas où l’informatique interne joue un rôle opérationnel dans le cœur de métier de l’entreprise et où les risques d’une politique d’outsourcing doivent être mesurés et considérés. Une société ne peut-elle mener seule cette démarche? En théorie, oui. Mais dans la pratique, c’est moins évident : en général les acteurs internes sont peu disposés à étudier euxmêmes les possibilités qu’offre l’outsourcing. Ce sont souvent les fournisseurs qui amorcent la démarche directement avec la DG ou une direction opérationnelle. Ces fournisseurs spécialisés, dans des créneaux précis (le « sectional outsourcing ») ou dans des démarches plus globales de « global outsourcing » ou de « BPO », ont naturellement des argumentaires commerciaux bien rôdés, des démarches contractuelles très professionnelles, ajustées par une pratique continue. L’entreprise se retrouve, elle, très démunie, puisqu’en général, on n’outsource qu’une fois ! Il est aussi clair que l’intérêt de l’entreprise et celui du fournisseur ne convergent pas toujours spontanément. C’est pour toutes ces raisons qu’il nous semble très important que l’entreprise se fasse assister dans sa démarche par une société de conseil experte et indépendante : c’est une garantie que les risques sont bien identifiés et que la négociation se déroule dans les règles de l’art. la parole à... Bernard MAZOYER Bernard MAZOYER a rejoint fontaine consultants en 2002 comme Directeur Général. Après 10 années au sein du Groupe Bull, il poursuivi sa carrière chez Sycomore, en charge du pôle Architecture et Industrialisation, puis comme directeur de la Division Grande Distribution, Tertiaire, Secteur Public. Il est diplômé de l’école centrale de lyon, avec une spécialisation à supelec en informatique. l a stratégie d’entreprise et systèmes d’information l e t t r e Business Process Outsourcing : un marché critique Un entretien avec Najah Naffah, EDS, directeur de la ligne de services BPO Quelle est l’activité d’EDS dans l’outsourcing ? Nous distinguons deux segments de marché : l’ITO (IT outsourcing ou infogérance) et le BPO (business process outsourcing). L’ITO est un métier ancien pour EDS : l’offre est très structurée. L’offre ‘Office systems’ porte sur les services d’installation et de support au poste de travail (y compris les applications bureautiques), les réseaux et les serveurs locaux. L’offre ‘Applications’ comprend l’hébergement des machines et des applications, avec éventuellement la reprise du parc de machines du client. La Tierce Maintenance Applicative est une forme d’outsourcing technique, très pratiquée en France, sans transfert de personnel. Dans d’autres pays, nos clients nous confient des services plus globaux couvrant la TMA, l’infrastructure d’hébergement et les personnels associés. Dans toutes les offres, les conditions sont gérées précisément par le contrat : les indicateurs de performances et le niveau de service sont définis ; les maintenances courantes, incluses dans le contrat, sont distinguées des évolutions majeures qui font l’objet d’avenants. Comment justifiez-vous la durée des contrats que vous proposez ? Les premières années représentent des Baromètre outsourcing 2003 Sur les entreprises qui externalisent (toutes fonctions confondues), 88% sont satisfaites de ce choix. Pourtant, 20% déclarent en 2003 qu’elles ont repris en interne une ou plusieurs fonctions, souvent suite à des changements de stratégie. informatique et télécommunications entreprises qui déclarent avoir atteint leur objectif de : Réduction de coût 50% Qualité de service Rapidité et réactivité 62% 20% Source : Baromètre 2003 Ernst & Young + Sofres Pour les fonctions « Informatique et Télécommunications », le bilan est mitigé. investissements considérables pour l’outsourceur : prise de connaissance des sous-ensembles externalisés, mise en place des processus industrialisés, mise en place des indicateurs et du pilotage avec le client, intégration éventuelle des équipes du client et de ses soustraitants antérieurs, normalisation du parc de matériel et renégociation avec les fournisseurs, etc. En outre, il ne faut pas oublier que l’exigence première du client est généralement de faire baisser sa facture informatique ! La première année de fonctionnement d’un contrat est toujours déficitaire pour l’outsourceur, et une telle opération ne devient rentable que si la durée du contrat est de l’ordre de 7 à 10 ans. Ce sont des engagements difficiles à prendre ... Une externalisation est comparable, par sa complexité, à une opération de fusion/acquisition. Les sociétés qui envisagent une externalisation désignent un « Directeur de l’externalisation » (senior outsourcing officer). L’intervention d’un société tierce, indépendante des fournisseurs, est souvent un facteur clé de succès car la neutralité d’un conseil expérimenté contribue à définir une stratégie d’externalisation cohérente et permet d’aboutir à un contrat équilibré. Et le Business Process Outsourcing ? Il s’agit d’engagements similaires sur des périmètres différents, au-delà de l’informatique. Les exemples actuels en France sont limités à quelques créneaux : par exemple la paye, l’affacturage, la comptabilité ou les centres d’appel. EDS structure son offre de BPO selon les différents domaines de processus (voir l’encadré) : chacun comporte 20 à 40 processus. La mise en place d’une externalisation de processus métier passe par l’analyse, avec le client, de ce qui doit rester en interne (processus stratégiques) et de ce qui peut être confié à EDS. Ainsi, dans le domaine des ressources humaines, la paye et la formation pourront être aisément externalisées, par contre, la planification des effectifs, la stratégie salariale doivent rester strictement sous contrôle de l’entreprise. fontaine consultants Administration Inventaire Comptabilité Finances Achats directs Ressources humaines Ventes Facturation Fidélisation Paye Dévpt. ventes Transport & logistique Marketing Production Le fonctionnement des entreprises peut être schématisé en 4 grands domaines de processus métier : les processus orientés vers les clients (centres d’appel, chaîne logistique, CRM) ; les processus orientés vers les fournisseurs (achats, gestion de stocks, logistique) ; les processus administratifs internes (ressources humaines, comptabilité et finance) ; les processus de production, qui sont bien sûr au coeur du métier, et sont donc très délicats à externaliser. Comment le client garde-t-il le contrôle de ce qui est externalisé ? Chacun des processus externalisés s’appuie sur un outillage informatique, souvent à base de progiciels sur lesquels nous construisons nos platesformes de services. Nous y insérons systématiquement des indicateurs de qualité de service. Les tableaux de bord font l’objet d’un suivi très strict avec nos clients, ce qui permet de garantir la qualité du service fourni. Le BPO est-il une activité importante pour EDS ? Le BPO représente déjà 15% de notre chiffre d’affaires. Le marché est encore peu développé en France, par contre il se développe rapidement aux États-Unis et en Grande-Bretagne, même dans le secteur public : l’Armée britannique nous a confié l’ensemble de la gestion des payes et des pensions ; pour le métro de Londres, nous assurons tout le fonctionnement de la billeterie et des automates ; Abbey National nous a confié l’administration des dossiers des prêts hypothécaires (200 000). Notre analyse stratégique montre que l’externalisation des processus métier représente un gisement de productivité important pour les entreprises, accompagné d’une réduction des coûts qui peut varier de 15 à 30 % : ce sera donc un vecteur de croissance majeur. 35, rue de Châteaudun - 75009 PARIS Tel. 01 58 14 09 69 Fax 01 58 14 06 19 e-mail : [email protected] web : www.fontaine-consultants.fr