IRPI - La marque un capital pour l`entreprise
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IRPI - La marque un capital pour l`entreprise
INSTITUT DE RECHERCHE EN PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE HENRI-DESBOIS LA MARQUE, UN CAPITAL POUR L’ENTREPRISE Catherine Druez-Marie Chargée d'études et de recherche, juriste La marque, dans un contexte de concurrence mondiale accrue, constitue pour les entreprises un outil stratégique de première importance afin de préserver leurs marchés et d’en conquérir de nouveaux. Celle-ci remplit, en effet, une triple fonction, puisqu’elle constitue un mode privilégié de garantie de l’origine des produits, un engagement sur la qualité, enfin et surtout un support publicitaire. Les enjeux stratégiques de la marque pour les entreprises Une marque est un signe susceptible de représentation graphique, servant à distinguer les produits ou services de l’entreprise de ceux de la concurrence. Elle ne doit pas être confondue avec la dénomination sociale, qui individualise une société, le nom commercial, qui désigne une entreprise ou un fonds de commerce, l’enseigne, qui signale un point de vente, voire avec le nom de domaine, adresse électronique permettant d’identifier un site Web sur le réseau. La marque présente de multiples facettes : elle peut être une dénomination (par exemple, un mot de fantaisie comme Lustucru ou un nom patronymique comme Louis Vuitton), un signe figuratif (le célèbre dessin du crocodile Lacoste) ou encore une forme (la bouteille Perrier), voire une nuance de couleur (le jaune Kodak) ou un signe sonore (la musique de la campagne Dim). Si, du point de vue juridique, cette marque doit respecter certaines conditions de validité, encore faut-il qu’elle soit commercialement adaptée au produit qu’elle entend identifier, qu’elle transmette un contenu informatif ou évocateur, qu’elle s’adresse à une clientèle ciblée, et enfin, qu’elle véhicule une image positive pour les consommateurs. Conscientes des enjeux économiques en cause, les entreprises françaises figurent parmi les principaux déposants de marques nationales : environ 69 000 nouvelles demandes de protection en France pour la seule année 2000. Toutefois, à l’heure de la mondialisation du commerce, une démarche strictement limitée au territoire national est rarement pertinente. La prudence veut, en effet, que les entreprises protègent leur marque dans les pays où elles commercialisent leurs produits, ainsi que dans ceux où une exploitation est envisagée. Il n’existe pas véritablement de délai pour effectuer ces dépôts à l’étranger, mais chaque jour qui passe accroît le risque de voir un concurrent s’approprier la marque. S’il existe actuellement plusieurs voies pour déposer une marque à l’étranger, les entreprises disposent notamment d’un outil juridique performant, la marque communautaire, qui leur permet, à l’issue d’une procédure unique, de protéger une même marque sur tout le territoire de l’Union européenne. Or, force est de constater que les entreprises françaises y recourent peu, face à leurs homologues d’autres pays : environ 3 400 demandes pour l’année 2000, soit seulement 6% de l’ensemble des dépôts de marques communautaires. La fragilisation de la marque face à la contrefaçon La contrefaçon ne cesse de se développer au rythme de l’internationalisation des échanges. Si elle touche désormais pratiquement tous les secteurs industriels, ceux dans lesquels la marque joue un rôle attractif particulier, tels que l’habillement, les articles de sport, les jeux et jouets, les parfums, les logiciels, etc., constituent son terrain de prédilection. Bien que l’arsenal répressif français soit particulièrement dissuasif en matière de contrefaçon (amendes jusqu’à 150 000 euros, peines de prison pouvant atteindre 2 ans - les peines encourues étant portées au double en cas de récidive -, publication du jugement dans des journaux ou revues, voire fermeture de l’établissement…), la voie civile est plus empruntée que la voie pénale, l’objectif premier étant d’obtenir l’indemnisation du préjudice subi. Incontestablement, ne serait-ce que sur le territoire français, la contrefaçon reste difficile à combattre. Elle expose notamment les entreprises à des coûts importants pour défendre leurs marques, eu égard à ce qu’elles peuvent attendre d’une action judiciaire. En effet, il ressort d’une étude réalisée par l’IRPI sur La jurisprudence relative à la contrefaçon d’une part, que les réparations accordées par les magistrats ne répondent pas souvent à l’attente des justiciables (décalage certain entre les dommages-intérêts demandés et ceux alloués par les tribunaux), et d’autre part, que le montant des amendes est trop faible et les peines d’emprisonnement trop rarement prononcées (en règle générale, elles sont assorties du sursis et n’excèdent pas une durée de six mois) pour décourager véritablement les contrefacteurs.