Les paradis de la contrefaçon La contrefaçon est partout […] Selon
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Les paradis de la contrefaçon La contrefaçon est partout […] Selon
Les paradis de la contrefaçon La contrefaçon est partout […] Selon le GATT, plus de 60 pays, essentiellement en Asie mais aussi en Afrique, en Amérique Latine, au Proche-Orient et dans le monde occidental, se livrent au commerce du faux […] Un combat sur tous les fronts pour les grandes marques ! Le marché a explosé dans les années 80 avec le développement du tourisme. Les touropérators ont servi de détonateurs puis d’amplificateurs, en déversant sur le marché de pays souvent en voie de développement une clientèle influencée par l’atmosphère ludique du voyage, disposant d’un pouvoir d’achat largement supérieur aux moyennes locales et désireuse de concrétiser à bas prix ses envies d’appartenir au club fermé des consommateurs de grandes marques. Petit à petit, il est devenu courant d’amortir son voyage à Bangkok ou à Kuala Lumpur en rapportant plusieurs dizaines de sacs Chanel ou de montres Rolex pour revendre à des proches. Mais la contrefaçon n’est pas le seul fait des touristes. Les enjeux financiers sont devenus tels que les professionnels de la fraude en tous genres, souvent proches du grand banditisme ou des milieux politiques extrémistes, se sont constitués en véritables réseaux internationaux. Cette économie parallèle fonde son essor sur une main-d’œuvre locale bon marché, un outillage industriel compétitif, et surtout sur le laxisme des autorités, plus soucieuses de protéger le commerce de leurs pays que de faire respecter les droits de propriété intellectuelle. La vente de faux rapporte des devises et fournit du travail à des populations bien en-dessous du seuil de pauvreté […] Si les pays du Tiers-Monde restent des hauts lieux de la contrefaçon, les pays développés n’échappent pas au phénomène. On estime ainsi que 20 % des contrefaçons mondiales proviennent d’Outre-Atlantique. Spécialités américaines : l’électronique, l’aéronautique, la mécanique mais aussi les produits de luxe. Pourtant, les Etats-Unis bénéficient de la loi la plus draconienne, des avocats les plus performants et des magistrats les plus sévères du monde. N’empêche : la contrefaçon pullule dans le quartier de Chinatown à New York. L’Europe n’est pas non plus épargnée. Ainsi l’Italie, deuxième derrière la Thaïlande, produit environ 7% du marché mondial du faux. Les carrés Hermès, les sacs Louis Vuitton ou Christian Dior sont devenus les produits vedettes de la région de Côme. L’Espagne s’est spécialisée dans la contrefaçon du cuir. Tout comme la Grèce et le Portugal. […] Et la France ? […] A Paris sur les marchés forains, aux Puces ou à Barbès, on voit de plus en plus apparaître de fausses Lacoste ou de faux Jean’s 501 qui seraient confectionnés en France.[…] Sous l’effet des pressions, surtout américaines, certains états contre-facteurs cherchent à s’acheter une conduite. Ainsi la Chine, nouveau venu dans le club très ouvert des paradis de la copie, a promulgué en juillet dernier sa première loi sur la protection de la propriété intellectuelle. Cette législation n’a pas encore été appliquée…faute de fonctionnaires compétents. Taiwan a décidé de créer un comité anti-contrefaçon en 1987. Il a contribué a assainir considérablement le marché des imitations horlogères. Bonnes volontés isolées ou signes d’un changement des mentalités ? A l’évidence, quelques états prennent conscience que la contrefaçon représente une menace pour les investissements et les transferts de technologie. Hong-Kong s’est ainsi décidé à mettre fin à une activité qui allait à contrecourant de son image de nouveau pays industriel. Il s’est doté d’une législation répressive qui commence à porter ses fruits. Mais il reste encore du travail à accomplir. Si l’on n’y propose plus la marchandise à découvert, comme au début des années 80, un procédé beaucoup plus subtil de vente sur catalogue est en train de voir le jour… (Les paradis de la contrefaçon, Laurence Alary-Grall, Industries n° 17, nov.-déc. 93)