Valeurs actuelles : Menu de Pâques, la fête après
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Valeurs actuelles : Menu de Pâques, la fête après
17/23 AVR 14 Hebdomadaire OJD : 94849 Surface approx. (cm²) : 974 N° de page : 90-91 1 RUE LULLI 75002 PARIS - 01 40 54 11 00 Page 1/2 GuideTendances Menus dè Pâques : la fête après le carème Gastronomie Nos plus grands chefs vous séduiront avec leur menu de Pâques et de l'aprèscarême. Un festival de saveurs, avec bien sûr l'asperge et l'agneau pascal en vedettes... et de belles idées à s'approprier. Pâques, la plus importante de nos fêtes chrétiennes, approche à grands pas. Il est plus que temps de réfléchir au menu du dimanche dè Pâques, qui marque la fin du jeûne du carème. De grands chefs, de Paris et de province, ont presque tous pensé asperges et agneau pascal. Mais chacun y a mis sa patte, son imagination, sa touche régionale. Voici donc l'incontournable Éric Frechon, VÉpicure du Bristol (rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris VIIIe), un enchanteur trois étoiles qui propose, en amuse-bouche, un oeuf de Pâques doré à l'or fin. En entrée, il sublime la morille blonde, cuisinée au vin jaune, avec un sabayon à l'amaretto. Apparaît alors l'agneau de lait de Lozère : la côte grillée et la selle rôtie au piment d'Espelette, ce merveilleux condiment qui ne "brûle" pas les lèvres. Et pour dessert, un précieux chocolat de Pâques. Le maître Guy Savoy (rue Troyon, Paris XVIIe), que le bonhomme Michelin a tant tardé à reconnaître, se plaît à souligner qu'au même titre que le veau, les agneaux de toutes nos régions de France sont de très bonne qualité. Quant aux asperges, elles peuvent être vertes ou blanches ; encore que, cette année, avec des fêtes de Pâques un peu tardives, ces dernières, de belle maturité, auront sa préférence. C'est pour la même raison qu'au dessert il pense d'abord aux fraises précoces. Éric Briffard déploie son talent, avec une exemplaire rigueur, au restaurant princier de l'Hôtel George-V, Le Cinq (avenue George-V, Paris VIIIe) Combien de temps faudra-t-il encore à Bibendum pour lui attribuer 11 l'ultime étoile qu'il mérite ? Il commence par le jeu d'asperges vertes i » et blanches de Provence, cuisson I \ minute, avec gnocchi au citron, caillé J de brebis ; et en tempura, une crème mousseuse à la réglisse. Suit l'œuf de poule mollet aux morilles fraîches, avec sa mousseline d'oignons doux, févettes, mouillette de pain brioché. Le gigot d'agneau de lait pascal est rôti au persil simple et piment d'Espelette, avec des pousses et jeunes légumes à l'ail LOISEAU 8430099300507/GAW/OTO/2 des ours. Enfin, un fraisier minute George-V, granité aux fleurs de violette, sorbet aux fraises fraîches. Alain Dutournier, au Carré des Feuillants (rue de Castiglione, Paris Ier), est le chantre magnifique de son Sud-Ouest natal. C'est pourquoi il attaque avec une omelette aux petits poissons, de la friture de goujons, par exemple, ou d'éperlans. Son agneau de lait ne peut venir, évidemment, que des Pyrénées. Il est rôti, accompagné Le très médiatique chefparisien Christian Constant nous régale d'unfeuilleté d'asperges vertes et blanches. Incontournable à Paris, Michel Rostang sort des sentiers battus avec un cabri sauté à l'ail. par une belle salade de premier cresson de fontaine. En dessert, un gâteau au chocolat noir, crème jaune. Michel Rostang est une des plus belles tables du XVIIe arrondissement de Paris, rue Rennequin.i.En En entrée, quèlques grosses asperges vertes de Lauris. Mais il sort des sentiers battus : pour lui, ce sera un jeune cabri sauté à l'ail, servi bien croustillant avec un excellent gratin dauphinois. Les fruits d'été n'étant pas encore prêts, il leur préfêre un bon petit pot de crème au chocolat, «comme dû rts nos bistrots», précise-t-il. Christian Constant règne en maître sur la rue Saint-Dominique (Paris VIIe). Son accent de Montauban ne trompe pas : tout petit, il rêvait déjà d'un restaurant qu'il appellerait Le Violon d'Ingres. Son feuilleté d'asperges vertes et blanches est à la crème de morilles. Son gigot d'agneau, des Pyrénées lui aussi, est piqué à l'ail et à la fleur de thym, accompagné d'une jardinière fraîche de légumes de printemps. Il glisse un fromage de chèvre (de Marie-Anne Cantin, bien sûr) avant son dessert : des œufs à la neige, crème à la vanille et caramel au beurre demi-sel. Il n'y a pas que les "grands". Serge Alzerat, le plus sympathique des authentiques bistrots de Paris, L'Opportun (boulevard Edgar-Quinet, XIVe), a lui aussi son mot à dire. En entrée, des œufs meurette - en couples d'âne, selon l'expression Eléments de recherche : BERNARD LOISEAU : cuisinier, passages significatifs À 17/23 AVR 14 Hebdomadaire OJD : 94849 Surface approx. (cm²) : 974 N° de page : 90-91 1 RUE LULLI 75002 PARIS - 01 40 54 11 00 Page 2/2 En cocotte, en rôti, ou en gigot, l'agneau se marie avec unefarandole de légumes deprintemps. l'oxalis et au maïs, les œufs de caille aux arômes de foin, l'asperge verte croquante avec un réduit de noisettes, l'agneau pascal cuit en cocotte à la vapeur de serpolet, le choix de fromages sur l'ercheu (la grande table savoyarde sur laquelle on les moule) ; enfin le mille-feuille chocolat blanc et noir, émulsion de chartreuse. À Vézelay (Yonne), la basilique Sainte-MarieMadeleine, chef-d'œuvre de l'art roman, est aussi incontournable que L'Espérance de Marc Meneau. Il commence par quèlques amusettes : carottes nouvelles aux capucines et huile de noisette, couteaux de pleine mer aux morilles fraîches. Suivent le filet de sole en chaud-froid, gelée de Noilly Prat aux Asperges desaison en bottes ! À savourer à belle maturité. consacrée - ; un gigot de sept heures avec un gratin de macaronis. Un saint-marcellin, qui se mange à la petite cuillère, précède les œufs à la neige. Le RelaisBernard-Loiseau, à Saulieu (Côte-d'Or) est un temple de la gastronomie. Son menu ? Un festival. De belles langoustines rôties, avec un duo d'asperges terre de Saône et bisque froide aux agrumes en entrée. Suit une étuvée de morilles et sa duxelles sur une croustille de pain Patois, foie gras de canard fumé aux sarments de vigne puis poêlé. Un blanc de turbot sauvage poché au beurre d'algues et graines de sésame en condiment, févettes étuvées, sauce mousseline au citron. Vous n'y échapperez pas : filet et carré d'agneau de lait, jeunes légumes et pousses de printemps, jus au thym des roches. Après les fromages affinés, le "24 carats", chocolat pure plantation, safran et fruits de la passion. Face au mont Blanc, Marc Veyrat (Manigod, Haute-Savoie) développe un menu fondamentalement botanique : « l'œuf de mes poules » parfumé à LOISEAU 8430099300507/GAW/OTO/2 Tagliatelles d'asperges vertes et médaillon de selle d'agneau sont au menu de "La Cognette", grande table du Berry... j eunes poireaux, caviar de printemps ; le homard de Saint-Quay-Portrieux aux petits pois et jus d'oignon ; l'agneau de lait rôti et son épigramme ; un comté de trois ans avec gelée au brou de noix ; l'œuf de Pâques aux mangues et au champagne rosé est entouré de poule et poisson chocolat. La Côte Saint-Jacques de Jean-Michel Lorain, à Joigny (Yonne), est aussi un monument bourguignon. Ici, le menu de dimanche pascal commence par une belle botte d'asperges de l'Yonne, évidemment, avec une sauce mousseline. La tradition est respectée avec une épaule d'agneau de lait cuite jusqu'à sept heures, avec des petits légumes. Pour finir, ni poule, ni cloche, ni œuf, mais une magnifique mousse au chocolat avec de la brioche tiède. Achevons cette promenade gustative par le Berry, c'est-à-dire la France avec des provinces autour. Balzac séjourna longtemps à l'auberge de la mère Cognet, La Cognette, à Issoudun (Indre), où Jean-Jacques Daumy poursuit l'œuvre d'Alain Nonnet. Tagliatelles d'asperges vertes, œuf frit au jus de morilles. Médaillons de selle d'agneau en valse d'échalote, infusion de romarin frais. Miroir de chocolat de Tanzanie au coulis passionné. Bon appétit etjoyeuses Pâques ! * JeanMiot Eléments de recherche : BERNARD LOISEAU : cuisinier, passages significatifs