X/ENS Maths PSI 2004 — Corrigé
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X/ENS Maths PSI 2004 — Corrigé
c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 1/24 X/ENS Maths PSI 2004 — Corrigé Ce corrigé est proposé par David Lecomte (Université de Stanford) ; il a été relu par Céline Chevalier (ENS Cachan) et Paul Pichaureau (professeur en CPGE). Ce sujet commun à l’École Polytechnique et à l’ENS Cachan se compose de deux problèmes indépendants. Le premier problème a pour but d’étudier la fonction f : x 7−→ ∞ X xn (n!)2 n=0 On commence par déterminer son domaine de définition, sa régularité, ses limites aux bornes du domaine de définition, etc. Le reste du problème consiste à trouver un équivalent de cette fonction en +∞. On considère la fonction gx dont les coefficients de Fourier sont xn /n! n∈N et que l’on explicite à l’aide de fonctions usuelles. En remarquant que, d’après la relation de Parseval, Z ∞ X 2 x2n 1 2π 2 dθ f (x ) = = g (θ) x (n!)2 2π 0 n=0 on se ramène à l’étude asymptotique de cette intégrale. Ce premier problème est très classique ; par exemple, le premier sujet de mathématiques du concours Mines-Ponts 2002 se propose de calculer exactement le même équivalent par une autre méthode. Le second problème, beaucoup plus original, guide le candidat dans la construction d’une famille d’ensembles de Besicovitch. Ces derniers sont des parties du plan contenant un segment de longueur 1 dans toute direction. On montre ensuite que l’on peut trouver de tels ensembles avec une aire aussi petite que l’on veut. Ce problème n’est pas difficile en soi : la construction et le calcul de l’aire sont faits petit à petit. Il a dérouté de nombreux élèves cette année. Premièrement, parce qu’il ne fait appel à aucun théorème du cours. Deuxièmement, parce qu’il utilise la notion de partition d’un ensemble modulo une relation d’équivalence. Pour les élèves provenant de MPSI, aucun problème ; mais ceux provenant de PCSI ne pouvaient pas comprendre les questions II.5 et II.6 et on sait à quel point une telle situation peut être bloquante un jour de concours. Il est dommage que cette injustice se soit produite dans un sujet d’X/ENS et on trouvera, en remarque dans le corrigé, les définitions nécessaires à la résolution de ces questions problématiques. Il s’agit malgré tout d’un problème intéressant dans la mesure où il introduit ces ensembles de Besicovitch, dont le premier exemple fut construit en 1920 par Abram Besicovitch et qui sont un sujet important de recherche actuelle en analyse harmonique. On trouvera à la fin du corrigé des remarques culturelles concernant ce problème. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 2/24 Publié dans les Annales des Concours Indications Problème I I.2 Démontrer que f (x) > 1 + x. iθ I.5 Utiliser l’expression gx (θ) = exe obtenue à la question I.3 et le fait que cos θ π 3π ; . est strictement négatif lorsque θ se trouve dans l’intervalle 2 2 √ θ I.6 Justifier la validité du changement de variable u = 2 2x sin dans la première 2 intégrale et l’effectuer. Problème II II.2.b Raisonner par l’absurde : en notant i le plus petit indice pour lequel ri 6= qi , montrer à l’aide de la question II.2.a que |ri − qi | < 1. II.3.a Un exemple typique de compact du plan est un rectangle. Il suffit donc d’établir que Bδq est inclus, par exemple, dans un rectangle indépendant de q et δ. Pour cela, majorer simplement x par 1 et les qk par N − 1. II.3.b Remarquer que Bδq est un parallélogramme. Évaluer les pentes des côtés et des diagonales ; remarquer alors que Bδq contient tous les segments reliant les bords gauche et droit de D, de pentes intermédiaires entre celles-ci. II.4.b Montrer que NN QN , l’ensemble des éléments de QN multipliés par NN , est égal à {0, . . . , NN − 1}. Utiliser ceci pour montrer que si p est un réel de [0 ; 1], il existe un élément q0 de QN tel que NN q0 soit égal à [NN p], la partie entière de NN p. m−1 m II.8 Il existe m dans {1, . . . , N} tel que x0 se trouve dans l’intervalle ; . N N Si q1 , . . . , qNm−1 sont des représentants de chacune des classes d’équivalence de QN modulo Rm , vérifier à l’aide de la question II.7 que Ax0 ⊂ m−1 N[ i=1 C C lqi (x0 ) − m ; lqi (x0 ) + m N N Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 3/24 Publié dans les Annales des Concours Problème I n P x converge absolument sur l’intervalle ] − R ; R[, où R 2 n>0 (n!) est son rayon de convergence. D’après la règle de d’Alembert, comme la limite I.1 La série entière (n + 1)!2 = lim (n + 1)2 n→∞ n→∞ (n!)2 existe et vaut +∞, on sait que R = +∞. En notant f la somme de la série entière, on a montré que lim f est bien définie sur R. La somme d’une série entière est de classe C ∞ sur son intervalle ouvert de convergence. A fortiori, f est de classe C 1 sur R. I.2 Soit x un réel positif. On a : f (x) = Ainsi ∞ ∞ X X xn xn = 1 + x + >1+x 2 (n!) (n!)2 n=0 n=2 ∀x ∈ R+ Par suite, f (x) > 1 + x lim f (x) = +∞ x→+∞ I.3 Soient x et θ deux réels fixés. On sait que ∀x ∈ R ∀θ ∈ R ∀n ∈ N xn einθ = xeiθ n Dans la série définissant gx (θ), on reconnaît le développement en série entière de la fonction exponentielle, évalué en la valeur particulière xeiθ . On sait que la série entière définissant l’exponentielle a un rayon de convergence infini. Par suite, gx (θ) est bien définie pour tous réels x et θ et ∀x ∈ R ∀θ ∈ R iθ gx (θ) = exe On dispose là d’une expression particulièrement simple de la fonction gx et l’on serait tenté de dire que gx est dérivable en tant que composée de fonctions dérivables. Cette conclusion est prématurée à ce stade car il y a un piège : on ne sait dériver que des fonctions d’une variable réelle. Si θ n’est pas un multiple entier de π cela n’a donc aucun sens de dire que l’exponentielle est dérivable au point xeiθ pour conclure que gx est dérivable en θ. En effet, xeiθ a une partie imaginaire non nulle et on ne sait donc pas, dans le cadre du programme de classe préparatoires, ce que signifie dériver exp en ce point. On peut tout de même se ramener au théorème de composition des fonctions C 1 . C’est la solution proposée dans le corps du corrigé. Une autre preuve, utilisant le théorème de dérivation sous le signe somme, est proposée ensuite en remarque. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 4/24 Publié dans les Annales des Concours Fixons un réel x. On a : iθ gx (θ) = exe = ex(cos θ+i sin θ) = ex cos θ × eix sin θ = ex cos θ cos(x sin θ) + i sin(x sin θ) ∀θ ∈ R On peut maintenant appliquer les théorèmes généraux de dérivabilité. La fonction θ 7−→ x sin θ est de classe C 1 sur R, à valeurs réelles donc θ 7−→ cos(x sin θ) et θ 7−→ sin(x sin θ) sont de classe C 1 sur R. De même, θ 7−→ ex cos θ est de classe C 1 sur R. Par suite, gx est de classe C 1 sur R. Finalement, les fonctions sinus et cosinus sont 2π-périodiques donc gx est 2π-périodique. Voici comme promis une autre démonstration du fait que gx est de classe C 1 . À nouveau, x est un réel fixé ; on pose : ∀n ∈ N ∀θ ∈ R hn (θ) = xn inθ e n! Les fonctions (hn )n∈N sont toutes de classe C 1 sur R et l’on a déjà établi P plus haut que la série hn converge simplement vers gx . n>0 Pour appliquer le théorème de dérivation sous le signe somme, il suffit de P ′ vérifier que la série de fonctions hn converge uniformément sur R. On a : n>0 ∀n ∈ N∗ donc La série ∀θ ∈ R ∀n ∈ N∗ P hn ′ (θ) = ixn einθ (n − 1)! ∀θ ∈ R ′ hn (θ) = et h0 ′ (θ) = 0 |x|n (n − 1)! hn ′ converge donc normalement sur R. Le théorème de dérivation n>0 sous le signe somme permet alors de conclure que gx est de classe C 1 . I.4 Notons (cp )p∈Z la suite des coefficients de Fourier complexes de gx : Z Z +∞ 1 2π 1 2π X xn i(n−p)θ ∀p ∈ Z cp = gx (θ) e−ipθ dθ = e dθ 2π 0 2π 0 n=0 n! Fixons un entier relatif p. La série de fonctions en θ sur [0 ; 2π] puisque (1) P xn i(n−p)θ e converge normalement n>0 n! xn xn ei(n−p)θ = n! n! et le membre de droite est le terme général d’une série positive convergente. On peut donc, dans l’expression (1), intervertir la somme et l’intégrale : Z +∞ X xn 1 2π i(n−p)θ cp = e dθ n! 2π 0 n=0 ∀n ∈ N ∀θ ∈ [0 ; 2π] Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr .