TMA 794 COPIE:Page 1 - Lettre d`informations stratégiques et de
Transcription
TMA 794 COPIE:Page 1 - Lettre d`informations stratégiques et de
m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 24 octobre 2013 - n° 794 EMIRAJE SYSTEMS : CONTRAT ANNULÉ Prolifération djihadiste Abou Dhabi a notifié à la société Emiraje Systems sa décision dʼannuler le contrat du programme Emirates Command & Control Systems (ECCS). Ce programme visait à équiper lʼarmée émirienne dʼun système C4ISR (command, control, communication, computer, intelligence, surveillance et reconnaissance). La société Emiraje est un joint-venture entre Cassidian (groupe EADS) et C4AS (groupe Emirates Advanced Investments) créé en février 2009 pour mener à bien le très ambitieux projet de numérisation de lʼarmée émirienne. Elle a été choisie par Abou Dhabi en 2011 pour réaliser le contrat ECCS, avec une première étape chiffrée à 550 millions de dollars. Selon une source proche du dossier, cette décision, inattendue, outre quʼelle conduira au licenciement de près de 150 employés, ne sera pas sans conséquence pour lʼarmée et lʼindustrie de défense des Emirats. Lʼannulation de ce contrat aura également pour effet la suppression des volets transferts de technologie et de compétence qui y étaient associés, comme souvent exigé par les autorités du pays, pour créer un pôle dʼexcellence dans les domaines de lʼintégration de systèmes et du développement de solutions C4ISR. Ce projet devait ainsi contribuer au développement de la base industrielle émirienne et permettre à ce pays dʼaccéder à un rôle de leader dans ces domaines sur le plan régional. Contacté par TTU, un porte-parole de Cassidian a confirmé que des “settlement talks” sont en cours entre le client et la société Emiraje. La procédure dʼannulation du contrat devrait être terminée vers la fin de lʼannée. Plusieurs sociétés se sont déjà proposées pour concevoir et fournir un nouveau produit apte à satisfaire les besoins de lʼarmée émirienne. Sʼil est encore trop tôt pour tirer tous les enseignements de la décision émirienne, il convient néanmoins de se poser dès maintenant un certain nombre de questions sur lʼopportunité de créer un joint-venture entre des actionnaires ayant des objectifs différents, parfois même contradictoires, sur lʼefficacité dʼune société aux composantes multinationales et aux intérêts pas toujours pleinement identifiés, pour aboutir à un montage industriel aussi complexe. Il nʼen reste pas moins que ce projet représente pour lʼarmée émirienne un enjeu considérable et il aurait sans doute beaucoup gagné, dans un premier temps, à être abordé de manière moins ambitieuse, permettant de sʼadapter aux besoins actuels de lʼarmée émirienne, tout en lui permettant dʼévoluer, avec le recrutement et la formation progressives des différentes catégories de personnels impliquées. Depuis plusieurs semaines, les services de renseignement chinois sont en alerte : une centaine de membres du Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) seraient revenus au Xinjiang après avoir passé plusieurs mois en Syrie. Même si l'ambassade syrienne à Pékin n'a confirmé la présence que d'une trentaine de citoyens chinois dans les rangs du Front Al-Nosra, l'expérience acquise par les militants islamistes ouïgours dans les combats en Syrie suscite quelques inquiétudes dans les organes de sécurité chinois, pour lesquels ceux-ci représentent une nouvelle menace pour la stabilité — déjà précaire — du Xinjiang. En réalité, la présence dʼislamistes chinois en Syrie est attestée depuis octobre 2012, ces derniers bénéficiant d'une structure d'accueil et de soutien en Turquie, qui est chargée de leur acheminement jusquʼen Syrie. Par le passé, des activistes du MITO avaient déjà pris part au djihad, notamment en Afghanistan, où une vingtaine d'entre eux ont été capturés par les Américains et successivement transférés à Guantanamo (lʼ“émir”, Memetiming Memetialias, alias Abdul Haq alTurkistani, a été tué le 14 février 2010 lors de l'attaque d'un drone américain contre le village de Zor Babar Aidak, près de Mir Ali, au Nord-Waziristan), ainsi qu'aux Philippines, aux côtés du Front Moro islamique de libération et du Harakat al-Islamiyya, plus connu sous le nom de groupe Abu Sayyef. Par ailleurs, après les services de renseignement français, belges et italiens, c'est au tour de ceux du Royaume-Uni, en l'occurrence le MI5, de confirmer que des citoyens britanniques faisaient le coup de feu en Syrie. A lʼoccasion de sa seule intervention publique depuis sa nomination, le directeur général de lʼagence britannique de contreespionnage, Andrew Parker, a admis la présence de ces djihadistes aux côtés des rebelles. (suite page 3) Syrie : la garde prétorienne du pouvoir Le pouvoir de Damas a subi un coup dur, la semaine dernière, avec lʼassassinat, à Deir ez Zor, du général Jameh Jameh, homme clé des services de sécurité et ancien numéro deux des services de renseignements syriens au Liban. Il faisait partie des officiers sur lesquels sʼest appuyé le régime pour redresser la situation militaire depuis le printemps dernier, avec notamment la reprise de Koussair. Outre les renforts de lʼaxe chiite (Pasdarans iraniens, Hezbollah, milice dʼAbou Al Fadl Al Abbas dʼIrak, et houthis du Yémen), ce redressement sʼest effectué grâce à un effort militaire interne, avec la transformation de certaines unités de lʼarmée en groupes combattants adaptés à la lutte contre les rebelles. Cette transformation est lʼœuvre dʼun groupe dʼofficiers à Damas, appartenant au premier cercle des proches de la famille Assad et notamment de son frère, Maher, commandant de la quatrième brigade. (suite page 2) PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 794 - 24 OCTOBRE 2013 ➤ Syrie : la garde prétorienne (suite de la page 1) Autour de lui gravitent le colonel Hafez Makhlouf, cousin du président et chef du renseignement de la branche de Damas de la Direction générale de la Sécurité. De même que les généraux Jamil Hassan, chef du service de renseignement de lʼarmée de lʼair, et le colonel Souheil Hassan, commandant de la base aérienne de Hama. Lʼinstitution militaire est aujourdʼhui verrouillée, grâce notamment au colonel Rafic Chéhadé, patron des services de renseignement de lʼarmée de terre, et au colonel Aalaʼ Ismail, lʼun des adjoints dʼAli Mamlouk, patron de la Sûreté générale. Parmi les commandants opérationnels, signalons le général Louʼaï Al Mouaalla, chef de la troisième division et responsable de la région côtière, et le général Issam Zahreddine (druze), chef du bataillon 105 de la garde présidentielle, qui a dirigé les combats de Baba Amr à Homs, en février 2012. Ce dernier a été transféré récemment dans lʼest, pour remplacer le général Jameh Jameh. ➤ Revirement norvégien ? Vendre des armes à Israël ne devrait plus être interdit, estime un responsable d'un des deux partis composant le nouveau gouvernement norvégien. Porte-parole des questions industrielles au Parti du progrès, Jørund Rytman, a précisé qu'il plaiderait en ce sens dans les mois à venir. Les autorités norvégiennes interdisent la vente d'équipements militaires aux Etats en guerre ou en position de le devenir. Ce sera l'un des dossiers dont aura à traiter la nouvelle ministre de la Défense, Ine Eriksen Søreide, en fonction depuis le 16 octobre. Cette conservatrice de 37 ans était auparavant la présidente de la Commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense. LA FRANCE ISOLÉE SUR LE DOSSIER SYRIEN Malgré la multiplication des contacts diplomatiques, la conférence internationale sur la Syrie, prévue à Genève fin novembre, sʼapparente de plus en plus à un serpent de mer. Les clivages qui existaient déjà en juin 2012 lors de la première conférence de Genève, cristallisés autour de lʼavenir de Bachar el-Assad, continuent de gripper le processus diplomatique visant à concilier les positions dans les rangs dʼune opposition divisée et affaiblie. Une situation qui fait le jeu du régime, déjà renforcé par lʼinitiative russe sur le dossier des armes chimiques pour contrer la menace de frappes aériennes (TTU n° 793). Pour mieux réduire ces efforts diplomatiques, Bachar el-Assad a balayé, au cours dʼune interview avec la chaîne libanaise pro-syrienne Al-Mayadeen, toute chance de succès dʼune conférence à laquelle une opposition, sans représentativité intérieure, prendrait part, et enfoncé le clou en annonçant son intention de se présenter à lʼélection présidentielle de 2014. Face à cet échec annoncé, Paris semble démuni et sʼarc-boute sur ses positions, en refusant tout accord politique permettant de maintenir Assad au pouvoir. La volte-face du président Obama sur lʼoption des frappes a été vécue comme une trahison par lʼElysée, qui a affaibli la stratégie française, admettent des sources diplomatiques. Face à la détermination de lʼadministration américaine «à faire les concessions nécessaires pour clore ce dossier», quitte à concevoir un «habillage acceptable pour justifier le maintien de Bachar el-Assad», la France veut continuer à afficher son intransigeance. Privée du levier dʼun recours à la force, elle table pour Genève 2 sur un accord qui installerait une autorité intérimaire comprenant, le temps dʼune transition, des éléments du toutes les parties, en excluant Bachar elAssad. Afin de mieux isoler Paris, le régime syrien a mobilisé ses relais en Europe pour faire passer lʼidée que le président était ouvert à la reprise dʼun dialogue avec la France afin de donner une chance à la paix, que Paris continue de refuser… PÉNURIE DʼARMES POUR LE HAMAS La destruction par l'armée égyptienne d'environ un millier de tunnels de contrebande reliant l'Egypte au sud de Gaza a sérieusement perturbé les approvisionnements en armes du Hamas. Comme alternative, le Hamas tente de plus en plus de recourir à la voie maritime en utilisant les 40 km de côtes de ce territoire. Selon les services de renseignement militaire israéliens (Aman), des navires reliant l'Egypte au Liban larguent des containers et des barils remplis d'armes au large, en prenant soin dʼévaluer les courants et la force des vents. Il est très difficile pour la marine israélienne de repérer ces “colis” qui dérivent en direction de la côte. Dans un premier temps, les militaires israéliens ont arrêté en mer des pêcheurs palestiniens soupçonnés de complicité. Mais, après interrogatoires, ils ont été relâchés car ils n'étaient pas impliqués dans ce trafic. Ce blocus tombe d'autant plus mal pour le Hamas que son bras militaire, les brigades Ezzedine al-Qassam, est décidée à tirer d'entrée de jeu des roquettes à longue portée vers Tel-Aviv et Jérusalem en cas de reprise des affrontements. Ce type d'attaques avaient eu lieu à la fin de la dernière confrontation avec l'armée israélienne en novembre 2012. Selon les responsables d'Aman, le Hamas tente notamment de se procurer des roquettes chinoises de type C-704 spécialisées dans les attaques contre les bateaux et disposant d'une portée de 35 km ainsi que d'un système de guidage par radar. Ce genre d'équipement pourrait permettre des attaques contre les bâtiments de la marine israélienne, mais aussi contre les plates-formes gazières offshore israéliennes en Méditerranée. D'ores et déjà, celles-ci pourraient être attaquées par les milliers de roquettes Grad dont dispose le Hamas, reconnaissent les militaires israéliens. Durant le dernier round de confrontation, le Hamas a utilisé non seulement des Grad, une version améliorée des Katioucha avec une portée de 40 km, mais aussi des roquettes de type Fajr d'origine iranienne (75 km de portée), des obus de mortiers produits localement, des roquettes antichars, des grenades de plusieurs sortes. Mais le blocus actuel a provoqué une véritable «crise des armements», qui s'est traduite par une envolée des prix. Un M-16 est facturé actuellement 5 000 dollars contre 3 000 auparavant. Le cours de la Kalachnikov est passé de 1 500 à 2 500 dollars, tandis que le prix des munitions a grimpé de 200 %. Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 794 - 24 OCTOBRE 2013 RIEN NE VA PLUS ENTRE LE CAIRE ET TRIPOLI La décision des autorités égyptiennes, le 20 octobre, de fermer le postefrontière de Salloum, au nord-ouest du pays, traduit la détérioration continue des relations avec la Libye depuis la chute du président Mohammed Morsi. Les services de sécurité égyptiens se plaignent du développement du trafic d'armes provenant du territoire libyen et organisé par des milices islamistes soumises, en principe, à l'autorité du gouvernement de Tripoli. Le Caire accuse le Parti de la justice et de la construction, vitrine politique des Frères musulmans libyens, de soumettre les travailleurs égyptiens en Libye à des exactions et à les pousser à regagner leur pays, en tentant ainsi de déstabiliser le nouveau pouvoir au Caire. Le 15 octobre dernier, Tripoli a décidé d'expulser, dans un délai d'une semaine, 2 000 ressortissants égyptiens qui seraient entrés en Libye avec de faux visas. Cela à la demande dʼune milice islamiste, la brigade 71 des gardes-frontières libyens. La tension est encore montée d'un cran après lʼenlèvement, par une milice appartenant à une tribu de la région d'Ajdabiya, de 70 chauffeurs égyptiens de poids lourds, la semaine dernière, afin de forcer Le Caire à libérer treize éléments de cette tribu arrêtés par la police égyptienne, qui les soupçonnait de se livrer à un trafic d'armes. Après la fermeture du poste-frontière de Salloum par les autorités égyptiennes, celles-ci ont délégué des chefs de tribus de Mersa Matroh pour négocier la libération des chauffeurs (qui ont été relâchés dimanche dernier). Le Caire estime que les autorités libyennes sont impuissantes à imposer leur volonté aux milices. Au grand dam du gouvernement de Tripoli, qui cherche à trouver la parade. LE CANAL DE SUEZ SOUS HAUTE SURVEILLANCE Aucun autre attentat nʼest venu perturber la navigation dans le canal de Suez depuis lʼattaque au lance-grenades subie le 31 août dernier par un porte-container (voir TTU n° 787) appartenant à la compagnie nationale chinoise Cosco Asia. Afin de couper court à toute exploitation politique, les autorités égyptiennes avaient alors fait preuve dʼune transparence et dʼune célérité inhabituelles en annonçant immédiatement lʼévénement. Soulignant aussi le renforcement sans délai des mesures de sécurité déjà prises par lʼarmée autour de la voie dʼeau. Au nom dʼun intérêt bien compris, puisque les droits de transit rapportent chaque année près de 5 milliards de dollars au Trésor égyptien. Les circonstances de lʼattentat demeurent obscures, bien quʼil ait été revendiqué, quelques jours plus tard, par un groupe islamiste jusquʼalors inconnu, Al-Furqân. Tandis que des éléments salafistes continuent de fomenter des troubles dans le Sinaï — un espace qui échappe dʼailleurs largement au contrôle du Caire —, les milieux maritimes gardent le Canal sous haute surveillance. Chaque jour, en effet, y transitent près de cinquante navires. La Chine, qui à elle seule alimente 60 % de ce trafic, se serait montrée particulièrement ferme au cours des discussions avec les dirigeants de la Suez Canal Authority qui ont suivi lʼincident du 31 août. Le Lloydʼs sʼest abstenu, jusqu'à présent, dʼinscrire la voie dʼeau sur la liste des zones de navigation à haut risque, ce qui aurait pour conséquence immédiate lʼaugmentation des primes dʼassurance. De leur côté, les armateurs se déclarent prêts à réactiver la route du cap de Bonne-Espérance en cas dʼaggravation de la menace. FORMATION MILITAIRE POLONAISE AU MALI Dans le cadre de la mission européenne de formation, les militaires polonais (logisticiens et sapeurs) ont déjà formé 160 soldats maliens, au Centre international de formation de Koulikoro. Lʼenseignement général porte sur la tactique, le tir, le stockage des armes, le commandement des patrouilles, lʼapplication de la documentation militaire, la protection du centre de formation, et pour les logisticiens sur la planification et la gestion de la nourriture, et les opérations de maintenance des véhicules. Pour les futurs sapeurs maliens, il sʼagit essentiellement dʼexercices de recherche et de neutralisation de mines et IED. Chaque stage dure deux mois et demi. ➤ Prolifération djihadiste (suite de la page 1) Le directeur général du MI5 observe qu'une radicalisation des islamistes britanniques est en cours. Une source proche des services de renseignement britanniques a déclaré à TTU que plus d'une centaine de djihadistes ayant combattu en Syrie ont déjà été identifiés, lors de leur séjour ou après leur retour au Royaume-Uni, notamment à Londres, Birmingham, Bradford et Manchester. Au moins autant seraient actuellement présents en Syrie. Parmi eux, seul un très petit nombre serait des citoyens britanniques convertis à l'islam. ➤ Economie exsangue La production pétrolière en Libye a reculé à 600 000 barils/jours en moyenne depuis le début de l'année, contre 1 520 000 b/j en 2012, compte tenu de la fermeture de nombreux puits de pétrole et d'unités de raffinage ainsi que de la perturbation des ports, contrôlés par des diverses milices (voir TTU n° 790). Les exportations libyennes sont constituées à 90 % par les ventes d'hydrocarbures. Dʼoù une baisse de 5 % du PIB libyen en 2013, alors que le déficit budgétaire représente 6 % de ce PIB, ce qui obligerait la banque centrale à vendre une partie de ses réserves de change. Pour sa part, le FMI a mis en garde contre la hausse de lʼinflation, qui sʼélève à 3,7 % au second trimestre de 2013. ➤ Concession tactique Dans un récent entretien à un quotidien local, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, sʼest déclaré pour lʼofficialisation de la langue berbère dans le projet de réforme constitutionnelle en cours dʼélaboration en Algérie. Un geste qui permettrait de neutraliser en partie, au moins pour un temps, lʼopposition kabyle, dont cʼest lʼune des principales revendications — avec les Touaregs. Cette officialisation ne serait, cependant, quʼun leurre, estime le secrétaire du Haut-Commissariat à lʼamazighité, Youcef Merahi. Le président Bouteflika, qui sʼétait déclaré hostile à une reconnaissance du berbère à égalité avec lʼarabe en 1999 puis en 2005, camperait en effet sur ses positions. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 794 - 24 OCTOBRE 2013 ➤ Commande kurde MD Helicopters a confirmé que le gouvernement régional du Kurdistan irakien avait passé une commande pour l'acquisition de douze hélicoptères MD 530F. Les appareils, dont la livraison devrait débuter dans les prochaines semaines, seront dotés d'un cockpit équipé de systèmes de vision nocturne et dʼun projecteur haute puissance. Deux MD902 “Explorer” ont également été commandés au groupe américain. En 2012, le gouvernement régional du Kurdistan avait déjà reçu cinq hélicoptères Ecureuil, destinés officiellement à des missions de police routière. Des appareils basés à Erbil, Sulaimaniya, et Dohuk. ➤ Les Turcs négocient Le sous-secrétariat à lʼIndustrie de défense turc (SSM) et Turkish Aerospace Industry (TAI) ont annoncé, à la mi-octobre, lʼouverture de négociations pour le développement dʼun hélicoptère de cinq tonnes destiné à remplacer lʼUH-1H à partir de 2022. TAI serait en négociations avec AgustaWestland et Sikorsky pour ce projet dʼappareil capable dʼemporter neuf passagers. Cette annonce intervient alors que la Turquie pourrait signer avec Sikorsky un accord dans le domaine de la production d'hélicoptères militaires. Un accord qui porterait sur la production conjointe de 109 machines, dans le cadre dʼun contrat de 3,5 milliards de dollars. ➤ Hélicoptères multirôles Un an après leur premier déploiement opérationnel en Afghanistan, les deux NH90 de l'AVES (Aviazione Esercito), l'ALAT italienne, détachés auprès du Regional Command-West (RC-W) de Herat, viennent de dépasser les 1 000 heures de vol. Ces hélicoptères opèrent au sein de la Task Force "Fenice" qui, avec ses A-129 Mangusta et ses CH-47 Chinook, représente un dispositif flexible, en mesure d'assurer plusieurs types de missions. ISRAËL ET LES DRONES SOUS-MARINS Le ministère israélien de la Défense a demandé aux industries de l'armement de mettre au point des drones sous-marins. Un marché très prometteur qui pourrait atteindre les deux milliards de dollars par an d'ici à 2020. «Nous disposons des infrastructures académiques et du savoir-faire nécessaires, nos industriels ont massivement investi dans la Recherche & Développement, il n'y a donc aucune raison pour que nous n'enregistrions pas le même succès que pour les drones aériens», affirme un responsable de Malat. Qui ne cache toutefois pas les difficultés de l'entreprise. Les drones “normaux” sont actionnés par des équipes et des systèmes de commandement via des communications satellites qui ne passent pas sous l'eau, où les communications sont acoustiques. Ces sous-marins devront disposer d'un haut niveau d'automatisme et de systèmes de navigation indépendante. De tels sous-marins existent déjà, mais ils sont reliés à un navire par un câble. Il s'agit de bâtiments à court rayon d'action. Sur les futurs champs de bataille, ces drones pourraient remplacer les sous-marins traditionnels pour des opérations spéciales et disséminer, par exemple, du matériel de renseignement le long de côtes de pays hostiles. Dans les cas où des mines empêcheraient le trafic maritime, ces drones constitueraient un investissement payant. «Pour faire face à un danger de blocus maritime provoqué par des mines, les solutions actuelles sont lentes et très onéreuses. Des drones spécialisés dans les opérations de déminage sans risquer des vies humaines seraient à coup sûr profitables», ajoute le responsable. Parmi les instituts qui seront mis à contribution pour la conception de tels sous-marins figurent l'Institut du Technion de Haïfa, lʼuniversité Bar-Ilan près de Tel-Aviv et l'Université Ben Gourion de Beersheva, dans le sud du pays. LOCKHEED MARTIN CONFIRME UNE VENTE À RIYAD Lockheed Martin a confirmé la vente des deux premiers avions ravitailleurs KC- 130J à lʼArabie Saoudite. Un contrat qui pourrait ouvrir la voie à lʼacquisition de 25 C-130J par Riyad. Par ailleurs, lʼUS Air Force pourrait attribuer à Lockheed Martin un second contrat dʼachat pluriannuel portant sur la livraison de 79 C-130J dʼici à 2020. Selon le Pentagone, l'acquisition couvrirait principalement la construction de versions dédiées aux opérations spéciales, avec 43 appareils en version AC / HC / et MC- 130J. Les appareils restants seraient 29 C- 130J pour l'USAF et sept avions ravitailleurs KC- 130J pour l'US Marine Corps et cinq HC -130J pour les garde-côtes. LES DANOIS ÉVALUENT LA MITRAILLEUSE HK121 Lʼarmée danoise évalue actuellement les potentiels remplaçants à la mitrailleuse légère M60. Elle teste en particulier la mitrailleuse polyvalente HK121 en calibre 7,62 x 51 mm fabriquée par Heckler & Koch, qui entre en service en Allemagne. Rebaptisées MG5 par la Bundeswehr, 65 mitrailleuses moyennes HK121 ont été acquises (et testées) depuis le début de lʼannée, pour un montant de 2,76 millions d'euros. Berlin prévoit lʼacquisition dʼune première tranche de 7 114 HK121/MG5, pour 118,4 millions, dans le cadre dʼun programme dʼachat de 12 733 HK121, afin de remplacer ses vénérables MG3. Cette acquisition doit permettre à la section dʼinfanterie allemande de disposer comme armes dʼappui de MG5 en 7,62 mm et de deux types de mitrailleuses légères, dont la MG4 en calibre 5,56 x 45 mm adoptée par la Bundeswehr en 2005. Si la MG5 offre un encombrement et un poids très inférieur à la MG3 (9,9 kg contre près de 13 kg pour la MG3), certains experts critiquent néanmoins la réduction de la puissance de feu de la MG5. Cette dernière nʼoffre en effet quʼune cadence de tir maximale de 800 coups/minute, contre 1 200 coups pour la MG3. Industrie matériels PAGE 5 TTU MONDE ARABE - N° 794 - 24 OCTOBRE 2013 C-27J SPARTAN : DE LʼUSINE AU HANGAR Quatre avions de transport tactique C- 27J Spartan livrés cette année par Alenia Aermacchi à lʼUS Air Force ont été directement placés en stockage sur la base de Davis-Monthan, dans le désert de l'Arizona. Au total, une douzaine de C-27J sont déjà stockés à Davis-Monthan, l'US Air Force estimant nʼavoir aucun besoin de ces appareils. Cinq autres C-27, qui doivent être livrés d'ici au mois dʼavril prochain, seront eux aussi directement placés sous cocon et maintenus en condition opérationnelle en Arizona. Une situation qui nʼest pas sans susciter de sérieuses critiques aux Etats-Unis sur la gestion de ce programme. LʼUS Air Force a dépensé quelque 567 millions de dollars depuis 2007 pour acheter 21 C-27J, avant dʼestimer finalement que les coûts dʼopération de lʼappareil étaient trop élevés et que ses C-130 pouvaient effectuer lʼensemble des missions. Le Commandement des opérations spéciales (SOCOM), lʼUS Coast Guard et le Service des forêts ont exprimé leur intérêt pour ces appareils auprès du sous-secrétaire à la Défense pour l'acquisition, la technologie et la logistique. LʼUS Coast Guard a proposé lʼachat des 21 C- 27J afin de remplacer une partie de ses appareils de patrouille maritime CN-235 et C-130J. En mars dernier, Le SOCOM a indiqué que huit C-27J pourraient venir remplacer ses CASA 212, tandis que lʼUS Forest Service souhaiterait acquérir sept C-27J comme avion de lutte anti-incendie. PUMA : MOINS IL Y EN A, PLUS CʼEST CHER Le nouveau véhicule blindé de combat dʼinfanterie allemand Puma, produit par KMW, a toujours des problèmes. Il doit remplacer les Marder des années 70 et devait protéger les soldats allemands de lʼISAF. Mais les problèmes signalés les années précédentes (motorisation insuffisante, électronique, vision de nuit) nʼont été que partiellement réglés et le pur-sang est toujours consigné à lʼécurie. Ces problèmes répétés vont avoir une incidence de taille sur le coût du programme. En juin 2012, le ministère de la Défense avait réduit sa commande de 405 à 350 Puma. Le prix à lʼunité était alors dʼenviron 7,5 millions dʼeuros pour un volume total inférieur à 4 milliards dʼeuros (coûts de développement compris). Aujourdʼhui, le ministère évoque un contrat de 4,3 milliards dʼeuros avec un prix unitaire tournant autour des 10 millions et toujours 350 véhicules. Dʼici à ce que les problèmes soient réglés, que dʼéventuelles modifications aient eu lieu, et que la production en série soit lancée, le coût du programme Puma risque donc encore dʼaugmenter. LUANDA : CONTRATS DʼARMEMENTS AVEC MOSCOU A l'occasion de la visite à Luanda, la semaine dernière, du vice-Premier ministre russe Dimitri Rogozine, l'Angola et la Russie auraient signé une série de contrats d'armement pour une valeur avoisinant le milliard de dollars. La plus grande partie de la somme porterait sur l'acquisition de dixhuit chasseurs Sukhoi Su-30K (“Flanker” dans le code Otan) d'occasion et sur une dizaine d'hélicoptères Mil Mi-17. Ces mêmes avions de combat, qui avaient été retournés par l'Inde et qui, depuis 2007, stationnaient en Biélorussie pour maintenance, avaient été proposés précédemment au Soudan et au Vietnam, puis, en juin dernier, à l'Ethiopie. Par ailleurs, Luanda avait décidé d'acquérir en 2012 six avions d'entraînement brésiliens Embraer Super Tucano, dont le premier a été livré en juillet dernier (les hélicoptères Ecureuil d'Eurocopter sont en service au sein de la police angolaise). Certains experts s'étonnent, cependant, que l'armée de l'air angolaise ait refusé jusqu'à présent les offres chinoises, malgré un fort lobbying de Pékin pour pénétrer le marché militaire de lʼAngola. ➤ Crash aérien en Egypte L'armée de l'air égyptienne a perdu un MiG-21 acquis à l'époque de l'Union soviétique. Il s'agit du modèle biplace d'entraînement MiG-21UM, seul représentant de ce modèle au sein des forces égyptiennes. Lʼavion a décollé de la base aérienne près de Louxor, mais un problème technique sʼest rapidement déclaré. Les deux pilotes ont pu s'éjecter et l'aéronef s'est écrasé sur un village voisin, faisant au moins une victime parmi les habitants. Une enquête est en cours. ➤ Pourparlers russo-brésiliens L'avionneur russe Sukhoi aurait commencé des négociations avec le Brésil pour procéder conjointement au développement et à la construction du PAK FA (Perspektivnyi Aviatsionnyi Kompleks Frontovoi Aviatsyi), avion de combat multirôle de cinquième génération, plus connu sous le nom de T-50. Cette possibilité a été évoquée la semaine dernière, lors de la visite d'une délégation russe au Brésil chargée de présenter le Su-35 dans le cadre de l'appel d'offres brésilien F-X2, pour lequel sont déjà en lice le F/A-18E/F Super Hornet de Boeing, le Gripen de Saab et le Rafale de Dassault Aviation. ➤ Des blindés pour Bangkok Lʼukrainien Ukrospetseksport a transféré, à la mi-octobre, en Thaïlande un premier lot de cinq chars de combat T-84 “Oplot”, dans le cadre du contrat de 230 millions de dollars prévoyant la livraison de 49 véhicules. Bangkok pourrait étendre ce contrat avec lʼacquisition dʼune centaine de blindés supplémentaires. Ce blindé de 51 tonnes, qui est une version améliorée du T-80, dispose dʼune optronique comprenant notamment une caméra Catherine (de Thales), un système de double blindage réactif ou un brouilleur infrarouge. Par ailleurs, Kiev pourrait acquérir, dʼici à 2015, au moins une cinquantaine dʼOplot afin dʼéquiper deux des trois bataillons de la 17e brigade blindée de Dniepropetrovsk. PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 794 - 24 OCTOBRE 2013 ➤ Effondrement syrien Selon le ministre syrien du Pétrole, Sleimane Abbas, la production du pays est tombée en septembre à moins de 20 000 barils par jour, contre une moyenne de 380 000 avant le début des troubles, en mars 2011. La production de gaz serait affectée dans une moindre mesure, restant proche de 16 millions de m3/jour, soit 45 % de la capacité installée. En cause, selon le ministre, les dommages infligés par les rebelles aux équipements dans les régions de Deir ezZor et de Raqqa. Par ailleurs, après lʼexode des compagnies occidentales à la suite des sanctions, la Syrie chercherait à attirer des sociétés russes et chinoises dans lʼamont pétrolier. Les pertes cumulées subies par lʼéconomie syrienne atteindraient actuellement 25 milliards de dollars, indique la Commission économique et sociale des Nations unies pour lʼAsie de lʼouest. Lʼinflation, qui était de 50 % début 2013, selon les chiffres officiels, aurait atteint 70 % en mai, des chiffres considérés généralement comme très inférieurs à la réalité. ➤ Visite en Biélorussie Une délégation militaire du Qatar s'est rendue en Biélorussie du 16 au 19 octobre. Dirigée par le général Dakhlan Al-Hamad, président de l'association sportive de l'armée qatarie, la délégation s'est intéressée à l'organisation de l'éducation et de l'entraînement sportif. Elle a rencontré les équipes sportives militaires biélorusses, et visité l'université du sport et le lycée militaire. ➤ Lʼ“Azov” en Méditerranée Le navire russe de débarquement BDK “Azov” a fait une escale au port espagnol de Ceuta. Appartenant à la Flotte de la mer Noire, lʼ“Azov” a participé à l'exercice Zapad-2013 en mer Baltique, notamment pour le débarquement des unités biélorusses. A l'issu de cet exercice, il a contourné l'Europe et traversé Gibraltar. Après une pause en Espagne pour le ravitaille- Lʼavenir de la production pétrolière émirienne Les propos tenus, au début de ce mois, par le directeur général dʼADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), Abdallah Nasser AlSuwaidi, et le patron dʼADCO (Abu Dhabi Company for Onshore Oil Operation), Abdel Moneim Al-Kindi, semblent indiquer quʼil nʼy a aucune urgence à décider de lʼavenir du consortium pour la production pétrolière émirienne, dont la validité expire le 11 janvier prochain. Réalité ou habileté de négociation, la compagnie nationale se dit prête à assurer seule, après cette date, lʼexploitation des champs et la commercialisation de la totalité de la production, soit environ 1,3 million de barils/jour. Les compagnies présélectionnées pour lʼappel dʼoffres — cʼest à dire les partenaires actuels, Shell, BP, Total et ExxonMobil, et les nouveaux venus, Statoil (Norvège), Eni (Italie), China National Petroleum Corporation, Korea National Oil Corporation, Inpex (Japon) et Occidental (USA) — avaient jusquʼau 22 octobre pour déposer leurs propositions. La décision finale appartiendra au Supreme Petroleum Council (SPC), qui nʼest pas tenu de suivre la recommandation faite par ADNOC à lʼissue des négociations. Le SPC est présidé par cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyan, lʼémir dʼAbou Dhabi, absent de la scène politique depuis plusieurs mois. Il voit son fonctionnement handicapé aussi par la vacance de son secrétariat général. Un poste clef qui nʼest toujours pas pourvu, alors que le décès de son dernier titulaire, Jawan Salem Al-Dhaheri, un proche de la famille régnante, date de mai dernier. ment et le repos de l'équipage, il rejoindra le groupe naval russe en mission en Méditerranée. ➤ Démineurs antipirates LʼOtan et la Marine russe ont mené, en début de semaine, au large de la Finlande, un exercice de lutte antiterroriste et de sauvetage. Huit bâtiments de guerre des mines y participaient (dont cinq pour lʼOtan). Le navire polonais “ORP Xawery Czernicki” dirigeait les opérations. Cet exercice sʼinscrit dans le cadre de lʼopération “Ocean Shield” de lutte contre la piraterie menée au large de la Corne de lʼAfrique. Cʼest également une étape de la mission du groupe déminage de lʼOtan, ouverte en janvier 2013. ➤ Un rapport de C4ADS LʼONG C4ADS a réalisé une étude sur les armateurs russes et ukrainiens opérant à partir dʼOdessa et du port dʼOktyabrsk, qui constitue lʼun des principaux points dʼexportation de matériel militaire russe. Lʼétude décortique les relations entre les agences d'exportation telles que Rosoboronexport et Ukrspetsexport, les entreprises de logistique, Kaalbye Group, Phoenix Trans-Servis, et les gouvernements russes et ukrainiens. Bien que situé en Ukraine, le port dʼOktyabrsk semble contrôlé par la Russie : son propriétaire est un oligarque russe lié au Kremlin et son gestionnaire un ancien capitaine de la marine russe. La plupart des activités décrites dans ce rapport apparaissent légales, mais celui-ci apporte un éclairage inédit sur les acteurs des exportations dʼarmements russes. Il fournit, en outre, de nombreux détails sur les exportations effectuées ces dernières années tant par Moscou que par Kiev et identifie une vingtaine de rotations suspectes à destination de la Syrie en 2012 et en 2013. TTU Monde Arabe - Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques - Editée par la Sarl Certes au capital de 40 155 € Siège social - 25, rue du Louvre - 75001 Paris - Tél : 01 40 26 03 03 - Fax : 01 40 26 18 59 - Email : [email protected] - www.ttu.fr Directeur de publication : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed Yagoub Numéro de commission paritaire 1115 I 87459 - ISSN 1270 - 3478 - Imprimerie : Certes - © Certes 2013 - Reproduction interdite Prix au numéro : 40 €- Abonnement annuel 44 numéros France : 1 090 € - Etranger 1 320 € Toute reproduction totale ou partielle de TTU et sa mise à disposition gratuite ou payante sur Intranet ou sur Internet sans notre autorisation écrite constituent une infraction à la loi nº 2004-204 du 9 mars 2004 sur les droits dʼauteur qui punit de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende les contrevenants.