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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 17 juillet 2014 - n° 829 ÉGYPTE : DES MESURES DOULOUREUSES Un pouvoir conforté Plus de 70 %, telle est lʼaugmentation du prix des carburants décidée la semaine dernière par le gouvernement égyptien. Les tarifs appliqués aux consommateurs industriels de gaz ont été aussi substantiellement relevés. Ces mesures urgentes ont été prises dans la foulée de lʼélection du président Al-Sissi, afin de capitaliser sur une popularité qui pourrait rapidement décliner. Il ne sʼagit là que dʼune première étape dans la réduction des subventions à la consommation dʼénergie. Outre lʼéconomie budgétaire attendue – le total des subventions ne devrait représenter que 15 % des dépenses de lʼEtat à la fin de lʼexercice 2014-2015, au lieu de 25 % précédemment —, Le Caire entend amener progressivement les prix intérieurs à des niveaux permettant de garantir aux compagnies pétrolières internationales une rémunération attractive et donc de relancer ainsi un secteur des hydrocarbures actuellement sinistré (voir TTU n° 824). Une situation qui réclame des correctifs urgents. Alors que la pénurie de gaz a contraint le gouvernement à mettre fin à toute exportation, afin de répondre au moins partiellement à la demande nationale, sa dette à lʼégard des sociétés productrices étrangères, notamment British Gas (BG) et Union Fenosa Gas (UFG), atteint désormais près de six milliards de dollars. Lassées dʼattendre un règlement sans cesse retardé, certaines compagnies pourraient envisager de recourir à lʼarbitrage international. Une menace surtout destinée à accroître la pression sur le gouvernement égyptien, mais qui contribue à dégrader encore davantage lʼimage du pays auprès des investisseurs internationaux. Accueillie positivement par lʼindustrie pétrolière, la réduction des subventions doit néanmoins être maniée avec précaution en raison de ses effets inflationnistes. Et de son impact sur la compétitivité dʼindustries grandes consommatrices dʼénergie, telles les cimenteries et les aciéries, jusquʼalors bénéficiaires de tarifs très préférentiels. Dans ce contexte risqué, le nouveau report annoncé par Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS) de la finalisation du contrat avec la société norvégienne Hoegh LNG, pour la mise à disposition dʼun terminal de stockage et de regazéification de GNL dans le golfe de Suez, survient à un moment particulièrement inopportun (voir TTU n° 821). Cette installation devait être opérationnelle en septembre prochain. (suite page 3) Le président syrien Bachar elAssad vient de prêter serment pour son nouveau mandat à la tête de lʼEtat, devant les députés réunis en session extraordinaire et en présence de plus d'un millier d'invités. Pour tenter dʼaffirmer sa légitimité, après une élection organisée dans un contexte de guerre civile, il pourrait annoncer prochainement des mesures de “réconciliation nationale” et promettre des opérations de reconstruction dans certaines régions. Afin de mettre en échec la rébellion et assurer sa survie, le régime syrien compte toujours sur lʼappui de la Russie et lʼengagement militaire de lʼIran, notamment par le biais du Hezbollah. Lʼémiettement des forces de lʼopposition, sur le plan intérieur, et la montée en puissance des groupes djihadistes, dans un contexte international marqué par lʼimpuissance des “amis du peuple syrien” et les tergiversations de Washington, ont permis au régime de se maintenir et même de se renforcer depuis 2013. Aujourdʼhui, le pays est partagé de facto entre une zone qui sʼétend de Damas à Lattaquié, en passant par Homs, toujours sous le contrôle du régime, de vastes territoires à lʼest dominés principalement par lʼEtat islamique en Irak et au Levant (EIIL), une zone kurde dans le nord et le nord-est, enfin des territoires émiettés dans le nord, le centre et le sud contrôlés par lʼArmée syrienne libre. Profitant de la montée en puissance de lʼEIIL, qui concentre lʼattention des grandes puissances, la stratégie militaire du régime pour les prochains mois devrait être axée sur la reconquête de territoires autour des deux principales villes du pays, Damas et Alep. Sur le plan politique, le président Assad pourrait faire appel à certains opposants qui accepteraient dʼentrer dans un nouveau “gouvernement dʼunion nationale”. ■ En raison des vacances dʼété, le prochain numéro de TTU Monde Arabe sera daté du 4 septembre 2014. La modernisation des MiG-29 syriens Une partie des travaux de modernisation des quatre premiers avions MiG-29 syriens au standard MiG-29SM (“Fulcrum” C) semble avoir été réalisée sur place par des techniciens russes de RAC/MiG sur la base aérienne de Mezzeh, près de Damas. Ces quatre premiers appareils seraient désormais en mesure d'utiliser, pour les missions d'attaque contre des objectifs terrestres, des missiles air-sol Kh-29T/TE et Kh-31A/P (respecti- vement AS-14 Kedge et AS-17 Krypton en code Otan), ainsi que des bombes guidées KAB-500KR et KAB-500-OD (avec pod externe de désignation laser, l'utilisation de missiles Kh-29L/ML et de bombes à guidage laser est également possible). L'armement air-air de ces mêmes appareils aurait été amélioré également au moyen de l'intégration de missiles R-27ER1/R-27ET1 et Vympel RVV-AE (respectivement AA-10 Alamo et AA-12 Adder). ■ PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 829 - 17 JUILLET 2014 ➤ Tensions persistantes La tension persiste entre le Qatar et les Emirats Arabes Unis. Mis à part le dossier syrien, où une entente sʼest dessinée lors des élections du bureau de la coalition de lʼopposition syrienne (Ahmad Jarba, proche de Riyad, et Moustapha Sabbagh, proche de Doha, ayant conclu une alliance au sein de la nouvelle direction), les positions semblent irréconciliables sur dʼautres sujets, notamment sur la Libye et lʼEgypte. La presse de Doha sʼest déchaînée suite à lʼarrestation de trois Qataris à Abou Dhabi soupçonnés “dʼactes hostiles”, appelant les citoyens qataris à boycotter cet émirat. En réaction, la presse dʼAbou Dhabi a attaqué violemment le Qatar, lʼaccusant de parrainer des mouvements extrémistes. Chacune des deux parties tentent de trouver des soutiens auprès des grandes capitales occidentales, notamment Washington, où lʼon estime que lʼancien émir cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani demeure le véritable décideur à Doha. ➤ Nouvelle donne au Yémen Les gains territoriaux engrangés par les rebelles houthistes, notamment à Amran, sur la route de Sanaa, bouleverse la scène politique yéménite (voir TTU n° 826). Malgré lʼappel du Conseil de sécurité des Nations unies, les houthistes ne se sont pas retirés de cette ville stratégique prise aux forces de la famille Al Ahmar alliées à une brigade de lʼarmée yéménite, conduite par un général proche du parti Al-Islah (Frères musulmans locaux). Ce parti, fer de lance de la “révolution” qui a abouti au départ du président Ali Abdallah Saleh, sʼen prend à son successeur, Abd Rabo Hadi Mansour, accusé de faiblesse envers les houthistes et même, selon certains, de complicité. Des rumeurs évoquent une rencontre entre lʼun des responsables du parti Al-Islah, Hamid Al-Ahmar, et un collaborateur de lʼancien président Saleh. Ce dernier pourrait jouer un nouveau rôle, avec le soutien de certains acteurs régionaux, qui craignent lʼinfluence grandissante de lʼIran dans la région. ISRAËL : LES INSAISISSABLES ROQUETTES DU HAMAS Malgré un réseau d'informateurs et des escadrilles de drones, les militaires israéliens ne sont pas parvenus à repérer les plus importants sites de production et de stockage des roquettes à longue portée utilisées par le Hamas. «Apparemment, le Hamas dispose encore d'environ 200 à 300 engins bien camouflés que nous n'avons pas réussi à détruire», admet un officier. Selon lui, seule une opération terrestre et des fouilles systématiques pourraient permettre de les découvrir. «Mais pour cela, il faut le feu vert du gouvernement et surtout accepter de se lancer dans une opération périlleuse, qui risque de coûter cher en termes de vies humaines parmi nos hommes. Or il n'est pas certain que l'opinion publique israélienne soit prête à payer un tel prix», ajoute cet officier. Selon lui, «l'industrie de la roquette à Gaza est passée du stade du bricolage à celui d'un véritable projet industriel conçu par des ingénieurs bien formés». Les services de renseignements militaires (Aman) estiment qu'au total, la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine alQassam, dispose d'environ 15 000 membres (combattants, policiers, équipes de spécialistes chargées de la production). Le budget de cette force est estimé à 10 millions de dollars par mois au moins. Ces derniers mois, une grande partie de ces dépenses était couverte par des dons en provenance d'Iran et du Qatar. Ces fonds ont permis de compenser partiellement les pertes provoquées par la fermeture de centaines de tunnels de contrebande qui reliaient le sud de la bande de Gaza au territoire égyptien. Le Hamas prélevait des «droits de douane», qui lui rapportaient quelque 200 millions de dollars par mois. Pour mener à bien la production de roquettes, le Hamas dispose de plusieurs «directeurs de projets», des ingénieurs spécialisés formés en Iran. Le commandant des Gardiens de la Révolution iraniens, le général Mohammad Ali Jaafari, a révélé il y a quelques mois à une agence de presse locale que son pays ne livrait plus directement depuis l'an dernier des missiles de type Fajr 5 à longue portée, mais que son organisation a procédé à des «transferts de technologies» à des Palestiniens qui ont, selon lui, «très vite intégré ce savoir-faire». Par précaution, la presque totalité de la production et les sites de lancements sont souterrains. «Le Hamas a tiré les leçons de «Pilier de Défense» de novembre 2012, lorsque ce type d'installation était facilement repérables, ajoute l'officier. Aman a également repéré, ces derniers mois, plusieurs tirs d'essais de roquettes à longue portée de la bande de Gaza vers la Méditerranée auxquels le Hamas s'est livré. Le Hamas a également profité de l'effondrement du régime de Mouammar Kadhafi pour acquérir des armes auprès de trafiquants. Une roquette de type Grad, capable d'atteindre Beersheva, la plus grande ville du sud d'Israël, se vend à un peu plus de mille dollars. Sur place, le Hamas a également perfectionné ses méthodes de camouflage. Selon Aman, dans de nombreux cas, les roquettes sont dissimulées chez des particuliers, n'ayant apparemment rien à voir avec le Hamas, en les menaçant. En échange, les propriétaires reçoivent quelques dizaines de dollars de «loyer» par mois. En prévision d'une éventuelle réoccupation de Gaza, le Hamas s'est également procuré des roquettes antichars d'origine iranienne et a dissimulé tout un réseau de mines. LE KRG CHERCHE DES ALLIÉS CONTRE LʼIRAN Les relations entre les autorités irakiennes et le gouvernement régional du Kurdistan (KRG), déjà mauvaises avant lʼoffensive de lʼEtat islamique sur les régions sunnites dʼIrak, sont devenues exécrables. Les principales pommes de discorde sont lʼexportation du pétrole du Kurdistan via la Turquie (voir TTU n° 828) ainsi que le récent projet de référendum dʼautodétermination du territoire. Sur le plan régional, Téhéran rejette également tout projet dʼEtat kurde, craignant la contagion sur ses propres Kurdes. Pour contrer Téhéran, le président du KRG, Massoud Barzani, est allé chercher un appui en Turquie, effectuant une visite à Ankara cette semaine, à la tête dʼune importante délégation. Erbil serait intéressé par des accords de coopération avec les services de sécurité turcs, afin de parer aux tentatives de déstabilisation du Kurdistan par les Gardiens de la révolution iraniens. Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 829 - 17 JUILLET 2014 TRIPOLI : LA GUERRE ENTRE MILICES FAIT RAGE La situation en Libye a connu une nouvelle escalade depuis le week-end dernier, et cela sur deux fronts. Dans lʼest du pays, les forces de l'ancien général Khalifa Haftar affrontent toujours les milices islamistes, suite au lancement de lʼopération “Dignité” en mai dernier. Les combats les plus meurtriers se sont déroulés autour de lʼhôpital Jalaa de Benghazi, tenu par les milices islamistes. Par ailleurs, à Tripoli, des combats ont éclaté, dimanche, sur la route de l'aéroport, où sont déployées les milices de Zenten depuis la révolution de 2011, alliées au général Haftar et hostiles aux groupes islamistes armés, notamment les milices de Misrata. Certains de ces groupes islamistes, commandés par Salah Badi, ancien membre du groupe islamiste Wafa au sein du Congrès général national, soutenus par les hommes du Conseil militaire de Tripoli dʼAbdelhakim Belhadj, ont attaqué l'aéroport de Tripoli, contrôlé par les milices de Zenten. Cibles de tirs de roquettes, la quasi-totalité des avions présents sur le tarmac ainsi que la tour de contrôle ont été détruits au cours des combats. L'aéroport de Tripoli a été fermé et les vols ne pourraient reprendre que dans quelques semaines, voire quelques mois, estime-t-on. Les milices de Zenten, qui auraient repoussé lʼattaque des groupes islamistes, rassembleraient leurs forces pour mener une contre-offensive. Après la fermeture de l'aéroport de Tripoli, celui de Misrata a aussi été contraint de suspendre les vols, dans la mesure où il est lié à la tour de contrôle du premier. Pour sa part, lʼAssociation internationale du transport aérien (IATA) a donné un mois aux autorités aéroportuaires de Tripoli pour lʼévacuation des milices, faute de quoi il se verrait contraint de retirer son agrément à lʼaéroport. Par ailleurs, un groupe des forces du Conseil militaire de Tripoli, dirigé par Abdel Raouf Kara et basé à lʼaéroport militaire de Mitiga, a pris le contrôle de la banque centrale, interdisant au personnel de pénétrer dans le bâtiment. DES SOLUTIONS RÉGIONALES À LA CRISE LIBYENNE La réunion à huis clos des chefs de la diplomatie des Etats voisins de la Libye sʼest tenue dimanche 13 juillet à Hammamet, au sud-est de Tunis, afin d'examiner les formes de soutien à ce pays en proie à lʼanarchie, en lʼabsence du ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Abdelaziz. Lequel a été empêché de prendre lʼavion, en raison de la fermeture de l'aéroport de Tripoli. A noter que le ministère des Affaires étrangères est assiégé depuis le début de ce mois par des groupes islamistes, qui demandent la réintégration du secrétaire général, limogé par Mohamed Abdelaziz. Ces groupes sont dʼailleurs hostiles à la participation de la Libye à ce genre de réunion, qui a rassemblé à Hammamet des représentants de lʼAlgérie, de lʼEgypte, du Tchad, du Niger, du Mali et du Soudan. Elle sʼest conclue sur une résolution portant sur la création de deux commissions, lʼune sécuritaire, présidée par lʼAlgérie, et lʼautre politique, présidée par lʼEgypte. Des instances destinées à trouver des solutions à la crise libyenne. La Tunisie se chargera de la coordination entre les deux commissions et devra déposer un rapport lors de la prochaine réunion des pays voisins de la Libye, en août prochain. Par ailleurs, ces pays auraient convenu de créer un dispositif sécuritaire commun et un centre dʼopérations destinés à mieux contrôler leurs frontières avec la Libye. UN CONGRÈS DJIHADISTE EN ALLEMAGNE Les services de sécurité allemands auraient demandé à leurs collègues européens de coopérer pour collecter des renseignements et surveiller les participants à un congrès de groupes salafistes de plusieurs pays européens (Cologne, le 20 juillet). Plus dʼun millier de participants sont attendus (Allemagne, France, Bel gique, Pays-Bas...). Les autorités allemandes craignent que le congrès ne se transforme en un forum de recrutement pour futurs djihadistes et pour la collecte de fonds. Berlin craint aussi des affrontements violents entre les participants et des groupes néonazis, comme ce fut le cas il y a trois semaines à Bonn. ➤ Egypte : mesures douloureuses (suite de la page 1) Indispensable notamment pour la réception des cinq cargaisons de gaz liquéfié promises pour 2014 par lʼAlgérie en juin dernier, elle ne devrait néanmoins arriver quʼà la fin de lʼannée sur le site dʼAïn Sokhna. A condition que les pourparlers parallèles engagés, selon certaines sources, avec Excelerate Energy, société texane concurrente dʼHoegh LNG, ne viennent pas compliquer le dossier. Déjà, la pénurie et les coupures dʼélectricité qui en résultent accompagnent lʼaugmentation des tarifs. Générant un mélange potentiellement explosif qui pourrait tester rapidement auprès dʼune opinion publique égyptienne, jusquʼà présent plutôt compréhensive, la faisabilité dʼune réforme de lʼéconomie encore à ses débuts. ➤ Les projets sociaux du “califat” LʼEtat islamique en Irak et au Levant, qui contrôle un vaste territoire formé des régions sunnites irakiennes ainsi que de lʼest et du nord de la Syrie, tente de rallier la population avec des projets économiques et sociaux. Ainsi, en Irak, il aurait mis en place un système de micro-crédits en faveur des artisans, tandis que, dans lʼest de la Syrie, il aurait récemment financé la construction dʼun hôpital au sud de Deir Ez Zor. ➤ Des Français mal informés Les services de renseignements allemands et américains avaient averti leurs collègues libanais quelques jours avant les attentats qui ont secoué le pays du Cèdre fin juin, et la neutralisation dʼun groupe de kamikazes dans un hôtel de Beyrouth, suite à lʼinterception dʼun message venu de Mossoul, nouveau fief des djihadistes. La CIA et le BND semblent donc mieux informés que les Français (alors que Paris, ancienne puissance mandataire, dispose a priori dʼun réseau dʼinformateurs plus important). Pour les Allemands, cela sʼexplique en partie par le fait quʼils nʼaient pas totalement rompu avec leurs homologues syriens et quʼils sont jugés moins pro-américains que dʼautres membres de lʼOtan. Pratiquant ainsi une Realpolitik efficace que lʼon retrouve notamment à propos de la Russie. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 829 - 17 JUILLET 2014 ➤ Nouvelle commande algérienne Les forces de sécurité algériennes pourraient passer une nouvelle commande au constructeur sud-coréen Retech, portant sur la fourniture d'un lot supplémentaire de véhicules 4x4 protégés destinés aux opérations de maintien de l'ordre. C'est du moins ce qu'a laissé entendre à TTU une source diplomatique algérienne. Ces nouveaux véhicules (entre 20 et 30) viendraient s'ajouter éventuellement aux 50 exemplaires commandés au printemps dernier, dans le cadre d'un contrat d'une valeur de 10 millions de dollars. Le constructeur sud-coréen, qui opérait pour l'essentiel, il y a encore peu de temps, dans le secteur des véhicules utilitaires, a déjà vendu ses nouveaux engins dédiés aux opérations de maintien de l'ordre à l'Ukraine et au Pérou. La livraison de véhicules Retech 4x4 protégés de patrouille et/ou anti-émeute à l'Indonésie et au Bangladesh est également prévue à partir de l'automne prochain. ➤ Instructeurs italiens à Doha Des pilotes et des spécialistes instructeurs de l'Aeronautica Militare Italiana (AMI) animent depuis un peu plus d'une semaine des stages de perfectionnement au profit des équipages de la Qatar Emiri Air Force (QEAF). Les militaires italiens appartiennent à la 46ª Brigata Aerea de Pise (Toscane), auprès de laquelle les équipages qataris avaient précédemment suivi un premier stage théorique et pratique pour l'habilitation et la qualification sur C-130J mais aussi sur C-27J, ce qui laisse supposer que la QEAF pourrait être intéressée de compléter son parc d'avions de transport tactique par l'acquisition de Spartan. Le stage qui se déroule actuellement sur la base d'Al Udeid s'inscrit dans le cadre d'un accord signé récemment entre Rome et Doha. ➤ Un succès dʼAgustaWestland AgustaWestland (groupe Finmeccanica) a annoncé la signature de deux nouveaux contrats à l'occasion du salon de Farnborough. Le premier porte sur la livraison, d'ici à la fin de 2015, de deux avions AW139 destinés à lʼarmée de lʼair du Bangladesh. Le second sur la fourniture aux forces de sécurité ougandaises d'un AW109 GrandNew et d'un Sokol W-A3. LE DRONE PREDATOR XP PRÊT À ÊTRE EXPORTÉ A lʼoccasion du Salon aéronautique de Farnborough, qui se déroule du 14 au 20 juillet, le groupe américain General Atomics a annoncé le premier vol de son drone Predator XP réalisé le 27 juin. Le Predator XP, qui conserve les mêmes caractéristiques dʼaltitude et dʼautonomie que le Predator, ne peut cependant pas emporter dʼarmement. En outre, le capteur électrooptique MTS-B (Multi-Spectral Targeting System) de Raytheon a été remplacé par un système Star SAFIRE 380-HD de FLIR. Une configuration qui doit permettre de faciliter lʼexportation du système Predator, tout en se conformant aux restrictions dʼexportations imposées par Washington. Les Emirats Arabes Unis, qui ont annoncé, en février dernier, leur intention dʼacquérir un certain nombre de drones Predator XP, devraient être le premier client étranger du système. De son côté, le Kazakhstan a conclu un accord avec General Atomics pour lʼachat de Predator XP destinés à des missions dʼobservation dans la région de la mer Caspienne (voir TTU n° 826). UNE VERSION AMÉLIORÉE DU L-39 ALBATROS Le constructeur tchèque Aero Vodochody a dévoilé, lors du Salon de Farnborough, une version améliorée de son avion dʼentraînement avancé L-39 Albatros. Baptisé L-39NG, lʼappareil biplace sera motorisé avec un réacteur FJ44-4M du groupe américain Williams International et doté dʼune avionique modernisée compatible avec des jumelles de vision nocturne. Aero Vodochody, qui met en avant les capacités de lʼappareil en matière dʼopération air-sol, grâce à ses quatre pylônes sous voilure (contre deux pour le L39) permettant dʼemporter jusquʼà 1 200 kg de charge utile, table sur les premières livraisons du L-39NG dès 2017. Lʼappareil, dʼun poids de 3 100 kg, pour une masse maximale au décollage de 6 300 kg, affiche une autonomie de plus de 4 heures en vol contre 2h30 pour le L39. Selon Aero Vodochody, cet avion sʼadresse, dans un premier temps, au marché de la trentaine de pays qui mettent encore en œuvre quelque 450 L-39 et ses diverses variantes construits depuis les années 70. Parmi les derniers acquéreurs de lʼappareil tchèque, figure lʼEgypte, qui a acquis une cinquantaine de L-59E (L39SM) dans les années 90, et la Tunisie, qui a reçu une douzaine dʼavions de ce type au cours de cette même décennie. Ce projet de L-39 NG fait suite à lʼéchec commercial du L-159, dont seulement 72 unités ont été livrées à l'armée de l'air tchèque, qui a placé une quarantaine dʼappareils sous cocon et tente à présent de les vendre. Lʼacquisition dʼune douzaine dʼavions par lʼopérateur privé Draken International pourrait être formalisée à lʼoccasion de Farnborough. TSAHAL REÇOIT DES AVIONS ITALIENS M-346 Selon le calendrier prévu, l'armée de l'air israélienne (IAF) a pris livraison, le 9 juillet, de ses deux premiers avions d'entraînement avancé M-346, au cours d'une cérémonie officielle qui s'est déroulée sur la base aérienne n° 6 de Hatzerim, dans le désert du Néguev. Ces deux appareils font partie d'un lot de trente Lavi (dénomination du M-346 au sein de l'IAF) commandés par le ministère israélien de la Défense à la société Alenia Aermacchi (groupe Finmeccanica), en juillet 2012. Ces appareils, baptisés “Lavi” en Israël, sont destinés à remplacer progressivement les TA-4S “Skyhawk” actuellement en service au sein du 102 Squadron “Flying Tiger”, basé à Hatzerim (où sont déployés également le 69 “Hammer” Squadron sur F-15I, le 107 “Knights of the Orange Tail” Squadron sur F-16C et le 123 “Desert Birds” Squadron sur S-70A Blackhawk). Ce sont trente appareils qui doivent être livrés à lʼIAF dʼici la fin 2016. En contrepartie de ce contrat, Rome avait approuvé lʼacquisition auprès dʼIsrael Aerospace Industries de deux avions d'alerte avancée Gulfstream G550 CAEW “Eitam” destinés à lʼarmée de lʼair italienne. Industrie matériels PAGE 5 TTU MONDE ARABE - N° 829 - 17 JUILLET 2014 SAUT QUALITATIF POUR LA MARINE ÉGYPTIENNE L'Egypte sera bien le second client export de la corvette Gowind du groupe français DCNS. Selon plusieurs sources, Le Caire et la société de construction navale ont finalisé un accord portant sur la fourniture de quatre corvettes, dont trois construites localement, pour un montant de près dʼun milliard d'euros. Selon ces mêmes sources, Le Caire pourrait ultérieurement acquérir deux corvettes supplémentaires. La corvette Gowind est un bâtiment de 102 mètres pour 2 400 tonnes, dotée dʼun canon de 76 mm, de huit missiles antinavires Exocet MM40 et dʼun système surface-air VL Mica (de huit à seize missiles) du missilier MBDA. La Gowind peut également embarquer un hélicoptère ou mettre en œuvre un drone à décollage vertical. Ce contrat représente un succès majeur pour le groupe français, après la commande de six unités similaires par la Malaisie. Il permet aussi à la marine égyptienne de réaliser un important saut qualitatif significatif de ses moyens. Malgré les difficultés économiques, la modernisation de ses moyens navals reste une priorité du Caire. La marine égyptienne a ainsi récemment réceptionné quatre patrouilleurs rapides de type Ambassador MK III construits par le groupe américain VT Halter, notamment dotés de missiles antinavires Harpoon II. Des unités qui viennent moderniser une flotte qui sʼappuie sur des unités de surface pour la plupart déjà anciennes. Le Caire a ainsi reçu deux frégates de classe Knox en 1994, et quatre frégates FFG-7 Perry entre 1996 et 1998, mais ces bâtiments ont tous été construits entre 1973 et 1982. Jusquʼà la livraison des Ambassador MK III, les navires égyptiens les plus modernes étaient deux frégates légères chinoises de classe Jianghu de 1 900 tonnes, datant des années 80. Par ailleurs, certaines sources locales laissent entendre que l'Allemagne et l'Egypte ont levé les obstacles concernant la livraison de deux sous-marins de type U209 construits par TKMS. Rappelons que, depuis quelques années, lʼEgypte sʼefforce de diversifier ses sources dʼapprovisionnements en matériel militaire, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis. NOUVELLE CORVETTE ANTI-SOUS-MARINE INDIENNE La “Kamorta”, première des quatre nouvelles corvettes de guerre antisous-marine, de conception indienne type P28, entrera en service dans quelques semaines. Elle devrait être déployée à partir de la base navale de Visakhapatna, sur la côte orientale du pays (Etat de l'Andhra Pradesh). Assemblées à Kolkata par Garden Reach Shipbuilders & Engineers Ltd (GRSE), ces navires ont une longueur de 109 mètres, pour 3 400 tonnes. Ils peuvent atteindre une vitesse maximale de 25 nœuds et couvrir près de 3 500 milles nautiques à 18 nœuds. Mis en œuvre par un équipage de 14 officiers et 150 marins, ces bâtiments sont notamment dotés dʼun canon de 76,2 mm et de deux systèmes de canons a tirs rapides de 30 mm AK-630M. Les capacités anti-sous-marines de ces corvettes sʼappuient sur six tubes lance-torpilles et deux lance-roquettes multiples RBU-6000. Le RBU-6000 est un lanceur à douze tubes, tirant des charges de profondeur non guidées RGB-60, et approvisionné par un magasin de 72 ou 96 projectiles. Dʼun poids de 110 kg, pour une charge militaire de 25 kg, les roquettes RGB-60 affichent une portée de 350 m à 5 800 m et peuvent atteindre un sous-marin jusquʼà 500 mètres de fond. La capacité dʼautoprotection antiaérienne est assurée par seize missiles israéliens Barak-1 dʼune portée de 12 km. Ces corvettes peuvent également déployer un hélicoptère moyen permettant dʼaccroître ses capacités de lutte ASM. LʼINS “Kadmatt”, seconde unité de la série, devrait entrer en service en 2015, suivie des INS “Kiltan” et INS “Kavaratti” en 2016 et 2017. Huit autres unités dérivées de cette première tranche pourraient par ailleurs être produites ultérieurement. ➤ Le système Caméléon Cʼest une «première mondiale» dans le domaine de la technique du camouflage militaire actif. Des chercheurs scientifiques polonais — de lʼInstitut militaire de Génie de Wroclaw — ont mis au point un système capable dʼadapter à la couleur de lʼenvironnement les véhicules, chars ou camions, ainsi que la couleur des tissus et uniformes, tous les éléments observés par lʼœil de lʼadversaire. Le professeur Adam Januszko de lʼInstitut Militaire explique : «Nous avons préparé un prototype dʼun système, qui, par exemple, installé sur un char, un véhicule ou un container, peut changer sa couleur en fonction des couleurs de lʼenvironnement. Les scientifiques lʼont appelé le Caméléon. Il est composé dʼune caméra numérique, qui fournit les informations sur les couleurs de lʼenvironnement, dʼun ordinateur, qui définit la couleur dominante, et dʼune peau formée de fenêtres électrochromatiques. Mise sous tension, cette installation de petite taille change la couleur des objets sur lesquels elle fonctionne.» Grâce à ce système, par exemple, le char couvert de fenêtres électro-chromatiques change de couleur et se déplace inaperçu. Cette découverte a reçu la médaille dʼor à lʼexposition internationale «International Invention, Innovation & Technology Exhibition, ITEX 2014», à Kuala Lumpur. ➤ Finale franco-américaine Pour la «finale», cʼest le consortium français Eurosam (Thales et MBDA) et lʼaméricain Raytheon que Varsovie a sélectionnés pour sʼéquiper dʼun système de défense antiaérienne. Les deux groupes sont désormais les seuls en lice pour répondre à l'appel d'offres. Cʼest ce que vient dʼannoncer officiellement le ministère polonais de la Défense, avec cette précision : «Eurosam et Raytheon sont les seuls concurrents capables de proposer des armements ayant déjà fait leurs preuves, ayant été utilisés par lʼOtan, et les seuls pouvant garantir que lʼindustrie polonaise de défense gardera sa part dʼactivité dans la réalisation du programme.» PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 829 - 17 JUILLET 2014 ➤ Manque à gagner yéménite 400 millions de dollars, cʼest, selon le ministre yéménite de lʼIntérieur, Abdo Hussein El-Tareb, la perte de revenus subie par le pays à la suite des attentats qui ont frappé, au cours du premier trimestre 2014, le pipeline principal reliant les champs pétroliers de Maarib au terminal de Ras Issa sur la mer Rouge. Un impact confirmé par les milieux internationaux, qui évaluent à 40 % la chute des rentrées pétrolières du pays de janvier à mai par rapport à la même période de lʼan dernier. Tout juste réparé voici quelques semaines, lʼoléoduc par lequel transitent chaque jour en moyenne 100 000 barils de brut a de nouveau été endommagé par une explosion au début de ce mois. Parallèlement, les attaques menées contre les autres infrastructures pétrolières et gazières ainsi que le réseau de distribution dʼélectricité conduisent à une complète désorganisation du secteur de lʼénergie. Entraînant des coupures chroniques de courant dans les grandes villes. Cette situation, dʼautant plus critique quʼelle survient en plein été, est due non seulement aux menées dʼAl-Qaida, mais aussi aux sabotages commis par les tribus qui cherchent ainsi à faire pression sur le gouvernement central pour obtenir la satisfaction de revendications multiformes. Note de lecture Un bon ouvrage de synthèse sur lʼAlgérie actuelle a paru il y a quelques semaines sous la plume de Mehdi Lazar, docteur en géogra phie et auteur du livre de la même collection Le Qatar aujourdʼhui, et de Sidi-Mohammed Nehad, diplômé de Science-Po et spécialiste du Maghreb. Ce livre de 300 pages (et riche de 566 notes de bas de page) est dʼautant le bienvenu que lʼAlgérie sʼaffirme toujours plus comme une puissance régionale incontournable, même si les journalistes se montrent aujourdʼhui plus intéressés par lʼEgypte ou la Syrie que par le Maghreb voisin. LʼAlgérie aujourdʼhui est lʼoccasion de décrypter un système politique opaque, en le recadrant dʼabord dans son histoire longue, afin de mieux comprendre la décennie 90. Dans un second chapitre, les auteurs explorent le régime et la société du pays, analysant la sclérose de sa classe politique depuis lʼarrivée dʼAbdelaziz Bouteflika à la présidence, le poids actuel de lʼarmée, déchirée entre son état-major et ses services de renseignement (DRS), la médiocrité de son système scolaire, son économie ankylosée par la rente pétrolière, les relations tendues avec la France ou encore les déchirements qui animent le pays autour de la question identitaire. Mehdi Lazar et Mohammed Nehad retracent ensuite la place de lʼAlgérie dans les relations internationales, revenant notamment sur la «guerre froide» menée contre le voisin marocain depuis 1962, et ses conséquences, mais aussi la question du Sahel. Les deux auteurs abordent alors, dans un quatrième chapitre, quelques «poten tialités dʼavenir», tentant notamment dʼexpliquer pourquoi lʼAlgérie nʼa pas connu après 2011 son «Printemps arabe». Lʼouvrage se termine, dans ses annexes, par des entretiens réalisés avec Abdelaziz Ziari, médecin de profession, militant du FLN, plusieurs fois ministre, qui quitta le gouvernement après quʼAmmar Saadani eut été élu secrétaire général du parti, Boualem Sansal, lʼauteur du roman Le Village de lʼAllemand, très critique à lʼencontre du régime, proche du MAK, et Karim Amellal, enseignant à Science-Po et fondateur du média participatif “Chouf-chouf”. LʼAlgérie aujourdʼhui, de Mehdi Lazar et Sidi-Mohammed Nehad, Editions Michalon, avril 2014, 299 pages, 19 euros. Dans ce contexte, le Fonds monétaire international (FMI) a réalisé une simulation qui montre que, même en tenant compte des revenus générés par les exportations de gaz naturel liquéfié depuis le terminal de Balhaf, le Yémen devrait, pour équilibrer son budget, vendre tout son pétrole jusquʼà la fin de cette année au prix totalement irréaliste de 215 dollars le baril. Conséquence de cette situation, dans un pays où les exportations pétrolières financent 60 % des dépenses de lʼEtat : les réserves de la Banque centrale étaient tombées, fin mai, à moins de 3,5 milliards de dollars, lʼéquivalent dʼenviron quatre mois dʼimportations. Alors que lʼaide internationale de 8 milliards de dollars, promise pour la période 2012-2014, continue dʼarriver au compte-gouttes (seulement 2 milliards avaient été encaissés à la fin mars), malgré les pressions exercées sur les donateurs par la Banque mondiale et le FMI. ➤ Chinook : fin de mission Les quatre CH-47 Chinook de la Task Force “Fenice” déployés à Herat depuis novembre 2007 au sein du contingent militaire italien de l'ISAF ont réalisé, samedi dernier, leur dernier vol opérationnel au-dessus de l'Afghanistan. Ces quatre hélicoptères lourds de l'Aviazione Esercito (AVES), l'ALAT italienne, appartenant plus précisément au 7° Reggimento AVES “Vega” basé à Rimini, seront rapatriés très prochainement via Antonov An-124 de la compagnie Volga-Dnepr Airlines. Au cours des huit années de présence en Afghanistan, les Chinook italiens ont totalisé plus de 5 600 heures de vol, transportant plus de 60 000 passagers, militaires et civils, et 6 600 tonnes de ravitaillement, matériel et engins divers. 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