TTU 1-799 - copie:TTU 1-610
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LETTRE HEBDOMADAIRE D'INFORMATIONS STRATÉGIQUES Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Guillem Monsonis - 10 octobre 2012 - n° 861 LES FORCES DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE À LʼHONNEUR AU SALON MILIPOL QATAR Euronaval : les annonces de DCI Le Salon Milipol Qatar consacre cette semaine à Doha la montée en puissance des Forces de Sécurité intérieure de lʼémirat, qui ont officiellement annoncé lʼachat, à Renault Trucks Defense, de 5 Sherpa Light APC et de 22 MRAP High Guard, et qui envisageraient de nouvelles commandes. Un Salon de portée régionale, avec une forte présence des Emirats, du Koweït et de Bahreïn. La France est particulièrement bien représentée, avec le pavillon le plus important devant les Etats-Unis. Grosse présence de la Gendarmerie, qui devrait être sollicitée par Doha, qui accueillera la Coupe du Monde de Football en 2022, pour le contrôle des foules et la surveillance. Le DGGN s'est déplacée pour l'occasion et a décoré le Cheik Abdullah Bin Nasser Bin Kalifha, ministre de l'Intérieur du Qatar, de l'ordre de la Gendarmerie. Plusieurs sociétés françaises, dont Bertin et CEIS, ont signé des partenariats avec ITQAN, le “bras armé” du ministère de lʼIntérieur, pour le développement et les nouvelles technologies. Cassidian a signé un contrat de 1,7 million dʼeuros avec ITQAN pour des solutions de sécurité, et Sagem Morpho un contrat de 1,2 million pour des systèmes dʼidentification biométrique. Notons quʼITQAN a reçu une enveloppe de 3,2 millions pour sécuriser lʼaéroport international de Doha. Le ministre ne sʼest donc pas contenté dʼinaugurer le Salon : il a parcouru les stands des exposants accompagné de son responsable des acquisitions “bloc note à la main”, selon un témoin. Les industriels britanniques y sont étrangement peu présents, contrairement aux Brésiliens, qui montent en puissance, avec un stand illustrant clairement leur intérêt pour la sécurisation des grands événements (Coupe du Monde 2014 oblige). Au total, Milipol Qatar 2012 a enregistré 30 millions dʼeuros de commandes. Le Salon Euronaval 2012 devrait être lʼoccasion pour Défense Conseil International (DCI) et sa filiale Navfco de faire quelques annonces. Outre lʼinauguration de la première école de sous-mariniers malaisiens ayant eu lieu il a quinze jours à Kota Kinabalu (voir TTU n° 860), DCI vise désormais la formation des équipages de sousmariniers brésiliens, dans le cadre du contrat ProSub conclu par DCNS (vente de quatre sous-marins diesel/ électriques Scorpène). Une formation qui débutera à lʼété 2015 sur la base navale dʼItaguai (au sud de Rio), DCI étant par ailleurs en charge de la sélection du premier équipage. Contrairement au contrat malaisien, il sʼagira dʼassurer le passage des marins dʼune plate-forme allemande vers le Scorpène. DCI est également engagé en Russie, dans le cadre du contrat BPC. Une cinquantaine de personnes sʼattellent, depuis février, à la rédaction des documents techniques (21 000 pages) et à la formation en langue russe (lʼanglais nʼétant que peu utilisé dans la flotte russe). La formation en tant que telle débutera début 2014, pour six mois, à SaintPétersbourg (théorie) puis, entre juin et mai, à Saint-Nazaire sur le premier BPC russe (pratique). Cet exercice ne concernera que les aspects “navigation et sécurité”, le volet opérationnel étant censé être maîtrisé par la marine russe. Au Chili et en Colombie, DCI assure une formation technico-opérationnelle de guerre électronique, en marge dʼun contrat signé par Lacroix pour la fourniture de leurres infrarouges. La formation sʼappuie sur le logiciel Simu-IR, développé par DCI et la PME française Abak Systèmes. DCI chercherait par ailleurs à décrocher un contrat de formation des équipages de Scorpène chiliens. LʼArmy planche sur la lutte anti-drone En lʼespace dʼune décennie, lʼinventaire mondial des drones est passé de vingt types de systèmes et huit cents aéronefs à plus de deux cents systèmes et quelques dix mille drones aéroportés (chiffres 2010). Au-delà de la question de savoir comment utiliser au mieux ces capacités, se pose, chez les décideurs américains, celle de savoir comment sʼen défendre. LʼUS Army travaille de fait sur un concept dʼopération de lutte anti-drone. Si les aspects détection sʼavèrent relativement bien maîtrisés, notamment grâce à lʼacquisition de radars de détec- tion Sentinel AN /MPQ-64A1 fabriqués par Thales Raytheon Systems, lʼinterception des drones donne encore lieu à de multiples recherches. Le Pentagone y travaille avec la tenue dʼexercices type Black Dart 2012 en août dernier, les industriels aussi (le laser de haute énergie de Boeing doit, par exemple, être testé à lʼautomne contre un drone). Une certitude est que cette lutte anti-drone sera interarmées — en ce sens quʼil sera nécessaire dʼutiliser des plates-formes basées au sol, en mer ou aéroportées — ou ne sera pas… PAGE 2 Stratégie et politique TTU - N° 861 - 10 octobre 2012 ➤ “Cyber-ambivalence US” Les Etats-Unis soufflent le chaud et le froid en matière de cyberdéfense. Alors que Washington discuterait avec Moscou de la mise en place d'un dispositif de confiance visant à faire baisser la tension en cas de crise grave sur le cyberespace, sur le modèle du téléphone rouge de la Guerre Froide, le patron de la NSA et de l'US Cybercommand rappelait que «la meilleure cyberdéfense passe par des moyens offensifs». Côté français, certains justifient le choix d'un dispositif strictement défensif, sur le modèle de l'ANSSI. La cyberdéfense offensive contribuerait, selon eux, à faire le jeu d'adversaires plus faibles et pourrait avoir un effet d'entraînement sur d'autres petits pays et enclencher un cycle de prolifération. La dynamique de dissuasion n'opérerait pas dans le cyberespace, «l'arme informatique étant par essence une arme d'emploi et l'auteur d'attaques difficilement identifiable avec précision». ➤ Manille négocie Aux Philippines, lʼaccord de négociations de paix avec le Front de libération islamique Moro (MILF) est modelé sur celui signé en Indonésie dans la province dʼAceh. Ainsi, le mouvement irrédentiste musulman a obtenu la mise en place dʼune autonomisation censée aider à la résolution du conflit. La diplomatie parallèle japonaise peut se réjouir puisquʼelle a joué les intermédiaires, notamment lors de la rencontre à Tokyo entre Murad Ebrahim, le président du MILF, et le président Aquino. En parallèle, Manille tend aussi le rameau dʼolivier à lʼautre grande guérilla, la New Peopleʼs Army (NPA), à lʼorigine un mouvement maoïste armé de 4 000 hommes. Un cas cependant plus complexe puisquʼil ne sʼagit pas ici dʼun mouvement à revendication autonomiste. Pour preuve, lʼassassinat à Mindanao (province orientale de Davao), ce week-end, dʼun chef dissident du NPA, Ruperto Cadungog, qui plaidait pour lʼouverture de négociations avec le gouvernement central. Un meurtre qui aurait été commis par des membres de son mouvement, selon les sources gouvernementales. LA CRISE DES SENKAKU ET LE RETOUR DU PLD AU POUVOIR En ce début de semaine, les navires garde-côtes japonais et le renseignement militaire (nihon honjôhôbu) ont identifié quatre navires de surveillance, sous camouflage, de lʼArmée populaire de libération chinoise, à la limite des “eaux territoriales” japonaises, près de lʼîle de Kubajima. Ceci sʼajoute à la présence de bateaux de pêche chinois à proximité de lʼîle de Uotsuri. Ces mouvements indiquent une probable montée des tensions à propos de la souveraineté de ces îles. Les contrecoups de cette affaire vont entraîner, selon des commentateurs japonais, des bouleversements politiques supérieurs à ceux de la catastrophe de Fukushima : ni plus ni moins que la chute du Parti démocrate japonais au pouvoir. Ainsi, la tension politique née de ces incidents a eu pour effet, le 26 septembre, de voir Shinzo Abe prendre la tête du Parti libéral-démocrate (PLD) et de donner, dans les sondages, un soutien à 37 % au PLD, tandis que le PDJ est tombé à 19 % (et même à 13 % dans un autre sondage Gallup du 2 octobre). Pour nombre dʼobservateurs, cela tient en grande partie au fait que lʼopinion estime que lʼactuel gouvernement de Yoshiro Noda est incapable de gérer le différend avec les Chinois, alors que Shinzo Abe apparaît comme intransigeant dans cette affaire, surfant sur la forte vague nationaliste. Si cela était le cas, ce sera la première fois depuis 1948 quʼun ex-Premier ministre japonais le redeviendrait au cours dʼélections qui vont être provoquées prochainement. TERRORISME : RETOUR À DES METHODES SIMPLISTES ? Deux informations récemment rendues publiques amènent à formuler une hypothèse : les terroristes de toutes obédiences ne seraient-ils pas en train dʼeffectuer un retour à des tactiques peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre dans une stratégie visant à «saigner lʼennemi à blanc», en lui infligeant «un millier de coupures» plutôt que de rechercher la blessure unique et mortelle ? Première affaire : les services de renseignement russes affirment quʼal-Qaida est responsable des incendies de cet été en Espagne. Sʼil sʼagit là dʼune information qui mérite dʼêtre confirmée, force est de reconnaître que le contexte se prête à sa crédibilisation. Souvenons-nous que le deuxième attentat le plus meurtrier de lʼhistoire après les Twin Towers est un incendie, en lʼoccurrence celui, perpétré par des intégristes chiites, dʼun cinéma en Iran au mois dʼaoût 1978 : les différentes estimations du nombre de victimes varient de 378 à 800 morts. Nʼoublions pas non plus que le dernier numéro en date du magazine Inspire détaille une méthode, certes alambiquée, permettant dʼallumer des incendies dans un milieu naturel. Enfin en ce qui concerne lʼEspagne, si ce qui a déclenché lʼincendie du Perthus est établi avec une quasi-certitude (un mégot jeté, intentionnellement ou pas), les causes des autres feux restent inconnues, même si lʼon se doit de reconnaître que divers facteurs météorologiques (sécheresse, faible taux dʼhumidité, vents violents) ont très certainement joué un rôle loin dʼêtre négligeable. Il nʼempêche : en ce qui concerne, par exemple, les deux îles de la Gomera et de Tenerife (archipel des Canaries, mi-août), le chef du gouvernement local, Paulino Rivero, avait indiqué être en présence dʼincendies probablement allumés délibérément. Deuxième piste : lʼutilisation de lasers, afin dʼaveugler les pilotes dʼavions et dʼhélicoptères. Aux Etats-Unis, le phénomène a pris une telle ampleur (283 cas en 2005, 3 592 en 2011, une estimation de 3 700 cas en 2012, selon des chiffres cités par le FBI et la FAA) que les fédéraux ont éprouvé le besoin de mettre sur pied une cellule de suivi spécialisée, la Laser Strike Working Group National Initiative (LSWGNI). Quelle est la part du terrorisme là-dedans ? Difficile à dire, le FBI se contentant de dresser de manière très générale deux portraits robots : le mineur sans casier judiciaire et lʼhomme plus vieux ayant déjà un casier judiciaire (notamment le trafiquant dʼêtres humains ou le trafiquant de drogue). Mais on pourra se poser la question dʼévaluer la validité de ces conclusions à lʼaune du faible nombre dʼenquêtes ayant abouti. Et puis cʼest bel et bien le FBI qui, au moins depuis 2004, ne cesse de seriner quʼil sʼagit là dʼune tactique qui pourrait dʼaventure tenter certains terroristes. Actualité des Forces PAGE 3 TTU - N° 861 - 10 octobre 2012 ➤ Le “seuil” du général Amos Ce que le commandant des Marines, le général Amos, appelle sa vérité immuable est le seuil minimal du nombre de forces en deçà duquel le Corps ne devrait pas chuter. Ce chiffre se situe très exactement à 182 100 Marines. Un seuil qui devrait être atteint en 2016, la force actuelle étant de 202 000 hommes. En cette période compliquée sur le plan budgétaire, un examen des moyens permettant dʼoptimiser le Corps des Marines est cependant en cours (“Force Optimization Review Group”). ➤ Butin confisqué Lors de sa visite en Afghanistan, le ministre lituanien de la Défense, Rasa Jukneviciené, a rencontré le ministre afghan des Finances, Omar Zakhilwal. Lʼobjectif de cette rencontre est un dossier qui suscite l'incompréhension à Vilnius : depuis 2009, une somme de 793 000 dollars appartenant à l'armée lituanienne est gelée dans la DBADevelopment Bank of Afghanistan. Ces trois dernières années, le gouvernement lituanien a tenté de débloquer la situation en multipliant les démarches, jusqu'à cette visite officielle. Sans surprise, le ministre afghan a promis son soutien politique dans cette affaire. La DBA, soupçonnée de fraude, est actuellement en cours de réorganisation. ➤ Les recrues de la Bundeswehr Depuis que la Bundeswehr est devenue, au 1er juillet 2011, une armée de métier, ses responsables du personnel craignent la pénurie de recrues et sʼinquiètent à lʼarrivée de chaque date dʼincorporation. Mais leurs craintes nʼont, pour lʼinstant, pas de raison dʼêtre. Au 1er octobre 2012, 6 400 recrues ont été incorporées, soit 3 000 engagés et 3 445 services volontaires. Pour lʼannée, le nombre de ces derniers sʼélève déjà à 9 500 pour un besoin annuel de 11 600 services volontaires. En ce qui concerne les engagés, la Bundeswehr a, par ailleurs, annoncé que 87 % dʼun besoin annuel de 15 600 engagés était déjà couvert. Les effectifs militaires de la Bundeswehr sont actuellement de 181 000 hommes. BUNDESWEHR CONTRE PACIFISTES La stratégie de marque et la politique de redéploiement dans la société que mène lʼarmée allemande depuis peu, particulièrement en direction des jeunes, est encore mal acceptée par une partie de la population allemande fortement pacifiste. La ministre des Cultes du Land de Bade-Würtemberg, en charge des questions dʼéducation, la sociale-démocrate Gabriele WarminskiLeitheusser, vient ainsi de dénoncer le contrat signé par son prédécesseur conservateur entre la région et la Bundeswehr. Etabli en 2009, ce contrat précisait les modalités de coopération entre lʼadministration scolaire du Land et lʼarmée, cela en vue dʼintensifier lʼintervention des “officiers pour la jeunesse” dans les activités dʼéducation civique. Spécialement formés pour informer le jeune public sur les enjeux de sécurité et le fonctionnement de lʼarmée, sans faire pour autant du prosélytisme, ces officiers sont au nombre dʼune centaine. Dans 7 des 16 Länder allemands, ils interviennent dans les écoles, dans le cadre de contrats similaires signés entre lʼarmée et les gouvernements régionaux. La rupture annoncée à Stuttgart ne conduira pas à fermer la porte des écoles à la Bundeswehr, a expliqué la ministre. Celle-ci a cependant annoncé son intention de reprendre le modèle suivi par le Land voisin de Rhénanie du Nord-Westphalie, modèle qui encadre à niveau égal les interventions extérieures de la Bundeswehr et celles des associations pacifistes. LE BMP-2M “ALGÉRIEN” POUR LES TROUPES RUSSES Lors d'un exercice récent des troupes russes du ministère de l'Intérieur, une nouvelle version du véhicule blindé de combat dʼinfanterie, le BMP-2M Berejok, a interpellé les observateurs. Afin dʼaccroître sa puissance de feu, il possède, en plus de son canon de 30 mm d'origine, un lance-grenades automatique AG-30 de 30 mm, quatre missiles antichars Kornet AK-14 Spriggan prêt au tir et une lunette panoramique jour-nuit. L'armée russe n'a pas retenu cette version du BMP-2 modernisé, seule l'Algérie a passé une commande en 2005 auprès du constructeur russe Kourganmachzavod pour la modernisation des 300 exemplaires de ses BMP-2 au niveau du BMP-2M Berejok. Le BMP-2, révolutionnaire dans les années 70, accuse aujourdʼhui de nombreux signes de fatigue. Ses contemporains, l'AMX-10P ou le Marder, quittent le service actif ou suivent des programmes de profonde revalorisation tels que le M-2A3 Bradley. En Russie, l'écart du niveau de matériel se creuse entre l'armée de terre, qui attend le développement d'un blindé de nouvelle génération, et les troupes du ministère de l'Intérieur, qui supportent lʼessentiel du poids des conflits au Sud du pays. Ce qui expliquerait la présence du Berejok dans leurs rangs. Outre le système d'arme Berejok, le constructeur russe propose en option une nouvelle motorisation de 400 chevaux pour remplacer son UTD-20 de 300 chevaux d'origine avec un kit de suspension, un surblindage additionnel et de nombreux équipements. PROCHAIN FORMAT DE L'ARMÉE ITALIENNE D'ici fin 2014, selon le dernier Modello di Difesa, les effectifs des trois forces armées italiennes, Esercito Italiano (EI), Marina Militare (MM) et Aeronautica Militare Italiana (AMI), seront réduits de 10,5 %, passant de 190 000 à 170 000 hommes. La réduction des effectifs portera sur “seulement” 10 000 militaires puisque, à l'heure actuelle, 180 000 sont effectivement en service actif, soit 10 000 de moins par rapport au seuil limite fixé par le précédent Modello di Difesa. En 2015, les effectifs seront répartis ainsi : 100 211 pour l'EI, 30 421 pour la MM et 39 368 pour l'AMI. Le décret qui établit le nouveau format des forces armées prévoit un nombre total de 20 432 officiers, par rapport aux 22 250 actuellement en service : soit 10 782 pour l'EI (contre 12 050 actuellement), 4 150 pour la MM (contre 4 500) et 5 500 pour l'AMI (contre 5 700). Côté sousofficiers, ceux-ci passeront de 24 031 actuellement en service à 21 031 pour l'EI, alors que ceux de la MM et de l'AMI seront respectivement de 12 695 et de 23 515. Les militaires du rang seront 67 875 pour l'EI (dont 50 357 militaires professionnels et 17 518 volontaires sous contrat), 13 576 pour la MM (8 976 professionnels et 4 600 volontaires sous contrat) et 10 353 pour l'AMI (5 900 professionnels et 4 453 volontaires sous contrat). PAGE 4 Industrie et matériel TTU - N° 861 - 10 octobre 2012 LE PARS 3 LR PASSE EN SÉRIE ➤ Naissance de Cassidian Optronics Diehl Defence, associé à MDBA Deutschland au sein du joint-venture Parsys, a annoncé lundi 8 octobre que l'Office fédéral des équipements, des technologies de l'information et du soutien en service de la Bundeswehr (la BAAINBw qui intègre désormais lʼancien Office fédéral de la technique militaire et des approvisionnements, le BWB) avait donné son feu vert pour le passage à la production en série du missile Pars 3 LR. Cette décision intervient suite de lʼachèvement dʼune série réussie de tests de tirs effectués à partir dʼun hélicoptère Tigre UHT de la Bundeswehr, le 20 septembre. Certains se rappellent peut-être que le premier cahier des charges de ce missile a été défini en 1988 avec la France sous le nom de Trigat. Parsys va donc démarrer la production des 680 unités commandées en 2006, pour 380 millions dʼeuros, par la Bundeswehr et qui doivent équiper les Tigre allemands. A lʼorigine, le Pars 3 LR était exclusivement présenté comme un missile antichar Fire and Forget. Il est aujourdʼhui taxé de missile “multicibles”. En 2006, la Cour fédérale des comptes avait critiqué le temps et les coûts de mise au point de ce projet dʼarmement abandonné par la France en 2004 au profit du Hellfire américain. La Cour avait calculé, à lʼépoque, que le tir dʼun seul Pars 3 LR coûterait la modique somme de 1,3 million dʼeuros. Les discussions lancées au printemps dernier entre Cassidian et le groupe Carl Zeiss ont finalement abouti, le 1er octobre, à la finalisation de la montée de la filiale défense dʼEADS dans le capital de Carl Zeiss Optronics, qui réunit les activités militaires de Carl Zeiss. Cassidian détient désormais 75,1 % du capital de Carl Zeiss Optronics, les 24,9 % restants étant toujours détenus par la maison mère. La société a été rebaptisée Cassidian Optronics : «Carl Zeiss Optronics est un précieux complément de nos compétences établies dans le domaine des capteurs. Ce rachat va nous permettre, dans les années à venir, de proposer à notre clientèle du monde entier des solutions complètes d'un seul tenant en matière de capteurs», a déclaré le PDG de Cassidian, Bernhard Gerwert. La société, qui fournit des appareils de visées thermiques, des lasers, mais aussi des périscopes et des systèmes dʼoptiques pour satellites, réalise un CA de 160 millions dʼeuros et emploie environ 800 personnes sur trois sites, dont deux en Allemagne et un en Afrique du Sud. “RATNIK” : LE FELIN À LA RUSSE Le programme dʼéquipement du soldat du futur russe a franchi une nouvelle étape, avec le début des évaluations dans les forces. Une brigade d'infanterie de la région de Moscou a reçu plusieurs lots de cet équipement nommé “Ratnik” (soldat, en ancien russe). Il est composé d'une quarantaine de pièces, incluant l'armement, des éléments de protection et la tenue de combat. Le Ratnik est organisé autour de plusieurs modules : le système de gestion avec les moyens de transmission (authentification “ami”, navigation, orientation, traitement et visualisation de l'information), le système de protection (moyens de protection auditifs, lunette, protections des articulations, filtre de purification d'eau individuel, moyen de chauffage autonome) et la fonction “feu” qui englobe l'armement de l'utilisateur selon sa fonction : fusil d'assaut, fusil de sniper, armement antichar, etc., et la source d'alimentation électrique. Une partie des essais s'est déroulée pendant l'exercice Caucase-2012. Une commission spéciale a été mise en place, sous les ordres du général de division Nicolaï Bogdanovski, l'adjoint du commandant en chef des forces terrestres, pour contrôler le déroulement de l'évaluation. LA NORVÈGE MUSCLE SON RENSEIGNEMENT MILITAIRE Le budget norvégien de la défense pour 2013 prévoit une légère augmentation par rapport à l'exercice en cours et s'établira à 42,22 milliards de couronnes (5,71 milliards d'euros). Hormis des hausses de salaires, compensations pour les soldats et autres points techniques, l'enveloppe pour le ministère de la défense augmentera de 0,74 %. La hausse servira pour plus de la moitié (soit l'équivalent de 28,5 millions d'euros) à renforcer la sécurité du ministère de la Défense et les bureaux du Premier ministre, depuis que ces derniers ont emménagé à la Défense après les attentats du 22 juillet 2011 à Oslo et sur l'île d'Utoya. Ce drame teinte en partie la proposition de budget de la défense présenté le 8 octobre. Pour pallier des défaillances apparues à l'époque, l'Etat va renforcer de près de 10 millions d'euros l'enveloppe allouée aux renseignements militaires et de près de 3 millions la défense civile. Par ailleurs, des économies de 22 millions sont prévues par le biais de réformes structurelles et une meilleure utilisation des ressources disponibles. Les opérations à l'étranger verront aussi leurs moyens réduits de 14 millions d'euros. Pour la période 2013-2016, les priorités du gouvernement de centregauche iront à l'équipement de l'armée de terre, à l'acquisition d'un nouvel avion de chasse (en principe le F-35), au désengagement du contingent en Afghanistan et à la sécurité informatique. ➤ SF-260 Super Star au Koweït ? Alenia Aermacchi vient de livrer le 900e exemplaire de son avion d'entraînement SF-60, qui devient ainsi l'appareil italien le plus vendu dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Déjà en service dans 27 pays, dont lʼItalie, la Mauritanie, le Mexique et le Venezuela, qui sont les premiers à avoir acquis la variante E, cet appareil a eu comme dernier client en date la Zambie, qui est en train de prendre livraison d'un lot de SF-260TW turbo-hélice (dans les années 70, la Zambie avait déjà acquis un lot de SF-260 à moteur à piston). Le monomoteur italien continue à intéresser de nombreux pays, tel le Koweït, qui devrait effectuer prochainement une série d'essais d'évaluation dans le cadre de son programme de renouvellement des écoles de pilotage. PAGE Industrie navale 5 TTU - N° 861 - 10 octobre 2012 EURONAVAL : LES SONARS À LʼHONNEUR CHEZ THALES.... A lʼoccasion du prochain Salon Euronaval, Thales Underwater Systems (TUS), mettra notamment en avant son offre de sonars, basée sur les sonars tractés CAPTAS 4 et CAPTAS 2, ainsi que sur les sonars de coques UMS 4110 et le sonar FLASH. LʼUS Navy a acheté un exemplaire du sonar CAPTAS 4 pour évaluation sur le Littoral Combat Ship (LCS). Des essais auraient été conduits cet été par mer 5 avec de bons résultats. Ce sonar tracté est capable de détecter des cibles sous-marines à plus de 55 km de distance et dʼassurer ainsi un maximum de protection aux FREMM françaises et marocaines et Type 23 britanniques quʼil équipera bientôt. Plus simple et de plus petite dimension, le CAPTAS 2 équipe les corvettes Meko sud-africaines, les frégates F4000 saoudiennes et les corvettes Sigma indonésiennes et marocaines. Autre type de sonar, le FLASH, un sonar actif héliporté équipant notamment les NH90, les Merlin britanniques, les Cougar émiratis et les MH-60 R américains. Très efficace contre les embarcations rapides, il intéresse aussi la marine australienne et les retex du côté français seraient bons. Les sonars représentent 50 % des parts de marché à lʼinternational de Thales Underwater Systems. Lʼavenir en matière de sonars tient surtout dans lʼaccroissement de la surface acoustique des sous-marins, notamment grâce à des antennes de flanc (flank array) plus grandes, et au sonar plus compact pouvant être embarqué sur les plates-formes les plus petites, comme les corvettes et les patrouilleurs. Autre piste explorée, la possibilité de récupération des antennes linéaires remorquées, ces “fils” de près dʼune centaine de mètres que le sous-marin traîne à lʼarrière. Des sauts technologiques urgents, au vu des améliorations continues en matière de discrétion acoustique des sous-marins diesel/électriques. ...LES DÉTECTEURS INFRAROUGES CHEZ SAGEM Sagem proposera de son côté ses systèmes de surveillance et de poursuite navale infrarouges (type IRST). Choisi par la m ar ine australienne, lʼEOMS Vampir NG revient dʼune campagne dʼessais dans le Pacifique à bord des frégates Anzac. Il équipera aussi le LHD de classe Austral et lʼAWD de classe Austin. LʼEOMS NG inclut, en plus des capacités de détection (IRST), une conduite de tir. Il a été sélectionné par les Emirats Arabes Unis, où il est à lʼessai, pour équiper les corvettes de classe Baynunah. En France, lʼEOMS NG, qui équipe déjà lʼOPV “Adroit”, pourrait remplacer potentiellement lʼensemble de ses systèmes existants. Ainsi les 6 OPV de classe Floréal seront retrofités et verront leur système de conduite de tir NAJIR remplacé par lʼEOMS, qui leur offrira une capacité IRST. La première frégate de surveillance sera modernisée cet automne. Par ailleurs, Sagem a décroché un gros contrat à lʼinternational (plusieurs dizaines dʼéquipements) pour sa tourelle optronique stabilisée Vigie Observer, qui équipera une flotte de Fast Attack Boat. CONTRAT AUSTRALIEN POUR ELBIT Elbit Systems a remporté un contrat en Australie pour la fourniture des syst èmes d e g est ion de combat qui équiperont des barges de débarquement installées à bord de vaisseaux amphibies de type Canberra. Ce système va permettre de gérer le transport de troupes et dʼéquipement des navires vers la côte, y compris dans des secteurs dépourvus d'installations portuaires. Une technologie développée dans le cadre dʼun programme d'équipement surnommé “Land 75/125”. «Le choix de l'Australie reflète la nécessité pour les principales armées dans le monde de renforcer les connexions et les communications entre leurs unités et nous pensons que d'autres clients vont suivre», affirme un responsable d'Elbit. ➤ Artillerie navale BAE Systems a obtenu un contrat de plus de 25 millions de dollars portant sur la fourniture de deux pièces d'artillerie navale Mk 110 de 57 mm, plus le support logistique, destinées à l'US Navy et à l'US Coast Guard. La livraison de ces tourelles d'artillerie est prévue en 2014. Doté d'un système de chargement automatique, permettant de sélectionner ponctuellement le type de munition en fonction de la menace, le système Mk 110 de 57 mm a une cadence de tir de 220 coups/minute et peut traiter toute cible de surface jusqu'à une distance de 10,5 milles. Jusqu'à ce jour, BAE Systems a vendu dix-neuf de ces tourelles d'artillerie à l'US Navy (elles équipent les LCS) et à l'US Coast Guard. ➤ Optimisme en demi-teinte Les rapports du groupe d'officiers indiens présents à bord du futur porte-aéronefs indien “Vikramaditya” (ex-“Amiral Gorshkov”) pendant les tests en mer affirment que les problèmes avec les chaudières, survenus pendant les essais à haute vitesse (voir le TTU n° 858), ne doivent pas cacher les réels succès du programme. Navigabilité, manœuvrabilité, capacité à recevoir des aéronefs ont atteint le niveau escompté. Une quarantaine de vols de MiG-29KUB ont été réalisés, tous avec succès. Outre les chaudières, dont le revêtement thermique a été détérioré, l'armateur russe indique que nombre d'équipements fabriqués en Inde, au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Pologne, installés à la demande de l'Inde, ont montré une défaillance. La nouvelle date de remise du futur porte-aéronefs à la marine indienne est fixé pour l'automne 2013. PAGE 6 Repères TTU - N° 861 - 10 octobre 2012 Réserve : corriger les erreurs du passé Même si elle ne devrait pas occuper plus d'une page dans le prochain Livre blanc, l'avenir de la réserve n'en demeure pas moins crucial, tant sur sa capacité à être utile aux armées que sur sa contribution au lien Armée-Nation. Les civils y occupent une place encore trop faible : sur les 30 000 réservistes (hors gendarmerie), 55 % sont d'anciens militaires qui accomplissent 70 % des activités “réserve”. Le double effet RGPP et rattachement au SEDAC en 2009 a porté un coup très dur à la réserve. Dʼautant que son budget est en baisse constante : 80 millions d'euros en 2009, 71 millions en 2012. Le Conseil supé rieur de la réserve militaire (CSRM) sʼattelle à la question et a lancé trois groupes de travail sur la couverture sociale du réserviste, les compensations au profit des entreprises accueillant des réservistes et sur le déroulement de la Journée nationale du réserviste. ➤ Chaire Cyberstratégie Après moins dʼune année à sa tête, le titulaire de la Chaire Castex de cyberstratégie de lʼIHEDN, François Géré, va être remplacé le 15 octobre prochain. ➤ Question de taxes Le retrait du contingent militaire norvégien dʼAfghanistan risque de s'enliser dans les méandres de l'administration fiscale. En effet, le service des Douanes norvégiennes a décidé de contrôler si tous les équipements et objets personnels qui seront rapatriés par les militaires du contingent norvégien de l'ISAF ont bel et bien payé la TVA. Prévenantes, les autorités militaires dʼOslo avaient d'ailleurs demandé, sans obtenir une réponse claire et précise, une exonération de la TVA, afin d'éviter les problèmes administratifs potentiellement insolubles : l'achat par les quelque 500 mili- taires rapatriés de centaines d'objets et d'effets personnels pouvant être difficilement documenté. ➤ FREMM “Normandie” La FREMM “Normandie” sera mise à flot le 18 octobre à Lorient, en présence du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. ➤ IHEDN On connaît désormais le nom du successeur du préfet Patrice Molle au poste de directeur adjoint de lʼIHEDN. Cʼest Joël Bouchité, actuellement préfet de lʼOrne, qui le remplacera. Issu de la Police nationale, Joël Bouchité est un ancien auditeur de lʼIHEDN. Il fut préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais. Il occupa surtout le poste de Directeur central des Renseignements généraux en 2006, avant la fusion avec la DST et la création de la DCRI, puis devint en juillet 2010 conseiller à la Présidence de la République chargé des dossiers de sécurité intérieure. ➤ Journées nationales des Orsem Les Orsem organisent leur «Journée nationale» le 20 octobre prochain à lʼEcole-Militaire, à Paris. Après une intervention du gouverneur militaire de Paris, le général de corps dʼarmée Hervé Charpentier, une table ronde sur le thème “La place et le rôle de la réserve opérationnelle dans un dispositif de défense nationale en évolution” est prévue. Seront présents notamment le général de division aérienne Jean-Luc Jarry, délégué interarmées aux réserves (EMA), Michel Baud, chercheur à lʼIFRI et auteur de lʼétude "Les réserves en première ligne ? Du citoyen-soldat à l'intérim”, et le lieutenantcolonel Bernard Bon, président de la Réunion des Orsem. négociations suivent leur cours de façon satisfaisante avec Dassault». Il ajoute qu'une «signature définitive du contrat est attendue au cours de cette année financière». Cʼest-à-dire avant le 31 mars prochain. ➤ Hommage américain L'US Navy va baptiser son prochain navire océanographique (AGOR) R/V “Neil Armstrong”, en l'honneur de l'astronaute récemment disparu. Cette classe, longue de 238 pieds, servira notamment à la cartographie sous-marine et embarquera de nombreux laboratoires. ➤ Successeur de lʼIl-76 La flotte russe dʼIliouchine 76 devrait passer la main à une version modernisée dès 2014, avec notamment 20 % de plus de capacité dʼemport de fret. LʼIl-476 est encore à lʼétat de prototype et les premiers essais sont en cours, mais lʼArmée de lʼair russe ➤ DCNS lance “Blooplanet” prévoit lʼacquisition de trente-neuf dʼentre eux à DCNS lance, la semaine lʼhorizon 2020. Particularité prochaine, un réseau social de ce programme : il est le sur les thématiques de la témoin de la renaissance mer (dont les aspects de lʼindustrie aéronautique navals). Un moyen pour le militaire russe, puisque groupe de “faire partager cʼest la première fois sa vision de la mer pour le futur”. www.blooplanet.com depuis vingt et un ans quʼun nouvel avion va être ➤ Contrat MMRCA construit de manière totalement autonome en Russie, Le blog indien Livefist rapporte que le chef d'état- en lʼoccurrence par la Compagnie Aviastar-SP, major indien a récemment héritière de lʼancien déclaré «n'être au courant complexe industriel aérod'aucune rumeur concernautique Oulianovsk, nant le contrat MMRCA», constructeur de lʼAN-124. au sujet duquel «les TTU - Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques - Editée par la Sarl Certes au capital de 40 155 € Siège social - 25, rue du Louvre - 75001 Paris - ☎ 01 40 26 03 03 - Fax : 01 40 26 18 59 - Email : [email protected] - www.ttu.fr Directeur de publication : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Guillem Monsonis Numéro de commission paritaire 0115 I 85973 - ISSN 1270 - 8194 - Imprimerie : Certes - © Certes 2012 - Reproduction interdite Prix au numéro : 40 € - Abonnement annuel 44 numéros France : 950 € - Etranger 980 €