quoi qu`il - Courbevoie

Transcription

quoi qu`il - Courbevoie
TRAIT D’UNION
JOURNAL D’EXPRESSION PROTESTANTE
ÉDITORIAL
Avril-Mai 2008
JOURNAL BIMENSUEL
N° 94
SPÉCIAL MARTIN LUTHER KING
Il y 40 ans…
À Courbevoie comme ailleurs dans le monde, beaucoup de gens ont à cœur de se
souvenir de Martin Luther King.
Il y a quarante ans, 3 avril 1968, Martin Luther King prononçait son dernier discours
public. Le héros était fatigué, harcelé par les pressions politiques, mais le combattant,
l'homme de conviction, était debout.
« …peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant, car il m'a permis d'atteindre
le sommet de la montagne. J'ai regardé autour de moi. Et ce soir, je ne
m'inquiète de rien. Je ne crains personne. Mes yeux ont vu la gloire du
Seigneur. J'ai vu la Terre promise. Je suis heureux. »
Martin Luther King était assassiné le lendemain. Il partait rejoindre Celui dont il avait
contemplé la gloire sur la montagne. Il est mort d'avoir aimé, d'avoir rêvé une humanité
plus belle et plus fraternelle.
Depuis, beaucoup ont pu se sentir comme orphelins de cette révolution d'amour pour
endiguer les flots de haine…
Mais chacun de nous reste confronté à la question fondamentale qui s’était imposée à
lui : « Que pense Dieu du monde où je vis, et qu’attend-il particulièrement de moi ? »
C’est dans la Bible, comme tant d’autres bienfaiteurs de l’humanité, que Martin Luther
King a trouvé les réponses fondamentales qu’il attendait et son inspiration. La
démarche de foi était à l’origine de son l’action. Quarante ans après, écoutons-le.
PREND MA MAIN
Les dernières paroles d'un homme ou d'une femme ont toujours une profondeur
particulière.
3 avril 1968.
Martin Luther King prononçait un discours aux résonances prémonitoires : « Je ne
sais pas ce qui va arriver. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais
peu m’importe ce qui va m’arriver maintenant car je suis allé jusqu’au sommet
de la montagne. Je ne m’inquiète plus. Comme tout le monde je voudrai vivre
longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m’en soucie guère maintenant.
Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m’a permis d’atteindre
le sommet de la montagne. J’ai regardé autour de moi. Et ce soir je ne
m’inquiète pas de rien. Je ne crains personne. Mes yeux ont vu la gloire du
Seigneur. J’ai vu la terre promise. Je suis heureux. »
4 avril 1968.
Ses dernières paroles sur le balcon sont adressées au musicien Ben Branch qui devait
se produire ce soir-là une réunion publique à laquelle assistait Martin Luther King : «
Ben, prévois de jouer Precious Lord Take my Hand à la réunion de ce soir.
Joue-le de la plus belle manière. »
C’était son cantique favori révélateur de sa piété évangélique (à la demande de Coreta
King, Mahalia Jackson, connaîtra la douleur de chanter cette même chanson pour les
funérailles de son grand ami, le pasteur Martin Luther King.). Il a été composé par
Thomas A. Dorsey (1899-1993), « le père du gospel ».
Anéanti par le décès de sa femme et de son enfant, Dorsey composa un des chefsd’œuvre les plus bouleversants de la musique afro-américaine. Chaque note et chaque
mot suintent la détresse, la souffrance et la quête du réconfort auprès d’un Dieu de
miséricorde : « Je suis fatigué, je suis faible, je suis brisé, à travers la tourmente,
à travers la nuit, guide-moi vers la lumière, prends ma main, bien-aimé
Seigneur, guide-moi vers la maison. »
27 janvier 1956
Cette confiance, Martin Luther à du l’apprendre. Voici comment il relate une étape de
son cheminement en ce domaine.
« Au fur et à mesure que les semaines s’écoulaient, je commençais à comprendre que
nombre des menaces étaient sérieuses. Très vite je me suis senti entamé et envahi
par une peur grandissante. Un jour, j’appris par une source sûre, que l’on projetait de
m’ôter la vie… ; une nuit vers la fin de Janvier, le téléphone a sonné, Une voix furieuse
me menaçait de mort. On aurait dit que toutes mes craintes m’accablaient d’un seul
coup. Je suis allé me faire chauffer du café. J’avais atteint le point de saturation. J’étais
prêt à tout lâcher. Je me sentais faible… Là dans la cuisine, une petite voix me disait
: « il ne te reste plus qu’à t’en remettre à celui dont ton Père avait l’habitude de
te parler, cette puissance qui est seule capable d’ouvrir une porte de sortie
lorsqu’il n’y en a pas ». La tête entre les mains ; penché au-dessus de la table de la
cuisine, je me suis mis à prier à voix haute. Les paroles que j’ai adressées à Dieu au
milieu de cette nuit-là résonnent encore dans mon esprit : «Seigneur, Seigneur je dois
avouer que je me sens bien faible en ce moment, je sens que je flanche. Je suis en
train de perdre courage, aujourd’hui j’ai peur. Je ne peux pas le montrer aux autres.
Mais je suis à bout. J’en suis au point où je ne peux pas y arriver tout seul ». Il m’a
semblé entendre alors une voix intérieure, tranquille et rassurante qui disait : « Martin
Luther, dresse-toi pour défendre le bien. Dresse-toi pour défendre la justice.
Dresse-toi pour défendre la vérité. Et voilà, je serai avec toi. Même jusqu’à la
fin du monde. (Martin Luther King, Autobiographie, textes réunis par Clayborne
Carson, Bayard Éditions, 2000, pp 103-105.) »
En écho à cette expérience avec Dieu, un autre de ses cantiques préféré, « Rock of
ages » : « O Christ, éternel Rocher, je viens en toi me cacher… Tous les travaux de
mes mains Pour te plaire seraient vains… Seigneur je n’apporte rien ta voix seule est
mon soutien. Je viens à toi sans ressource, souillé, je viens à la source, ouverte pour
les pécheurs… »
Je fais un rêve…
Je fais un rêve, à mon tour, pour ceux qui se retrouvent seuls, qui sont effondrés et
désemparés. Leur réaction première est de se replier sur soi-même, cela est tout à fait
compréhensible. Mais on s’enfonce en s'enfermant dans ses états d'âme.
Qu’ils se souviennent que Dieu aime tous les hommes tels qu'ils sont. Peu importe
leur position sociale ou leur aspect physique. Il les a créés tous égaux. Il les aime tous
également.
C'est en se tournant vers Dieu que l'on peut panser ses plaies anciennes. « Qui se
confie dans le Seigneur sera comblé ». « Fie-toi au Seigneur de tout cœur et ne
t'appuie pas sur ton intelligence. Dans toute ta conduite sache le reconnaître
et Lui dirigera tes démarches ».
La Bible montre qu'il est possible d'entrer dans une relation vivante avec Dieu en se
tournant sincèrement vers Lui.
Jésus-Christ peut être, l'ami fidèle de notre vie, ce que vous trouverez difficilement
parmi les hommes. Quoiqu'il vous arrive, vous pourrez avoir recours à Lui. JésusChrist lui-même a promis de s'occuper de nous en tout temps. « Et moi (JésusChrist), je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps ».
Cette relation avec Dieu n'est pas automatique : Elle est le résultat d'un choix…
José Loncke
MARTIN LUTHER KING PRÉDICATEUR
Voici tout d’abord quelques extraits de son sermon : « Les trois dimensions d’une vie
achevée ».
« …Je voudrai vous presser d’accorder priorité à la recherche de Dieu. Laissez son
esprit pénétrer votre être. Pour faire face aux difficultés et aux épreuves de la vie, vous
avez besoin de Lui. Avant que la barque de votre vie atteigne son dernier port, elle
rencontrera des tempêtes longues et indécises, des vents hurlants et impétueux, des
mers agitées qui font s’arrêter le cœur.
Si vous n’avez pas en Dieu une foi profonde et patiente, vous serez sans force pour
affronter les délais, les désappointements et les vicissitudes qui sont inévitables. Sans
Dieu, tous nos efforts se réduisent en cendres et nos aurores en nuits profondes. Sans
Lui, la vie est un drame insensé où manquent les scènes décisives. Mais avec Lui,
nous sommes capables de monter des vallées agitées aux sommets de la paix
intérieures et de découvrir les étoiles radieuses de l’espérance dans les profondeurs
des nuits les plus déprimantes de la vie. Saint-Augustin l’a bien dit :
« Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il se repose en
Toi ».
… Je crains que beaucoup d’entre nous tâtonnent encore dans des projets qui sont
volumineux en quantité mais réduits en qualité, des projets qui s’étalent au plan
horizontal du temps au lieu de s’élever au plan vertical de l’éternité. Moi aussi, je
voudrais vous presser de faire vos plans assez grands et assez larges pour qu’ils
échappent aux chaînes du temps et aux entraves de l’espace. Donnez vos vies, tout
ce que vous avez et tout ce que vous êtes, au Dieu de l’univers dont les desseins sont
immuables.
Où trouvons-nous ce Dieu ? Dans une éprouvette ? Non. Où, sinon en Jésus-Christ,
le Seigneur de nos vies ? Non seulement le Christ est semblable à Dieu, mais Dieu
est semblable au Christ. Le Christ est le Verbe fait chair. Il est le langage de l’éternité
traduit dans les mots du temps.
Si nous avons à savoir ce qu’est Dieu et à comprendre ses desseins sur l’humanité,
nous devons nous tourner vers le Christ. En nous vouant de façon absolue au Christ
et à sa voie, nous participerons à ce merveilleux acte de foi qui nous conduira à la
vraie connaissance de Dieu » (« Martin Luther King, La force d’aimer », pp 127-129).
Ensuite quelques extraits du sermon : « Ce que peut notre Dieu ». Le christianisme
admet que les problèmes nous accablent et que les déceptions nous font chanceler.
Mais ceci dit, il affirme que Dieu peut nous donner la force de les affronter. Il peut nous
l’équilibre intérieur qui nous permet de rester debout au milieu des épreuves et des
fardeaux de la vie.
Il peut nous assurer la paix intérieure dans les tempêtes extérieures. La fermeté
intérieure de l’homme de foi est le legs principal du Christ à ses disciples. Il offre no
ressources matérielles ni formule magique qui nous exempterait de la souffrance et de
la persécution, mais il nous fait un don impérissable : « Je vous laisse la paix ! » c’est
cette paix qui surpasse toute intelligence…
Dieu seul est puissant. C’est la foi en Lui que nous devons redécouvrir. Avec cette foi,
nous pouvons transformer les vallées froides et désolées en sentiers illuminés de joie
et apporter une lumière nouvelle dans les sombres cavernes du pessimisme. Y a-t-il
ici quelqu’un qui s’en va vers le crépuscule de la vie et qui redoute ce que nous
appelons mort ? Pourquoi être effrayé ? Dieu est puissant. Y a-t-il ici quelqu’un au bord
du désespoir pour la mort d’un être aimé, la ruine d’un mariage ou la méchanceté d’un
enfant ? Pourquoi désespérer ? Dieu peut vous donner la force d’endurer ce qui ne
peut être changé. Y a-t-il quelqu’un rendu anxieux par sa mauvaise santé ? Pourquoi
être anxieux ? Quoi qu’il arrive, Dieu est puissant (« Martin Luther King, La force
d’aimer », pp 174-175).
TRÉSORS INESTIMABLES
En visitant un musée d'antiquités, vous verrez des objets qui vous laisseront
probablement perplexes : des ustensiles aux morceaux recollés, aux couleurs ternies,
aux motifs incomplets. Mais pour l'amateur éclairé, c'est une collection de trésors
inestimables. Tous sont une histoire dans l'histoire des hommes. C'est avec amour
que ses morceaux retrouvés ont été recollés par des restaurateurs passionnés. Et c'est
avec une grande vigilance qu'ils sont constamment conservés et surveillés.
J'aime cette image : elle nous parle de nous et de notre Créateur, Dieu. Nous sommes
des trésors inestimables à ses yeux, car il nous regarde en "connaisseur" ! Il voit audelà de notre aspect immédiat. Il nous voit comme il nous a créés, même quand les
morceaux sont cassés, mal recollés, la peinture écaillée et les couleurs de notre vie
ternies par le péché.
Il ne nous regarde pas comme "bons à jeter aux ordures", mais comme des biens
précieux qu'il voudrait sauver du délabrement et de l'oubli, c'est-à-dire de la perdition
éternelle, conséquence juste et logique de notre culpabilité et de notre rébellion à son
égard.
"Dieu, je te loue", s'exclame le psalmiste, "de ce que tu as fait de moi une créature
merveilleuse !" Il ne dit pas "une créature parfaite", mais "une créature merveilleuse"...
Car Dieu plonge sur nous un regard vrai : il nous a créés merveilleux, mais il sait aussi
ce que nous ne sommes devenus.
Qu'avons-nous donc fait de cette vie merveilleuse qu'il nous a donnée ? Gâchée,
brisée, gaspillée, ... ! Mais il nous aime tellement qu'il est venu, dans la personne de
Jésus-Christ, tenter de réparer ce qui peut encore l'être.
C'est lui qui a dit : "Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu". Et de sa
croix, tandis que nous le perçons avec nos péchés qu'il porte pour nous en proposer
le pardon et sa réconciliation, il nous regarde faire..., et c'est pour nous tous qu'il dit :
"Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font".
Combien il faut qu'il nous aime : nous valons bien plus, pour lui, que tous les trésors
inestimables de nos musées ! Qu'en avons-nous donc fait ?
Jean Nehlig.

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