Martin Luther King
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Martin Luther King
En lien avec « Fais jaillir la vie » A la découverte de Martin Luther King… Martin Luther King a été le levier qui a soulevé la communauté noire et l’a mise dans la rue pour un juste combat. Il a montré que la non-violence active pouvait vaincre. Aujourd’hui la ségrégation n’est plus légale nulle part aux Etats-Unis et les Noirs peuvent en appeler maintenant à l’arsenal des textes fédéraux. Martin Luther King, qui êtes-vous ? Martin Luther King est né à Atlanta (USA) le 15 janvier 1929 d’une mère fille d’un pasteur pionnier de la résistance aux discriminations raciales et d’un père lui-même pasteur. Atlanta, capitale de la Géorgie, est un des hauts lieux du « Sud Profond », pays du blues et du jazz. Bien que la guerre de Sécession ait aboli l’esclavage et libéré les Noirs, ceux-ci sont encore loin d’avoir les mêmes droits que les Blancs. Martin Luther King (Junior) va grandir dans un milieu de classe moyenne imprégné de morale évangélique et faire des études brillantes. Il est ordonné pasteur dans le temple de son père en 1947. Etudiant à Morehouse, l’université noire d’Atlanta, il a le souhait de faire progresser la situation de ses frères de couleur, car s’il bénéficie lui-même d’une sécurité matérielle, il n’en connaît pas moins l’insécurité morale qui frappe tous les Noirs. En 1952, il fait la connaissance de Coretta Scott ; ils se marient le 18 Juin 1953, puis s’installent en septembre 1954 à Montgomery (Alabama), ville habitée par cinquante mille Noirs et quatre-vingt mille Blancs où il prend la succession d’un « pasteur de choc » dans une des églises baptistes noires qui comptent beaucoup de familles aisées et d’intellectuels. C’est le 1er décembre 1955, que se produit l’événement qui va orienter toute sa carrière de pasteur. Ce jour-là, en effet, une couturière noire de cinquante ans, Mme Rosa Parks, refuse de céder sa place assise dans l’autobus à un Blanc, comme les lois de l’Alabama l’y obligent. La police l’interpelle, et elle se serait retrouvée en prison si un témoin de la scène n’avait payé immédiatement sa caution. Martin Luther King est averti et, scandalisé, réunit immédiatement des membres de sa communauté. « Nous en avons assez d’être maltraités et opprimés. Nous avons été trop patients. Une des gloires de la démocratie, c’est qu’elle donne au peuple le droit de protester. Nous le ferons, mais sans violence ni haine. L’amour du prochain sera notre règle. » Ils adoptent l’idée d’un boycott des autobus qui démarre le lundi 5 décembre et qui durera trois cent quatre-vingt deux jours ! Sklerijenn n° 36 17 A maintes reprises, les autorités font pression sur King pour qu’il mette fin au boycott. Le 26 janvier 1956, on l’arrête sous le prétexte d’excès de vitesse. Quatre jours plus tard, un attentat est commis contre son domicile, manquant de déclencher une réaction noire violente qu’il évite de justesse en faisant appel à la raison. En mars, on lui intente un procès pour violation des lois anti-boycott, et il est condamné à cent quarante jours de prison et à cinq cents dollars d’amende. Cette lutte, Martin Luther King la raconte dans Combats pour la liberté. Dès lors Martin Luther King apparaît comme le leader national du mouvement pour les droits civiques. Ses paroles galvanisent les Noirs et font changer l’opinion des Blancs modérés. Il cherche à convaincre ses adversaires et non pas à les humilier, il lutte contre le mal et l’injustice et non contre les individus, il endure la violence sans riposter, en vertu du pouvoir rédempteur d’une souffrance imméritée. Les Noirs descendent par milliers dans les rues et Martin Luther King va devoir faire la preuve de l’efficacité de la non-violence. En 1963, il est à la tête d’une grande campagne pour les droits civiques à Birmingham en Alabama. Il organise plusieurs manifestations : pour permettre le droit de vote aux Noirs, contre la ségrégation, pour une meilleure éducation dans les Etats du Sud. Lors de cette campagne, il est arrêté à plusieurs reprises. Durant cette année 1963, le président Kennedy cède aux actions non-violentes organisées par Martin Luther King et envoie au congrès américain une proposition de loi mettant un terme aux pratiques ségrégationnistes, notamment en ce qui concerne le droit au vote, l’accès à l’éducation, la liberté d’aller et venir en tout lieu. Le Congrès ne se montrant guère pressé de ratifier la loi, cela devient l’un des buts de la marche sur Washington le 28 Août 1963. 250 000 personnes – dont 60 000 blancs – y participent. Aucune manifestation n’avait réuni autant de personnes aux Etats-Unis avant cette date. Bien que l’armée ait été mobilisée, elle n’a pas à intervenir, car la manifestation se déroule de manière entièrement pacifique. C’est à cette occasion que Martin Luther King prononce le célèbre « I have a dream » Son rêve est celui d’une Amérique fraternelle où Blancs et Noirs se retrouveraient unis et libres. (…) Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice. Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve ! Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve. Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair. Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.. Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité. Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de Sklerijenn n° 36 18 liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai. Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado ! Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie. Mais cela ne suffit pas. Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie ! Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee ! Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté. Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”. Pour le texte intégral du discours : http://www.grioo.com/info717.html Le 22 novembre de la même année le président Kennedy est assassiné à Dallas, mais le 2 Juillet 1964, le Congrès ratifie le Civil Right Act qui rend inconstitutionnel toute forme de discrimination dans le vote ou dans les lieux publics. En septembre 1964, Martin Luther King est invité par Willy Brandt à Berlin, puis il est reçu en audience par le pape Paul VI. A son retour, il soutient la candidature de Johnson à la présidence des Etats-Unis et apprend son élection pour le prix Nobel de la Paix qu’il recevra à Oslo le 10 décembre 1964. Par l’intermédiaire du prix Nobel, Martin Luther King devient pour le monde entier le symbole de cette révolte noire qu’il est déjà pour le sud des Etats-Unis, le symbole de la justice par des moyens non-violents. Afin de suivre la montée en puissance des tendances plus radicales, il s’ouvre alors à de nouvelles formes de contestation : il soutient la lutte pour le relogement des habitants des bidonvilles de Chicago (1966) et se déclare contre la guerre du Vietnam ( 1967). Il reste fidèle à ses convictions non-violentes malgré l’écho que rencontraient les partisans du Black Power et ceux d’une auto-défense armée des Afro-Américains (Black Panters, crées en 1966) qui tous lui reprochaient sa modération. Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné à Memphis alors qu’il apportait son soutien à une grève d’éboueurs. Quelque 100 000 personnes assistent à ses obsèques à Atlanta. Bibliographie pour les enfants : Martin Luther King, B. Marchon, Centurion (bande dessinée) Martin Luther King : du racisme et de la non-violence, S. Saint-Michel, Fleurus. « Youpi », n° 165, juin 2002. Sklerijenn n° 36 19