Traduction française

Transcription

Traduction française
Bad Alchemy Magazin (Allemagne)
ROUGGE Monochrome
Incontestablement, notre homme à Nancy en joue de façon minimaliste, monotone,
avec un riff, sorte d'ostinato harmonique, tel un largo mélancolique, sans fioritures
pianistiques aucune. Classique? Nouvelle simplicité serait une classification possible.
Vocal? Absolument! Le Français chante avec une voix de tête extraordinaire comme
Antony and the Johnsons et le pathos savoureux d’une Lisa Gerrard ou d’un Mikhail
Karikis. Si tant est qu’il susurre des mots identifiables ici ou là, et bien il ne fait pas
de longs discours. Toute la profondeur de sa musique réside en soi dans l’expression
de ses soupirs en suspens, de ses lamentations comme soufflées à la flûte, de ses sons
scandés tels des mots originels les uns après les autres, orphiques. Et s’il lui arrive de
baisser la voix, ce n’est que pour ensuite miauler de plus belle.
Tous les morceaux s’appellent « Fragments » comme si Rougge voulait leur conférer
par là-même l’aura d’une énigme héraclitéenne. New Age? A quoi bon se poser la
question ici ? Arvo Pärt pour les nuls?
"Monochrome" en guise de titre et son geste sacré sur la pochette indiquent une
toute autre exigence de Rougge. Celle de mettre, grâce à son expressionnisme
existentiel, son sublime clair-obscur, en état de transe la communauté de la Chapelle
Rothko et tous ceux qui peuvent se plonger dans le « Grand Nada » de Thierry De
Cordiers pour mieux les ressusciter. En tout cas, cette musique invite à cultiver le
sublime. S’il semble que son Ave Maria, servi par sa voix juvénile de soprano, soit miné
de blasphème, ce n’est que parce que Rougge a servi la messe pour le metteur en
scène de théâtre Clément Saunier pour ses pièces "La fellation du diable" et "La
théorie des phacochères". Si bien que le râle du phacochère moqueur continue de
retentir dans ses chants et les immunise contre le kitsch.
Traduction : Géraldine Fuseau
ROUGGE Monochrome (Rougge Production, RP002CD): Tagged as: Classical,
New Age, Piano, Vocal. Piano, unstrittig, unser Mann in Nancy spielt es
minimalistisch, monoton, mit ostinatem Riffing, als melancholisches Largo, ohne
jeden pianistischen Firlefanz. Classical? New Simplicity wäre eine mögliche
Charakterisierung. Vocal? Absolut! Der Franzose singt mit extraordinärer
Kopfstimme, wie Antony and the Johnsons, und mit dem schwelgerischen
Pathos einer Lisa Gerrard oder eines Mikhail Karikis. Wenn er da überhaupt
erkennbare Worte raunt, dann macht er nicht viele Worte. Alle Innigkeit liegt
schon im Ausdruck seiner schwebenden Seufzer, seines geflöteten Weh und
Ach, seiner Laut für Laut wie gekneteten Urworte, orphisch. Einmal senkt er
auch die Stimme, nur um dann doch wieder hoch aufzumaunzen. Alle Stücke
heißen 'Fragment', als wollte Rougge ihnen damit die Aura heraklitscher Rätsel
verleihen. New Age? Was soll das hier sein? Arvo Pärt für Dummies?
"Monochrome" als Überschrift und der sakrale Gestus deuten auf einen
anderen Anspruch von Rougge hin. Den, die Rothko-Chapel-Gemeinde und
diejenigen, die sich in Thierry De Cordiers 'Grand Nada' versenken können, mit
seinem existentiellen Expressionismus, seinem sublimen Helldunkel, in Trance
zu versetzen und in die Auferstehung zu jagen. Jedenfalls hat diese Musik das
Zeug zu einem Kult des Erhabenen. Nur dass sein knabensopranistisches 'Ave
Maria' blasphemisch unterhöhlt scheint dadurch, dass Rougge dem
Theatermacher Clément Saunier ministriert hat bei "La fellation du diable" und
"La théorie des phacochères". So dass in diesen Gesängen ein
warzenschweinisches Grinsen nachbrennt und sie gegen Kitsch immunisiert. [BA
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