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LA REVUE DES REVUES
Passage en revues
par Guy Dupré
L
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’ÉLIMINATION de Jang Song Taek a
fait la une des journaux du monde
entier. Mais le 7 décembre, alors que
l’oncle du n° 1 nord-coréen était arrêté,
l’agence de presse officielle de Corée du
Nord, la KCNA, ignorait tout simplement
l’événement.
Le devoir de mémoire selon
André Aubry
On apprenait en revanche qu’un «Comité français pour la mémoire du
dirigeant Kim Jong Il» avait été fondé le 29 novembre 2013 à Paris. Ce comité aurait
«décidé» d’organiser durant la première quinzaine de décembre diverses manifestations
politiques et culturelles pour exalter la carrière révolutionnaire et les exploits de Kim Jong Il.
Qui préside ce comité? André Aubry, déjà président de l’association d’Amitié francocoréenne (notamment portée sur les fonds baptismaux par Jean Kanapa en 1969).
Ancien sénateur des Hauts-de-Seine, conseiller général de ce même département de
1976 à 1988, membre du Parti communiste depuis 1948, André Aubry fut élu maire
d’Antony en 1977 ; mais, alors qu’il se représentait contre Patrick Devedjian, les 6 et
13 mars 1983, le scrutin fut annulé pour fraude; les électeurs sanctionnaient clairement
celle-ci les 9 et 16 octobre suivant en élisant l’actuel Président du Conseil général des
Hauts-de-Seine.
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Le nouvel homme fort ?
Le Korea Herald, quant à lui, commentant quotidiennement la purge qui frappait l’oncle
du n° 1 nord-coréen, s’intéressait à ses conséquences au sein de la direction à Pyongyang.
Dans son numéro du 5 décembre, il prenait acte du nouveau poids de Choe Ryong Hae,
considéré comme le rival de Jae Song Taek dans la compétition pour s’assurer le contrôle
politique de l’armée.
Qui est cet homme? «La famille de Choe fait partie intégrante de l’élite au pouvoir en
Corée du Nord» explique le quotidien anglophone de Séoul. Il est le fils d’un révolutionnaire qui a, paraît-il, combattu contre les Japonais aux côtés de Kim Il Sung, le fondateur
de la Corée du Nord… «Jang Jong Nam, le ministre des Forces armées populaires et Ri
Yong Gil, le chef de l’Armée populaire de Corée, sont considérés comme des proches de
Choe. Du fait de ses antécédents familiaux, Choe a grandi dans une étroite proximité avec
la famille Kim et il a tissé des liens étroits avec Kim Jong Il et Kim Yong Hui, respectivement père et tante de l’actuel leader nord-coréen».
La guerre sur la toile
De telles remarques sur les relations personnelles et familiales dans les allées du pouvoir et
sur l’importance qu’il y a à se situer au plus près de la famille régnante conviendraient tout
à fait à la description d’un régime dynastique des siècles précédents. Mais le Korea Herald
attire notre attention sur une autre facette du pouvoir nord-coréen, marquée au contraire
par la modernité: le même jour et à la même page, on peut lire sous la plume de Park Han
Na un intéressant article sur le développement par la Corée du Nord de ses capacités à
lancer une guerre cybernétique. Elle les intensifie, apprend-on, « en renforçant par des
enfants prodiges l’unité spéciale forte déjà de 3 000 hackers qui prennent pour cible la
Corée du Sud et ses alliés».
S’appuyant sur le témoignage de réfugiés, l’article explique que les jeunes Nord-Coréens
surdoués en mathématiques et en sciences bénéficient d’un matériel important et très
performant et sont surentraînés, tant en Corée du Nord même qu’en Chine et en Russie.
Selon Steven Kim, professeur du Centre Asie-Pacifique pour les études de sécurité, «le
Nord est en train d’élever le niveau de ses provocations cybernétiques et ses attaques en
ligne pourraient nuire à l’infrastructure sociale et financière du Sud, une des régions du
monde les plus informatisées», tandis que le Nord, doté d’un réseau réduit et obsolète, ne
subirait pas de gros dommages d’une riposte sud-coréenne.
Selon un rapport du ministère de la Défense sud-coréen, le coût des attaques cybernétiques de Pyongyang contre Séoul depuis 2009 s’élève à environ 800 millions de
dollars.
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« Nous avons seulement 400 experts dans le domaine de la guerre informatique et
nous nous débattons avec un budget très serré pendant que la Corée du Nord s’est assurée
de la présence de 3 000 hackers professionnels pour son unité de combat cybernétique »
affirme Chung Hee Soo, un député du parti Sénuri actuellement majoritaire, qui tient ces
données du ministère de la Défense…
Aggravation de la situation économique?
L’élimination de Jang n’est pas le signe indiscutable d’un renforcement du régime nordcoréen et Choe, le nouvel homme fort, sait peut-être qu’il est lui-même sur un siège éjectable. Les possibilités grandissantes d’une attaque cybernétique de la part du Nord accentuent les incertitudes.
Une autre nouvelle empêche de croire à la stabilité de la situation. Le Korea Herald du
12 décembre 2013 nous apprend en effet que la Corée du Nord a vendu beaucoup d’or à la
Chine en cette fin d’année 2013 – une manière peut-être d’éviter une crise économique
grave. C’est en tout cas l’hypothèse plausible qu’avancent certains experts, qui voient
même dans ces ventes un baromètre de la gravité de la situation économique du Nord.
«C’est la première fois que la Corée du Nord vend de l’or depuis l’arrivée au pouvoir
de Kim Jong Eun fin 2011 », lit-on dans cet article… Selon les données fournies par le
gouvernement du Sud, le Nord détient environ 2000 tonnes d’or en réserve, d’une valeur
approximative de 8 milliards de dollars.
La Chine a changé
La Chine change-t-elle ? Elle a déjà changé si l’on en juge par le reportage que le Korea
Herald consacre aux investisseurs chinois au Portugal, aux maisons qu’ils achètent, aux
yachts de luxe qu’ils possèdent et qui sont à l’ancre dans des marinas de l’Algarve, enfin à
la fréquentation par leurs enfants des écoles internationales anglophones de Lisbonne.
Les investissements chinois dans la région dépassent ceux des Brésiliens et des Angolais.
Investir dans une de ces demeures magnifiques et y habiter au moins sept jours par an, ou
bien créer dix nouveaux emplois, ou encore investir un milliard d’euros au Portugal, voilà
les trois voies qui permettent d’acquérir un permis de résidence portugais donnant accès à
une sorte de visa grâce auquel on peut se déplacer librement dans l’espace Schengen.
Qui eut cru, il y a vingt ans, que le Portugal, pour se sortir de la récession et du
chômage, aurait recours aux businessmen de la « République populaire » de Chine… la
génération des petits-enfants de Mao?
La Chine, comme la Corée du Nord, présente il est vrai des facettes bien variées. On
lisait ainsi dans Le Monde en ligne du 28 décembre 2013 que la plus haute instance législaN° 53
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Détenus chinois partant au travail
tive chinoise, le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, avait adopté ce
jour-là diverses motions formalisant l’abolition des camps de rééducation par le travail
– du moins de certains camps…
Apparu en 1957 et s’ajoutant au laogai, destiné en principe aux peines les plus lourdes,
le laojiao permet de détenir des personnes sur simple décision de police, et ce jusqu’à
quatre ans. Objet de multiples abus, très impopulaires et dénoncés par les organisations de
défense des droits de l’Homme, ces camps sont notamment utilisés par les autorités locales
contre les contestataires, les internautes dénonçant la corruption ou les pétitionnaires
demandant réparation d’un préjudice. Ces camps sont devenus «superflus à mesure que
s’est développé le système judiciaire du pays» avait indiqué l’Agence Chine nouvelle.
Des experts ont cependant mis en garde contre la persistance en Chine, sous des noms
différents, d’autres formes de détention arbitraire.
Au Vietnam, on ne blague pas avec les blogueurs
Restons en Asie: Le Monde en ligne du 2 octobre 2013 annonçait que Lê Quoc Quân avait
été condamné par un tribunal de Hanoi à trente mois de prison pour «évasion fiscale».
Cet avocat était aussi blogueur. Il demandait – il demande toujours, depuis sa prison – que
soit amendée la Constitution du pays pour que soit aboli le monopole de la représentation
politique dont bénéficie le parti communiste vietnamien. À noter que des centaines de
manifestants ont protesté contre le verdict.
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Nguyen Tien Trung, blogueur lui aussi et fondateur de l’Assemblée des Vietnamiens
pour la Démocratie, a été emprisonné en raison de ses prises de positions critiques envers
les autorités communistes vietnamiennes. Nguyen Tien Trung a étudié en France de 2002
à 2007 avant de rentrer dans son pays. Le 7 juillet 2009, il est arrêté chez ses parents à HoChi-Minh-Ville [ex-Saïgon]. Détenu au secret, il est condamné en janvier 2010 à sept ans
d’emprisonnement, suivis de trois ans de résidence surveillée, pour «tentative de renversement du gouvernement du peuple», en vertu de l’article 79 du Code pénal. L’arrestation
de Nguyen Tien Trung s’est déroulée dans le cadre d’une vague de répression lancée en
2009 par le régime communiste de Hanoï contre des blogueurs et dissidents politiques
vietnamiens. Une pétition circule en sa faveur.
Et nos communistes à nous ?
Certaines nouvelles venant de leur part ne laissent pas de surprendre. Nous avons vu l’engagement au côté de la Corée du Nord d’un ancien sénateur communiste de la banlieue
sud. À l’est de la capitale, la mairie – PCF – de Bagnolet a pris une décision qui risque de
faire des vagues (cette information se trouve sur notre blog http://www.souvarine.fr/wordpress/ depuis la mi-décembre 2013).
Alors qu’il est fortement question d’expulser de France, après trente ans de détention,
Georges Ibrahim Abdallah, un Libanais, chef présumé d’une organisation d’extrême
gauche, les «Fractions armées révolutionnaires libanaises», qui fut condamné par la justice
française en 1986 à la réclusion à la perpétuité pour des actes terroristes, la municipalité
communiste de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) l’a décrété le 11 décembre 2013 « citoyen
d’honneur »! Jusqu’ici deux modestes bourgades l’avaient impunément précédée dans ce
qu’il faut bien tenir pour une provocation. Le 19 mai 2012 déjà, André Delcourt, maire
communiste de Calonne-Ricouart (Pas-de-Calais, 5800 habitants), avait nommé Ibrahim
Abdallah «citoyen d’honneur» de sa commune. Un mois plus tard, le 19 juin 2012, dans le
même département, sous l’impulsion de Christian Champiré, maire communiste de
Grenay (6700 habitants dans la banlieue de Lens), le conseil municipal en fit autant. Marc
Everbecq, maire communiste de Bagnolet (34000 habitants) vient de franchir dans cette
campagne une étape supplémentaire.
Rappelons les «exploits» du personnage – utilement cités par Dreuz.info. Le 18 janvier
1982, le colonel Charles R. Ray, officier de l’armée américaine, conseillé militaire basé à
Paris, est abattu d’une balle dans la nuque alors qu’il sort de son appartement par des
terroristes appartenant aux Fractions révolutionnaires armées libanaises, dirigées par le
militant communiste Ibrahim Abdallah. Cet assassinat choqua la société française et des
obsèques nationales à Notre-Dame de Paris furent organisées. «Ce meurtre n’a pas changé
d’un pouce la politique américaine. Il a seulement changé la vie d’une famille, et nous en
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souffrons toujours », déclara alors Sharon Ray, sa femme, quarante-sept ans, et mère de
leurs deux enfants. Quelques semaines plus tard, le 5 avril, un jeune diplomate de
quarante-deux ans, l’Israélien Yaakov Bar-Simantov, est assassiné en pleine rue de cinq
balles dans la tête et la poitrine, sous les yeux de son fils Avi, dix-sept ans. Sa femme et leur
fille de huit ans, Penina, rentraient à ce moment-là de l’école. L’organisation d’Abdallah
fut ensuite mise en cause dans la tentative d’assassinat à Strasbourg du consul des ÉtatsUnis, Robert Onan Homme, qui fut blessé au visage, à la nuque et à la poitrine par un des
hommes d’Abdallah, circulant à moto. Auparavant, en novembre 1981, Abdallah avait
tenté de tuer Christian Chapman, le chargé d’affaire de la mission américaine à Paris, sans
y réussir. L’organisation d’Abdallah fut ensuite responsable, en avril 1982, du meurtre d’un
autre secrétaire de l’ambassade d’Israël, puis, en août de cette même année, de la mort de
deux experts artificiers français qui étaient en train de désarmer une bombe cachée dans la
voiture d’un diplomate américain, puis en septembre de l’explosion de la voiture d’un
diplomate israélien qui blessa deux passants, et enfin, en mars 1985, de l’enlèvement de
l’ex-attaché culturel français, Sidney Peyrolles, par deux frères de Georges Ibrahim
Abdallah qui voulaient obtenir sa libération en échange.
Les supporters de Georges Ibrahim Abdallah le présentent non seulement comme un
«héros», mais comme un ardent défenseur de la «cause palestinienne». Pensent-ils sérieusement que de tels actes ont fait progresser ladite «cause palestinienne»?
À vot’ bon cœur…
Le quotidien communiste l’Humanité n’émettra pas de réserve quant à cette promotion
d’un terroriste. Il est pourtant l’objet des attentions de nos députés. Passe encore que
l’Humanité soit aidée financièrement par l’État, comme toute la presse française d’ailleurs,
à l’exception du Canard enchaîné. Passe encore que cette aide se soit élevée en moyenne,
entre 2009 et 2011, à 6761000 euros par an – à en lire le Rapport de la Cour des comptes
sur l’aide à la presse publié en 2013. On tiquera probablement en notant que l’Humanité
bénéficie de l’aide la plus élevée de toute la presse en termes de subvention par exemplaire
diffusé. En effet chaque numéro diffusé a bénéficié de la part de l’État de 48 centimes en
moyenne contre 37 à La Croix, 29 au Nouvel Observateur et à Télérama ou encore 27 à
Libération et seulement 6 à Ouest-France, 5 au Dauphiné Libéré, à La Montagne et au
Progrès, et 4 enfin au Parisien et au Midi Libre…
MM. les députés ont fait mieux puisque, selon Le Figaro du 3 décembre 2013, ils ont
approuvé l’effacement des dettes du journal communiste envers l’État. Un article additionnel prévoit d’insérer dans la loi de finances que «les créances détenues sur la Société
nouvelle du journal l’Humanité, au titre du prêt accordé le 28 mars 2002, réaménagé en
2009 et imputé sur le compte de prêts du Trésor, sont abandonnées à hauteur de
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4 086 710,31 euros en capital. Les intérêts contractuels courus et échus sont également
abandonnés […]. En 2002, la restructuration de l’Humanité imposait de s’endetter. Le
journal avait sollicité l’aide de onze banques qui toutes ont refusé de lui prêter un centime.
Il n’avait d’autre choix que de se tourner vers l’État – en l’occurrence le Fonds de développement économique et social – et de garantir ses emprunts sur ses biens immobiliers. Or
la donne a changé fin 2007 quand l’Humanité a vendu son siège à Saint-Denis. Le montant
de la vente (15 millions d’euros) avait alors permis d’apurer la totalité du passif du journal
et de lui dégager des capacités d’investissement. Mais il lui restait à rembourser son dernier
emprunt.
«Loin de s’arranger, la situation de l’Humanité s’est par la suite plutôt aggravée. Le titre
a parfois été près de l’équilibre, mais plus souvent en perte: 1,9 million d’euros en 2011,
200 000 en 2012 et sans doute plus cette année, pour un chiffre d’affaires de près de
30 millions. […] Les abonnements (environ 31 000 pour l’édition en semaine et 51 000
pour l’Humanité dimanche) s’inscrivent en baisse depuis le printemps».
Selon son directeur, Patrick Le Hyarick, «si l’Humanité bénéficie de cet effacement de
dette, il pourra envisager 2014 avec plus de sérénité. Une nouvelle formule du quotidien
sera lancée fin février ou début mars, avant un nouveau site Internet mi-avril. Ce sera une
grande année pour le titre, qui célébrera son 110e anniversaire, le 18 avril, et les 100 ans de
l’assassinat de Jean Jaurès, son fondateur, le 31 juillet».
Encore des lendemains qui chantent?
Tel qu’en lui-même, l’éternité le change…
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Au milieu de ces projets et de ces changements, il
en est un qui, en revanche, ne change pas, c’est
Rafael Sebastian Guillen Vicente, alias « souscommandant Marcos ». Au début de l’année
2014, la presse hispanophone a fait écho à une
déclaration filmée, qu’on a ainsi pu suivre sur
tous les diarios (les journaux d’information). De
son côté, le journaliste français Arnaud de La
Grange lui consacre un bel article dans La Razon,
de Mexico, le 4 janvier de cette année.
Il y rappelle que le soulèvement indigène du
Chiapas date précisément de vingt ans. Il
souligne que les vantardises du dirigeant encapuchonné de la «république zapatiste» (regroupant
une trentaine de municipalités) ne sont guère
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justifiées: la pauvreté s’est accrue et affecte 60 % de la population. Vingt ans après le soulèvement, «la société mexicaine est revenue à son indifférence devant la tragédie des indigènes qui continuent de vivre en marge du développement. Le Mexique a changé substantiellement depuis 1994, mais le temps semble s’être arrêté au Chiapas. Les investissements
promis ne sont pas arrivés […], et les autorités, soucieuses d’éviter toute provocation, ont
choisi de ne pas remplir leurs obligations envers ces populations réfractaires. Elles espèrent
que la base zapatiste va se déliter peu à peu, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne.
«Le plus surprenant peut-être serait le silence absolu des intellectuels européens qui
s’enthousiasmèrent tant pour la cause zapatiste et en lancèrent la mode. Combien de livres
n’ont-ils pas été écrits à la gloire de Marcos! Où sont aujourd’hui Régis Debray et Alain
Touraine, ce sociologue français qui n’hésita pas à comparer le soulèvement du Chiapas
aux mouvements sociaux dirigés par Nelson Mandela et Martin Luther King ? Tous se
taisent. Il est vrai qu’il n’y a pas de quoi se réjouir en cet anniversaire».
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