Littérature coréenne - Médiathèque de Chantilly
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Littérature coréenne Mars 2016 Médiathèque de Chantilly 2 La Corée a été trop déchirée au cours du siècle écoulé (colonisation japonaise puis guerre fratricide, partition et dictatures) pour que la littérature ne soit pas marquée par ces drames. La misère, la vie des petites gens, le mal de vivre dans cette nouvelle société américanisée du Séoul du « miracle économique », la division du pays et la répression ont été les thèmes majeurs de cette littérature dominée par les nouvelles ou romans courts. Si les deux pays semblent sur la voie lente et difficile du rapprochement et de la réconciliation, un seul Coréen du Nord est présent dans la liste des auteurs étudiés ici. BAEK NAM-RYONG Baek Nam-Ryong est né en 1949 en Corée du Nord. Après le lycée, il travaille 10 ans en usine, étudie ensuite l’écriture à la faculté centrale de Kim Il Sung et commence à écrire en 1979. Il est aujourd’hui un écrivain très représentatif de la Corée du Nord qui revendique son origine et sa formation en usine. Lucide et plein d’humour, son roman Des amis offre une vision en prisme d’un pays dont la réalité nous est complètement méconnue. Il met à mal nos préjugés et révèle le talent littéraire de Baek Nam-Ryong, issu de la classe ouvrière et devenu un écrivain à succès qui ne se prive pas d’exercer ici son pouvoir critique, tout en conférant à son art une exigence de probité… oeuvrant ainsi, de façon très personnelle, pour le bien commun. CHO SEHUI Né en 1942 dans la province de Kyonggi, Cho Sehui fait des études de lettres à Séoul durant lesquelles il lit Faulkner, Kafka, Sartre et Camus. Il nourrit de brefs espoirs au moment de la révolution estudiantine de 1960 qui mit à bas le régime de Rhee Syngman. En 1965, il fait paraître un premier texte, Une barque funéraire sans mât, couronné par un prix littéraire. Puis, sous la dictature de Park Chung-hee, il doit accumuler les petits métiers pour nourrir sa famille. Il ne pourra renouer avec l’écriture qu’au milieu des années 1970. Il rencontre alors avec les 12 textes rassemblés sous le titre Le nain un grand succès populaire. Il s’efforce de dire, sans manichéisme, l’injustice et la violence du « miracle » économique sud-coréen. Son monde, c’est celui des humbles, des exploités, des offensés, des humiliés. Ses personnages ne sont ni bons ni mauvais, simplement humains, contraints à louvoyer dans une vie qui ne les ménage pas et les conduit parfois à commettre des actes immoraux à leurs yeux. Cho Sehui dresse le procès-verbal, terrible et glaçant, des ravages de l’urbanisation forcée des années 1960 et 1970. 3 CH’OE YUN Née à Séoul en 1953, Ch’oe Yun a étudié à Aix-en-Provence. Grande admiratrice de Flaubert et de Pérec, elle est professeur de littérature et traductrice de Duras, Todorov, Kristeva. Fidèle à la nature même de la littérature de son pays, elle écrit des textes brefs. Ch’oe Yun est d’abord un écrivain de la mémoire : mémoire collective d’un pays, mémoire d’un individu écrivant. Pourtant le « je » est rare, la tentation autobiographique lucidement enfouie sous les masques. Elle n’hésite pas à recourir, entre autres, aux techniques occidentales d’écriture. Mais pour en jouer, pour les plier aux particularités les plus déroutantes de la langue coréenne, qui permet, par exemple, de bâtir des phrases sans sujet. Aussi la précision du propos s’enrobe-t-elle - pour le lecteur français - d’une atmosphère étrange et poétique, dans une sorte de lyrisme simple, d’épopée concise, sous haute surveillance. Dans Là-bas, sans bruit tombe un pétale, une jeune fille bascule dans le labyrinthe de la folie, passant et repassant les images des événements sanglants de Kwangju. Dans Avec cette neige grise et sale, Kang se souvient 20 ans après, de son engagement lorsqu’elle était étudiante, pour la « cause » auprès d’un imprimeur contestataire. EUN HEE-KYUNG Née en 1959, Eun Hee-Kyung a fait paraître depuis 1996 une dizaine de livres et obtenu des prix littéraires importants en Corée, venant couronner une reconnaissance critique et un très grand succès populaire. Les boîtes de ma femme est son premier recueil de nouvelles traduit en français. Un homme découvre les souvenirs et petits objets familiers que sa femme a enfermés dans des boîtes, et doit admettre avec stupéfaction qu’il ignorait presque tout d’elle. Un autre s’aperçoit avec la même stupeur que son épouse tient un journal intime à l’insu de sa famille. Un troisième perd son amour à cause d’un impondérable malentendu… Les hommes sont souvent égoïstes, faibles et imbus d’eux-mêmes, alors que les femmes tout en cherchant parfois vainement un sens à leur vie, s’avèrent malgré tout fortes et courageuses en face du but qu’elles se sont fixé. Ces cinq récits constituent une chronique de mœurs de la Corée américanisée de Séoul d’une rare perspicacité psychologique, à la fois cruelle et non dépourvue d’humour. GONG JI-YOUNG Née en 1963 à Séoul, Gong Ji-young fait partie de la « nouvelle vague » des auteures qui ont révolutionné la littérature coréenne dans les années 1980 et 1990. Elle est infiniment respectée pour la lutte qu’elle a menée, dès les années de dictature, pour défendre la démocratie et les droits des exclus de la société. Écrivaine profondément engagée, ses romans traitent de la condition des femmes et des travailleurs, de la répression sexuelle, des maltraitances dont sont victimes les handicapés… Elle est une romancière très populaire en Corée : L’échelle de Jacob, paru en 2013, s'était vendu à onze mille exemplaires deux jours après sa sortie. 4 HAN MAHLSOOK Depuis son début en littérature en 1956, Han Mahlsook, née à Séoul en 1931, a publié, parallèlement à une longue carrière administrative dans la culture, des textes représentatifs de son époque, imprégnés de réalisme, maintenant une attitude d’observation et conscience moralisatrice. Dans Le chant mélodieux des âmes (1981), la place de la nature, et spécialement de la source, sert de pôle révélateur à toute l’histoire aussi bien qu’au lien entre les saisons et la vie des gens dans leurs réactions et leurs sentiments. A mesure que les saisons passent, nous découvrons le personnage clef du roman, Madame Kim You-Jin, une maîtresse de maison coréenne moderne, confrontée aux événements quotidiens qui prennent parfois une orientation étrange et une signification singulière. La frontière entre vivants et morts est infiniment ténue. On continue à exister avec les morts qui nous suivent, nous guident, nous comprennent et nous conseillent. Tout au long des pages nous allons à la découverte des grands courants religieux qui ont pénétré la Corée : le chamanisme, le bouddhisme, le confucianisme et en dernier le christianisme. De ce brassage est née cette fascinante et paradoxale culture qui est aujourd’hui le propre de la Corée. Dans toute son œuvre, Han Mahlsook veut détruire les murs entre l’amour et la haine, entre ce monde et l’autre, entre les peuples et les frontières, ainsi que les murs religieux ou ceux qui séparent les générations. HWANG SOK-YONG Hwang Sok-Yong est né en 1943. En 1964, étudiant en philosophie, il est emprisonné pour raison politique. Après sa libération, il s’engage, de 1966 à 1969, au sein de l’armée coréenne pendant la guerre du Vietnam, se battant alors à contrecœur aux côtés de l’armée américaine. Il tirera de cette expérience L’ombre des armes (1985), qui met aux prises tous les protagonistes du conflit, Américains, Vietnamiens et Coréens, à travers des personnages qui, pour être parfois emblématiques d’une idéologie, n’en ont pas moins l’épaisseur et la complexité de la vie. Nombre de ses œuvres sont symptomatiques d’une période gangrénée par la guerre et l’oppression. Luimême fut emprisonné en 1989 pour s’être rendu à un congrès d’écrivains en Corée du Nord et ne fut libéré qu’en 1998. L’invité (2001) a comme trame historique la guerre de Corée et la division du pays. En 1980, eurent lieu les massacres de civils par les troupes spéciales qui firent plus de 200 morts et des milliers de blessés et de militants jetés en prison. Ce soulèvement est au cœur du Vieux jardin (2000), histoire d’amour entre l’un d’entre eux, Hyonu, et une jeune femme, Yunhi, broyée elle aussi par la fatalité d’une époque, mais restée digne et forte. Cette vision de la femme courageuse se retrouve dans Princesse Bari (2007), jeune fille qui fuit dans les années 1990 la Corée du Nord, ou dans Shim Chong, fille vendue (2010), parcours initiatique d’une jeune prostituée de la fin du 19ème siècle. 5 HWANG SUN-WON Hwang Sun-Won (1915-2000) est né dans la province de Pyongyang en Corée du Nord, alors que le pays était encore sous la domination japonaise. Fils d’une famille de propriétaires, il fait des études de lettres à l’université de Waseda au Japon où il commence à écrire des recueils de poésie. Il fera même de la prison pour avoir publié des poèmes en contournant, comme le disait le chef d’accusation, la censure sévissant dans la péninsule. A la suite de la partition, il part s’installer dans le Sud où il devient professeur à l’université de Kyunghee. Au cours de sa longue carrière littéraire, Hwang Sun-Won a été le témoin direct des souffrances des Coréens ordinaires sous les différentes formes d’oppression : le colonialisme, les conflits idéologiques, la guerre de Corée, l’industrialisation et les dictatures militaires. Il a cherché à capturer ce qu’était l’essence de l’esprit coréen à l’époque, montrant leur dignité dans les périodes d’adversité. Dans Les descendants de Caïn, publié en 1954, Hwang Sun-Won raconte l’itinéraire du jeune Pak Hun, propriétaire menacé par les réformes communistes et aimé par Ojang-nyeo, la fille de son intendant, mais qui hésite à s’enfuir au Sud. En tant qu’écrivain, ce qui l’intéresse, c’est la souffrance des hommes. Il n’accuse pas les individus, cherche plutôt à les justifier en les présentant dans leur complexité, et en nous donnant les éléments permettant d’appréhender la société et l’Histoire qui modèlent ces hommes. JO JONG-NAE Pour essayer de rendre sa mémoire au peuple coréen, Jo Jong-nae, né en 1943, a choisi d’entreprendre une saga en 12 volumes, Arirang, au souffle puissant, qui, à travers les destins croisés de personnages romanesques, nous restitue l’histoire de la Corée à partir de 1894. Cette année-là, une révolte paysanne entraînera l’intervention des puissances voisines, Japon et Chine. Après la défaite de cette dernière, la mainmise japonaise sur la Corée sera conduite dès lors avec une brutalité croissante. Les 3 premiers volumes, Nos terres sont notre vie, nous présentent des tableaux vivants et passionnés dans le sillage d’une histoire tragique restituée avec un grand talent de conteur. Avec l’occupation japonaise tout le corps social s’est trouvé déstabilisé à la suite de ce bouleversement. La royauté qui assurait la pérennité du système confucéen a été détruite. La classe des lettrés s’est révélée sclérosée et inefficace, lorsqu’elle n’a pas tout simplement pactisé avec l’ennemi. Le petit peuple attaché à son sol, aux traditions qui donnaient sens à sa vie et cohésion à ses habitudes, spolié de ses terres, acculé à la famine, s’est révolté et a été écrasé par la répression japonaise. Avec beaucoup d’humanité et un grand talent de conteur, Jo Jong-nae se fait le porte-parole de tous ces gens, torturés, accablés dans ce qui signifiait leur vie-même, la terre. KIM HOON KIM Hoon est né en 1948 à Séoul, où il vit et travaille. Il a longtemps tenu, pour le grand quotidien Hankuk, une rubrique intitulée « Un voyage littéraire » où il partageait sa passion pour la littérature avec un vaste public séduit par sa culture et sa verve. En 2001, son premier roman Le Chant du sabre, couronné par le prix Tong-Hi a aussitôt connu le succès. Il se consacre désormais exclusivement à son œuvre. 6 KIM SONGJONG Kim Songjong est le représentant emblématique du roman policier sud-coréen. Il est même considéré comme son créateur. Le dernier témoin, publié en 1979 et seulement traduit en 2014, par Patrick Maurus grand spécialiste de la Corée du Sud est le texte phare d'une œuvre considérable. Il a été adapté deux fois au cinéma. KIM SUNG-OK Kim Sung-ok, né en 1941, est l’une des grandes figures de la littérature coréenne d’aprèsguerre, en particulier les années noires de la dictature. Les nouvelles de Voyage à Mujin sont pleines de personnages en marge de la société, enfants, étudiants ou adultes en état d’errance ou de vacance, pour lesquels il n’y a guère d’échappatoire possible. KIM YOUNG-HA Né en 1968, Kim Young-ha a été un enfant solitaire qui se réfugiait dans la lecture. Il a toujours rêvé d’être écrivain. Un rêve brillamment réalisé dès ses premiers livres. Pétri de culture occidentale, il a donné à son roman, L’empire des lumières, le titre d’un tableau de Magritte. Kim Kiyeong, importateur de films étrangers, père de famille sans histoires, voit sa vie basculer brusquement. Vingt ans plus tôt, il avait quitté clandestinement la Corée du Nord pour infiltrer Séoul. Quand il reçoit l’ordre de rentrer, lui qui n’était qu’un « agent dormant », il a 24 heures pour se décider pendant lesquelles il fait un retour sur son passé, les choix qui l’ont amené jusque-là, la fidélité et la trahison à soi-même, à ses idéaux de jeunesse. Au-delà du destin d’un homme, Kim Young-ha nous propose une lecture critique de la Corée du Sud et du Nord. KIM YI-SEOL Kim Yi-seol est née à Yesan en Corée du Sud en 1975. Elle est l’auteur de Bienvenue. Pour faire vivre son compagnon encore étudiant, sa petite fille de quelques mois, sa sœur poursuivie par ses créanciers, et le reste de la famille, Yunyeong trouve un emploi de serveuse dans un restaurant qui se révèle être une maison de passe clandestine. Elle se débat contre la pauvreté et résiste à la violence et au mépris grâce à son insurmontable énergie qui, seule, lui permet de garder espoir. Le roman témoigne crûment de la brutalité des rapports sociaux et de la condition faite aux femmes en Corée. KIM YU-JONG Kim Yu-Jong est né en 1908 à Shillé, petit village de la province du Kangwon, dans les montagnes du nord-est de la Corée du Sud. Il perd sa mère à 6 ans, son père à 8. Il abandonne ses études à l’université après la première année et mène alors une vie de vagabond, dévouée aux paysans, aux marchandes d’alcool ambulantes et à l’écriture. Son œuvre a jailli, dense et fulgurante, au cours des quatre dernières années de sa vie puisqu’il meurt de tuberculose en 1937. Sur un ton caustique, où transparaît beaucoup de souffrance et de tendresse, Kim Yu-Jong dépeint les aventures, souvent scandaleuses ou cocasses, de tout un petit peuple soumis, naïf et roué à la fois. Au cœur de chaque nouvelle, des couples se font et se défont, s’aiment ou se haïssent, ou tentent simplement de survivre. 7 LEE HYEON-SU Lee Hyeon-su est née en 1959. Au Lotus d’or, longue enquête, tant dans les livres que dans la réalité, est le fruit d’une totale immersion dans l’univers des courtisanes coréennes. Grand-mère Tabak, 79 ans, et toujours bon pied bon œil, tient un établissement de gisaengs, la geisha coréenne. Le lotus d’or est une maison haut de gamme à l’ancienne où ces messieurs viennent apprécier le raffinement et la beauté de jeunes filles, leur maîtrise des arts de la danse et du chant. Il ne se passe guère de journées sans incidents de gravité variable, et il appartient à la « patronne » réelle ou déléguée, ancienne du métier ou cuisinière en chef, de savoir faire preuve d’autorité. Le francparler de Grand-mère Tabak contribue à rendre passionnantes les aventures de cette maison un peu particulière et nous permet de découvrir un monde inconnu tout en s’amusant. OH JUNG-HI Comme la plupart des écrivains coréens, Oh Jung-Hi a subi le poids des réalités historiques et sociales dans lesquelles se débattait sa famille. Née en 1947, elle appartient à cette génération postérieure à la guerre et contemporaine de cette évolution industrielle des années 1980 qui a placé son pays parmi les grandes puissances économiques. Les femmes sont son sujet de prédilection. La famille lui semble un espace de vie dépourvu de signification. Même si elles ne remettent pas en cause l’ordre patriarcal, cette société que dirige le mari, malgré son apparence rassurante, n’est qu’une quotidienneté insipide et sans fin. Dans L’âme du vent (1989), Eun Sou, malgré un jeune enfant chéri et un mari attentionné, fait des fugues de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues, jusqu’à être chassée de chez elle par son époux. Elle-même ne sait pas pourquoi. On retrouve le même mal-être chez l’héroïne de La soirée qui cherche, elle aussi, un sens à sa vie. SHIN KYUNG-SOOK Née en 1963, Shin Kyung-sook compte parmi les auteurs phares de sa génération. Elle a reçu certains des prix les plus prestigieux de son pays pour une œuvre qui s’interroge sur la possibilité du bonheur et les rapports au passé. Li Chin. A la fin du 19ème siècle, un diplomate français en poste en Corée tombe sous le charme de Li Chin, danseuse à la cour royale, femme d’une beauté et d’une intelligence exceptionnelles, et l’emmène avec lui à Paris où elle rencontre Emile Guimet et Guy de Maupassant. Prends soin de maman. Une vieille femme se retrouve seule, séparée de son mari par la foule, dans le métro de Séoul. Elle qui ne sait pas lire, seulement coudre, tricoter, déterrer les pommes de terre, pour que ses enfants puissent acheter des manuels scolaires. C’est après sa disparition qu’ils découvriront combien leur mère leur était précieuse. 8 YI CH’ONGJUN Après des études de littérature allemande, Yi Ch’ongjun (1939-2008) commence à écrire en 1965. Le prophète (1977), c’est Na Uhyon dont l’occupation principale consiste à prédire l’avenir des gens ou du monde. Il exerce en particulier ses dons de voyance dans le bar de Madame, La Reine des Abeilles. Femme intelligente et déterminée, celle-ci a, pour rehausser l’ambiance de son bar, acheté des masques de carnaval que chaque client doit porter. Depuis, Na Uhyon a soudainement cessé de prédire l’avenir. Le fantasme de la mère prédatrice, la fascination pour un joug délicieux, l’adhésion de tout un groupe aux rites de la soumission : tels sont les ressorts de ce livre qui explore les recoins de l’âme et démonte les mécanismes inconscients par lesquels une société donne au consensus le pas sur la liberté. YI KYUNYONG Né en 1951 à Kwangyang, professeur d’histoire à l’unversité de Séoul, Yi Kyunyong a publié une vingtaine de nouvelles et de romans courts. Dans L’autre côté d’un souvenir obscur (1991), un homme s’éveille, au lendemain d’une nuit de beuverie, dans un hôtel inconnu où l’a laissé une femme dont il ignore tout. Il lui faut partir à rebrousse-temps et, archéologue de sa propre mémoire, exhumer ce que l’ivresse a enseveli. Mais à mesure qu’il progresse dans son enquête, d’autres mirages s’emparent de lui, toujours plus fascinants, plus énigmatiques. L’art de Yi Kyunyong tient dans ce jeu d’ombre et de lumière. Dans ce livre, on trouve tout, ou presque, des thèmes essentiels de la littérature coréenne : la mémoire et son double, l’oubli plus ou moins volontaire, la guerre et la division, la désintégration familiale et la défaite des hommes, l’urbanisation forcenée et son envers, l’exode rural. Le personnage principal du roman, ce cadre dynamique et tout à fait raté, qui se réveille dans les brumes de l’alcool, sans trop savoir où il se trouve, résume tous les héros défigurés d’aujourd’hui, en même temps qu’il évoque un souvenir très réel pour beaucoup et est à l’image d’un pays toujours divisé. YI MUNYOL Yi Munyol est né à Séoul en 1948 mais sa famille est forcée d’errer de ville en ville avant de s’installer à Yeongyang, à cause de son père qui était passé au Nord lors de la guerre de Corée. Dans Le poète, à partir de la biographie fictive du poète coréen Kim Sakkat (1807-1863), il retrace son trajet d’autodidacte victime d’ostracisme pendant toute son enfance en raison de son père. Pour l’empereur montre, sous une forme allégorique de la société coréenne, comment la vie de chacun peut être dominée par les idéologies dominantes et le pouvoir. Dans ses récits ultérieurs, il se concentre davantage sur le monde intérieur, mettant en fiction sa propre évolution en tant qu’individu et l’évolution de son regard sur le monde. Le calligraphe de L’oiseau aux ailes d’or cherche dans l’errance la solution au conflit qui l’oppose à son maître. L’étudiant de L’hiver, cette année-là veut croire que seul son très esthétique projet de suicide donnera un but à sa vie et un sens aux étapes de sa marche. Dans Notre héros défiguré, l’interrogation porte sur la longue période de dictature militaire. « Ne pas se laisser aller aux larmes, mais plutôt montrer ces larmes afin de mettre à jour le renoncement auquel elles conduisent. Et s’interdire l’échappatoire de l’identification à un héros dépourvu d’ambiguïté, voici la leçon littéraire de Yi Munyol. » Choe Yun et Patrick Maurus, traducteurs des livres de Yi Munyol. 9 Le chant de la fidèle Chunyang Sous le règne heureux de Soukjong (17ème siècle), Yi Mong-nyong, le fils du gouverneur de Namwon, tombe follement amoureux de Chunyang. Agée comme lui de 16 ans, belle et lettrée, Chunyang est la fille d’une ancienne courtisane. Les jeunes gens se marient… à l’insu du père de Mong-nyong ! Cette belle histoire d’amour, où les héros jeunes et beaux subissent les affres de la séparation, les injustices sociales, puis le plaisir mérité de retrouvailles triomphantes évoquera au lecteur occidental l’innocence de Paul et Virginie, l’ardeur de Roméo et Juliette, voire la passion de la justice de Fidelio. Cocktail sugar et autres nouvelles de Corée. Eun Hee-kyong, Go Eun-ju, Han Gang, Jeon Gyeong-nin, Kim Ae-ran, Oh Jung-hi, Pak Wanso, Park Chansoon. Chacune à sa façon, ces huit romancières consacrées s’autorisent une violence de témoignage et une crudité d’inspiration souvent désarmantes. La nouvelle, cet art majeur au pays dit du Matin calme, prend toute la véhémence du roman naturaliste pour nous exposer le destin d’un pays, depuis la guerre coloniale jusqu’aux beaux jours du miracle économique, en passant par les années noires de la dictature, sur fond de bouddhisme, de christianisme, sans oublier le chamanisme que les femmes perpétuent en secret : le monde des esprits cohabite avec la plus coriace réalité, celle de la subsistance et de la procréation. Nocturne d’un chauffeur de taxi : nouvelles coréennes Kim Ae-ran, Baek Ka-hum, Ahn Yeong-sil, Jo Kyung-ran, Park Chan-soon, Kim Yeon-su, Choi Jin Young, Han Kang, Yoon Sung-hee, Pyun Hye-young Cette anthologie rassemble des textes représentatifs de la production contemporaine : tous ont été publiés au cours de la dernière décennie et mettent en perspective les aspects les plus intimes d’une société dont nous ne connaissons généralement que les succès les plus flatteurs – pour ne pas dire les plus trompeurs. Les auteurs représentés ici, une majorité de femmes, nous renvoient une image sans complaisance de leur monde comme il va. Ils le font, chacun à leur manière, sur des sujets très divers qui reflètent les évolutions contemporaines de la société coréenne et ses contradictions. Dix histoires pour faire découvrir une littérature et un pays méconnus. 10 Sources : Bibliomonde Encyclopédie Larousse L’oeil de la lettre Magazine littéraire Wikipédia Encyclopaedia universalis Le Monde magazine Dossier réalisé par Dominique Witczak 11 Médiathèque municipale de Chantilly 34, rue d’Aumale 60500 Chantilly Tel. : 03 44 57 20 56 www.ville-chantilly.fr Horaires et jours d’ouverture de la médiathèque : Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 10h.-12h. 10h.-12h. 10h.-13h. 12 14h.-18h. 14h.-18h. 14h.-18h. 14h.-18h. 14h.-18h.