David Koubbi. Beau gosse du barreau - Libération

Transcription

David Koubbi. Beau gosse du barreau - Libération
David Koubbi. Beau gosse du barreau - Libération
1 sur 2
http://www.liberation.fr/societe/2012/05/29/beau-gosse-du-barreau_8...
SOCIÉTÉ
David Koubbi. Beau gosse du barreau
29 mai 2012 à 19:06
L'avocat David Koubbi, le 19 septembre 2011 sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+ (Photo Joel Saget. AFP)
Connu pour sa clientèle people, starisé par l’affaire Banon, cet avocat de 39 ans énerve
ses pairs plus âgés et va défendre Kerviel.
PORTRAIT
Par NICOLAS CORI
David Koubbi est de ces personnalités qui provoquent chez certaines personnes - souvent des hommes - une
haine quasi immédiate. Depuis qu’il a défendu Tristane Banon, lui trouver des sobriquets infamants est même
devenu un sport chez ses confrères ou dans le grand public. En vogue actuellement sur le Net : «Réincarnation
de Gilbert Collard». Une comparaison peu flatteuse : cet avocat engagé chez Marine Le Pen est devenu célèbre
dans les années 90 pour avoir brandi devant la presse une enveloppe fermée contenant les noms des soi-disant
profanateurs du cimetière de Carpentras. Ainsi, Me Koubbi serait de la race des mauvais avocats médiatiques,
ceux qui cherchent la lumière des caméras et se fichent de faire gagner leur client.
Celui qui s’apprête à défendre Jérôme Kerviel en appel (à partir du 4 juin) est pourtant bien différent de cette
caricature. Certes, l’homme qui nous reçoit dans son bureau, situé près de la place de l’Etoile, à Paris, a de quoi
énerver. Il est jeune (39 ans) dans une profession où il faut attendre 50 ans pour prétendre aux premiers rôles.
Ce qui lui vaut, de la part de collègues plus âgés, le qualificatif de «petit con». Avec sa chevelure noire et ses
yeux perçants, il est bien fait de sa personne. Enfin, son métier lui rapporte beaucoup d’argent : 200 000 euros
par an. Il n’en a pas honte, d’ailleurs : «Je gagne très bien ma vie. Mais tout le monde ne peut pas travailler
quinze heures par jour !» se défend-il.
L’homme a un côté clinquant, jeunesse romantique et dorée, à la Sagan. Il fume beaucoup, dort très peu, roule
en Porsche, a eu un fils d’une avocate dont il s’est séparé, s’est recasé avec une comédienne et a écrit Hélium et
Papillon, un roman sur ses amours malheureuses. Sur les murs de son bureau, des toiles d’artistes
contemporains qui sont renouvelées tous les trois mois pour ne pas sombrer dans la routine.
Ses clients, eux, semblent être des habitués des rubriques people des magazines plutôt que des pages justice :
le docteur Stéphane Delajoux, «médecin des stars», Clara Morgane, l’ancienne actrice porno reconvertie dans le
«charme», la comédienne et chanteuse Marie Laforêt, l’éditeur Michel Lafont, le paparazzo Pascal Rostain… Du
coup, les affaires que Koubbi défend font les beaux jours de Voici ou de Match. Ainsi l’histoire du docteur
Delajoux, accusé par Jean-Claude Camus, le producteur de Johnny, d’avoir «massacré» le chanteur national. Et
naturellement, l’affaire DSK-Banon, qui lui vaut cette réputation de privilégier les apparitions télé à la stratégie
juridique. Une image symbolise cette période : lui, veste et chemise ouverte, marchant dans la rue aux côtés de
Tristane Banon, alors qu’on spécule sur la plainte pour viol qu’il menace de déposer. Le «couple» qu’offrent
l’avocat et sa cliente fait fantasmer : une jolie femme apeurée, qui se dit victime d’un vieux pervers, aux côtés
de son nouveau «protecteur» masculin. Dans le même temps, l’avocat se montre sous un profil peu
sympathique. Il agresse les journalistes en leur faisant remarquer qu’ils font «des erreurs» ou qu’ils ne
«comprennent rien» à l’affaire…
Au final, Koubbi s’en sort gagnant. Certes, DSK n’a pas été jugé aux assises, comme il en rêvait. Mais, sous la
pression, le parquet a reconnu que l’ancien patron du FMI avait bien agressé sexuellement la romancière,
même si, les faits étant prescrits, il ne pouvait engager de poursuites. Montrer sa belle gueule a donc servi :
«Dans les dossiers politiques, on ne peut pas progresser sans la presse, analyse l’avocat. Surtout quand la partie
adverse a des moyens financiers illimités et que le parquet ne fait même pas le travail de base qui consiste à
interroger les témoins que je lui amène.» C’est-à-dire les femmes qui voulaient parler du comportement de
DSK.
Conseil à ses adversaires, il ne faut pas sous-estimer l’animal. Il a une conscience affinée des rapports de force,
il se débrouille à merveille pour offrir aux médias ce qu’ils attendent et son discours antiestablishment sonne
juste. Comme à propos de l’affaire Kerviel, dossier qu’il vient de reprendre, après Olivier Metzner, avocat réputé
: «Mon prédécesseur était talentueux. Mais j’ai toujours dit à Jérôme que, s’il jouait sa défense dans le cadre de
27/09/2012 15:35
David Koubbi. Beau gosse du barreau - Libération
2 sur 2
http://www.liberation.fr/societe/2012/05/29/beau-gosse-du-barreau_8...
la fable qui avait été bâtie, il allait perdre. Il a en face de lui une institution très puissante qui a réussi à imposer
à la justice la notion de "crime contre l’ordre public économique international". Un non-sens juridique !» Face à la
Société générale, Koubbi et Kerviel sont partis au combat : ils ont multiplié les plaintes pour déstabiliser la
banque.
Avocat, David Koubbi a toujours voulu l’être. Enfant, il imaginait que c’était comme «délégué de classe», celui
qui défend les copains devant les profs. Ce que faisait chaque année le jeune David. De son enfance «joyeuse»
à Toulouse, il a le souvenir de fêtes familiales dans des grandes maisons, avec des dizaines d’invités. Ses
parents se sont vite séparés après sa naissance, mais ont continué à former, avec leurs conjoints respectifs, une
vraie famille. Les deux étaient «homme d’affaires». Son père, pied-noir, a connu des échecs, mais s’en fichait du
moment qu’il était en bonne santé. Sa mère était «très charpentée», «brillante» et «combative». «J’ai le
sentiment que personne n’a été plus aimé que moi», dit-il à son propos. Très bagarreur à l’école (il a fait de la
boxe française et thaïlandaise), il poursuit dans la même veine à la fac de droit, en luttant contre l’extrême
droite. «Avec des potes de la LCR, on se battait contre les mecs du GUD pour les empêcher de venir polluer la
fac de leurs slogans haineux.» Mais son combat politique s’arrête là. Se décrivant comme «anar», il ne vote
jamais, méprisant les politiques de droite comme de gauche qu’il considère comme des menteurs.
Une fois ses diplômes obtenus, dont un doctorat en droit de la presse, il monte à Paris. Là, il passe quelques
années dans des cabinets d’affaires, avant de convaincre un de ses collègues, Benoît Pruvost, un homme
discret, de monter leur propre structure. De cette union est né «28 Octobre», un cabinet au nom mystérieux «la date représente quelque chose de personnel pour nous deux», affirment les deux hommes.
Très vite, les clients se bousculent (quelques stars, donc, pour des procès en droit de la presse, mais surtout
une grande majorité d’entreprises pour du droit des affaires). Aujourd’hui, le cabinet réalise 2 millions d’euros
de chiffres d’affaires, emploie 15 salariés et une troisième associée, spécialisée dans l’assurance, a été recrutée.
Grâce à cette bonne santé financière, Koubbi a demandé à ses équipes de mettre entre parenthèses leurs
dossiers pour se consacrer à l’étude du dossier Kerviel. Pourquoi au fait ? Parce que «défendre Jérôme Kerviel,
c’est mon véritable engagement politique», répond-il.
Photo
Bruno Charoy
En 8 dates
26 novembre 1972 Naissance. 1999 Doctorat en droit de la presse. 2003 Création de «28 Octobre».
2008 Naissance de son fils Victor. 16 mai 2011 Annonce que Tristane Banon envisage de porter plainte contre
DSK. 13 octobre 2011 Enquête Banon classée par le parquet. 29 mars 2012 Reprend la défense de Jérôme
Kerviel. 4 juin 2012 Début du procès Kerviel en appel.
27/09/2012 15:35

Documents pareils