A Rapid Literature Review on Sexual Relationships between

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A Rapid Literature Review on Sexual Relationships between
Étude documentaire sur les rapports sexuels entre
patients et professionnels de la santé
Conseil consultatif de réglementation des
professions de la santé (CCRPS)
Étude documentaire sur les rapports sexuels entre
patients et professionnels de la santé
Préparée par l’Unité de la planification
Direction de la planification, de la recherche et de
l’analyse
Division de la stratégie et des politiques du système de
santé
Ministère de la Santé et des Soins de longue durée
Septembre 2011
Direction de la planification, de
la recherche et de l’analyse –
Personnes-ressources :
Directrice (intérim.) – Alison Paprica,
Ph.D.
416 327-0951
Chef (intérim.) – Catia Creatura-Amelio
416 327-7948
Responsables :
Cindy Perry, PhD
Nathan Harron
416 212-0938
416 212-4372
Collaboratrices :
Andrea Hatvani
Tracy Verhoeve
416 314-4668
416 327-8539
Nous vous prions de bien vouloir prendre deux minutes pour remplir de façon anonyme le sondage sur l’étude
documentaire afin de nous faire savoir si cette étude répondait ou non à vos besoins.
Veuillez noter que la présente étude documentaire rapide se veut un sommaire des renseignements provenant d’autres sources,
et non une déclaration de la position de principe ou des objectifs du ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Si vous
citez en référence le contenu de cette étude, nous vous demandons de citer la source primaire plutôt que la présente étude.
Date : 01-SEPT-2011, auteur : Perry C-PRA, Version : v1.0
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OBJECTIFS
Le demandeur avait pour objectif premier le suivant : comprendre les risques et l’intérêt d’autoriser les
rapports sexuels entre les professionnels de la santé et leurs patients. La recherche était axée à l’origine
sur les soins prodigués par les professionnels de la santé à leur conjoint (ou conjointe) ou à leur partenaire
sexuel actuel, mais peu d’études se penchaient sur le traitement de patients qui avaient été des
partenaires par le passé. La portée de l’étude a donc été élargie pour inclure les rapports sexuels entre
patients et professionnels de la santé en général. En outre, le demandeur s’intéressait tout particulièrement
aux 1) préoccupations d’ordre éthique concernant les relations sexuelles entre professionnels de la santé
et leur conjoint ou leurs partenaires sexuels, 2) à la prévalence des transgressions des limites sexuelles, 3)
aux facteurs de risque associés à de telles transgressions, 4) à l’incidence sur les patients des rapports
sexuels avec le professionnel de la santé et 5) aux récidives et à l’efficacité des mécanismes disciplinaires
dans d’autres compétences. L’étude s’est penchée sur cinq groupes de professionnels de la santé en
particulier : les médecins, les dentistes, les psychologues, les chiropraticiens et les massothérapeutes.
Étaient cependant exclus de la portée de cette étude les définitions de l’inconduite sexuelle, les
descriptions des peines imposées en cas d’abus sexuel ou d’inconduite sexuelle et les exemptions des
peines dans d’autres compétences. Les études publiées avant 1991 étaient également exclues car cellesci auraient probablement été abordées dans le rapport de 1991 du groupe de travail sur l’abus sexuel des
patients (Task Force on Sexual Abuse of Patients) publié par l’Ordre des médecins et chirurgiens de
l’Ontario.
Dans le présent document, les mots de genre masculin appliqués aux personnes désignent les hommes et
les femmes.
MÉTHODES EMPLOYÉES POUR L’IDENTIFICATION DES ÉTUDES
Nous avons identifié les articles à comité de lecture et les exposés de synthèse par le biais de la base de
données de la bibliothèque du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, de PubMed
et de Google Scholar. Nous avons recensé la littérature grise par le biais de Google et des sites Web
gouvernementaux pertinents. Nous avons par ailleurs limité notre recherche aux sources de langue
anglaise; celle-ci pourrait par conséquent ne pas comprendre toutes les initiatives menées dans les pays
non-anglophones.
Les mots-clés se rapportant à la médecine (Medical Subject Heading ou MeSH), notamment « Societies,
Medical Standards », « Professional Misconduct », « Ethics, Professional », « Physician-Patient
Relations », « Sexual Behaviour », « Nurse-Patient Relations », « Professional-Patient Relations »,
« Dentist-Patient Relations » et « Sex Offenses » ont été utilisés en association avec les mots-clés suivants
pour identifier les articles et documents pertinents à cette étude documentaire : « Physician-patient
relations », « Patient-Doctor Sexual Relationship », « Professionalism », « Professional boundaries »,
« Ethical Guidelines », « Patient-Therapist Sexual Involvement », « Power *Balance » et « Influenc* Patient
Decision* ».
Nous avons ainsi identifié et cité 29 références dans la présente étude : six exposés de synthèse,
20 mémoires de recherche nouvelle publiés dans des revues à comité de lecture et trois documents tirés
de la littérature grise. La recherche des documents pertinents et la rédaction de la présente étude ont été
menées par deux personnes sur une période d’environ 15 jours ouvrables.
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Sommaire des principaux constats

Limitations de la littérature sur le sujet : Dans le cadre de nos recherches, nous n’avons trouvé
qu’un petit nombre d’études pertinentes sur les relations sexuelles entre patients et
professionnels de la santé et la majorité de ces études se rapportaient aux rapports sexuels
survenant entre un patient et un professionnel de la santé après que la relation professionnelle
se soit établie plutôt qu’au traitement d’un conjoint, en particulier. Nous avons prolongé la
période visée par la recherche de manière à inclure plus de deux décennies d’études. Il vaut
donc mieux interpréter les constats avec circonspection.

Transgressions des limites sexuelles et préoccupations d’ordre éthique :
o Les avis sur la définition des limites acceptables pour ce qui est du contact sexuel
entre patients et professionnels de la santé divergent grandement, allant d’une
tolérance zéro à une évaluation au cas par cas. Certains maintiennent qu’une norme
appropriée serait la tolérance zéro pour une période pouvant être illimitée après la fin
de la relation professionnelle, alors que d’autres recommandent plus de souplesse
dans la définition d’une relation appropriée après la fin d’un traitement. Ces derniers
préconisent la souplesse en fonction de facteurs tels que la nature de la relation
professionnelle (thérapeutique ou non, etc.), la période de temps écoulée depuis la fin
du traitement et si le patient souffre ou non d’une affection qui pourrait nuire à sa
capacité de prendre des décisions.
o Nombreux sont les auteurs qui ont mentionné que le traitement d’un conjoint pourrait
être exclu à juste titre des définitions des transgressions des limites sexuelles.
Prévalence : La plage la plus souvent évoquée pour le pourcentage de professionnels de la
santé qui déclarent avoir eu un contact sexuel avec un patient actuel ou un ancien patient se
situe entre 4 % et 10 %.
Facteurs de risque : Les professionnels de la santé qui outrepassent les limites établies en
matière de contacts sexuels sont le plus souvent des hommes d’âge moyen. Les catégories de
praticiens qui font face au plus grand nombre de sanctions disciplinaires pour abus sexuel sont
les psychiatres (y compris les pédopsychiatres), les omnipraticiens et les obstétriciensgynécologues.
Incidences sur les patients :
o Dans les études sur les relations sexuelles entre psychothérapeutes et patients, on
rapporte des incidences néfastes sur les patients, notamment des incidences graves
telles que la dépression, les troubles de l’émotivité, une altération de l’adaptation
sociale, des idées et un comportement suicidaires, ainsi qu’une consommation accrue
de drogues et d’alcool.
o Un auteur soutient que rien ne laisse croire qu’un préjudice découlant de l’échec d’une
relation avec un professionnel de la santé serait différent de celui provoqué par une
rupture avec un professionnel non-médical, et plus particulièrement dans le cas des
professions non-thérapeutiques.
Taux de récidive et efficacité des mécanismes disciplinaires :
o Nous n’avons trouvé qu’un seul article faisant mention des taux de récidive. Cet article
fait référence à une publication datant de 1977 et dans laquelle il était écrit : « un
grand pourcentage des thérapeutes qui exploitent leurs patients (évalué à jusqu’à
80 %) le font plus d’une fois ».
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o Nous n’avons trouvé aucune étude empirique où l’on évaluait l’efficacité des
mécanismes disciplinaires.
Traitement de membres de la famille : Un des articles recensés traitait expressément des
soins prodigués par des médecins aux membres de leur famille (conjoints y compris) et on y
affirmait que cela n’était pas rare. Les risques généraux liés au traitement des membres de la
famille comprennent la perte d’objectivité de la part du médecin (c.-à-dire, non-exécution
d’actes nécessaires à l’investigation d’une maladie grave ou l’offre de soins que les médecins
répondant au sondage jugent inutiles), l’ingérence du médecin dans l’établissement d’un
diagnostic approprié ou la prise de mesures thérapeutiques indiquées, l’exécution
d’interventions contre-indiquées du point de vue médical et l’examen ou le suivi inadéquat des
membres de la famille.
DESCRIPTION DES CONSTATS
Limites de la littérature sur le sujet
Très peu d’articles présentent des données sur les relations sexuelles entre les professionnels de la santé
et leur conjoint actuel. La majorité des documents abordent la problématique des professionnels de la
santé qui avaient établi une relation sexuelle après avoir commencé une relation professionnelle avec un
patient (ou un ancien patient).
Compte tenu du manque d’exemples dans les travaux de recherche récents se rapportant aux questions
posées par le demandeur, nous avons élargi la portée de la recherche de manière à inclure les études
menées depuis 1991. Les exposés de synthèse récemment publiés font également mention d’études plus
anciennes, ce qui nous donne à penser que ces études représentent les meilleures données disponibles
sur le sujet.
1. Préoccupations d’ordre éthique concernant les relations sexuelles entre professionnels de la
santé et leurs conjoints ou partenaires sexuels
La littérature universitaire et la littérature grise présentent des avis contradictoires sur ce qui est jugé être
un contact sexuel inapproprié ou contraire à la déontologie entre professionnels de la santé et patients.
De nombreuses sources (Dehlendorf et Wolfe, 1998; Disch et Avery, 2001; Galletly, 2004, etc.) font
mention d’un rapport de pouvoir inégal entre les professionnels de la santé et les patients. Ainsi, dans ses
travaux de 2001, Hall soutient que par la nature même du rôle de patient, il y a toujours un écart de pouvoir
entre le médecin et le malade. Elle note par ailleurs que compte tenu du fait que des renseignements
confidentiels obtenus sous le rapport de pouvoir d’origine ne peuvent être oubliés, ce rapport de pouvoir se
poursuivra même une fois que le patient n’est plus soigné par le professionnel de la santé. Elle conclut
que, bien qu’il soit clairement contraire à la déontologie d’avoir des rapports sexuels avec des patients
présentement à sa charge, les relations sexuelles avec d’anciens patients est presque toujours contraire à
la déontologie en raison de la persistance du transfert * et de la distribution inégale du pouvoir dans le
rapport médecin-malade d’origine.
*On entend par transfert « le report inconscient par le patient sur son médecin de sentiments et d’attitudes associés à l’origine à
des personnes importantes (tel que cité dans les travaux de Hall, 2001).
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Dans un rapport publié en 1991, le Council on Ethical and Judicial Affairs de l’American Medical
Association (AMA) avait également noté la possibilité d’un rapport de pouvoir inégal entre patients et
médecins. Voici les conclusions du rapport :
(1) un contact sexuel ou une relation romantique qui survient pendant la relation médecin-patient
est contraire à la déontologie;
(2) un contact sexuel ou une relation romantique avec un ancien patient est également contraire à
la déontologie si le médecin exploite la confiance, les renseignements, les émotions ou
l’influence qui découlent d’une relation professionnelle antérieure (Council on Ethical and
Judicial Affairs [AMA], 1991).
Le groupe de travail sur l’abus sexuel des patients (Task Force on Sexual Abuse of Patients), qui avait été
institué par l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario, est allé encore plus loin dans son rapport de
1991 en recommandant l’adoption d’une norme de tolérance zéro en ce qui concerne le contact sexuel †
entre patients et professionnels de la santé. En vertu de cette norme, le contact sexuel est défendu entre
patients et professionnels de la santé pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans après la date du
dernier contact professionnel avec le patient. Par ailleurs, lorsque la relation patient-médecin avait été
essentiellement établie dans le cadre d’une psychothérapie, le contact sexuel devrait être défendu en tout
temps après le traitement « vu le caractère permanent d’un transfert et le rapport de pouvoir inégal »
(McPhedran et coll., 1991). Cette recommandation a été retenue dans le rapport subséquent du même
groupe de travail (McPhedran et coll., 2000).
Dans leurs travaux, Jousset et ses collaborateurs (2008) avancent que chaque situation doit être abordée
de façon individuelle. Ils notent que pour déterminer si une relation sexuelle ou affective entre un praticien
et un ancien patient est « appropriée » ou non, il faut prendre en compte certains facteurs, notamment i) le
degré de maturité du patient, ii) si le patient est atteint d’un trouble qui serait susceptible de nuire à sa
capacité de prendre des décisions, iii) le temps écoulé depuis la fin du traitement et iv) la nature, l’intensité
et la durée du traitement en soi. Les auteurs déclarent que le facteur le plus important reste la probabilité
que le praticien exploite la confiance, la connaissance et la dépendance établies pendant la relation
professionnelle.
Dans le même esprit, Gorman (2009) soutient que différentes normes devraient s’appliquer à différentes
disciplines. Il affirme que l’« exploitation », dans le sens où un patient pourrait ne pas être vraiment en
mesure d’apprécier les risques d’une relation sexuelle, est extrêmement improbable dans les professions
non-psychothérapeutiques… Nous avons tout lieu de croire que les patients de la plupart des professions
non-psychothérapeutiques 1) ne présenteront pas un taux plus élevé des conditions préexistantes
pertinentes que la population générale, 2) n’auront pas une confiance aussi aveugle en leur thérapeute et
3) ne feront pas de transfert. Tout d’abord, contrairement à la psychothérapie, les gens qui cherchent à
obtenir un traitement physique — par la chiropraxie, la massothérapie ou l’acupuncture — le font dans le
but de résoudre des pathologies qui ne diminueraient pas normalement leur capacité d’apprécier les
risques d’une relation sexuelle avec le professionnel et de prendre des décisions autonomes concernant
†La transgression sexuelle est définie dans le présent rapport de façon à inclure les « rapports sexuels entre patient et médecin,
que ceux-ci aient été amorcés ou non par le patient, et l’adoption avec le patient d’un comportement à caractère sexuel ou qui
pourrait raisonnablement être interprété comme tel, y compris, mais sans toutefois s’y limiter, le coït, le contact génital, le contact
oral-génital, le contact oral-anal, le contact oral, exception faite de la réanimation cardio-respiratoire, le toucher des seins ou des
parties génitales, sauf pour les besoins d’un examen ou d’un traitement médical approprié, ou lorsque le patient a refusé ou
retiré son consentement, et l’incitation du patient à se masturber en présence du médecin ou la masturbation pratiquée par le
médecin alors que le patient est présent ». (McPhedran et coll., 1991)
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ces risques. En second lieu, une patiente serait plutôt bête de se fier au jugement de son physiothérapeute
en matière de relations sexuelles et, pour cette raison, nous ne devrions pas présumer qu’elle n’est pas en
mesure de prendre des décisions de façon autonome à propos d’une relation sexuelle avec son
thérapeute... C’est la même chose avec le transfert. Dans certains rapports psychothérapeutiques, le
transfert est plus fréquent ou plus intense que dans les rapports entre pairs parce qu’il est encouragé
comme étant essentiel à la guérison. Le transfert n’est pas encouragé dans les professions nonpsychothérapeutiques. Les chiropraticiens, les massothérapeutes et même les ergothérapeutes ne
comptent pas sur l’analyse des émotions de transfert d’un patient pour le traitement » (Gorman, 2009).
« De plus, il semble que l’efficacité de la thérapie et la réputation de la profession soit exposée à moins de
menaces et à des menaces moins importantes… Les jeux sexuels entre psychothérapeute et patient
réduisent l’efficacité d’une thérapie de trois façons et celles-ci ne sont pas vraiment plus inquiétantes que la
notion d’exploitation. Tout d’abord, comme les professionnels non-psychothérapeutiques ne prodiguent
habituellement pas de conseils à ce propos dans le cadre d’un traitement, il est donc improbable que leur
jugement concernant le traitement d’un patient soit touché… Ensuite, la patiente qui estime qu’un
professionnel non-psychothérapeutique a abusé d’elle serait peu susceptible d’ignorer la valeur du
traitement si ce traitement ne soigne que sa santé physique... Enfin, pour bien des professions nonpsychothérapeutiques, nous n’avons pas à nous inquiéter outre mesure de ce qu’une relation sexuelle
entre le patient et le professionnel nuirait à l’efficacité du traitement en rendant le patient moins enclin à
partager des renseignements utiles » (Gorman, 2009).
Par ailleurs, deux études empiriques laissent entrevoir que les avis des praticiens divergent quant à
l’acceptabilité éthique du contact sexuel entre patients et professionnels de la santé.
Une enquête menée en 1991 auprès de 1 500 obstétriciens-gynécologues, ophtalmologistes, internistes et
omnipraticiens américains (avec 777 répondants et un taux de réponse de 53,7 %) a permis de conclure
que « en dehors de la consultation, mais pendant le traitement, le contact sexuel était perçu comme étant
approprié par environ 3 % des internistes, 3 % des obstétriciens-gynécologues, 9 % des omnipraticiens et
12 % des ophtalmologistes… Le contact sexuel après la fin du traitement était perçu comme approprié par
près de 60 % des internistes, obstétriciens-gynécologistes et ophtalmologistes, et par près de 50 % des
omnipraticiens » (Coverdale et coll., 1994).
Les auteurs d’une autre étude (White et coll., 1994) menée en Nouvelle-Zélande et fondée sur des groupes
de discussion entre omnipraticiens avaient constaté que les comportements définis par le groupe de travail
ontarien comme étant des formes d’abus sexuel n’étaient pas forcément perçus comme tels par ses
participants, à moins que le pouvoir conféré par la position ait été utilisé à des fins de satisfaction
personnelle. On jugeait que l’aspect critique était la reconnaissance de ses propres intentions et
l’interprétation de ces intentions par autrui. Les participants aux groupes de discussion estimaient qu’il était
difficile de dire à partir de quel moment la manifestation d’une attirance sexuelle entre un omnipraticien et
un patient passait de l’acceptable à l’inacceptable ou à l’agression, mais les auteurs avaient bien précisé
que « les rôles de médecin-partenaire sexuel n’étaient pas vus comme étant compatibles avec les rôles de
médecin-patient, à moins que le partenaire sexuel soit le conjoint ou la conjointe du médecin » (White et
coll., 1994).
2. Prévalence des transgressions des limites sexuelles
Dans un article publié en 1994, on affirmait que des sondages menés auprès des médecins vers la fin des
années 1980 et au début des années 1990 avaient révélé des résultats convergents : de 4 à 10 % des
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répondants admettaient avoir eu des contacts sexuels avec des patients actuels ou d’anciens patients, et il
y avait peu de variation d’une spécialité à l’autre (Appelbaum et coll., 1994). Les données les plus
récentes, telles qu’elles avaient été citées dans une étude datant de 2008, étaient réunies dans une
synthèse vieille de 10 ans d’études faites sur une période de 30 ans, et celle-ci avait recensé des taux
semblables (Swiggan, Stack et coll., 2002, tels que cités dans Spickard et coll., 2008). D’autres articles, où
l’on citait comme sources des études datant des années 1970, des années 1980 et du début des
années 1990, faisaient état de plages comparables pour le taux de prévalence à vie de « contact sexuel ou
érotique » entre patient et médecin, tel que déclaré par ce dernier (White et coll., 1994; Coverdale et coll.,
1995; Sarkar, 2004, etc.).
En 1986, Gartrell et ses collaborateurs (tels que cités dans les travaux de Galletly, 1993) avaient constaté
que 7,1 % des psychiatres de sexe masculin et 3,1 % des psychiatres de sexe féminin qui avaient répondu
à leur sondage avaient admis avoir eu des contacts sexuels avec leurs patients. Dans la plupart des cas,
ces contacts avaient eu lieu une fois la thérapie terminée, mais habituellement dans les six mois suivants.
Le sondage avait connu un faible taux de réponse (26 %) et pourrait avoir sous-estimé l’incidence réelle.
Borys et Pope (1989) ont mené un sondage auprès de psychiatres, de psychologues et de travailleurs
sociaux. Ils n’ont relevé aucune différence importante entre les professions pour ce qui est de l’incidence
de jeux sexuels avec les clients au cours d’une thérapie (0,5 % des professionnels) ou une fois la thérapie
terminée (3,9 % des professionnels) (Galletly, 1993).
Le nombre de médecins par année ayant fait l’objet de mesures disciplinaires pour des infractions
sexuelles est passé de 42 en 1989 à 147 en 1996, et la proportion de toutes les ordonnances disciplinaires
se rapportant à des infractions sexuelles est passée de 2,1 % en 1989 à 4,4 % en 1996. ‡ (Dehlendorf et
Wolfe, 1998)
Bien que la plupart des articles identifiés abordent surtout la question des contacts sexuels qui surviennent
entre médecins et patients pendant l’établissement de la relation professionnelle, ou après celle-ci, un
article (LaPuma et coll., 1991) se penchait précisément sur le traitement par les médecins des membres de
leur famille (y compris les conjoints) et arrivait à la conclusion que cette situation n’est pas rare. Une
enquête menée en 1991 sur le traitement par les médecins de membres de leur famille avait révélé que
des 465 répondants, 386 (83 %) avaient prescrit des médicaments, 372 (80 %) avaient diagnostiqué des
maladies exigeant un traitement, 334 (72 %) avaient effectué des examens médicaux, 68 (15 %) avaient
soigné un membre de la famille à titre de médecin de premier recours à l’hôpital, 32 (7 %) avaient consulté
à l’hôpital, 44 (9 %) avaient effectué une intervention chirurgicale non urgente chez un membre de leur
famille et 17 (4 %) avaient effectué une intervention chirurgicale urgente.
3. Facteurs de risque menant à des transgressions des limites sexuelles
D’après une étude publiée récemment (Spickard et coll., 2008), « les données actuelles ne nous
permettent pas d’expliquer clairement pourquoi les médecins commettent des infractions sexuelles ». Hall
(2001) note que les médecins seraient peut-être plus à risque de transgresser les limites sexuelles avec
des patients s’ils réagissent à des éléments déclencheurs particuliers dans leur vie personnelle, tels que
des mésententes au sein du couple, la perte de relations importantes et les crises professionnelles.
‡Les infractions pour lesquelles les médecins font l’objet de mesures disciplinaires sont : 1) les rapports ou relations sexuelles
avec un patient ou le viol d’un patient, 2) le toucher ou le contact sexuel et 3) les infractions sexuelles impliquant des patients,
les détails n’ayant pas été précisés.
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L’auteur cite des études qui montrent que les « hommes d’âge moyen qui souffrent d’isolement social, sont
en pleine crise de la quarantaine et sont des sommités dans leur domaine » sont particulièrement
vulnérables et que le risque d’inconduite sexuelle augmente également avec l’âge (Hall 2001).
Une étude publiée en 2003 sur la problématique des limites et sur l’inconduite sexuelle dans les relations
psychothérapeutiques constate que les facteurs de risque de transgressions des limites pour les
thérapeutes (qui, pris au sens large, comprennent les transgressions sexuelles et non sexuelles) incluent
les crises existentielles personnelles du thérapeute, une tendance à idéaliser un patient « spécial » ou
l’incapacité d’établir des limites et le refus de reconnaître la possibilité de problèmes de transgression
(Norris et coll., 2003). Dans un résumé des caractéristiques des praticiens auteurs d’agressions sexuelles
qu’ont préparé Jousset et ses collaborateurs (2008), on constate que les praticiens de sexe masculin sont
plus souvent en cause (plus de 85 % des cas) et que le groupe d’âge le plus hautement représenté est
celui des 45 à 64 ans.
Dehlendorf et Wolfe (1998) ont étudié les dossiers de 761 médecins punis pour des infractions sexuelles
de 1989 à 1996, aux États-Unis, et ont conclu que les médecins punis pour des infractions sexuelles
avaient plus probablement comme spécialité la psychiatrie, la pédopsychiatrie, l’obstétrique et la
gynécologie, la médecine familiale et la médecine générale que d’autres spécialités. Ils étaient également
plus âgés que la population médicale nationale, mais n’étaient pas différents au plan de leur statut auprès
des organismes de certification. Un article publié plus récemment (Jousset et coll., 2008) confirmait que les
catégories de praticiens qui faisaient l’objet du plus grand nombre de sanctions disciplinaires pour abus
sexuels (en France et aux États-Unis) étaient les psychiatres (y compris les pédopsychiatres), les
omnipraticiens et les obstétriciens-gynécologues. L’article de 2008 fait mention d’études publiées entre
1992 et 2000 pour ce constat.
4. Incidences sur les patients des relations sexuelles avec leur professionnel de la santé
L’impact signalé sur les patients ayant eu une relation sexuelle avec leur professionnel de la santé varie
grandement, allant de l’absence totale d’incidence ou de l’effet bénéfique (White et coll., 1994; Coverdale
et coll., 1995) jusqu’à la dépression et autres troubles de l’émotivité (Bouhoustos et coll., 1983, tels que
cités dans Galletly, 1993) selon les circonstances entourant la relation patient-professionnel de la santé et
la nature du contact sexuel.
Les auteurs d’un article datant de 1994 avaient noté que les facteurs affectifs qui accompagnent la relation
sexuelle étaient susceptibles d’altérer le jugement du médecin. Ils constataient que les médecins qui
avaient une liaison sexuelle pouvaient dissuader les patients de consulter d’autres médecins de peur de
voir leur relation éclater au grand jour (Appelbaum et coll.,1994). Par ailleurs, les patients qui entendent
parler d’une relation sexuelle entre un patient et un médecin risquent de perdre toute confiance dans la
profession médicale en général (Appelbaum et coll.,1994).
Dans un sondage mené en Nouvelle-Zélande auprès de 217 omnipraticiens (avec 187 répondants pour un
taux de réponse de 86 %) sur le contact sexuel entre les omnipraticiens et leurs patients, les répondants
qui avaient parmi leurs collègues des médecins qui avaient des contacts sexuels avec des patients ont
partagé leur opinion de l’incidence du dernier contact connu sur les patients en cause. Une proportion de
13 % d’entre eux (soit 6 répondants) estimaient que l’incidence était positive, 28,3 % croyaient qu’elle était
néfaste, 6,5 % estimaient que l’effet était mitigé et 45,7 % ne savaient pas (les trois autres répondants ne
rapportaient aucune incidence). L’incidence de la dernière relation connue sur le médecin en cause a été
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décrite comme étant positive par 8,7 % des répondants, négative par 34,8 %, mitigée par 10,9 % et
inconnue par 37,0 % (8,7 % n’avaient observé aucune incidence). Parmi les remarques faites au sujet des
incidences bénéfiques, il y avait celles-ci : « ce fut le début d’une vie nouvelle » ou « une relation stable et
permanente a vu le jour », et les remarques sur les effets nuisibles faisaient allusion aux « querelles au
sein du couple », à la « désapprobation des pairs », aux « mesures disciplinaires », aux « risques de
chantage de la part du patient » et à la « dépression ». On avait demandé aux omnipraticiens d’exclure,
quand ils répondaient aux questions, les patients avec lesquels ils avaient une relation antérieure, par
exemple leur conjoint ou conjointe (Coverdale et coll., 1995).
Les patients qui ont des contacts sexuels avec leur psychothérapeute rapportent de nombreux symptômes.
Pope et Bouhoutsos (1986) décrivent un syndrome particulier qui comprend, entre autres, des sentiments
d’« ambivalence, de culpabilité et de vide », « l’incapacité de faire confiance », la « confusion sexuelle » et
un « risque suicidaire accru ». Parmi les autres effets recensés, il y avait « la dépression et autres troubles
de l’émotivité, une altération de l’adaptation sociale et une consommation abusive d’alcool et d’autres
drogues » (tel que cité dans les travaux de Gorman, 2009). Galletly (1993) cite pour sa part une étude
publiée en 1983 et dans le cadre de laquelle on avait mené un sondage auprès de psychologues au sujet
des patients qui avaient eu une relation sexuelle avec un ancien thérapeute. Les auteurs constatent que
dans cette étude, 90 % des patients avaient souffert de « préjudices graves, notamment la dépression, des
troubles de l’émotivité, une altération de l’adaptation sociale, des idées et des comportements suicidaires,
et une consommation accrue d’alcool et de drogues ». Les auteurs de cette étude ont également constaté
que 11 % des patients avaient été hospitalisés et que 1 % s’étaient suicidés (Bouhoustos et coll., 1983, tels
que cités dans Galletly, 1993). Perlman (2009) fait mention d’une étude datant de 1991, qui avait été
conçue de façon assez semblable et qui avait présenté des résultats identiques (Pope et Vetter, 1991, tels
que cités dans Perlman, 2009).
Dans une discussion de leurs résultats, White et ses collaborateurs (1994) ont constaté qu’« aucune
donnée ne nous permet d’envisager qu’un préjudice découlant d’un échec relationnel avec un
professionnel de la santé se distingue de quelque façon que ce soit de celui qui découle de la rupture d’une
relation avec un professionnel non lié au domaine de la santé. Il y a des différences parallèles de pouvoir
dans tous les types de relations humaines. Les relations sexuelles, en particulier, impliquent un rapport de
pouvoir inégal traditionnellement entre les hommes et les femmes. En théorie, lorsque le pouvoir d’une
profession médicale à prédominance masculine est conjugué à la vulnérabilité d’une population
essentiellement féminine, il y a risque d’abus ».
Nous avons identifié dans le cadre de notre recherche un seul article (LaPuma et coll., 1991) qui abordait
le traitement des membres de la famille (plutôt que celui de patients qui sont devenus des partenaires
sexuels pendant ou après l’établissement d’une relation professionnelle) et où l’on constatait que des
152 répondants (des médecins rattachés à un grand hôpital d’enseignement situé en banlieue) qui avaient
connu un médecin qui, selon eux, « s’ingérait indûment » dans les soins d’un membre de sa famille,
117 relataient les circonstances, celles-ci étant regroupées dans quatre grandes catégories : 1) 44 % des
répondants décrivaient des médecins qui avaient perdu toute objectivité (omettant d’effectuer des actes qui
auraient été nécessaires à l’investigation de maladies graves ou prodiguant des soins que les répondants
jugeaient inutiles), 2) 29 % décrivaient des médecins qui avaient nui directement ou indirectement au
diagnostic approprié ou à des mesures thérapeutiques indiquées, 3) 15 % décrivaient des médecins qui
avaient fait des interventions médicales contre-indiquées et 4) 11 % décrivaient des médecins qui avaient
examiné ou suivi des membres de leur famille de façon inadéquate (LaPuma et coll., 1991).
Date : 01-SEPT-2011, auteur : Perry C-PRA, Version : v1.0
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Gorman (2009) soutient que, dans bien des cas, l’interdiction catégorique des relations sexuelles entre
patients et professionnels de la santé « atteint des comportements qui ne suscitent aucune inquiétude : il y
a beaucoup moins de risques de préjudices dans une relation sexuelle entre un opticien et un ancien client,
par exemple, que dans une relation sexuelle entre un psychologue et un ancien patient ».
5. Taux de récidive et efficacité des mécanismes disciplinaires dans d’autres compétences.
Nous n’avons trouvé qu’un seul article où il était fait mention des taux de récidive. Cet article fait référence
à une publication datant de 1977 dans laquelle on constatait que « un grand pourcentage (évalué à jusqu’à
80 %) des thérapeutes qui exploitent sexuellement des patients le font plus d’une fois » (Holroyd et
Brodsky, 1977, tels que cités dans Strasburger et coll., 1992). On affirme dans ce même article que « bien
que les sociétés professionnelles aient imposé des proscriptions déontologiques contre le contact sexuel,
celles-ci sont généralement perçues comme n’étant pas suffisamment efficaces », et qu’ « il est
généralement présumé, mais pas encore démontré de façon empirique, que l’existence de sanctions
criminelles réduirait l’incidence de contacts sexuels avec les patients et permettrait de prévenir les
préjudices résultant de tels contacts » (Strasburger et coll., 1992).
Nous n’avons obtenu aucun article où était évaluée de façon rigoureuse l’efficacité des mécanismes
disciplinaires.
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