Criminalité sexuelle
Transcription
Criminalité sexuelle
Fiche n° 69 Criminalité sexuelle Sous la catégorie "infractions sexuelles", le Code pénal classe les atteintes à la personne : - atteintes à l'intégrité physique ou psychique de la personne (viol, agressions sexuelles, exhibition et harcèlement sexuel) ; - atteintes à la dignité de la personne (proxénétisme) ; - atteintes au mineur et à la famille, mise en péril des mineurs (corruption, pornographie enfantine, atteintes sexuelles). Les infractions sexuelles ont en commun d’être constituées par un acte comportant un motif essentiellement sexuel, imposé à une personne qui ne dispose pas de moyens physiques ou moraux suffisants pour le repousser alors qu’elle n’y consent pas. De la Perversion La perversion est une conduite anormale par rapport aux normes d'une société donnée avec ses règles morales et ses conventions. La plupart sont des perversions sexuelles. Il n’y a aucune norme sexuelle chez l’humain qui lui soit, comme pour l’animal, fournie d’avance. Cette norme va lui être transmise et il aura à y entrer. Et l’accès de l’enfant à la Loi n’est possible qu’à condition qu’il intériorise les deux interdits fondamentaux qui organisent le champ de la sexualité : renoncer au désir incestueux de jouir de sa mère ; renoncer au désir de tuer le père, ce rival qui jouit de la mère. Ainsi les relations inconscientes de l’enfant au sexe et à la sexualité de ses parents constituent les éléments nécessaires de son identité et de son équilibre. Les ratés détermineront des troubles psychiques et comportementaux plus ou moins graves. Le pervers connaît la loi, mais elle lui reste constamment extérieure. Il fonctionne selon la règle du "pas vu pas pris". Sa sexualité est agressive et sans objet puisqu’il ne tient compte que de sa pulsion. L’autre n’existe pas, il a confondu envie et désir. Les criminels sexuels Le processus qui anime intérieurement l’agresseur est un processus de domination, et le sexe est le moyen pour affirmer cette domination. - Ils vivent l’autre comme un persécuteur, un provocateur : c’est l’autre qui les agresse avec le désir qu’il met en eux. Ils évitent de se soucier de lui, pour ne pas être confrontés aux conséquences de leur acte. - Dans tout crime où la charge affective est importante, son auteur a du mal à se reconnaître dans ce qu’il a fait : le déni ! - Il y a très souvent chez eux des antécédents de sévices sexuels et d’initiation précoce à la sexualité. - Leur mode est fermé, autrui y est un objet, d'où leur impossibilité à mettre en place le cadre de séduction fonctionnant habituellement entre les êtres. Les perversions sont le fait de personnalités qui ne cherchent pas à s’interroger sur elles-mêmes et ne se reconnaissent pas malades : il y a souvent absence de culpabilité, banalisation de la gravité des faits et des actes, sentiment d'injustice subie… Le viol est bien plus un acte de domination agressive qu’un acte de plaisir sexuel. C'est d'abord le besoin d'emprise et de vengeance. L’inceste retient l’enfant dans un enfermement affectif qui empêche son développement, même s’il est consentant et n’a pas conscience des conséquences de son comportement sexuel. Agressions sexuelles sur mineurs La pédophilie, forme inachevée et immature de la sexualité humaine, est un abus sexuel où des adultes entraînent dans leur dessein des jeunes à la personnalité fragile. La grande majorité de ces adultes sont de "tripoteurs" en quête d'attouchements, qui ne pratiquent que rarement le coït. Pour aborder les enfants, ces derniers usent exclusivement de la séduction. En matière de viol incestueux, même si la victime se prête volontairement aux actes impudiques, le Droit considère que la contrainte morale ou physique existe toujours de la part de l’adulte qui doit savoir mettre une limite à la demande de l’enfant. Les victimes Toute intrusion de l’adulte dans la sexualité de l’enfant encombre et handicape gravement le devenir sexuel de l'enfant. C’est à son devenir adulte que celui qui a subi dans son enfance des violences sexuelles va rencontrer le plus de difficultés. D’emblée l'enfant se sent coupable, et l’adulte qui a toujours raison saura renforcer cette culpabilité en se positionnant comme victime de la séduction de l’enfant. La proportion entre le nombre de crimes et la population est absolument constante, mais ces délits ou crimes sont davantage dénoncés et la sévérité des juges s’accroît. Les parents des victimes souhaitent que ce qui est arrivé à leur enfant n’arrive jamais à d’autres enfants. La meilleure prévention serait de s’occuper des victimes. Ceux qui n’ont pas été pris en compte dans leur enfance ont tendance à reproduire les faits qui les ont accablés afin d’être entendus. La prison En prison, il y a les "pointeurs", une désignation qui renforce leur isolement et les livre aux sévices de leurs compagnons de détention et de cellule. Gifles, brimades, racket leur sont infligés comme une deuxième peine. Le criminel sexuel n’est pas une typologie : le père incestueux, celui qui a violé une fois (de trop !) lors d’une soirée de beuverie, le pédophile,… sont très différents les uns des autres. En prison, on les considère souvent comme identiques. Les criminels sexuels restent incarcérés plus longtemps que la moyenne et bénéficient de moins de libérations conditionnelles. La proportion des personnes détenues condamnées pour crimes sexuels est de 17,8 % au 1er janvier 2008. La récidive Le taux de récidive est faible : 4 à 6% des criminels sexuels commettent à nouveau des atteintes aux mœurs à leur sortie de prison. Ce pourcentage, si faible soit-il, est celui des affaires qui soulèvent une intense émotion. Conclusion Le juge doit protéger la société, le psychiatre le sujet ! L’enjeu de l’accompagnement relationnel est dans la possibilité offerte d’une reprise de l’histoire pour trouver ou retrouver les fondements de la Loi, sans garantie d’y parvenir. Une fois que la Loi lui est signifiée, il reste au condamné à comprendre ce qui l’a amené en dehors de la loi. Qu’est-ce qui a raté ? Qu’est-ce qui fait souffrance et difficulté ? Les soins et traitements doivent commencer dès l’incarcération, la mise en examen étant un moment fécond où se produit un effet dépressif lié à la confrontation avec la réalité. Le cadre pénitentiaire est une aide : beaucoup de détenus disent qu’ils n’ont pas parlé comme ça avant la prison. Pour le Ministère de la Justice, il n’y a pas de réponse précise et fiable, d’où l’enfermement définitif envisagé comme seul moyen de réponse. Mais quelles que soient les mesures prises, il restera toujours une part de risque. La justice pénale est démunie pour répondre aux attentes d’une opinion qui peine à comprendre que le droit ne peut être confondu avec la morale. 01.09