Daniel E. O`Sullivan, Laurie Shepard (ed

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Daniel E. O`Sullivan, Laurie Shepard (ed
Francia­Recensio 2015/2
Mittelalter – Moyen Âge (500–1500)
Daniel E. O’Sullivan, Laurie Shepard (ed.), Shaping Courtliness in Medieval France. Essays in Honor of Matilda Tomaryn Bruckner, Woodbridge (The Boydell Press) 2013, 312 p., 11 b/w ill. (Gallica, 28), ISBN 978­1­84384­335­1, GBP 60,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Jacques Paviot, Créteil
Mathilda Tomaryn Bruckner est aujourd’hui professeur émérite de langues et littératures romanes au Boston College. C’est une spécialiste de la littérature française médiévale, particulièrement des XIIe et XIIIe siècles. Elle est l’auteur de »Narrative Invention in Twelfth­Century French Romance. The Convention of Hospitality (1160–1200)« (1980), de »Shaping Romance. Interpretation, Truth, and Closure in Twelfth­Century French Fictions« (1993) et de »Chrétien Continued. A Study of the Conte du Graal and its Verse Continuations« (2009); avec Laurie Shepard et Sarah White, elle a publié et traduit des chansons de femmes troubadours (1995, 2 e éd. 2000).
Dans leur introduction à ce volume de Mélanges en son honneur, où le mot clef qui revient comme un slogan est »shaping1«, Daniel E. O’Sullivan et Laurie Shepard définissent la »courtliness« dont le but était »to sublimate a warrior’s violent impulses and channel them in both speech and deed to a series of socially sanctioned behaviors« non sans un rappel à Freud; par ailleurs, ils rappellent que Matilda Tomaryn Bruckner a donné forme à la discussion sur la courtoisie et à la réponse esthétique à ce mouvement, c’est­à­dire la littérature courtoise pendant plus de trois décennies, ce qui est l’occasion d’évoquer ses ouvrages. Le sujet du volume de Mélanges est d’ailleurs tiré de l’introduction aux »Songs of the Women Troubadours«, où sont posées la question de la courtoisie et la manière dont les notions de courtoisie ont reçu forme de la littérature et de l’histoire. Le corps de l’introduction constitue la présentation des contributions au volume; puis, suit la bibliographie de la récipiendaire.
L’ouvrage est divisé en quatre parties: »Shaping Real and Fictive Courts«, »Shaping Courtly Narrative«, »Shaping Women’s Voices in Medieval France« et »Shaping the Courtly Order«. Certains auteurs participent du post­modernisme, de la narrativité et du constructionnisme, au premier chef Peter Haidu qui offre »A Perfume of Reality? Desublimating the Courtly«. L’auteur fait référence, entre autres, à Althusser, Lacan, Benjamin, Auerbach, Zizek, Julian Assange et les Wikileaks, Husserl, Derrida, Agamben, Freud. On a un peu le tournis. Sans refuser la théorie on ne peut s’empêcher de se demander quel est le rapport avec la réalité médiévale, et on comprend l’American Historical Association qui a refusé une recension d’un de ses ouvrages (p. 39, n. 51). Donald Maddox, avec »Shaping the Case: the Olim and the Parlement de Paris under King Louis IX«, utilise le concept des Depuis un certain temps, les Anglo­Saxons sont friands de verbes à la forme progressive à la place de substantifs. 1
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»formes simples« d’André Jolles appliqué aux actes judiciaires, glissant des œuvres de fiction de la cour (royale) aux documents de la cour (de justice), en rapport avec le corps humain (intérêt éveillé par un ouvrage de Jacques Le Goff et Nicolas Truong). Dépassant le cadre temporel des études de Matilda Tomaryn Bruckner, Michel­André Bossy se penche sur les rapports entre image et texte dans »Charles d’Orléans and the Wars of the Roses: Yorkist and Tudor Implications of British Library MS Royal 16 F ii«, manuscrit de la fin du XVe siècle contenant des instructions à un jeune prince anglais dans le domaine de l’amour courtois, complétées par un avis sur le gouvernement. Le manuscrit contient des pièces en français, avec une place de choix réservée à Charles d’Orléans. En ce qui concerne le dédicataire ou propriétaire du manuscrit, l’auteur relève la rose en soleil d’Édouard IV; les mots »la plus eure« et »Dieu et mon droit« devraient donner plus d’informations (fig. 1, p. 64).
Dans la deuxième partie, Kristin Burr étudie »Meraugis de Portlesguez and the Limits of Courtliness«. On se rappelle que dans ce roman daté des années 1200–1220, Raoul de Houdenc, met en scène et compétition le partisan de la courtoisie (Meraugis) et celui de la beauté (son ami Gorvain) dans leur amour pour Lidoine. Si Meraugis bat Gorvain, les deux hommes restent amis. On retourne au XVe siècle avec Joan Tasker Grimbert et »The Art of ›Transmutation‹ in the Burgundian Prose Cligés (1454): Bringing the Siege of Windsor Castle to Life for the Court of Philip the Good«. Dans sa »transmutation« de l’œuvre, celui qui a mis l’œuvre en prose insiste sur les aspects guerriers de l’œuvre. David F. Hult revient aux centres d’intérêt de Matilda Tomaryn Bruckner avec »Thomas’s Raisun: Désir, Vouloir, Pouvoir«, en reprenant la discussion de termes »amur« et »raisun« à partir des travaux de Jean Frappier. Virginie Greene étudie le »Conte du Papegau (olim Le Chevalier au Papegau)«, qui a reçu une nouvelle édition récemment, dans »Humanimals: The Future of Courtliness in the Conte du Papegau«. Elle en présente une approche originale, mais pourquoi citer d’emblée les figures tutélaires des interprètes modernes des songes comme Freud et Jung ou les surréalistes alors qu’il y a Gotthilf Heinrich Schubert au début du XIXe siècle ou encore mieux le »Somniale Danielis« médiéval? Le rêve a une longue histoire. Logan E. Whalen aborde un autre auteur, Marie de France, dans »A Matter of Life and Death: Fecundity and Sterility in Marie de France’s Guigemar«. Ces deux thèmes en effet sont fréquemment traités par Marie de France, à côté de la mémoire, de l’aventure, du merveilleux, de l’amour. Pour Evelyn Birge Vitz, le »Roman de la Rose« n’est pas seulement un livre, mais aussi une lecture érotique, silencieuse ou à voix haute, et une œuvre mise en scène, ainsi que le montre ses illustrations, thème de »Le Roman de la Rose, Performed in Court«.
Les voix des femmes sont abordées avec des femmes troubadours telle Na Lombarda par Elizabeth W. Poe avec »Lombarda’s Mirrors: Reflections on PC 288,1 as a Response to PC 54,1« qui montre les jeux de renvois avec des œuvres de Bernart Arnaut et Giraut de Bornelh. De son côté, Daniel E. O’Sullivan avec »Na Maria: Shaping Marian Devotion in Old Occitan Song«, étudie l’introduction du thème marial chez Lanfranc Cigala, Aimeric de Belenoi, Giraut Riquier, Folquet de Lunel. Bien qu’elle ne fût pas liée aux milieux littéraires, Ermengarde d’Anjou, objet de la contribution Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
de William Schenck »From Convent to Court: Ermengarde d’Anjou’s Decision to Reenter the World«, montre l’exemple d’une femme formidable, fille du comte Foulques Réchin, femme de Guillaume IX d’Aquitaine puis d’Alain IV de Bretagne, qui fit un séjour à Fontevrault avant de devoir retourner auprès de son mari. Christine de Pizan ne pouvait rester absente d’un tel recueil. Nadia Margolis étudie les tentatives de la nouvelle Ygerne de donner une forme rénovée de la courtoisie dans »From Chrétien to Christine: Translating Twelfth­Century Literature to Reform the French Court during the Hundred Years War«.
L’»autre« non plus ne pouvait être ignoré. Laine E. Doggett s’intéresse à »The Favorable Reception of Outsiders at Court: Medieval Versions of Cultural Exchange« dans les romans ou lai de »Tristan«, »Cligés« et »Lanval«. Saladin était un »autre«, par ses vêtements de soie, ce que montre E. Jane Burns dans »Shaping Saladin: Courtly Men Dressed in Silk«. Nancy Freeman Regalado examine la parole à travers les animaux dans les bestiaires de cour avec »Force de parole: Shaping Courtliness in Richard de Fournival’s Bestiaire d’amours, Copied in Metz about 1312 (Oxford, Bodl. MS Douce 308)« (rectifions la lecture de la signature, fig. 5, p. 269: »Il est au sire Renalz le Gornaix, chevalier«, et non »C’est au seigneur Renaulz de Gournoy«). Enfin, Laurie Shepard emmène le lecteur au­delà des Alpes avec »The Poetic Legacy of Charles d’Anjou in Italy: The Poetics of Nobility in the Comune«, où elle étudie le débat poétique sur la noblesse, lié directement ou indirectement à la présence de la cour de Charles, au moyen des écrits de Sordello et de Brunetto Latini et du débat entre Guittone d’Arezzo et Guido Guinizelli. Sarah White clôt les contributions par un »Envoi«.
Ce volume de Mélanges offre un panorama assez large de l’étude de la courtoisie – toute littéraire – au Moyen Âge et est un hommage justifié à l’enseignante et au chercheur qu’est Matilda Tomaryn Bruckner.
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